Mali: Des manifestants s’en prennent à Dioncounda Traoré

Des manifestations se déroulent depuis lundi à travers Bamako. Les marcheurs se sont rendus à Koulouba où ils auraient molesté le Président par intérim

Quelques heures après la signature d’un accord entre l’ex-junte et la CEDEAO censé sortir le pays de l’impasse institutionnelle dans laquelle il risquait de se trouver à partir du 22 mai, des centaines voire des milliers de personnes ont battu le pavé dans la capitale malienne. La raison de leur colère, le maintien de Dioncounda Traoré, ex-président de l’Assemblée Nationale, président par intérim, au poste de président de la Transition. Selon l’ «accord de principe » signé ce 20 mai, M. Traoré doit diriger le Mali pendant les 12 prochains mois avec pour mandats essentiels de gérer la crise du Nord et d’organiser des élections crédibles.

Pour la convention nationale
Mais pour les associations et mouvements proches de l’ex-junte, en l’occurrence, le COPAM, le MP22, l’Appel pour le Mali, il ne saurait en être question. Ce dernier a appelé ses membres à tenir sit-in au Monument de l’Indépendance en plein centre-ville jusqu’au départ de Dioncounda Traoré. En attendant, ils se joints aux autres manifestants qui au départ réclamaient la tenue de la « convention nationale » annoncée la semaine dernière par le président du CNRDRE. « On ne veut pas de Dioncouda Traoré comme président de la transition, la CEDEAO doit nous respecter, capitaine Amadou Haya Sanogo est notre président » tels étaient en substance les propos des marcheurs. Ils ont tous simplement de bloquer Bamako, ce qu’ils ont d’ailleurs réussi en coupant le pont Fahd et plusieurs grandes artères de la ville à l’aide de barricades.

« A bas Dioncounda et la CEDEAO »
Mais cette manifestation s’est très vite transformée en une marche contre la CEDEAO et le président de la transition. Survoltés, les marcheurs ont quitté le Centre International de Conférences de Bamako pour se rendre à la primature. Parmi eux on pouvait voir Amion Guindo de la coordination des syndicats des travailleurs du Mali(CSTM), Pr Rokia Sanogo, la présidente du MP22. Ces derniers ont eu avec le Premier Ministre un entretien de 30 minutes. Après quoi, Cheick Modibo Diarra a appelé les marcheurs au calme. « Vos marches ont un impact négatif sur le Mali, et découragent les partenaires. Je sais, vous êtes en colère, prions pour que le Mali puisse sortir de l’impasse. Je transmettrai vos messages au président de la République» a-t-il déclaré. D’autres manifestants en colère, comme Mamadou Diakité, président cercle de réflexion des jeunes de Sikasso, menace littéralement Dioncounda : « nous ne voulons plus des corrompus à la tête du pouvoir, il faut forcement un changement même s’il faut notre sang. Je suis spécialement venu de Sikasso pour prendre part à cette marche de protestation. On ne comprend pas la décision de la CEDEAO qui nous impose ces loups à crocs pointus » fulmine-t-il. «Je n’aime pas la tête de Dioncounda Traoré, il a cautionné la gestion calamiteuse d’ATT. Pire, ils ont forcé le capitaine à se replier, à accepter la décision de la CEDEAO » fustige une femme dans la foule.

Dioncounda Traoré blessé
Mais avant d’autres groupes sont partis à Koulouba pour parler au président de la République. Là, ils auraient, selon une source proche de la Présidence, agressé Dioncounda Traoré qui est blessé. Toujours selon notre source, un manifestant a perdu la vie suite aux bousculades qui se sont déroulées sur les lieux. Aucune information officielle n’a été donnée suite aux événements de ce matin et à Bamako, la tension est perceptible, plusieurs sociétés et commerces ont fermé.

