La coopération Cameroun-Union Européenne revisitée

C’était au cours de l’audience accordée à SE Philippe Van Damme, Ambassadeur Chef de Délégation de l’Union Européenne en terre Camerounaise. L’occasion pour les deux personnalités de passer en revue l’état de la coopération et d’énoncer les perspectives.

« Tout le monde l’aura vu. On a avancé avec la mise en œuvre des APE. Tout le monde aura vu que nous avons une excellente collaboration avec le Ministère du Commerce. On a avancé avec la mise en œuvre de l’APE. Cet Accord commence à porter ses fruits. Les entreprises Camerounaises parviennent à exploiter ses avantages. Il faut réfléchir pour voir comment maximiser les avantages .Les entreprises doivent tirer profit de cet Accord comme d’autres accords au plan continental », a souligné el diplomate Belge arrivé en fin de mission et appelé à faire valoir ses droits à la retraite.
Les deux parties ont profité des échanges pour énoncer les perspectives. « Nous nous nous sommes engagés également à continuer à travailler ensemble pour sensibiliser les entreprises, et voir comment renforcer le dialogue secteur public -secteur privé. Il faut créer un environnement des affaires qui puisse permettre aux entreprises davantage de tirer profit de cet accord comme d’autres accords d’intégration économique au niveau continental » a indiqué le diplomate.
Un autre point évoqué qui n’était pas des moindres était le cacao et la déforestation. « C’est un sujet qui comme d’autres accords m’ont donné beaucoup de satisfaction ces dernières années via les Cocoa talks. Ces questions ont abouti en juin 2023 à une grand-messe avec beaucoup de participants sanctionnée par l’élaboration de recommandations très concrètes et opérationnelles .Elles permettront au Cameroun de mieux se positionner sur le marché européen avec un avantage comparatif par rapport aux concurrents ».
Le diplomate a annoncé que, l’APE va contribuer au développement économique, à la diversification et à l’industrialisation du Cameroun comme d’autres pays africains qui se sont inscrits dans cette dynamique des APE.

Inclusion financière numérique en Afrique : le gouvernement Indien met plus d’un milliard F dans le projet

L’Inde, nouveau partenaire de la Facilité pour l’inclusion financière numérique en Afrique, s’engage à verser 2 millions de dollars pour stimuler l’inclusion financière numérique en Afrique.

2 millions de dollars, soit 1 201 000 000 FCFA. C’est la somme que le gouvernement Indien entend mettre dans le projet de Facilité pour l’inclusion financière numérique en Afrique (ADFI). Initiative hébergée et gérée par la Banque africaine de développement, affirmant ainsi son engagement à aider à lever les obstacles à la croissance et à l’adoption de solutions financières numériques et à accélérer l’inclusion financière en Afrique.

Manisha Sinha, secrétaire adjointe au Département des affaires économiques et membre principal du Conseil d’administration de l’ADFI pour l’Inde, a déclaré que le modèle unique, abordable, inclusif et équitable de l’infrastructure publique numérique de l’Inde offre des possibilités d’apprentissage partagé dans l’ensemble de l’écosystème de la finance numérique.

« Le rôle pionnier de l’Inde dans les services financiers numériques, l’extension de l’inclusion financière aux zones rurales reculées et la création d’infrastructures pour la numérisation des services financiers, offre à l’Inde une excellente opportunité d’œuvrer au sein du partenariat de l’ADFI pour partager l’apprentissage et l’expertise sur l’infrastructure publique numérique afin de promouvoir l’inclusion financière numérique à travers le continent », a-t-elle signifié Sinha.

Solomon Quaynor, vice-président chargé du Secteur privé, de l’Infrastructure et de l’industrialisation de la Banque africaine de développement, a déclaré : « Nous sommes heureux que le gouvernement indien soutienne le rôle de catalyseur joué par l’ADFI dans l’accélération de l’accès et de l’utilisation des solutions financières numériques et de l’inclusion financière sur l’ensemble du continent. Nous nous réjouissons à l’idée de travailler ensemble pour intégrer les enseignements tirés de l’expérience réussie de l’Inde en matière d’infrastructure publique numérique dans notre portefeuille croissant d’initiatives de solutions financières numériques afin d’accroître l’impact sur l’autonomisation économique, la résilience et la croissance en Afrique».

