Les imams camerounais prient pour la paix en 2016

Le v u a été formulé samedi à Yaoundé au cours d’un point de presse donné par le conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun

Le point de presse du Conseil des imams et dignitaires du Cameroun (Cidimuc), tenu samedi, 26 décembre 2015, a été l’occasion pour le grand imam de Yaoundé, Cheick Ibrahim Moussa, d’inviter tous les imams de la capitale politique camerounaise à prier de manière individuelle et collective pour plus de paix et de sécurité en 2016.

Prenant la parole, le coordonnateur général dudit conseil, Dr Moussa Oumarou, a condamné les actes terroristes perpétrés par des personnes « qui se réclament de l’islam ».

Durant les échanges de samedi, les évènements ayant affectés le Cameroun et le monde ont été revisités. Il s’agit entre autres, des attaques de la secte Boko Haram qui ont été perpétrées sous plusieurs formes dans la région de l’Extrême-Nord du pays, de la perte des pèlerins camerounais survenue au cours de la bousculade en Arabie Saoudite, des attaques djihadistes au Mali, les fusillades de paris et celles de Californie.


Droits réservés)/n

Les imams du Cameroun prient pour l’éradication de Boko Haram

Réunis au sein du Cercle des imams et dignitaires musulmans du Cameroun «Cidimuc», ils ont organisé récemment à Yaoundé une grande prière pour l’éradication du groupe terroriste

Les imams camerounais n’ont qu’un souhait, à la veille du mois saint, l’éradication du groupe armé de Boko Haram, qui sévit dans l’Extrême-Nord du pays, mais qui pourrait atteindre Yaoundé, après les attaques qui ont secoué Ndjamena, capitale du Tchad, lundi, et qui ont été imputées à ce groupe.

« Nous craignons que Boko Haram n’arrive à Yaoundé, la capitale. Nous avons d’ailleurs pris des dispositions sécuritaires à ce niveau. Chaque imam doit ainsi signaler à la police toute personne suspecte repérée dans sa mosquée », a assuré à Anadolu, Cheick Ibrahim Moussa, grand imam de Yaoundé.

Réunis au sein du Cercle des imams et dignitaires musulmans du Cameroun «Cidimuc», les imams ont organisé, samedi dernier, une grande prière pour l’éradication de Boko Haram.

«Cette cérémonie marque le coup d’envoi des prières que vous allez constamment réciter de manière individuelle et collective durant le mois sacré du Ramadan», a déclaré Oumarou Djibril, l’un des représentants du Cidimuc, s’adressant aux imams.

La cérémonie avait aussi pour objectif de prier en faveur de la paix au Cameroun. «Depuis les tristes évènements orchestrés par Boko Haram, le Cidimuc sensibilise la communauté musulmane sur la nécessité de l’Islam et sur l’importance d’accompagner le président de la République dans le combat qu’il a engagé contre ce groupe terroriste et obscurantiste », a ajouté l’imam Djibril du Cidimuc.

Au cours de la cérémonie, les représentants de chacune des dix régions du Cameroun ont psalmodié des versets du Coran et récité des prières contre le groupe armé nigérian

«Allah, nous te rendons grâce de tous nos c urs de part tes attributs les plus sublimes afin que tu accordes une victoire éclatante, définitive et sans précédent à nos forces de l’ordre, à nos forces de défense engagées pour la guerre contre Boko Haram, pour la guerre contre les ennemis de la paix, pour la guerre contre les ennemis du Cameroun, pour la guerre contre les ennemis de l’Islam», a par exemple souhaité l’imam Ngapnang Mohammed, le représentant de la région du Centre, dans sa prière.

Toutes les autorités musulmanes du Cameroun ont pris part à cette cérémonie. D’autres responsables administratifs, tels que des ministres y ont également assisté, bien que n’étant pas musulmans. On a aussi prié pour les victimes de Boko Haram. Amadou Ali, vice Premier ministre chargé des relations avec les assemblées qui était le représentant du président de la République, Paul Biya, à cette cérémonie en sait quelque chose. Lors de l’une des attaques de Boko Haram au Cameroun, en 2014, son épouse avait été enlevée puis relâchée des semaines plus tard.

Le Cidimuc, créé en 2000 avec pour objectif d’ uvrer pour la paix au Cameroun, pour le développement du Cameroun, ainsi que pour l’amélioration de conditions de vie académique et matérielle des imams du Cameroun, organise régulièrement de grandes prières, surtout à la veille d’évènements primordiaux pour le pays tels que des échéances électorales.

Après le sommet de Paris de mai 2014 au cours duquel Paul Biya avait déclaré la guerre à Boko Haram, le Cidimuc avait à son tour fait une déclaration qui condamnait les infractions et les actes commis par Boko Haram.

Pour le Cidimuc, ces actes « ne cadrent avec aucun enseignement des religions révélées ». L’association avait également appelé à plusieurs reprises toute la communauté musulmane du Cameroun à contribuer à l’éradication de Boko Haram.

Le Cameroun partage une frontière commune avec le Nigéria, notamment avec l’Etat de Borno, fief de Boko Haram, qui déclare avoir pour objectif l’instauration d’un Califat au Nigeria.

Toutefois, depuis quelques années, le combat de Boko Haram semble s’être déporté hors des frontières du pays, avec notamment des attaques dans les pays voisins tels que le Cameroun, le Tchad et le Niger. Dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, les attaques sont devenues quasi hebdomadaires avec des tueries, des enlèvements, des destructions de biens et même des vols de bétail et de nourriture.