Des jeunes manifestants appellent au retour de la junte
xinhua)/n

Mali: Dioncounda Traoré investi Président par intérim

Devant la Cour Suprême et le peuple Malien, il a été investi Président du Mali par intérim, ce jeudi 12 Avril au centre international de conférence de Bamako

Avec une forte présence de militaires représentant le CNRDRE, dans la grande salle Jelly Baba Sissoko du Centre International de conférence de Bamako, Dioncounda Traoré a été officiellement investi Président de la République du Mali par intérim, devant les 9 membres de la Cour suprême ce jeudi 12 avril, ce qui ouvre la période de transition de 40 jours, selon les dispositions de l’article 36 de la Constitution du 25 février 1992. Difficile de se frayer un chemin, entre les officiels, politiques et militaires armés qui se mêlaient à la foule. A l’entrée de Dioncounda dans la salle, des applaudissements vifs, des acclamations plein d’espoir pour celui devra conduire une transition de quarante jours. Au premier rang, une forte délégation de membres de la junte, parmi lesquels le lieutenant Amadou Konaré, le président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo et des politiques d’envergure. Ibrahim Boubacar Keita du RPM, à ses côtés Modibo Sidibé, Soumaila Cissé ou encore Iba Ndiaye, premier vice président de l’ADEMA. Après énumération des dispositions de la Constitution et après constatation de la vacance du pouvoir, Dioncounda Traoré a levé la main droite et prêté serment : « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver le régime républicain, de respecter et faire respecter la Constitution et l’intégrité du territoire du Mali ».

Un discours-programme
Dans son discours d’investiture, Dioncounda Traoré a sans ambages mis le nord en exergue en citant les villes occupées par la rébellion, Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou : « J’ai conscience d’être président d’un pays en guerre, » a ajouté Dioncounda Traoré appelant « les groupes armés du Nord à revenir dans les rangs, à arrêter les exactions, les pillages, les viols, à quitter les cités qu’ils ont occupées ». Face à la partition du pays, le Président du Mali par intérim a brandi des menaces à tous ceux qui ont fait du nord une zone de non droit : « S’ils refusent, nous n’hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable et à bouter Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), les trafiquants de drogue et les preneurs d’otages hors de nos frontières », a-t-il averti. « Nous préférons la paix, mais si la guerre est la seule issue nous la ferons avec notre armée. Nous serons tous derrière elle ». Sans oublier de remercier la médiation de la CEDEAO qui a conclu à l’Accord Cadre de sortie de crise, qui prévoit d’accompagner le processus de retour à l’ordre constitutionnel, Dioncounda Traoré a aussi fait mention du processus démocratique à reconstruire. Une tâche qu’il faudra poursuivre avec toutes les composantes de la société malienne, y compris les membres de la junte. Moment d’émotion lorsque le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte, salue le nouveau président intérim sur scène. « Dioncounda et la junte, c’est du deux poids, deux mesures », commente un officiel dans la salle.

La classe politique soutient Dioncounda
La classe politique malienne dans son ensemble, s’est réjouie de cette investiture qui marque le retour à l’ordre constitutionnel en redonnant de l’espoir au peuple malien : « Cette investiture est une bonne chose, ce pays avait besoin d’une capacité de décision pour faire face à l’agression que nous subissons au nord. Le retour à l’ordre constitutionnel est maintenant établi. Il nous faut maintenant tous nous donner la main pour redonner au Mali, la place qu’elle a perdu. », a déclaré Ibrahim Boubacar Keita du RPM. « C’est un grand jour, puisque la constitution issue de la révolution démocratique de Mars 1991 est rétablie », commente Tiébilen Dramé du PARENA. Pour d’autres, comme Mme Fatoumata Siré Diakité, ex ambassadrice et présidente de l’APDF, « ce putsch était un coup de force inutile qui a fait reculer la démocratie malienne et mis le Mali en retard ». Iba Ndiaye, premier vice-président de l’Adema s’est dit satisfait du fait que le Mali va enfin pouvoir s’attaquer aux vrais défis. Mais la vigilance reste de mise quant aux instruments démocratiques. « Cette nouvelle période est l’occasion de questionner et de parfaire la démocratie malienne aujourd’hui mise à mal. »

Après cette investiture, la nomination du Premier Ministre de transition est la prochaine étape.


