Cameroun : l’armée s’explique sur la fusillade à l’Eglise Presbytérienne de BALI

Un affrontement avec un groupe armé a causé la mort d’une dame. Le pasteur a écopé d’une blessure grave ainsi que les fidèles. Le Capitaine de vaisseau, Cyrille Atonfack, Chef de la Division communication au ministère de la Défense a publié le 23 août 2021, un communiqué  qui décrit ce qui s’est passé la veille  au  lieu-dit carrefour Ntanfoang, dans la région du Nord-Ouest. Ci-dessous le  message.

 

Le Ministère de la Défense communique :

« Le dimanche 22 août 2021, est apparue sur la blogosphère une vidéo virale d’un reportage amateur présentant une femme décédée et un homme grièvement blessé par balle, devant une assistance désemparée. Les auteurs de la mise en ligne de ces images macabres attribuaient l’origine des coups de feu fatals aux éléments des

Forces de Défense et de Sécurité, accusés d’avoir aveuglément tiré sur des fidèles en office religieux à l’Eglise Presbytérienne de BALI, sise lieu-dit carrefour NTANFOANG, arrondissement de BALI, département de la MEZAM, Région du Nord-Ouest.

Il n’en est rien. Absolument rien.

Le triste évènement de Bali fait suite à un échec de cohésion et de coordination entre les éléments d’une même faction criminelle terroriste désormais clairement identifiée et qui sème la mort dans le secteur de BALI. II s’agit du groupe BUFFALO’S  FIGHTERS OF BALI, aux ordres du prétendu général GRAND PA’A.

En effet, les éléments précurseurs des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) en patrouille de routine sur l’axe BATIBO-WIDIKUM ont stoppé au carrefour Ntanfoang, à hauteur de la place des fêtes de Bali, non loin de l’église presbytérienne qui fait face au Palais de Justice, dans une manouvre tactique bien précise qui a surpris les terroristes, lesquels avaient au préalable miné certains points présumés de passage des FDS.

Au moment du débarquement des éléments des FDS, un engin explosif improvisé (EEI) a été prématurément déclenché ; la déflagration a créé la débandade au sein des fidèles et des voisins de l’église. Les terroristes paniqués se sont réfugiés en plusieurs groupes, dans l’église et les bâtiments de la place, avant d’ouvrir un feu nourri et confus depuis leurs différents refuges vers l’élément précurseur de la patrouille.

II importe ici de préciser qu’aucune riposte des FDS n’a été déclenchée, les éclaireurs s’étant tactiquement abrités dans l’attente des renforts.

Au cours de la fusillade, une fidèle a été mortellement atteinte, le célébrant grièvement blessé, et un autre fidèle légèrement touché au pied. Ces derniers ont été transportés d’urgence à l’Hôpital de district de Bali pour des soins appropriés.

Les premières constatations balistiques établissent avec certitude que toutes les victimes ont été touchées par des plombs et chevrotines, munitions artisanales produites clandestinement par les terroristes.

De même, les fouilles engagées ont permis la neutralisation sur site de plusieurs EEI, dont un qui avait servi à miner l’entrée principale de l’atelier situé en plein carrefour et faisant face à l’église à l’intérieur duquel a été mis à jour un dispositif sophistiqué de préparation d’EEl, de calibrage de munitions et de canons artisanaux.

Quelques heures plus tard, la propagande sécessionniste appuyée par certains médias et organisations non gouvernementales nationales et internationales, de lignes éditoriales et d’obédiences bien connues, font chorus d’une prétendue attaque des Forces de Défense et de Sécurité contre des fidèles dans un lieu de culte à BALI ; fadaises et niaiseries que tout cela.

Ce nouvel épisode de diabolisation de nos Forces de Défense et de Sécurité semble clairement s’inscrire dans une logique visant à les démoraliser, voire les démobiliser dans la conduite de leurs missions de défense de l’intégrité territoriale du pays et de protection des personnes et de leurs biens. » /

 

Atonfack Guemo Cyrille Serges

Chef de la Division communication au ministère de la Défense

Cameroun – Maurice Kamto : « seul un dialogue sincère et inclusif mettra fin à la guerre dans le Nord- Ouest et le Sud-Ouest »

Dans le communiqué ci-dessous, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, deuxième à la présidentielle de 2018, dénonce la fusillade perpétrée le dimanche 22 août 2021 dans une Eglise et réitère son vœu de voir la conflit s’estomper définitivement.

