Panorama des principaux groupes armés en Afrique

Les plus redoutables sont les groupes à revendications idéologiques, mais d’autres agissent aussi pour des objectifs politiques, communautaires, ou « vagues »

Quelques centaines de groupes armés écument le continent africain, nés dans leur majorité, au cours des 20 dernières années et qui présentent des revendications aussi bien politiques, qu’idéologiques ou communautaires quand elles ne sont pas « vagues ».

La répartition géographique de ces groupes fait apparaître cinq principales zones d’activité, à savoir, l’Afrique du Nord, le Sahel, Le Bassin du Lac Tchad, les Grands Lacs africains et l’Afrique de l’Est.

Revendications idéologiques
Les groupes armés affichant des revendications idéologiques « djihadistes » se retrouvent aussi bien en Afrique du Nord, dans le Bassin du Lac Tchad que dans le Sahel, l’Afrique de l’Est ou la région des Grands Lacs africains. Il s’agit des groupes armés aux actions les plus néfastes, sur le plan des exactions qu’ils font subir aux populations civiles ou forces de l’ordre.

En Afrique du Nord, on identifie le groupe Ansar Beit al-Maqdis (Sinaï égyptien). Né en 2011, il fait l’objet depuis septembre 2013 d’une vaste campagne militaire.

Le groupe terroriste « mère » Daech s’était exporté depuis quelques années en Afrique. En Libye, ses deux bastions se sont constitués autour des villes de Syrte (Ouest) et de Derna (Est).

Depuis 2013, des extrémistes qui se sont revendiqués de Daech ont mené de nombreuses attaques terroristes en Tunisie. Ils sont à distinguer d’un autre groupe dans le pays, celui de la Brigade Okba Ibn Nafaa, qui se rattache à al-Qaida, encore que certains observateurs évoquent des dissidences d’éléments au sein de cette brigade qui auraient rejoint Daech.

« Jound al Khilafa » en Algérie a fait scission d’AQMI (al-Qaida au Maghreb Islamique) en 2014 pour prêter allégeance à Daech. En mai 2015, l’armée algérienne a affirmé avoir éradiqué le groupe. Cependant, des observateurs font état de cellules dormantes toujours présentes.

Frontalier de l’Algérie, le Mali compte deux principaux groupes armés aux revendications idéologiques. ll s’agit d’Ansar-Dine qui mène encore des actions contre les Forces françaises ou onusiennes. Plus puissant, est en revanche l’AQMI, dont les velléités expansionnistes au Sahel se vérifient avec les récents attentats de Bamako, Ouagadougou et Grand Bassam en Côte d’Ivoire. AQMI et Ansar Dine comptent, l’un et l’autre, d’autres groupes qui leur sont affiliés tel que al-Mourabitoune (pour Aqmi).

Boko Haram est présent quant à lui depuis plusieurs années au Nigéria. Il s’est étendu depuis dans le Bassin du Lac Tchad où il mène toujours des opérations contre les populations civiles par le biais d’incursions ou d’attaques suicides. Il a prêté allégeance à Daech en mars 2015, et est combattu par une force régionale qui lui a infligé, récemment, de sérieux revers.

« al-Shabab » sont un groupe terroriste somalien créé en 2006 à la suite de l’invasion éthiopienne de la Somalie. Rattachés en 2010 à al-Qaïda, certains de ses leaders ont fait allégeance à Daesh, en octobre dernier.

Le 2 avril 2015, le groupe armé a mené une attaque sanglante contre l’Université de Garissa, au Kenya, qui a fait au total 152 morts (dont 142 étudiants).

Au Soudan, enfin, quelques groupuscules « djihadistes » se concentrent dans l’Ouest du pays et dans la Province du Darfour, où des contacts auraient été noués, selon des rapports sécuritaires, avec Boko Haram mais surtout avec Daech en Libye.

Revendications politiques
Ces revendications se retrouvent dans les groupes armés du Nord-Mali, dont les hérauts se disent autonomistes. On les retrouve également en Libye, au Soudan, en République Centrafricaine (RCA) et dans les Grands Lacs africains.

Au Mali, quoique le processus de paix poursuive son cours et que les actes de violences concernent, depuis des mois, presque exclusivement des groupes idéologiques, deux grandes plateformes de groupes armés politiques sont identifiables. Il s’agit de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui plaide pour une autonomie des régions du Nord et d’une plateforme dite pro-gouvernementale qui défend l’intégrité territoriale du pays. L’une comme l’autre sont composées de quelques groupes armés.

Au Soudan, des groupes armés aux revendications indépendantistes ou autonomistes se retrouvent dans la province orientale de Darfour, dans le Nil-Bleu et au Kordofan-Sud (Sud). En RCA voisine, les miliciens Anti-Balaka et Seleka impliqués dans la récente crise inter-communautaire sont toujours présents.

L’Afrique des Grands Lacs constitue la plus forte concentration de groupes rebelles en Afrique (près de 80 selon des sources concordantes). La plupart se trouvent dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Rares sont ceux qui poursuivent des revendications purement politiques, comme les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) opposé au Président rwandais Paul Kagame.