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Mali: Chronique d’une explosion

Alors que la communauté internationale raffermit ses avertissements face à la junte, le pays subit, de l’intérieur, une menace islamiste

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunie en sommet à Dakar a décidé lundi 2 avril de la mise en place immédiate de sa force militaire. Une annonce faite par le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de l’organisation. Le comité des chefs d’état-major devrait se réunir dès cette semaine à Abidjan pour décider des modalités d’activation de cette force. On ignore le nombre d’hommes qui composera cette force, ni quels sont les pays qui vont y participer. La CEDEAO avait déjà mis en état d’alerte une force militaire de quelque 2000 hommes. L’organisation a également décidé d’un «embargo total» de l’ensemble des pays voisins du Mali contre la junte au pouvoir à Bamako, en application de l’ultimatum lancé le 29 mars à Abidjan. Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi 2 avril) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli, a déclaré Alassane Ouattara. Dans le même temps, les États-Unis d’Amérique ont décidé d’interdire de voyage sur leur sol, les membres de la junte. L’Union africaine a aussi promis de faire monter d’un cran ses menaces de sanction.

Toute la communauté internationale, oriente aujourd’hui le débat malien sur l’action de la junte. Des observateurs dénoncent le fait que lorsque l’occident semble avoir négligé le fait qu’une des conséquences de la chute du guide Libyen serait l’errance des milliers de soldats Touaregs aujourd’hui fortement armés. D’un autre côté, aux premières heures de la menace, le président malien a préféré recourir au Dialogue. Il apparait clairement qu’Amadou Toumani Touré le président récemment renversé, ne pouvait faire face seul à cette menace en provenance du nord, dans un pays deux fois plus grand que la France. Alors que la junte est condamnée, c’est l’unité même du Mali qui se joue en ce moment. La France a donc saisi le conseil de sécurité de l’ONU, avec la préoccupation de savoir comment intervenir pour, à la fois empêcher la partition du pays tout en faisant d’éventuelles concessions à la rébellion touareg autonomiste, lutter contre les islamistes et faire plier la junte à Bamako. Un exercice difficile avec des forces d’intervention africaines pas du tout prêtes. En attendant, les conséquences de la crise politique malienne se font déjà ressentir. On annonce près de 200 000 réfugiés qui ont fui le nord du pays qui risque de se détacher du pays. Autre crainte, cette fois culturelle, c’est le risque que la ville de Tombouctou, ville historique et patrimoine UNESCO en raison de la richesse de ses anciens ouvrages, soit détruite et vidée de sa substance par les pillards.

La CEDEAO prend la menace islamiste très au sérieux
AFP)/n

Guinée: Dadis doit-il oui ou non vivre au Mali?

L’ex chef de la junte guinéenne devrait s’installer au Mali pour poursuivre sa convalescence à Sélingué, une ville proche de la frontière guinéenne

L’hebdomadaire jeune Afrique indiquait vendredi dernier dans ses colonnes, la venue prochaine de l’ancien homme fort Guinéen Moussa Dadis Camara. C’est la ville de Sélingué, située à environ 150 km de Bamako et une centaine de kilomètres de la Guinée voisine, qui accueillera Dadis. La date de son arrivée probable est prévue dans à peu près 6 mois.

Qu’en pensent les maliens?
Mahamadou Camara, journaliste malien: Je ne suis vraiment pas pour une éventuelle venue du capitaine Dadis Camara au Mali. Son séjour peut être facteur d’instabilité sociale dans notre pays, parce que cela risque d’encourager le narcotrafic. Sélingué court le risque d’être le lieu de transit de plusieurs produits stupéfiants qui ne n’augureront sur rien de bon.

