Cameroun : un « énorme panache de poussière saharienne » va s’abattre sur le pays, préviennent les services météorologiques

Ce phénomène naturel réduit la visibilité et expose les personnes aux maladies respiratoires. Les autorités conseillent de limiter les déplacements et de porter un masque facial.

La direction de la météorologie nationale au ministère des Transports prévient : « un énorme panache de poussière saharienne transportée par l’Harmattan en provenance du centre du Tchad a franchi le territoire (camerounais) via le département du Logone et Chari, dans la région de l’Extrême-Nord et poursuivra son déplacement vers les régions du Nord et de l’Adamaoua».

Dans cet avertissement est contenu dans un bulletin météo émis ce mercredi 17 février par  les responsables du ministère des Transports. Ces derniers préviennent que ce phénomène n’est pas sans conséquence pour la santé. « Ce phénomène, associé à des vents modérés, réduira considérablement la visibilité et expose les personnes aux maladies et autres pathologies respiratoires ».

Par conséquent, le ministère des Transports conseille de « limiter les  sorties, sinon d’arborer un masque facial ». Depuis quelques jours, un vent frais et sec souffle sur la ville de Yaoundé qui est déjà enveloppé par du brouillard.

Comment les acteurs formalisent l’informel

Une vingtaine de chercheurs d’Europe et d’Afrique se penchent sur la question dans un ouvrage récent, édité par l’Harmattan : «L’organisation de la transgression»

Quel rapport y a-t-il entre la vente des médicaments dans les cars de transport en commun au Cameroun et la vente de gibier en Côte d’Ivoire ? L’assistante maternelle agréée en France et la redistribution des biens confisqués aux mafias en Italie à des fins sociales ? Le premier questionnement présente deux situations similaires, décrivant la normalisation d’une pratique quoique demeurant informelle. Le second questionnement illustre deux exemples d’activités qui auraient pu paraitre « anormales » d’un point de vue moral, mais qui représentent des tentatives de formalisation d’un besoin social. Encore faut-il pouvoir définir le sens de l’informel et de la transgression. L’ouvrage, coordonné par deux chercheurs du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Sonny Perseil et Yvon Pesqueux, ne fait pas défaut à la méthodologie pour ce type de réflexion.

En quatre chapitres, le collectif de chercheurs (24 en tout) constitué d’universitaires africains et européens, parcourt tour à tour : Le sens de l’informel et de la transgression dans l’organisation ; les managements possibles de l’informel ; Les études de cas d’économie informelle dans les pays du Sud (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo) ; Les tentations de la formalisation.

Livre interdisciplinaire, ayant été mené sur des terrains différents pour éviter une lecture autocentrée de la transgression et de l’informel, l’ouvrage édité par l’Harmattan fait la promesse au lecteur de répondre aux questions suivantes : « Quels sens donner à la transgression ? Aux notions de formel et d’informel ? Peut-on organiser, voire manager, les activités économiques qui échappent au contrôle des autorités politiques ? Celles-ci participent-elles à l’institutionnalisation de pratiques transgressives ? Ou au contraire poussent-elles à la formalisation, entendue comme possibilité de régularisation ? Quelle est la logique de ces process qui visent à faire évoluer les formes ? » Au lecteur d’évaluer la pertinence des réponses apportées dans cet ouvrage collectif.


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Harmattan: Le calvaire des asthmatiques

Durant cette période de froid et de forte poussière, les personnes souffrant de l’asthme ont des difficultés à respirer normalement

L’asthme est une pathologie inflammatoire chronique des bronches associant plusieurs processus dont une hyper-réactivité des bronches, une inflammation locale et un épaississement des parois bronchiques accompagnés d’une formation de mucus et une bronchoconstriction, c’est-à-dire une diminution du diamètre des bronches. L’asthmatique éprouve des difficultés à inspirer et à expirer l’air contenu dans ses poumons. Une toux et un sifflement caractéristique accompagnent cette gêne. A l’occasion d’une crise d’asthme, les bronches se contractent, puis développent un dème diminuant leur diamètre. Les bronches s’obstruent et empêchent l’air de circuler.

Pas de saison pour l’asthme
Selon les médecins, il n’y a pas de saison pour l’asthme. Les fluctuations de température malmènent les bronches et le froid peut accentuer la gêne des plus sensibles. Pour ne pas vous retrouver à bout de souffle, mieux vaut avoir les bons réflexes… Pour ce faire, les médecins donnent des conseils à respecter pendant la période froide. Il faut essayer d’identifier les allergènes responsables des crises d’asthme; aérer l’intérieur du domicile et réduire le taux d’humidité responsable de la prolifération des acariens et des champignons et prendre son traitement de façon rigoureuse. «Plus l’air est froid, plus les poumons vont devoir travailler, ce qui entraîne des modifications spécifiques au niveau des bronches qui ont un effet asthmogène», explique le docteur Patrick Rufin, allergologue et membre du conseil d’administration de l’association Asthme et Allergie. Par ailleurs, l’asthmatique doit éviter de s’exposer à la fraîcheur et à la poussière. Pour les cas graves, il est conseillé d’avoir sur soi, les médicaments contre l’asthme. L’amélioration de la qualité de vie des patients passe par une meilleure information sur la maladie et sur les traitements.


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L’Afrique au XXIe siècle : Une conversation de bistrot

Par Axelle Kabou – Essayiste

LE XXIE SIECLE SERA-T-IL AFRICAIN ? AXELLE KABOU QUI A PUBLIE, CETTE ANNEE, UN ESSAI INTITULE COMMENT L’AFRIQUE EN EST ARRIVEE LA, CHEZ L’HARMATTAN, TENTE DE CLARIFIER CETTE QUESTION EN S’APPUYANT SUR SON EXPERIENCE INTERNATIONALE EN PROSPECTIVE. ELLE ANALYSE LES REPRESENTATIONS DOMINANTES DES TRAJECTOIRES DE L’AFRIQUE AU COURS DE CE SIECLE EN LES SITUANT DANS UN CONTEXTE GLOBAL. ELLE MONTRE QU’A LA RESURGENCE DU THEME DE LA RENAISSANCE AFRICAINE REPOND CELLE DE LA REGENERESCENCE DU MONDE. DERRIERE CES PARAVENTS, L’AFRIQUE, ADOSSEE A SES PARTENAIRES ETRANGERS, EFFECTUE, PAR CERTAINS ASPECTS INQUIETANTS, UN RETOUR AU XIXE SIECLE. FAUTE D’EXISTER, CE CONTINENT N’A, POUR L’INSTANT QUE DES AVENIRS, PAS DE FUTURS.

