Les Etats-Unis dénoncent l’absence des pouvoirs judiciaire et législatif au Cameroun

Dans son rapport 2014 sur la situation des droits de l’homme au Cameroun, le département d’Etat évoque également le cas Guerandi Mbara, le «prisonnier politique» Marafa Hamidou Yaya, etc.

C’est presqu’un brûlot que les Etats-Unis viennent de produire sur le Cameroun. Sur les 41 pages du rapport 2014 sur la situation des droits de l’homme au Cameroun, publié par le département d’Etat américain (équivalent du ministère des Relations extérieures ici), très peu de points positifs sont mis au compte du pays que dirige Paul Biya depuis 1982. Et le président en prend lui-même pour son grade au début de ce rapport rédigé en anglais.

«Le Cameroun est une République dominée par une présidence forte.» «Dans la pratique, le président détient le pouvoir pour contrôler la législation», observent les auteurs du rapport. Si la Constitution de janvier 1996 parle de trois pouvoirs au Cameroun (exécutif, législatif et judiciaire), principe régulièrement défendu par certains ministres, le département d’Etat indique pour sa part que l’Exécutif prime sur tous les autres. «Le président Biya et les membres du RDPC, cependant, contrôlent les aspects clés du processus politique y compris le judiciaire», peut-on relever à un autre endroit du rapport.

Le département d’Etat américain décrit un pouvoir présidentiel très «fort». «Le président nomme tous les ministres y compris le Premier ministre, et nomme également les gouverneurs de chacune des 10 régions du Cameroun, qui représentent en général les intérêts du RDPC. Le président a le pouvoir de nommer d’importants membres des 58 structures administratives régionales. Le gouvernement paie les salaires (surtout) des chefs traditionnels ce qui crée un système de patronage», relève le département d’Etat.

Les Américains regrettent par ailleurs que les 286 groupes ethniques du Cameroun ne soient pas proportionnellement représentés dans l’administration et d’autres instances du pays. «Les membres du groupe ethnique Beti/Bulu du Sud, dont est originaire le président, occupent des postes clés et sont disproportionnellement représentés dans le gouvernement, les entreprises publiques, et le RDPC, parti au pouvoir», lit-on dans le rapport.

De manière générale, en dehors de ces questions politiques suscitées qui ne sont pas l’objet du rapport, le département d’Etat américain dénonce: Les conditions de détentions des prisonniers, la mauvaise qualité de la nourriture à eux servis, le racket organisé par les gardiens de prison; le travail des enfants; les arrestations et détentions arbitraires; le prolongement des détentions provisoires dans les affaires judiciaires; le harcèlement des journalistes; la restriction de la liberté d’expression pour la presse; les entraves à la liberté de mouvement; le niveau de corruption dans le pays; la discrimination contre les homosexuels; les abus commis par les forces de défense et de sécurité, parfois sous le sceau de la lutte contre Boko Haram, pour l’essentiel. En le parcourant, on constate que le rapport est basé sur les articles de médias, les rapports des ONG et des institutions gouvernementales.

Dans le détail de certaines critiques formulées contre le Cameroun
Sur le point des arrestations et détentions arbitraires, les Américains notent l’arrestation le 09 août 2014 à Douala de Aboubakar Sidiki et le 26 août 2014 de Abdoulaye Harissou, notaire arrêté à Maroua. Les deux personnalités ont été transférées à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui le 26 septembre, et inculpées en octobre pour divers chefs d’accusation, dont celui d’«hostilité contre la patrie et révolution».

Le rapport dénonce aussi les délais qui ne sont pas respectés en ce qui concerne la détention provisoire, fixée à 18 mois au maximum au Cameroun. Il s’appuie notamment sur le cas de Henri Engoulou, l’ancien ministre délégué aux Finances, en charge du budget, décédé à Yaoundé le 08 mai 2014, d’une fièvre typhoïde après plus de quatre ans d’incarcération en attendant son procès.

«Il n’y a pas de statistiques disponibles sur le nombre de prisonniers politiques» au Cameroun, mentionne le rapport au chapitre consacré aux détenus et prisonniers politiques. Ces personnes sont incarcérées «sous haute sécurité», souvent au Secrétariat d’Etat à la Défense, décrivent les auteurs du rapport. Le département d’Etat cite ainsi le nom de Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, condamné en 2012 à 25 ans d’emprisonnement pour des faits liés à un détournement de deniers publics. Comment on peut le relever dans le rapport, M. Marafa est considéré par les Américains comme un prisonnier politique en vertu du fait que le gouvernement aurait refusé à plusieurs ONG au courant de l’année de lui rendre visite.

