Les opposants patriotes gabonais doivent se désolidariser de Jean Ping

Par Leon Tuam

Les secousses et dégâts survenus au Gabon pendant la campagne et après l’élection présidentielle du 27 août 2016 dénotent bien que dans ce pays il y a de sérieux problèmes qu’il faut absolument résoudre le plus tôt possible.

Nous pouvons évoquer entre autres, les injustices sociales, la confiscation des pouvoirs par les Bongo, les dispositions électorales qui favorisent le pouvoir en place, et le gaspillage des ressources du pays. Les pays tels le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Togo, la Côte d’Ivoire . sont logés à la même enseigne.

Ceux qui croient que les Gabonais ne méritent pas mieux que les dirigeants actuels manquent d’honnêteté. Avoir choisi ou préféré Ali Bongo ne veut pas dire qu’il est le leader compétent que recherche le peuple gabonais.

Mais tout se passe comme si, dans le désespoir et dans l’espoir fou de voir le changement politique au Gabon, les Gabonais ont aveuglement mis leur confiance en un politique pyromane et sans patriotisme en la personne de Jean Ping. C’est trop risqué, car ce type est extrêmement dangereux.

Les Gabonais doivent retenir que Ping et Ali n’incarnent pas la rupture courageuse dont le pays encore inféodé a besoin, et que Ping est le Ouattara gabonais, tenu et utilisé pour faire basculer le pays dans le chaos total.

Les appels incendiaires et belliqueux d’après l’élection et jusqu’à ce jour de Jean Ping font voir que ce type n’aime pas le Gabon et veut tout faire pour le mettre en lambeaux. C’est pourquoi les opposants gabonais patriotes et responsables doivent déjà le laisser seul dans ses desseins lucifériens.

L’opposition politique responsable au Gabon doit rester au front, non pas pour revendiquer une certaine victoire passée, mais pour des réformes électorales qui garantissent des élections justes et transparentes, avec une présidentielle à deux tours et une limitation à deux du mandat présidentiel.

Voilà où se trouve le vrai combat au Gabon actuel. Une telle lutte recevra l’onction et la participation des Gabonais et d’autres Africains. Dangereux qu’ils sont, Jean Ping et ses irréductibles amis doivent être vite arrêtés, jugés et jetés en prison au Gabon pour leurs crimes et non à la CPI, qui pourra finir par charger plutôt l’accusateur et non les accusés.

Jean Ping.
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De la Côte d’Ivoire au Gabon, la Françafrique craque

Par Diagne Fodé Roland

Des opinions embarrassées et contradictoires sur le conflit électoral au Gabon traversent les milieux progressistes africains. Les uns appellent à en finir avec la dynastie Bongo et les autres se méfient de Jean Ping qui fut membre de la garde rapprochée de feu Omar Bongo.

La manipulation de la « gabonité » qui rappelle l’ethnicisme politique qui a marqué les affrontements électoraux en Côte d’Ivoire ajoute à la confusion. Mais quels sont les enjeux pour l’Afrique et les peuples d’Afrique qui se cachent derrière les apparences trompeuses du conflit électoral au Gabon ? Quelles sont les contradictions qui agissent sous le spectacle des quolibets polémiques des joutes et luttes politiques dans ce pays qui fut dirigé par l’une des figures les plus marquantes de la Françafrique, le père Bongo ?

L’impérialisme source de l’ethnicisme ivoiritaire et gabonitaire
En Côte d’Ivoire, L. Gbagbo, sans être un chantre de « l’ivoirité », a concilié avec l’ethnicisme ivoiritaire dans le contexte de la partition de fait du pays et d’une rébellion fomentée pour l’empêcher de gouverner et lui imposer le processus électoral piégé qui lui sera ensuite fatal.

Au départ le conflit politico-judiciaire sur la question absurde et dangereuse de « l’ivoirité » reflète l’incapacité de la classe politique néocoloniale ivoirienne a solutionné la crise économique, sociale et politique née des diktats libéraux du FMI. De façon générale le système néocolonial a fait se succéder des dictatures militaires ou civiles des années 60/70, le « multipartisme des gestionnaires et technocrates » dans les années 80/90, puis maintenant le « multipartisme ethnique, religieux et/ou régionaliste ». C’est ce que confirme le socialiste français Guy Labertit en avouant que « le concept de l’ivoirité est venu de certaines institutions internationales qui ont trouvé cette formule tristement géniale pour répondre à une situation de crise économique en Côte d’Ivoire ».

C’est le Journal patronal Français les Echos du 27/12/99 qui montrent l’imbrication totale entre les intérêts de la Françafrique et les contradictions internes en Côte d’Ivoire pour expliquer le coup d’état de « Noël 99 « du Gl Gueï : « Comme le général Gueï, Paris avait pourtant contribué à installer Henri Konan Bédié dans le fauteuil vacant de Félix Houphouët Boigny…parce qu’il risquait de faire voler en éclats la « vitrine » de son pré-carré en Afrique. Parce que l’instabilité politique croissante à Abidjan commençait à porter préjudice aux importants intérêts économiques tricolores dans le pays. La Côte d’Ivoire est le deuxième client de la France en Afrique Noire (5,3 milliards de francs d’achats en 1998). L’Hexagone y détient une part de marché de près de 30%… ».

Comme on le voit le Gabon n’échappe pas à cette stratégie oppressive de l’impérialisme Françafricain notamment. En effet, c’est dans son livre intitulé « Nouvelles Affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon » édité chez Fayard, en octobre 2014 que Pierre Péan, un des experts Françafricain, affirme que M. Ali Bongo ne serait pas un Gabonais d’origine. Aussitôt les transfuges écartés du pouvoir qui forment pour l’essentiel l’opposition gabonaise actuelle en ont fait un discours de campagne en se référant à la constitution gabonaise qui dit que le président de la République doit être un Gabonais de naissance.

C’est ainsi qu’est importée de France de toute pièce la pathologie politique de la « gabonité » qui dénie à Ali Bongo d’être le fils de son père tout comme le fait l’opposition Mobutiste à J. Kabila au Congo Démocratique. Il est même organisé le dépistage d’une « légion étrangère » de Béninois qui règnerait sur le Gabon tout comme hier de Burkinabés ou de Maliens en Côte d’Ivoire.

Le nouveau Foccard de la politique africaine de l’impérialisme Français, Albert Bourgi, va entrer en scène comme l’écrit : « Du coup en France, il a été décidé de renouveler le personnel politique en écartant Ali Bongo et Jean Ping a été préparé, puis, à lui, ont été joints Casimir Oyé Mba et l’ex-président de l’Assemblée Nationale du Gabon. Rappelons que toute cette clique de politiciens réactionnaires a eu à servir et cirer les bottes du père Bongo qui les a fabriqués durant tout son règne. Casimir Oyé Mba fut gouverneur de la BEAC à Yaoundé, il fut d’ailleurs le premier gouverneur noir de cette banque centrale. Jean Ping a été le gendre de Bongo Omar puisqu’il a épousé Pascaline Bongo, celle-là même qui du temps du père Bongo contrôlait tous les marchés. C’est donc une affaire entre beaux-parents ? ».

Rappelons le précédent génocidaire de l’implication et de la responsabilité de l’impérialisme Français : Au Rwanda, c’est l’impérialisme Français dirigé par le social-démocrate impérialiste Mitterrand qui a formé et préparé le Hutu Power pour la réalisation de ce crime contre l’humanité en terre d’Afrique en 1994 avant de protéger et d’exfiltrer les génocideurs au Kivu en République Démocratique du Congo (RDC). Une conclusion s’impose : plus vite les troupes Françaises partiront, plus on peut espérer qu’une telle menace s’éloignera.

L’unité ou la désunion dans les Etats post-coloniaux d’Afrique pour l’impérialisme, c’est selon son intérêt. L’AOF, l’AEF ont été unies sous la domination coloniale et quand il a été question, après le congrès fondateur du RDA à Bamako en 1946, d’aller unis vers l’indépendance, l’impérialisme a balkanisé en créant les actuels Etats en s’appuyant sur des bourgeois compradores, Houphouêt, Senghor, etc., tout en les « unifiant par la monnaie unique le franc cfa avec l’Uemoa et puis dans la Cedeao, et par les accords de présence militaire imposés par la Françafrique.

Pourquoi avoir capturé Gbagbo et cherché à écarter Ali Bongo ?
Ceux et celles qui hier s’étaient laissés abusés par le « tout contre Gbagbo » au nom de la lutte contre le fascisme ivoiritaire ont pu après coup regretter leurs positions naïves au vu des résultats objectifs que cela a produit. Les manigances ouvertement anti-Gbagboistes de l’ONUCI et de l’opération Licorne ont clairement servi le plan des impérialistes d’utiliser les élections pour se débarrasser, puis de capturer et d’embastiller Gbagbo avec en prime le scandale d’un procès où toute l’accusation se révèle un grossier mensonge fabriqué de toute pièce. Le « tout sauf Ali Bongo », s’il aboutit conformément au plan des impérialistes Français, finira aussi pareillement.

A la différence de Gbagbo, Ali Bongo, successeur de son père tout comme le fils Eyadéma, est un élément des réseaux Françafricains. Mais le passage en cours du monde unipolaire dominé sans partage par les USA alliés à l’UE au monde multipolaire fait ses effets. Les pays « émergents » comme la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, etc, investissent de plus en plus en Afrique où les parts de marchés et la mainmise Occidentale recule sur le plan économique. Les Etats néocoloniaux Africains ont ainsi de nouvelles opportunités de financements et de faire des « affaires ».

L. Gbagbo envisageait de tourner le dos à la Françafrique, à l’Eurafrique et à l’Usafrique. Ali Bongo lui a choisi de diversifier les relations économiques au point que la Chine est devenue le premier investisseur et partenaire économique du Gabon. Le coup d’état en Centrafrique qui a chassé Bozizé, prélude aux affrontements armés entre milices armées Séléka et Anti-Balakat, a été provoqué parce que la Françafrique perdait des parts de marchés, notamment les contrats sur l’exploitation du pétrole récemment découvert.

