Cameroun – Dieudonné Essomba : « le retour à l’Etat fédéral est un préalable à la résolution de la crise anglophone »

LA SOLUTION A LA GUERRE DU NOSO PASSE PAR LE RETOUR A L’ÉTAT FÉDÉRAL

 » Certains disent que le Fédéralisme n’est pas la solution à la guerre anglophone, au motif que les sécessionnistes ne réclament pas la Fédération.

Mais c’est un raisonnement puéril ! La Sécession armée n’est qu’une excroissance d’un problème plus global, celui du statut des Anglophones dans l’ensemble du Cameroun. Ils sont venus au Cameroun sur la base d’un Etat fédéral dont on ne devait jamais revenir sur la forme. C’était un engagement historique écrit noir sur blanc dans la constitution fédérale qu’il fallait respecter.

Cet engagement a été clairement violé en 1972.

Et quand les Anglophones ont demandé d’y revenir, on leur a opposé l’Etat wesphalien.

Ils ont pris les armes.

La guérilla sécessionniste n’est donc pas née ex nihilo ! Elle est la conséquence directe du refus de la Fédération et des proclamations insolentes du type « la forme de l’Etat n’est pas négociable ».

Elle s‘alimente de cet entêtement obtus à leur imposer l’Etat unitaire à coup d’arguties juridiques et de violence d’Etat.

Puisque la Sécession anglophone tire sa légitimité de la suppression de la Fédération la première chose à faire est justement de lui enlever cette légitimité en rentrant à l’Etat fédéral.

C’est un simple problème de bon sens : si ton petit frère te donne son téléphone, puis commence à te chercher querelle pour rentrer en possession de son téléphone, remets-lui d’abord son téléphone ! Il ne faut pas confisquer son téléphone en se réfugiant sous le prétexte qu’il est agressif de nature.

Remets-lui d’abord son téléphone, et s’il continue la querelle, on saura alors que son problème n’est pas le téléphone.

C’est la même chose avec les Anglophones : remettez-leur d’abord leur souveraineté qu’ils partageaient avec les Francophones sous le modèle d’un Etat fédéral. De cette manière vous allez enlever l’argument historique sur lequel il s’appuie, à savoir que vous leur avez volé leur souveraineté.

C’est le prix à payer pour assécher la sécession !

Noter bien que je parle « d’assécher » la Sécession, et non de la battre comme le disent les va-en-guerre. Car vous ne pouvez pas la battre ! L’assécher signifie que vous lui retirez le carburant idéologique qui l’alimente et vous réduisez son attractivité. Ensuite vous la combattez mieux avec une police locale qui n‘entretient pas l’image d’une armée coloniale dans une Zone occupée.

De cette manière elle va se ratatiner et reprendre la forme larvaire qu’elle a toujours eue depuis 1961.

Mais vous ne pouvez absolument rien obtenir en gardant l’Etat unitaire car c’est le mot « unitaire » inscrit dans notre Constitution qui alimente la guerre.

Il faut l’enlever.

Cela signifie en clair que le retour à l’Etat fédéral est un préalable absolu sans lequel il n’est même pas possible d’envisager la paix « .

DIEUDONNE ESSOMBA

Crise anglophone : Agbor Balla sous le feu des critiques pour avoir soutenu le fédéralisme

L’avocat Agbor Balla est visé par de vives critiques de la part des sympathisants de la cause séparatistes pour avoir défendu un retour au fédéralisme à deux régions au Cameroun.

Taxé de « malhonnête intellectuel » et « peureux », l’avocat camerounais Nkongho Agbor Balla est tourné en dérision par des leaders du mouvement indépendantiste anglophone. Et pour cause, cet activiste a cristallisé l’attention générale lundi en posant le retour au fédéralisme à deux régions comme solution à la crise anglophone.

« Une fédération à deux Etats est la solution à la crise. Toute autre solution, que ce soit la décentralisation, la fédération à dix Etats ou un statut spécial, ne sont que des mesures provisoires. Nous devrons revenir à la table pour aborder les questions fondamentales », a écrit l’avocat sur sa page Facebook.

Cela n’est pas passé inaperçu du côté des séparatistes. « Il n’y a jamais eu de fédération à deux Etats. Le 1er septembre 1961, le Cameroun a transformé sa constitution en La Constitution fédérale et l’a imposé à l’ambazonie », tance le chef de guerre ambazonien Ayaba Cho. Il est soutenu dans cette posture par Mark Bareta et Abdul  Karim.

Agbor Balla Nkongho s’est fait connaitre au Cameroun en jouant un rôle prééminent dans le mouvement corporatiste qui a ouvert la voie à des revendications de grande ampleur sur la forme de l’Etat le 8 novembre 2016. Agissant sous la bannière du Consortium de la société civile anglophone, avocats, enseignants et transporteurs, sous l’égide d’Agbor Balla, avaient réclamé l’instauration d’un système fédéral à deux régions ou l’indépendance complète du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour mettre fin à la marginalisation supposée des anglophones.

Agbor Balla revient-il sur ses positions ?

A sa sortie de prison le 31 août 2017, Agbor Balla s’est montré moins bouillant sur des questions touchant à la crise anglophone. Même s’il a mené diverses consultations à l’étranger sur le sujet, ses réseaux sociaux ont, pendant longtemps, servi principalement à la promotion de ses activités en faveur des droits de l’Homme. Il a cependant participé au grand dialogue national organisé par le gouvernement du Cameroun à Yaoundé du 30 septembre au 04 octobre 2019.

« Nous pensons que le Cameroun doit être un et indivisible. Mais nous pensons également que la décentralisation ne résoudra pas le problème. Nous devons arriver à une fédération. C’est le minimum que les gens qui ont pris les armes accepteront », avait soutenu l’avocat en marge de la première journée du grand dialogue. Cette position n’est guère partagée par les séparatistes, clame Ayaba Cho.

Loi sur le tribalisme : on punit les actes avant de pénaliser le discours !

Par Dieudonné Essomba

 Si on croit les multiples rumeurs, une loi pénalisant les discours tribalistes serait déposée à l’Assemblée dans les jours à venir. On peut, certes, se réjouir de la prise en compte de cette réalité que personne n’approuve, mais une loi est faite pour être appliquée et non pour l’affichage. Et avant de rendre une loi, il faut d’abord procéder à sa simulation, vérifier comment elle va s’appliquer de manière concrète.

Quand les Européens punissent le discours antisémite ou le discours raciste, cela signifie que les actes liés à ces délits sont codifiés au préalable et sévèrement punis. Ensuite, le discours promouvant de tels actes est à son tour réprimé.

Mais on ne peut pas laisser les actes de racisme prospérer pour ne punir que les discours qui sont souvent la conséquence relativement inoffensive de ces actes criminels!

Au Cameroun, il n’existe pas une lvoi qui punit les actes de tribalisme. La loi sur le discours tribaliste, avec ses notions « d’outrage à tribu » pose de sérieux problèmes opérationnels qu’on peut illustrer à travers quelques exemples au hasard :

Exemple 1 : Après les élections où quelqu’un constate que les populations du Centre-Sud-Est votent massivement Biya et dit : « les Betis sont fainéants et jouisseurs ; ils craignent de perdre le pouvoir et soutiennent donc leur frère Biya jusqu’au bout». Eh bien, une telle phrase est-elle ou non un outrage aux Betis ?

Exemple 2 : Un autre mène une enquête à Yaoundé et tire une conclusion : « Même à Yaoundé, les Bamileke ne recrutent que les leurs dans leurs boutiques, preuve qu’ils sont très tribalistes et veulent s’emparer du pays». Une telle phrase est-elle un outrage aux Bamileke ou non ?

Exemple 3 : un troisième constate qu’un Directeur Général Bassa ne recrute que les membres de sa tribu, promeut les Bassa, et je dis : « vraiment, ces Bassa sont difficiles à vivre dans un pays aussi divers que le Cameroun ! » Est-ce un outrage ou non ?

Exemple 4 : dans un débat, un Bamileke partisan du MRC dit à un Nordiste : « vous n’avez pas suivi Kamto qui est le seul sauveur du Cameroun, vous êtes de moutons ! » et le Nordiste lui répond : « Vous êtes des porcs ! » Sont-ce des outrages ?

On peut multiplier des exemples à l’infini, mais on ne s’en sortirait pas. Vous ne pouvez pas créer une loi réprimant le discours sur le tribalisme sans avoir d’abord une loi qui réprime les actes de tribalisme, car ce sont justement ces actes qui alimentent les discours tribalistes!

Or, les actes de tribalisme sont partout au Cameroun ! La tribu est dans notre sang et nous la vivons tous les jours, dans tous nos actes quotidiens ! Dans l’administration publique, dans le secteur privé, dans les quartiers et les villages, pendant des élections, le Camerounais vit comme un poisson dans une mer de tribalisme.

Comment peut-on donc empêcher les gens de dire ce qu’ils voient, quelquefois en de termes violents ?

Cette fuite en avant exprime dans sa forme achevée l’impéritie d’un système qui refuse toute évolution dans le bon sens. Les tensions communautaires au Cameroun, et le discours subséquent ont bel et bien une origine : l’Etat unitaire !

C’est cet Etat qui développe le tribalisme agressif et les discours haineux en multipliant les compétitions sur les emplois publics, les postes au pouvoir, les infrastructures ou les rentes. C’est l‘exaspération ressentie devant le partage de ces avantages qui crée la haine tribale, car il suffit qu’une communauté ait moins que ce qu’elle estime mériter pour qu’elle regarde l’autre avec dureté et l’accuse de tous les noms d’oiseau !

La flambée de tribalisme actuelle n’est pas dissociable de la bagarre que se mènent les tribus pour le pouvoir d’Etat. Nous avons clairement les extrémistes Bamileke qui estiment leur moment venu pour jouir aussi du pouvoir d’Etat comme les Fulbe et les Ekang et qui s’impatientent, et de l’autre côté, les extrémistes Ekang dont la Communauté est sensée être au pouvoir et qui leur disent : « Non ! ce n’est pas comme cela que les choses marchent ! »

Trêve d’hypocrisie ! Comment vous pouvez donc empêcher que dans leurs frustrations, les Bamileke ne développent un langage d’aigreur de haine, non seulement contre les Ekang, mais aussi contre ceux qui ne veulent pas s’aligner à leur prétention qu‘ils estiment légitime ?

Les gens veulent empêcher la parole sans résoudre les problèmes qui conduisent au discours haineux ! Ils conservent un système qui, par sa nature même, alimente des frustrations communautaires et ils ne veulent pas que les gens les expriment !

Du reste, ils vont faire comment ? Ils vont contrôler les réseaux sociaux ? Ils en ont les moyens ? Ils vont fermer la bouche à Nganang aux USA ? Ils iront en Europe empêcher la BAS de tenir des discours haineux et de les diffuser sur Internet sur toute la surface de la terre ? S’ils n’ont pas réussi à empêcher cette BAS d’agresser le président de la République lui-même devant les caméras du monde entier, c’est le discours haineux qu’ils vont empêcher ?

On a dit et redit aux gens du pouvoir que le problème fondamental au Cameroun qui va nous amener la guerre civile, c’est cette concentration folle du pouvoir d’Etat entre les mains d’un individu vite identifiée à sa communauté qui intensifient à l’extrême les compétitions intercommunautaires. C’est cet Etat unitaire qu’on veut conserver comme un totem démonique qui cuit la haine.

Vous ne pouvez donc pas supprimer le discours tribal tant que sa source reste, à savoir un Etat unitaire que se disputent les Communautés.

C’est au vu de cela que l’Humanité, après des milliers d’années, a expérimenté un système qui a fait ses preuves, aussi bien dans le passé en Afrique, où tous les Etats précoloniaux étaient des Fédérations ou des Confédérations, que dans le monde actuel où les Etats fédéraux marchent largement mieux que les Etats unitaires.

Au lieu de poursuivre cette voie de sagesse et adopter le modèle fédéral qui éteint le tribalisme de manière naturelle, en réduisant la compétition intertribale dans les limites tolérables, une élite dévoyée veut nous embarquer dans la folie de la répression des discours tribalistes, tout en évitant soigneusement de légiférer sur des actes autrement plus criminels de tribalisme qu’ils posent chaque jour.

Ils veulent en fait empêcher les vrais patriotes de dénoncer leurs actes et leur système défectueux en leur fermant la bouche !

Cameroun : des chefs séparatistes invités à un débat sur la décentralisation

Les deux leaders des groupes armés acquis aux sécessionnistes sont invités à prendre part au Grand dialogue national sur une sortie de crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

La solution adoptée par le gouvernement camerounais pour résoudre la crise anglophone est on ne peut plus claire : rendre la décentralisation effective. Le sujet est inscrit à l’ordre du jour du Grand dialogue national auquel sont conviés Lucas Ayaba Cho et Chris Anu, des chefs de bandes armés engagées dans la conquête des territoires en faveur de l’Etat immatériel d’ambazonie.

La forme de l’Etat est au centre des conflits qui opposent l’armée républicaine et les groupes séparatistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Tandis que Pour le premier camp, la dissolution de l’Etat unitaire  n’est pas envisageable, en face, l’on conteste l’échec de ce système et réclame le retour à deux Etats indépendants. Entre ces parties, les fédéralistes, peinent à se faire entendre.

Lucas Ayaba ChoChris Anu et l’activiste Mark Bareta, John Mbah Akouruh, Samuel Sako Ikome (actuel président par intérim de l’ambazonie), entre autres, sont attendus à Yaoundé alors que pèse toujours sur certains d’entre eux des plaintes internationales portées par  l’Etat du Cameroun en juin 2018. Leurs noms figurent aux côtés d’une dizaine d’autres membres de la diaspora.

D’autres leaders ambazoniens, à l’occurrence les membres de son premier gouvernement, sont aux arrêts à Kondengui. Ils y purgent une peine d’emprisonnement à vie pour des actes de terrorisme. Ils ont été reconnus coupables d’avoir financé et équipé des groupes armés dans les régions anglophones, à l’instar des Forces de défense de l’ambazonie (AFD) d’Ayaba Cho et les Red dragons de Chris Anu et son frère Field Marshall.

A lire aussi : Crise anglophone : plusieurs factions sécessionnistes armées actives sur le terrain  

Le fédéralisme doit être le vrai sujet du dialogue national [Dieudonné Essomba]

L’intellectuel camerounais soutient que le fédéralisme est la solution pour en finir avec les revendications sécessionnistes dans le pays.

Je ne sais pas pourquoi les gens s’attardent encore sur cette histoire de décentralisation !

La décentralisation administrative aurait pu marcher il y a 10 ans, avant le premier coup de feu de la Sécession ! Mais aujourd’hui, c’est terminé !

Certains nous en parlent avec arrogance, comme si le Gouvernement contrôlait encore tout et qu’il avait affaire à une population civile docile qui craint le moindre commandant de brigade !

Les Sécessionnistes sont armés, bon Dieu ! Ils se font tuer, mais ils tuent aussi !

Et en trois ans d’annonces triomphalistes au sujet d’un Etat qui est un monstre froid et tout-puissant auquel rien ne résiste, nous voyons bien que ce sont les Sécessionnistes qui montent en force ! C’est eux qui sont partis avec des mains nues, quand tout le monde croyait que l’Etat allait les mater en deux semaines !

Mais trois ans plus tard, ils sont toujours là, édictant leur loi ! Ils ont détruit les grands fleurons qui nous procuraient de très précieuses devises, la CDC et la PAMOL, déstabilisé les réseaux commerciaux, incendié les bâtiments publics, sans que ce fameux Etat puisse les en empêcher !

Ils ont pourchassé l’Etat, et il n’y a plus de sous-préfet et de commandant de brigade en dehors des grandes villes transformées en bunker, où les agents publics grelottent de terreur !

Ils perçoivent les impôts, contrôlent les routes et se sont installés dans des écoles construites par l’Etat qu’ils ont transformés en leur base, au vu et au su de tout le monde !

Et même dans les villes hyper sécurisées de Bamenda et Buea, ce sont eux qui édictent le rythme de vie, en imposant les Villes Mortes, les Rentrées Mortes, sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit, en dehors de stériles condamnations.