L’autre nom cité par le rapport c’est celui de Michel Thierry Atangana, Franco-camerounais libéré en février 2014, grâce à un décret présidentiel de remise de peine, après 17 années passées en prison. «Des défenseurs des droits de l’homme ont considéré que l’arrestation et la condamnation de Michel Thierry Atangana étaient politiquement motivées», écrivent les auteurs du rapport.

Sur les disparitions, le département d’Etat indique qu’il n’y a pas véritablement de disparitions observées pour des raisons politiques à l’exception du capitaine Guerandi Goulongo Mbara, un ancien putschiste dont «l’enlèvement» par les services de renseignement a été signalé par le magazine Jeune Afrique en date du 15 septembre 2014. RFI a annoncé qu’il a été exécuté en janvier 2013, mais le gouvernement n’a pas répondu à ces allégations à la fin de l’année 2014, relève le rapport.


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Libertés civiles
D’après le constat du département d’Etat américain, les officiels du gouvernement refusent un accès à la liberté d’expression pour des personnes souvent opposées aux points de vue du gouvernement ou qui critiquent régulièrement les politiques publiques. Les interdictions de manifestations publiques et autres meetings sont les points illustrés dans le rapport.

En ce qui concerne la liberté de la presse, les Américains relèvent que les journalistes font régulièrement l’objet de pression. Ils évoquent l’inculpation de Rodrigue Tongue, ancien journaliste au quotidien Le Messager; Felix Ebole Bola, de Mutations; et l’enseignant Baba Wame, inculpés pour «non dénonciation» par le tribunal militaire en octobre 2014.

Le rapport souligne également que les médias publics et privés ne bénéficient pas d’un même traitement pour la couverture d’événements officiels. Les événements organisés à la présidence, dans les services du Premier ministre et les voyages présidentiels sont réservés à une poignée de médias alors que le ministère de la Communication se targue de l’existence de plus de 650 journaux et 200 radios dans le pays.

La corruption est un «problème»
Travail des enfants, sous-représentation des femmes en politique, protection des minorités ethniques, etc. le rapport examine un panorama de questions que lesquelles le gouvernement devrait mettre plus d’attention.

La département d’Etat relève l’entrave à la liberté de mouvement avec les contrôles à répétition des forces de sécurité, qui en profitent régulièrement pour extorquer des fonds aux voyageurs sur certains axes.

Le rapport fait aussi mention de cas de viols dans les camps de réfugiés, dénoncés par des ONG, mais malheureusement impunis.

Malgré un environnement hostile, le rapport relève que de nombreuses ONG continuent de lutter pour la défense des droits des minorités sexuelles (lesbiennes, gays), non reconnus cependant par le code pénal camerounais.

Quelques points positifs sont accordés au gouvernement camerounais, notamment la protection que le pays accorde aux réfugiés; et la liberté de communication en ligne. Aucune censure n’est signalée. Le taux de pénétration d’Internet se situait, selon les données obtenues par le département d’Etat américain, à 5,7% en 2014.

Mais le Cameroun a encore maille à se départir d’un problème sérieux au quotidien: la corruption. «La corruption est présente à tous les niveaux du gouvernement» écrit le département d’Etat, c’est même un mal «sérieux», souligne-t-il. En dépit de ce qui est marqué dans la Constitution, Le département d’Etat regrette que le président n’ait pas encore signé le décret exigeant aux officiels de déclarer leurs biens.

Consulter le rapport du Département d’Etat sur les droits de l’Homme au Cameroun en 2014


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L’affaire Guerandi bientôt devant la justice internationale

Par René Dassié, Secrétaire à la Communication du MAC

Communiqué de presse
Le Mouvement pour l’Alternance au Cameroun (MAC) informe la presse nationale et internationale qu’il saisira, dès le mois de février, toutes les instances nationales et internationales compétentes en matière des droits de l’Homme et de justice pour attirer leur attention sur la disparition non élucidée de Monsieur Guerandi MBARA GOULONGO, opposant politique camerounais exilé au Burkina Faso depuis 1984.