Voilà ce qu’évoque un partisan d’Ali Bongo pour expliquer l’opposition de l’impérialisme Français : »Ali ira chercher de nouveaux partenaires, mettant en concurrence des entreprises asiatiques ou nord-africaines avec les entreprises françaises. Il en sera ainsi dans le pétrole dont le Gabon est le quatrième producteur subsaharien, après le Nigéria, l’Angola et le Congo.

Ainsi, dès 2009, le chinois Sinopec rachète Addax. Il suffit de voir la nationalité des entreprises qui prospectent actuellement au Gabon pour savoir qu’Ali Bongo cherche une réelle diversification. D’après le Trésor public français, « on recense la présence d’une dizaine de compagnies actuellement en phase d’exploration » et aucune d’elles n’est française.

Il y a les entreprises chinoises Sino Gabon Oil and Gas et Sinopec Overseas, la sud-africaine Sasol, les américaines Forest Oil et Anadarko, l’australienne Sterling Oil, la canadienne Canadian national ressources, qui a racheté les actifs de Pionner, la japonaise Mitsubishi Petroleum, la britannique Ophir et enfin l’indienne Oil India international. Ali Bongo veut que désormais 40% des recettes du pétrole restent au Gabon, contre 20% auparavant.

Dans cet objectif, dès 2010, il crée « la Société nationale de pétrole, dénommée Gabon Oil Company (GOC), dont la vocation consiste à développer les participations de l’Etat gabonais dans le secteur pétrolier », affirme toujours le Trésor français, qui suit avec beaucoup d’intérêt tous ces changements pas forcément dans l’intérêt des entreprises françaises comme Total, Maurel et Prom. Rattachée à la Présidence de la république, et sous tutelle de la Direction générale des hydrocarbures, la GOC veille au grain, ou plutôt à l’or noir et au gaz.

Aujourd’hui, la GOC commercialise directement sur les marchés internationaux 7 millions de barils par mois pour le compte de l’Etat gabonais. Mais ce qui a le plus mis en rogne les groupes français, ce sont les contrôles fiscaux et le redressement qu’ils ont subis. Ainsi, en 2014, le fisc gabonais a réclamé quelques 805 millions de dollars à Total. Ce redressement a fortement détérioré les relations avec cette multinationale qui a bien sûr activé tout ce que la Françafrique compte en réseaux occultes pour résoudre le problème, y compris « à l’amiable » (Source : afrique.le360.ma).

C’est le parti socialiste français lui-même qui dévoile son parti pris anti-Bongo dans la crise post-électorale au Gabon comme le démasque le 30 août 2016 Fanny Pigeaud : « Quelle mouche a piqué le Parti socialiste français ? Dimanche, le PS s’est invité dans l’élection présidentielle du 27 août au Gabon en prenant parti contre l’un des candidats, le président sortant Ali Bongo Ondimba, et ce bien avant la proclamation officielle des résultats, d’abord attendue mardi 30 août en fin d’après-midi puis différée ».

« Alors que les premières estimations indiquent que le président sortant Ali Bongo serait battu au profit de Jean Ping, la sérénité doit présider à l’issue du scrutin », professe le parti dans un communiqué aux accents paternalistes. « Le vote libre des citoyens est l’outil par lequel la démocratie s’exprime et l’alternance, quand ils le décident, doit fonctionner. Voilà pourquoi la démocratie doit triompher au Gabon comme c’est déjà le cas dans plusieurs États et ce mouvement doit s’amplifier. Voilà plus d’un demi-siècle que la famille Bongo gouverne le Gabon. Une alternance serait signe de bonne santé démocratique et un exemple ».

L’autre facteur qui explique une distanciation progressive de plusieurs chefs d’Etats africains vis à vis des USA et de l’UE trouve sa source dans ce qu’on peut appeler le syndrome Libyen, l’assassinat crapuleux de Kadhafi qui a créé la peur sur le mode de ce qui lui est arrivé peut nous arriver. Le chaos qui s’en ait suivi, avec l’expansion des « djihadistes-terroristes » financés et armés par les alliés des Occidentaux que sont les pétromonarchies Wahabites et Salafistes, a été instrumentalisé par l’impérialisme Français pour lancer l’opération d’occupation militaire de tout le Sahel du Mali à la Centrafrique dénommée Barkhane (dunes de sables qui se déplacent au gré des vents dans le désert) et par l’impérialisme US pour implanter l’USAFRICOM en Afrique. Le cas libyen montre que les impérialistes n’ont pas « d’amis », ils n’ont que des intérêts.

La crise de l’impérialisme parasitaire, décadent et le passage au monde multipolaire
La stratégie guerrière du chaos est la réponse systémique au remplacement progressif du monde unipolaire issu de la défaite du camp socialiste, de l’URSS par le monde multipolaire. Jusqu’à la guerre contre la Libye, y compris au Conseil de Sécurité de l’ONU la dite « communauté internationale » se résumait de fait à l’UE et les USA, lesquels se partageaient les rôles selon leurs intérêts contre le reste du monde. Mais comme on le voit en Syrie et en Ukraine, la Russie et la Chine et les résistances des Etats – Nations commencent à changer cette donne. Du Sahel, au Golfe de Guinée, en Afrique centrale et de l’est, mais aussi au Moyen-Orient, en Asie ex-Soviétique et en Amérique du Sud, le bloc impérialiste décadent et parasitaire USA/UE joue la carte agressive des guerres et des coups d’états (institutionnels ou pas) pour contrôler les sources de matières premières afin de préserver son hégémonie qui perdure depuis 500 ans.

Ces guerres ou déstabilisations de conquêtes ou de préservation néo-coloniales du joug Occidental impérialiste rencontrent de plus en plus partout des résistances. C’est l’extension même du domaine des interventions impérialistes, l’Usafricom et de l’Otan, y compris en mer de Chine et dans la péninsule coréenne, pour empêcher l’accès des puissances émergentes non impérialistes aux matières premières qui suscite les contradictions montantes au sein des réseaux Françafricains, Eurafricains et Usafricains.

Cette tendance agressive et déstabilisatrice est aggravée par l’actuelle crise systémique de surproduction du capitalisme. La contradiction entre la socialisation toujours plus poussée de la production, de l’activité économique et l’accaparement privée monopolisée de celle-ci rend de plus en plus insupportable à des millions de travailleurs et de peuples l’exploitation capitaliste et impérialiste.

Le libéralisme est la politique économique du capital pour contrer la loi de la baisse tendancielle du taux de profit des Firmes Transnationales. Tout ce qui de près ou de loin échappe à cette soumission au libéralisme outrancier est à éliminer parce que le mouvement actuel vers le multilatéralisme est suicidaire pour l’hégémonie Occidentale sur le monde. Or le libéralisme est une politique économique qui livre les économies nationales au pillage des Firmes Transnationales et ne sert ainsi qu’à développer le sous-développement, la dépendance à l’étranger et l’oppression nationale. Ces facteurs sont à la base des contradictions qui minent la remondialisation actuelle du capitalisme entre le centre impérialiste et la périphérie.

Il faut situer les crises électorales ivoirienne et gabonaise ainsi que celle qui se profile en RDC dans un tel contexte évolutif. On voit ainsi le système Françafricain craquer de plus en plus sous la différenciation d’intérêts qui s’opère au sein même des clans mafieux qui gouvernent les néocolonies. Les luttes des peuples contre les effets désastreux de la gouvernance libérale viennent bousculer les élites au pouvoir et pousser à des recompositions politiques que les offres d’investissements des pays émergents comme la Chine rendent opportunes.

Les forces progressistes patriotiques, antilibérales et anti-impérialistes doivent profiter de ces contradictions internes au système néocolonial pour frayer la voie à l’alternative populaire et indépendantiste, étape vers le socialisme. Malgré la complexité de la situation, les exemples actuels de la Chine, du Vietnam, de la Corée du Nord et de Cuba montrent que c’est possible.

Le libéralisme a dominé sans partage avant et après la défaite du socialisme durant les 30 dernières années. Puis les pays rescapés du camp socialiste vaincu et d’ex-pays colonisés et dominés ont opposé et opposent le capitalisme d’état (plus la planification d’état dans le cas des ex-pays du camp socialiste) au libéralisme dominant comme politique et stratégie économique qui indéniablement leur permettent de sortir du sous-développement. C’est le cas des pays de démocraties populaires comme la Chine, le Vietnam, Cuba et la Corée du Nord dans lesquelles cohabitent différentes formes de propriétés mais avec comme secteur stratégiquement dominant les secteurs socialistes et capitalistes d’état contrôlés par un Parti Communiste au pouvoir.

Cet anti-libéralisme appuyé sur la réaffirmation de la souveraineté national et populaire explique le caractère progressiste, anti-libéral et anti-impérialiste des pouvoirs patriotiques au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, au Nicaragua, au Salvador, au Brésil (de Lula, Dilma), l’Inde, la Russie, etc.
Force est aussi de constater que même les pays capitalistes « classiques » comme l’Inde, le Brésil et la Russie, etc., utilisent aussi le capitalisme d’état pour aller de l’avant sur le plan économique.

C’est là la nouvelle configuration évolutive des contradictions actuelles capital/travail, impérialisme/peuples opprimés et même capitalisme/socialisme (objectif déclaré par les expériences Chinoises, Vietnamienne, Nord-Coréenne, Cubaine en cours).
Bien entendu comme le montre le coup d’état institutionnel contre Dilma Roussef ces expériences patriotiques alternatives au libéralisme en cours n’échapperont pas à la question fondamentale que la vie elle-même posera tôt ou tard : qui l’emportera au sein de chacun de ces pays entre anti-libéraux et libéraux soutenus par les impérialistes, entre Socialisme et Capitalisme, entre le PC et les forces du capital interne et externe ?


