Hommage au Professeur Kapet de Bana

Par Seckou Ndiaye et Anne-Marie Pottier

Hommage au Professeur Kapet de Bana le grand témoin de l’Histoire, le penseur africain, l’infatigable combattant de la liberté et de la dignité des peuples africains, qui s’est éteint le 15 septembre 2015 à Paris.

Le Professeur Kapet de BANA était l’intellectuel, le savant, le penseur, le pédagogue Africain que nous avons le plus lu et dont nous avons retenu l’enseignement, parce que c’est lui qui a su traduire le testament intellectuel de Cheikh Anta Diop, avec une méthode qui utilise le sens commun ordonné, qui parle le langage que nous entendons et comprenons, ce qui nous a permis de mettre en place notre propre outil de Renaissance Africaine, appelé «BAKHONNE».

Nous, étudiants, l’avons rencontré en 1999, à sa demande, quand il avait appris que nous organisions des rencontres d’informations et de dialogues autour de nos valeurs africaines.

Ce jour-là il nous avait dit: «C’est vous qui êtes dans la bonne voie. A partir de cet instant je suis devant vous, derrière vous, à vos côtés, au-dessous et au-dessus de vous».

Cet engagement nous avait rassurés et nous rendait chaque jour qui passait de plus en plus compétents.

En 2004, dans le cadre du suivi de son engagement à accompagner notre initiative communautaire, il nous a demandés, à six reprises, de le rejoindre au café «Le Départ Saint-Michel» du Quartier Latin où, de 18 heures à 06 heures, sans se lever de son siège, il nous parlait de l’Afrique et de ses valeurs.

Au sortir de cet enseignement dense sur l’Histoire profonde de l’Afrique, il nous a conduits, sur invitation de l’Union Africaine sous Alpha Konaré, à la Première Conférence des Intellectuels d’Afrique et de la Diaspora à Dakar en octobre 2004: «L’heure est venue, nous avait-il dit, de commencer à vous initier aux grandes rencontres du monde».

Le 29 Juillet 2014, jour de son anniversaire chez sa nièce Jackie, après le gâteau d’anniversaire, il me regarda et me dit: «Mon fils Seckou,

– Oui,

– Je voudrais effectuer une de mes dernières sorties panafricaines à Dakar sur la II° renaissance Africaine, plus précisément sur le thème: «La réconciliation de l’Afrique avec elle-même, et le rôle de sa Jeunesse dans l’actualité du panafricanisme». Peux-tu t’en occuper?

– Oui Professeur.

– Alors, fais-le».

Cette conférence était programmée pour octobre 2015. Les démarches auprès de l’ambassade du Sénégal et de la délégation sénégalaise à l’Unesco étaient entamées.

Le mardi 15 septembre 2015, au chevet de son lit d’Hôpital où il venait de rendre l’âme, je lui ai dit, devant son petit neveu Francis: «Professeur, la date du 15 septembre, pour moi, se résume en une équation: Le Départ de Kapet de Bana = A l’avènement de l’Epoque Kapet. Avec ceux qui croient en vous comme moi, nous transmettrons votre Mémoire au monde».

Le Professeur nous disait toujours: «N’oubliez jamais par où les choses vous arrivent. L’Afrique doit dialoguer avec les siens, comme l’Europe a dialogué avec les siens: Socrate, Platon, Aristote, Saint Augustin, Saint-Thomas d’Aquin, etc.»

Il nous disait aussi: «Que l’Afrique ait des problèmes, que l’Afrique soit un problème, tout le Monde le sait. Mais qui va dire le médicament qu’il faut et comment le prendre? C’est ce pédagogue-là qui manque. Tout le monde se veut suffisant, et l’Afrique souffre de ces suffisances dans l’ignorance».

Et il nous disait surtout: «Pour avancer, ne trichez jamais!»

Beaucoup de personnes ont dû entendre parler d’Anne-Marie et de moi, ou de moi et d’Anne-Marie. Que dire du rapport qui existait entre le Professeur et nous?

Anne-Marie et moi, nous étions les deux pôles entre lesquels le Professeur naviguait: j’étais le dépositaire du patrimoine de l’Afrique profonde, Anne-Marie la rédactrice historique: à chaque fois qu’il sentait l’urgence historique, il venait me voir et me disait ce que je devais entendre et revenait aussitôt faire consigner cela par Anne-Marie.

Nous avons donc une Mission: Transmettre la Mémoire de Kapet de BANA. Nous le ferons Professeur, dans le cadre du partage, de la fraternité et des savoirs pour le bien de l’Humanité et des générations futures.

Nous avons sélectionné deux citations d’hommes illustres dont Kapet s’est inspiré tout au long de sa vie et de son combat pour un monde de paix.

« Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours. » Gandhi.