Industrialisation en Afrique : le Cameroun 4è en zone Cemac

La Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires tels que l’Union africaine et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) ont rendu public le 24 novembre 2022, le rapport sur l’Indice 2022 de l’industrialisation de l’Afrique.

Selon l’Indice 2022 de l’industrialisation en Afrique, le Cameroun apparaît au 4e rang des pays les plus industrialisés dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).

Selon ce document qui retrace le niveau d’industrialisation des 52 pays de l’Afrique au cours des 10 dernières années, le Gabon arrive en tête du classement non seulement dans la zone Cemac, mais aussi sur l’ensemble de l’Afrique centrale.

Au niveau continental, le pays d’Ali Bongo douzième au classement général des pays les plus industrialisés d’Afrique par la BAD, devance la Guinée équatoriale (15è), la République démocratique du Congo (16è), le Congo (23è), et surtout le Cameroun (24è).

« Les pays les plus performants ne sont pas nécessairement ceux dont l’économie est la plus importante, mais ceux qui génèrent la plus forte valeur ajoutée manufacturière par habitant, avec une proportion importante de produits manufacturés destinés à l’exportation », précise la BAD.

Pour rappel, l’Indice de l’industrialisation de l’Afrique de la BAD prend en compte 19 indicateurs répartis en trois composantes, à savoir « la performance », « les déterminants directs » et « les déterminants indirects ».

Cameroun : l’OAPI célèbre son 60ème anniversaire

Le lancement des activités relatives à cette célébration a eu lieu mardi 13 septembre 2022, à l’occasion de la journée africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle.

 

C’est un double évènement que l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a organisé mardi 13 septembre dans la ville de Yaoundé : le lancement des activités liées à la célébration de ses 60 années d’existence et la commémoration de la journée africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle. Pour l’occasion, une réflexion scientifique a réuni un panel d’experts.

Le thème choisi pour la circonstance était « propriété intellectuelle, levier de l’industrialisation et de la diversification économique en Afrique ». Il s’est agi à travers ce thème, de relever les obstacles à l’industrialisation et à la diversification des économies africaines. Il était aussi question de ressortir des opportunités favorisant une émergence économique à travers l’industrialisation et la diversification économique.

Des échanges et des partages d’expériences des experts ont meublé cette rencontre.

« Aujourd’hui on a besoin de machines agricoles. Il faut que l’Etat nous aide à avoir des machines qui vont nous permettre de transformer nos matières premières. En 2002, quand nous avons lancé notre premier produit sur le marché, il était question qu’en moins de 5 ans, on ait 70 produits locaux sur le marché. Aujourd’hui on n’en compte que 34 après 7 ans. Nous avons des difficultés à obtenir un certificat d’implantation et la problématique de la main d’œuvre fiable », énumère Bertin Tchoffo, PDG de Pafic Sarl.

Pour le Pr Kengne Fodouop, « On ne peut pas parler de levier sans parler de défis. Il y a des défis de la diversification de l’économie comme il y a des défis de l’industrialisation. Et l’un des premiers défis de la diversification de l’économie dans l’espace OAPI, c’est le fait que les pays de l’espace OAPI sont dominés depuis leur accession à l’indépendance par l’économie de rente. »

A la question de savoir comment faire face à ces défis, l’universitaire indique que ces 17 pays de l’espace OAPI doivent « mettre en place un processus de production ; avoir des machines de production et rompre avec ce passé. »

Notons que le même thème servira le fil d’ariane au sommet des chefs d’Etat et des gouvernements de l’Union africaine sur l’industrialisation et la diversification économique qui se tiendra du 20 au 25 novembre 2022 à Niamey, au Niger.

Le Forum d’investissement en Afrique est en cours

Cette 3è édition se tient virtuellement du 15 au 17 mars 2022.

