Cameroun-restauration des forêts dégradées : la technique du biochar expérimentée

L’association Forêts et développement rural (Foder), lance un projet expérimental de restauration de terres à l’aide de la technique du biochar au Cameroun.

Le projet financé par le Japon s’inscrit dans le cadre de l’initiative AFR 100, visant à restaurer plus de 100 millions d’hectares de terres en Afrique d’ici 2030.

En effet, la forêt communale de Minta, située dans la région du Centre est le site d’expérimentation. En cas de résultats satisfaisant la technique du biochar sera reproduite dans les autres forêts communales du Cameroun.

Afin de réhabiliter le couvert végétal de la région, l’association Forêts et développement rural (Foder) procède à la plantation d’arbres, suivant la technique du biochar.

 Il s’agit d’un matériau poreux et de faible densité dont l’incorporation dans le sol augmente la porosité et l’aération du sol, le rendant ainsi propice au développement racinaire des plantes. Cette propriété peut être exploitée pour croissance rapide des plants mis en pépinières.

Le Moabi, le Fraké, le Djansang, le Pachi, le Bibolo, le Bubinga, la mangue sauvage et l’allanblankia sont les essences identifiées pour le reboisement de la forêt communale de Minta.

 « Ces espèces utilisées pour le reboisement sont celles qui poussent déjà dans la localité, en milieu naturel. Nous les avons choisies car elles offrent un double avantage, à savoir la collecte du matériel génétique (graines ou sauvageons) pour la pépinière, et l’adaptation aux conditions climatiques de la localité », indique Clovis Nzuta, assistant projet à Foder et responsable du processus de reboisement de la forêt communale de Minta.

par définition, le biochar est un charbon d’origine végétale obtenu par pyrolyse de biomasse des matières organiques d’origine diverse.

Cameroun-Est : les activités minières sont suspendues

Djadaî Yakouba, préfet de la Kadey a ordonné hier 27 juillet 2022 l’arrêt des activités suscitées dans la zone réputée aurifère de Kambélé.

Un arrêté instruisant la cessation de toute activité minière dans la zone réputée aurifère de Kambélé, dans la périphérie de Batouri, région de l’Est. La note a été signé le 27 juillet 2022 par le préfet de la Kadey.

Entre autres raisons évoquées par l’autorité administrative, les morts récurrentes de personnes par noyade et éboulement, du fait du non-respect des prescriptions environnementales en la matière, et les menaces de dégradation de la route nationale numéro 10, du fait de l’obstruction du lit des cours d’eau par les coulées boueuses.

Cette localité est en réalité impliquée depuis plusieurs mois dans la mort de plusieurs personnes en quête de matière précieuse.

 Par exemple, la localité minière de Belita, dans le département de la Kadey a vécu un drame le 9 juin 2022. En effet, cinq personnes y ont péri sur une mine d’or artisanale, suite à un éboulement de terrain.

Pour rappel, selon les pointages du Foder, entre 2013 et avril 2021, pas moins de 157 personnes, dont des enfants, ont perdu la vie sur les champs miniers du pays. À en croire la même source, 25% de ces décès sont dus aux éboulements de terrains et autres noyades consécutifs à la non-réhabilitation des sites miniers par les exploitants.

Cameroun: 30 milliards de F de pertes annuelles dans le secteur forestier

Selon l’Association forêts et développement rural, ces résultats sont la conséquence de la corruption noté dans les domaines concernés

Les pertes engendrées par la corruption dans le secteur forestier et faunique sont estimées à près de 30 milliards de francs CFA par an d’après l’association Forêts et développement rural (FODER). Il s’agit là des résultats d’une étude sur l’indice de perception de l’intensité de la corruption dans le secteur forestier et faunique.

Pour limiter les effets de la corruption dans ce secteur, l’association a développé un système de suivi en temps réel des forêts.

Développé en partenariat avec la Rain Forest Foundation, il vise à faire des communautés les premiers observateurs des pratiques illégales menées dans leurs localités.

Le système fonctionne sur la base d’un outil technologique de collecte des données. Cela peut être un smartphone, un kit adapté pour la collecte et la transmission des informations.

