Cameroun – grève des avocats : désordre dans les rangs du Barreau

Un groupe d’avocats dénonce l’iniquité dans la résolution prise par le Barreau du Cameroun qui a suspendu jusqu’à nouvel avis, toute Intervention devant un certain nombre de juridictions.

Tous les avocats devraient observer la grève actuelle, selon un groupe d’avocat qui exprime son mécontentement dans une lettre adressée le 26 novembre 2020 à madame le Bâtonnier par intérim de l’Ordre des avocats du Cameroun.

Me Louis Gabriel Eyangoh, Me Mbita Blaise et plusieurs autres confrères, à la suspension exclusive de certaines des interventions devant les juridictions statuant en matière criminelle, y compris la Cour Suprême,  au Tribunal Criminel Spécial, et dans les Juridictions statuant en matière de contentieux électoral y compris le Conseil Constitutionnel. Il s’agit selon eux d’une mesure discriminatoire, nocive pour les avocats qui  interviennent en majeure partie devant ces juridictions.

Les avocats indignés soupçonnent «  un dessein inavoué d’empêcher une catégorie d’avocats d’assurer la défense des interdits de certains de leurs clients, dans le cadre des contentieux bien spécifiques ? Le contentieux électoral en particulier qui, en raison des délais impératifs qu’impose le code électoral, est insusceptible d’être ajourné ».

Ils adressent les interrogations suivantes au Bâtonnier :

  • Comment expliquerez-vous à un avocat qui ne pratique que le contentieux criminel, qui ne puisse pas travailler pour subvenir à ses besoins, pendant qu’en face, son confrère qui s’est spécialisé au civil et autres matières non concernées par l’article 3 ci-dessus visé, vaquera normalement à ses occupations professionnelles et gagnera noblement sa vie ?
  • Comment expliquerez-vous aux avocats qui ont tait du contentieux électoral une spécialité, qui ne pourront saisir l’opportunité qui s’offre à eux tous les cinq ans de pratiquer lors du contentieux électoral qui s’ouvrira à l’occasion de réélection des conseillers régionaux du 06 décembre 2020, pendant qu’en face, leurs confrères non concernés par ce contentieux et ceux visés par le fameux article 3, exerceront normalement la profession et gagneront noblement leur vie ?
  • Comment expliquez-vous aux Avocats, que le Conseil de l’ordre, dont l’une des missions est d’encadrer et protéger l’ensemble des Avocats en leur assurant un libre exercice de la profession, soit cet Organe qui par ses décisions, discrimine l’accès des Avocats aux juridictions?
  • Comment expliquerez-vous aux Avocats, les motivations ayant justifié que seules les juridictions visées par l’article 3 de la résolution aient retenu l’attention du Conseil de l’ordre ?

Rappelons que depuis hier, 30 novembre 2020, les avocats inscrits au Barreau du Cameroun observent une suspension du port de la robe noire jusqu’au 4 décembre prochain. Ce malgré la libération de leurs confrères victimes de violences policières au Tribunal de Première Instance de Douala-Bonanjo le 10 novembre dernier.

Cameroun : grève d’ampleur des avocats contre le viol du droit de la défense

Les avocats camerounais prévoient une grève de cinq jours pour protester contre les abus dont ils sont victimes, et plusieurs autres dysfonctionnements de l’appareil judiciaire.

Les avocats annoncent une grève du  16 au 20 septembre sur toute l’étendue du territoire camerounais.

L’information est précisée dans une résolution du conseil de l’ordre tenu le samedi 31 aout à Yaoundé.

Dans le document, les avocats constatent que plusieurs membres de leur corps sont victimes d’interpellations et de détentions arbitraires au sein des unités de gendarmeries et de police du pays.

Ils notent également une récurrence des violences physiques sur leurs pairs perpétrées par les forces de l’ordre, ainsi que  le refus -qui leur est imposé- d’accéder à leurs clients dans les lieux de détention.

Plus loin, le document signé par le bâtonnier Me Tchakoute Patie Charles et les 12 avocats membres du Conseil de l’ordre  dénonce le viol délibéré des droits de la défense au Cameroun.

Pour ce dernier point, dans le détail,  le document cite des faits tels que l’audition des débats dans les langues autres que celles des personnes poursuivies, la comparution nus des détenus aux audiences publiques , le maintien abusif en détention de certains individus malgré les décisions de mise en liberté.

Au delà de cette grève annoncée, les avocats indiquent que plusieurs autres mesures pourraient être prise s’il y’a lieu.

Il faut préciser que ce n’est pas la première fois que les avocats entrent en grève au Cameroun. La plus retentissante dans l’histoire du pays est celle menée par les avocats anglophones à Bamenda en octobre 2016.

Cette protestation des avocats  anglophones de 2016 peut être considérée comme le catalyseur à l’origine de la grave crise socio-politique qui paralyse les 2 régions anglophones du pays.