Ce sont plus de 300 investisseurs qui y participent. Les secteurs qui attendent les investissements sont : l’agriculture et l’agroalimentaire, l’éducation, l’énergie et le climat, les soins de santé, les minéraux et les mines, les technologies de l’information et de la communication et les télécommunications, ainsi que l’industrialisation et le commerce.

« L’Afrique est résiliente, les économies africaines se remettent bien des effets de la pandémie. Les opportunités d’investissement en Afrique n’ont pas changé, et le continent  reste le lieu de choix pour l’investissement, pour obtenir des retours importants sur l’investissement », a souligné le président Adesina, lors de son discours d’ouverture.

 « Aujourd’hui, au moment où nous nous réunissons, nous avons environ 42 projets d’une valeur de 48 milliards $, avec différentes opportunités d’investissements ».

Lancé en 2018, le forum d’investissement en Afrique est une plateforme multipartite et multidisciplinaire qui fait avancer les projets de partenariat privé et public-privé vers la bancabilité. Elle permet également de lever des capitaux et d’accélérer les transactions jusqu’à la clôture financière.

Le forum est une initiative fondée par huit institutions partenaires : Banque africaine de développement, Africa 50, la Société financière africaine, la Banque africaine d’import-export, la Banque de développement de l’Afrique australe, la Banque de commerce et de développement, la Banque européenne d’investissement et la Banque islamique de développement.

Initialement prévu pour se dérouler en décembre 2021, en Côte-d’Ivoire, ce forum avait été reporté en raison de l’apparition du variant omicron, l’une des formes les plus contagieuses du coronavirus.

Cameroun : un parc intégré sera bientôt créé à l’Ouest

Les villages Bangoua et Badounga dans le département du Ndé vont abriter l’infrastructure agro-industrielle qui a pour objectif d’améliorer la productivité agricole et réduire les importations.

Le projet de parc agro-industriel intégré est une initiative de l’entreprise Belle folie. Il jouit d’un partenariat signé avec le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique concomitamment avec les ministères en charge de l’Agriculture, des Finances, du Commerce et du Cadastre.

C’est sur une superficie de 113 hectares que l’œuvre sera matérialisée. Les démarrages effectifs du chantier sont prévus pour 2023. Le coût global des travaux est estimé à 52 milliards de FCFA.

Il s’agit d’un outil qui obéit à la logique de l’import substitution. Et permet donc de réduire les importations des produits alimentaires. Mais, surtout comme le précise Micheline Dsamou, promotrice de Belle folie, de basculer vers un modèle d’agriculture intelligente, intégrée et innovante basée sur la capitalisation des expériences de la Thaïlande.

Dans sa mise en œuvre, il est question pour la société Belle folie d’aménager des fermes aquacoles, avicoles et porcines. A côté de cela, procéder également à la construction d’une unité de fabrication des machines agricoles, de raffinage d’huile de soja et de production d’engrais.

Pour le ministre Gabriel Dodo Ndoke en charge de l’industrie, ce parc agro-industriel vient renforcer  la politique nationale d’industrialisation du Cameroun. Lors de la signature du partenariat, il a profité pour souligner que « le Minmidt va porter le  dispositif d’ancrage institutionnel dans le cadre de l’opérationnalisation du plan directeur d’industrialisation et de l’impulsion de la mise en œuvre de la SND 30 (Stratégie nationale de développement Ndlr) ».

Les termes du partenariat qui lie le Cameroun à la société repartie distinctement les dépenses. Du côté de Belle folie, sur les 52 milliards arrêtés comme budget, sa part s’élève à 11,38 milliard. La part attribuée aux partenaires techniques, institutionnels et financiers est de 10, 37 milliards.

Pour ce qui est des autres 30,33 milliards, ils vont provenir des emprunts bancaires.