Il utilise un système de «véhiculation» de l’information rapide», explique-t-on.

Depuis le lancement de cette application en 2013, plusieurs options ont été envisagées. La transmission par satellite, la transmission par voie Internet (Wifi), et la transmission par voie de l’Internet mobile.

«Cela permet de transmettre l’information à une base de données en ligne, qui, automatiquement la relaie par voie de message (Sms) à des adresses de personnes clés compétentes en matière d’application de la loi pour l’administration compétente, soie en matière d’observation indépendante pour les organisations spécialisées dans ce domaine-là», ajoute-t-il.

En choisissant d’utiliser l’outil Internet et les autres technologies de l’information et de la communication pour promouvoir la transparence dans l’exploitation forestière, ces organismes espèrent réduire l’impact des pratiques de corruption dans le secteur.


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Forêts: les riverains réclament la restauration de leur 10% sur la redevance forestière

Profitant de l’ouverture jeudi de la session budgétaire au Parlement, l’ONG Forêts et développement rural a présenté, le 11 novembre dernier à Yaoundé, un plaidoyer sur le sujet

Profitant de l’ouverture ce 12 novembre 2015 de la session budgétaire au Parlement, l’ONG Forêts et développement rural (Foder), entourée de chefs traditionnels des communautés riveraines des zones forestières du Cameroun et de représentants des comités locaux de gestion de la redevance forestière annuelle (RFA), ont réactivé, le 11 novembre dernier à Yaoundé, un plaidoyer lancé depuis quelques mois auprès des autorités publiques camerounaises, afin que soit restaurés les 10% de la RFA qui revient aux communautés.

Cette quote-part, ont-ils rappelé, a été supprimée dans la loi de finances de 2015, et une décision de la direction générale des impôts est venue réaffecter les 10% revenant habituellement aux communautés riveraines des forêts, entre les communes et les agents de recouvrement, à raison de 5% pour chacune des parties. Le plaidoyer des ONG, des parlementaires et des communautés suite à cette décision, apprend-on, a provoqué la suspension de la décision du directeur général des impôts par le Premier ministre.

A la veille de l’ouverture de la session parlementaire devant aboutir au vote du budget de l’Etat pour l’année 2016, les communautés souhaitent donc que leur quote-part sur la RFA soit restaurée, avant de passer à l’examen et la résolution des problèmes qui minent la gestion de cette redevance dans le pays. Laquelle manne est, selon eux, leur source de revenue la plus importante, dans ce sens qu’elle permet de réaliser des projets de développement local et motive les riverains à veiller à la protection des forêts.

En effet, a par exemple expliqué Luc Ndebe, président d’un comité de gestion de la RFA dans l’arrondissement de Ngwei, le projet d’électrification rurale entamée avec la part de la RFA versée aux communautés est aujourd’hui interrompu. De même, ce dernier craint que l’école de Lomié, dans la région de l’Est, soit de nouveau fermée cette année, après deux premières fermetures entre 2013 et 2014. Elle n’a été rouverte depuis la dernière rentrée scolaire qu’après que l’Etat ait versé aux communautés, leur quote-part sur la RFA de 2014. Laquelle quote-part permet de payer les enseignants recrutés par la communauté pour cette école.

Cependant, à l’observation, ces exemples de contribution de la RFA au développement des communautés riveraines des forêts ne constituent qu’une éclaircie sur le sombre tableau de la gestion de la manne forestière par les communes et les communautés au Cameroun. Les gestionnaires de ces fonds étant plus enclins à la satisfaction d’intérêts égoïstes qu’à la recherche du bien-être communautaire.

Pour preuve, la commune de Yokadouma, à l’Est du pays, qui, pendant des années, a obtenu annuellement entre 700 millions et 1,3 milliard de francs Cfa au titre de la RFA, demeure un grand village. Il n’y a pas de route, l’électricité est rationnée entre 5h du matin et 16h du soir, le chantier de la mairie est à l’abandon depuis des années et, cerise sur le gâteau, les agents communaux restent souvent des mois sans salaires. Un maire de cette commune est d’ailleurs actuellement incarcéré pour des raisons liées à la gestion de la RFA.