LES RAVAGES DE L’AFRO-FERVEUR
Le XXIe siècle sera t-il africain ? Qu’importent, au fond, les réponses à cette question vague ? Les perceptions de « la place de l’Afrique dans le monde » sont passées du noir funéraire au rose bonbon, en l’espace d’une petite décennie. Cette révolution chromatique mérite bien quelques commentaires. En effet, condamnée, hier encore, par les théoriciens de la déconnexion par défaut, à rançonner le monde riche, grâce à ses capacités de nuisance, l’Afrique, subsaharienne notamment, est désormais vouée par des intérêts politiques et marchands, à marquer le XXIe siècle d’une trajectoire ascendante, voire dominante. La vision d’une Afrique chargée de revitaliser un capitalisme en panne de croissance ; d’une Afrique attifée en dernier terrain d’expansion du capitalisme mondial officiel ; catapultée, par le commerce international, dans le club des grands de ce monde a quelque chose de sulfureux. Songeons, en effet : au rôle crucial, et pourtant subalterne, de cette région dans les rivalités hégémoniques de l’Occident et de l’Orient ; de la Chrétienté et de l’Islam ; des formations politiques du Maghreb ; de l’Occident et de l’Extrême-Orient ; du « Nord » et du « Sud » ; de l’Union soviétique et de l’Occident libéral ; et, plus prosaïquement, à son déclassement dans le cadastre géostratégique officiel de la fin du siècle dernier.

Depuis l’initiative lullienne de 2002, qui constituerait le point de départ de la ruée vers un nouvel Eldorado, l’Afrique est réputée « re-convoitée », re-courtisée par la planète entière. Toute la question est donc de savoir comment ce retour en grâce -car il ne s’agit que de cela, pour le moment – affectera les capacités des sociétés africaines à : produire leur propre histoire, modifier leur mode d’arrimage au monde extérieur. Or, ces interrogations capitales, qui touchent au changement social et à l’historicité des sociétés africaines semblent, pour l’instant, occultées par des paris économicistes et des discussions de comptoir. En effet, surpris par ce coup de projecteur inopiné sur « l’Afrique délaissée », afro-pessimistes et afro-optimistes, pro-européens et pro-asiatiques n’ont cessé de tisser, autour de « la place de l’Afrique dans le monde », un nouveau bréviaire : une conversation de bistrot à laquelle participent parfois, assez paradoxalement, des observateurs plus avertis ; sous l’ il, globalement, absent du monde académique africain francophone. Résultat : faute de concurrence, l’afro-ferveur fait des ravages. L’heure est, en effet, à l’optimisme pieux. On est prié, la foi chevillée au corps, de se prosterner devant des perspectives de croissance économique mirifiques ; la montée de classes moyennes entreprenantes ; des remontées de filières réussies ; de grands travaux créateurs d’emplois ; psalmodier que l’avenir de l’Afrique n’est écrit nulle part. que « L’Afrique va bien », sous peine de se voir excommunié pour avoir versé dans un pessimisme incrusté.

A LA RECHERCHE D’UNE BOUSSOLE
Difficile, dès lors, de savoir si ce continent, qui a entamé sa grande transformation, est en train de s’éveiller pour autant ; et si oui, à quoi ? Si sa « diaspora », précipitée récemment en 6e région et transmuée en fer de lance du développement de l’Afrique, par l’Union Africaine, est en train de remplir sa mission de conquistadores. Si les lueurs économiques repérées ci et là sont, pour parler comme Achille Mbembé, réductibles à « quelques objets (scintillants) dans un fleuve qui rebrousse chemin ». Si l’on doit, avec Daniel Etounga- Manguellé, ranger les visions de nos dominants et leurs appels à l’émergence dans les tiroirs du nominalisme, de l’incantation, du grimoire politique tant elles tranchent avec les dynamiques à l’ uvre dans nos pays. Il se peut que l’Afrique, qui abrite actuellement l’essentiel des PMA de la planète, se constitue en puissance mondiale au cours de ce siècle. Ou qu’éparpillée et populeuse, elle conserve son positionnement de vassal du monde tout en y déversant ses excédents démographiques et en accueillant, à son tour, des hordes asiatiques. Personne, pour l’instant, n’est en mesure de dire de quel côté penchera la balance. Pour une demi-douzaine de raisons, au moins, qui valent le détour.

FUTURS AFRICAINS ET INTERETS MARCHANDS
Les futurs de l’Afrique sont squattés par les intérêts des marchands et par ceux des gouvernements africains qui restent les principaux commanditaires de ce genre d’études. Ici, pas de véritables capacités indépendantes d’analyse : des démographes et des urbanistes étrangers évaluent la taille et la configuration des marchés africains à long terme, afin de les approvisionner et évincer les concurrents ; préserver leur région de débordements démographiques et d’autres nuisances prêtées au continent africain. Ils croient, à quelques « pièges à pauvreté » près, à des lendemains meilleurs, pour des raisons purement commerciales. Les gouvernements africains, eux, élaborent des shopping lists ornées de professions de foi. Baptisés « visions », ces documents ne servent pas à mobiliser des populations autour de la réalisation de leurs rêves et guider l’action, mais à mettre des bailleurs de fonds rivaux en concurrence ; se prévaloir d’aptitudes, non démontrées, à diriger des pays en voie de peuplement et aménager des Etats aux contours plus qu’incertains. Les « visions 2020 » ont ainsi permis, dans les années 1990, de divaguer sur des ‘nations’ africaines désincarnées, à coups de modèles macro-économiques sophistiqués, de plans stratégiques bidons et d’appels éthérés à la pro-activité : depuis lors, bon nombre de pays africains, projetés en tigres et en éléphants, ont sombré dans des troubles persistants ou péri dans des guerres civiles pourtant prévisibles. Certains sont devenus des « narco-Etats-dealers »; d’autres, souvent les mêmes, sont passés au blanchiment de l’argent sale ou au commerce de produits illicites : tous, meurtris par des conflits pseudo identitaires, plus ou moins déclarés, plus ou moins couverts par les médias internationaux, paient, au prix fort, le coût de la production de soi.

