Egypte: Incertitude sur l’état de santé de Moubarak

Toutefois, des sources médicales et militaires affirment qu’il est dans le coma dans la banlieue du Sud du Caire

Annoncé comme mort par l’agence officielle égyptienne Mena, mais information démentie par les services de sécurité, un doute plane encore sur l’état actuel de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak. Mais des sources médicales et militaires affirment qu’il serait dans un état de coma après avoir été victime d’une attaque cérébrale. Hosni Moubarak a connu une rapide détérioration de son état de santé depuis sa condamnation le 2 juin pour la mort de près de 850 personnes pendant la révolte de janvier/février 2011, suivie de son transfert dans l’aile médicalisée de la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire. Souffrant de dépression aiguë, de difficultés respiratoires et cardiaques et d’hypertension, selon des sources médicales et ses avocats, il a été victime hier mardi d’une attaque cérébrale et a dû subir une nouvelle défibrillation cardiaque. Tout au long de son procès, il était apparu devant les juges allongé sur une civière, enfermé dans un box grillagé, loin de l’image de dirigeant courtisé sur la scène internationale et redouté à domicile, qu’il avait été autrefois.

Hosni Moubarak est resté au pouvoir pendant près de trente ans, de la fin 1981 au début 2011, avant d’en être chassé lors d’une révolte contre son régime. Depuis, de sérieux ennuis de santé ont été régulièrement signalés par son entourage. L’ancien chef d’État a été condamné à la prison à vie le 2 juin pour la répression lors de la « Révolution du Nil ». Le tribunal ne l’a pas accusé d’avoir une responsabilité directe, mais de ne pas avoir pris les dispositions nécessaires pour empêcher ces morts. Au cours de sa longue carrière, il a échappé à plusieurs tentatives d’attentat et n’a jamais levé l’état d’urgence en vigueur tout au long de sa présidence. Celui-ci a finalement été levé fin mai. En mars 2010, il avait été hospitalisé en Allemagne pour une ablation de la vésicule biliaire.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a fait ses preuves dans l’armée, jusqu’à devenir commandant en chef des forces aériennes, puis vice-président en avril 1975. Hosni Moubarak est marié à Suzanne Thabet, qui fut très influente dans son entourage. Leurs deux fils, Alaa et Gamal, qui étaient jugés en même temps que leur père pour corruption, n’ont vu aucune condamnation prononcée contre eux, les faits de corruption les concernant ayant été considérés comme prescrits. Ils seront de nouveau jugés le 9 juillet pour une affaire de corruption.

Hosni Moubarak a suivi son procès sur une civière
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Egypte: Manifestations après le verdict de l’affaire Moubarak

L’ancien président a été condamné à vie, mais les décisions des juges sur l’ensemble de l’affaire, ne semblent pas faire l’unanimité au sein de l’opinion et de la classe politique

Après la condamnation à vie de Hosni Moubarak, l’ancien président égyptien, La place Tarhir, au centre du Caire, symbole des grandes manifestations de protestation contre l’ex-président et les militaires, s’est à nouveau embrasée le week-end. Plusieurs centaines de manifestants y étaient toujours rassemblés dimanche 03 juin 2012 dans la journée, pour protester contre une partie des décisions des juges. Moubarak a été condamné à la prison à perpétuité, ainsi que son ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli. Deuxième dirigeant emporté par la vague du printemps arabe (après le tunisien Ben Ali), l’ancien président risquait pourtant la peine de mort, d’ailleurs requise par le procureur. Mais Les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, qui comparaissaient également, n’ont pas été condamnés, les faits de corruption qui leur étaient reprochés étant prescrits selon le président de la cour, le juge Ahmed Rifaat. Non condamnés aussi, 6 hauts membres du régime militaire. La nouvelle de l’acquittement de ces six anciens responsables de l’intérieur et le verdict, trop clément pour certains qui espéraient la peine de mort pour M. Moubarak, a provoqué la colère notamment de quelques centaines de personnes, tant dans la classe politique qu’au sein de l’opinion publique. Les Frères musulmans, première force politique d’Egypte, ont appelé à descendre en masse dans la rue, selon une information donnée par l’agence Reuters. « Le verdict est une farce et il faut un nouveau procès avec les preuves nécessaires en vue d’une juste punition », a fait savoir Mohammed Morsi, le candidat des Frères Musulmans.

