Cameroun : l’Hôpital gynéco de Yaoundé en agonie

Au-delà des apparences de la façade principale, les installations tombent en décrépitude tandis que l’insalubrité gagne du terrain.

 

L’image est insoutenable. Poubelles débordées dans les couloirs, sol maculé de boue jusque dans les salles d’hospitalisation, odeurs nauséabondes près des salles d’eau, etc. C’est l’état dans lequel se trouve le pavillon pédiatrie de l’Hôpital gyneco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé ce mercredi 19 octobre 2022. Il est environ 18h20, lorsque nous franchissons la barrière pour rendre  visite à une mère dont l’enfant est hospitalisé.

A l’entrée principale, un office religieux se déroule. Le célébrant vient de terminer la lecture de l’évangile lorsque nous entrons. Contournant l’assemblée réunie pour la messe, nous nous dirigeons vers la pédiatrie, où les salles d’hospitalisation se trouvent. Dans les couloirs, en dehors des signes de désuétude du bâtiment, tout semble bien fonctionner. Seulement, en montant  les marches, nous sommes tenus par le besoin pressant de soulager la vessie. Accueilli par la mère du patient, elle nous indique où se trouve la salle d’eau : au fond du couloir.

Une fois-là, les poubelles débordent et les déchets sont versés au sol. Le robinet qui se trouve derrière les immondices laisse couler un peu d’eau sans arrêt. Au sol, il est difficile de distinguer la terre du ciment, en raison de la boue. De l’extérieur des toilettes, les odeurs traversent le masque. Devant nous, trois portes sont ouvertes. En voulant franchir  la première, l’état de l’intérieur est insupportable. Même constat à la deuxième porte. A la troisième porte, nous avons l’obligation de supporter, juste le moment de libérer la pression de la vessie.

Vue Intérieure de l’Hôpital gynéco obstétrique et pédiatrique de Yaoundé

De retour de là, nous craignons d’utiliser l’eau du robinet pour se laver les mains. Le degré d’insalubrité et de décrépitude des installations qui se laisse voir au fond de ce couloir provoque  la nausée. Nous  nous servons de notre gel hydro-alcoolique. Dans la salle d’hospitalisation, l’état du sol n’est pas très différent de celui observé au fond du couloir. En plus, les moustiques défilent en permanence à l’intérieur comme à l’extérieur.

Selon les spécialistes, cet environnement expose les patients, les garde-malades et les visiteurs aux « infections nosocomiales ».

Pourtant, cet hôpital n’est pas aussi vieux en âge. Fruit de la coopération Chine-Cameroun, c’est le 28 mars 2002 que le président Paul Biya l’inaugure. Le 29 mars 2002, la formation sanitaire s’ouvre aux patients. Au départ, elle est administrée par les Chinois. Par la suite, ces derniers passent le témoin au Camerounais. Aujourd’hui, l’hôpital porte le poids de ses vingt ans comme un vieillard croupit sous le poids de ses 90 ans. Ainsi donc se pose le problème de la maintenance des infrastructures hospitalières et des édifices publics en général au Cameroun.