Sur le plan international, ils ont imposés leur cause comme une problématique majeure, contrairement aux pseudo-patriotes qui ont trompé le gouvernement en lui faisant croire que c’était une simple affaire intérieure qui n’allait susciter aucune ingérence.

Et aujourd’hui, ce ne sont pas eux qui souffrent, mais bien l’Etat du Cameroun! C’est l’Etat du Cameroun qui épuise ses ressources dans une guerre parfaitement inutile, c’est lui qui perd ses recettes c’est lui qui est dénoncé pour violation des droits de l’Homme et qui se défend désespérément ! C’est lui que le monde entier regarde méchamment, avec un immense reproche!

A contrario, on n’a vu nulle part les sécessionnistes demander le dialogue, mais plutôt dénoncer violemment l’archevêque émérite Tumi et tous les fédéralistes qui proposaient de négocier, impatients qu’ils sont de combattre et de chasser ce qu’ils appellent les forces d’occupation!

Voilà la réalité sur le terrain !

Les gens qui continuent à fanfaronner à Yaoundé sur leur Cameroun unitaire veulent nous conduire où là ? Ils nous affirment qu’ils vont mater la sécession, ils vont la mater quand ? Avec des mots ronflants ? Ils attendent quoi ? Un sifflet ?

Qui peut mater la sécession sans l’adhésion franche de la population anglophone ? Personne !

Je l’avais dit il y a trois ans : le Cameroun n’a pas les moyens politiques, économiques, financiers et diplomatiques pour mater militairement la sécession anglophone ! On m’a traité de traitre à la patrie !

Comment les gens de Yaoundé ont pu croire qu’on pouvait imposer les liens d’un Etat unitaire à une Communauté représentant 20% de la population, et qui plus est, a déjà vécu dans un système fédéral, et sous la supervision des Nations-Unies ?

L’Etat unitaire est clairement un faux projet qui ne peut aboutir qu’à l’horreur ! Il faut en sortir définitivement et immédiatement!

Sinon, nous allons connaître exactement le même sort les 3 autres pays qui sont nés fédéraux et se sont amusés à supprimer la Fédération : l’Ethiopie, le Soudan et la Somalie !

On ne supprime pas une Fédération ! On peut la modifier, mais on ne la supprime pas !

Il est impératif de rentrer dans la Fédération et c’est cela qui doit être l’objet du dialogue !

Sinon, cela risque d’être tard !

Allons à la Fédération au risque de porter une terrible responsabilité historique ! Les Anglophones ne reviendront plus jamais à l’Etat unitaire ! Ils l’on dit et redit, leurs Chefs traditionnels, tous membres du parti au pouvoir l’ont clairement dit ! Ne donnons aucun prétexte à la sécession, car nous ne pouvons pas la battre militairement, en dépit des fanfarons !

Allons à la Fédération ! La Fédération ne tue pas !

Le Nigeria est fédéral ! L’Ethiopie est fédérale ! L’Afrique du sud est fédérale ! La Tanzanie est fédérale ! Le Soudan est fédéral !

Les gens sont morts là-bas ?

Bien au contraire, ce sont les pays les plus puissants d’Afrique du point de vue économique. Et ils alignent aussi 16 Universités sur les 20 premières dans toute l’Afrique !

 

Dialogue national: les Camerounais ont l’occasion de démanteler un système centralisé (Dieudonné Essomba)

Selon l’économiste camerounais, le dialogue national annoncé par le président de la République est l’occasion pour les citoyens de changer le système actuel basé sur le favoritisme et la corruption pour aller vers une structure de la méritocratie.

Certains Camerounais font la fine bouche devant le discours du Chef de l’Etat. Arc-boutés dans leur perception soviétomorphe de l’Etat, pour des raisons idéologiques ou d’intérêt, ils n’ont pas compris la nature révolutionnaire de ce message absolument extraordinaire pour le personnage.

En rappel, Biya Bi Mvondo Paul Barthelemy est un Ancien Etudiant de l’Institut des Hautes Etudes d’Outremer, avec pour Diplôme « Administrateur des Colonies de la France d’Outremer ».

Et jusque-là, il a cru à sa fiction postcoloniale de rebâtir de nouveaux Camerounais sans rapport avec ceux que Dieu lui-même a créés. Il était inimaginable, à 86 ans et 58 ans de haute administration dont 37 ans à la Présidence, qu’il abandonne la logique de cet Etat postcolonial sous le commandement d’un « Grand Camarade Père de la Nation » dont la seule logique se réduisait à mater les populations indigènes pour en faire un soi-disant peuple nouveau.

Mais il l’a fait ! Il a donné la possibilité aux Camerounais de se rencontrer et de discuter sur le nouveau Cameroun que nous voulons.

Un tel Cameroun ne peut être que calqué sur les valeurs africaines qui, par essence, promeuvent une organisation segmentaire de toute Communauté.

Toute communauté africaine est structurée en familles, eux-mêmes regroupées en clans, à leur tour regroupés en tribus et plus haut, en segments ethnorégionaux. C’est ce modèle que l’Etat du Cameroun doit reproduire, pour être conforme à la sociologie camerounaise et devenir un Etat vraiment- national, et non une structure parasitaire qui vient s’imposer sur la Nation pour la paralyser en la suçant jusqu’à l’os.

Et qui plombe le pays dans la misère et multiplie la haine, les compétitions tribales et les occurrences de guerre.

Il faut mettre fin à ce modèle, et Biya nous en offre l’occasion extraordinaire.

Il n’est pas normal que le Cameroun se réduise à Yaoundé et Douala, qui gèrent 90% des ressources monétaires du pays et 90% des échanges monétaires, ravalant le reste du pays en un sinistre désert économique!

Il n’est pas normal qu’on parte de Kousseri, on traverse Maroua, Garoua, Ngaoundéré et Bertoua, soit plus de 1000 Kilomètres et plus de 10Millions d’habitants, sans trouver une ville de 2 Millions d’habitants, dans un pays où l’urbanisation est de 50% !

Et il n’est pas normal que l’Ouest et le Nord-Ouest qui regroupent 30% de la population native du Cameroun se contente de bourgades comme Bamenda ou Bafoussam, alors qu’on devrait y trouver une ville d’au moins 2,5 Millions d’habitants.

Tout simplement parce qu’un système maudit, hyperconcentré, sauvagement centralisé aspire toute l’énergie de la Nation qu’elle empile à Yaoundé et Douala et phagocyte pour réaliser ses « unités nationales ».

Les Camerounais ont l’occasion de disqualifier et de démanteler à tout jamais cette structure maudite et de bâtir un Etat qui épouse la Nation.

C’est pour cette raison qu’il ne faut pas suivre les imposteurs qui veulent nous détourner des vrais enjeux du pays en nous parlant de la succession. Le Cameroun n’a pas un problème de pouvoir ! Il a un problème de forme de l’Etat. Cela signifie que la présidence de Biya n’est pas contestée par une part significative de Camerounais. En dehors d’une poignée marginale de contestataires, Biya est considéré comme le Président légal et légitime du Cameroun.

Par contre, il y a une contestation dans la distribution territoriale du pouvoir d’Etat. Peu de Camerounais sont d’accord avec ce système centralisé, momifié, qui étouffe le Cameroun sous une bureaucratie parasitaire. Les Anglophones, forts de leur passé d’autonomie fédérale, ont pris les armes contre ce modèle périmé, et Biya l’a bien compris.

C’est pour cette raison qu’il a ouvert la voie à une réforme fondamentale de l’Etat en invitant tout le monde.

Plutôt que de s’arc-bouter au désir lancinant de mettre la main sur l’Etat unitaire pour en profiter, chaque Communauté, chaque groupe d’intérêt, chaque réseau d’allégeance a plutôt intérêt à développer ses arguments et se préparer à les présenter au cours de ce Grand Dialogue.

Car le Cameroun sera fédéral. Il restera un et indivisible, mais il ne sera plus unitaire. On ne peut pas inviter tout le monde, y compris les Chefs de la Sécession et espérer encore maintenir la décentralisation du RDPC.

Personne ne veut plus de l’Etat unitaire et ses « unités nationales » qui ne sont qu’une ruse de la bureaucratie locale pour s’approprier la gestion exclusive des 4.750 Milliards du budget !

Quant à ceux qui parlent de bonne gouvernance, on leur demande d’aller d’abord la prouver dans leur Etat régional et tout le monde voit !

C’est d’ailleurs cela aussi l’intérêt de l’Etat fédéral : vous montrez ce que vous avez pu bien faire auprès de votre peuple comme Gouverneur, et le peuple entier vous adoube au niveau fédéral. Ce n’est pas pour rien que dans les pays fédéraux, les Présidents Fédéraux sont à 90% des anciens Gouverneurs.

Oui, avec un Cameroun fédéral, le problème de la succession sera directement réglée : Biya est encore là pour quelques années, ce qui nous donne l’occasion des tester les Gouverneurs qui se seront signalés entretemps.

Et le meilleur parmi ces Gouverneurs sera choisi, pour faire pour tout le Cameroun ce qu’il aura fait pour son Etat.

D’où l’intérêt d’aller à la Fédération et d’y aller franchement.

 

 

Crise anglophone: des séparatistes s’en prennent à Kah Walla

Ils lui reprochent de défendre le fédéralisme et de faire le jeu du pouvoir de Yaoundé.

Kah Walla, présidente nationale du Cameroon People’s Party (CPP) a été prise à partie après des déclarations sur la crise anglophone.

Alors qu’elle faisait une présentation sur le sujet à l’Institut des études africaines de l’Université George Washington aux États-Unis, Kah Walla a déclaré: «personnellement, je crois en l’autonomie régionale ou ce que certains appellent la fédération. Cependant, je crois aussi que toutes les opinions différentes ont le droit d’exister et d’être exprimées. Nous ne pouvons pas construire le changement si nous intimidons et si nous sommes violents avec ceux qui ont une opinion différente de la nôtre ».

Une position réaffirmée sur ses différentes plateformes sociales, où elle a ajouté: «je suis fermement et ouvertement en désaccord avec le maintien du statu quo d’un État unitaire. Je suis aussi fermement et ouvertement en désaccord avec la stratégie d’un combat armé et affirme clairement depuis 2016 que cette stratégie mettra en danger la vie des anglophones et ne contribuera guère à faire progresser leurs droits».

Ces déclarations ont suscité une vive indignation des tenants de la ligne indépendantiste, au sein de la communauté anglophone, qui accusent la présidente du CPP de «trahison».

Certains dans des réactions outrées et virulentes, ont accusé cette candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2011 d’avoir été achetée par le pouvoir de Yaoundé. D’autres encore l’ont défié de se rendre dans les régions anglophones, dont elle est du reste originaire.

Cameroun-Crise anglophone : la nouvelle colère du doyen des sénateurs

Chief Nfon Mukete s’en est une fois de plus pris au président Paul Biya pour la gestion de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

« Je m’en fous. Allez le dire à n’importe qui. Allez dire à Paul [Biya]. Citez-moi n’importe où ». Ce coup de sang est de Victor Nfon Mukete, sénateur du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pour le Sud-ouest, et doyen des élus de la Chambre haute du Parlement.

Le 5 avril au Sénat, Victor Nfon a laissé exploser sa colère au cours d’une plénière d’adoption du projet de loi fixant le nombre de conseillers régionaux par région au Cameroun. « Qu’est-ce que toutes ces absurdités ? Mon peuple meurt, il souffre et nous nous livrons à des jeux ici à Yaoundé. On devrait être prudent », a tonné le sénateur Mukete au cours des débats.

Dans un exposé qui a laissé l’audience interdite d’après plusieurs témoins, le chef supérieur des Bafaws (Sud-Ouest) a fustigé la gestion actuelle de la crise anglophone au Cameroun.

« Le système a échoué, la fédération est l’unique solution. Dix états fédérés pour que chaque région puisse gérer ses affaires. Pourquoi les gens ont peur de la fédération ? Je ne parle pas comme cela parce que le pays devrait être divisé. Non ! Je me suis battu ardemment pour la réunification de l’ex Southern Cameroon et l’ex République du Cameroun. Et je ne pourrais jamais détruire cet acquis », a-t-il déclaré.

C’est la seconde fois, en un peu plus d’un an, que le doyen des sénateurs du Cameroun se prononce publiquement contre la politique du gouvernement en ce qui concerne la crise anglophone.

En février 2018 en effet, dans les colonnes de Jeune Afrique, celui qui a fêté son 100e anniversaire fin 2018, jetait déjà une pierre dans le jardin. Pour lui, la solution à la crise actuelle c’est le fédéralisme. « Il ne peut y avoir aucune ambiguïté : l’extrême centralisation actuelle est une erreur », avait alors estimé Chief Mukete.

« Si l’on s’était abstenu d’emprisonner des leaders modérés qui n’avaient en définitive que des revendications sociales. Si l’on s’était abstenu aussi de brider la parole des protagonistes des deux camps, celui des modérés comme celui des sécessionnistes », avait regretté le sénateur.

Quelques jours après cette sortie, sa famille, notamment son fils Ekale Mukete, avait déclaré que la pensée du sénateur n’avait pas été bien comprise, et que ce dernier n’est pas pour un retour au fédéralisme. Celui-ci avait rappelé que son père reste un fidèle de Paul Biya.  Ekale Mukete, ancien maire Rdpc de Kumba (région du Sud-Ouest) accusait alors Jeune Afrique de publier des propos qui avaient été tenus des mois à l’avance, donc hors contexte.

Cameroun: les chefs traditionnels de l’Est contre le fédéralisme

Cette opposition desdits chefs survient alors que les représentants des anglophones ont présenté, il y a quelques semaines, le fédéralisme comme l’une des solutions pour une sortie de crise.

« Nous chefs traditionnels de la région de l’Est condamnons avec la dernière énergie les velléités de division, de fédéralisme et de sécession prônées par certains Camerounais égarés et manipulés de l’extérieur« . Ainsi se sont-ils exprimés dans une déclaration de soutien au chef de l’Etat camerounais, Paul Biya datée du 8 juin dernier.

Ce sont 157 chefs coutumiers qui ont signé cette déclaration. On y retrouvent des hommes politiques tels que Joseph Le, Oswald Baboke, Armand Ndjodom, Pr Etoa Etoa Jean Bosco, Christophe Mien Zock, Cyrus Ngo’o, Aleokol Jean-Marie, Bolenga Gervais, Tsalon Jean-Pierre, entre autres.

Ils s’insurgent également contre les violences et les attaques aux symboles de l’Etat perpétrées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Quelques jours avant, notamment les 30 mai et 1er juin, la communauté anglophone du pays transmettait à la commission nationale de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme ses exigences pour une sortie de crise. En tête de liste, l’ouverture d’un débat sur le fédéralisme.

Sur ce sujet, les récentes sorties du ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, avaient laissé entendre que le parti au pouvoir, le Rdpc, n’est pas totalement fermé à un dialogue sur le fédéralisme.

 

 

Crise anglophone : « L’extrême centralisation actuelle est une erreur » (Chief Victor Mukete)

Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, le sénateur originaire de la région du Sud-Ouest se dit favorable à un fédéralisme à dix Etats.

Chief Mukete, sénateur camerounais et homme d’affaires prospère, n’y est pas allé du dos de la cuillère pour parler de la question anglophone au Cameroun, sujet au centre d’une crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays.

Le chef suprême du peuple Bafaw dans le Sud-Ouest estime que cette crise débutée en octobre 2016, aurait pu être évitée si à une époque, il avait été écouté.

Chief Mukete soutient avoir eu l’idée de la création d’un organe de promotion du bilinguisme et du vivre-ensemble, il y a quelques années. Seulement, certains de ceux à qui il dit avoir partagé cette idée ont rédigé un rapport pour l’accuser de vouloir provoquer la division dans le pays. Ce qui lui a valu un interrogatoire chez le délégué général à la Sûreté nationale. Pourtant, chief Mukete avait simplement l’intention de soumettre son projet au président Paul Biya, qu’il juge moins accessible qu’Ahmadou Ahidjo, son prédécesseur.