«La responsabilité de chacun implique deux actes: vouloir savoir et oser dire». Abbé Pierre; Servir: Paroles de vie (2006)

Et pour terminer, une citation du Professeur Kapet de BANA: «L’Afrique bouge et le moment est venu de rappeler quelques vérités historiques qui ne font pas partie des livres d’histoire d’aujourd’hui et sans lesquelles on ne peut pas comprendre l’Afrique contemporaine».

Le 26 septembre 2015

Article lié: Le prof Kapet de Bana décède en terre d’exil à Paris: Hommage du CODE.

Pr. Kapet de Bana
africa.smol.org)/n

Le prof Kapet de Bana décède en terre d’exil à Paris: Hommage du CODE

Par le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (CODE)

Africaniste de la première heure, Président fondateur de la Ligue Camerounaise des Droits de l’Homme (LCDH) ,Professeur d’Université, Économiste, Juriste comparatiste, Sociologue, Expert Consultant en Droits de l’Homme, Premier doyen de la faculté de droit de l’Institut polytechnique de Guinée Conakry, Chargé des affaires diplomatiques au sein du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE), dont il fut l’un des pères fondateurs, le doyen Kapet de Bana était également membre fondateur de la Fondation Moumié crée à Bruxelles. Proche conseiller de Félix Roland Moumié, de Ben Bella, de Sékou Touré et tant d’autres présidents, à lui seul il représentait une bibliothèque savante et vivante.

Monsieur Kapet de Bana a fait partie de la première délégation qui a représentée le Cameroun aux Nations Unies en 1961. Aussi, il a passé 10 années en prison au camp Boiro avec Diallo Telli, le 1er Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine comme prisonnier politique en Guinée Conakry. Il était parmi les plus anciens réfugiés politique camerounais et auteur d’une kyrielle d’ouvrages

Le Professeur Kapet De Bana était alité à cause d’une longue maladie qui a finalement eu raison de lui à l’Hôpital Brousse en Banlieue Parisienne où il s’est éteint le 15 septembre 2015 dans l’après-midi.

Adieu professeur.

Professeur Kapet, avant tout le monde, de manière prophétique, tu as éveillé les consciences, tu as tracé les routes, ouvert des chemins et des voies pour une nouvelle conception de la liberté et du progrès. Tu nous as donné la force de regarder demain. Tu nous as sommé de trouver la force d’inventer notre route et la débarrasser des formes toutes faites des divisions, des formes pétrifiées qui l’obstruent. Voilà l’explication essentielle et fondamentale c’est la reconnaissance par le peuple combattant de ta clairvoyance et le caractère prophétique de tes choix.


Présent à la rencontre des 9 et 10 décembre 2003 à Bruxelles en Belgique et qui a connue la naissance du Code, il a été de ceux qui ont uvré pour la naissance de ce collectif au sein duquel il occupait à la suite de la réunion du 5 mai 2007 à Louvain-La-Neuve le poste de chargé des affaires étrangères.

Professeur Kapet de Bana pourquoi ton départ, maintenant irrémédiable, n’ouvre pas à l’absence, n’ouvre pas à l’abandon, n’ouvre pas au désespoir. Ton silence doit nous inviter au recueillement, à la construction d’une nouvelle espérance, à un recommencement, à prendre un nouveau départ. Nous nous armerons de tout ce que tu nous a laissé : ta doctrine, ta philosophie, ta parole, certes, mais aussi ton désir de voir le Cameroun épargné de la bande de « jouisseurs incompétents et irresponsables » [comme tu avais l’habitude de la dire]

Nous te promettons camarade combattant Kapet, de poursuivre le combat et de l’assumer collectivement en ton nom pour l’avenir du Cameroun en particulier et de l’Afrique en général.

Cette perte du Professeur Kapet De Bana est un coup dur, non seulement pour un continent noir où les Hommes d’exception deviennent de plus en plus des exceptions rarissimes, mais aussi, pour un Cameroun où les abus de pouvoir, la corruption, le népotisme et les dérives dictatoriales, sont depuis longtemps la règle.

En attendant le programme officiel des obsèques du Professeur Kapet de Bana, le Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE) présente ses condoléances à toute sa famille et ses proches.

Une veillée spéciale en sa mémoire sera organisée par le CODE à Bruxelles dans les jours à venir

Professeur Kapet de Bana, que la terre de nos ancêtres te soit légère. Que ton âme repose en paix.


Fait à Bruxelles le 17 septembre 2015

* Elie KADJI, Président du CODE;
* Evarist MOHBEU, secrétaire général;
* Marcel TCHANGUE, Secrétaire National à l’Organisation;
* Christine EKESSI, Trésorière Nationale;
* ROUFAOU OUMAROU, Secrétaire à la Communication;
* Delphine Fouda, Kamegni Simplice, Tchamo Oscar, Conseillers;
* Agnès Mefodjuiko, Secrétaire national chargée des Affaires Féminines.

Pr. Kapet de Bana
Code)/n