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Corruption dans le domaine forestier: Une ONG attribue la note de 5,13/10 au Cameroun

«Forêts et développement rural» (Foder) a mené, en 2014, une étude sur la question de l’intensité de la corruption dans le domaine forestier. Les résultats ont été présentés le 13 mars dernier

L’Organisation non gouvernementale «Forêts et développement rural» (Foder) a restitué, le 13 mars dernier à Yaoundé, les résultats d’une enquête menée l’année dernière sur l’intensité de la corruption dans le domaine forestier au Cameroun. L’étude, basée sur l’indice de perception de la corruption dans le domaine forestier, a permis à cette ONG d’attribuer la note de de 5,13 /10 au Cameroun.

De cette étude, il en ressort quatre principaux constats: l’amélioration de la note de la note de l’indice de perception de la corruption dans le secteur forestier, qui est passée de 1,31 en 2013 à 5,13 en 2014. Deuxièmement, grâce aux efforts déployés par le CLCC du MINFOF, les pratiques de corruption, à l’instar du racket, sont de plus en plus commises par les acteurs dépendants d’autres administrations, telles que la gendarmerie, et dans certaines mesures la Douane et la Police. Les experts ont également retenu, des acteurs du MINFOF interrogés sur le terrain, qu’une forte sensibilisation sur les activités de lutte contre la corruption leur a été faite. Et en fin lors de cette étude d’évaluation il a été noté une volonté de lutte contre la corruption par les acteurs de la société civile, les partenaires techniques et financiers.

Processus
C’est le 8 février 2011 que le Cameroun s’est doté d’une Stratégie nationale de lutte contre la corruption (SNLCC). Cette Stratégie, dans son articulation se compose de stratégies sectorielles et de stratégies de développement des piliers d’intégrité.

Parmi les Stratégies sectorielles, on retrouve celles du secteur forêt et environnement, applicables dans le domaine de la forêt et de la faune. Sa branche réservée à la Forêt et à la Faune a pour objectif de poser le diagnostic de la corruption dans ce domaine. C’est sur cette base que la SNLCC a mené, en 2012, une étude sur la perception de l’intensité de la corruption par les acteurs du domaine forestier. A la fin de l’étude elle décernera une note de 7,27 /10.

Suivant l’exemple de la SNLCC, le Foder va procéder, en 2013, en appliquant la même méthodologie que son prédécesseur, à la mise à jour de la note de l’intensité de la perception dans ledit secteur. La note obtenue sera de 6,44 /10, soit une amélioration de 0,83. Cependant l’étude va susciter moult interrogations, relevant la partialité de l’enquête. Tenant compte des critiques sur la méthodologie utilisée en 2013, Foder va mener une nouvelle étude en 2014.

Les résultats de cette dernière ont été présentés le 13 mars 2015 à Yaoundé lors d’une conférence de presse. Cette fois les experts sur le terrain disent avoir fait une évaluation méthodique de toutes les régions du pays. «Sauf le Grand Nord qui a été survolé», a précisé Dr Marius Talla, le consultant ayant conduit cette étude. Pour ce cas, ils ont dû travailler, entre autres, avec la cellule de lutte contre la corruption du ministère des Forêts et de la Faune, (CLCC), les agents forestiers sur le terrain, les magistrats, les officiers de la police judiciaire, la société civile.

Mais comment venir complètement à bout de ce fléau quand seuls les acteurs les moins importants sont punis? À cette question, Dr Marius Talla a répondu: «notre travail n’était pas de démontrer le niveau d’impunité de la corruption dans le domaine mais de situer à quel niveau elle se trouve».

L’étude a été restituée à Yaoundé le 13 mars 2015
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Bientôt un prix pour les médias dans le domaine des forêts et de l’environnement

Le FODER lance le Forest Media Awards, pour susciter et encourager l’intérêt des médias sur les questions de gouvernance forestière au Cameroun

L’ONG Forêt et Développement Rural (Foder), lance la première édition du Forest Media Awards (ForMa). L’annonce a été faite le 15 janvier dernier à Yaoundé, au cours d’une conférence de presse. Une initiative qui vient en renforcement à la mise en uvre du projet «Enforcement and governance for a sustainable management forest» (CiSoPFLEG), financé par l’Union Européenne.