Cette initiative citoyenne, en phase avec les idéaux d’alternance, de démocratie et de justice du MAC, survient quatre mois après les graves révélations de l’hebdomadaire Jeune Afrique au sujet Monsieur Guerandi MBARA GOULONGO. En effet, dans son édition N° 2801 du 14 au 20 septembre 2014, Jeune Afrique consacrait à cet opposant en exil depuis une trentaine d’année sa grande Une, sous ce titre : « Cameroun : le fantôme d’Etoudi ». Avec force détails, le journal racontait comment cet homme qui s’était reconverti dans l’enseignement universitaire après un doctorat en sciences politiques obtenu à Paris avait été piégé, drogué et exfiltré par avion spécial vers le Cameroun où il aurait été exécuté. L’hebdomadaire paraissant à Paris s’appuyait notamment sur le témoignage d’un mercenaire portugais du nom de José Alberto FERNANDES ABRANTES, qui confiait avoir participé à l’opération, pour le compte des autorités de Yaoundé.

Dans un État de droit, ces révélations gravissimes auraient suscité une réaction immédiate du gouvernement mis en cause. Or, malgré la surmédiatisation de l’affaire, l’interpellation des partis de l’opposition, de la société civile, des organisations de la diaspora, le gouvernement de Yaoundé, d’habitude prompt à monter au créneau pour se défendre chaque fois qu’il est mis en cause dans la moindre affaire, s’est illustré par un silence assourdissant. Même la demande plusieurs fois réitérée d’ouvrir une enquête parlementaire n’a reçu aucun écho favorable.

Face à cette situation de violation des droits de l’Homme qui tombe sous le coup de nombreuses conventions internationales dont le Cameroun est signataire, notamment celle contre les disparitions forcées, le MAC entend saisir formellement les instances judiciaires du Cameroun, de la CEMAC, de l’Union Africaine, les commissions spécialisées de l’ONU. Mais aussi toutes les organisations des droits de l’Homme susceptibles d’aider à la manifestation de la vérité dans cette affaire qui apparaît de plus en plus clairement comme un crime d’État.

Le MAC engagera avec détermination toutes les actions susceptibles d’obliger le gouvernement camerounais à livrer sa version des faits et à traduire en justice les coupables au cas où M. Guerandi aurait été assassiné.

Enfin, le MAC s’engage à mettre sur pied un système de vigilance, pour prévenir les enlèvements d’opposants camerounais.

https://www.facebook.com/MACCameroun?fref=ts Lancé officiellement le 4 janvier 2015, le MAC est mouvement citoyen politique qui regroupe diverses forces politiques et sociales, qui militent pour une alternance pacifique au sommet de l’État du Cameroun d’ici 2018. Le Mac entend promouvoir une alternance basée sur un nouveau contrat de confiance entre les gouvernants et les citoyens pour un changement systémique au Cameroun.

Guérandi Mbara
Youtube)/n

Disparition de Guerandi: le CODE reçu à l’Ambassade du Burkina Faso

Par le C.O.D.E.

Une délégation des membres du CODE (Collectif Démocratique et Patriotique des Camerounais de la Diaspora) a été reçue à leur demande le jeudi 23 octobre à l’Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles. L’objet de cette audience était de parler de vive voix avec frères Burkinabé de la disparition du Capitaine Guerandi Mbara.

La délégation du CODE était composée du Secrétaire National à l’Organisation Marcel Tchangue, du secrétaire général Simplice Kameni et du secrétaire à la Communication Roufaou Oumarou. Ils ont été reçus par Monsieur le Ministre Conseiller Dieudonné Kere du Service Politique et Madame Nebie du Service Consulaire.

Au cours de l’audience, les représentants du CODE ont eu des échanges très fructueux avec deux hauts responsables de l’Ambassade du Burkina auprès du Royaume de Belgique. Ils ont expliqué de vive voix aux frères Burkinabé la préoccupation de l’opinion publique camerounaise suite à la disparition du Dr. Guerandi Mbara ainsi que les actions politiques et diplomatiques entreprises pour faire la lumière sur cette disparition, sans oublier de préciser ce qu’ils espèrent de l’Etat Burkinabé.

Le Capitaine Guérandi Mbara était le seul survivant parmi les principaux auteurs du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 contre le Président camerounais Paul Biya. Après avoir échappé à la répression, il s’était réfugié au Burkina Faso où il vécut pendant plus de 28 ans, jusqu’à sa disparition début 2013.