Aujourd’hui, estime-t-il, la commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, mise sur pied le 23 janvier 2017, arrive trop tard. Elle qui avait été annoncée comme la solution aux problèmes liés à la question anglophone au Cameroun, n’a pas encore trouvé le moyen d’apaiser les tensions, notamment des militants de la cause sécessionniste.

Pour le président du Conseil d’administration de la Cameroon telecommunications (Camtel), le gouvernement camerounais aurait pu limiter les dégâts « si l’on s’était abstenu d’emprisonner des leaders modérés qui n’avaient en définitive que des revendications sociales. Si l’on s’était abstenu aussi de brider la parole des protagonistes des deux camps, celui des modérés comme celui des sécessionnistes », soutient chief Mukete.

A presque 100 ans, l’ancien militant de la réunification du Cameroun regrette l’attitude des Premiers ministres camerounais originaires de régions du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest (anglophones) face à l’extrême « marginalisation des anglophones », à un malaise latent ne datant pas d’hier. « Aucun des différents Premiers ministres anglophones qu’a connu le pays ne s’est jamais montré suffisamment honnête ou courageux pour tirer la sonnette d’alarme et tenter de limiter les frustrations », affirme le sénateur. Celui-ci se dit par ailleurs favorable au fédéralisme à dix Etats et se persuade que le président Paul Biya serait d’accord avec une telle proposition, car «l’extrême centralisation actuelle est une erreur ».

Le SDF favorable à un retour au fédéralisme au Cameroun

Le Social démocratic front a affirmé dimanche cette position au cours d’une réunion de son comité exécutif tenu dans la banlieue de Yaoundé

Le Social democratic front (SDF), réitère une idée qu’elle affirme depuis 1997, celle d’un retour au fédéralisme au Cameroun.

Selon le premier parti d’opposition, le fédéralisme aurait permis d’éviter la crise qui sévit dans les deux régions anglophones.

Le responsable de ce parti, critique le système décentralisé actuel, où tout reste cependant concentré au niveau de Yaoundé.

Selon lui, ce système a montré ses limites. Le SDF affirme que le fédéralisme aurait donné des bons résultats.

Le comité national exécutif du SDF a aussi exigé le rétablissement de la connexion internet coupée depuis janvier dernier au nord et au sud-ouest.

La coupure d’internet a paralysé les activités économiques dans ces régions. Le parti d’opposition demande aussi la libération de personnes arrêtées durant les manifestations, notamment, les professeurs et les avocats.

Le Contentieux historique national au Cameroun occidental

Daniel Yagnye, upéciste

Comment devons-nous comprendre ce qui se passe actuellement dans le Cameroun Occidental?
Que peut-on attendre du Président Biya?
Quelle attitude devrait-on attendre des patriotes « francophones » ?
Que devraient faire les patriotes du Cameroun Occidental?
Quelle solution pour cette crise?

Les origines de la crise
Contrairement à ce que disent beaucoup de compatriotes « anglophones » ,« francophones » et même notre vétéran Woungly-Massaga dans sa contribution « L’UPC et la crise anglophone », cette crise ne commence pas en Mai 1972 avec le référendum qui a mis fin à la république fédérale du Cameroun.

NON!
Le référendum n’a été qu’une mascarade politique, une manifestation du Contentieux Historique National qui avait pour objectif principal, l’adaptation de l’état du Cameroun, afin qu’il serve le mieux possible les intérêts de la France.

La véritable origine de la crise est le Contentieux Historique Franco-Kamerunais!!!
Il est d’une importance capitale que les patriotes ne perdent pas de vue la nature réelle de ce problème National, qu’ils comprennent bien les enjeux actuels, tout comme les forces en présence.

Une réelle opportunité pour tout le pays…qui est en train d’être gâchée…

Ce qui se passe au Cameroun Occidental peut être une merveilleuse opportunité pour le pays entier, ce qui s’y passe pourrait se transformer en une opportunité pour tout le pays.

Mais pour le moment les choses vont très mal…le pays devra d’abord surmonter de sérieux obstacles…puisque malheureusement avec l’arrestation des dirigeants du Consortium (Nkongho Agbor Balla, Fontem Neba, Michael Boyo, Kah Afumbon…), la situation a pris un cours dangereux et devient très préoccupante.

Il faut condamner ces arrestations avec force et exiger énergiquement la libération immédiate et inconditionnelle de ces dirigeants, ceci d’autant plus qu’ils ont toujours été ouvertement pour la Non-Violence et pour le Fédéralisme.

La mauvaise tournure des événements: tout en reconnaissant le grand mérite de ces dirigeants dans la formidable mobilisation des populations des deux provinces, il apparaît clairement qu’ils se sont fait surprendre par la férocité pourtant naturelle du régime Ahidjo-Biya, en se disant peut-être que Biya était mieux que Ahidjo, en croyant qu’il était moins dictateur que Ahidjo, comme on le dit souvent dans les milieux « anglophones », que plus intellectuel que son prédécesseur il allait considérer la partie « anglophone » tel qu’il le faudrait dans un État de droit, c’est-à-dire en tenant compte de son statut avant la pseudo Réunification, avec les droits élémentaires des citoyens respectés.

Ce gouvernement s’est doté de lois scélérates qui épousent bien son caractère tyrannique et dictatorial, tout combattant devrait tenir compte de sa nature extrêmement violente et opter pour des stratégies et des tactiques qui contournent ses lois, ne pas le faire n’est pas regarder la réalité telle qu’elle est, ne pas le faire est ne pas tenir compte de l’Histoire sanglante de ce pays. Ceci d’autant plus que l’armée camerounaise, la gendarmerie, la police et les forces de sécurité ont toutes été formatées par le contentieux historique pour réprimer nos populations. Ce qui ne veut pas du tout dire que l’on ne peut pas rencontrer des patriotes dans ces institutions.

Il est Inadmissible que des dirigeants qui sont des civils, soient jugés par des tribunaux militaires, mais le Cameroun c’est le Cameroun!

Quant aux jeunes incarcérés lors des manifestations, nous devons les prendre pour innocents, jusqu’à ce qu’il y ait des preuves de leur participation dans des actes de casse et de vandalisme.Luttons contre la culture de l’Impunité et pour le respect de la propriété privée et de celle de l’État, mais exigeons des procès équitables pour ces jeunes, en même temps que des poursuites judiciaires, contre tous les agents de l’État (militaires, gendarmes et policiers) coupables d’exactions contre les manifestants.

Les responsabilités des patriotes « anglophones » sont énormes à l’heure actuelle, puisque ce n’est pas seulement le Cameroun Occidental, mais le pays tout entier qui attend beaucoup d’eux. Le manque de confiance et la suspicion créés par les discriminations des « anglophones » au long de ces décennies, a réduit considérablement le champ d’action et la marge de man uvres de ces compatriotes qui s’ouvrent difficilement à leurs confrères « francophones », ce qui est regrettable pour le pays, parce que la crise reste confinée pour le moment au Cameroun Occidental.

On a même entendu des déclarations du genre : « ce problème est strictement « anglophone », sinon les « francophones » aussi devraient manifester…hier lorsque l’UPC a lutté et a pris les armes, c’était seulement pour le Cameroun Oriental…lorsqu’un mariage ne va plus bien, seul le divorce et la séparation sont les meilleures solutions…etc… »

De telles affirmations montrent que l’on n’a pas compris combien il est suicidaire pour tout le pays, de limiter la pensée et l’action rien qu’au Cameroun Occidental, puisque exclurait notre peuple (Cameroun Oriental et Occidental) de la résistance générale et de la lutte pour les solutions de cette crise, car malgré tous les sacrifices actuels de nos populations du Cameroun Occidental et de tous les espoirs que pourraient susciter les évènements, le risque est encore Grand pour que la montagne accouche d’une souris, comme nous en avons déjà l’habitude dans ce pays.

Ce pays a déjà connu des villes mortes pendant des mois et des mois…
Tout en saluant le succès de ces villes mortes puisque toute résistance contre la tyrannie est justifiée, il n’est pas du tout évident que confinées seulement dans ces deux provinces, ce régime fainéant s’en émeuve, puisqu’il n’a jamais accordé l’attention nécessaire aux problèmes des populations.

Le temps est grave!!!
Il serait bon que ceux qui dirigent cette résistance comprennent ce que représente le moment historique actuel pour tout le pays : hier c’était l’UPC l’avant-garde de notre lutte, aujourd’hui avec de l’imagination, les patriotes du Cameroun Occidental peuvent mener le bateau du Changement. Pour cela, ils devraient dépasser ce dilemme: S’allier aux forces d’opposition non organisées, souvent infiltrées et corrompues du Cameroun Oriental ou bien continuer seuls la résistance? La révolution est un risque, elle est même une illusion où l’on ne gagne jamais sans risques !!!

On ne peut pas comparer la faillite de la réunification à un mauvais mariage, ni prétendre que l’UPC ne s’est battue que pour le Cameroun Oriental:

Dans la guerre pour la Réunification et pour l’Indépendance, les populations « anglophones » savaient très bien que l’UPC luttait pour le pays entier, c’est la raison pour laquelle elles lui ont donné refuge, c’est aussi la raison pour laquelle elles ont payé ce lourd prix en y sacrifiant plusieurs vies de leurs meilleurs filles et fils.

Nous nous devons de respecter ces morts!!! La meilleure manière de les honorer aujourd’hui est de continuer leur lutte!!!
Que l’on le veuille ou pas , que l’on en soit conscient ou pas, ce qui se passe actuellement au Cameroun Occidental est la continuité directe de la résistance du peuple Kamerunais, la même lutte initiée par l’UPC, contre les forces de l’oppression, pour son émancipation et pour son Bien-être.

La faillite de la Réunification a pour cause principale le Contentieux Historique Franco-Kamerunais, mais il faut aussi dire cette vérité: c’est en connaissance de cause que les John Ngu FONCHA, Salomon MUNA et etc… se sont associés aux Ahmadou AHIDJO et Charles ASSALE pour créer la fantoche république fédérale du Cameroun, alors que les principaux protagonistes de la Réunification du Cameroun Oriental étaient assassinés et neutralisés.

Dans ce processus de création de cette république fédérale, personne n’a été trompée, comme certains « anglophones » le présentent aujourd’hui, personne n’était dupe ni naïve, car l’UPC avait solennellement averti ces élites « anglophones » du choix anti patriotique et anti populaire qu’ils faisaient, et des conséquences qui en adviendraient : ce qui est vécu depuis la fausse Réunification dans notre pays en général, et par les populations du Cameroun Occidental en particulier, est la conséquence logique des choix faits et assumés par les petites bourgeoisies et bourgeoisies « anglophones » lors de la pseudo Réunification.

Aujourd’hui une mauvaise analyse politique fait croire que les problèmes du Cameroun Occidental sont différents de ceux du Cameroun Oriental, alors que ce ne sont que les manifestations spécifiques de ces problèmes liés à la nature historico-culturelle du Cameroun Occidental qui diffèrent.

Généralement, face à des problèmes objectifs d’exclusion et de discrimination, des minorités (homogènes et non homogènes) adoptent des réflexes de survie. Dans notre cas particulier, les patriotes « anglophones » ont eu le mérite et la fantastique habileté politique de dissoudre ces réflexes dans des revendications qui ont admirablement épousé des contours identitaires.

Les camerounais des deux rives du Moungo souffrent des complications du même problème qui est le Contentieux Historique Franco-Kamerunais.

Un mauvais diagnostic de cette situation lève à commettre des erreurs dont l’une des plus GRAVES est la tendance à la réduction de la sphère de la lutte rien qu’au Cameroun Occidental, au lieu de chercher la collaboration des « francophones » afin de répandre la résistance partout dans le pays, et acculer ainsi le régime néocolonial…Oui il est grand temps pour que les « francophones » eux-aussi s’engagent, afin de donner leur part de lutte dans la résistance actuelle !!!

S’il est tout à fait légitime pour les « anglophones » de s’organiser entre eux et de rechercher les solutions des problèmes spécifiques du Cameroun Occidental, il devient suicidaire de ne pas comprendre la nécessité de ratisser plus large en créant de réelles synergies avec le pays tout entier.

Il est important à l’heure actuelle d’éviter les maladresses politiques insensées, qui feraient perdre la solidarité des « francophones », ce qui rendrait encore la lutte plus minoritaire et confinée, ce serait non seulement contreproductif, mais jouerait le jeu du régime.

Le régime Ahidjo-Biya, avec son ADN issu du contentieux historique, n’a pas la culture du dialogue. Ce régime ne réagit positivement que sous la contrainte d’un rapport de force qui lui est défavorable.

Il est donc légitime et stratégiquement adéquat pour les patriotes « anglophones » de s’entendre avec les patriotes « francophones » pour conquérir le pouvoir central, ce qui résoudrait définitivement ces problèmes qui minent notre pays depuis la petite Indépendance et la fausse Réunification. C’est Injuste de ne pas comprendre l’indignation des patriotes « anglophones » qui ne veulent plus continuer à travailler pour la France alors qu’ils n’ont pas connu de colonisation française directe.Tout en les encourageant à continuer leurs démarches auprès de l’Union Africaine et des instances de l’ONU, il serait temps de comprendre que le Contentieux Historique National est avant tout un problème camerouno-camerounais qui ne se résoudra essentiellement qu’avec le changement du rapport de force à l’intérieur de ce pays pseudo « réunifié » depuis 1961: nous devons nous UNIR, « anglophones » et « francophones », nous devons compter d’abord sur nos propres forces internes!!!

Que peut-on réellement attendre du président Paul Biya, le digne héritier du contentieux historique franco-kamerunais ?

On pouvait rêver et penser qu’à la fin de son règne, par miracle, le président Biya pourrait opter pour un geste salutaire pour lui-même, en choisissant pour une fois la satisfaction des aspirations les plus légitimes de notre peuple, en nous offrant une Conférence Nationale Souveraine pour l’adoption d’une nouvelle Constitution.
Mais avec cette dernière sortie lors de son message à l’occasion de la fin d’année 2016 et du nouvel an 2017:

[I « Mais, ne l’oublions jamais, nous marchons sur les pas des pères fondateurs de notre pays, de nos héros nationaux, qui ont versé leur sang pour léguer à la postérité une nation unie dans sa diversité. L’unité du Cameroun est donc un héritage précieux avec lequel nul n’a le droit de prendre des libertés »].

M Biya nous ramène les pieds sur terre (Jam li mut u tehe u kal…la chose de quelqu’un, tu vois, tu parles ) et nous oblige à reconnaître que pendant toutes ces décennies, il est resté cohérent avec lui-même.

Même dans son incohérence, il est toujours resté prisonnier du contentieux historique qui l’a crée.

Aujourd’hui nous voyons avec ce paragraphe, ce que le président Biya préparait et prépare pour le pays : Les arrestations des dirigeants du Consortium tout comme celles des autres représentants anglophones (Paul Ayah…) prouvent que le président Biya et son gouvernement se sont définitivement disqualifiés, elles montrent clairement qu’il leur manque toute bonne volonté politique et qu’ils sont incapables de résoudre cette crise dans le sens des aspirations légitimes de notre peuple.

Rien ne bon ne peut donc plus venir de Mr Biya : nous devons nous attendre à plus de Violence, à plus de Corruption et à plus de Mensonge d’état qui sont avec le Tribalisme d’État, les quatre piliers de l’État camerounais.

La déclaration montre aussi l’Incohérence politique de Mr Biya: il s’adresse au peuple Kamerunais la veille du premier janvier qui est le « Jour de son Indépendance ». Cette indépendance pour laquelle ses meilleurs filles et fils (upécistes et sympathisants upécistes) ont versé leur sang. Ce sang dont il fait même référence dans son discours. Mais il ne dit pas un seul mot, il ne dit rien sur cette Indépendance, parce que pendant tout son long règne, il n’a jamais rien fait pour exalter le sacrifice des héros nationaux.

Il n’en fait aussi aucune allusion parce qu’il ne croit pas à cette indépendance, Mr Biya sait très bien qu’à cause du contentieux historique Franco-Kamerunais, notre pays n’est pas Indépendant: raison pour laquelle le Cameroun n’a jamais célébré son indépendance, comme le font les autres pays un peu partout dans le monde.