La Forest Media Award est une compétition qui voudrait susciter et encourager l’intérêt des médias et acteurs des médias en ce qui concerne la gouvernance forestière au Cameroun. D’après le Foder, il est question de mobiliser les médias et les journalistes pour leurs actions de sensibilisation et d’information de la population. Cette compétition a pour objectif principal, de contribuer à l’amélioration, par l’action des médias, de la gouvernance forestière.

Peuvent prendre part à cette compétition toutes les institutions et les professionnels individuels du secteur des médias publics ou privés. Les postulants individuels devront remplir divers critères: «Appartenir à un média public ou privé légalement établie au Cameroun ; avoir montré un engagement réel et une certaine constance dans la communication sur les sujets relatifs à l’amélioration de la gouvernance forestière au Cameroun; avoir traité des informations sur le domaine forestier camerounais d’une manière équitable, directe et objective.»

Pour ce qui est des médias publics ou privés, en plus d’être légalement établis au Cameroun, ils doivent avoir donné à leur personnel «des outils, la confiance et l’autorité nécessaires pour initier des communications contribuant à l’amélioration de la gouvernance forestière au Cameroun». Et enfin, il faut que ces médias aient diffusé pendant une durée indéterminée un ensemble d’articles ou d’émissions sur le sujet.

Pour postuler, le Foder informe qu’il faut remplir un formulaire de candidature qui sera soumis au Jury de la ForMa au plus tard le 15 février prochain à travers l’adresse électronique suivante: juryforma@yahoo.fr

La sélection des nominés aura lieu le 20 mars 2015 lors d’une soirée de gala, au cours de laquelle le vote du jury comptera pour 75% et celui des invités pour 25%. Plusieurs prix sont à gagner parmi lesquels le prix de la reconnaissance nationale des efforts déployés dans l’amélioration de la gouvernance et une enveloppe que les organisateurs promettent consistante.

Pour cette première édition le Foder n’a pas mis d’accent particulier sur le nombre d’articles à publier, ni sur la durée de la publication, des éléments qui seront pris en compte lors des prochains Awards.


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Sébastien Tchebayou: «Le Minfof a fait de la lutte contre la corruption en milieu forestier une priorité»

D’après le coordonnateur de l’ONG «Forêts et Développement rural» (Foder), l’action du ministère des Forêts et de la Faune en matière de lutte contre la corruption est louable même si le mal demeure

Compte tenu de votre expérience dans le domaine forestier pouvez-vous nous situer à quel niveau se trouve la corruption dans le domaine ?
Dans le domaine forestier, la corruption se situe tout le long de la chaine, depuis l’octroi des titres d’exploitation (vente de coupe, autorisation d’enlèvement de bois ou de récupération de bois, concession forestière) jusqu’à l’évacuation du bois en passant par les inventaires et l’aménagement. Une commission interministérielle est chargée d’examiner les dossiers de demande de titre d’exploitation. Au sein de cette commission la manifestation de la corruption a de multiples facettes. Sur le terrain, lors de l’activité d’exploitation elle-même, la corruption a pour auteurs les agents des différents ministères intervenant dans le secteur (MINTSS, MINPS, MINSanté, MINEPDED, MINFOF, MinJustice). Lors du transport, la corruption est surtout le fait des agents du MINFOF, des agents de la police et de la gendarmerie commis au contrôle routier. Au niveau de la transformation, les auteurs de la corruption sont quasiment les mêmes que ceux de la transformation. Le développement et l’exhaustivité des domaines de la corruption dans le secteur forestier prendraient beaucoup de temps.