EXPLORER OU PRESCRIRE ?
La prospective, en Afrique, est vaguement exploratoire, essentiellement prescriptive : les futurs africains tendent, par conséquent, à ressembler au passé de NPI, comme en témoigne, après d’autres engouements, la mode actuelle du développementisme et de l’émergence, ce dernier vocable étant synonyme de pays en voie de développement. Ces mots d’ordre prolongent une tradition de comparativisme lisse héritée, à la fois, de la réflexion stratégique des années 1990 et de l’échec des Conférences nationales de l’époque à générer des visions bâties autour des rêves des Africains.
Le découplage du passé de l’Afrique et de ses futurs possibles constitue l’une des évolutions les plus marquantes de la réflexion prospective appliquée à ce continent. Cette déconnexion serait justifiée par l’exceptionnelle ampleur des dynamiques démographiques et migratoires qui dessinent, effectivement, sous nos yeux une nouvelle Afrique et par le regain d’intérêt des puissances de ce monde pour cette région, dans un contexte marqué par le basculement des centres de production de la richesse mondiale du Nord au « Sud ». Pour un peu, on croirait que l’Afrique, ce continent rural en voie de bidonvillisation, s’apprête à rejoindre le peloton des sociétés « programmées » de la fin de l’ère industrielle européenne ; intégrer la cohorte des sociétés où la part de l’acquis par rapport à celle du conquis s’est amenuisée au point d’autoriser la production délibérée de futurs maîtrisés : les Africains peuvent-ils avoir la prétention de réduire la part du hasard dans la formation de leurs futurs, par la décision, l’action et la négociation civilisée ou sommes nous confrontés à des sociétés où le hasard et la mort menacent de rester encore longtemps au volant ? Par quels processus et à quel horizon peut-on s’attendre à ce que les sociétés africaines aient significativement renforcé leur emprise sur la production de leur histoire ? Ce débat, crucial, n’est même pas encore entamé. Comment, dès lors, parler de vision ?

PARFAIRE LE XXE SIECLE
Le fait que les représentations des futurs possibles de l’Afrique soient plombées par des problèmes propres à la réflexion à long terme, en général, et lestées par un millénarisme pesant n’arrange pas les choses. En effet, la prospective semble, globalement, contaminée par le sentiment d’échec et d’incomplétude qui caractérise ce début de siècle. Sommée de se prononcer sur les futurs de la planète à partir d’un entre-deux ; privée des transes idéologiques et nucléaires d’après 1945 ; malmenée par un monde devenu probablement trop chaotique, trop volatile pour se laisser scruter en profondeur, elle paraît de moins en moins capable de pré-voir ces ruptures systémiques qui transportent imperceptiblement ou brutalement l’humanité d’un univers à l’autre. Résultat : jamais époque n’aura, autant que ce début de siècle, été chargée de boucler de vieux chantiers, rectifier le passé ; inverser l’ordre établi ; venger des contemporains des affres d’un siècle révolu ; redorer des blasons ternis ; réhabiliter d’anciens parias ; les dédommager de camouflets séculaires. Ont ainsi surgi ou re-surgi devant des vigiles planétaires assoupis, des événements et des tendances qui carbonisent les relations internationales actuelles, au premier rang desquels : le 11 septembre 2001 ; le rejet de l’ultra-libéralisme et de la globalisation ; l’échec de la mondialisation ; le retour du troc ; celui du thème du cannibalisme dans la conversation internationale ; le refus du capitanat de l’Occident et de son universalisme ; la crise financière de 2008-2009 ; le printemps arabe ; l’arrogance chinoise; le retour de l’Afrique et de ses matières premières dans les soutes d’une économie mondiale que l’on croyait définitivement dématérialisée, définitivement condamnée à l’involution régionale. En attendant de recouvrer la vue, les veilleurs stratégiques paraissent se contenter d’adjoindre une diversité de domaines à l’expression « nouvelle architecture » ; analyser des. grilles d’analyse du XXIe siècle ; hypertrophier des institutions connues (le marché, la démocratie, l’empire) : parfaire le XXe siècle, en somme.

REGENERESCENCE DU MONDE ET RENAISSANCE AFRICAINE
On rêve, en ce début de siècle, d’une Afrique chargée de relancer la croissance en berne de vieux pays post-industriels ; prolonger celle de la Chine, au lieu de se projeter à partir de débats articulés autour de nouvelles raisons de vivre. On rêve de régénérescence du monde, par l’écologie ; d’une gouvernance mondiale issue d’un réaménagement volontaire de l’ordre actuel ; de démondialisation délibérée. Le nouvel ordre économique et politique mondial dont avaient rêvé les Non Alignés, dans les années 1970, serait en train de naître d’un Sud émergent. Ce « Sud » capricant et indifférencié tiendrait, enfin, sa revanche sur un « Nord » déclinant, cacochyme et belliqueux. On nage en plein messianisme : l’Afrique, berceau monde, serait destinée à en devenir le futur, par la grâce de l’économie de marché. Aux rêves de réagencement du monde, d’ingénierie politique planétaire charriés par une certaine littérature, répondent des augures de type statistique, cathartique, prophétique, téléonomique que véhiculent assez bien les thèmes, passablement remâchés, du « réveil de l’Afrique », de la « renaissance africaine », de la « revanche de l’Afrique », de la reconquête d’une verticalité perdue ; ou pire, de l’Afrique « re-convoitée » ; en « reclassement géopolitique ou stratégique ». Par une logique mécanique et inexorable, on espère que les Africains occuperont, enfin, la place dominante qui leur reviendrait dans le monde. En vertu d’une obscure loi du nombre, la majorité démographique africaine se muerait en majorité sociologique ! Pour un peu, on aurait cru qu’il suffisait de changer de siècle et de millénaire pour changer d’époque et d’outillage mental ! Ces simulacres de visions collectives, imbibées d’inversions, de prescriptions et d’extrapolations, ont des relents de naphtaline, de vieilles malles, de vieux papiers : ils ne s’intéressent ni à la part de singularité du XXIe siècle ni à la part d’inédit dont l’Afrique pourrait accoucher.

UN RETOUR AU XIXe SIECLE ?
Avant de se perdre en conjectures sur les trajectoires de l’Afrique dans le monde qui vient, sans doute convient-il de se demander s’il est indifférent : que l’Afrique subsaharienne soit entrée dans le XXIe siècle par un retour quasi caricatural au XIXe siècle, et non par effraction, à l’instar de ces Asiatiques à l’entrisme désormais légendaire. Que cette région bascule en ce moment vers l’Extrême-Orient, perpétuant un mouvement pendulaire qui l’a portée alternativement de l’Orient à l’Occident, au point de n’être devenue ni tout à fait l’un ni tout à fait l’autre mais une curieuse superposition des deux. Que la résurgence d’un scénario, classique en Afrique, de forte croissance, assortie de diversification économique et suivie d’effondrement, sur fond de guerres horribles, reste plausible à un horizon prévisible. Guerres des esclaves, de la gomme, de l’or, de l’ivoire, des peaux, de la cire, des concessions minières et agricoles, hier ; guerres du pétrole, du diamant, du coltan, des terres agricoles, voire du cacao, aujourd’hui, avec les mêmes types de seigneurs de la guerre africains et leurs éternels comparses étrangers ; les mêmes interpénétrations d’enjeux, dans des paysages politiques, démographiques, physiques jonchés de cadavres, labourés par l’inachèvement. L’Afrique est aujourd’hui, comme hier, au centre, très artificiel, d’un mouvement planétaire de redistribution des cartes qui lui est familier et dont elle a toujours été le dindon ; au beau milieu d’un cocktail explosif qui lui a toujours été fatal. La ruée actuelle sur ce continent n’est, en effet, que la séquence la plus récente d’une vieille histoire : celle de l’imbrication, inaugurée par les Arabes, les Portugais et leurs alliés Africains, de luttes hégémoniques internationales et de luttes intra-africaines pour la domination. Aujourd’hui, comme hier, les entrepreneurs politiques africains se disputent les ressources de l’Etat en faisant feu de tout bois : démocratie, religion, patriotisme, exclusion, extermination, autochtonie, pureté nationale, métissage, codes vestimentaires, etc.