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Des Camerounais saluent la victoire d’Ali Bongo au Gabon

Dans la rue comme dans les medias, le débat est très animé avec la particularité que les faveurs de l’opinion vont globalement au président Ali Bongo

L’élection présidentielle gabonaise a été suivie avec intérêt et même souvent avec passion dans les pays voisins. Depuis plus d’un mois, la bataille entre Ali Bongo et Jean Ping est même devenue une affaire camerounaise. Dans la rue comme dans les medias, le débat est très animé avec la particularité que les faveurs de l’opinion vont globalement au président Ali Bongo.

Les débats du dimanche 25 septembre dans les radios et télévisions camerounaises ont encore largement été dominés par l’actualité gabonaise. Sur Vision 4, une télévision basée à Yaoundé, la plupart des panelistes se sont dit satisfaits de la confirmation de la victoire d’Ali Bongo par le Conseil constitutionnel.

Une constante en réalité, car depuis le début de ce processus électoral au Gabon, le candidat et président sortant a largement les faveurs de l’opinion publique à Yaoundé (capitale politique, Ndlr) comme à Douala (capitale économique, Ndlr).

Des mouvements souverainistes qui se définissent comme panafricains ont salué sa campagne électorale qui se serait distinguée par une certaine forme de résistance à la nébuleuse France-Afrique et à la communauté internationale.

A contrario, le candidat de l’opposition Jean Ping a été critiqué pour sa campagne jugée xénophobe, une attitude qualifiée de « conflictogène » après la promulgation des résultats.

Les soutiens tous azimuts, notamment de l’Occident, que reçoit l’ancien président de la commission de l’Union africaine sont aussi suspectés par une large part de l’opinion publique camerounaise.

Jean-Ping souffre, du coup, de l’image de candidat de l’étranger. Même sur les réseaux sociaux où le débat est très passionné depuis des semaines, Ali Bongo est largement plébiscité.

Ali Bongo, pour un second mandat au Gabon.
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La crise gabonaise, une chance inespérée pour la France

Par Marie-Roger Biloa

Fraudes et répressions massives, populations meurtries, mais un vent de révolte qui gronde en continu : c’est l’aboutissement d’une élection censée être démocratique au Gabon, où la mobilisation souterraine parvient à s’amplifier malgré l’asphyxie des réseaux sociaux et le harcèlement policier.

A l’heure où le pays tout entier retient son souffle en attendant, vendredi 23 septembre, le résultat du recours déposé par Jean Ping auprès de la Cour constitutionnelle – vous savez, la fameuse « tour de Pise » qui penche toujours du même côté, celui du pouvoir -, il est urgent de rappeler à la France que sa place est clairement au côté des Gabonais en lutte pour un idéal démocratique, de manière affirmée et sereine. Plus qu’un devoir, c’est une dette.

Adoubé par Nicolas Sarkozy
Très récemment, j’étais invitée par un grand parti politique qui planchait sur une « nouvelle politique africaine de la France » face à sa perte d’influence manifeste et au désamour, voire à l’antagonisme des générations montantes en Afrique, francophones en particulier. Devinez ce qui est apparu – en fait : a été rappelé – comme la raison la plus constante du rejet de la France ? Le « double langage » ou « l’hypocrisie » face à la marche vers la démocratie.

Qui n’a pas lu ou entendu mille fois que la France « soutient les dictateurs », tout en ayant mis en scène le Sommet de La Baule, en 1990, qui promettait le contraire ? L’épisode de la précédente élection présidentielle au Gabon, après la mort en 2009 d’Omar Bongo Ondimba, quarante-deux ans de pouvoir, n’a rien fait pour ébranler cette certitude. Le « vieux » a mis en selle son fils adoptif, Ali, qui fut sans doute battu dans les urnes par André Mba Obame mais adoubé par Nicolas Sarkozy.

2009 n’est pas 2016 et la France n’a plus le même président. Le gouvernement de François Hollande n’a pas seulement la conscience tranquille sur l’Afrique, il s’est jusqu’à présent plutôt illustré par des actes forts et reconnus : stopper les djihadistes au Mali, les contenir au Nigeria, au Niger et ailleurs.

Le Gabon, de ce point de vue, est une chance inespérée pour la France.
Non pas qu’il lui appartienne « d’apporter la démocratie en Afrique », une démarche hégémoniste et néocoloniale violemment critiquée lorsqu’elle est identifiée comme telle. Et pour cause. Nul ne niera aux Gabonais le mérite exclusif d’avoir vaillamment uvré pour atteindre l’objectif démocratique d’élire un président. Pendant deux ans, Jean Ping, le candidat en tête, a sillonné son pays pour aller au-devant de ses compatriotes ; les principaux leaders politiques, tous candidats, ont réussi le tour de force, si rare au sein des oppositions africaines, de se regrouper derrière un candidat unique pour déjouer un mode électoral prévoyant un seul tour ; et la société civile s’est mobilisée pour surveiller la régularité du scrutin. Bref, ces Africains « ont fait le job » !

Comme dans d’autres pays, le Ghana, la Zambie, la Tanzanie, le Cap-Vert, le Ghana et le même le Nigeria. Pourquoi, en zone dite francophone, doit-on se satisfaire des échecs programmés, des simulacres électoraux ou des éruptions révolutionnaires comme au Burkina Faso ? A quoi aurait alors servi la mobilisation exemplaire des Gabonais ? Pour obtenir quoi ? Encore une fraude grossière, véritable insulte à l’intelligence ? Des morts, des charniers, des blessés, des prisonniers, des disparus, des pleurs, du sang ? Du sang et encore du sang ! Que peut faire une foule désarmée face à des mercenaires encagoulés, recrutés pour tuer afin de maintenir au pouvoir un président mal élu, mal aimé, et dont on doute de l’origine ? D’où cette pancarte, qui a fait florès pendant les manifestations, « Ali Bongo est-il vraiment Gabonais ? ».

Tombés sous les balles
La frilosité de la France est compréhensible à certains égards – mais injustifiée dans le cas d’espèce. En 2009, des jeunes en colère s’en étaient pris à des intérêts économiques français, mais c’était en réaction au soutien affiché par le président français de l’époque à celui qui, déjà, avait sans doute perdu les élections. En 2016, il est facile de parier que les mêmes acclameront les présidents français comme des héros, leur feront des haies d’honneur, si la France d’aujourd’hui se range clairement du côté de la recherche de la légitimité démocratique, de la protection des citoyens, de TOUS les citoyens.

A travers toute l’Afrique, cette France-là récoltera reconnaissance et respect. La France n’est donc pas face à une « menace » pour les siens au Gabon, mais à une main tendue par tout un peuple, à un boulevard à emprunter vers cette « nouvelle politique » qui romprait, enfin, avec la Françafrique si décriée. En clair, les signaux à envoyer ne devraient pas tourner autour du retrait de la France, lorsqu’on attend sa présence et son soutien.

La France de Nicolas Sarkozy a loupé le coche en Tunisie. et au Gabon. Celle de François Hollande tient là une chance inespérée de revoir la copie de 2009, sans coup férir, et de convaincre les Africains de la pertinence de ses fameuses « valeurs », celles qui sont censées guider sa politique internationale. Est-il encore besoin de souligner que la consolidation des processus démocratiques et de l’Etat de droit fait partie de la solution aux crises à répétition qui désespèrent la jeunesse, l’installent dans la précarité et nourrissent l’envie de quitter un continent apparemment incapable de lui donner un avenir ? Envoyer des troupes pour stopper des fous de Dieu, c’est bien. Ancrer la vie politique dans l’espérance et la participation citoyenne, c’est mieux. Au Gabon, des dizaines d’hommes, des femmes et d’enfants sont tombés sous les balles. Sans perdre l’espoir.

Marie-Roger Biloa.
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Gabon 2016: la querelle des anciens et des modernes.

Par Guy Samuel Nyoumsi, Vice-président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN)

Entre le rétropédalage des « Anciens » et le devoir d’émergence des « Modernes ».

Le Gabon a vécu le 27 Août 2016, une élection présidentielle dont le déroulement, de l’avis de l’ensemble des électeurs gabonais comme des milliers d’observateurs présents, marquait une avancée démocratique singulière, même si «l’exemplarité » douteuse de la campagne pouvait laisser entrevoir « la pré construction d’une crise postélectorale ».

Singulière, l’élection présidentielle d’août 2016 l’a été, du fait d’une « participation enjouée » des populations gabonaises résolues et fières d’accomplir leur devoir citoyen dans plus de 2500 bureaux de vote pour 628 000 électeurs inscrits sur le fichier électoral et repartis sur l’ensemble du territoire. Singulière, elle le fut aussi par la leçon civique de paix et de dignité que les électeurs gabonais infligeaient aux candidats les plus en vue, qui auront mené une campagne électorale au cours de laquelle « l’invective » a, la plupart du temps, fait office de programme.

En lieu et place de programmes construisant une vision de la gouvernance future du Gabon, basée sur la reconquête du droit du peuple gabonais à s’autodéterminer, s’approprier son développement et retrouver « au sortir des urnes », la coexistence pacifique dont tout scrutin de cette envergure est le but, une partie de l’électorat gabonais n’a guère eu le choix que de s’engouffrer dans « la voie étroite » tracée entre Jean Ping « Leader autoproclamé de l’opposition », mieux, de « la coalition des Anciens barons du « système Bongo », soucieux de raviver les ranc urs tenaces, les haines ou détestations profondément ancrées dans « la conscience historique » des Gabonais, et le Président sortant, Ali Bongo Ondimba, attaché à rappeler à la même « conscience collective » qu’elle devait, dans le sillage d’un septennat marqué par des réalisations fulgurantes, le juger à « son bilan » au cours duquel il a ouvert à la Jeunesse, « des perspectives heureuses » qui mériteraient d’être autant soutenues que poursuivies.