Dans son édition n°2801 du 14 au 20 septembre 2014, le Journal Jeune Afrique, après des enquêtes journalistiques menées au Cameroun et en Europe apprend à l’opinion publique que l’e- membre des forces armées camerounaises et opposant en exil au Président Paul Biya a été enlevé le 25 janvier 2013 à Sofia en Bulgarie puis drogué et ramené de force au Cameroun, vers Douala notamment, pour être livré aux services spéciaux camerounais entre les localités de Puma et d’Édéa. Il aurait été par la suite sommairement exécuté et inhumé clandestinement.
Depuis la publication de cette information le CODE travaille méthodiquement au Cameroun et à l’étranger pour apporter la lumière sur le sort du Capitaine Guérandi et livrer à la Justice ceux qui seraient responsables de son enlèvement et de son assassinat.

Dans les semaines à venir le CODE, qui sera également reçu à la Commission et au Parlement Européen, mènera en collaboration avec ses partenaires locaux des actions et enquêtes sur le terrain dans les différents pays européens cités dans l’article de Jeune Afrique.

La Cellule de Communication du Code


CODE)/n

Boko Haram, Guérandi Mbara, Me Harissou: Le point de vue du MRC

Par Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun

Conférence du Président National du MRC sur quelques questions majeures d’actualité affectant la vie de la Nation Camerounaise.
La présente conférence de presse a pour but de donner la position du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) sur quelques questions d’actualité qui affectent ou sont de nature à affecter gravement la vie de la Nation : d’abord, du point de vue de sa sécurité et de sa stabilité, ensuite du point de vue de son unité et de sa cohésion, enfin du point de vue de son image et de sa respectabilité internationales. Ces sujets sont au nombre de quatre : la déclaration de guerre au groupe armé extrémiste Boko Haram ; les arrestations extrajudiciaires de Me Abdoulaye HARISSOU et de M. Aboubakar SIDIKI; les allégations de l’enlèvement et de l’exécution extrajudiciaires de M. Guérandi MBARA; l’affaire Célestin YANDAL et les menaces qui pèsent sur les libertés civiles et politiques au Cameroun.

I – Sur la déclaration de guerre à Boko Haram faite à l’étranger et la cacophonie de certains hauts responsables du pays dans sa gestion politique
Depuis quelques mois, le Cameroun est l’objet d’attaques barbares dans les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est de son territoire. Ces attaques attribuées notamment à la secte islamiste Boko Haram ont déjà endeuillé plusieurs familles camerounaises et plongé dans la torpeur de nombreuses autres. Aux familles ainsi endeuillées, notamment à celles de nos courageux soldats morts au front, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) présente une fois de plus ses très sincères condoléances. A nos vaillants soldats engagés sur les différents fronts, le MRC exprime son soutien total et indéfectible et les exhorte à combattre sans faiblesse les illuminés qui sèment la désolation, la tristesse et la mort parmi nos paisibles populations. Que les blessées, les déplacés et les nombreux enfants encore hors des salles de classe en ce mois de rentrée scolaire, reçoivent ma compassion ainsi que celle des militantes et militants de notre parti.

C’est dans ce contexte de violence aveugle que, lors du sommet de Paris du 17 mai 2014 pour la sécurité au Nigeria, réunissant autour du Président français les Présidents du Benin, du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad, les représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union Européenne, le Président de la République, M. Paul BIYA, a déclaré à la presse qu’il engageait le pays dans la guerre contre Boko Haram. S’il est incontestable que notre Constitution réserve au Chef de l’Etat ce privilège suprême, le lieu de la déclaration de cette guerre tout comme sa gestion politique interpelle.

A part sa déclaration de soutien à nos forces de défense et l’expression ses condoléances et de sa compassion aux familles éprouvées, le MRC s’est jusqu’ici abstenu de tout commentaire, propos, ou action susceptible de gêner l’action du Gouvernement dans cette guerre contre Boko Haram et le gestion d’autres périls à nos frontières.

En s’accordant le recul nécessaire pour apprécier la situation, le MRC a cependant cherché en vain quel était l’intérêt stratégique, tactique, politique ou diplomatique de cette déclaration de guerre faite depuis l’étranger, très loin des Camerounais de qui le Président de la République a reçu le mandat d’agir en leurs noms.

Après avoir engagé le pays dans la guerre depuis la France, la Nation attendait que le Président de la République, Chef de l’Etat et Chef des Armées, prenne la parole pour lui donner des informations, notamment sur les ennemis de la patrie et leurs buts de guerre, et sur les contours de la mobilisation attendue des citoyennes et des citoyens camerounais. Force est de constater que quatre mois plus tard, le Chef de l’Etat n’a toujours pas jugé utile de s’adresser à la Nation, même pas à travers la représentation nationale ou par un simple communiqué de presse.