Pour les besoins de sa cause, qui est la future répression et l’écrasement par le sang de toute velléité de résistance au Cameroun Occidental, Mr Biya a évoqué notre héritage précieux qu’est l’unité nationale…Qu’est-ce que Mr Biya a déjà fait pour notre unité nationale?

la condamnation de la répression et la nécessité d’un sursaut patriotique national

Ce qui se passe au Cameroun Occidental n’est pas simplement une réclamation des enseignants et des avocats, il ne s’agit pas seulement de problèmes liés aux langues française et anglaise…Il est bien vrai que ce sont des enseignants et des avocats qui se sont soulevés les premiers, mais les problèmes qui sont évoqués, les solutions qu’il faudrait apporter, touchent les racines et l’essence même de l’état marionnette du Cameroun.

Les véritables patriotes du pays, « anglophones » et « francophones » savent la Vérité suivante: toute solution de la crise actuelle qui ne va pas dans le sens de la solution du Contentieux Historique Franco-Camerounais n’est que provisoire, superficielle et ne sera jamais à la hauteur des espérances de nos populations.

De plus en plus de voix « francophones » se font entendre et souhaitent non seulement le retour au fédéralisme, mais que le prochain président du pays soit « anglophone ».

Ce qui montre clairement que de plus en plus de « francophones », reconnaissent les injustices et les discriminations dont souffrent leurs s urs et frères « anglophones » pendant toutes ces décennies.

Est-ce que le Fédéralisme serait une solution miracle?

Tout fédéralisme qui n’irait pas dans le sens de la solution du contentieux historique ne pourrait jamais satisfaire les aspirations les plus légitimes de notre peuple.

À quoi nous servirait réellement le fédéralisme si le pays continuait avec les menottes du Fcfa et le compte d’opérations qui fait travailler tout notre Peuple pour la France?

À quoi servirait un président aujoulatiste « anglophone » pour notre pays?
Apparaît ainsi l’immensité des problèmes à résoudre et la vision globale et inclusive qu’elles suscitent.

C’est la raison pour laquelle certains « anglophones » prôneraient carrément la sécession qui aurait pour « avantage » d’éviter la confrontation avec la France. Cette voie est trompeuse et joue non seulement contre les populations du Cameroun occidental, mais contre les populations de tout notre pays puisqu’elle lève à la violence et à la confrontation sanglante que le gouvernement néocolonial Ahidjo-Biya sollicite de tous ses v ux : on n’enlève pas impunément un drapeau, tout comme on ne hisse pas sans sacrifices conséquents un nouveau.

L’unique fois dans notre continent où un drapeau nouveau a été hissé sans effusion de sang aura été en Guinée Conakry, lorsque la France très affaiblie après la deuxième guerre mondiale, a été incapable d’ouvrir un troisième front dans ce pays, après ceux de l’Algérie Flniste et du Kamerun upéciste, s’est vue obligée d’accepter l’Indépendance de la Guinée Conakry.

Qui veut tuer son chien, l’accuse de rage !
Pour justifier sa répression aveugle, le gouvernement de Mr Biya choisit l’amalgame en voyant la sécession partout, alors que l’écrasante majorité  » anglophone » comprend très bien quel serait le poids réel d’un micro-État dans un monde de plus en plus globalisé, où n’ont de l’importance que les grands ensembles, sait très bien que l’évolution normale de notre région va vers l’édification d’une Confédération composée par les États actuels ( Kamerun, Nigeria, Congo, Tchad, RCA, Gabon, Guinée Équatoriale, São Tomé et Principe, etc…).

Tout en respectant les choix politiques de leurs compatriotes « anglophones », les patriotes « francophones » devraient se mobiliser afin de contribuer à la solution de la crise actuelle, ils devraient tout donner pour une Collaboration politique avec les patriotes « anglophones », tout en intégrant la réalité d’une réduction (ou même d’une absence) de confiance de la part de certains de leurs compatriotes « anglophones », après toutes ces années de règne Ahidjo-Biya.

Sans toutefois minimiser l’existence et l’influence d’un courant sécessionniste minoritaire qui a toujours existé, reconnaissons tout de même que les discriminations du régime Ahidjo-Biya et le manque d’interlocuteurs crédibles ont fini par miner profondément la confiance, car pendant toutes ces décennies, l’unique interlocuteur des patriotes « anglophones » après la décapitation de l’UPC, n’a été que le régime néocolonial. Toutes leurs tentatives de relance d’une collaboration politique avec les patriotes « francophones » ont échoué à cause des infiltrations policières du régime. Parmi ces tentatives échouées, il y a celles faites par l’éminent patriote Albert Mukong.

Les patriotes « francophones » doivent reprendre le travail des pères fondateurs de l’UPC (Um Nyobe, Moumié, Ouandié, Kingue, etc…) afin de convaincre celles et ceux de leurs s urs et frères « anglophones » qui auraient des doutes, leur faire comprendre que ce qui est arrivé dans notre pays était prévisible et prévue par l’UPC, à cause du Contentieux Historique, qu’une vie ensemble est possible dans un pays qui donnera les mêmes opportunités à toutes ces filles et fils sans distinction ni discrimination aucunes.

C’est la raison pour laquelle les patriotes du pays, « anglophones » et « francophones » individuellement, les forces saines des partis politiques (l’Uc-Unc-Rdpc, du Sdf, de l’UPC, du CPP, etc), les partis politiques et les organisations de la société civile doivent :

-se mobiliser et apporter tout le soutien qu’ils méritent, à ceux qui donnent leur sang pour le Bien-être du Cameroun Occidental et de TOUT notre pays.

– uvrer pour la création d’une véritable Coalition, Alliance ou Front Patriotique de Salut National pour la conquête de notre Souveraineté, où évolueront côte à côte, « anglophones » et « francophones » pour faire renaître la confiance mutuelle dans la lutte commune pour un Autre Kamerun Confédéral réellement Indépendant et Souverain, libéré du Contentieux Historique, entièrement dédié à l’émancipation et au Bien-Être de toutes ces populations.


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Le SNJC condamne les mises en garde du CNC aux médias camerounais

Le SNJC demande aux journalistes d’ignorer les menaces que le CNC a fait planer sur les médias qui feraient l’apologie du terrorisme, en lien avec les revendications des anglophones

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) appelle les médias à ne pas tenir compte de la mise en garde «liberticide» qui leur a été adressée par le Conseil national de la Communication (CNC) le 20 janvier 2017.

Le régulateur des médias avait menacé de «suspension provisoire» ou d’ «interdiction définitive d’activités» tout média local qui publierait des propos tendant à faire «l’apologie» de la sécession ou du fédéralisme au Cameroun.

Cette mesure, très critiquée dans le milieu du journalisme camerounais, aura pour conséquence d’empêcher les organes des médias d’informer le public sur les différents points de vue qui sont émis en lien avec les revendications des anglophones des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

«Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) demande à tous les médias et à tous les journalistes d’ignorer les injonctions de Peter Essoka, de considérer lesdites injonctions comme étant nulles et de nul effet», réagit le SNJC dans un communiqué rendu public le 21 janvier.

Pour cette organisation, le président du CNC Peter Essoka outrepasse les fonctions qui sont les siennes. «Le CNC et son président ne se cachent plus pour défendre et implémenter la censure imposée par le régime qui les subventionne», a poursuivi le SNJC.

Plus de sept médias avaient reçu les blâmes du CNC pour avoir publié ou diffusé des «propos anti démocratiques» et «séditieux». A Canal 2 international et au quotidien Le Messager – deux structures concernées par ce blâme – on n’entend pas en rester là. «Le journal réserve sa réponse au CNC dans sa prochaine parution, avec en prime un autre dossier sur la crise anglophone», a déclaré à Radio France international, le directeur de publication du journal Le Messager, Frédéric Boungou.

Le bureau exécutif du SNJC
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Cameroun: des médias sur la défensive après la mise en garde du CNC

Le régulateur de l’activité médiatique avait menacé de suspendre provisoirement ou définitivement les médias qui ferait l’apologie de la sécession du pays ou du fédéralisme

Le communiqué du Conseil national de la communication (CNC), sous forme de mise en garde, a été accueilli avec surprise au sein de la rédaction de Canal 2 International, l’un des médias nommément cités et sur lequel pèse la menace de suspension temporaire ou définitive.

[i «Nous sommes surpris par ce communiqué du président du Conseil national de la communication qui nous indexe au sujet du traitement de l’information [i «liée à ce qui est aujourd’hui appelé « le problème des anglophones »», explique Jean Bruno Tagne, directeur général adjoint en charge de l’information dans ce média camerounais.

«Nous ne nous souvenons pas, à aucun moment donné, avoir eu un traitement partial de cette affaire. Nous aurions aimé que le Conseil national de la communication nous indique précisément qu’est-ce que nous avons fait qui soit contraire à l’éthique ou à la déontologie journalistique», a-t-il précisé.

«Il n’est pas question de nous interdire de traiter du problème»
La chaîne, l’une des plus regardées du pays, n’entend néanmoins pas reculer dans le traitement de cette actualité chaude. «Il n’est pas question pour nous de nous interdire de traiter du problème qui se pose dans la partie anglophone du Cameroun. C’est un problème camerounais. Nous sommes une chaîne de télévision camerounaise. Donc nous allons en parler», scande Jean Bruno Tagne.

Frédéric Boungou, directeur de publication du quotidien Le Messager également cité dans le communiqué du CNC, est quasiment sur la même position. «Le journal, indique-t-il, réserve sa réponse au CNC dans sa prochaine parution, demain lundi, avec en prime un autre dossier sur la crise anglophone.» Autant dire que la presse camerounaise, sur cette question, est prête à engager le bras de fer avec le régulateur.


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Crise anglophone: mise en garde des médias contre «l’apologie» de la sécession

Le CNC menace les médias des peines de suspension provisoire ou d’interdiction définitive d’activités auxquels ils s’exposent en publiant certains contenus liés à la crise dans les régions anglophones

Le Conseil national de la Communication (CNC) menace de «suspension provisoire» ou d’ «interdiction définitive d’activités» tout média local qui publierait des propos tendant à faire «l’apologie» de la sécession ou du fédéralisme au Cameroun.

Le Messager, the Guardian Post, Cameroon Post, The Times, Equinoxe Tv, Stv, Canal 2, et certaines radios communautaires sont les premiers médias à faire les frais de cette mesure. Dans un communiqué rendu public vendredi 20 janvier 2017, le président du CNC Peter Essoka a adressé un «blâme» à ces organes pour avoir publié ou diffusé des «propos anti démocratiques» et «séditieux.»

«Dans la mouvance des contestations anti-démocratique orchestrées dans la région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, par des activités socio-politiques, au sujet du retour à la forme fédérale de l’Etat et des appels à la sécession, certains supports médiatiques offrent leurs espaces à la diffusion des informations et des propos séditieux. Il s’agit notamment des organes de presse écrites et audiovisuels dénommés Le Messager, the Guardian Post, Cameroon Post, The Times, Equinoxe TV, STV, Canal 2, ainsi que certaines radios communautaires», a écrit Peter Essoka.

Le CNC est l’organe régulateur des médias locaux. Il est chargé de veiller par ses décisions et avis au respect des lois et règlements en matière de communication sociale, de l’éthique et de la déontologie professionnelle, de la paix sociale, de l’unité et de l’intégration nationale dans tous les médias, de la promotion des idéaux de paix, de démocratie et des droits de l’homme.

Mais l’instance doit aussi s’assurer des liberté et responsabilité des médias, de l’indépendance des services publics et privés de la communication, de la transparence, du pluralisme et de l’équilibre dans les programmes des entreprises de communication.

La décision du CNC communiquée vendredi s’inscrit dans la logique gouvernementale qui est «prêt à tout pour assurer la paix», selon les propos rapportés jeudi par le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. Elle survient à la suite de la suspension de certaines mouvements anglophones, à savoir le Consortium de la société civile du Cameroun occidental (CRCSC) et le Southern Cameroon national council (SCNC), accusées d’avoir mené des «activités contraires à la Constitution et de nature à porter atteinte à la sécurité de l’Etat, à l’intégrité du territoire, à l’unité nationale et à l’intégration nationale».

Le président du Consortium et son secrétaire général ont été interpellés à la suite de la nullité de leur organisation. Ils font l’objet d’une enquête judiciaire visant à déterminer leur rôle dans les violences qui ont sévit dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest depuis novembre.

Le Consortium est à l’origine des villes mortes qui ont empêché la reprise des cours dans les parties anglophones du pays depuis le 09 janvier. Dans cette zone, l’école a cessé depuis le début de la grève des enseignants violemment réprimée par les forces de l’ordre le 08 décembre.


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Crise anglophone: L’AFP dit «Oui» au fédéralisme

Par Alice Sadjio, présidente de l’Alliance des forces progressistes (AFP)

Les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest sont déconnectés du reste du pays et du monde depuis quelque temps. Dans un système dictatorial comme le nôtre où la plupart des médias privés sont astreints au service minimum, internet reste le recours par excellence à l’information, gage de transparence et de débat contradictoire. L’AFP par ma voix, exhorte les thuriféraires du RDPC, à se ressaisir en ayant à l’esprit le principe selon lequel : l’Etat c’est nous tous! On ne gouverne pas contre le peuple, mais avec le peuple et pour le peuple.

Toutes choses qui nuisent aux basses besognes des dictatures forcenées d’Afrique et d’ailleurs. Au Cameroun comme ailleurs, les réseaux sociaux ont joué un rôle de contre-pouvoir remarquable qui a permis de mettre à nu et de refréner les abus des dictatures. L’AFP se dit particulièrement préoccupée par cette coupure d’internet dans les régions protestataires du Nord-ouest et du Sud-ouest. Lorsqu’on sait que c’est derrière les portes closes, dans l’obscurité que les pires atrocités ont pu se perpétrer dans l’histoire de l’humanité, Nous craignons pour la sécurité et les droits des citoyens camerounais ces jours-ci. Le droit à l’information est un des droits fondamentaux du citoyen. Nul ne saurait l’en priver sans se mettre en travers de la #Démocratie.

Le Cameroun traverse une crise anglophone
Des leaders hier en pourparlers, aujourd’hui relégués au rang de « maquisards »… un arrière-goût de déjà vu! Et pourtant, l’on sait que le respect mutuel, l’honnête intellectuel, la prise en compte des préoccupations de fond des parties prenantes…sont le préalable de tout dialogue constructif ! En effet, comme nous le craignions, c’est plutôt la stratégie de la chauve-souris qui est en marche concernant la crise qui prévaut dans la partie anglophone du Cameroun. Lorsque le gouvernement s’adosse aujourd’hui sur l’inviolabilité de la Constitution pour stigmatiser le Consortium et autres, il oublie que personne n’a autant porté atteinte à cette même Constitution que cette dictature RDPC, excroissance de l’UNC.

Ils ont sans doute postulé que nous autres camerounais sommes atteints d’amnésie collective et qu’on a par conséquent oublié que le RDPPC a marché sur le sang des Camerounais en 2008 pour modifier les dispositions constitutionnelles dans l’intérêt d’un seul individu : Paul Biya. Mais lorsque qu’une communauté aussi représentative que celle de deux régions entières fait preuve d’une quasi-unanimité dans la revendication de la révision des piliers systémiques de l’Etat, (comme il ne s’agit pas des appels à candidature et révision constitutionnelle du RDPC) du coup, ils se réfugient derrière cette Constitution, perpétuellement foulée au pied, implémentée à moins de 50 %, pour décréter « hors la loi » des citoyens dont le seul crime aura été d’avoir l’audace d’envisager un autre futur pour nos enfants.

De qui se moque-t-on? Il est clair pour tout observateur doté de bon sens que dans la gestion de la RESPUBLICA, seuls les intérêts et priorités du RDPC comptent, au mépris hélas, de l’intérêt général. La position de l’AFP dans la problématique du droit à l’auto-détermination est indispensable en démocratie. Conséquence, les tortures n’y feront rien, le peuple finira par avoir le dernier mot. Oui au fédéralisme comme mode d’administration. Le nombre des États fédérés devant être déterminé par voie référendaire.