Que l’économie gabonaise ait souffert pendant le septennat d’Ali Bongo, de la chute des cours du pétrole qui représentait 45% du PIB, et que grâce aux réformes conduites, à la politique de diversification de l’économie, le Gabon soit passé d’une économie de rentes à une économie de transformation tout aussi diversifiée, ayant ramené à 23% la part des hydrocarbures dans le PIB, ne semblent ni reconnus, ni intéresser l’opposition qui s’emploie à inscrire toutes ces réalisations au « registre » dans le meilleur des cas, « d’annonces propagandistes », au pire, de « faits divers » n’ayant en rien impacté ou amélioré le quotidien « malaisé » des Gabonais, la vacuité du « panier de la ménagère », la cherté du coût de l’éducation et de la santé.

La matérialisation de cette transformation de l’économie qui a pris corps à Moanda, au Sud du Gabon, avec la transformation du Manganèse ; dans la banlieue de Libreville, avec la création de plusieurs unités de transformation du bois au lieu-dit « Zone Economique Spéciale de Nkok » aurait permis au Gabon de passer d’une croissance moyenne de 1% entre 2005 et 2009 à un taux de croissance estimé à 5.5% entre 2009 et 2015. Un accent tout particulier a été accordé pendant le septennat d’Ali Bongo, à la construction de 1572 km de routes contre 900km de routes construites entre 1960 et 2009. 4000 milliards de FCFA y auraient été consacrés, ainsi que s’était réjoui le Président Ali Bongo Ondimba devant le Parlement réuni en Congrès.

A toutes ces réalisations du septennat auxquelles viennent s’ajouter la création au Gabon de la plus grande plantation de palmier à huile en Afrique au Sud du Sahara, ayant généré 8000 emplois et le projet « Graine » qui aurait créé 4000 emplois, le système d’harmonisation des salaires ayant conduit à une augmentation de 30% de salaires des fonctionnaires, les opposants au premier rang desquels le candidat PING n’ont eu de cesse de n’y déceler que « de la poudre aux yeux » et de se fendre en récriminations couronnées de propos blasphématoires destinés, non seulement à assombrir « le bilan » et « minimiser l’ampleur des investissements » du septennat, mais aussi, mais surtout aiguillonner les aigreurs et la lassitude du peuple gabonais face à la « sécularisation » au pouvoir de « la famille Bongo ».

Rendue à son expression la plus « paresseuse » la campagne électorale du « rassemblement des Anciens barons du système Bongo » devenus détracteurs politiques d’Ali Bongo ne sera guère allée plus loin que « l’instrumentalisation éhontée des ressentiments d’une frange relativement importante de gabonais, l’exacerbation des haines enfouies dans l’inconscient populaire, l’exhumation « des peurs séculaires » tapies dans le « terreau fécond » de la rumeur avec en prime, l’essaimage des « graines de la violence et de la colère. » vis-à-vis de l’identité usurpée d’Ali Bongo dont on sait depuis la parution de Midi Libre, enquêtant sur les origines du Président qu’il était bel et bien élève dans le Gard avant 1967, ce que Pierre Péan a cru devoir ne pas contester après son «brûlot» Nouvelles Affaires Africaines.

En cela, la campagne électorale de « la coalition de l’opposition » ayant à sa tête le candidat Jean PING fut des « plus médiocres ». Elle n’a invité ni à l’apaisement, ni à « la concorde » qui est « le chant de ralliement » du peuple gabonais, son « hymne national ». Bien au contraire, elle a cristallisé la « xénophobie », le « repli identitaire et/ou communautaire », le « rejet de l’autre » qui auront été autant d’étincelles ayant précédé « sous le boisseau d’une campagne haineuse », l’embrasement des rues de Libreville et de Port-Gentil, trente minutes seulement après la proclamation des résultats provisoires du scrutin tels que transmis par la CENAP au Ministère gabonais de l’Intérieur.

La coïncidence est malheureuse qui veut que « la coalition Ping » soutenue à « bouts de bras » sur les plateaux français de télévision par Robert Bourgi, avocat d’une françafrique plus encline sous le couvert du choix des peuples à disposer d’eux-mêmes, de s’octroyer le droit de parrainer et éperonner « le poulain de 74ans » jugé par les lobbies apte à restituer à la France, le Pactole distrait par le septennat d’Ali Bongo au bénéfice du Gabon, avec « le traitre » concours et la maîtrise d’ uvre de la Chine.

Faisant fi des violences postélectorales, de l’incendie de l’Assemblée Nationale, des saccages et pillages, le candidat Ping dont le programme de déstabilisation du Gabon était le maître-mot de la campagne électorale, au cas où il n’était pas déclaré vainqueur, non content d’outrepasser le devoir de réserve, s’est autoproclamé « Président du Gabon » alors que le décompte des voix était en cours.

Longtemps à l’avance préconçu par un maillage en interne des démissions en cascades de ses affidés avant pendant et après la proclamation des résultats provisoires, si ces derniers lui étaient prétendument défavorables, le scénario « catastrophe » voulu par le candidat Ping s’est poursuivi dans les violences et exactions postélectorales dont le but était d’en appeler à la Communauté Internationale, mobilisée en externe, pour resserrer l’étau autour de « la victoire contestée » du Président sortant Ali Bongo Ondimba, avec comme ressorts : le chantage mensonger sur « les escadrons de la mort » ; « l’annonce inquiète de la France sur une quinzaine de ressortissants gabono-français » au sujet desquels elle serait « sans nouvelle » ; la surenchère inacceptable du « leader de l’opposition, autoproclamé Président » qui, après son recours contentieux à la Cour Constitutionnelle, promet au Gabon « la déstabilisation » s’il n’était pas conforté dans « sa posture de vainqueur à l’issue du scrutin du 27 août 2016 ».

Robert Bourgi sur une chaîne de télévision déclarait que « les Chefs d’Etat africains des anciennes colonies françaises sont désignés par la France ».

L’ancien Président de la commission de l’Union Africaine le sait pour l’avoir expérimenté en tant qu’artisan du hold-up électoral de 2011 en Côte d’Ivoire.

Ministre des Affaires Etrangères sous le long règne d’Omar Bongo et gendre du Président, Jean Ping en août 2009 aspirait, au même titre que le Ministre de l’intérieur d’alors, feu M’ba Obame et le Ministre de la Défense Ali Bongo, à la Magistrature Suprême. En bon rentier de « la politique politicienne » Jean PING, savait que le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba « entendait changer le cours du destin de son pays, confisqué par le fait de son propre père et de la France ». Il n’avait par conséquent d’autres choix que de s’attaquer à certains tabous. « Les contrôles fiscaux opérés par le gouvernement gabonais sur les entreprises pétrolières françaises n’étaient pas du goût de Paris et mettaient à prix la tête d’Ali Bongo. ».

En se déclarant vainqueur au soir du scrutin, Jean Ping capitalisait « la rente de la lassitude de cinquante ans d’exercice du pouvoir de la famille Bongo » et surenchérissait « l’offre d’alternance » proposée à la France et macérée par « les intérêts de la mafia financière des multinationales » avec l’expertise « cybernétique d’un féru en manipulations informatiques venu de la Côte d’Ivoire » et embauché par le candidat Ping pour « incendier de mensonges, la toile avec des Procès-verbaux surfaits ».

La trilogie du système Foccart : « Surveiller, intervenir, punir » a survécu. L’ancien correspondant du Journal le Monde-Afrique, Pierre Biarnès retraçait caricaturalement les relations franco-africaines en ces termes : « consolider le pouvoir des dirigeants qui jouent loyalement le jeu de l’amitié franco-africaine et faire sentir le mors à ceux qui regardent un peu trop dans d’autres directions ; contrer en même temps les visées des puissances concurrentes dès qu’elles sont jugées menaçantes ».

Koné Katinan, ancien ministre du gouvernement ivoirien sous Laurent Gbagbo dans un article récent écrivait pertinemment : « Jouer le jeu de l’amitié franco-africaine, c’est ne pas titiller les multinationales qui sont les vraies détentrices du pouvoir politique en France dans leur exploitation du Continent. Sinon l’on devient Laurent Gbagbo qui employait les enfants dans les plantations de Cacao, Obiang Nguema dont la famille est sans c ur en Guinée Equatoriale, Ali Bongo devenu, le temps d’une élection, le pilleur intolérable de l’économie gabonaise. Hasard ou préméditation ? Tous les « dictateurs africains » n’apparaissent comme tels que lorsqu’ils s’attaquent à des multinationales » ; mieux, lorsqu’ils résistent à la tentation de livrer les richesses de leur pays à la merci des multinationales et entreprennent de les réorienter dans des projets structurants.

Dans une parution datée du 27 août 2016, intitulée « Gabon : les racines. le c ur. et les fleurs du mal. » nous conjecturions la pré construction de la crise postélectorale au Gabon, en prédisant que son issue serait mesurée à l’aune des garanties données à la France quant à ses intérêts, sauf si le peuple gabonais en prenait conscience et s’employait à liquider « la succession gaulliste »
Ali Bongo Ondimba a entrepris, pendant son septennat, d’opérer ladite liquidation bien qu’il en soit lui-même « l’héritier putatif ».
C’est donc au peuple gabonais que reviendra la responsabilité, en définitive, de rompre le cycle qui voudrait que leur Président soit nommé, imposé, installé au bout de secrètes négociations garantissant les intérêts français au Gabon.

Les Gabonais doivent savoir que c’est pour avoir rompu avec « la nomenclature » familiale et clanique « des prédateurs » du Gabon, soutenus en cela par les multinationales, qu’Ali BONGO essuie les revers d’une crise postélectorale dont le leitmotiv est : « Ali devrait perdre même s’il gagnait ».

Selon des sources bien introduites, une intervention militaire française partie de la Haute-Corse aurait rallié les troupes terrestres et maritimes basées au Gabon dans l’optique, cela va de soi, d’installer « le candidat de la France » à la Présidence du Gabon. Le CRAN tient à dénoncer ses man uvres qui n’honorent en rien la France.