Abdoulaye Coulibaly, directeur d’une entreprise privée: Je ne vois aucun inconvénient à ce que Dadis vienne au Mali. S’il a envie de venir ici, c’est simplement parce qu’il a des amis au Mali et ses compagnons d’arme de l’EMIA. En plus, la Guinée et le Mali sont deux pays voisins qui partagent les mêmes coutumes, cultures et traditions. Ce n’est pas du tout pareil qu’au Burkina Faso où il n’a aucun repère. Aucun homme sur terre n’est parfait, et tout le monde mérite une seconde chance. Dadis le mérite. Il a fait quelques erreurs c’est vrai, mais ça ne l’a pas empêché de combattre les trafiquants de drogue et d’armes et aussi, d’essayer de ramener le Guinéen sur le bon chemin. Il a beaucoup contribué à la lutte contre la corruption. Je ne pense pas qu’il constitue une menace pour le Mali. Alors là, pas du tout. Il est le bienvenu chez nous comme tous les Guinéens.

David Dougnon, fonctionnaire d’Etat [i Vous savez, le Mali est une terre d’accueil, d’hospitalité et de générosité. Tous ceux qui souhaitent venir dans notre pays, sont les bienvenus. Le capitaine Moussa Dadis Camara sera toujours le bienvenu ici. Il n’y aucune raison que sa présence chez nous, soit source de conflit ou de tension. Bien au contraire, le climat d’ici, lui permettra de ne pas se sentir dépaysé comme c’est le cas au Burkina. Que ceux qui restent septiques soient sûrs que nous ne courons aucun danger. Dadis ne sera le facteur d’aucune tension.»

Mme Sidibé Mame Camara, Professeur d’université: Très franchement, je ne suis pas pour une éventuelle venue du capitaine Dadis au Mali. Cela risque d’aiguiser beaucoup trop d’envies. Notre pays connait déjà des troubles au nord. S’il faut qu’en plus de cela, Mr Camara vienne s’installer à Sélingué qui n’est pas loin de la Guinée, il y aura des problèmes. D’abord, la zone sera sujette à des trafics de toutes sortes (drogue, armes, et même de personnes). Ensuite, certains partisans de Dadis voudront qu’il retourne au pays. Des conflits d’intérêts vont se poser et cela va créer des foyers de tension dans cette partie du pays, en plus de celui qu’on connait déjà au nord. Au regard donc de tous ces aspects, je juge inopportun, la présence de l’homme au Mali.

La prochaine venue du capitaine Dadis Camara est diversement appréciée par les maliens. Tout compte fait, si les élections guinéennes prévues pour le mois de juin prochain se déroulent comme prévues, Dadis arrivera au Mali plus de trois mois après le scrutin présidentiel.

Dadis Camara à son arrivée au Burkina
www.courrierinternational.com)/n

Guinée Conakry: Vers l’organisation d’élections libres

Après des jours d’intenses tractations, le Capitaine Dadis Camara accepte de rester en exil au Burkina Faso

C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les parties en présence impliquées dans la crise guinéenne, dont le paroxysme avait été la tentative d’assassinat de Dadis Camara. Le chef de la junte blessé par balle à la tête avait été évacué vers le Maroc où il avait reçu des soins adéquats. Ces derniers temps son retour sur la scène internationale avait réveillé les démons de l’instabilité politique à Conakry. Le médiateur Blaise Compaoré du Burkina Faso avait alors repris les rênes des négociations entre les différentes forces en présence à Ouagadougou.

Dadis Camara a été débarqué à Ouagadougou pour y poursuivre sa convalescence. Pendant ce temps le Président intérimaire Sekouba Konaté y a été dépêché. Autour d’une table, ils ont discuté. La communauté internationale souhaitait ardemment le maintien en exil au Burkina de Dadis Camara. Ce qui a été obtenu. Par ailleurs le Président par intérim a été chargé d’organiser dans les six mois à venir des élections libres. Elles auraient dû se tenir en ce mois de janvier 2010 si le pays avait été stable.