Quelles sont jusqu’ici les mesures entreprises par le gouvernement ou par des ONG forestières telles que la vôtre pour éradiquer ce fléau ?
Face à la corruption dans le secteur forestier, le gouvernement de la République et en particulier le ministre des Forêts et de la Faune actuel a fait de la lutte contre la corruption une priorité. Chaque fois qu’il a été convaincu de la corruption de la part d’un fonctionnaire de son ministère, il n’a pas hésité de sévir avec la plus forte énergie. L’initiative à résultats rapides implémentée par son ministère lui aurait permis de comprendre quelque peu le visage de la corruption tout au moins dans le domaine de transport. Dans la recherche de l’efficacité et de l’efficience, ce département ministériel a renouvelé l’équipe de sa cellule de lutte contre la corruption en nommant à la tête une personne indépendante qui n’est pas fonctionnaire. Cette cellule, tout comme le ministère, collabore assez étroitement avec les organisations de la société civile dans la lutte contre la corruption dans le secteur forestier. C’est ainsi que le ministre Ngolé Ngwesse Philip a reçu en 2012 une équipe du FODER dans le cadre d’un programme de lutte anticorruption dans le secteur forestier et a fait désigner à l’occasion, un contact de FODER au sein du Ministère.

Le MINFOF a accueilli très favorablement le projet Anti-Cor que lui a présenté FODER et a participé activement dans sa mise en uvre en permettant la sensibilisation et la formation de son personnel à la lutte contre la corruption. Cette campagne a été menée avec la collaboration de Transparency International et de la CONAC. Un site web créé par FODER existe, qui sensibilise sur les méfaits de la corruption (www.anti-cor.org). Par ailleurs, FODER comme beaucoup d’autres ONG ont eu à former de nombreuses communautés des régions forestières à la dénonciation de certains actes non légaux dans le secteur forestier. Ces formations se poursuivent. C’est ce que nous appelons dans notre jargon «observation indépendante externe» (OIE). Tout agent de terrain sait désormais que les actes négatifs qu’il pose peuvent être relayés au plus haut niveau.

Qu’est ce qui selon vous favorise l’expansion de la corruption dans le domaine forestier au Cameroun ?
Les causes de la corruption sont pratiquement identiques à celles dans tous les secteurs de la vie nationale. Nous aborderons ce point en deux volets: Les motivations du corrompu, sans être exhaustif sont: l’attrait du gain facile, la cupidité, la prétention qui fait mener une vie supérieure à son niveau réel, l’imitation qui peut être liée au désir de paraître dans la société, l’impunité, l’absence de méritocratie, le parrainage par un haut placé qui sert de «parapluie» pour paraphraser le langage courant. Nous pensons que les baisses successives de salaire des fonctionnaires dans les années 90 ont contribué à accélérer l’expansion de la corruption faisant de ce fléau une habitude, une pratique qui jusqu’à une certaine date se déroulait à ciel ouvert. Le corrupteur dans sa démarche, poussé, lui aussi par l’appât du gain veut éviter la perte de temps, obtenir des faveurs, avoir plus que ce qu’il mérite, contourné la loi.

La loi dans le domaine forestier prévoit des sanctions liées à sa violation. Pourquoi ces mesures ne marchent-elles pas au regard de ce qui se passe sur le terrain ?
Le fait est que la corruption fait partie de ce qu’on appelle les dessous de table et donc très difficile à prouver ou à y appliquer le flagrant délit. Pour ce qui concerne les fonctionnaires de l’administration forestière, le ministre des Forêts et de la Faune actuel a eu à sévir chaque fois qu’il a été convaincu de la culpabilité de ses agents. Nous avons suivi par voie de presse et par les antennes des responsables qui ont été relevés de leur fonction avec pour certains la suspension de salaire et la traduction au conseil de discipline de la Fonction Publique. Du temps où le MINFOF fonctionnait avec l’observateur indépendant, on produisait et publiait le sommier des infractions forestières avec pour contrainte de payer ses amendes avant de postuler à un titre. Et donc on ne peut pas dire que la loi n’est pas appliquée. Mais il faut reconnaître que du fait de la corruption et de la multiplicité d’acteurs intervenant dans le secteur, elle n’est pas appliquée dans sa pleine mesure. Nous pensons que de nos jours les efforts sont fait plus qu’il y a quelques années. Nous devons louer cette progression dans l’effort.