QUI INSTRUMENTALISE QUI ?
La nécessité de diversifier les partenaires étrangers est un thème lancinant de l’histoire des relations extérieures de l’Afrique. Les couches dominantes des sociétés africaines vivent, à cet égard, leur heure de gloire, à l’instar de ce Maloango ravi de pouvoir, enfin, jouer les Hollandais contre les Portugais, après un siècle de tête-à-tête avec ces derniers. Elles mettent à profit leur retour en cour pour affermir et affiner leurs vieilles logiques d’arrimage dépendant au monde extérieur ; élargir leurs marges de man uvre ; diversifier, amplifier de vieux mécanismes de prédation qui ont plongé les économies courtières de leurs prédécesseurs dans des guerres d’une cruauté sans nom : ni les Akan ni les Fanti qui se sont étripés notamment, pour conserver le privilège de commercer avec les Européens, à partir d’espaces disputés, n’auraient été surpris par le « conflit post-électoral ivoirien » : ils l’ont, d’une certaine manière, initié. De même, les seigneurs de la guerre coiffant des Etats-brigands et les « empereurs » qui ont transformé l’Afrique centrale en champ de mort, au XIXe siècle, n’auraient eu aucun mal à se reconnaître dans les conflits qui déchirent la région des Grands Lacs aujourd’hui : ils les ont initiés. L’Afrique « re-convoitée » poursuit ainsi sa propre histoire en empruntant les chemins vénéneux du capitalisme international à grandes guides ; en combinant les genres, les répertoires, voire les époques sous nos yeux ahuris, meurtris. Aujourd’hui comme hier, les guerres de domination des grands de ce monde ; et les processus de peuplement, de formation de structures étatiques, de reconfiguration des espaces et des pouvoirs à l’échelle nationale et régionale, en Afrique, se télescopent. Pour le malheur des Africains.

RESTER EN VIE
En 2050, il y aura plus d’Africains sur terre que de Chinois ou d’Indiens. La plupart des Africains seront des Afro-asiatiques aux yeux bridés quit parleront un créole fait de langues africaines et de langues asiatiques. Considérée comme le dernier réservoir de la croissance mondiale, l’Afrique n’en restera pas moins un continent en voie de désertification car le Sahara et le Kalahari se rapprochent. L’Afrique restera une région en proie à des convulsions plus ou moins intenses qu’amplifieront nécessairement trois facteurs au moins : son fameux nouveau dynamisme démographique et migratoire ; son inaptitude à anticiper les crises afin de s’organiser pour les éviter ; son immersion croissante dans l’économie internationale criminalisée. Ces éléments, combinés à l’appétit d’acteurs étrangers pour ses ressources, pourraient repousser de quelques centaines d’années, l’émergence et la cristallisation des préalables à réunir pour que l’Afrique puisse prétendre occuper une position dominante dans le monde. Sans un passage franc de la prédation à la production, les Africains pourraient bientôt renouer massivement avec cette époque hautement cynégétique où leurs ancêtres ne devaient leur survie qu’à la force de leurs jarrets ; ces temps d’errance où tout, se comptait en fusils et en barils de poudre. Sans un renforcement des capacités africaines de prévention et de gestion des conflits, les Africains, au XXIe siècle, devront avant toute chose, déployer des trésors d’ingéniosité pour rester en vie.

Axelle Kabou
http://continentpremier.com)/n

Le Mal Africain: Un médecin nommé Garga Haman Adji

L’homme politique a présenté son dernier livre au public, un testament pour les Etats-Unis d’Afrique

Des causes exogènes et endogènes
Son livre ne possède ni préface, ni prologue. Comme une ordonnance, il présente la situation du Mal Africain et dans une deuxième partie un paquet de solutions pour venir à bout de ce mal. « Ce livre concrétise notre modeste contribution à la réflexion commune tendant à sortir l’Afrique de ses innombrables problèmes qui ne cessent de fermenter le bourbier dans lequel elle semble se complaire de patauger », a-t-il fait savoir justifiant sa démarche. L’auteur qui se reconnait « engagé », montre comment l’Afrique reste un continent de l’anormalité. Un continent où les dirigeants se jouent avec désinvolture des espoirs et de la patience des populations. Plaçant sa production dans le contexte actuel, l’auteur interpelle les africains à la vigilance face à un Occident qui n’a aucun intérêt que celui de maintenir l’Afrique dans l’asservissement. Il revient sur le nouveau conflit « économique entre l’Afrique et l’Europe » pour dénoncer son caractère inéquitable et hypocrite. Cependant il ne manque pas de critiquer l’attitude des dirigeants des pays africains qui, selon lui, ont leur part de responsabilité. « L’irresponsabilité, le déficit du sens de l’Etat, le mépris de l’intérêt général, le manque de foi et de volonté politique affirmée des dirigeants d’une part ; l’inconscience, le manque de maîtrise organisationnelle et d’initiatives dignes d’intérêt, l’absence d’objectifs et de projets programmés, la gabegie, le népotisme des autorités d’autre part caractérisent la gestion des affaires publiques de la majorité des Etats africains » écrit-il. Les africains, dit-il, doivent se réapproprier leur indépendances. Comme solution Garga Haman Adji demande aux dirigeants du continent de s’approprier les nouveaux concepts, et se mettre résolument dans le cadre des Etats unis d’Afrique.

Se réapproprier son indépendance en s’unissant
Le livre bien que paru il y a deux ans a seulement été dédicacé il y a quelque peu. L’auteur affirme pourtant que même s’il devait l’écrire aujourd’hui, il garderait la même forme et les mêmes thématiques. « Voyez ce qui se passe autour de nous, on se refuse à l’admettre mais les conflits qui naissent partout en Afrique sont loin d’être des conflits politiques, ce sont des conflits économiques » a fait savoir l’auteur. Le livre comporte 322 pages. Il a été édité aux éditions l’harmattan Cameroun et est disponible dans toutes les librairies du Cameroun au prix de 10 000 francs. Il est aussi disponible sur internet. L’ouvrage comporte deux parties. La première, « voyage au bout du mal africain », s’adosse sur deux chapitres qui présentent pour le premier, « le mal africain », le 2ème bâti sur le « désir d’assistance ou volonté de domination ». Ici, l’auteur constate la faillite en béton d’un continent qui s’est laissé prendre au piège en se faisant « bercer » par : des procédés et techniques néocolonialistes, l’aide au développement ou stratégies de diversion, les institutions de Bretton Woods. Dans la 2ème partie consacrée aux remèdes et maux de l’Afrique, l’auteur « clique » dans le chapitre premier sur la nécessité de déjouer les causes des échecs politiques, car il s’agit de « rompre avec l’étroitesse de vue et le manque de perspective ». Dans les deux derniers chapitres, l’auteur suggère de « décoloniser, repenser et renflouer les économies africaines ». L’ouvrage de Garga Haman Adji appelle ainsi à l’idée d’une ambition continentale, comme défi pour les dirigeants africains. « Finalement, force sera de constater qu’il ne revient qu’à nous même Africains de prendre conscience de notre inconcevable retard et de provoquer conséquemment un sursaut continental à la dimension de ce retard pour forcer nos partenaires historiques ou à venir à nous prendre désormais au sérieux » a conclu Garga Haman. Un véritable testament, même si peu de personnes étaient présents à la cérémonie.