Les investissements chinois requis pour l’industrialisation du Cameroun

Après l’annonce de l’octroi de 60 milliards de dollars faite par le président Xi Jinping pour soutenir l’Afrique, le Cameroun entend copter une grande part de ces fonds

L’industrialisation est un chantier prioritaire que le gouvernement camerounais déclare vouloir accélérer pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale, avec un plus grand besoin d’investissements chinois déjà importants dans le pays d’Afrique centrale, annonce un responsable du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.

« En 2015, les investissements chinois au Cameroun représentaient 1430 milliards de FCFA (environ 2,86 milliards de dollars). En 2016, lesdits investissements représentent près de 1215 milliards de FCFA (2,43 milliards de dollars) », a évalué dans une interview accordée à Xinhua, Charles Assamba Ongodo, directeur général de la coopération et de l’intégration au sein de ce ministère.

Diplomate de formation, le haut cadre camerounais avait fait partie de la délégation conduite par le ministre des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella, avec la participation du ministre de l’Economie Louis Paul Motaze, au sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) tenu en décembre 2015 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Présent à ces assises, le président chinois Xi Jinping avait annoncé la mise en place par son pays d’un programme de coopération en dix axes d’interventions prioritaires assorti d’une enveloppe de 60 milliards de dollars de financements pour soutenir le développement socioéconomique sur une période de trois ans en Afrique.

Selon M. Assamba Ongodo, le Cameroun entend se positionner pour capter une partie de ces financements au profit de l’exécution de son Document de stratégie et de croissance pour l’emploi (DSCE) en cours depuis 2010, avec l’ambition de devenir une économie émergente à l’horizon 2035.

« L’appréciation que je fais des investissements chinois au Cameroun, souligne-t-il, se mesure par rapport à ce que représente la Chine, en tant que partenaire économique et commercial du Cameroun ». « C’est donc un partenaire aussi stratégique et l’appréciation ne peut qu’être bonne », précise-t-il.

Ces investissements, détaille le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, « couvrent la plupart des domaines, infrastructures avec les routes, chemins de fer, barrages, les stades, les hôpitaux, les lignes de transport d’énergie, les échanges culturels, la formation ».

Le port en eau profonde de Kribi (Sud), en attente de mise en service, le barrage hydroélectrique de Memve’ele et la centrale hydroélectrique de Mekin dans la même région, les hôpitaux gynéco-obstétriques et pédiatriques de Yaoundé et Douala, ou encore l’autoroute Yaoundé-Douala en cours de construction sont parmi les projets les plus importants réalisés grâce à ces investissements.

Sans oublier les stades de Limbe (Sud-Ouest) et de Bafoussam (Ouest), construits dans la perspective de la tenue au Cameroun en 2019 de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), après celle de la CAN féminine jouée récemment en décembre dans la première de ces deux infrastructures, en plus du grand stade Omnisports de Yaoundé.

Pour Charles Assamba Ongodo, ces projets contribuent indéniablement à améliorer le niveau de vie des Camerounais, tant en matière d’emploi que bien-être.

« Sur le plan macroéconomique, note-t-il en outre, l’aboutissement des investissements chinois permet notamment d’améliorer les points de croissance au Cameroun ». « A cet égard, on peut dire qu’ils répondent aux attentes du gouvernement et du peuple », résume le haut cadre de l’administration.

Les besoins sont cependant énormes et nécessitent des financements encore bien plus lourds. Car, près de 60 ans après l’indépendance en 1960, un Camerounais sur trois ploie sous la pauvreté et les trois quarts de la jeunesse n’ont pas accès à un emploi décent, en partie en cause de l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Poids lourd de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le pays dispose d’une économie relativement diversifiée soutenue avec un secteur manufacturier assez peu développé.

En 2016, le gouvernement a annoncé l’élaboration d’un plan directeur national de l’industrialisation pour lequel déclare souhaiter pour sa phase opérationnelle une plus grande mobilisation des investissements chinois.

Cette orientation, explique-t-il, aurait l’avantage qu’elle « créerait plus de valeur ajoutée à notre production et boosterait nos exportations de façon à améliorer notre balance de paiements, notamment ».