Ainsi pourrait s’expliquer l’arrogance et le mépris affichés par Jean Ping lorsqu’il profère ouvertement des menaces à l’endroit de « la Cour Constitutionnelle » prétendue inféodée au pouvoir, et lui intime l’ordre de choisir entre la stabilité du Gabon, entendez la proclamation de « sa victoire » ou « la déstabilisation » du Gabon, au cas où la Cour Constitutionnelle avisait un verdict contraire à « l’autoproclamé Président Jean Ping ».

Soyons un tant soit peu sérieux. Le candidat Ping entend, avec le soutien de la France, procéder à un « rétropédalage » visant à ramener le Gabon dans « le giron » de la France, et hypothéquer toutes les avancées économiques accomplies par le Gabon ces sept dernières années.

La posture « ôtes-toi pour que je m’y mette. » est propre à tous ceux qui n’ont d’autre ambition que de « se servir » quitte à « asservir » le peuple. Cette posture devient « imposture » lorsqu’elle pousse l’outrecuidance au point d’alléguer que le développement du Gabon est de nul effet s’il est conduit par un gouvernement « d’étrangers ».

L’imposture devient « horreur » quand, dans le même temps, elle lui préfère un gouvernement de « nationaux » incapables d’impulser le développement. Lisez tout ceci entre les lignes puisqu’elles sont en substance, du leader autoproclamé de l’opposition, un an avant le scrutin du 27 août 2016.

Où est passé le Peuple souverain ?

Son mieux-être et ses aspirations au développement soutenu et durable, constituent-ils la préoccupation des « gérontes », « caciques » et autres « nostalgiques » des privilèges individuels, familiaux et claniques dispensés sans compter sous l’ère que dis-je, sous « l’âge d’or » d’Omar BONGO ? Non !

Dans l’une de ces interviews télévisées, l’ancien Président Jacques Chirac reconnaissait, au nom du « bon sens » et de « la justice », la nécessité de restituer une partie des richesses pillées par la France dans ses anciennes colonies d’Afrique. Cette recommandation était adossée à un argumentaire politique et stratégique qui se destinait à prévenir « les convulsions futures des pays africains », si « l’exploitation des richesses du continent » se poursuivait selon « le crédo séculaire » voulu par les impérialismes, la colonisation et le système néocolonial.

Au moment où le terrorisme s’internationalise, menaçant les fondements des Etats déjà « précarisés » par l’exploitation inique des richesses du sol et du sous-sol, les dirigeants des pays africains doivent avoir le courage de s’attaquer aux « tabous », de se prémunir de la clairvoyance de renégocier pour leur peuple et la postérité, un « nouvel ordre co-développemental » résolument tourné vers un partenariat soucieux d’échanges sincères et équitablement bénéfiques.

Gilbert Collard du Front National sur une chaîne de Télévision Française avisait, à propos du Gabon, que « le pillage et le vol hypocritement perpétrés dans ce pays immensément riche par les Gouvernements successifs de droite et de gauche avaient contribué à freiner l’émancipation du peuple gabonais, générer des frustrations, créer une précarité contrastant avec l’énorme potentiel d’un pays qui avait tout pour réussir son décollage économique ».

Le tribut à payer au peuple Gabonais consiste simplement à lever l’hypothèque qui pèse sur son développement humain, son passage de l’économie de rentes à une économie de transformation, son investissement dans les formations professionnalisantes en adéquation avec le défi d’industrialisation et de diversification de son économie.

Le Président Ali Bongo Ondimba l’a compris, car il sait ce que son défunt père et la France doivent au peuple Gabonais. Il a sans doute à c ur de réparer le tort causé au peuple par « La France et le défunt Président dont le v u consigné dans son testament politique, se résumait en ces termes : «plus d’action publique » et bannissement de « la politique politicienne. ».

En déclarant le 2 décembre 2007 : « il est grand temps que la classe dirigeante (.) cesse de ne s’investir que pour elle-même au détriment de l’action publique. », feu Omar Bongo Ondimba n’avait-il pas, malgré lui, inspiré « Le tracé du chemin de l’avenir du Gabon » ?
La paix qu’il a maintenu à sa manière, pendant quarante-deux ans, au prix de « l’enrichissement injustifié » des familles et clans qui lui faisaient allégeance, peinerait-elle à lui survivre ?

Au moment où courent les recours contentieux auprès de la Cour Constitutionnelle, déclinant une manière de « querelle des Anciens et des Modernes » à la gabonaise, notre humble et constant avis tient à la boutade : « Dis-moi qui sont tes amis, je te dirais qui tu es. ».

Le Président sortant Ali Bongo Ondimba, conspué, honni, vilipendé, calomnié a, contre vents et marées, choisi « l’amitié » du peuple gabonais en se préoccupant de la « réparation des préjudices causés à ce dernier par « la collusion entre la France et son défunt père ».
Jean Ping a opté pour le « retricotage » ou le « rafistolage » de « l’amitié avec le fiancé gaulliste » dont il est loin d’ignorer le tort causé au peuple gabonais par les « fiançailles de la France avec son « défunt beau-père » ».

L’héritage colonial, on le voit bien, affecte jusqu’à l’abjection, les « universaux mentaux » d’une catégorie sans foi, ni loi d’hommes politiques africains, prêts à toutes les « affabulations » et à toutes « les infamies » pour livrer « les cafards et les rats » entendez « les biafrais et autres », au sort qu’ils méritent, à savoir : l’éradication.

Il est pourtant du devoir impérieux de ceux qui militeraient comme Jean Ping, pour un retour au « Gabon Français », de se souvenir que l’humiliation des pays africains, le mépris de leurs dirigeants, l’insulte jetée à la figure des peuples africains ont atteint en 2011, en Côte d’Ivoire, le seuil de l’inacceptable.

En tant que Vice-président du CRAN chargé des Relations avec l’Afrique et des Affaires Internationales, j’estime que : « la frontière de l’intolérable serait franchie si les mêmes stéréotypes « infantilisants » venaient à se reproduire en 2016 au Gabon. Aucun africain digne de ce nom, ne peut, ne doit, ne devrait entériner « la prolifération » d’épithètes dépréciatifs et autres caractérisateurs infâmants à l’endroit des institutions que les pays africains ont consensuellement mis sur pied. Seules ces institutions sont en mesure de favoriser leur émancipation, fut-elle progressive, et renforcer leurs capacités à se déterminer dans le choix de leur destin ».
Barack Obama lors d’un séjour au Ghana ne disait-il pas fort à propos : « l’Afrique a besoin des institutions fortes et non des hommes forts ».

Les peuples africains dont l’histoire « millénaire » a été réduite à une instrumentalisation mensongère de l’histoire au gré des intérêts des grandes puissances, aidées en cela par des « négriers africains », ne s’accommodent plus du logiciel « surveiller, intervenir, punir » qui régit depuis plus de cent ans leur rapport à l’Occident.

En remettant au goût du jour, cinquante-six ans après les indépendances africaines, « le logiciel » éculé de la mise sous « coupe réglée » des anciennes colonies françaises, Jean Ping se trompe d’époque.

La quête prométhéenne des peuples africains et de leurs dirigeants se fera avec les anciennes puissances coloniales soucieuses du respect et de la dignité des Africains ou alors sera tributaire des puissances amies attachées au développement durable de l’Afrique.


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Gabon: le recours devant la Cour constitutionnelle déposé par Jean Ping

Il demande un recompte des voix bureau de vote par bureau de vote pour la province du Haut-Ogooué, en présence des observateurs internationaux et en présence des représentants des candidats

L’opposant Jean Ping a déposé jeudi, 8 septembre 2016, un recours devant la Cour constitutionnelle du Gabon. Huit jours après la proclamation des résultats de la présidentielle, l’opposition conteste toujours la réélection annoncée d’Ali Bongo et notamment les résultats dans la province du Haut-Ogooué, où le chef de l’Etat sortant est crédité de plus de 95 % des voix avec une participation proche de 100 %. Une décision qui a été difficile à prendre.

Depuis plusieurs jours, la décision de saisir la Cour constitutionnelle a provoqué des débats au sein de la coalition. Il faut savoir que l’institution est décriée par l’opposition. De nombreux militants la jugent «inféodée à la présidence». Elle est même surnommée «la Tour de Pise» car, dit-on, elle pencherait toujours du même côté, celui du pouvoir.

Les neuf juges sont nommés par le président du Sénat, par celui de l’Assemblée et par le chef de l’Etat lui-même. La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, est la belle-mère du chef de l’Etat. D’où ce problème de confiance.

D’un point de vue purement politique, l’opposition sait qu’en faisant ce choix, elle prend des risques. Si la Cour la déboute et confirme la victoire d’Ali Bongo, l’opposition pourrait se retrouver comme «liée» par cette décision de la plus haute instance juridique du pays et la base risque alors de lui reprocher sa naïveté.

«On sait d’avance qu’y aller c’est se condamner, mais si on n’y va pas, on va nous reprocher d’être des va-t-en-guerre», soulignait mercredi l’un des leaders de l’opposition. «Voilà pourquoi nous continuons à demander un recompte des voix bureau de vote par bureau de vote pour la province du Haut-Ogooué en présence des observateurs internationaux et en présence des représentants des candidats afin que les procès-verbaux de résultats soient confrontés et authentifiés avant d’être comptabilisés».

C’est d’ailleurs ce que demande Jean Ping dans sa requête. «Une requête en reformation qui permet à une autorité supérieure de faire disparaître une décision prise par une autorité inférieure tout en lui substituant sa propre décision», peut-on lire dans le communiqué qui a été publié jeudi soir.

Les raisons du recours
Déposer ces recours, cela a deux principaux avantages : d’abord un refus aurait été difficile à justifier auprès de la communauté internationale, qui demande à ce qu’on utilise les voies légales de recours. «Nous ne pouvons pas prendre le risque de ne pas être compris, surtout à l’extérieur», affirmait mercredi un proche de Jean Ping qui expliquait : «Nous savons bien qu’en France, en Allemagne ou aux Etats-Unis, épuiser les voies de recours, c’est quelque chose de naturel».