Assumons donc cette position géostratégique d’Afrique en miniature.

Ayons de l’audace, montrons la voie, afin que la postérité soit fière demain, de se revendiquer de nous!

Patriotiquement!


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Cameroun: «nul n’a le droit de prendre des libertés» avec l’unité du pays

Le Mincom s’est ainsi exprimé mardi au sujet de certains mouvements anglophones réclamant un retour au fédéralisme ou la sécession du pays

A la suite des récentes « villes mortes » qui ont paralysées les activités dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest lundi, le ministre camerounais de la Communication Issa Tchiroma est revenu mardi, 17 janvier, sur les demandes de fédéralisme et de sécession soulevées par certains mouvements anglophones. Il s’est exprimé mardi, 17 janvier 2017 à Yaoundé. L’intégralité de son message.

Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette conférence de presse à laquelle je vous ai conviés et qui porte sur la situation socio-politique prévalant dans des localités des Régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, suite aux revendications formulées par certains Avocats et Enseignants de première langue d’expression anglaise.

Comme vous le savez déjà, afin d’examiner ces revendications et d’y apporter autant que faire se peut les réponses les mieux appropriées, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a été instruit par Son Excellence Monsieur le Président de la République, de mettre en place des cadres de dialogue avec les différentes parties prenantes aux problèmes soulevés, à l’effet d’examiner la pertinence desdits problèmes et de proposer aux instances de décision, les solutions susceptibles d’être envisagées.

En ce qui concerne les problèmes soulevés par les enseignants, deux comités ont été mis en place par le Premier ministre, chef du gouvernement.

Pour ce qui est des questions soulevées par les Avocats, un autre comité a été créé par le Premier ministre, chef du gouvernement. S’agissant du cas des enseignants, je rappelle que six syndicats professionnels des enseignants d’expression anglaise avaient rendu public à l’intention des parents, enseignants, élèves et étudiants, un mot d’ordre de grève pour la date du 21 novembre, comprenant au total 11 points de contestation sur la base desquels la grève projetée allait être entreprise.

Une première session de négociations s’était alors tenue à l’initiative du gouvernement dans la ville de Bamenda. Aucun compromis ne s’étant dégagé de ces assises, le Gouvernement est à nouveau allé à la rencontre des contestataires, et c’est le Premier ministre, chef du gouvernement, qui avait alors personnellement conduit les négociations, se rendant sur place les 25 et 26 novembre 2016. Les syndicats s’étaient alors engagés à suspendre le mot d’ordre de grève dès lors qu’au moins une des 11 demandes formulées dans leur préavis du 06 novembre 2016 trouvait une réponse favorable de la part du Gouvernement au plus tard le 30 novembre 2016.

Dans l’intervalle, le gouvernement avait, conformément à ses engagements et à sa volonté d’ uvrer pour un rapide retour à la normale, satisfait non pas à une, mais plutôt à deux revendications comprises dans le registre de doléances des syndicats, à savoir celles figurant aux points 5 et 9 de leur préavis de grève.

C’est à ce titre que, s’agissant du point 5 qui faisait état de l’affectation dans les établissements anglophones, d’enseignants de première langue d’expression française ayant une maîtrise approximative de l’anglais, le chef de l’État a ordonné le recrutement spécial de 1 000 jeunes enseignants dotés d’une parfaite capacité de dispense des enseignements requis en langue anglaise. En plus de cette réponse favorable, le gouvernement en a apporté une autre au point 9 des revendications sus-citées, qui portait sur la faible capacité financière des établissements privés laïcs et confessionnels à se situer à la hauteur des objectifs de formation optimale de leurs apprenants.

Pour y faire suite, le chef de l’État a ordonné la mise en place d’un fonds spécial d’un montant de deux milliards de francs CFA, pour servir de subvention en faveur des établissements d’enseignements privés laïcs et confessionnels.

Mais contre toute attente et malgré le respect de ces engagements tant sur le plan de leur consistance que sur celui de leurs formes et de leurs procédures, les interlocuteurs du Gouvernement avaient refusé de lever leur mot d’ordre de grève, contrairement à ce qu’il avait été préalablement convenu, arguant de ce que les revendications satisfaites par le Gouvernement ne constituaient pas des points majeurs dans leur assortiment d’exigences.

En dépit de cet état de choses, le Gouvernement avait néanmoins entrepris de rouvrir les négociations en convoquant la tenue d’une session du comité ad hoc le 27 décembre dernier à Bamenda.

Et c’est au cours de cette session que les syndicats ont posé deux préalables à la reprise des travaux, le premier étant l’accroissement de la représentation de la Région du Sud-Ouest dans la composition du comité, et le second étant la libération sans aucune condition, de toutes les personnes mises en cause dans les violences consécutives aux différents mouvements d’humeur.

Le comité ayant fait état de ce qu’il n’avait pas compétence pour connaître de ce second préalable, à savoir la libération de personnes désormais à la disposition de la justice, les six syndicats avaient alors quitté la table des négociations et étaient sortis de la salle. Toujours dans le souci de pérenniser le dialogue et de rechercher une solution concertée aux problèmes soulevés par les syndicats, le gouvernement est reparti en négociations par le truchement du comité ad hoc désigné à cet effet, en dates des 12 et 13 janvier derniers à Bamenda.

Au cours de cette session, les syndicalistes ont fait passer leurs revendications de 11 à 18, puis de 18 à 21. Chacun de ces points a ensuite fait l’objet d’une analyse concertée, méthodique et rigoureuse.

C’est alors qu’au terme de cet examen, les syndicalistes de qui il était attendu la signature du communiqué consacrant la levée du mot d’ordre de grève appelée de tous leurs v ux par les représentants des parents d’élèves et des promoteurs d’établissements présents aux négociations, ont plutôt demandé un temps de réflexion avant de se prononcer ; ce qui leur a été naturellement accordé, pour qu’au bout de trente minutes environ, ils opposent finalement une fin de non-recevoir à la reprise des cours.

Et c’est précisément à ce moment qu’ils ont posé sur la table deux préalables à la discussion sur la levée du mot d’ordre de grève : d’abord la mise en liberté sans condition de toutes les personnes interpellées dans le cadre des opérations de police et de maintien de l’ordre suite aux désordres et violences organisés sur la voie publique, et l’institution d’une fédération comme forme de l’État désormais composé de deux États fédérés.

Après leur avoir fait connaître d’une part, que le premier préalable relevait de la justice et qu’au demeurant de nombreuses personnes interpellées avaient déjà fait l’objet d’une mise en liberté, et d’autre part que, s’agissant du retour au fédéralisme étatique, le chef de l’État avait déjà souligné que la forme de l’État était non négociable, le président du comité ad hoc a levé la séance.

Dans un communiqué officiel publié le lundi 16 janvier 2017, le Président du comité ad hoc, en la personne, du Ministre, Directeur de Cabinet du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a tenu à rappeler que le Gouvernement avait déjà mis en uvre de nombreuses solutions issues des revendications formulées par les syndicats du système éducatif camerounais, au nombre desquels le recrutement spécial de 1 000 enseignants bilingues dans les disciplines des mathématiques, des sciences, des technologies et du français, l’intégration en cours de la première vague des instituteurs contractuels du cycle primaire et des professeurs contractuels des cycles secondaires, l’octroi aux établissements privé du cycle primaire et secondaire, d’une dotation additionnelle de deux milliards de francs CFA, au titre des subventions publiques pour l’année scolaire 2016/2017, l’organisation en 2017 du Forum national de l’Éducation, le redéploiement des enseignants des deux sous-systèmes éducatifs.

Il a aussi indiqué que les recommandations faites par rapport à toutes les autres questions techniques avaient d’ores et déjà été transmises à l’attention du Premier ministre, chef du gouvernement, et qu’il fallait dès lors considérer comme achevée la mission interministérielle ad hoc placée sous sa présidence.

S’agissant des revendications portées par les Avocats, le cadre constitutionnel de dialogue conduit par le ministre délégué auprès du ministre d’État, ministre de la Justice, garde des Sceaux, et majoritairement constitué des avocats, au total 12 sur les 15 membres qu’il compte, s’est réuni à Yaoundé les 27 et 28 décembre 2016. Les problèmes soulevés ont porté sur les points suivants :

.le redéploiement du personnel judiciaire en fonction des particularités entre le Civil Law et le Common Law ;
.le redéploiement des Officiers de Police Judiciaires et les Greffiers de Justice ne maîtrisant pas l’anglais ;
.la création d’une Division spéciale du Common Law au sein de la Cour Suprême, pour connaître des recours provenant des juridictions implantées dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ;
.la création d’une Division du Common Law à l’enam, et en attendant que des solutions plus complètes à moyen terme, la réactivation à court terme, de la Section du Droit anglais instituée par le décret du 07 décembre 1964 créant une Section Judiciaire à l’Enam et le décret du 20 octobre 1965 portant organisation de la Division Judiciaire de l’Enam ;

Sur la question de la libération sans condition de toutes les personnes interpellées dans le cadre des mouvements de protestation dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, la réponse du Gouvernement n’ayant manifestement pas été du goût des Avocats partisans de cette thèse, ceux-ci ont préféré quitter la salle.

Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Chacun appréciera donc, à l’aune de ce qui vient d’être décrit dans la conduite du processus de dialogue initié par le gouvernement, le niveau d’engagement constructif et de redevance citoyenne des uns et des autres parmi les interlocuteurs du gouvernement.

Permettez-moi simplement de revenir ici sur les axes majeurs du discours du Chef de l’État à la Nation le 31 décembre 2016 lorsqu’il abordait cette question.

Tout en rappelant à cette occasion que les libertés politiques et syndicales sont, depuis belle lurette, effectives dans notre pays mais que à l’instar de tout État de droit, ces libertés sont garanties et encadrées par nos lois et règlements, le Président de la République affirmait que chaque citoyen était parfaitement fondé à exprimer son opinion sur tout sujet de la vie nationale, y compris en faisant grève, ceci de manière pacifique et à condition qu’une telle grève soit formellement déclarée.

Le chef de l’État ajoutait alors qu’il s’agit là, je le cite, «d’un droit fondamental du citoyen, voulu par le peuple camerounais puisque garanti par la Constitution», fin de citation.

Dans un tel contexte – et le président de la République l’a également affirmé avec force – seul le dialogue peut permettre d’apporter des solutions durables aux problèmes posés par les uns et les autres ; mais qu’en revanche, rien ne peut justifier ni la violence ou toute autre forme d’exaction, ni l’affrontement de l’autorité, ni même la surenchère verbale.

C’est à ce sujet que le chef de l’État affirme que, je le cite:
«Nous devons donc rester à l’écoute les uns des autres. Nous devons rester ouverts aux idées mélioratives, à l’exclusion toutefois, de celles qui viendraient à toucher à la forme de notre État. (.) Nous sommes disposés, à la suite et dans l’esprit des artisans de la réunification, à créer une structure nationale dont la mission sera de nous proposer des solutions pour maintenir la paix, consolider l’unité de notre pays et renforcer notre volonté et notre pratique quotidienne du vivre ensemble. Et cela, dans le strict respect de notre Constitution et de nos institutions. Dois-je le redire ? Le Cameroun est un et indivisible ! Il le demeurera», fin de citation.

Le chef de l’État l’affirme donc sans ambages : la forme unitaire de l’État est intangible et le Cameroun est et demeure un et indivisible. Il n’y aura donc ni fédéralisme, ni sécession.

Ces propos du président de la République ont désormais vocation à servir de boussole et de feuille de route dans l’appréhension que chaque citoyenne et chaque citoyen doivent avoir de cette situation, ainsi que dans la manière dont elle doit être traitée par tous les acteurs institutionnels, politiques ou sociaux. Ceux qui s’en démarquent choisissent de se mettre d’office en marge de la Nation. Ceux-là – je voudrais parler de ceux qui hier encore, paraissaient à nos yeux comme de légitimes porteurs de revendications liées à leurs différentes corporations, mais qui aujourd’hui montrent le visage d’irréductibles contestataires, mus par des visées politiciennes et ayant choisi la terreur et la violence comme vecteurs de combat – ceux-là donc, disais-je, doivent savoir que les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest font partie intégrante de l’ensemble de la Nation, et que ce qui concerne nos compatriotes originaires ou installés dans ces Régions intéressent la Nation tout entière.

Le gouvernement ayant choisi d’aller jusqu’au bout des négociations tant qu’elles concernaient des revendications techniques, quels qu’en fussent le nombre et la sensibilité, ces contestataires en sont aujourd’hui à révéler leur véritable agenda, qui ne consiste en rien d’autre qu’en la remise en cause des institutions, à la destruction du socle granitique de la nation, de son unité, de sa solidarité et de son intégrité territoriale.

Il nous revient que ces extrémistes se seraient constitués en un consortium. J’affirme ici qu’un tel consortium est illicite, et qu’autant ceux qui l’auraient fondé que ceux qui y auraient adhéré, devront en répondre devant la loi. De tels réfractaires aux valeurs de la Nation ne laissent donc plus aucun choix à ceux à qui le peuple a conféré la légitimité de l’exercice de sa souveraineté, autre que celui de restaurer l’ordre républicain.

Il s’agit là d’une responsabilité à la fois sacerdotale et régalienne du chef de l’État, garant des valeurs fondamentales de la République et du fonctionnement harmonieux des institutions de la nation.
Le gouvernement dénonce donc avec la dernière fermeté cette idéologie de la sédition, de la forfaiture et de la division que de tels extrémistes, hier encore embusqués derrière le masque de revendications professionnelles, veulent porter au c ur de l’espace public et de la sérénité de la nation.

Ces marginaux de la République doivent savoir à quoi ils s’exposent en persistant dans cette voie. On a en effet pu noter que des parents étaient intimidés, des élèves et des écoliers terrorisés, molestés, menacés de mort et de toutes sortes de sévices au seul motif qu’ils revendiquaient leur droit légitime à l’éducation et à la formation. Cela est inadmissible dans un État de droit.

Il ne s’agit là ni plus ni moins que de ces actes ou menaces prévus et réprimés par la réglementation nationale contre le terrorisme, tel que stipulé à l’article 2 de la loi n° 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme.

Ces fauteurs de troubles devront donc en répondre le moment venu, de même que ceux qui, par médias interposés, et particulièrement à travers les réseaux sociaux, répandent la terreur et profèrent des menaces de mort à quiconque oserait braver leurs injonctions au boycott de l’éducation des jeunes et à l’organisation des villes mortes.

Au nom du gouvernement, je voudrais prendre à témoin nos partenaires de la communauté internationale sur la gravité de cette situation. Car, aucun pays au monde n’a jamais accepté de se laisser ainsi prendre en otage par une poignée de dissidents dont la prétention est de nier aux autres citoyens la jouissance de leurs droits les plus légitimes, refusant à des familles entières et à des tout jeunes concitoyens parfaitement innocents, l’aspiration à l’éducation et à la préparation de l’avenir de tout un peuple, au nom de prétentions purement politiciennes. À ce sujet, je rappelle à tous les médias leur devoir de citoyenneté et de responsabilité dont l’exigence est encore plus accrue en pareilles circonstances.

Je leur indique qu’il n’y a pas de place au Cameroun pour des médias appelant à la haine de l’autre, à l’insurrection populaire, au défi de l’autorité publique ou à toutes autres formes de désordre.

J’adresse aux forces de maintien de l’ordre les félicitations du gouvernement. Sans céder à la provocation, elles s’acquittent de leur devoir, avec maîtrise et professionnalisme pour maintenir la paix et la tranquillité publique.

En tout état de cause, le président de la République, chef de l’État et garant de la souveraineté nationale donne l’assurance au peuple camerounais qu’il prendra toutes ses responsabilités en conformité avec la Constitution ainsi que les lois et règlements de la République, pour un rapide retour au fonctionnement normal des affaires de la nation, où que les problèmes viennent à survenir, qu’il s’agisse des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest aujourd’hui concernées, ou d’autres points du territoire national.