Au Burundi, quatre groupes rebelles se sont récemment déclarés. Ils ont pour objectif la destitution du Président Pierre Nkurunziza, jugé responsable de la crise qui secoue le pays depuis près d’un an.

Par ailleurs, à la croisée des revendications communautaires et politiques, celles tribales poursuivies par plusieurs milices armées en Libye, où des centaines de milices se sont constituées après la chute du Chef d’Etat Mouammar Kadhafi, la plupart sur des bases locales et qui continuent d’opérer à la faveur du contexte d’instabilité dans ce pays.

Revendications communautaires
Ces groupes se retrouvent principalement dans l’Est de la RDC et sont de taille réduite.

La rébellion Mbororo, essentiellement formée d’éleveurs venus du Soudan du Sud qui combattent les autochtones en vue de conquérir des pâturages. A l’inverse, d’autres groupes armés, comme les Maï Maï, luttent contre des groupes d’origine étrangère (rwandaise ou ougandaise) qui s’attaquent aux civils. C’est le cas de plusieurs groupes d’auto-défense populaires. Dans la province de l’Ituri (Est), les Mai Mai Simba s’opposent au projet de sauvegarde des Okapi. Ces autochtones revendiquent le droit de chasser cette espèce menacée et mènent des attaques sporadiques sur le site d’une réserve.

Proches des revendications communautaires, celles « corporatistes » de certains groupes en RDC, qui réclament leur réintégration dans l’armée nationale, comme c’est le cas avec le Front de Résistance Patriotique en Ituri, et l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre.

Revendications « vagues »
Les Forces Démocratiques Alliées (ADF) et l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) sont deux groupes d’origine ougandaise actifs depuis plusieurs années. Présentés au début comme des opposants à Kampala, ils ont abandonné tout activisme politico-militaire pour se prêter à des exactions multiples ou des actions de grand banditisme.


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Le Rwanda enferme un musicien et un journaliste pour «activités subversives»

Une énième arrestation pour des motifs présumés «d’incitation à la violence» et de tentative de renversement du gouvernement

Dans un communiqué publié le 14 avril 2014, la police rwandaise affirme avoir arrêté trois suspects supposés appartenir au Congrès national rwandais (Cnr), un parti d’opposition. Ils collaboreraient, selon la police rwandaise, avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Fdlr), mouvement rwandais (dirigé par des Hutu) basé au Congo, en vue de la déstabilisation du régime rwandais. Ces suspects comprennent le musicien populaire Kizito Mihigo, arrêté le 11 avril dernier ; Cassien Ntamuhanga, journaliste sur Amazing Grace Radio à Kigali, auparavant porté disparu durant la récente commémoration du vingtième anniversaire du génocide, et qui a été arrêté lundi matin ; Ainsi que Paul Dukuzumuremyi, un soldat démobilisé, arrêté samedi dernier.

Le communiqué de police a indiqué que ces trois hommes faisaient l’objet d’une enquête pour des attentats terroristes qu’ils auraient préparé contre le Rwanda, afin de renverser le gouvernement par la violence, l’assassinat de responsables du gouvernement et l’incitation à la violence au sein de la population. « La police est en possession de nombreuses preuves, dont des grenades et des témoignages d’autres complices arrêtés dans le cadre de cette enquête », a déclaré le porte-parole de la police Damas Gatare, cité dans ce communiqué.

L’arrestation de nombreuses personnes au Rwanda pour des tentatives de déstabilisation du régime est fréquente et est régulièrement dénoncée par des organismes internationaux uvrant pour la défense des droits de l’homme et des libertés. Selon un rapport publié par Human Rights Watch en janvier 2014 et intitulé : « Rwanda, Une répression transfrontalière », L’organisation relève que : « Le gouvernement dominé par le Front patriotique rwandais (FPR) ne tolère pas l’opposition, la contestation ou la critique [.] Parallèlement à la répression des voix dissonantes à l’intérieur du Rwanda, des dissidents et des personnes considérées comme des détracteurs ayant trouvé refuge dans d’autres pays – en Ouganda ou au Kenya voisins, et jusqu’en Afrique du Sud et en Europe – ont été victimes d’attentats et de menaces.»

Reporters sans Frontières a relevé, en mars 2014 : « Si le Rwanda fait depuis longtemps office d’enfant chéri de la communauté internationale qui apprécie la stabilité du pays et ses avancées économiques, il demeure un pays extrêmement fermé, soumis entièrement à la férule de son président, Paul Kagame. Véritable prédateur de la liberté de l’information qui ne tolère aucune voix dissidente, il use volontiers de la rhétorique anti-génocidaire pour justifier les politiques totalitaires de sa présidence et viole régulièrement les droits de l’homme de sa propre population. » Le Rwanda se trouve à la 162e place, sur 180 pays, du classement mondial de la liberté de la presse 2014, établi par Reporters sans frontières.

Paul Kagame, le chef d’Etat rwandais
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