Abbé Jean Marie Bodo: Un prêtre à part!

Enseignant, auteur-compositeur, musicologue, journaliste, promoteur de radio, humanitaire.

A Yaoundé, cet homme d’église étonne par les multiples facettes qui le composent à savoir : enseignant, auteur-compositeur, musicologue, journaliste, promoteur de radio, humanitaire.

A Yaoundé, une légende circule autour de ce prélat bien particulier au demeurant. Il se raconte en effet mille et une histoires, souvent sordides, sur l’abbé Bodo. Des histoires qui s’appuient sans doute sur les multiples facettes du personnage. Ainsi, il se trouve jusque dans les tréfonds des quartiers des Camerounais qui jurent la main sur le c ur et sans la moindre hésitation pouvoir indiquer en cas de nécessité les maîtresses et les rejetons de cet homme d’église ordonné prêtre en 1983. Deux ans donc avant l’arrivée du pape Jean-Paul II au Cameroun pour la première fois. Un pape auprès duquel il se raconte jusque dans le clergé que le prêtre aurait de l’estime. Avec comme preuve cette importante bâtisse érigée dans une colline de
Yaoundé (Mbankollo) et dont un auditorium porte le nom du souverain pontife aujourd’hui disparu. Un complexe qui connut la visite de ce pape en 1995. Ainsi, le père Bodo n’est pas seulement prêtre. Il passe pour être le premier à avoir mis sur pied une radio privée au Cameroun. C’était en octobre 1997. Bravant au passage les lois de la République. Sans toutefois attirer le courroux des officiels
qui seront bien présents à l’ouverture. Pour voir porter sur les fonts baptismaux cette radio qui se veut «chrétienne mais sensible aux enjeux citoyens» comme le définit son promoteur, et qui depuis couvre les provinces du Centre, de l’Est, du Sud et une partie de l’Ouest. Au sein de ce complexe où il a établi ses quartiers et qui poursuit son évolution, le prélat observe chaque jour les chantiers qui prennent corps et font sa fierté. Il en est ainsi de cette clinique humanitaire qui porte le nom de « Hôtel Dieu Saint Joseph » ouvert en 2004. Et qui prodigue soins et médicaments gratuits aux enfants de la rue et nécessiteux. Il comprend sept chambres d’hospitalisation. humanitaire et art.


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Mais en ce lieu qui tient à la fois d’amphithéâtre et de grotte, un espace pittoresque qui allie nature sauvage et tradition artistique de tous âges, ce lieu
rebaptisé « Citadelle Jésus-Marie-Joseph », cet espace de 6.000 m2 qui aura coûté pas moins de 1.5 milliards de francs Cfa, se dresse dans la grande cour un Christ géant sculpté dans du béton. Une uvre coréalisée par le maître de céans.
Une autre facette du personnage, artistique celle-là. Lui le « docteur en musicologie » et diplômé des Beaux arts. Mais il n’est pas simplement compositeur de talent ; il s’essaye aussi à la peinture, la sculpture et l’architecture. «Je casse la pierre,
je la façonne, je l’accommode. Je travaille aussi avec du fer, du bois.», se justifie-t-il. Artiste, il l’est aussi en tant que communicateur. Lui qui a fait ses armes à Radio Vatican pendant quatre ans avant de lancer sa radio et d’être copté à la Commission des arts et lettres au ministère de la Culture ou au Conseil national de la communication.

L’abbé Jean Marie Bodo et le Président de la république
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Des activités qui pourraient laisser croire qu’il a mis une croix sur les activités pastorales. Que non ! Dans la mesure où depuis son retour de Rome en 1992, il est aumônier du Carmel Christ-Roi d’Etoudi où il prêche tous les matins pour les cloîtrées carmélites, et le dimanche pour le public. Une fonction de ministre de culte qu’il exerce aussi dans la chapelle de la Citadelle. Des messes réservées aux élites de Yaoundé qui y accourent avec leurs familles. Ce qui lui rapporterait beaucoup d’argent aux dires de ses détracteurs, lui permettant d’entretenir un train de vie princier. Il s’agit pour le prélat d’une pastorale comme tous les autres. Sur les ragots qui se disent dans son dos, il répond : «on a beau faire tout le bien du monde, au Cameroun, on est le plus souvent condamné parce qu’on est vertueux. Couramment, on trouve (ici) des experts en dénigrement, des caricaturistes en mal d’imagination, du venin qu’on sert à ceux qui veulent innover, trouver des solutions aux problèmes, améliorer la condition humaine». Sur sa supposée richesse, il estime l’être effectivement, mais «en idées et en
volonté». Sans toutefois nier ses relations avec le richissime homme d’affaires français Vincent Bolloré ainsi que l’élite politique de Yaoundé. Une posture qu’il pourra enseigner à l’occasion à ses jeunes étudiants de l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac) où il a ses habitudes depuis une quinzaine d’années.


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