 

COMMUNIQUE A LA SUITE DE LA FUSILLADE SURVENUE AU SEIN D’UN LIEU DE CULTE DE L’EGLISE PRESBYTERIENNE DU CAMEROUN A BALI DANS LE NORD-OUEST

« Les tirs en question auraient fait un mort et des blessés dont le Pasteur de l’église transportés d’urgence par des fidèles éplorés dans un centre hospitalier de ladite localité. Ainsi, la tragédie se poursuit dans la partie anglophone de notre pays, où les populations innocentes continuent de payer un lourd tribut à une guerre absurde.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) condamne fermement ces actes de barbarie insupportables qui endeuillent notre Nation. En cette douloureuse circonstance, j’adresse aux familles des victimes les condoléances émues du MRC auxquelles je joins les miennes propres. En même temps, sans toutefois préjuger de l’identité des auteurs de ces crimes odieux, nous rappelons que ces atrocités commises contre des civils en zone de conflit armé constituent des crimes de guerre, sévèrement punis par la législation camerounaise et le droit international.

Le MRC demande l’ouverture, sans délai, d’une enquête impartiale afin que les responsables de ces actes en répondent devant les juridictions compétentes.  Le MRC rappelle une fois de plus aux dirigeants en place du pays que seul un dialogue sincère et inclusif est de nature à mettre fin à la guerre fratricide qui déchire le Nord- Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun depuis bientôt quatre ans. »

Maurice Kamto

Fait à Yaoundé, le 22 Août 2021

 

Cameroun – Stella C. Meka Engamba : « la fusillade de l’église à Bali démontre l’exacerbation des assaillants »

Choquée par la fusillade de l’Eglise presbytérienne du Cameroun à Bali dans le Nord-Ouest, l’architecte, patronne du cabinet AR Design, constate l’exacerbation de la crise et appelle à un dialogue véritable. Ci-dessous sa tribune parvenue à notre rédaction.

 

 » Au nom de quelle revendication la fusillade dans une Eglise à Bali ce dimanche 22 aout a-t-elle pu être perpétrée ?

Aucune revendication ne saurait être justifiée en faisant couler le sang. En effet, rien ne peut justifier cet acte d’inhumanité, d’insensibilité et d’irrévérence. En arriver à ouvrir le feu au sein d’une Eglise, faisant fi du caractère sacré des vies humaines, faisant fi du lieu de culte en lui-même, lieu consacré à la Sacro-Sainte parole de Dieu et à ses mystères, c’est passer le cap de l’innommable.

Nous présentons nos condoléances attristées et notre réconfort aux familles éprouvées et condamnons fermement cet acte odieux. Par ailleurs, nous en appelons à l’ouverture d’une enquête en vue de l’interpellation des assaillants pour que la justice soit rendue au nom des victimes, au nom des libertés et au nom de l’Etat de droit.

Ne pouvant supputer de l’identité des assaillants, la nature de cet acte démontre à tout le moins l’exacerbation de ces derniers. Bien que contenue, cette exacerbation est aussi celle des populations du Cameroun tout entier relativement à des préoccupations de grande importance : crises sécuritaires et leurs corollaires, insécurité, chômage, pauvreté.

Autant de préoccupations qui font le lit au quotidien du délitement actuel de la situation sociale dans notre pays, un ras-le-bol général. C’est dire que le temps passant, les atermoiements de dialogue contribuent à repousser l’échéance d’un apaisement définitif.

En tout état de cause, I ‘heure est aux urgences: l’urgence de la réhumanisation de notre société, l’urgence de conjurer le sort, l’urgence de mettre un terme à ce cycle de morts, I ’urgence est aussi à la sécurisation multiforme des populations.

L’urgence est enfin au dialogue. Un dialogue véritablement inclusif qui permettra de trouver les équilibres consensuels susceptibles d’ouvrir la voie à la paix et à la reconstruction pour l’épanouissement de tous. »

Stella C. Meka Engamba, architecte