Hosni Moubarak, 84 ans, qui était jusqu’à présent en détention préventive dans un hôpital militaire non loin du Caire, a été transféré par hélicoptère dans la prison de Tora, au sud de la capitale. Selon une information rapportée par le journal Le Monde, l’ancien homme fort d’Egypte « pleurait » et ne « voulait pas descendre de son hélicoptère ». Fait marquant, il avait suivi tout son procès allongé sur une civière en raison d’un état de santé soudainement dégradé. Ces décisions et les manifestations qui vont avec dans les rues des grandes villes égyptiennes surviennent à deux semaines du second tour de l’élection présidentielle qui doit se dérouler les 16 et 17 juin prochains. Il opposera Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans arrivé avec une courte avance lors du premier tour (24,3% des suffrages), au général Ahmed Chafiq (23,3%), le dernier Premier ministre de Moubarak. Chafiq jouit d’une grande popularité chez les nostalgiques de l’ancien régime et chez les Coptes, inquiets d’une éventuelle victoire des islamistes. Morsi, qui peut compter sur l’organisation politique de la confrérie mais souffre d’un manque de charisme, est pour sa part soucieux de drainer les voix de tous les opposants à Moubarak. Pour l’ex-président, les conditions de détentions dépendent aussi en grande partie de ces élections. Une victoire de ses proches, pourrait en effet lui permettre une fin moins dure. Par contre le passage des frères musulmans pourrait ne pas être une bonne nouvelle. Dans les deux cas, la fin ne peut être que terrible, pour quelqu’un qui a dirigé le pays pendant plus de trente années.

Hosni Moubarak a suivi le procès sur une civière
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Unesco : Irina Bokova l’emporte sur Farouk Hosni

Déception en Egypte, satisfaction de nombreuses capitales européennes

L’Afrique déçue
Ils étaient 4 africains au départ des élections à la direction générale de l’UNESCO. Nouréini Tidjani-Serpos, le Béninois, Sospeter Mwijarubi Muhongo, le Tanzanien, Mohammed Bedjaoui, l’Algérien et Farouk Hosni, l’égyptien, favori et seul arrivé au dernier tour. L’affrontement final entre ce dernier et la Bulgare Irina Bokova a été serrée. Arrivés à égalité au quatrième tour, le cinquième organisé mardi dernier aura été fatal à l’égyptien. Bokova a obtenu 31 voix contre 27 pour le ministre égyptien de la Culture. Proche du président Hosni Moubarak et soutenu par l’Union africaine et la Ligue arabe, Farouk Hosni avait toutes les chances d’être la première personnalité arabe à diriger l’organisation. Le troisième candidat encore en course au quatrième tour, Mohammed Bedjaoui, un Algérien dont la candidature était présentée par le Cambodge, a facilement été écarté. Des informations proche du pouvoir en Egypte révèle que le président Hosni Moubarak aurait pesé de tout son poids diplomatique pour que réussisse son compatriote. Un poids renforcé par le rôle stratégique de l’Egypte dans le processus de paix israélo palestinien et dans la construction de l’Union méditerranéenne chère à Nicholas Sarkozy.

Les coulisses.
Bien que donné favori, le dernier candidat de l’Afrique avait quelques points qui penchaient en sa défaveur. Sa candidature a été dénoncée par de nombreux poids lourds du monde intellectuel occidental. Farouk avait contre lui d’être le candidat d’un pays épinglé chaque année pour des pratiques répressives, notamment en matière de liberté d’expression, pays où il occupe une place dans le gouvernement. Sur un autre plan Farouk Hosni avait déclaré en 2008 qu’il brûlerait lui-même les livres en hébreu s’il en trouvait dans les bibliothèques égyptiennes. Il a ensuite à plusieurs reprises regretté ses propos, prononcés dans l’enceinte du Parlement égyptien, lors d’une altercation avec un député des Frères musulmans. Des regrets qui n’ont visiblement pas suffi. Au Caire, on a exprimé une grande déception. Certains en Egypte évoquent déjà l’hypothèse d’un complot Américano européen. Les chiffres des votes successifs semblent leur donner raison. Parti avec 22 voix au premier tour, l’égyptien avait atteint 29 voix au quatrième tour pour finalement chuter à 27. « Il y’a forcément eu des traitres », affirme sous anonymat un des délégués présents pour le vote.

Irina Bokova, un message positif
Agée de 57 ans, Irina Bokova est actuellement ambassadrice de la Bulgarie en France, et également sa représentante auprès de l’Unesco. Polyglotte, elle parle en plus du bulgare, l’anglais, le russe, l’espagnol et le français, un atout pour diriger une institution ouverte sur le monde. Ancienne communiste et diplomate de carrière, elle est devenue une partisane convaincue de la cause européenne. Son parcours universitaire, elle le fait à l’Université du Maryland et à la prestigieuse Université de Harvard, où elle a étudié l’économie. Elle a été premier vice-ministre des Affaires étrangères et coordinateur des relations de la Bulgarie avec l’Union européenne (UE) de 1995 à 1997 avant de devenir un court moment chef de la diplomatie bulgare de novembre 1996 à février 1997. Ses premiers sentiments après son élection, « C’est un message positif : les femmes peuvent occuper des postes importants et participer à des élections dures et gagner Cela n’a pas été une élection facile, mais si les élections sont démocratiques, elles ne sont jamais faciles ». Elle a parallèlement promis de tendre la main au monde musulman très déçu de la non élection de l’Egyptien Farouk Hosni.

Irina Bokova
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