« Bien plus, il faudrait intensifier l’implication de la main d’ uvre et de la sous-traitance camerounaise dans l’exécution des projets financés par la Chine et assurer un réel transfert de technologies pour améliorer qualitativement les gains engrangés par notre coopération avec la Chine », préconise-t-il.

A l’initiative du chef de l’Etat camerounais Paul Biya en personne, une conférence internationale sur le thème « le Cameroun, terre d’attractivités » s’est tenue en 2016 à Yaoundé, dans le but de favoriser un attrait plus accru des investissements directs étrangers.

Miné par la corruption, le pays est cité dans les classements successifs du rapport « Doing Business » de la Banque mondiale comme un de ceux où les investisseurs éprouvent des difficultés à mener leurs activités.

Mais le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie a décrit son pays comme « un bon risque pour les investissements ».

« Notre pays dispose d’un cadre incitatif en matière en facilitation des affaires et une volonté résolue d’encourager les investisseurs y compris chinois, pour faire des affaires au Cameroun un souci gagnant-gagnant », affirme-t-il dans un appel en direction des investisseurs chinois désireux de tirer parti de l’immense potentiel de développement économique du pays d’Afrique centrale.

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Le Cameroun doit se faire entendre: avec 7% de croissance au minimum!

Par Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA

Le Cameroun dispose des ressources nécessaires à son industrialisation et à sa transformation agricole. La croissance économique annuelle, 4,9 % actuellement, n’est pas à la mesure des vastes possibilités qu’offre la transformation des richesses du pays. L’économie est relativement diversifiée comme l’attestent l’exploitation d’importantes ressources agricoles, les forêts, les mines et l’énergie. Les exportations sont dominées par le pétrole, le cacao, le bois, le caoutchouc et le coton. Cette diversification des ressources se prête à la transformation économique par l’industrialisation.

J’ai pu constater moi-même le potentiel de la transformation économique pour améliorer les conditions sociales des Camerounais. Les jeunes qui font preuve de dynamisme ont un rôle à jouer pour transformer les actifs bruts de ce guépard en produits industriels qui feront la fierté du pays. Il est possible de transformer les produits agricoles, le bois, le caoutchouc et le coton pour le marché local, régional et international. Le potentiel régional est particulièrement impressionnant. Compte tenu de sa situation géographique et de son vaste accès à la mer, le pays peut facilement se positionner comme fournisseur de biens et de services entre l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale.

Le Cameroun doit mettre l’accent sur les chaînes de valeur afin de maximiser sa base économique. La seule prise en compte du potentiel du coton permettrait de développer des liens étroits entre les cultivateurs et l’industrie de la mode naissante, en intégrant la qualité exigée par les consommateurs, dans la création d’une industrie textile. La possibilité de gagner des parts de marché est si manifeste. Un pour cent seulement de l’industrie de l’habillement est contrôlé par les nationaux. Puisque les entrepreneurs exigent des intrants de qualité d’origine locale, les fonds provenant de l’industrie de la confection peuvent être distribués pour réduire la part des importations de vêtements neufs et de seconde main. L’industrie du vêtement est un secteur dans lequel 64 % des moins de 25 ans pourraient réorienter leur énergie, ce qui stimulerait la croissance économique. Pour atteindre cet objectif, le Cameroun se doit de concevoir et mettre en uvre des mesures propres à appuyer les initiatives des entreprises locales visant à recueillir les fruits de leur créativité dans les chaînes de valeur locales et régionales. La disparition des barrières à l’innovation et à la pratique des affaires améliorera leur compétitivité.

Fort heureusement pour le Cameroun, d’autres secteurs sont tout aussi prometteurs. Les jeunes entrepreneurs réalisent des percées dans le marché lucratif des applications pour smartphones et tablettes. Ils ont compris qu’il existe un créneau pour l’innovation frugale. AppsTech, entreprise créée par Rebecca Enonchong, se spécialise dans les logiciels de gestion pour les entreprises. Elle bénéficie de la certification Oracle. Rebecca a pénétré le marché rentable de solutions logicielles à un moment où la demande de ces services est en hausse dans toute l’Afrique. Un autre exemple est celui de Tony Smith fondateur de Limitless, une entreprise spécialisée dans la conception de tablettes, smartphones et écrans plats. Il sait qu’il devra faire face à une rude concurrence. Mais il faut bien commencer quelque part. Cet esprit d’entreprise peut accélérer les changements nécessaires dans une main-d’ uvre stagnante. S’il est avéré qu’il n’y a pas d’emplois, il faut s’efforcer d’en créer soi-même.

