Cameroun: deux personnes tuées pour avoir voté à Kumba

Au moins deux personnes ont été tuées par des hommes armés à Kumba, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Elles auraient ainsi été punies pour avoir voté dimanche dernier.

Ngoh Gilbert a été traîné hors de chez lui le 10 octobre, autour de Barombi Kang, un quartier de Kumba, avant d’être brutalement assassiné, ont déclaré des habitants.

Le corps d’un autre résident, Emmanuel Akateh, a également été retrouvé à Kumba le jour même où il aurait été tué pour avoir voté, ont déclaré des habitants.

Les populations de Kumba affirment que le nombre d’électeurs à se rendre dans les bureaux de vote dimanche dernier était faible. Quelques jours avant, des menaces anonymes avaient été adressées à des personnes qui comptaient sortir voter. Tous ceux qui ont osé braver cet « interdit » ont été considérés comme des traîtres.

 

Cameroun: plus de 29,4 millions d’habitants en 2025 (rapport)

Réalisées à la demande du ministère de la Santé publique, les projections démographiques confirment en tête des régions les plus peuplées l’Extrême-Nord, et le Sud dans l’autre sens

La population du Cameroun, actuellement de quelque 23,6 millions d’âmes, devrait se situer à plus de 29,4 millions en 2025 selon un rapport publié vendredi par l’Institut national de la statistique (INS).

Réalisées à la demande du Ministère de la Santé publique, les projections démographiques confirment en tête des régions les plus peuplées l’Extrême-Nord, et le Sud dans l’autre sens.

Dans le même ordre d’idées, les métropoles économique et politique du pays, Douala et Yaoundé, qui renferment plus d’un cinquième de la population totale du pays, devraient voir leur population, aujourd’hui estimée à 2,9 et 2,8 millions d’âmes, augmenter à l’horizon 2025 respectivement pour se situer à 3,8 et 3,7 millions d’habitants.

Le Cameroun est caractérisé par un niveau de fécondité encore élevé entre 15 et 19 ans et qui augmente rapidement entre 20 et 34 ans, selon l’INS, le taux brut de natalité étant pour sa part resté presque stable depuis un quart de siècle (39 en 1991, 36 en 2014).

L’indice spécifique de fécondité (ISF) est ainsi passé de 5,0 enfants par femme en 2004 à 4,9 enfants par femme en 2014.

S’agissant du niveau de la mortalité des enfants, il demeure encore élevé au Cameroun, bien qu’on ait observé, en dehors de la mortalité post-néonatale, une baisse de tous les indicateurs de mortalité infantile entre 1991 et 2014.

A l’inverse de la mortalité infantile, celle de la mère a enregistré une hausse entre 1991 et 2011, les résultats des différentes enquêtes démographiques et de santé (EDS) indiquant que le nombre de décès maternels pour 100.000 naissances vivantes est passé de 430 pour la période 1989-1998 à 669 pour la période 1998-2004, pour atteindre 782 entre 2004 et 2011.

Selon l’INS, l’espérance de vie à la naissance par sexe au niveau national, de 53,4 pour les hommes et 57,1 pour les femmes en 2005, devrait se situer respectivement à 57,1 et 60,6 en 2025.

Au chapitre du flux des sorties du Cameroun, enquête menée entre 2000 et 2005 révèle qu’en moyenne 47.000 individus ont quitté le pays chaque année au cours de la période étudiée, alors que la population immigrante était évaluée à 482.132 individus et que le ratio du solde migratoire par rapport à la population observée en 2005 se maintiendrait sur la période de projection.


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Cameroun: contre l’ennemi, les habitants ont une forte dose de courage

Des éléments des forces de sécurité à l’Extrême-Nord se disent toujours surpris par la détermination des populations qui réussissent parfois à maitriser les assaillants de Boko Haram

Face à l’ennemi Boko Haram, les habitants de l’Extrême-Nord du Cameroun, ont décidé de prendre leur courage à deux mains, munis de machettes et de flèches, pour terrasser le groupe armé venu de l’autre côté des frontières.

Intégré dans des comités de vigilance, ces habitants surveillent les villages et collaborent avec les forces de sécurité camerounaises pour arrêter Boko Haram.

Il y a moins de deux semaines de cela, lors d’un attentat suicide perpétré par une kamikaze dans la localité de Waza (Extrême-Nord), trois membres d’un comité de vigilance ont perdu la vie en essayant d’intercepter une deuxième kamikaze et d’empêcher son explosion.
Ils ont été récompensés par le président camerounais Paul Biya, qui leur a attribué des médailles de l’Ordre de la valeur à titre posthume.

« Le chef de l’Etat a adressé un message de condoléances aux familles de ces trois membres du comité de vigilance. Ils sont tombés les armes à la main, en voulant contrer les membres de la secte Boko Haram. Ils ont par cet acte sauvé des vies humaines », a expliqué Midjiyawa Bakary, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, région dans laquelle se trouve Waza.

Dans toute la région qui partage sa frontière avec le Nigeria, les comités de vigilance, qui sont des groupes informels créés dans des localités et placés sous l’autorité des chefs de quartiers et de villages, sont devenus « les alliés de l’armée camerounaise dans la lutte contre Boko Haram », affirme le gouverneur Bakary qui est celui qui a porté le message de condoléances du président auprès des familles éprouvées.

C’est le cas à Kolofata, une région située à la frontière camerounaise avec le Nigeria, où Madi Barama, Zigila Ernest et d’autres jeunes se sont regroupés pour défendre leur localité.

Munis de flèches et de machettes, ils effectuent tous les jours des patrouilles pédestres dans cette ville qui est régulièrement la cible des attaques présumées du groupe terroriste.

« Quand nous voyons un étranger, nous l’interpellons et lui demandons sa carte d’identité et le nom de son village. Nous allons ensuite avec lui pour voir notre chef qui appelle le chef du village de l’étranger afin de se rassurer sur son identité », explique Madi Barama, parlant des méthodes de travail du comité de vigilance.

« A travers divers techniques, on réussit quand même à savoir si la personne dit la vérité ou si elle est suspecte. Quand on interpelle quelqu’un et que cette personne commence à fuir, on sent qu’elle porte peut-être une bombe sur elle », ajoute Ernest Zigila qui appartient au même comité de vigilance.

Seulement, l’utilisation des armes à feu, même de fabrication artisanale étant très réglementée au Cameroun, les membres des comités de vigilance n’ont pour seuls outil de défense que des flèches et des machettes.

Lors des attaques de Boko Haram, Il arrive qu’ils se battent contre des assaillants qui sont pourtant munis d’armes à feu, en attendant que l’armée camerounaise arrive.

« Nous n’avons pas peur. Nous nous battons pour notre village et pour notre pays. Nous ne voulons plus que ces gens viennent piller nos biens et enlever nos frères », dit Barama.

« Plusieurs attentats de Boko Haram ont déjà été évités grâce à l’action des comités de vigilance. Nous sommes toujours très surpris par la détermination des populations qui réussissent parfois à maitriser les assaillants avant que l’armée n’arrive », affirme une source sécuritaire.

Pour les encourager, le gouverneur affirme que le président Paul Biya a envoyé de l’argent en guise de soutien financier. Le montant de ce soutien n’a pas été dévoilé.

Sur instruction du chef de l’Etat, les membres des comités de vigilance recevront également bientôt « des moyens de locomotion », afin de pouvoir « stopper » les adeptes de Boko Haram « avant même qu’ils n’arrivent aux lieux de regroupement des populations », conclut le gouverneur.


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