Pour ce faire, le chef de l’État bénéficie du soutien du peuple camerounais tout entier, dans l’objectif suprême de préservation et de pérennisation du précieux héritage que constitue la vision unitaire du pays.

Je voudrais à ce sujet, rappeler, et afin que nul n’en ignore, les propos du Chef de l’État dans son discours à la Nation le 31 décembre 2016. Je le cite : «Ne l’oublions jamais, nous marchons sur les pas des pères fondateurs de notre pays, de nos héros nationaux, qui ont versé leur sang pour léguer à la postérité une nation unie dans sa diversité. L’unité du Cameroun est donc un héritage précieux avec lequel nul n’a le droit de prendre des libertés. Et quelle que soit la pertinence d’une revendication, celle-ci perd toute légitimité, sitôt qu’elle compromet, tant soit peu, la construction de l’unité nationale», fin de citation.

Je vous remercie de votre aimable attention.


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Polémique en zone anglophone après le discours de Paul Biya

Pour l’opposition, la réponse du président qui rejetait toute sécession de l’Etat ou retour au fédéralisme, s’assimile à un refus de dialogue afin de trouver une issue aux problèmes des anglophones

L’opposition au Cameroun s’insurge contre les récents propos du président Paul Biya. Dans ses v ux du nouvel an, le président a mis en garde contre la «violence de rue» et le «défi à l’autorité». Des villes anglophones ont récemment été le théâtre de grèves et manifestations, parfois violemment réprimées. Ces rassemblements ont donné lieu à des revendications sécessionnistes que le président a rejetées en rappelant que le Cameroun était «un et indivisible».

«Nous ne souhaitons pas que ce pays se désintègre. C’est pour cela que depuis plusieurs années, nous demandons au gouvernement d’avoir le courage que l’Afrique du Sud a eu, post-apartheid pour essayer de résoudre ses problèmes. Et nous pensons que les Camerounais sont encore capables de se parler et de trouver des solutions politiques aux nombreux problèmes que nous avons», a déclaré le député du Social démocratic front (SDF), Joshua Osih.

A l’origine, des mouvements survenus dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, une grève d’avocats et d’enseignants pour protester contre la marginalisation décriée par les populations anglophones minoritaires de au sein d’un système institutionnel dominé selon eux par les francophones.

Dans son discours diffusé le 31 décembre 2016 sur la télévision publique, Paul Biya a indiqué que toutes les revendications soulevées dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ont été entendues. «Elles ont, dans bien des cas, soulevé des questions de fond que l’on ne saurait négliger.

L’unité du Cameroun est donc un héritage précieux avec lequel nul n’a le droit de prendre des libertés. Et quelle que soit la pertinence d’une revendication, celle-ci perd toute légitimité, sitôt qu’elle compromet, tant soit peu, la construction de l’unité nationale. Dois-je le redire? Le Cameroun est un et indivisible! Il le demeurera», a-t-il souligné.


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Cameroun: la position de l’UPC au sujet du retour au fédéralisme

Par Ngouo Woungly-Massaga

1. – Les origines de la crise
En mai 1972, moins d’un an et demi après l’exécution sur la place publique à Bafoussam du président du Comité Révolutionnaire (CR) de l’UPC Ernest Ouandié, il me revenait, comme membre du Comité Révolutionnaire (CR) de l’UPC en clandestinité et en exil, la lourde responsabilité de répondre à l’annonce par le président Ahmadou Ahidjo d’un Référendum mettant fin à la République Fédérale du Cameroun. A l’époque, on ne se disputait pas pour être dirigeant ou porte-parole de l’UPC qui ne connaissait pas de groupes, sans doute aussi parce que c’était aussi se désigner comme cible des services spéciaux français et des tueurs des services d’Ahidjo conduits par Fochivé.

La déclaration que je fis au nom de l’UPC dénonçait avec force cette mascarade de Référendum qui n’était qu’une simple annexion traduisant la volonté des néocolonialistes français de renforcer leurs positions dans notre pays en contrôlant l’exploitation du pétrole dont la découverte au large du Cameroun Occidental était encore un secret d’Etat. Ce pseudo-Référendum était en effet une violation flagrante des Accords de la Conférence de Foumban de 1961 qui créaient la République Fédérale du Cameroun, accord qui stipulait que ladite Fédération ne pouvait être modifiée que par consensus négocié. J’en déduisais que cette forfaiture, qui ne laissait aucune possibilité d’expression au peuple camerounais et notamment aux Camerounais anglophones, était vouée à l’échec tôt ou tard. La crise anglophone actuelle, n’est à notre sens, rien d’autre que l’échec prévu de la politique d’annexion lancée par Ahidjo et poursuivie systématiquement avec désinvolture par son successeur. Il s’agit donc d’une crise profonde qui ne saurait être réglée par de petites négociations sectorielles sous couvert de dialogue.

2.- La vraie solution de la crise
Pour peu qu’on veuille regarder la réalité en face au lieu de s’enfermer dans une politique de l’autruche pour « ne pas entendre parler de retour à la fédération » (et au nom de quoi vos aberrations politiques deviendraient-elle intangibles ?), la vraie solution de la crise actuelle consiste à donner la parole aux Camerounais anglophones ! Que librement dans une totale transparence, ils puissent dire ce qu’ils veulent : le statu quo actuel ou le retour à la Fédération ?

C’est pourquoi nous proposons un référendum conjointement organisé par Election Cameroun (Elecam) et par l’Organisation des Nations-Unies (Onu) pour demander aux Camerounais anglophones dans le pays et à l’extérieur, que voulez-vous :
Le maintien du statu quo actuel ? (Yes or No) ou le retour à la Fédération (Yes or No). En cas de victoire du YES au statu quo, et du non au retour à la Fédération, le régime pourrait engager ses négociations sectorielles pour calmer les sources de mécontentements.

En cas de victoire du Yes au retour à la Fédération, et du non au statu quo, le président Biya démissionnerait et une élection conjointement organisée par Elecam et l’Onu élirait un Président Fédéral qui organiserait une IIème Conférence de Foumban entre forces politiques francophones et anglophones, comme en 1961, Conférence qui adopterait une nouvelle Constitution Fédérale.

3. – Le choix de l’impasse
Les appels au dialogue, à la non-violence et à la paix que le parti au pouvoir et ses alliés avancent comme solution à la crise actuelle, sont lourds d’hypocrisie et inadaptés à une situation qu’ils réduisent à des mécontentements sectoriels ou corporatistes. Chacun sait dans notre pays que ce sont les forces de l’ordre qui ont recours à la violence sur instructions de la hiérarchie, assurées de l’impunité pourvu qu’elles soient efficaces pour dissuader les manifestants. Lorsqu’il s’agit d’une situation qui dure depuis des décennies, il est probable que la répression et l’intimidation ne suffisent plus. La crispation du pouvoir contre le retour au fédéralisme, par orgueil et par honte de reconnaître l’échec d’une politique erronée ne pourra qu’aggraver la crise et faire le jeu des sécessionnistes aujourd’hui peu représentatifs mais qui pourraient gagner en importance si l’impasse politique perdure et si le régime persiste dans la violence pour étouffer des revendications légitimes.

4. – Les vraies positions de l’UPC
Soutien total et encouragement aux manifestations pacifiques des populations anglophones violemment réprimées par le régime dictatorial de Paul Biya. Ces manifestations sont des revendications légitimes du retour au Fédéralisme de 1961 aboli par le coup d’Etat soi-disant «Référendum» du 20 Mai 1972 en violation flagrante des Accords de la Conférence de Foumban.

Condamnation sans réserve de la politique du régime Biya sur la politique nationale, caractérisée vis-à-vis des Anglophones par un mépris aggravé et un terrorisme d’Etat cautionné par quelques élites anglophones corrompues jusqu’à la moelle.

L’UPC dénonce les sécessionnistes anglophones, qui violent aussi brutalement le consensus de la Conférence de Foumban de 1961 qui fonda la République Fédérale du Cameroun que les dictateurs francophones : ils veulent livrer le Cameroun anglophone au néocolonialisme anglo-américain, en prônant la division de la patrie. Où étaient-ils quand Ahidjo lançait l’annexion en 1972 ? Où étaient-ils pendant la lutte de l’indépendance ? Ce ne sont ni des patriotes, ni des démocrates : ils veulent créer pour leurs intérêts personnels une nouvelle république bananière.

L’UPC dénonce avec force les groupes de partis politiques anglophones et francophones qui soutiennent la politique malsaine du régime au Cameroun Occidental sous le prétexte fallacieux e défendre l’unité du pays. Ceux qui inventent la théorie selon laquelle «l’UPC est contre le fédéralisme dans nos micro-Etats et pour le Fédéralisme dans l’Afrique Unie» cachent leur soutien à la politique du régime par un bricolage idéologique lourd d’incohérences et de contre-vérités. Le Cameroun n’était pas moins un «micro-Etat» en 1961 qu’aujourd’hui. Or l’UPC n’a jamais dénoncé la République Fédérale du Cameroun. Elle a au contraire contribué significativement à sa création et a dénoncé le coup d’Etat d’Ahidjo du 20 Mai 1972 qui l’abolissait.

L’UPC considère comme fallacieux l’argument de ceux qui disent que «la Fédération est trop chère» surtout lorsqu’un tel argument est avancé par ceux qui ont plongé le pays dans la corruption record dont ils n’arrivent pas à se sortir à cause de la non application de l’article 66 de la Constitution relatif à la Déclaration des biens, violé depuis vingt ans par le Chef de l’Etat lui-même contre qui nous avons porté plainte auprès de la Cour Suprême.

5- Appel à la solidarité nationale !
La lutte de nos compatriotes anglophones pour le retour à la fédération est une partie intégrante de la lutte pour le changement démocratique dans notre pays. Elle mérite un vaste mouvement de solidarité qui doit s’exprimer avec force notamment:

le 1er Janvier pour la célébration de la Fête Nationale à son jour véritable (1ère journée morte), le 15 Janvier pour un grand hommage au Héros National dont l’assassinat permit aux colonialistes français de pousser leurs hommes de mains à procéder à l’annexion du Cameroun Occidental, enfin le 20 mai, pour un boycott général de la forfaiture d’Ahidjo fêtée en lieu et place de la Fête Nationale.

Toutes les forces vives de la nation doivent exiger la solution démocratique et pacifique de la crise anglophone en réclamant avec force un REFERENDUM SUR LA QUESTION ANGLOPHONE ORGANISE PAR ELECAM ET L’ONU.

Vive le Cameroun !
Lolodorf, le 26 Décembre 2016

Ngouo Woungly-Massaga
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Le fédéralisme au Cameroun, une arme à double tranchant

S’il est appliqué, ce système peut répondre aux problèmes économiques, mais risque de désintégrer l’espace public en favorisant des clivages ethniques et religieux

Le fédéralisme de plus en plus revendiqué par bon nombre d’Africains peut-être la meilleure réponse au multiculturalisme d’un continent, pensent certains observateurs. Une thèse qui ne fait toutefois pas l’unanimité, étant peu admise par d’autres analystes. Ces derniers soutiennent qu’une telle forme de gouvernance ne fera, une fois réadoptée ou instaurée, qu’enfoncer le couteau dans des plaies africaines qui saignent encore.

Le débat est bel et bien au c ur de l’actualité africaine. Les Camerounais anglophones de l’Ouest, notamment les avocats et les enseignants, n’ont eu de cesse de se rebiffer ces derniers jours contre la « remise en cause progressive » du bilinguisme (français, anglais), pourtant garanti par la Constitution. Représentant environ 20% des 22 millions de Camerounais, ces hommes révoltés contre la « marginalisation » exigent la réinstauration du régime fédéral déjà appliqué depuis janvier 1960 (date d’accès à l’Indépendance) jusqu’à 1972. La République fédérale du Cameroun était alors composée de deux Etats fédérés : le Cameroun anglophone (régions Sud-Ouest et Nord-Ouest actuelles) et le Cameroun francophone (région orientale). Ce régime fut hérité des forces coloniales. Le 13 décembre 1946, l’Angleterre et la France ont signé les accords de tutelle, approuvés par l’Assemblée générale de l’ONU. Le Cameroun sous tutelle française était administré comme partie intégrante du territoire français et selon la législation française et le Cameroun sous tutelle Britannique selon la législation anglaise.
Au Tchad également, le président Idriss Deby a, lors de sa campagne présidentielle d’avril 2016, promis de changer la forme de l’Etat, en optant pour la fédération. Pour ce faire, il vient de créer le Haut comité chargé des réformes institutionnelles (HCRI).

Cette volonté africaine de renouer avec le régime fédéral ou encore de l’instituer pour rejoindre les Etats qui l’appliquent déjà ; le Soudan (depuis 1956), le Nigéria (1963), les Comores (1975), l’Ethiopie (1995), le Soudan du Sud (2011) et la Somalie (2012) semble, à bien des égards, interpeller observateurs et analystes.

Un sésame pour la réforme ou un danger qui guette des Etats déjà instables dans un contexte de mondialisation ponctué de replis identitaires et de conflits ethniques ? Telle est la question qui devient de plus en plus insistante.
Une solution à l’affaiblissement des Etats

Le Camerounais Achille Mbembé, théoricien du poste-colonialisme et enseignant-chercheur à l’Université de Johannesburg (Afrique du Sud), soutient que le fédéralisme est en mesure d’apporter des solutions à l’affaiblissement des Etats. Lequel affaiblissement est dû à des facteurs politiques et économiques. « Cette époque qu’est la nôtre n’est pas favorable, dit le chercheur, à l’intervention des Etats dans l’économie ».

« Dans plusieurs pays africains, la souveraineté de l’Etat sur d’importantes régions du territoire national est estompée. L’espace étatique est ensuite démembré en autant de fiefs économiques différenciés renfermant, chacun, des richesses spécifiques (minéraux, bois, plantations, etc) que l’on exploite par le biais d’accaparements ou de franchises diverses. Une partie du territoire est contrôlée par l’Etat, et une autre est sous la coupe de dissidence armée. Chaque zone dispose de ses propres droits et gère de manière autonome ses intérêts commerciaux, financiers, diplomatiques et militaires », précise le chercheur.

Emettant néanmoins des doutes sur la capacité de certains pays du continent de réunir les critères constitutifs d’un Etat fédéral, Achille Mbembé revient sur les principaux critères, en l’occurrence: « des entités politiques territorialement définies, la garantie constitutionnelle de l’existence et de l’autonomie de décision, l’établissement formel de la participation des entités à la prise de décision du gouvernement central sous forme d’une assemblée à 2 chambres, la définition et la protection des compétences par un statut inaliénable sans consentement et le non-unilatéralisme du droit de sécession et de la répudiation ».

Le penseur camerounais craint, du reste, une éventuelle confusion du fédéralisme avec le tribalisme, dans des régions embrasées, où les populations réclament une distribution égale des richesses nationales. Tel est le cas au Nigéria, pays est rongé par une animosité opposant l’Etat du Nord à celui du Sud, sur fond de différends politiques, économiques, religieux et ethniques.

Risque de désintégration de l’espace public
D’un autre côté, le géopoliticien français, spécialiste des questions africaines, Michel Galy, pense que les chances d’adoption du régime fédéral, en ces temps modernes, dépendent de la nature et de la structure des Etats africains.

« Pour les Etats anglophones qui dépendaient, autrefois, de la Grande-Bretagne, le terrain semble favorable à une telle forme de gouvernance, malgré les difficultés qui se posent. Or, pour les Etats francophones, autrefois dépendant de la France qui privilégie la centralisation, il serait plutôt peu aisé, du moins sur le court terme, de migrer d’un modèle vers un autre. Car les fondements et les conditions réunies pour la réussite semblent loin d’être à la portée de certains Etats », explique l’analyste.

Pour Michel Galy, la dialectique inhérente à la gouvernance fédérale en Afrique relève, au demeurant, de « l’ethnicisation » dans son acception la plus large, au risque de désintégrer l’espace public que l’on prétend constituer.