Vers un retour à la paix ?
Dans six mois donc, les Guinéens devraient être convoqués pour élire un nouveau président. Le Chef de la junte déchu affirme dans une allocution avoir signé cette sortie de crise en pleine confiance tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition. Son maintien en exil fait ainsi échec à une partie de ses lieutenants qui souhaitaient son retour en terre guinéenne. Acteur de premier plan de la transition, le Président Konaté continue son mandat. Il doit désormais procéder la plus rapidement possible à la nomination d’un Premier ministre de la transition. En effet, l’accord de Ouagadougou prévoit la création d’un conseil national de transition et la mise en place d’un gouvernement d’union dirigé par un Premier ministre, président du Conseil des ministres, issu des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) et l’organisation d’élections «dans six mois».

Les Forces vives qui ne se sont pas toujours entendus sur un nom commun, redoutaient depuis quelques jours la proximité de Dadis Camara. La tension était montée d’un cran dans les rues de Conakry lorsqu’un collectif de militaire avait réclamé à la télévision guinéenne le retour du Capitaine déchu.

Blaise Compaoré entre Sekouba Konaté en tenue (le président par intérim) et Dadis Camara (le président déchu)
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Guinée : Moussa Dadis désormais hors-jeu ?

Cela fait bientôt 2 semaines que le capitaine Moussa Dadis Camara a été victime d’une tentative d’assassinat. Son retour au pouvoir est-il envisageable ?

Une balle dans le crâne
Dadis a reçu une balle sur la boite crânienne, ce qui n’est pas anodin et risque de laisser de lourdes séquelles. Son rétablissement prendra donc sans doute du temps. Cet épisode contribue à son effacement du jeu politique guinéen pour un moment, ce qui provoque l’interrogation suivante : qui pourra diriger la Guinée en son absence? Tout semble montrer que le nouvel homme fort du régime est le ministre de la défense et numéro 3 de la junte, le général Sékouba Konaté, devenu chef de l’Etat par intérim depuis quelques jours. Notons que ce dernier avait été l’homme clé du coup d’Etat, au lendemain de la mort du général Lansana Conté. Certains pensent même que Dadis n’a été qu’un pion dans le jeu du CNDD et qu’à long terme, il aurait été éliminé de l’échiquier politique par ses compagnons. Mais cela arrange t-il pour l’autant l’opposition qui devra maintenant s’adresser à un général populaire, réputé intelligent et qui a de nombreux faits d’armes à son actif?

Soutien International
Ancien commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA, l’unité d’élite de l’armée guinéenne), le général Konaté est devenu le vrai patron grâce au fait que le numéro 2 de la junte, le général Mamadou Bah Toto Camara, qui devait diriger le pays en l’absence de Dadis, est sous traitement au Maroc depuis plusieurs semaines. Il est donc hors-jeu comme Dadis. A peine arrivé à la tête du pays, le général reçoit le soutien de la communauté internationale (Etats-Unis, France et certains pays africains), qui le juge plus fiable. La crédibilité du général tient au fait qu’il était absent de Conakry lors du massacre de plus de 150 opposants le 28 septembre dernier. Certaines sources expliquent que les relations entre Dadis et Konaté étaient assez froides, le général ayant reproché à Dadis de se laisser manipuler par certains membres du CNDD afin de se maintenir au pouvoir, et de ne pas respecter ses engagements de départ.

Konaté laissera-t-il Dadis revenir ?
Vu les tensions existant entre les deux hommes, et l’aura dont bénéficie Konaté, de nombreux observateurs se demandent si ce dernier rendra le pouvoir à Dadis. Mercredi 9 septembre, il a effectué une tournée générale dans tous les camps militaires de la capitale Conakry, en demandant aux soldats de se ressaisir et de revenir à toute discipline requise. «L’armée est indivisible, nous sommes une famille », a t-il martelé aux soldats. Le général semble maitriser la situation dans un pays sous haute tension et il jouit d’une certaine stature qui le ferait respecter des hommes de la junte, à l’inverse d’un Dadis, colérique et imprévisible.