« Le mal africain » de Garga Haman Adji
Journalducameroun.com)/n

Vient de paraitre: « Comment l’Afrique en est arrivée là » de la camerounaise Axelle Kabou

Cet essai a été publié dans la Collection Points de vue chez l’Harmattan Paris. Extrait.

L’objectif de ce travail est selon l’auteur montrer que l’insertion des économies subsahariennes dans des échanges intercontinentaux remonte à la fin de la préhistoire et non à la colonisation et aux indépendances et que cela a des conséquences spécifiques dont on ne tient pas compte; redonner des souches à une histoire économique trop souvent amputée de ses racines afin de contribuer à éclairer le présent et la réflexion en cours sur nos futurs probables ; encourager la tenue, en Afrique et ailleurs, de débats informés, de bon niveau, sur la question cruciale du rang et du rôle de l’Afrique dans le monde. Car contrairement à ce qu’on raconte, l’histoire de la marginalisation de l’Afrique et celle de l’apparition de ce débat sur la scène internationale sont deux choses tout à fait distinctes. L’amalgame des deux a une fonction précise : permettre de produire, depuis trente ans, des propositions de sortie de crise cosmétiques qui partent invariablement de la colonisation et des indépendances. Il est temps de mettre fin à cette escroquerie. L’Afrique subsaharienne est entrée dans l’Histoire d’une manière originale : par la fente la plus étroite qui soit. Elle a raté ses rapports avec elle-même, ses relations avec la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’Europe. Peut-elle aller au-delà de sa stratégie actuelle de diversification des partenaires extérieurs ; passer du statut de « continent convoité » à celui de continent conquérant ?

Axelle Kabou est consultante en communication. Elle a fait des études d’économie générale et des études supérieures en communication. Elle a été chargée de communication aux niveaux national, régional et international. Elle est l’auteur notamment d’un essai intitulé Et si l’Afrique refusait le développement ?

Extrait
Contrairement à ce qu’on raconte, l’histoire de la marginalisation de l’Afrique subsaharienne et celle de l’irruption de ce thème dans les débats internationaux ne sont pas identiques. C’est précisément ce que des décennies d’empoignades sur les conséquences de la-traite-la-colonisation-les-indépendances, auxquelles on attribue cette marginalisation, n’ont pas réussi à faire comprendre et qu’il importe d’expliquer, avant le prochain effondrement des cours des matières premières..

En effet, la première histoire se met en place dès la fin de la préhistoire . la seconde histoire est un bréviaire fabriqué et diffusé, à partir de la fin des années 1970, par des institutions internationales universelles ou africaines, avec l’appui des milieux académiques et des médias. C’est dire !

La marginalisation des économies subsahariennes ou, au contraire, leurs perspectives d’insertion réussie, ne sont pas réductibles aux deux ou trois tendances hérissées de pourcentages auxquelles la littérature internationale officielle tend à les confiner..

Sans doute, est-il temps, à cet égard, de revenir au c ur du problème en convenant que les capacités concurrentielles d’une région donnée relèvent, avant tout, de la production de soi et du changement social compris comme des processus historiques et non comme le résultat de tripatouillages, de conjectures écrites à l’encre rose. Le premier de ces processus commence par un drame fondateur universel ayant pour enjeu la capacité des sociétés de produire et maîtriser leur histoire. Le second, qui a trait à l’obligation d’emprunter et de se mélanger, concerne l’aptitude des sociétés à respirer plus amplement au sortir d’étreintes et de rixes avec autrui. Tels sont les thèmes de ce livre.

La nécessité de s’inventer, de se réinventer s’ouvre, sous toutes les latitudes, par des questions identiques, d’ampleur variable, qui sont autant de défis.
Ces questions, résolues avec plus ou moins de bonheur, d’un lieu à l’autre, constituent autant d’expériences.. En Afrique, comme dans bien d’autres régions du globe, cette expérience reste fortement marquée par des difficultés à faire trois choses d’une importance capitale : premièrement, changer significativement de manière de produire et accumuler la richesse ; en deuxième lieu, générer et utiliser les connaissances ; et enfin, donner un nouveau sens à ces activités afin d’affermir le plancher de la vie chez soi et soutenir la concurrence au plan intercontinental. Cette infirmité historique est au c ur de cet essai.

Il est urgent, en effet, de : mettre à distance cette représentation dominante de l’évolution de l’Afrique subsaharienne, dans les échanges mondiaux, qui se repaît de tendances éphémères et écrit l’avenir en fonction de l’air du temps ; expliquer le rapport entre le passé et le présent ; raccorder ce dernier à la très vieille et singulière histoire de l’insertion de cette région dans des réseaux d’échanges intercontinentaux car la ‘compétitivité’ n’émerge pas du vide.

Ce livre s’y emploie en proposant des réponses à quelques questions cardinales : que dit cette représentation ? Dans quel contexte a-t-elle été élaborée ? Par qui ? Avec quelles lacunes et quelles conséquences ? L’Afrique est-elle plus marginalisée qu’insérée dans les échanges internationaux ? Si oui, depuis quand et par quels processus ? Que recouvre exactement la notion de marginalisation ? Peut-on, comme le veut une pratique désormais consacrée, augurer des futurs des économies subsahariennes, en faisant fi de leur histoire ? Dans la négative, jusqu’où faudrait-il remonter ? Quel passé convient-il de convoquer ? Plus spécifiquement, quel traitement réserver à ‘la traite et la colonisation’, aux indépendances ? .
. cet essai n’a, . aucune ambition académique. Il tient compte des rumeurs de son époque mais n’augure de rien. Il a, plus modestement, pour objectifs : d’expliquer comment et, à partir de quels lieux, on parle, depuis trente ans, de l’insertion des économies africaines subsahariennes dans le commerce international ; fournir, au public le plus large possible, des informations pertinentes sur la véritable histoire de leur participation à ces échanges.