Selon des rapports de la presse africaine et internationale, le cas nigérian illustre les difficultés du fédéralisme en Afrique. Ancienne colonie britannique, ce pays de 126 millions d’habitants et de plus de 250 groupes ethniques, a hérité, le 1er octobre 1960, jour de son indépendance, d’une fédération composée de 3 régions.

Il est passé à 4 en 1963, avant d’atteindre 12 Etats fédérés, à la suite du coup d’État du général sudiste Ironsi en 1967. En 1976, il est passé à 19 Etats. En 1997, la fédération compte 36 États et 774 administrations locales. Le retour au gouvernement civil en 1999 maintient les 36 États et fixe à 768 le nombre des administrations locales.

Ces successives métamorphoses montrent comment s’est greffé sur un clivage ethnique un clivage religieux complexe et irréductible au découpage entre le Nord musulman et le Sud chrétien et animiste, qui n’a fait qu’attiser des « alliances kaléidoscopiques ». La crise sécuritaire qui secoue le pays ces derniers temps en témoigne.

Un visage du Cameroun.
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Le Fédéralisme en Afrique, une arme à double tranchant

Ce système peut répondre aux problèmes économiques, mais il risque de désintégrer l’espace public qu’on prétend constituer, en favorisant clivages ethniques et religieux

Le fédéralisme de plus en plus revendiqué par bon nombre d’Africains peut-être la meilleure réponse au multiculturalisme d’un continent, pensent certains observateurs. Une thèse qui ne fait toutefois pas l’unanimité, étant peu admise par d’autres analystes. Ces derniers soutiennent qu’une telle forme de gouvernance ne fera, une fois ré-adoptée ou instaurée, qu’enfoncer le couteau dans des plaies africaines qui saignent encore.

Le débat est bel et bien au c ur de l’actualité africaine. Les Camerounais anglophones de l’Ouest, notamment les avocats et les enseignants, n’ont eu de cesse de se rebiffer ces derniers jours contre la «remise en cause progressive» du bilinguisme (français, anglais), pourtant garanti par la Constitution. Représentant environ 20% des 22 millions de Camerounais, ces hommes révoltés contre la «marginalisation» exigent la réinstauration du régime fédéral déjà appliqué depuis janvier 1960 (date d’accès à l’Indépendance) jusqu’à 1972. La République fédérale du Cameroun était alors composée de deux Etats fédérés : le Cameroun anglophone (régions Sud-Ouest et Nord-Ouest actuelles) et le Cameroun francophone (région orientale ). Ce régime fut hérité des forces coloniales. Le 13 décembre 1946, l’Angleterre et la France ont signé les accords de tutelle, approuvés par l’Assemblée générale de l’Onu. Le Cameroun sous tutelle Française était administré comme partie intégrante du territoire français et selon la législation française et le Cameroun sous tutelle Britannique selon la législation anglaise.

Au Tchad également, le président Idriss Deby a, lors de sa campagne présidentielle d’avril 2016, promis de changer la forme de l’Etat, en optant pour la fédération. Pour ce faire, il vient de créer le Haut comité chargé des réformes institutionnelles (HCRI).

Cette volonté africaine de renouer avec le régime fédéral ou encore de l’instituer pour rejoindre les Etats qui l’appliquent déjà ; le Soudan (depuis 1956), le Nigéria (1963), les Comores (1975), l’Ethiopie (1995), le Soudan du Sud (2011) et la Somalie (2012) semble, à bien des égards, interpeller observateurs et analystes.

Un sésame pour la réforme ou un danger qui guette des Etats déjà instables dans un contexte de mondialisation ponctué de replis identitaires et de conflits ethniques? Telle est la question qui devient de plus en plus insistante.

Une solution à l’affaiblissement des Etats

Approché par Anadolu, Achille Mbembé, théoricien du poste-colonialisme et enseignant-chercheur à l’Université de Johannesburg (Afrique du Sud), soutient que le fédéralisme est en mesure d’apporter des solutions à l’affaiblissement des Etats. Lequel affaiblissement est du à des facteurs politiques et économiques. «Cette époque qu’est la nôtre n’est pas favorable, dit le chercheur, à l’intervention des Etats dans l’économie».

«Dans plusieurs pays africains, la souveraineté de l’Etat sur d’importantes régions du territoire national est estompée. L’espace étatique est ensuite démembré en autant de fiefs économiques différenciés renfermant, chacun, des richesses spécifiques (minéraux, bois, plantations, etc) que l’on exploite par le biais d’accaparements ou de franchises diverses. Une partie du territoire est contrôlée par l’Etat, et une autre est sous la coupe de dissidence armée. Chaque zone dispose de ses propres droits et gère de manière autonome ses intérêts commerciaux, financiers, diplomatiques et militaires», précise-t-il.

Une gouvernance fédérale pourrait donc contribuer à une pacification, voire, à une meilleure gestion des affaires de la cité, une fois les fondements d’un bon modus-vivendi jetés. Car le moteur de l’histoire et ce qui oppose les hommes relève, généralement, du champ de l’intérêt, de l’avis de Mbembé.

Emettant, par-delà, des doutes sur la capacité de certains pays du continent de réunir les critères constitutifs d’un Etat fédéral, le chercheur revient sur les principaux critères, en l’occurrence: «des entités politiques territorialement définies, la garantie constitutionnelle de l’existence et de l’autonomie de décision, l’établissement formel de la participation des entités à la prise de décision du gouvernement central sous forme d’une assemblée à 2 chambres, la définition et la protection des compétences par un statut inaliénable sans consentement et le non-unilatéralisme du droit de sécession et de la répudiation».

Le penseur camerounais craint, du reste, une éventuelle confusion du fédéralisme avec le tribalisme, dans des régions embrasées, où les populations réclament une distribution égale des richesses nationales. Tel est le cas au Nigéria, pays est rongé par une animosité opposant l’Etat du Nord à celui du Sud, sur fond de différends politiques, économiques, religieux et ethniques.

Le régime fédéral a bel et bien existé et existe encore en Afrique. Sauf que la démocratie et l’histoire humaine elle-même sont, dans un sens, [i «une affaire de réinvention permanente»), extrapole Achille Mbembé.

Risque de désintégration de l’espace public
Le géopoliticien français, spécialiste des questions africaines, Michel Galy, pense, lui, que les chances d’adoption du régime fédéral, en ces temps modernes, dépendent de la nature et de la structure des Etats africains.

«Pour les Etats anglophones qui dépendaient, autrefois, de la Grande-Bretagne, le terrain semble favorable à une telle forme de gouvernance, malgré les difficultés qui se posent. Or, pour les Etats francophones, autrefois dépendant de la France qui privilégie la centralisation, il serait plutôt peu aisé, du moins sur le court terme, de migrer d’un modèle vers un autre. Car les fondements et les conditions réunies pour la réussite semblent loin d’être à la portée de certains Etats», explique l’analyste, interrogé par Anadolu.

Pour Galy, bien que l’objectif consiste à instituer un système unitaire à composante décentralisatrice, le fédéralisme peut, de surcroît, présenter des risques ayant trait au rattachement identitaire. Un rattachement identitaire qui risque de consacrer le développement des États fédérés en mode de gestion des rapports inter-communautaires. Cette probabilité prend racine dans les conflits minant de grands ensembles étatiques qui échappent encore au contrôle du pouvoir central, dans plusieurs régions africaines.

La dialectique inhérente à la gouvernance fédérale en Afrique relève, au demeurant, de « l’ethnicisation » dans son acception la plus large, au risque de désintégrer l’espace public que l’on prétend constituer, fait observer Galy, faisant allusion à l’actualité nigériane.

Selon des rapports de la presse africaine et internationale, le cas nigérian illustre les difficultés du fédéralisme en Afrique. Ancienne colonie britannique, ce pays de 126 millions d’habitants et de plus de 250 groupes ethniques, a hérité, le 1er octobre 1960, jour de son indépendance, d’une fédération composée de 3 régions.

Il est passé à 4 en 1963, avant d’atteindre 12 Etats fédérés, à la suite du coup d’État du général sudiste Ironsi en 1967. En 1976, il est passé à 19 Etats. En 1997, la fédération compte 36 États et 774 administrations locales. Le retour au gouvernement civil en 1999 maintient les 36 États et fixe à 768 le nombre des administrations locales.

Ces successives métamorphoses montrent comment s’est greffée sur un clivage ethnique un clivage religieux complexe et irréductible au découpage entre le Nord musulman et le Sud chrétien et animiste, qui n’a fait qu’attiser des « alliances kaléidoscopiques ». La crise sécuritaire qui secoue le pays ces derniers temps en témoigne.


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Les enjeux de la colère des anglophones du Cameroun

Depuis le début du mois de décembre, des appels au fédéralisme et à la sécession, se font de plus en plus pressants, le pouvoir central, d’abors resté sourd aux revendications, tente d’éteindre le feu

Le Cameroun est de nouveau rattrapé par ses vieux démons. Les heurts meurtriers qui ont éclaté, jeudi, 08 décembre 2016, à Bamenda, dans le Nord-ouest du pays, entre les forces de l’ordre et de jeunes manifestants anglophones sont venus raviver les querelles linguistiques et culturelles qui ont jalonné la vie politique camerounaise depuis l’indépendance du pays au début des années 1960.

« Ce sont de véritables scènes de guérilla qu’a connues Bamenda », rapporte Marcel Amoko, correspondant de France 24 au Cameroun. Des gens ont érigé des barricades et brûlé des pneus sur tous les axes routiers menant à l’hôtel où était logée la délégation du parti au pouvoir, qui projetait d’organiser un rassemblement dans la ville pour appeler à l’arrêt de la grève des enseignants et des avocats anglophones ». Les affrontements ont fait « au moins deux morts », selon la télévision d’État Crtv, alors que le Social Democratic Front (SDF), parti anglophone d’opposition, parle de quatre morts.

Les événements de jeudi sont le point d’orgue des tensions qui agitent depuis plusieurs semaines les deux régions anglophones du Cameroun (Sud-Ouest et Nord-Ouest), où enseignants et avocats observent une grève pour réclamer une meilleure prise en compte de leur spécificité historique et linguistique.

« Des scènes de guérilla urbaine à Bamenda »
Tandis que les appels au fédéralisme, voire à la sécession, se font de plus en plus pressants, le pouvoir central, longtemps resté sourd aux revendications anglophones, tente d’éteindre le feu séparatiste qui couve. Depuis début décembre, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président Paul Biya organise des rassemblements dans les fiefs de la minorité anglophone où, parallèlement, l’armée a été déployée. Alors que « l’étincelle anglophone », comme l’écrit l’hebdomadaire Jeune Afrique, menace d’enflammer le pays, France 24 revient sur les raisons de la colère anglophone.

. Pourquoi le Cameroun est-il bilingue?
Le bilinguisme du Cameroun remonte au début du XXe siècle. Après la Première Guerre mondiale, le territoire, alors ancienne colonie allemande, est divisé en deux par la Société des nations (SDN, ancêtre de l’Onu) : une partie sous tutelle française et une autre, proche du Nigeria, sous mandat britannique.

En 1960, le Cameroun sous tutelle français accède à l’indépendance. Un an après, une partie des anglophones décident par référendum de rester dans le giron du Cameroun, mais insistent pour conserver les systèmes juridique et éducatif hérités du Royaume-Uni.

Le fédéralisme est alors instauré entre 1961, mais à la suite d’un référendum, le président Ahmadou Ahidjo, partisan d’un État jacobin, proclame la République unie en 1972. La Constitution établit toutefois que le français et l’anglais sont les deux langues officielles et sont, à ce titre, « d’égale valeur ».

. Que demandent les anglophones?
Les anglophones, qui représentent environ 20 % des 22,5 millions de Camerounais, dénoncent la remise en cause progressive du bilinguisme, pourtant garanti par la Constitution. Pour nombre d’entre eux, l’hégémonie du français tend à accélérer leur « marginalisation » au sein de la société.

Ce sont les avocats qui ont sonné la charge les premiers. Le 11 octobre, ces derniers ont lancé un mouvement de grève afin d’exiger l’application de la « Common Law », le système juridique anglo-saxon basé sur la jurisprudence, et non seulement du droit romain, ou des codes napoléoniens écrits. Autre demande : que les textes de loi votés à l’Assemblée nationale soient traduits en anglais, ce qui n’est pas systématiquement le cas. Idem pour la réglementation de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac) qui n’existe qu’en version française.

Dans la foulée, les enseignants anglophones ont eux aussi entamé une grève pour protester contre l’usage de plus en plus fréquent de la langue de Molière durant les cours, sanctionnant de fait les élèves parlant uniquement celle de Shakespeare. Aussi demandent-ils que seuls les professeurs francophones parfaitement bilingues puissent enseigner dans les régions anglophones afin que la spécificité linguistique de la zone soit conservée.

Bien qu’enseignants et avocats soient aujourd’hui en première ligne, c’est la minorité dans son ensemble qui déplore sa mise au ban administrative, politique et économique. « La majorité des postes importants, au niveau politique, sont occupés par des francophones, témoignait, le 24 novembre, un comptable de Bamenda, aux Observateurs de France 24. D’une manière générale, il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de travail ici : quand l’État recrute des fonctionnaires, il privilégie généralement les francophones, et il n’y a pas de grosses entreprises publiques ou privées. Résultat : même avec un diplôme universitaire, on peut se retrouver sans travail ou à vendre des cartes Sim dans la rue par exemple. »

Face au coup de semonce des enseignants et avocats, Yaoundé agite le bâton. Au risque de raviver le sentiment séparatiste. Le 8 octobre, alors qu’un rassemblement d’avocats est violemment réprimé par la police à Bamenda, le groupe des députés du SDF monte au créneau pour exiger des excuses du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, les appels à l’indépendance du Southern Cameroons (qui regrouperait les actuelles régions Sud-Ouest et Nord-Ouest) se multiplient alors.

. Le mouvement sécessionniste peut-il prendre de l’ampleur?
Des drapeaux de la République du Cameroun brûlés, les couleurs bleue et blanche du mouvement sécessionniste portées haut. Les images des manifestations du 8 décembre témoignent de la montée du sentiment séparatiste chez les anglophones. Encore plus symptomatique du fossé linguistique qui semble se creuser : le 16 novembre, rapporte Jeune Afrique, lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations féminine à Yaoundé, « la version anglaise de l’hymne camerounais a résonné plus vigoureusement que d’habitude ».

Reste que jusqu’à maintenant, le mouvement est resté plutôt symbolique. De fait, les velléités sécessionnistes ne datent pas d’aujourd’hui. Et, à ce jour, Yaoundé est toujours parvenu à endiguer les poussées séparatistes.

Dans un article publié en 1996 dans la revue « Politique africaine », le chercheur Piet Konings faisait état du même sentiment d’injustice qui anime aujourd’hui la minorité linguistique camerounaise. [i « L’unification de mai 1972, obtenue sans surprise par référendum, accéléra cette évolution [vers un État centralisé] laissant les anglophones frustrés en raison de leur perception de leur marginalisation politique, de la faiblesse de la mise en valeur des ressources à leur profit, en particulier le pétrole, et des tentatives de ‘francisation’. »]

Avec l’instauration du multipartisme au début des années 1990, les groupes de pression anglophones, de plus en plus organisés, ont obtenu plusieurs victoires, telle l’admission, en 1995, du Cameron au sein du Commonwealth, mais les man uvres du régime de Paul Biya ont toujours eu raison de leurs visées autonomistes. Conscient qu’au sein des mouvements autonomistes, les partisans du fédéralisme et les tenants de la sécession peinent à s’entendre, le pouvoir a souvent exacerbé les divisions en plaçant parcimonieusement des anglophones à des positions-clés. C’est un homme politique originaire du Nord-Ouest, Philémon Yang, qui occupe le poste de Premier ministre depuis 2009. En 2014, Ayah Paul Abine, figure anglophone qui avait rejoint les sécessionnistes du Southern Cameroons National Council (SCNC), fut nommé à la Cour suprême…

Mais en cette période de flambée de violences, ces mesures d’ajustement dite d’« intégration nationale » risquent de ne pas suffire à calmer les ardeurs des « Anglos » considérant la communauté francophone comme une élite vieillissante et arrogante accrochée à ses privilèges.

