Face à la montée en puissance des rebelles du M23, les responsables des pays des Grands Lacs réunis à Kampala tentent de trouver une solution à la crise
Les chefs d’État de la région des Grands Lacs (RD Congo, Congo-Brazzaville, Rwanda, Ouganda, Angola, Kenya, Soudan, Burundi, Centrafrique, Tanzanie, Zambie) se sont réunis mardi 07 août 2012, à Kampala la capitale ougandaise, pour tenter de mettre sur pied une « force neutre » chargée « d’éradiquer » les groupes armés actifs qui sévissent, depuis plusieurs années, dans l’est de la RD Congo (RDC). Alors que débutait la réunion de Kampala, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, en visite à Pretoria, a exhorté les Etats d’Afrique centrale, « notamment le Rwanda », à coopérer pour priver de soutiens les mutins du M23, l’un des principaux groupes armés actifs dans l’est de la RDC. Ce sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) s’est ouvert en milieu d’après-midi, à huis clos en périphérie de la capitale ougandaise, en présence du président ougandais Yoweri Museveni, hôte de la réunion, et de ses homologues Joseph Kabila (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Jakaya Kikwete (Tanzanie) et Pierre Nkurunziza (Burundi). Le Kenya et le Soudan étaient représentés par leurs vice-présidents respectifs Kalonzo Musyoka et Adam Youssef. Kabila et Kagame, qui s’accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles hostiles, avaient tous deux accepté mi-juillet le principe d’une force impartiale dans l’est de la RDC, lors d’un précédent sommet organisé en marge d’un sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba. Il s’agissait de la première rencontre entre les deux hommes depuis la reprise des armes au Nord-Kivu des mutins du M23 en avril. Leurs relations se sont détériorées depuis cette nouvelle poussée de violences dans cette région frontalière du Rwanda.
Le M-23
Apparu au mois d’avril dernier, le M-23 (Mouvement du 23-Mars) est principalement composé de membres de l’ex-rébellion pro-tutsie du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, arrêté au Rwanda en janvier 2009, qui réclament officiellement l’application d’un accord de paix signé le 23 mars de cette année-là avec les autorités de Kinshasa. Ce dernier estime en effet que le gouvernement congolais n’en a pas respecté les termes, parmi lesquels l’intégration des ex-rebelles dans l’armée régulière congolaise (les Forces armées de RD Congo, FARDC), la reconnaissance de leur grade et l’intégration politique des membres du CNDP au sein du gouvernement central en échange de la fin des hostilités. La RDC et certains experts de l’ONU accusent aujourd’hui le Rwanda et l’Ouganda de soutenir le M-23, ce que les deux pays nient formellement. Depuis plusieurs mois, le mouvement menace d’envahir Goma (la capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC).
Les milices Maï Maï
Présents notamment dans le Nord et le Sud Kivu, les groupes armés Maï Maï (littéralement « eau eau »), divisés en plusieurs milices (Patriotes résistants congolais, Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain.), sont des combattants formés et dirigés par des seigneurs de guerre, des chefs tribaux traditionnels, des chefs de village, ou des leaders politiques locaux. L’origine de leur formation reste floue mais on attribue leur apparition à l’instabilité de l’est de la RDC qui amena les habitants des villages de la région à se constituer en milices pour se protéger. Selon une légende soigneusement entretenue par ces guerriers, les Maï Maï auraient la capacité, grâce à un rituel magique, d’être invulnérables aux armes. Selon plusieurs rapports de l’ONU, les viols de masse, massacres et autres atrocités commis par les rebelles du FDLR, mais aussi par les troupes gouvernementales, sont monnaie courante dans la région.