Deuxième argument qui a sans doute fait pencher la balance : la Cour dispose d’un délai de 15 jours pour vider le contentieux et proclamer les résultats définitifs. Cela donne un délai aux médiations… Une chance à la négociation et l’opposition espère «que la pression internationale pourra se fair» pour un examen équitable des recours.

Une mission de l’UA reportée
Une mission de haut niveau de l’Union africaine conduite par Idriss Déby était annoncée jeudi à Libreville. Elle a été reportée sine die selon le ministre gabonais des Affaires étrangères, qui l’a annoncé jeudi après-midi lors d’une conférence de presse. Raison invoquée : des questions d’agenda des chefs d’Etat.

Le Nigérien Issoufou, le Congolais Sassou-Nguesso, l’équato-guinéen Obiang Nguéma et peut-être le Sénégalais Macky Sall devaient accompagner Idriss Déby, tout comme les présidents du Kenya et de Namibie. Selon une source diplomatique, le mandat de la mission a également posé des problèmes : simple mission d’apaisement ou véritable médiation ? La question n’était pas tranchée. D’où peut-être aussi ce report sine die.

Comme l’analyse un diplomate de la région, Idriss Déby attendait un message fort d’acceptation de sa mission. L’assurance que l’opposition utiliserait les voies de recours légales mais surtout que les deux parties, pouvoir et opposition, seraient prêtes à dialoguer, qu’il y ait véritablement besoin d’un facilitateur. Ce signal visiblement n’est pas encore arrivé.

Restent à Libreville le Mauritanien Ahmedou Ould Abdallah, représentant de l’organisation de la Francophonie, Abdoulaye Bathily, le représentant de Ban Ki-moon en Afrique centrale et le diplomate algérien Smaïl Chergui, commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, qui promet que la venue des chefs d’Etats est toujours à l’ordre du jour, simplement reportée et non pas enterée. Ces trois hommes vont-ils jouer un rôle en vue d’une solution politique ? Le peuvent-ils ? La question restait entière jeudi soir.


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Elections au Gabon: l’AJA demande le maximum de transparence et d’objectivité pour le recomptage des voix

Par le secrétariat international de l’Association des journalistes africains (AJA)

Depuis l’annonce de la victoire d’Ali Bongo sur son concurrent Jean Ping, le Gabon vit des moments de crise politique considérables mettant toute la communauté gabonaise et internationale en alerte. Au regard de la situation, l’Association des Juristes Africains (AJA), soucieuse de la paix et de la stabilité des pays africains, lance un appel pressant aux acteurs de la vie politique gabonaise pour qu’ils fassent confiance aux institutions républicaines ainsi qu’aux dispositions constitutionnelles et réglementaires prévues pour organiser l’élection présidentielle et en administrer le contentieux.

Le Samedi 27 Août 2016, les résultats des élections présidentielles au Gabon ont proclamé la réélection du président sortant M. Ali BONGO. A la suite de cette proclamation, la société gabonaise (comme l’opinion internationale), est divisée sur la conduite à adopter pour résoudre la crise.

L’Opposition veut le recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote, mais en dehors du cadre juridique prévu. Le Pouvoir en place est d’accord pour le recomptage à condition qu’il soit, effectué par la Cour Constitutionnelle conformément aux dispositions réglementaires relatives au contentieux électoral. Mais, ceci pose problème à l’opposition, qui redoute un manque de transparence.

Dans le contexte conflictuel post-électoral du Gabon, la solution qui peut garantir, dans le temps, la stabilité sociale, ne doit pas découler de prises de positions personnelles fondées essentiellement sur des appréciations qui peuvent varier au gré des circonstances.

Seul le droit peut garantir la stabilité et la souveraineté des Etats africains.

A cet égard, dans un contexte international caractérisé par la régionalisation des solutions à apporter aux conflits dans le cadre des Etats, l’AJA tient à saluer la prise de position du président en exercice de l’Union africaine son excellence Monsieur Idriss Deby Itno sur la crise post-électorale au Gabon.

L’AJA lance ainsi un vibrant appel à la communauté gabonaise pour plus de calme et de sérénité et demande en attendant, au président en exercice de l’UA d’aider à prendre le plus rapidement possible des dispositions idoines pour que le recomptage des votes puisse se faire avec le maximum de transparence et d’objectivité.

Le Secrétariat International de l’AJA


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Violentes manifestations au Gabon après la victoire d’Ali Bongo

Plusieurs foyers de tension se sont déclarés à Libreville. Dans la soirée, l’Assemblée nationale a été partiellement incendiée par des manifestants

Après quatre jours d’une longue attente, le ministre de l’intérieur gabonais a annoncé, mercredi 31 août, que le président sortant, Ali Bongo Ondimba, avait remporté l’élection présidentielle. Selon des résultats officiels provisoires, M. Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire, Jean Ping, lors de l’unique tour du scrutin.

L’opposition a aussitôt rejeté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, où a été signalé un taux de participation frisant les 100 %, a expliqué l’entourage de Jean Ping. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a ajouté un porte-parole du candidat.

« Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l’Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau, devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin », ont indiqué son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

Troubles à Libreville
Selon l’envoyé spécial du Monde à Libreville, plusieurs foyers de tension se sont déclarés en ville. « Des manifestations ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de jets d’eau, a constaté Christophe Châtelot. Il y a eu des blessés. Près du rond-point de la Démocratie, des groupes de jeunes ont aussi tenté de barrer les rues. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel. » Les forces de l’ordre ont aussi repoussé des manifestants, criant « Ali doit partir », qui tentaient de s’approcher du siège de la commission électorale (Cénap).

Dans la soirée, l’Assemblée nationale a été partiellement incendiée par des manifestants, selon plusieurs témoins. Un panache de fumée rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon-Mba, selon des journalistes de l’AFP.

La ville restait sous très haute tension : check-points, grands axes coupés sur le front de mer, véhicules blindés aux carrefours, commerces fermés depuis mardi midi, grande majorité des habitants cloîtrés chez eux. Des colonnes de fumée s’échappaient de plusieurs quartiers populaires. L’ambassade de France a appelé ses ressortissants à éviter tout déplacement jusqu’à nouvel ordre.

Au même moment, le président réélu s’est félicité de cette élection « exemplaire », estimant qu’elle s’était passée « dans la paix et la transparence ».

Opposant attaqué
Jean Ping a pour sa part affirmé que son quartier général à Libreville avait été pris d’assaut par les forces de sécurité dans la nuit. « Ils ont attaqué vers 1 heure. C’est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves », a déclaré M. Ping par téléphone. Jeudi matin, il a déploré la mort de deux personnes, tandis que plusieurs ont été blessées a-t-il affirmé.

La Garde républicaine a chargé le batiment abritant le QG de campagne de M. Ping à la recherche de « criminels » responsable de l’incendie du siège de l’Assemblée nationale avait auparavant indiqué le porte-parole du gouvernement. M. Ping a démenti ces accusations affirmant qu’il n’y avait « aucune arme au QG » et demandé une aide internationale. Auparavant, M. Ping avait évoqué la mort de trois personnes dans les manifestations consécutives à la proclamation des résultats.

Paris demande la publication des résultats
Après cette annonce contestée, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. Selon le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault :

Le chef de la diplomatie française a également appelé, jeudi matin, à l’arrêt « au plus vite » des affrontements, exprimant sa « plus vive préoccupation » quant aux tensions consécutives à l’annonce des résultats. « Dans le cadre d’un processus électoral, il n’y a aucune place pour la violence », a-t-il ajouté. « J’appelle en conséquence toutes les parties à la plus grande retenue, afin d’éviter de nouvelles victimes. »

Avant même la proclamation de ces résultats, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, avait appelé, mercredi, la commission électorale à publier « des résultats par bureau de vote », et non au niveau des neuf provinces ou au niveau national. Une requête rejetée par le président de la Cénap, qui a invoqué la loi gabonaise. L’UE a également demandé aux protagonistes de maintenir le calme dans le pays.

Au lendemain de cette élection, les deux principaux candidats, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, qui briguait un nouveau septennat, et Jean Ping, 73 ans, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des affaires étrangères, avaient déclaré l’un et l’autre, dimanche 28 août, qu’ils avaient remporté haut la main le scrutin.

« Refléter la volonté du peuple »
Washington a également exprimé sa vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens et les manifestants à garder le calme.

« Nous appelons le gouvernement gabonais à publier les résultats de chaque bureau de vote », a-t-il ajouté. « Cela aidera le peuple du Gabon, de même que la communauté internationale, à avoir confiance dans le fait que le décompte des votes annoncé est bien juste », a encore noté M. Kirby. Quiconque veut contester les résultats doit le faire de manière pacifique et en respectant le système légal gabonais. »


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Jean Ping: « la Communauté internationale doit nous aider! »

Officiellement déclaré deuxième au scrutin présidentiel gabonais, Jean Ping, qui ne reconnait pas ce verdict, demande à Ali Bongo de « respecter la volonté des urnes et la volonté du peuple gabonais »

Selon les chiffres officiels, le président sortant du Gabon, Ali Bongo, a remporté le scrutin avec 49,80% des suffrages juste devant l’ancien ministre, aujourd’hui opposant, Jean Ping qui a obtenu 48,23%. Des émeutes ont éclaté mercredi, 31 août, à Libreville et Port Gentil, peu après la proclamation des résultats. Le quartier général du chef de file de l’opposition gabonaise a été pris d’assaut par l’armée dans la soirée. Jean Ping, qui n’y était pas, relate: « Dans la nuit, vers une heure du matin, des hélicoptères ont bombardé notre Quartier général, suivi d’une attaque au sol. Ils ont pénétré dans les locaux de notre Quartier général, ont tout cassé et ont obligé certains de nos militants à venir casser les voitures dehors… La Garde présidentielle, la police et les mercenaires veulent justifier leur attaque en disant qu’on brûlait des voitures. Puis ils ont pénétré à l’intérieur du Quartier général. Ils ont tout cassé. »

Quel bilan avez-vous de cette attaque?
Deux morts et plusieurs blessés. Le problème c’est qu’ils n’autorisent pas la Croix-rouge à pénétrer. Nous avons donc deux morts entre les bras et nos blessés qui pourraient encoure mourir.