L’attaque, lundi, du commissariat central et de l’école de police de N’Djamena, qui a fait 27 morts, selon un bilan officiel tchadien, relance l’inquiétude d’attaques terroristes dans les c


Droits réservés)/n

Les imams camerounais veulent réglémenter leurs prêches

Dans le septentrion, certains chefs traditionnels exigent des Imams, qui sont sous leur commandement, à ne laisser que les personnes dûment autorisées à prêcher dans les mosquées

Les musulmans de l’Extrême Nord du Cameroun sont les premières victimes des attaques et violences perpétrées depuis plusieurs mois, par la secte nigériane Boko Haram « soit disant au nom de l’Islam », dénoncent les guides religieux musulmans camerounais rencontrés par Anadolu.

20,9% de Camerounais sont de confession musulmane et la majorité d’entre eux est concentrée dans le Nord, dans l’Extrême-Nord et dans l’Ouest du Pays, selon des données démographiques officielles. C’est justement dans l’Extrême Nord, frontalier du Nigeria, que Boko Haram multiplie ses attaques.

La ville camerounaise de Fotokol, distante de moins d’un kilomètre du Nigeria, pleure aujourd’hui encore près de deux cents morts, la majorité de confession musulmane, massacrés le 4 février dernier, par près de 800 combattants de Boko Haram.

Lors de l’incursion dans la localité, les assaillants, qui se battent «pour établir un califat islamique», s’en sont pris entre autres, à plusieurs dizaines de fidèles qui se trouvaient dans des mosquées pour la prière de l’aube.

L’imam de la grande mosquée de Fotokol qui conduisait la prière, a succombé lui aussi sous les coups d’épées des combattants de Boko Haram, l’édifice religieux a quant lui été consumé par les flammes. Pour Alim Garga, lamido camerounais (leader religieux musulman) à Garoua (capitale de la région du Nord), ces attaques sont un affront à l’Islam.

«L’Islam n’a jamais demandé qu’on fasse du mal à qui que ce soit. Ce qui est arrivé aux populations de Fotokol est vraiment désolant. L’Islam est une religion de paix et non de barbarie. Je condamne fermement ce qui s’est passé à Fotokol et partout d’ailleurs au Cameroun, au Nigeria, au Tchad comme au Niger», a déclaré le religieux rencontré par Anadolu.

Pour éviter que Boko Haram n’embrigade les populations en utilisant la religion, Garga prône la prévention. Le chef traditionnel, garant de la tradition et de la religion, a exigé des Imams, qui sont sous son commandement, de ne laisser que les personnes dûment autorisées, à prêcher dans les mosquées.

« Ce qui arrive dans l’Extrême-Nord peut bien sûr arriver dans d’autres régions du pays si nous ne sommes pas vigilants. Pour éviter que certaines personnes viennent prêcher de fausses paroles, et faire un lavage de cerveau aux croyants pour les rallier à leurs causes, j’ai demandé à tous mes imams de me dresser les noms de ceux qui doivent prêcher dans les mosquées et ces derniers doivent nous fournir d’avance les thèmes de leurs prêches. »

« Nous comprenons notre Islam et nous n’avons pas besoin de ceux qui pensent comprendre cette religion mieux que nous. Boko Haram a recruté les jeunes garçons partout même à Garoua. J’ai fait le tour de tous les villages sous mon commandement et j’ai demandé aux chefs traditionnels de collaborer avec les forces de défense et les autorités administratives camerounaises. Ils doivent les informer de toute personne suspecte qui arrive dans leurs différents villages », conclut le lamido de Garoua.

Le lamido de Rey Bouba (Nord), Aboubakary Abdoulaye, par ailleurs vice-président du sénat de la région du Nord, s’est dit pour sa part « très touché » par les exactions que vivent au quotidien les populations de l’Extrême-Nord.

«C’est vraiment triste ce qui arrive à notre pays et surtout à mes frères et s urs de l’Extrême-Nord. Nous sommes de tout c ur avec eux et nous espérons qu’avec l’engagement de l’Etat et des pays frères, nous serons bientôt à la fin de ce calvaire. Les membres de Boko Haram sont des bandits, des voyous qui nous font croire qu’ils agissent au nom d’Allah. Allah n’a jamais demandé qu’on tue à son nom. Il n’est écrit nulle part dans le Saint Coran qu’il faut ôter la vie d’autrui au nom d’Allah», regrette le vice-president du Sénat.

Après avoir tenu plusieurs séances de concertations avec les fils et filles du Grand Nord sur le sujet Boko Haram, le lamido de Rey Bouba propose tout comme le lamido de Garoua que les populations soient mises à contribution dans la lutte contre la secte nigériane.

Pour le président de l’Association des Imams du Cameroun, le cheikh Ibrahim Mbombo Moubarak, la réglementation des prêches, ainsi que des écoles coraniques, ainsi que l’institution de mécanismes de contrôle, pourraient constituer une réponse en marquant davantage la présence de l’Etat.

«Les religions sont pratiquées sans aucune autorisation et c’est ainsi que ces mouvements extrémistes gagnent du terrain au Cameroun», a conclut Moubarak.

Un imam dans une mosquée à Douala
Droits réservés)/n