Ce livre s’adresse, par conséquent, à tous ceux qui, lassés de pronostics plus ou moins radieux, aimeraient, avant de se perdre en conjectures, comprendre comment l’Afrique subsaharienne en est arrivée à occuper sa place actuelle dans le monde. Et pourquoi il lui est difficile de la quitter.

.L’Afrique est-elle, condamnée à être la dernière frontière du capitalisme officiel ? Est-elle vouée à saisir une telle opportunité pour modifier son rang et son rôle dans le monde ? Si oui, pourquoi « la réinvention du capitalisme » s’y traduit-elle, depuis le XVe siècle au moins, par la prédation, la violence, la guerre, des conflits résurgents, l’apparition et la disparition d’États brigands, de seigneurs de la guerre, de bandes armées, de mercenaires et d’enfants-soldats, d’hégémonies militaires esclavagistes au souffle court et au territoire fuyant ; de régimes politiques vitrifiés, l’accaparement des ressources locales par des entrepreneurs politiques de tout poil, qui ne cessent de s’entre-tuer et tuer des Africains à la moindre odeur d’argent ?

Pourquoi ces expériences, somme toute, universelles, de déchaînements de violence liées à la captation des richesses, à la recherche de domination, ne se soldent-elles pas par une préférence marquée des couches dominantes des sociétés africaines pour des stratégies privilégiant l’investissement, la productivité, l’élargissement de la prospérité matérielle à un nombre croissant d’individus, par le travail, comme cela s’est fait ailleurs ? Qu’est-ce qui, en un mot a manqué et manque de nos jours encore pour que la mayonnaise prenne ?

Cet essai n’a qu’une ambition : sortir le débat sur la marginalisation ou le décollage de l’Afrique de la conversation de comptoir auquel il se résume depuis trente ans.


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Roger Mondoué: Homme de culture et scientifique ambitieux

Le directeur des éditions harmattan Cameroun a les projets plein la tête pour positionner sa maison en modèle de la promotion de la culture

Un portrait d’Aimé Césaire trône sur son bureau logé dans les locaux des éditions Harmattan à Yaoundé. Pour Roger Mondoué, c’est une idole. Avec son discours sur le colonialisme, cet écrivain mythique et homme de culture est selon lui, le meilleur lecteur de la situation que vivent actuellement les pays africains. Amoureux de lecture, ce Camerounais de 41 ans dirige la maison d’édition Harmattan-Cameroun depuis sa création en novembre 2006. Après avoir transmis ses connaissances dans près d’une dizaine d’établissements secondaires au Cameroun en tant qu’enseignant vacataire, Roger Mondoué s’atèle depuis quatre ans à redonner à ses compatriotes le goût de la lecture. En mettant en pratique la ligne directrice de la maison Harmattan qu’il partage fort aise: ce sont les idées qui transforment la société. Ce produit de l’université de Yaoundé I (doctorat en philosophie) déclare avoir des projets prometteurs pour établir une sorte de révolution et ramener la culture parmi les préoccupations majeures au Cameroun et même en Afrique. Quelques résultats sont déjà perceptibles. Les locaux abritant le siège ont été réaménagés, donnant place à un espace pouvant accueillir un nombre impressionnant d’ouvrages. Une salle de spectacle pour permettre aux différents acteurs de la culture de se produire. Si les rayons de la bibliothèque comportent aujourd’hui près de 30 000 titres, le directeur et ses employés ambitionnent atteindre les 100 milles dans quelques années. Un résultat qui ne peut s’obtenir qu’en venant à bout des obstacles en en acceptant quelques sacrifices. Il nous arrive plusieurs fois de travailler les dimanches. La structure fait également face au capital humain insuffisant et aux coûts élevés des salaires, pourtant on est encore une jeune société et nos moyens sont limités, déplore-t-il.

Pourtant celui que ses collaborateurs qualifient de robot du travail croie en l’avenir de la maison harmattan ainsi qu’en celle de son pays. Le Cameroun soutient-il, a beaucoup plus de potentialités que de problèmes. Notre pays est jeune, donc en construction. L’avenir va se jouer chez nous et c’est ça qui compte, tient à préciser celui qui pense que le Cameroun a des problèmes de souveraineté. Deux prix de meilleur éditeur camerounais pour la seule année 2009, l’Harmattan est également nominé dans la catégorie meilleure maison d’édition par l’Association Etoile d’or. Un parcours qui permet à son dirigeant d’affirmer que la structure se porte plutôt bien. Surtout que de janvier à fin juin 2010, ils ont reçu environ 150 manuscrits.

Marié et père de deux garçons, Roger Mondoué est surtout un nomade qui vit entre deux villes Dschang et Yaoundé. Sa famille réside dans la première et il y dispense des cours à l’université de la 2e. Son ouverture d’esprit ainsi que son humilité le prédisposent à jouer au scrabble avec ses amis pendant ses quelques moments libres. Quand il ne s’occupe pas des multiples associations dont il est membre. En travaillant par exemple à obtenir des dons en ouvrages afin de les distribuer dans des lycées et universités. Ce mordu de culture se veut un scientifique pour qui les problèmes d’origines cataloguent les individus et ralentissent la croissance d’un pays. Il explique tout de même avoir deux origines. Biologiquement, je suis de Batcham dans les Bamboutos et culturellement je suis Bamoun puisque j’ai grandi à Foumbot, argue celui qui nourrit le rêve de voir créer une bibliothèque dans chacune des mairies de son pays. Celui qui affectionne aussi les sorties en boîtes de nuit souhaite par ailleurs voir le président Paul Biya mettre en place pendant son règne, une bibliothèque nationale de référence.

Roger Mondoue, boulimique du travail
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Dédicace de deux ouvrages de Michel Nkoti Bohole au CCF de Douala

Ils sont parus aux éditions l’Harmattan en 2009 dans la collection Etudes Africaines

L’Afrique. quelles institutions pour demain?
L’intégration est de nos jours une obligation catégorique pour les dirigeants et peuples d’Afrique. L’auteur estime qu’il est nécessaire de sortir du clivage « fédéralistes » et « souverainistes » d’autant plus que sur le principe, tout le monde est d’accord pour les Etats-Unis d’Afrique. Mais une entité panafricaine ne peut être viable sans des institutions solides et assumées aussi bien par la société civile, les partis politiques, les institutions et tous les corps intermédiaires.
Parution: octobre 2009 – 230 pages


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L’Afrique.des drames de l’histoire aux raisons d’espérer
Cet ouvrage propose quelques esquisses de réponses à des questions que les Africains d’aujourd’hui et de demain peuvent se poser à propos de leur éventuel futur pays unique, quelques pistes de réflexion sur la situation présente par rapport aux heures grandioses ou tragiques du passé et surtout une projection sur l’avenir. Il propose des itinéraires possibles en partant de la situation globale de la totalité des pays de l’Afrique d’aujourd’hui.
Parution: octobre 2009 – 172 pages


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Jacques Fulbert Owono, jeune camerounais doctorant et écrivain

Il vient de publier chez l’Harmattan « les tribulations d’un jeune séminariste », une autobiographie! Entretien

Qui est Fulbert Owono ?
Je me nomme Jacques Fulbert Owono. Je suis né dans la petite bourgade de Mfou au Cameroun. Je suis plus connu sous le nom de Jaco à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) de Yaoundé où j’ai étudié la philosophie et la théologie pendant près de 7 ans. Je vis en Allemagne depuis l’été 2006 où j’ai entamé la rédaction d’une thèse en philosophie, option éthique africaine, sur le thème : Pauvreté ou paupérisation en Afrique : ambiguité du concept de lutte contre la pauvreté chez les Béti-Fang du Cameroun. Je suis le président de l’association des Etudiants africains et amis d’Afrique de Bayreuth, ma ville, depuis 2007.