Vous n’étiez pas à votre QG cette nuit. Vous êtes dans un lieu sûr? C’est cela?
Oui, je ne suis pas à mon QG, je suis dans un lieu que je peux considérer comme sûr. Mais nous avons à l’intérieur du QG plusieurs hautes personnalités qui dorment là parce qu’ils pensaient qu’ils étaient en sécurité.

Que dites-vous à cette heure à Ali Bongo?
Ali Bongo doit comprendre qu’il ne peut pas éternellement se maintenir au pouvoir par les mêmes procédés : truquer, tuer, voler… Ils sont déjà au pouvoir depuis un demi-siècle ! ça fait cinquante ans que la famille règne. Et lui, il veut continuer comme ça. Ce n’est pas possible ! Il faut qu’il reconnaisse que nous sommes au 21ème siècle et que ça ne peut pas se passer, on ne peut pas entrer dans l’histoire à reculons. Il faut qu’il réalise qu’il doit respecter la volonté des urnes et la volonté du peuple gabonais.

Le Gabon va-t-il vivre des heures plus graves qu’en 2009?
Moi, je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009! Je pense que c’est déjà plus grave qu’en 2009.

Lancez-vous un appel au calme, Monsieur Ping, à tous?
Quel appel au calme vous pouvez lancer ? Pour une population qui est déjà encerclée, tuée ? Nous sommes déjà dans la situation où on nous tue!

Que peut faire la Communauté internationale aujourd’hui pour le Gabon?
Tout! La Communauté internationale doit nous aider! Parce que nous attirons l’attention de la Communauté internationale depuis deux ans!

Le Gabon est vraiment à un tournant de son histoire diriez-vous?
Je crois. Je crois. Parce que – je vous le rappelais tout à l’heure – le pays est dirigé depuis un demi-siècle par une famille. La même famille. Et qui a toujours pensé qu’elle pourrait continuer à diriger le pays pendant encore un demi-siècle. Ce n’est plus possible, Monsieur! Ce n’est plus possible! Nous sommes au 21ème siècle! Ce n’est plus possible…

Jean Ping
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Gabon: Ali Bongo remporte l’élection présidentielle, selon la Commission électorale

Le décompte du dépouillement des bulletins de vote donne le chef de l’Etat sortant vainqueur avec 49,85% des voix contre 48,16% pour son principal adversaire, Jean Ping

Le décompte du dépouillement des bulletins de vote de la présidentielle au Gabon, effectué par la Commission électorale, donne le chef de l’Etat sortant, Ali Bongo, vainqueur avec 49,85% des voix. Son principal adversaire, Jean Ping, en obtient 48,16%.

L’opposition gabonaise rejette les résultats de la Commission électorale et réclame un nouveau décompte dans une province, a dit mercredi, 31 août 2016, une porte-parole de Jean Ping.

De son côté, l’Union européenne demande à la Commission électorale gabonaise de rendre publics « les résultats détaillés » de chaque bureau de vote. Elle appelle aussi les protagonistes à maintenir le calme dans le pays.

Jean Ping, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA), a clamé victoire ces derniers jours et appelé Ali Bongo à reconnaître sa défaite.

Ali Bongo, pour un second mandat au Gabon.
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Présidentielle au Gabon: des soutiens de poids pour Jean Ping

M. Ping, ex-président de la commission de l’Union africaine, vient d’obtenir le soutien de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, et celui de l’ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba

La campagne présidentielle a pris un tour nouveau mardi au Gabon avec l’annonce du retrait de deux des principaux candidats d’opposition en faveur d’un troisième poids lourd, Jean Ping, pour défier le président sortant Ali Bongo au scrutin à tour unique du 27 août.

M. Ping, 73 ans, ex-président de la commission de l’Union africaine, a obtenu le soutien de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, et celui de l’ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba, mardi vers 03H00 (02H00 GMT) après une dernière séance de négociations.

« La sagesse des uns et des autres a finalement abouti à ma désignation pour représenter l’ensemble de l’opposition », s’est félicité M. Ping, 73 ans, lors d’un meeting dans le centre de Libreville mardi après-midi en compagnie de ses deux nouveaux alliés.

« L’intérêt supérieur du pays vous a conduit à me désigner comme votre étendard », a salué M. Ping, affirmant devant des milliers de personnes qu’il voulait « mettre fin au règne de l’imposteur, du dictateur ».

Cette accord de l’opposition a suscité une très vive réaction du porte-parole du gouvernement gabonais, Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui a dénoncé dans deux tweets un « marchandage d’épiciers » et une « alliance contre-nature » qui « présente un risque réel pour le #Gabon ».

Un nouveau Gabon sans Ali Bongo
« Aujourd’hui le Gabon vit un événement inédit », s’est au contraire réjoui devant la presse le président de l’Union nationale (UN, le parti de M. Oyé Mba), Zacharie Myboto. « C’est un nouveau Gabon qui se construit, sans Ali Bongo Ondimba ».

La Commission électorale (Cénap) a validé au total 14 dossiers pour le scrutin à un tour du 27 août, mais les autres candidats sont loin d’avoir le poids politique du président sortant ou de ses trois principaux opposants.

M. Ping comme MM. Nzouba Ndama et Oyé Mba sont d’anciens cadres du régime d’Omar Bongo – père et prédécesseur d’Ali Bongo – qui fut président pendant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009.

Né d’un père chinois installé au Gabon dans les années 1920, Jean Ping a été plusieurs fois ministre d’Omar Bongo, avant d’être porté à la tête de l’Union africaine en 2008. Il a également été le compagnon de Pascaline, la soeur aînée d’Ali Bongo.

Depuis le lancement de sa campagne officielle samedi à Lambaréné (centre) en pays myènè, l’ethnie de sa mère, l’ancien délégué du Gabon auprès de l’Unesco promet à ses compatriotes un pays « à l’abri du besoin et de la peur ».

M. Nzouba Ndama, 70 ans, a pour sa part présidé l’Assemblée nationale pendant 19 ans jusqu’à sa démission en mars, et dispose de ce fait de solides réseaux au sein de toute la classe politique gabonaise.

Ping, ancien ministre d’Omar Bongo
Enfin, M. Oyé Mba, 74 ans, a été Premier ministre d’Omar Bongo dans les années 1990, puis gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

Il représente l’ethnie fang, la plus importante parmi les quelque 1,8 million d’habitants du Gabon, dont 628.000 électeurs invités à retirer leur carte.

Avant de s’unir, ces opposants ont demandé en vain l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo, 57 ans, estimant que l’actuel chef de l’Etat est un enfant du Nigeria adopté par son père, et qu’il ne peut être président en vertu de la Constitution gabonaise.

« Je suis né à Brazzaville, le 9 février 1959 et ils le savent. Mon père s’appelait Omar Bongo Ondimba, ils le savent mais ils font semblant! », avait proclamé le chef de l’Etat lors de son meeting de lancement de campagne officiel samedi devant des dizaines de milliers de personnes dans un stade près de Libreville.

Sans le nommer, M. Bongo avait eu la dent particulièrement dure contre Jean Ping: « Parmi ces gens-là qui ont échoué dans le passé, il y en a un qui, comme vous le savez, a été à la tête de quatre ministères sous Omar Bongo, et il a toujours échoué ».

Le président avait accusé « ces gens-là » d’avoir [i »tué à petit feu »] son père Omar Bongo « en sabotant son action ».

Les candidats d’opposition « ont peur d’aller aux élections » car « ils n’ont aucune chance de gagner », avait déclaré le chef de l’Etat dans un entretien à l’AFP vendredi (12 août 2016, Ndlr).

Ali Bongo (à gauche), Jean Ping (à droite).
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Gabon: Ali Bongo répond à Jean Ping

Le président gabonais s’est attaqué pour la première fois à l’ancien collaborateur de son père et ex-président de la Commission de l’UA, devenu l’opposant le plus virulent du régime

Le président gabonais, Ali Bongo, s’est attaqué pour la première fois à Jean Ping. Ancien collaborateur d’Omar Bongo et ex-président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping est devenu l’opposant le plus virulent au régime d’Ali Bongo. Le président gabonais est passé à l’attaque dans une interview donnée dimanche 17 août en marge de la célébration de la fête nationale, à Libreville.

C’est avec passion et colère qu’Ali Bongo a décidé de parler de Jean Ping: «Je n’ai pas de problème avec M.Jean Ping, même si lui il a un problème avec moi. Je constate simplement qu’il s’est joint à la cohorte d’un certain nombre de leaders politiques qui n’ont, vis-à-vis de ma personne et du parti que je représente, que de la haine. Il n’y a pas de projet politique.»

Dans une récente émission sur France 24, Jean Ping avait tenu des propos très durs contre Ali Bongo. «C’est moi que monsieur Jean Ping appelle un ‘dictateur autocrate’. Je crois que l’on a un problème de définition. Les propos que Jean Ping a tenus sur France 24, certainement lui auraient ouvert, alors là, tout de suite, les portes du Front national» poursuit Ali Bongo.

La présidentielle de 2016 approche
Ali Bongo a notamment été très critiqué pour avoir nommé un directeur de cabinet d’origine béninoise. «Monsieur Jean Ping, lui-même, a été ministre du Pétrole. Il a eu comme collaborateur Monsieur Samuel Dossou-Aworet, qui était le patron de la direction générale qui gère tout le pétrole gabonais. Vous l’avez entendu se plaindre, que M. Dossou était étranger ? Non.»