Ce silence du Chef d’Etat, au moment où nos compatriotes meurent aux combats et où les populations sont désemparées, créé une situation politique trouble et incertaine. Vu de l’étranger, une telle situation laisse perplexe et interroge sur l’adhésion des dirigeants de notre pays à l’obligation de rendre compte qui, avec la responsabilité, fondent l’autorité dans les sociétés politiques modernes.

Ce mutisme a favorisé l’éclatement au grand jour des luttes de succession au coeur de l’appareil d’Etat, créant au sein des institutions de la République une vraie cacophonie qui n’est pas de nature à maintenir la sérénité parmi les populations. En effet, entre les motions de soutien et les serments inutiles qui polluent l’atmosphère politique au moment où la Nation a besoin d’être rassemblée, et les déclarations maladroites de certaines personnalités de premier plan qui divisent notre peuple, les Camerounais sont désormais en droit de demander au Président de la République, contre qui leurs soldats se battent vraiment.

Il y a désormais une obligation de prise de parole publique et solennelle du Chef de l’Etat, Chef des Armées. Le Président de la République ne peut pas, alors que les membres de son Gouvernement et des personnalités importantes de son système politique se déchirent en public sur l’identité réelle ou supposée des ennemis de la patrie et sur leurs complices, continuer à garder le silence sans assumer la responsabilité d’une grave faute politique. Même le moral de nos soldats engagés aux combats dépend désormais de cette clarification attendue du Président de la République, lui qui est la personnalité la plus et, sans doute, la mieux renseignée du pays. Il est important pour le peuple qui se sent pris en otage et surtout, qui a le sentiment que ceux qui gouvernent lui cachent des éléments de compréhension de ce qui se joue en particulier dans la Région de l’Extrême-Nord, de savoir la vérité.

II – Sur les arrestations extrajudiciaires de Me Abdoulaye HARISSOU et de M. Aboubakar SIDIKI
Comme pour jeter plus de trouble sur la situation dans laquelle est plongé le Cameroun, le 27 août 2014, les médias ont annoncé l’arrestation, dans les bureaux du Gouverneur de l’Extrême-Nord, par des éléments de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), de Maître Abdoulaye HARISSOU, Notaire installé à Maroua, président honoraire de la Chambre des Notaires du Cameroun, président de la Commission du Groupe de Travail à l’Union Internationale du Notariat, et Secrétaire général de l’Association du Notariat Francophone (ANF).

A ce jour, aucun Procureur de la République ni un responsable gouvernemental n’a pris la parole pour dire à la Nation de quoi est accusée cette personnalité bien connue de notre pays. Pourtant, ni sa personnalité, ni le contexte de son arrestation, ni le service qui l’a arrêté, ni le lieu où il a été arrêté, ni les rumeurs sur les mobiles de cette arrestation – en l’occurrence, selon certains journaux, la « tentative de déstabilisation du Cameroun à partir des pays voisins », – n’autorisent le Gouvernement à garder le silence.

Le 9 août 2014, M. Aboubakar Sidiki, Président du Mouvement Patriote du Salut Camerounais (MPSC), avait déjà été arrêté à Douala par des éléments de la même DGRE.

Le silence des autorités judiciaires et des responsables gouvernementaux sur le sort de Me Harrisou et sur celui de M. Aboubakar SIDIKI, leader politique connu, et l’absence de toute procédure judiciaire officielle contre eux transforment ces arrestations en enlèvements extrajudiciaires. De plus, l’implication dans ces opérations des services de renseignement, alors même que la police judiciaire pouvait, sous les ordres du parquet, se saisir de ces cas, donne à ces enlèvements extrajudiciaires un caractère politique que le silence du Gouvernement ne fait que renforcer. Dans le contexte sécuritaire et politique actuel du pays, où des responsables importants du régime ont publiquement insinué et assumé la thèse du complot, le règne de la suspicion et la chasse à l’ennemi intérieur gagnent du terrain alors que le pays est en guerre. Dans l’intérêt supérieur de la Nation, les autorités judiciaires doivent prendre leurs responsabilités face à l’histoire.

Ces enlèvement extrajudiciaires alourdissent le climat politique, ternissent l’image de notre pays au plan international et sont de nature à discréditer les services de l’Etat. Quels que soient les faits pour lesquels ces compatriotes sont interpelés, les lois de la République, qui règlent les conditions d’arrestation et de détention et protègent les droits de tous les citoyens, doivent être observées.