Peut-on parler de ce livre en disant que c’est votre première
expérience d’auteur?

D’auteur connu comme tel, je dirais oui. Sinon, par le passé, j’ai eu souvent à griffonner des nouvelles sur du papier. J’ai participé une fois au prix de littérature de l’UCAC que j’ai gagné.

Comment se retrouve-t-on à écrire un roman?
En ce qui me concerne, je pense que j’ai été préparé assez tôt et de manière personnelle. J’ai toujours été habité par les questions sur le sens de mon être au monde, le devenir de l’humanité et l’engagement permanent vis-à-vis des idéaux et des causes plus justes. Et lorsque j’ai connu l’histoire de mon peuple, du peuple noir, de ses leaders et héros, je n’ai eu de cesse que de m’engager moi aussi. Et mon premier devoir a été de me cultiver, de lire pour comprendre, et de comprendre pour savoir agir. Ce premier roman n’est donc pas un éclair de tonnerre en plein ciel bleu.

Jacques Fulbert Owono
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Le problème que soulève votre livre est assez particulier. Vous racontez une expérience personnelle. Dites nous quelques mots sur le sujet sans tout dévoiler bien évidemment ?
Dans Les tribulations d’un jeune séminariste, je pars en fait de mon expérience personnelle, de ce que j’ai vécu comme échec, comme frustration, comme injustice au sein de l’Eglise catholique, mais aussi, comme victoire et joie, pour l’élever au niveau de l’expérience humaine tout court. C’est l’histoire d’un jeune camerounais de 11 ans qui a dû renoncer à sa vie familiale, à son héritage, à toutes ses garanties sociales pour se lancer dans les vagues d’un futur incertain à la suite du Christ. Modelé, taillé, raffiné pendant 16 ans aux volontés de l’Eglise, et alors que les premières hirondelles chantent le printemps de son ordination diaconale, il s’entend dire qu’il n’est pas l’élu de Dieu, que l’appel ne lui est pas adressé, qu’on s’est trompé sur son compte. Commence alors une descente aux enfers de l’auteur que je vous laisse découvrir à travers la lecture du roman.

Quel est le message réel que vous avez voulu faire passer ?
Le message que j’ai voulu faire passer est simple : Aucun Dieu, aucune divinité ne saurait se réjouir des souffrances de l’humain. Aucune injustice donc, aucune lâcheté ne devrait être tolérée, consentie ou acceptée au sein de l’Eglise. L’humanité de tous doit être prise en compte, plus encore, celle de ceux qui n’ont pas la chance d’être élus par Dieu comme nous. Lorsque l’Eglise rejette de manière païenne les hommes et les femmes en son sein, c’est pour qu’ils aillent où ? Quelle est au fond sa mission : rassembler les brebis ou les disperser?

Vous êtes en cycle doctoral philosophique après un master en théologie morale. Quelles sont les ouvertures d’un tel parcours académique?
Vous faites bien de me poser la question, car elle me permettra de faire quelques clarifications. Je souhaiterais que l’Eglise catholique au Cameroun et ailleurs, en Afrique, adapte la formation des séminaristes aux besoins du temps présent et de leur environnement. Puisqu’il n’ y a pas de droit garanti à l’ordination sacerdotale, on devrait donc préparer une bouée de sauvetage pour ces africains malheureux qui n’auront pas pu aller jusqu’au bout, au lieu d’en faire des inaptes dans la société. Il y a donc possibilité de penser à une formation secondaire, parallèle, qui épouse les capacités réelles des séminaristes. Tous les séminaristes ne peuvent pas devenir des Dr en théologie ou des Dr en philosophie au sein de l’Eglise. Il y a parmi eux des doués ou surdoués en sciences, en mathématiques, des peintres, etc. Mais dont le génie est tué par une formation traditionnelle et qui se moque même des dons de l’Esprit – Saint. Il faut adapter toute formation au temps présent. Ceci dit, lorsqu’on vous renvoie après 16 années comme moi, vous êtes, malgré votre bagage académique, inapte sur le marché de l’emploi. Depuis mon renvoi, j’essaie de me battre comme personne pour exister déjà au sein de la société, et aussi, comme tout le reste des hommes, pour trouver une occupation, malgré mon grand handicap.


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De nombreux Camerounais ternissent l’image du pays, notamment en Allemagne où vous vivez. Votre commentaire ?
Je pense que le problème ne se pose pas en terme de savoir quel Camerounais ternit plus ou moins l’image de notre chère patrie. Nous y contribuons tous, d’une manière ou d’une autre. Ici en Allemagne, en France, en Italie, en Corée ou en Guinée Equatoriale. Au Cameroun même. Et partant, ce n’est donc pas l’apanage des Camerounais de la diaspora. Mais du Camerounais tout court. L’interpellation s’adresse donc au Camerounais de Yabassi, tout comme celui de Tiko, de Yaoundé, de Paris, de Hong kong, de Washington D.C. ou de Berlin : Quel Cameroun voulons-nous léguer à nos enfants ? Quelle image de nous voulons-nous laisser aux générations futures ? Devront-ils être obligés d’aller cracher sur nos tombes ?

Faudrait-il donc continuer à se réfugier derrière de faux alibis pour déclarer que ce sont les Bamilékés qui ternissent plus l’image du Cameroun ? Que ce sont les Bétis qui l’ont enfoncé dans la merde ? Ou alors que ce sont les Nordistes qui l’ont vendu aux francais ? La lettre de Suzanne Kala Lobé à la diaspora camerounaise, au-delà des émotions vives qu’elle a pu susciter, et des injures et calomnies – qu’il faut ici regretter et décrier ; cette lettre, disais-je, a à mon sens posé un problème de fond : quel modèle de développement, nous, Camerounais de la diaspora, proposons-nous pour sortir le pays de la crise ? Voilà la question, la toute petite question que sous-entendait la lettre de cette dame. Mais, au lieu de réfléchir par des théories, de lui proposer des modèles et autres projets, nous avons encore une fois brillé par notre esprit d’incapacité. C’est pourquoi, je pense que la diaspora camerounaise, puisqu’il s’agit-elle, a manqué jusqu’ici son rendez-vous avec l’histoire. Mais il est encore temps de sauver les meubles.