La présidentielle de 2016 étant proche, Ali Bongo est donc passé à l’offensive. Il a affirmé que c’est lui qui avait introduit Ping dans le cabinet de son père, Omar Bongo. Mais, depuis qu’il a quitté la commission de l’Union africaine, Jean Ping est déterminé à faire sauter Ali Bongo par les urnes.

Ali Bongo, chef de l’Etat gabonais
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Soudan du Sud: Le pays de Salva Kiir désormais membre de L’Union Africaine

Le drapeau du pays a été hissé au siège de l’U.A en présence de Salva Kiir et Jean Ping

C’est avec grand plaisir que je déclare officiellement la République du Soudan du Sud, le 54ème membre de l’Union africaine. Je suis honoré d’accueillir le Sud Soudan au sein de l’UA et de hisser son drapeau parmi ceux des pays frères membres de l’organisation panafricaine c’est en ses termes que Jean Ping, président de la commission de l’UA a traduit ses sentiments au « nouveau-né ». La cérémonie avait pour cadre le siège de la commission de l’UA à Addis-Abeba (Ethiopie) et était placée sous le haut patronage du chef de l’Etat sud soudanais, Salva Kiir Mayardit, et de Jean Ping. Des Soudanais du Sud étaient venus assister à l’évènement tirés à quatre épingles, costumes trois pièces et robes traditionnelles colorées. Dès le début, l’émotion explose en youyous et chants. Les tribunes de l’assemblée de l’union africaine étaient bondées. Pourtant les tensions entre les deux Soudan sont encore vivaces comme en ont témoigné les violences d’Abyei et du Sud-Kordofan. Mais dans l’enceinte de l’Union africaine ce lundi 15 août, les soudanais du sud ne voulaient pas y penser et préféraient faire la fête. Jean Ping a relevé toutefois les nombreuses questions restant en suspens entre le Nord et le Sud Soudan. En effet, les deux camps ne sont pas encore parvenus à un accord sur leurs différends concernant la région controversée d’Abyei. Nous avons besoin de l’appui des pays membres de l’UA, étant donné que nous sommes un Etat qui vient de naître, a affirmé à cette occasion le président du sud soudan, soulignant que son pays est déterminé à jouer sa partition dans l’échiquier mondial en assumant pleinement son statut auprès de l’UA et de l’ONU.

Nous notons avec satisfaction que la naissance de la nouvelle nation était résultat d’un référendum pacifique soigneusement accouché par deux grands hommes d’Etat, Salva Kiir et Omar Hassen el-Béchir a indiqué Jean Ping, déclarant l’admission officielle du Sud-Soudan comme Etat membre de l’UA. A cette occasion, le président Kiir a déclaré que notre drapeau est hissé maintenant haut tant à l’ONU à New York qu’au siège de l’Union africaine. L’Union Africaine a officiellement reconnu le Sud-Soudan comme son 54ème Etat membre. Le Sud-Soudan émerge des cendres de l’entité ayant jusqu’alors constitué le Soudan. Pourtant, ses habitants et leurs leaders ont dû batailler fort pour en arriver à cette reconnaissance officielle le 27 juillet 2011 à Addis Abeba (Ethiopie). D’abord, les fils et filles de la République du Soudan du Sud ont dû recourir aux armes. Les 20 ans de guerre civile auront ainsi coûté 2 millions de morts. Le Sud-Soudan est devenu un Etat indépendant suite à un référendum tenu le 9 juillet dernier. Le référendum est inclu dans l’Accord de paix global (CPA) signé en 2005 entre le Mouvement Populaire de Libération du Soudan (SPLM) et le gouvernement du Soudan. Le CPA stipule entre autres le partage des revenus sur le pétrole et le droit à l’autodétermination pour le peuple du Sud-Soudan. En admettant le Soudan du Sud comme membre à part entière, l’UA a sans doute pris certains de court. Depuis dix-huit ans en effet, l’organisation n’avait pas intégré de nouveau membre. Contrairement à l’évidence, les choses ne paraissent pas aussi simples. Cela revient à toucher aux frontières du continent. Or, en 1964, l’UA, alors Organisation de l’unité africaine (OUA), avait défendu l’intangibilité des frontières. C’est donc dans la douleur que l’organisation panafricaine déroge à cette règle.

Salva Kiir et Jean Ping
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Union Africaine: Aucun accord sur les Etats-Unis d’Afrique.

Le débat sur ce sujet cher au président Kadhafi a été éludé, une fin de sommet prévisible au regard des forces en présence.

Kadhafi dépité et déçu
Le débat sur les compétences supranationales de la future autorité de l’Union Africaine(UA)et la création de trois ministères à l’échelle du continent n’a pas eu lieu. Refus catégorique du président en exercice de l’Union, qui a refusé que le débat soit engagé. Le colonel Kadhafi, épaulé par le Tchad et le Mali, a tenté sans y parvenir de relancer le débat. C’est le Premier ministre éthiopien qui est monté au créneau pour répéter que l’Union africaine ne pouvait pas éternellement débattre de cette question, plus pour manifester son opposition face au tchadien Idriss Deby. Une situation qui risque de repousser pour au moins encore un an l’idée d’une institution des États-Unis d’Afrique renforcé. Le projet très défendu par le colonel Kadhafi se retrouve encore contesté dans sa forme par l’ensemble des pays anglophones, Afrique du sud et Nigéria en tête, qui ont été rejoints par l’Angola et l’ensemble des pays d’Afrique australe. Face à ces adversaires qui représentent au moins 40% du produit intérieur brut du continent, les alliés Tchadiens et Burkinabès de la Libye ne pouvaient pas faire le poids. Selon une information Reuters, le colonel Kadhafi énervé a quitté la séance plénière lundi après-midi. Il s’est installé sur les pelouses d’un jardin attenant. Protégé par ses gardes du corps, il a reçu en audience plusieurs chefs d’Etats qui sortaient de la plénière pour s’entretenir avec eux. Le guide Libyen a reconnu sa défaite avec une certaine amertume.Si j’avais su l’année dernière ce qu’était cette fonction de président de l’Union africaine, j’aurais refusé, a-t-il déclaré juste avant de passer le flambeau à son successeur.Cette position de président de l’Union africaine n’a pas beaucoup de sens à l’heure actuelle a-t-il ajouté.

Consensus sur les questions sécuritaires et somaliennes
Le véritable consensus trouvé lors de ce sommet s’est porté sur une question invitée surprise et sur la question d’Omar El Béchir, le président Soudanais poursuivi par la Cour Pénale Internationale pour crime de guerre et crime contre l’humanité au Darfour. Lors de l’ouverture du sommet de l’Union africaine, le 25 juillet peu avant midi, à Kampala, les discours ont insisté sur la nécessaire appropriation par l’Afrique de son avenir. Il faut refréner cette tendance croissante à vouloir se substituer aux Africains eux-mêmes pour décider de leur destin, a déclaré Jean Ping, faisant implicitement référence à la position africaine sur la justice pénale internationale et au référendum d’autodétermination au Sud-Soudan, prévu pour janvier 2011. Le sommet de l’Union appelle tous les Etats membres à ne pas coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre du mandat d’arrêt contre le président el-Béchir, peut-on lire dans le communiqué final. Le texte décide de rejeter aussi la demande de la CPI d’ouvrir un bureau de liaison à Addis Abeba, le siège de l’Union. Enfin, cette résolution appelle une nouvelle fois le Conseil de sécurité des Nations unies à suspendre les poursuites contre le général el-Béchir en vertu de l’article 16 du Statut de Rome. La question somalienne n’a pas manqué d’être longuement traitée par tous les intervenants à la cérémonie d’ouverture, dans une ville encore marquée par les attentats meurtriers du 11 juillet perpétrés par les Chaabab somaliens, soupçonnés d’être affiliés à Al-Qaïda. La déclaration de Kampala demande aussi l’interdiction du paiement des rançons dans les situations de prise d’otage. Une des priorités de la diplomatie algérienne qui estime que cet argent sert à financer les actions terroristes.

Leprésident Libyen ici en visite dans une école de Kampala, quitte le sommet déçu
Reuters/Bénédicte Desrus)/n

De nombreuses absences déplorées
Ce sommet de Kampala a été aussi marqué par l’absence de grands chefs d’Etats africains. Ce qui porte un autre voile de discrédit sur la valeur de la déclaration de Kampala. Parmi les absents,Paul Kagamé du Rwanda, Joseph Kabila du Congo Démocratique et Laurent Gbagbo de Côte d’ivoire, des pays très impliqués sur les questions sécuritaires. Autres absents,le président Hosni Moubarak d’Egypte,Zine El Abidine Ben Ali de Tunisie et Paul Biya du Cameroun. L’absence du président camerounais à ce sommet reste une surprise. Ces derniers temps, Paul Biya s’est inscrit au registre des dirigeants africains défendant l’idée d’une prise en compte plus importante de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. A l’occasion de la conférence Africa 21 organisée pour le cinquantenaire des indépendances du Cameroun à Yaoundé, de nombreuses résolutions en faveur d’un nouveau départ de l’Afrique avaient été arrêtées. Résolutions reprises lors du sommet Afrique-France de Nice. Plusieurs fois appelé à prendre la parole au nom des autres chefs d’Etats africains lors de récentes rencontres internationales, Paul Biya par sa présence en Ouganda aurait donné l’occasion au Cameroun de mieux défendre l’adhésion des autres pays aux nombreux problèmes qui aujourd’hui unissent mais aussi divisent les pays africains.

Un dossier aussi passé sous silence, celui sur les changements climatiques. Avant le sommet de Copenhague, plusieurs Etats africains s’étaient retrouvés autour du président français Nicolas Sarkozy pour défendre l’idée d’une position commune. Mais depuis la fin du sommet, les dirigeants africains semblent ne plus se soucier de cette préoccupation climatique qui pourtant les concernent au premier rang .Les experts affirment que les conséquences des changements climatiques seront plus dramatiques pour les populations africaines.

Seulement une trentaine des chefs d’Etats sur les 53 que compte l’Afrique étaient à Kampala
Reuters/Bénédicte Desrus)/n