III- Sur les allégations de l’enlèvement et de l’exécution extrajudiciaires de M. Guerandi MBARA
L’opinion nationale et internationale a appris, par un journal étranger dont l’article a été abondamment repris et commenté dans notre pays, le récit de l’enlèvement et de la mise à mort allégués de M. Guerandi MBARA par des éléments de la DGRE avec la complicité active d’un certain M. Georges STARCKMANN, marchand d’armes vivant en France, et d’un certain M. Alberto FERNANDES ABRANTES, un colonel portugais à la retraite. Ce récit, qui fournit à la justice camerounaise toutes les informations susceptibles de permettre l’ouverture d’une enquête, n’a pas encore été démenti par le Gouvernement plus d’une semaine après sa publication.
Le peuple camerounais et les observateurs internationaux ont, une fois de plus, du mal à comprendre le silence du Chef de l’Etat dans une affaire aussi grave. Le silence embarrassé du Gouvernement inquiète plus qu’il ne rassure. Même si le journal étranger en question avait raconté une fable – ce dont on peut douter au regard de son sérieux-, il est urgent pour le Chef de l’Etat, dans ce cas comme dans les précédents, de tirer la situation au clair dans l’intérêt de notre pays.

Le MRC rappelle que ce qu’il est convenu d’appeler l’«affaire Guerandi MBARA», si elle était avérée, constituerait une violation manifeste par l’Etat du Cameroun de ses obligations en matière du respect des droits de la personne humaine, notamment:

-au titre des instruments internationaux: la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants de 1984, la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires de 1989, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées de 2006, la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples de 1981 ;

-au titre de la législation nationale, en particulier : la Constitution, le Code pénal et le Code de procédure pénale.
En tout état de cause, cela constituerait une dérive dangereuse et inquiétante du régime en place.

Afin de mettre un terme aux rumeurs et autres spéculations qui enflent face au mutisme du Gouvernement dans cette affaire – qui pour le moment fait peser sur la DGRE et le pouvoir de lourdes allégations d’enlèvement et d’exécution extrajudiciaire – le MRC demande la mise en place rapide d’une Commission internationale d’enquête indépendante. Car, les faits allégués se seraient déroulés dans plusieurs pays, concerneraient des personnes de différentes nationalités, et mettent en cause le Gouvernement camerounais qui, dans ces conditions, ne pourrait pas conduire avec efficacité une enquête impartiale. La Commission proposée devrait avoir pour mission:

-d’infirmer ou de confirmer ces graves allégations d’enlèvement et d’exécution extrajudiciaire et le cas échéant, d’établir la chaîne de responsabilité ainsi que les responsabilités individuelles tant nationales qu’internationales ;

– ‘enquêter sur la véracité du décaissement de 350.000 Euros (229.600.000frs CFA) pour financer ce présumé assassinat.
Le MRC propose en outre la création d’une Commission d’enquête parlementaire (nationale) afin d’enquêter sur l’utilisation de la DGRE et d’autres services de renseignement de notre pays par le pouvoir à des fins politiques.

IV -Sur l’affaire Célestin YANDAL et les menaces qui pèsent sur les libertés civiles et politiques au Cameroun
M. Célestin YANDAL, jeune enseignant, président du Collectif des jeunes de Touboro et tête de liste UNDP lors des élections législatives et municipales de septembre 2013, a été arrêté le 30 novembre 2013 puis, après quelques péripéties, mis sous mandant de dépôt à la prison de Tcholliré, avant d’être transféré à la prison de Garoua où il est encore retenu sans jugement à ce jour.

Cette arrestation se situe dans le cadre des luttes politiques violentes qui ont opposé de façon dramatique, avant et après les élections couplées de septembre 2013, les militants de l’UNDP à ceux du RDPC, deux partis politiques pourtant alliés au sein du Gouvernement. Ces violences politiques ayant conduit à des morts d’homme, le MRC renouvelle ses condoléances aux familles des victimes et engagent les différents acteurs de la scène politique de notre pays à faire cause commune autour de la vision d’un jeu démocratique respectueux de l’adversaire et d’un changement dans la paix, tant au niveau national qu’au niveau local.

Faute d’information officielle, le MRC ne peut, à ce stade, relayer que des informations provenant des médias. Il serait reproché à ce jeune leader politique du département de Mayo Rey d’être le symbole de la dénonciation des exactions et des injustices dont seraient victimes, et ce depuis longtemps, une partie de la population de la part des responsables locaux du RDPC.