Quelles sont les mesures de renforcement à prendre pour que le secteur forestier ne connaisse plus la corruption ?
Ce serait une utopie que de penser qu’on peut éradiquer la corruption dans le secteur forestier comme dans tout autre secteur d’ailleurs. On penserait qu’en remettant les fonctionnaires à leur niveau salarial d’avant les années 90, on combattrait la corruption. Cela est un bon sujet de débat, mais en voyant l’exemple des autres corps de métier où les augmentations de salaire et les progressions professionnelles s’opèrent fréquemment et régulièrement, et dont les membres ne cessent le racket, nous pouvons plaider pour une augmentation de salaire dans un esprit autre que celui de la lutte contre la corruption. Nous pensons toutefois que la sensibilisation, la moralisation dans le sens de changement de mentalité peut aider à une prise de conscience et provoquer le changement. Nous pensons aussi qu’il ne faut pas seulement sanctionner les agents véreux, mais il faut aussi récompenser les bons agents de la belle manière en sorte de créer une émulation. La cellule de lutte contre la corruption devrait jouer un grand rôle de sensibilisation. Mais seulement en a-t-elle les moyens?

Article lié: La corruption en milieu forestier comme elle se vit au Cameroun

Sébastien Tchebayou, Coordonnateur de FODER
Journalducameroun.com / Téclaire Ngo Nyeck)/n

Les journalistes à l’école de la gouvernance forestière

Un atelier de formation des médias publics et privés a été organisé autour du sujet du 14 au 17 octobre dernier dans la ville de Kribi

Organisé sous l’initiative de l’ONG Forêt et développement rural (FODER), cette rencontre axée sur la gouvernance forestière et les APV (accord de partenariat volontaire), avait pour but principal de mettre à la disposition des professionnels des médias tant privés que publics, des informations susceptibles d’améliorer leur connaissance sur le sujet.

FODER avait déjà fait le constat que les médias, considérés comme quatrième pouvoir, ne s’intéressent pas ou très peu au domaine forestier qui est pourtant riche en information et qui représente par ailleurs un pilier important de l’économie nationale. Ce manque d’intérêt des médias est souvent justifié par l’inaccessibilité aux bonnes informations sur la gestion forestière. C’est donc cette remarque qui motivera Foder à réunir autour d’une même table médias privés et publics afin de mieux les outiller sur la question.

L’organisation qui existe depuis deux ans s’est donné pour objectif la lutte contre l’exploitation illicite du bois, et les médias représentent pour elle un moyen de sensibilisation tant de l’autorité administrative que de la personne civile. Pour l’atteinte de cet objectif, le Foder a mis en uvre le plan d’action «Enforcement and gouvernance for sustainable forest management» en abrégé CISOPFLEG. Ce projet triennal, de l’avis du FODER permettra de réaliser l’activité 3.3 c’est-à-dire «fournir des informations sur la gouvernance des forets et des campagnes de sensibilisation nationales» et l’activité 3.4 qui est celle de «développer la capacité et motiver les médias sur la production et la diffusion des émissions avec un lien avec la gouvernance forestière et les APV-FLEGT».

Le projet qui s’étend de février 2014 à janvier 2017 a un cout d’une valeur d’un million huit cent quatre-vingt-quinze Euro, financé par l’Union Européenne et d’autres partenaires. Il est départagé entre les huit pays qui sont engagés dans ce combat de bonne gouvernance forestière, parmi lesquels cinq pays de l’Afrique de Centrale dont le Cameroun et trois autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Pour ce qui est du territoire national, le projet s’étend sur trois régions à savoir : le Centre, le Sud et le Littoral.

Les participants retiendront de cet atelier de formation qui s’est achevé le 17 octobre dernier, que la bonne gouvernance forestière doit impliquer tant l’autorité administrative qui est le grand décideur que les voix les plus vulnérables, les populations autochtones à qui les terres sont souvent arrachées. On retiendra aussi que la bonne gouvernance forestière doit prendre en compte les besoins des populations villageoises, les traditions et les cultures des peuples.


brainforest-gabon.org)/n