Jacques Leclerc)/n

Guinée : Le CNDD accuse la France de tentative de coup d’Etat

Le porte-parole du CNDD, Chérif Idriss accuse les services Français de tentative de coup d’Etat contre Dadis Camara La junte suspend les négotiations à Ouagadougou.

Les arguments d’Idriss Chérif
Chérif Idriss, porte-parole du gouvernement Guinéen, a ouvertement accusé le ministre Français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et des Services français d’avoir tenté un coup de force contre la junte guinéenne. Il affirme qu’il y a quatre jours, Bernard Kouchner a reçu l’opposant guinéen Alpha Condé. Ensemble, ils ont appelé le président de la commission de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas (ce dernier avait en fin de semaine, demandé un isolement pur et simple de la junte maintenant que Dadis ne constitue plus d’obstacle). Ils lui ont demandé de faire des déclarations et essayer de prendre contact avec des gens au pays afin de préparer un coup d’Etat en l’absence de Dadis.

Le ministre a par ailleurs réaffirmé que la tentative d’assassinat du lieutenant et aide de camp Toumba Diakité, était une tentative de coup d’Etat. Et d’ajouter que « des services français seraient impliqués ». Le ministre dit tenir ces informations des personnes arrêtées suite à l’agression du chef de la junte. Il affirme que ce n’était pas juste un attentat mais, un coup d’Etat manqué. Il informe également nous allons faire passer les individus arrêtés, à la télévision et ils vont expliquer comment tout ceci a été organisé. Signalons que Bernard Kouchner (ministre français des affaires étrangères) avait déjà eu affaire aux militaires guinéens lorsque Dadis lui disait que la guinée n’est pas une sous-préfecture de la France , après les avoir désavoué publiquement après les massacres de 28 septembre.

La France dément
Suite aux déclarations du ministre guinéen, le porte parole du Quai d’Orsay Bernard Valéro a déclaré la France dément énergiquement ces rumeurs absurdes et rappelle la priorité de la tenue d’élections. Il n’y a pas de temps à perdre en polémique stérile. Selon un habitant de Conakry, les militaires font des fouilles et descentes quotidiennes dans les coins et recoins, dans l’espoir de retrouver le lieutenant Toumba Diakité toujours en fuite. La semaine dernière, des militaires guinéens auraient tiré sur un marabout, arrêté un Imam, un coiffeur et mis un nombre important de personnes sous les verrous. Ces derniers dont les familles n’ont pas été vues depuis lors, sont accusés de complicité avec l’aide de camp Toumba Diakité.

La junte suspend les négociations de sortie de crise
Le conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), suspend toute négociation sur les négociations de sortie de crise se déroulant à Ouaga (Burkina Faso). Il informe ne retourner à la table des négociations que, lorsque leur chef Dadis sera de retour. Dans cette annonce faite hier à la RTG, la télévision nationale, le colonel Moussa Keita du CNDD, informe : La junte attendra le temps nécessaire au retour de Moussa Dadis Camara avant de revenir dans le processus même si le retour aux affaires doit prendre un certain temps.

Notons que ces déclarations ne réjouissent guère les forces vives de Guinée qui espéraient une participation du CNDD à la rencontre du dimanche à Ouaga. Surtout qu’ils clament depuis longtemps le départ du capitaine Dadis. Le colonel précise qu’ils demanderont un report de cette réunion puisque, la junte suspend juste les négociations, ce n’est pas pour autant qu’elle est contre.