La gestion de cette affaire semble conforter le caractère politique de la détention de M. YANDAL. En effet, son principal crime serait d’avoir revendiqué le respect de l’Etat de droit face à un pouvoir traditionnel hissé au-dessus des lois de la République, et d’avoir osé s’opposer à l’immixtion de l’autorité administrative dans le fonctionnement de la Commune de Touboro dont son parti venait de prendre les rennes.

Le MRC en appelle au pouvoir afin qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour, d’une part, mettre fin au calvaire de Marcel YANDAL en ordonnant sa libération, et, d’autre part, réparer le préjudice sévère qu’il a subi et continue de subir, à la fois comme citoyen libre de participer à la vie politique de son pays et en tant que jeune enseignant ayant une carrière à construire.

Cette affaire YANDAL vient à la suite de plusieurs autres mettre en lumière la difficulté de mener une activité politique libre et indépendante du pouvoir dans notre pays, sans risquer divers types de vexations et d’exactions. Le Cameroun se met ainsi lentement et progressivement sur une pente préoccupante, où les dérives débouchant parfois sur des atrocités nous interpellent tous; car nul n’est à l’abri dans un contexte de dérapage autocratique, même pas ceux se sont convertis en serviteurs zélés et cyniques d’un tel système.

C’est pourquoi le MRC tient à rappeler notre devoir de vigilance collective et de solidarité avec les victimes, et à alerter le peuple camerounais et la communauté internationale sur les conséquences imprévisibles de l’accumulation de telles pratiques sur la paix, la stabilité politique et le progrès économique de notre pays.

Le Président National du MRC, Pr. Maurice KAMTO

Maurice Kamto, président national du MRC
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Mgr Samuel Kleda nie sa parenté avec Guerandi Mbara

L’archevêque de Douala conteste l’article du magazine Jeune Afrique qui révéle qu’il est son «cousin»

L’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, conteste la filiation que le magazine Jeune Afrique, paru cette semaine, lui prête avec le capitaine Guérandi Mbara, un des militaires qui avaient tenté de détrôner Paul Biya par un coup d’Etat en 1984. «Je croyais que Jeune Afrique était un journal sérieux. Malheureusement, je me rends compte que tous les journaux sont des diffuseurs de mensonges. Cet homme n’est pas mon cousin ; à moins que Jeune Afrique ne crée ce nouveau lien de parenté», soutient l’archevêque de la métropole économique, dans les colonnes du journal Ouest Littoral, édition du 16 septembre 2014.

«A moins qu’à la suite de Saint Pierre, il ait décidé de renier son « cousin », qui peut penser qu’un démenti aussi clair, sorti d’une « pieuse bouche », soit en contradiction avec la pure réalité», écrit le directeur de la publication Ouest Littoral, Benjamin Zebaze. Pour ce dernier, «Les déclarations de l’homme de Dieu nous conforte dans l’idée que derrière cet article, se cache quelque chose de plus pervers que l’avenir se chargera de mettre à nu».

Dans son édition hebdomadaire, du 14 au 20 septembre 2014, l’hebdomadaire Jeune Afrique a publié une enquête sur l’enlèvement de l’ex-capitaine Guérandi Mbara, exilé au Burkina Faso depuis juin 1984, par les services de renseignements camerounais. Parti acheter des armes en Europe, selon la version que donne Jeune Afrique, Guérandi Mbara aurait été drogué puis transféré au Cameroun depuis janvier 2013. C’est le 25 janvier précisément, qu’il aurait été remis aux officiers de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE).

«Au Cameroun, seule sa famille, dont son cousin, Samuel Kléda, l’archevêque de Douala, ose pleurer cet homme obnubilé par le pouvoir», écrit Jeune Afrique à la fin de cette enquête. Ce que le concerné réfute.

Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala
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Comment les services de renseignements ont capturé le capitaine Guerandi Mbara

Selon une enquête publiée dans Jeune Afrique, l’ex-putschiste a été drogué et transféré au Cameroun lors d’une transaction qu’il croyait destinée à l’achat d’armes

Selon une enquête publiée dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, édition du 14 au 20 septembre 2014 et intitulée «Cameroun: Enquête sur une affaire d’Etat», Guérandi Mbara – l’un des cerveaux du putsch manqué de 1984 contre Paul Biya et l’un des derniers survivants de ce coup d’Etat – est, depuis janvier 2013, aux mains des services de renseignement camerounais. Mort ou encore en vie, le magazine ne répond pas toutefois à la question.