. Faut-il craindre des tensions entre anglophones et francophones?
À l’occasion du dernier sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre, à Madagascar, l’AFP rapportait le cri d’exaspération d’un Camerounais anglophone. « On en a marre d’être vos sous-citoyens ! », lançait ce participant à l’adresse de l’un de ses compatriotes francophones, signe des crispations qui gagnent la société camerounaise.

Sauf que, pour l’heure, la confrontation se limite à un bras de fer avec le pouvoir central et ses forces de l’ordre. « Nos problèmes sont uniquement liés à l’État et à la mauvaise gouvernance », assurait un enseignant vivant à Bamenda aux Observateurs de France 24. « Les gens se radicalisent en croyant être les seuls à souffrir des pénuries d’eau et d’électricité ou de la corruption qui touchent pourtant tous les Camerounais », expliquait pour sa part une femme d’affaires anglophone à Jeune Afrique qui dit croire « en un pays uni dans sa diversité linguistique et culturelle ».

Chez les francophones, si la cause sécessionniste trouve peu d’échos, beaucoup disent comprendre les griefs de leurs concitoyens anglophones. Des intellectuels plaident même en faveur d’une plus grande ouverture vers la langue anglaise. « Notre avenir est anglophone », déclarait ainsi l’écrivain Patrice Nganang à Jeune Afrique. Même son de cloche chez Frieda Ekotto, enseignante de littérature comparée à l’Université du Michigan, aux États-Unis : « Nous avons tort de nous enfermer dans la langue française. Regardez nos étudiants, les portes des universités anglophones leur sont beaucoup plus ouvertes que celles de l’Hexagone. »


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Philémon Yang: « C’est l’unité qui fait la force de notre pays »

Pour le Premier ministre, chef du gouvernement, l’on ne saurait envisager un retour au fédéralisme au Cameroun, tel que souhaité par certains anglophones

Un retour au fédéralisme, c’est l’une des principales revendications des camerounais anglophones. Depuis plusieurs semaines, ces derniers dénoncent leur « marginalisation », non seulement dans le partage du pouvoir et des richesses du pays, mais aussi dans l’enseignement et la magistrature.

Pour se faire entendre, les anglophones (environ 20% des 20 millions de Camerounais), ont organisé des manifestations à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest du Cameroun. Là-bas, les frustrations ont dégénéré en violences depuis fin novembre.

Des affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont fait trois morts, selon le Social democratic front (SDF, parti d’opposition). Mais le gouvernement, lui, parle d’un mort et en impute la responsabilité aux manifestants.

Depuis le 21 novembre, les cours sont suspendus dans les universités, collèges et écoles de plusieurs villes des deux régions anglophones de l’Ouest du pays, proches du Nigéria.

Pour calmer la situation, le Premier Ministre du Cameroun, lui-même anglophone, a affirmé qu’« au Cameroun, il est écrit dans la Constitution que le pays est indivisible ». « Nous demandons donc à nos enfants de regagner le chemin de l’école au plus vite » a ajouté Philémon Yang.

Philémon Yang.
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Cameroun uni et indivisible: malgré tout, Biya n’a pas fragilisé l’unité nationale

Par Jean-Claude Ndjamen, Journaliste

I do not want separatism in my country. Notre pays vit de tristes moments dans sa partie anglophone. Des contestations corporatistes légitimes d’avocats puis d’enseignants ont dégénéré. Une jeunesse en déperdition qui ne maîtrise sûrement pas les contours de ces revendications a pris le relais pour une autre revendication qu’elle évoque notamment le fédéralisme dont elle ne maîtrise forcément pas les contours.

Je peux la comprendre dans sa souffrance qui est aussi celle de la jeunesse francophone de mon pays. Au demeurant, Cette prise de position vient fragiliser tout un pan de l’histoire du Cameroun en amenuisant sur le coup tout le travail mené par l’ancien président Ahidjo et nos leaders Foncha, Muna pour que notre pays, ce grand pays aujourd’hui dévoyé par l’affairisme (On évoque les affaires d’un ministre et il n’est jamais convoqué; pouvoir familial?) devienne une république unie comme dénommée en son temps avant que par décret Paul Biya gomme cette terminologie ; lui qui gère tout par décret comme je le disais plus haut depuis Genève .

Je lis de jeunes soutiens sans doute en butte au positionnement dire qu’on ne change pas de père mais ils oublient que le père ne discrimine pas ses enfants. Paul Biya a certes été le père le plus discriminant donnant plus de place aux enfants de sud puis du centre. Le pouvoir se mesure au niveau de la préfectorale, ce que les gens ne savent pas. La Préfectorale est la mesure de l’Etat d’esprit du chef de l’Etat. On a vu l’équilibre non? C’est le Chef de l’Etat qui nomme du chef de district au gouverneur tout au moins. En fait c’est un décret comme celui des avancements dans l’armée et la police qu’il suit avec un sérieux vrai. Pourtant aucun équilibre n’est perceptible. Mais on s’en fiche.

Mais même opposé à cette façon de faire qui a l’air somme toute tribale, je fais confiance aux miens, ils gouvernent et je dors tranquille en Suisse, c’est bien l’hypothèse que retient mon petit cerveau, je m’oppose à toute prise de position politique en fonction d’une appartenance quelconque qui serait ethnique, tribale ou linguistique. Je ne sais pas penser en Bagangté, Bamiléké, Béti, Foulbé tout comme je ne saurais penser en francophone ou en anglophone.

J’aime mon pays et mes critiques vis à vis du Biyaisme n’y retirent rien. Les Camerounais doivent comprendre que les Hommes passent et le pays reste. Je m’oppose à toutes celles et ceux qui se galvaudent de ce qui se passe dans les régions anglophones. C’est le Cameroun et ça restera le Cameroun. Mais anglophone ou francophone, qui que l’on soit, tout sauf la partition du Cameroun. Notre pays, notre bilinguisme sont une chance. Dans la même lucarne d’esprit je m’oppose à tout camerounais qui se pense comme anglophone avant d’^être camerounais. Le Cameroun doit rester un et indivisible à tous points de vue.

Le régime de Yaoundé que je critique constamment c’est moins les ministres, les fonctionnaires que Paul Biya lui-même. Le « Biyaisme » cette gouvernance monarchique, paternaliste qui fait don au Chef de l’Etat du patrimoine camerounais qu’il gère à sa guise et ce, sans en rendre compte ne permet pas l’efficacité gouvernementale et administrative. C’est une tactique du Président que peu comprenne. Pour demeurer Président et gouverner à vie, il a laissé faire…De hauts fonctionnaires se confessent à l’église et souffrent d’être allés loin dans la priorisation du matériel, de l’argent face à l’Homme souvent pour beaucoup face à leur état de santé que leur richesse ne traite pas.

Voilà ce qui me gêne. Que Biya soit élu pour 100 ans, s’il était élu, franchement même en 2018, usons des « quartiésies », je m’en fiche désormais. Mais qu’il pilote le pays comme un roi, à sa guise, voyage, va et vient, ne voyage pas à l’intérieur du pays, est salué par des foules quand il sort, est reçu comme un Chef d’Etat étranger quand il revient sans aucune décence ni honte même pas de sa part pose de vraies questions sauf aux gens qui attendent 60 ans pour se rendre compte que trop d’argent ne mène à rien et que la mort est au bout et que le moment venu on discute avec Dieu, sur terre , sa conscience.

Si Paul Biya prend des Camerounais pour des cons, les Camerounais ne doivent pour autant pas se prendre ainsi. Que des Camerounais réclament comme des avocats et enseignants oui. Mais que des Camerounais réclament la partition du Cameroun je dis c’est être complètement fous. Les camerounais francophones sont-ils mieux lotis sous régime clanique?

Ahidjo instaure la république unie. Biya fait convoquer la république fédérale par ses méthodes. Mais ceux qui convoquent le fédéralisme sont autant dangereux que ceux qu’ils dénoncent. Combien d’années après l’unification des deux parties?

Non, Je ne peux cautionner cette revendication de la partie anglophone. Les provinces anglo-saxonnes ne doivent pas se comporter comme si la destinée du Cameroun s’est faite sans des anglophones y compris sous l’ère Biya. Elles ne peuvent pas sans cesse donner l’impression d’une volonté de rupture comme si d’autres Camerounais même dans le Sud, province natale du Chef de l’Etat ne souffrent pas.
Je considère cette façon que nos frères du nord-ouest et du sud-ouest ont de faire comme un chantage à la république nulle et non avenue. Cette revendication est même disproportionnée et non avenue.
Les Camerounais de régions francophones sont-ils mieux lotis?
La question de la gouvernance au Cameroun est-elle un problème linguistique?

Non, qu’ils ne se trompent pas de combats. Bien d’anglophones ont comme bien de francophones travaillé à la consolidation du « Biyaisme » et le RDPC de Paul Biya a réussi dans toutes ces zones les mêmes combines et sectarismes que dans les zones francophones. L’opposant anglophone Fru Ndi comme ses progénitures et les générations de ses descendants, lui-même comptable depuis des années de l’absence de convictions politiques a fragilisé par son goût commun à ceux des gouvernants à l’enrichissement et au pouvoir personnel. Alors, peut-on dire que la mal-gouvernance est une question linguistique au Cameroun?

Nous reprocherons tout à Paul Biya mais nous n’accepterons pas des positions faciles comme celles consistant à la partition du Cameroun ou fédéralisme. Le Cameroun n’est grand et ne le demeure que parce que diverse autant au plan ethnique et culturel que linguistique
Biya a réussi à asseoir son pouvoir sans travestir cet équilibre. A reconnaître tout au moins…


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Cameroun uni et indivisible: malgré tout, Biya n’a pas fragilisé l’unité nationale

Par Jean-Claude Ndjamen, Journaliste

I do not want separatism in my country. Notre pays vit de tristes moments dans sa partie anglophone. Des contestations corporatistes légitimes d’avocats puis d’enseignants ont dégénéré. Une jeunesse en déperdition qui ne maîtrise sûrement pas les contours de ces revendications a pris le relais pour une autre revendication qu’elle évoque notamment le fédéralisme dont elle ne maîtrise forcément pas les contours.

Je peux la comprendre dans sa souffrance qui est aussi celle de la jeunesse francophone de mon pays. Au demeurant, Cette prise de position vient fragiliser tout un pan de l’histoire du Cameroun en amenuisant sur le coup tout le travail mené par l’ancien président Ahidjo et nos leaders Foncha, Muna pour que notre pays, ce grand pays aujourd’hui dévoyé par l’affairisme (On évoque les affaires d’un ministre et il n’est jamais convoqué; pouvoir familial?) devienne une république unie comme dénommée en son temps avant que par décret Paul Biya gomme cette terminologie ; lui qui gère tout par décret comme je le disais plus haut depuis Genève .

Je lis de jeunes soutiens sans doute en butte au positionnement dire qu’on ne change pas de père mais ils oublient que le père ne discrimine pas ses enfants. Paul Biya a certes été le père le plus discriminant donnant plus de place aux enfants de sud puis du centre. Le pouvoir se mesure au niveau de la préfectorale, ce que les gens ne savent pas. La Préfectorale est la mesure de l’Etat d’esprit du chef de l’Etat. On a vu l’équilibre non? C’est le Chef de l’Etat qui nomme du chef de district au gouverneur tout au moins. En fait c’est un décret comme celui des avancements dans l’armée et la police qu’il suit avec un sérieux vrai. Pourtant aucun équilibre n’est perceptible. Mais on s’en fiche.

Mais même opposé à cette façon de faire qui a l’air somme toute tribale, je fais confiance aux miens, ils gouvernent et je dors tranquille en Suisse, c’est bien l’hypothèse que retient mon petit cerveau, je m’oppose à toute prise de position politique en fonction d’une appartenance quelconque qui serait ethnique, tribale ou linguistique. Je ne sais pas penser en Bagangté, Bamiléké, Béti, Foulbé tout comme je ne saurais penser en francophone ou en anglophone.

J’aime mon pays et mes critiques vis à vis du Biyaisme n’y retirent rien. Les Camerounais doivent comprendre que les Hommes passent et le pays reste. Je m’oppose à toutes celles et ceux qui se galvaudent de ce qui se passe dans les régions anglophones. C’est le Cameroun et ça restera le Cameroun. Mais anglophone ou francophone, qui que l’on soit, tout sauf la partition du Cameroun. Notre pays, notre bilinguisme sont une chance. Dans la même lucarne d’esprit je m’oppose à tout camerounais qui se pense comme anglophone avant d’^être camerounais. Le Cameroun doit rester un et indivisible à tous points de vue.

Le régime de Yaoundé que je critique constamment c’est moins les ministres, les fonctionnaires que Paul Biya lui-même. Le « Biyaisme » cette gouvernance monarchique, paternaliste qui fait don au Chef de l’Etat du patrimoine camerounais qu’il gère à sa guise et ce, sans en rendre compte ne permet pas l’efficacité gouvernementale et administrative. C’est une tactique du Président que peu comprenne. Pour demeurer Président et gouverner à vie, il a laissé faire…De hauts fonctionnaires se confessent à l’église et souffrent d’être allés loin dans la priorisation du matériel, de l’argent face à l’Homme souvent pour beaucoup face à leur état de santé que leur richesse ne traite pas.

Voilà ce qui me gêne. Que Biya soit élu pour 100 ans, s’il était élu, franchement même en 2018, usons des « quartiésies », je m’en fiche désormais. Mais qu’il pilote le pays comme un roi, à sa guise, voyage, va et vient, ne voyage pas à l’intérieur du pays, est salué par des foules quand il sort, est reçu comme un Chef d’Etat étranger quand il revient sans aucune décence ni honte même pas de sa part pose de vraies questions sauf aux gens qui attendent 60 ans pour se rendre compte que trop d’argent ne mène à rien et que la mort est au bout et que le moment venu on discute avec Dieu, sur terre , sa conscience.

Si Paul Biya prend des Camerounais pour des cons, les Camerounais ne doivent pour autant pas se prendre ainsi. Que des Camerounais réclament comme des avocats et enseignants oui. Mais que des Camerounais réclament la partition du Cameroun je dis c’est être complètement fous. Les camerounais francophones sont-ils mieux lotis sous régime clanique?

Ahidjo instaure la république unie. Biya fait convoquer la république fédérale par ses méthodes. Mais ceux qui convoquent le fédéralisme sont autant dangereux que ceux qu’ils dénoncent. Combien d’années après l’unification des deux parties?

Non, Je ne peux cautionner cette revendication de la partie anglophone. Les provinces anglo-saxonnes ne doivent pas se comporter comme si la destinée du Cameroun s’est faite sans des anglophones y compris sous l’ère Biya. Elles ne peuvent pas sans cesse donner l’impression d’une volonté de rupture comme si d’autres Camerounais même dans le Sud, province natale du Chef de l’Etat ne souffrent pas.
Je considère cette façon que nos frères du nord-ouest et du sud-ouest ont de faire comme un chantage à la république nulle et non avenue. Cette revendication est même disproportionnée et non avenue.
Les Camerounais de régions francophones sont-ils mieux lotis?
La question de la gouvernance au Cameroun est-elle un problème linguistique?

Non, qu’ils ne se trompent pas de combats. Bien d’anglophones ont comme bien de francophones travaillé à la consolidation du « Biyaisme » et le RDPC de Paul Biya a réussi dans toutes ces zones les mêmes combines et sectarismes que dans les zones francophones. L’opposant anglophone Fru Ndi comme ses progénitures et les générations de ses descendants, lui-même comptable depuis des années de l’absence de convictions politiques a fragilisé par son goût commun à ceux des gouvernants à l’enrichissement et au pouvoir personnel. Alors, peut-on dire que la mal-gouvernance est une question linguistique au Cameroun?

Nous reprocherons tout à Paul Biya mais nous n’accepterons pas des positions faciles comme celles consistant à la partition du Cameroun ou fédéralisme. Le Cameroun n’est grand et ne le demeure que parce que diverse autant au plan ethnique et culturel que linguistique
Biya a réussi à asseoir son pouvoir sans travestir cet équilibre. A reconnaître tout au moins…


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