La lettre de Suzanne Kala Lobé à la diaspora camerounaise, au-delà des émotions vives qu’elle a pu susciter, et des injures et calomnies – qu’il faut ici regretter et décrier – Cette lettre, disais-je, a à mon sens posé un problème de fond: quel modèle de développement, nous, Camerounais de la diaspora, proposons-nous pour sortir le pays de la crise?
Jacques Fulbert Owono

Je m’explique. Nous ne pouvons pas continuer à traîner, comme un boulet cet élan de patriotisme que j’appelle patriotisme d’occasion. Un patriotisme folklorique ne fera jamais avancer un pays. Malheureusement, nous en sommes encore là, à rêver de l’unité quand les lions indomptables jouent après un cycle de 2 ou 4 ans. Si le sport peut être un tremplin d’unité, il ne peut à lui tout seul porter cette lourde responsabilité. Et s’il faut imaginer qu’on ne se qualifie pendant 10 ans à aucune compétition africaine ou internationale, qu’en sera-t-il de notre unité?

J’en déduis donc qu’il y a des facteurs plus sérieux et importants, parce que nécessaires, sur lesquels il faut se pencher si on veut un pays habitable pour tous. Nous de la diaspora, nous devons donc être les plus actifs, car, étant comme le prisonnier de la caverne dont parle Platon, nous sommes allés voir mieux ailleurs. Il s’agit ensuite de partager avec la fratrie restée au pays. Ce qui signifie que nous devons déjà, ici en Occident, et ailleurs dans le monde, profiter du cadre qui nous est propice pour accorder nos violons sur des projets précis de développement. Nous en avons les capacités, mais pas toujours le feeling qu’il faut. Car nous sommes encore à reproduire nos « Bikouan » ethniques, tribales, partout où nous nous trouvons. Pourtant, comme le disait feu Mgr Jean Zoa, de regrettée mémoire, on ne devrait pas se poser la question de savoir de quelle ethnie, tribu ou confession religieuse est le Camerounais qui gît dans la souffrance devant nous. Il n’ y a pas de conditions pour l’action. Il faut s’engager.

Par ailleurs, quand bien-même on peut s’élever au-dessus de cela, c’est toujours pour plonger dans l’inutilité. Les Camerounais d’Allemagne sont connus pour leur grand esprit de dynamisme et d’organisation. Le grand challenge qu’ils organisent chaque année est devenu une référence mondiale. Une foire internationale. Allez donc savoir à qui profitent les retombées de cette grande foire annuelle ? A l’Etat allemand tout simplement, par la location des salles, des terrains de jeu, des hôtels, l’achat des boissons, bouffe, etc. Qu’est-ce que les Camerounais qui viennent de tous les coins du monde en tirent pour eux-mêmes, pour leur pays ? Rien du tout. Ou presque rien. Sinon, on retourne chez soi foiré, paumé et fatigué d’avoir trop bu, d’avoir trop fait la fête.

Les Japonais sont réputés pour leurs m urs. Chaque Japonais vit en lui le particulier de son existence et le général de sa communauté, car il porte en lui l’image de l’empereur. Quelle image du Cameroun portons-nous jalousement pour en être fiers ? Si nous n’en trouvons pas, qui nous interdit d’en créer, d’en inventer une? Contrairement à la France, c’est la conscience nationale qui a précédé l’Etat en Allemagne. L’Allemagne unifiée est le produit pour une bonne part, de ses universités, de ses philosophes, etc. La jeunesse allemande a cherché le modèle d’une grandeur que le présent lui refusait. Pour se retrouver et exister au milieu des autres peuples, la France surtout, l’Allemagne s’est inventé un passé glorieux et qu’elle a au besoin célébré et arrangé.

Nous sommes un peuple, une nation, une souverainété, qui nous interdit aujoud’hui de nous forger une âme ? Des chantiers nous restent donc ouverts pour forger, créer et inventer notre Volksseele (âme nationale), de même que notre Volksgeist (esprit national). En avons-nous seulement conscience?

Une nation, disait Joseph Rovan, est une aventure sui generis, une existence en marche qui, jamais et nulle part, ne se reproduira, une certaine facon d’être hommes et femmes ensemble et séparément. Avons-nous trouvé cette manière camerounaise d’être ensemble, et non plus séparément et exclusivement béti, bassa, bagangté, douala, kirdi, babouté.

Notre contribution, en tant que Camerounais de la diaspora est grande et double. Les frères et s urs, et même les parents restés au pays comptent sur nous, attendent beaucoup de nous. Nous devons d’abord définir notre statut et l’établir en rapport de continuité avec notre pays d’origine, en respect de ses lois, de ses institutions et de ses dirigeants.

Parce que la diaspora camerounaise n’a pas d’âme, pas plus qu’elle ne propose un projet de société viable et fiable, elle se trouve être à la merci de certains individus et lobbys qui jouent avec ses réflexes, soit disant patriotiques, comme Pavlov le faisait avec son chien. Au lieu d’aboutir donc à l’équation diaspora = projet de développement et engagement tous azimuts, on aboutit plutôt à l’équation diaspora = opposition au régime camerounais. Et depuis l’été 2009, les interventions des uns et des autres, ici et ailleurs, n’ont pour sens et valeur que de préciser leur fidélité ou non vis-à-vis du pouvoir en place.

Nous sommes rendus donc à une ère où le seul paradigme intelligible de la diaspora camerounaise reste la conquête du pouvoir et la tenue des élections, comme si l’Etat était le tout dans une société, comme si les problèmes disparaissaient avec l’élection présidentielle. Et la question principale : quelle est notre vivre-ensemble camerounais est simplement évitée, éludée, sinon occultée.

Un v u pour terminer?
Mon souhait est simple : qu’aucun enfant, qu’aucune femme, qu’aucun homme ne meure plus au Cameroun ou ne souffre pour manque de soins ou de denrées alimentaires. Que la dignité et l’humanité de tout Camerounais soit protégées et respectées. Aucun pays n’est assez pauvre pour laisser mourir ses citoyens, car, tandis que certains meurent au Nord, d’autres vivent dans l’opulence au Sud. Le problème est donc au niveau du type de modèle de société qui convienne à tous, sans exclusion. Et en cela, Camerounais de la diaspora, comme Camerounais du terroir sont tous conviés au débat. Il nous revient donc de trouver dans la palabre africaine des structures de débat qui considèrent que parler c’est bâtir, c’est « construire le village ».

Jacques Fulbert Owono
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