Moussa Dadis Camara et le médiateur Blaide Compaoré
Rfi.fr)/n

Guinée Conakry: Le capitaine Dadis Camara dans un état stable

Le ministre de la défense et numéro 2 de la junte, le général Sékouba Konaté assure l’intérim

Des propos confus
On se rappelle que le 3 décembre dernier, l’aide de camp du capitaine Dadis, Toumba Diakité, lui avait tiré dessus à bout portant. Après cette altercation entre les désormais frères rivaux, le lieutenant Toumba a pris la fuite avec des dizaines de soldats ralliés à sa cause. Ainsi, lors des premières déclarations sur le pourquoi et le comment des évènements, le ministre de la communication n’a cessé de répéter que le chef de la junte va bien. Il avait même affirmé que la balle n’a fait qu’effleurer une partie du crane ; Engendrant une blessure superficielle. Cependant, une simple blessure peut-elle expliquer une évacuation d’urgence sur le Maroc ? Les médecins guinéens auraient été capables de le soigner s’il ne s’agissait que de cela.

En effet, le vendredi 4 décembre dans l’après midi, Dadis a été évacué à Rabat dans un avion mis à disposition par le médiateur burkinabé Blaise Compaoré. Quelques heures après les premiers soins, Blaise Compaoré déclarait que Dadis est dans un état difficile mais pas désespéré. Et qu’il avait reçu une balle dans la boite crânienne nécessitant une intervention chirurgicale. Signalons que ces propos sont à l’opposé des dires du porte-parole du gouvernement guinéen. De l’hospitalisation de Dadis vendredi, jusqu’à hier dimanche, il n’y a pas eu de déclaration précise sur l’état réel dans lequel il se trouve. Néanmoins, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Alexandre Cécé Loua, qui se trouve à Rabat, expliquait ce matin sur les ondes de la RFI Le président Dadis a été opéré d’un traumatisme crânien et son état n’inspire pas d’inquiétude. J’ai vu le président Dadis. Il reconnait son entourage mais, n’est pas à mesure de dialoguer. Son état est stable donc, il est hors de danger.

Qui remplace Dadis ?
La Guinée est présentement dirigée par le général Sékouba Konaté, ministre de la défense et numéro 2 de la junte. Notons que le général Konaté était en déplacement à l’extérieur, lorsque la tentative d’assassinat contre Dadis a échoué. Cet homme selon de nombreux guinéens et certains chefs de l’opposition guinéenne, s’avère beaucoup plus crédible que Dadis ou n’importe quel autre membre du conseil national de la démocratie et du développement (CNDD). Premièrement il était absent du pays lors des évènements du 28 septembre dernier, ce qui amène certains à affirmer qu’il n’est pour rien dans les massacres et deuxièmement, il serait impartial donc, crédible et plus ouvert au dialogue avec les forces vives.

L’ancien premier ministre Cellou Dallein Diallo, souhaite d’ailleurs « S’il y a une nouvelle équipe en Guinée, il faut qu’elle puisse ouvrir un dialogue franc avec la classe politique pour conduire le pays vers des élections libres et transparentes. »Il estime que les officiers qui ont violé et massacré au Stade, ne sont pas représentatifs de l’armée guinéenne. Ainsi, l’absence de Dadis serait pour beaucoup d’officiers, l’occasion d’exprimer leur point de vue. Cellou Dalein Diallo ne souhaite visiblement pas le retour du chef de la junte au pays. De toutes les façons, il est évident que même si Dadis recouvre très vite la santé, il lui sera difficile de retourner à la tête du pays avant quelques mois. Il risque même de ressortir de l’hôpital avec des séquelles, le crâne étant une partie très sensible et commandant toutes les neurones du corps humain. Entre temps, les guinéens sont inquiets de l’avenir de leur pays avec à sa tête, une armée très divisée.

Forte prime pour qui capturera Toumba Diakité
Ce samedi, la junte militaire au pouvoir, annonçait qu’une prime d’une somme importante serait mise à la disposition de toute personne qui les aiderait à arrêter le lieutenant Toumba Diakité toujours en fuite. Signalons que le lieutenant a déclaré samedi par téléphone, être en lieu sûr en Guinée. Une manière pour lui de montrer l’incapacité de ses collègues et ex-compagnons de lutte à mener des recherches efficaces.

Le ministre de la défense, le général Sékouba Konaté assure l’intérim
www.tamtamguinee.com)/n