Pour l’hebdomadaire qui n’utilise pas le conditionnel dans son enquête, Guerandi est parti de l’aéroport de Sofia en Bulgarie le 25 janvier 2013 à bord d’un petit avion conduit par des pilotes macédoniens, croyant se rendre en Russie pour rencontrer un vendeur d’armes. C’est que l’ex-capitaine de l’armée camerounaise, exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1984, nourrissait toujours le désir de voir partir Paul Biya du pouvoir, par les armes. A bord de l’avion, il sera plutôt drogué avec un sédatif et conduit.à l’aéroport international de Douala par ses convoyeurs. Arrivé le 26 janvier au matin, il a été remis à une équipe de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), «dirigée par le commissaire James Elong Lobé], quelque part sur la route entre Edéa et Pouma», précise Jeune Afrique. Et depuis, plus de nouvelles de l’opposant.

A l’origine du traquenard
Militaire et fils de militaire Kirdi, Guérandi Mbara est issu de la promotion 1974 de l’Ecole militaire interarmées (EMIA) de Yaoundé avec Thomas Sankara et Blaise Compaoré. C’est ce dernier, président de la République du Burkina Faso, qui consentira à accueillir ce capitaine âgé de 30 ans à l’époque, le 5 juin 1984, après le putsch manqué d’avril de la même année, lequel putsch avait vu de nombreux militaires fusillés par la suite. Au Burkina Faso, Guerandi Mbara développe sereinement ses relations, se rendant en Occident à sa guise. Il obtiendra même un doctorat en Sciences politiques en France, à l’Université Paris-Descartes, en 1997.

Le début de la fin pour cet opposant de Paul Biya jusqu’à la moelle, intervient en 2012 lorsqu’il rentre en contact, à Paris, avec Georges Starckmann. Un dealer d’armes qui a mené quelques activités sur le continent: notamment en Côte d’Ivoire, au Biafra et même au Cameroun. «Devant Starckman donc, Guérandi Mbara se vante. Il dit disposer de 2000 hommes prêts à renverser Paul Biya et assure qu’il a un plan d’attaque détaillé. Une vidéo de la conversation serait parvenue aux services camerounais», écrit Jeune Afrique.

Starckman décide de revendre l’information au Cameroun, contre une prime de 500.000 euros. L’objectif est d’amadouer Guerandi pour le remettre aux autorités camerounaises. Après avoir perçu 350.000 euros, il recommande, pour la besogne, de s’attacher les services d’un colonel portugais, José Alberto Fernando Abrantes. Ancien de la sécurité de l’ambassade du Portugal en Côte d’Ivoire, ce colonel installé au Cameroun est en relation à cette époque avec la DGRE pour des «services».


C’est donc lui qui va exécuter la mission. «En dix mois, une trentaine de voyages et de rencontres seront nécessaires pour approcher, mettre en confiance et neutraliser l’opposant camerounais», poursuit Jeune Afrique. La première fois, le 14 janvier 2013, Guérandi accepte de rendre à Porto pour rencontrer Abrantes lequel devait officiellement le conduire en Russie pour son besoin.

Le plan de vol initial d’Abrantes est de droguer l’opposant à l’aide d’un sédatif pour le conduire à l’aéroport de Bafoussam en toute «discrétion». Les pilotes macédoniens de l’aéronef rejetteront l’idée au motif que ce n’est pas un aéroport international, leurs licences pouvant ainsi être compromises. Après des négociations et tergiversations, Abrantes va se résoudre à mettre le cap sur l’aéroport international de Douala après un transit par Sofia en Bulgarie. Pour faire passer son colis, arrivé le 26 janvier au matin à l’aéroport international de Douala, sans attirer le regard des curieux, Abrantes va être aidé en cela par «Thierry André Mathé, le commissaire de l’aéroport. Il leur trouve une porte discrète de sortie», indique Jeune Afrique. C’est sous l’effet du sédatif que Guérandi sera remis à une équipe de la DGRE, «quelque part sur la route entre Edéa et Pouma dans la région du Littoral», précise Abrantes à Jeune Afrique.

Le contractuel portugais, qui a livré les détails de cette opération au magazine, indique qu’il parle parce qu’il n’a pas été payé. Personne n’a les nouvelles de Guérandi Mbara depuis ce jour, ni même son cousin, Samuel Kleda, archevêque de Douala, que cite Jeune Afrique.

Guérandi Mbara était exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1984
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