Cameroun: Seul contre tous, un pasteur défend les homosexuels

Dans un livre d’entretien, le pasteur Jean-Blaise Kenmogne explique pourquoi il pense que les gays et lesbiennes ont droit à l’égalité

Le livre intitulé Homosexualité, Eglise et Droits de l’Homme – Ouvrons le débat, qui vient d’être publié au Cameroun aux éditions Ceros a créé une véritable levée de bouclier, aussi bien dans les milieux religieux qu’au sein de l’opinion nationale où l’homosexualité a du mal à être toléré. En effet l’article 347 bis du Code pénal camerounais, punit d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20 000 à 200 000 francs toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe. Dans ce livre entretien, on a d’un côté, Haman Mana, directeur de publication du quotidien Le Jour et de l’autre, le pasteur évangélique Jean-Blaise Kenmogne. Le thème de l’interview: l’homosexualité, passible de cinq ans de prison au Cameroun, pays d’Afrique centrale où les arrestations de gays et lesbiennes rapportées ont augmenté ces derniers mois. Tout simplement parce que, dans la nature, il y a un ordre clair des choses: un homme doit aller avec une femme. A quoi sert-il de vouloir transformer cet ordre par des pratiques contre nature?, demande le journaliste auteur du livre Homosexualité, Eglise et Droits de l’Homme – Ouvrons le débat (éd. Ceros), qui s’est fixé la mission d’incarner le «Camerounais moyen» lors des échanges, parfois musclés.

Le docteur en droits de l’Homme répond en s’inspirant de la théologienne Isabelle Graesslé, installée en Suisse. Il rappelle ainsi que s’il y a une différence morphologique des sexes, il existe une anthropologie de l’acceptation qui promeut soit une vision de la reconnaissance du caractère androgyne de chaque être humain en lui-même, soit une perception de la personne du même sexe comme objet d’attirance et d’amour au sens sexuel du terme. Accusé d’empocher de l’argent de «lobbys gays», Jean-Blaise Kenmogne adhère. Pour lui, les homosexuels ne sont ni un cancer à éradiquer, ni une menace sociale. Dénonçant les violences homophobes, il précise: ils sont des sujets d’humanité, des sujets de droits, des sujets de vie qu’il ne convient ni de marginaliser ni d’abandonner (…). Je dois les considérer comme des sujets humains. (…) Voilà la réalité que je cherche à comprendre et à faire comprendre parce que je constate qu’elle pose problème. Ses propos sont très critiqués par des pasteurs et des fidèles. Certains ont même demandé sa radiation, l’accusant de fouler au pied les principes de la bible et, surtout, d’empocher de l’argent des «lobbys gays». Accusation démentie: S’il y a de l’argent en circulation, je n’ai pas vu un euro ou un dollar qui me serait destiné par des Occidentaux en vue de soutenir mon combat pour les droits humains des homosexuel(les) au Cameroun.

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