Il est indispensable que les politiques socioéconomiques du Cameroun cadrent avec les besoins de 75 % de la population jeune qui est au chômage. Il va de soi que le Gouvernement ne sera guère en mesure d’assurer aux chômeurs des emplois dans la fonction publique. Pour autant, l’occasion lui est véritablement donnée de remédier aux inadéquations entre les compétences des demandeurs d’emplois et les besoins des employeurs. Il faudra trouver une solution à ce problème pour que les jeunes soient préparés à des emplois qui s’inscrivent dans la dynamique de la transformation économique.

Le secteur du pétrole et du gaz peut offrir des emplois. Sa diversification pourrait contribuer à améliorer la part des prestations fournies localement. Le besoin de compétences techniques est réel, mais les entreprises devraient être tenues de les réapprovisionner au niveau local. Si elles ne sont pas disponibles, les entreprises devront donc contribuer à la formation et la promotion de nouvelles compétences. Actuellement, les hydrocarbures représentent 8 % du PIB. Ils sont amenés à progresser, compte tenu des réserves de gaz naturel de 135 milliards de mètres cubes, par rapport aux besoins d’environ 30 milliards du pays. La production et l’exportation de minéraux, d’énergie et de produits pétrochimiques diversifieront les compétences que le Cameroun attire ainsi que la formation qui sera offerte aux jeunes. Depuis 2012, l’accroissement de la production nécessite des investissements, une mise à niveau technologique et des ressources humaines qualifiées.

La construction d’un port en eau profonde en sus d’une vaste zone industrielle pour l’industrie lourde, moyenne et légère constitue une étape positive dans l’augmentation de l’emploi. La fourniture d’électricité s’accroitra grâce au Projet électrique de Kribi et aux barrages hydroélectriques de Lom-Pagar et de Memve’ele. Dans 5 ans, le Cameroun devrait avoir terminé l’expansion et la modernisation de l’ensemble de l’infrastructure dont dépend sa transformation industrielle.

Pour montrer toute sa force, le Cameroun doit par ailleurs élargir l’accès des entrepreneurs au financement, en concevant des produits innovants de crédit bancaire. La manière dont les recettes d’exportation sont utilisées actuellement ne met guère en évidence la dynamique d’industrialisation. Le rôle des petites et moyennes entreprises est décisif pour le passage à un modèle à plus forte intensité de main-d’ uvre. L’exploitation minière n’emploie que 10% de la main-d’ uvre, ce qui est très insuffisant.

L’examen de la structure des échanges du pays fait apparaître trois grandes catégories d’importation à savoir le pétrole, le riz et le poisson congelé. Ce sont toutes les catégories qui entrent dans la production et même l’exportation. Le pays est doté d’une terre très fertile, de gigantesques ressources maritimes et marines outre les richesses minières. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des efforts et de l’énergie nécessaires pour mettre en valeur ces trois domaines. Mais le gain sera important si le Cameroun réussit à se placer dans la voie d’un développement plus agressif.

Je suis convaincu que le Cameroun peut faire beaucoup mieux sur le plan économique. Ses points forts, tel que décrit, sont intenses. Ils doivent néanmoins être appuyés par des politiques et une prise en main solides. Atteindre 7 % devrait être l’objectif magique. Ce guépard pourra alors se faire entendre.

Magique, car c’est le taux de croissance qui permettrait au pays de doubler l’ampleur de son impact économique en une décennie et de créer les conditions d’une réduction draconienne de la pauvreté. Autrement, les aspirations légitimes du Cameroun à émerger seraient compromises.

Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA
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