Afrique du Sud: Les dirigeants du monde veulent sauver la planète

Le continent noir moins pollueur et grande victime des changements climatiques est à peine représenté à cette conférence de l’Onu qui s’achève ce vendredi 09 novembre à Durban

La conférence de l’ONU sur le climat à Durban est la première conférence onusienne de cette ampleur qu’accueille le continent africain. L’Afrique qui n’émet que 4% du total des émissions de gaz à effet de serre, mais qui est le continent le plus touché par les conséquences du réchauffement global: plus de 300 millions d’Africains, près du tiers de la population du continent, vivent déjà dans des zones de sécheresse et la situation pourrait bien encore se détériorer. Les experts estiment que d’ici 2020, entre 75 et 250 millions de personnes pourraient en Afrique perdre leurs denrées de subsistance en raison des changements du climat et les crises alimentaires pourraient donc bien se succéder, notamment dans la corne de l’Afrique. Alors, les ONG environnementales africaines et les journalistes venus du continent veulent tirer la sonnette d’alarme. Mais à Durban, ils sont peu présents pour appeler les grands Etats pollueurs à agir et à les aider à éviter les catastrophes. Pour les rares défenseurs de la cause africaine, ça a été un vrai parcours du combattant pour venir à Durban.

Jusqu’au dernier moment, Ange David Baimey ne savait pas s’il arriverait à Durban. Le coordinateur du réseau climat et développement en Afrique est l’un des heureux élu. De son réseau, seules 10 organisations sur 60 sont représentées. Soit il n’y a pas de financement pour les billets d’avion soit il n’y a pas de financement parce que les hôtels sont excessivement chers ici à Durban, explique Ange David Baimey. Même son de cloche chez les rares journalistes africains qui ont réussi à trouver des financements pour couvrir la conférence. Sidi El Moctar Cheiguer, président de l’association des journalistes africains sur l’environnement, en a assez. L’Afrique est victime mais pas responsable du changement climatique mais rien ne bouge clame-t-il. Les promesses de réduction de gaz à effet de serre aujourd’hui sur la table placent la planète sur la trajectoire d’un réchauffement de + 3,5°C, dépassant largement l’objectif de 2°C maximum, selon une étude présentée ce mardi 06 novembre à Durban. Au rythme où augmentent les émissions de ces gaz, les gouvernements n’ont guère que quatre ans pour inverser la tendance et éviter ensuite des dépenses massives pour atteindre l’objectif des 2°C, cible adoptée par la communauté internationale en 2010, selon ce rapport présenté en marge de la conférence de l’ONU sur le climat.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a lancé une mise en garde, en Afrique du Sud, face au réchauffement climatique qui met l’avenir de la planète en jeu, appelant à donner une suite au protocole de Kyoto, une fondation sur laquelle bâtir. Entré en vigueur en 2005, le Protocole de Kyoto impose à l’ensemble des grands pays industrialisés – à l’exception notable des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié -des réductions d’émissions de leur gaz à effet de serre, au premier rang desquels le CO2 lié à la consommation d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). Le Japon, la Russie et le Canada ne sont pas favorables à un nouvel engagement à l’issue de la première période qui s’achève fin 2012. Les pays en développement tiennent fortement à une nouvelle période au nom, notamment, de la responsabilité «historique» des pays industrialisés dans l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère. L’Union européenne elle, est prête à s’engager, mais insiste pour que soit dans le même temps établi le calendrier d’un nouveau traité, qui engloberait tout le monde et entrerait en vigueur à l’horizon 2020. La Chine avait, depuis quelques jours, laissé entendre qu’elle pourrait adhérer à cette piste, faisant naître l’espoir d’une nouvelle dynamique avec les Etats-Unis, autre acteur central de la diplomatie climat. Les deux pays sont les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète. Mais le représentant américain pour le climat, Todd Stern, a douché ces espoirs mardi. Je n’ai pas le sentiment qu’il y a eu un quelconque changement dans la position chinoise concernant un accord juridiquement contraignant, a-t-il déclaré devant la presse. L’Inde a également pris ses distances vis-à-vis de la feuille de route proposée par l’Europe.

Le président Déby du Tchad à la conférence d’ouverture
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Sommet sur le climat : De nombreux leaders ont pris la parole

Ils ont promis de donner dans les prochains mois un appui sérieux au protocole de Kyoto

Les principaux leaders des économies les plus avancées ont promis de donner dans les prochains mois un appui sérieux au protocole de Kyoto, mais sans grande fermeté.

Représentant les deux pays plus gros pollueurs au monde, le Président Obama (Etats-Unis) et Hu Jintao le premier ministre chinois ont tous les deux indiqué mardi dernier à la tribune des Nations Unies à New York qu’ils feraient des avancées concrètes en vue de limiter les émissions de gaz par leurs nations respectives. Ils se sont dits disposés à faire plus pour trouver un accord lorsque les négociateurs de l’ONU se réuniront en décembre prochain à Copenhague au Danemark. Ni l’un ni l’autre chef d’Etat n’a fourni de plan détaillé ou ambitieux, dans tous les cas, pas autant que de nombreux autres chefs d’Etat et expert environnementaux avaient espéré d’eux. Le discours des deux hommes a reflété la pression médiatique qui pesait sur eux.

Barack Obama Hésitant
Obama a réclamé des leaders mondiaux qu’ils préparent une réponse « flexible et pragmatique » au défi du réchauffement global vers la fin de l’année. Selon ses termes, si les peuples riches « n’arrivent pas à s’entendre — solidement, vite, et ensemble — nous risquons de condamner des générations futures à une catastrophe irréversible. » Il a détaillé tous les efforts que son administration s’est déjà engagée à faire pour limiter le taux d’émission de carbone de l’Amérique. Les importants investissements dans l’énergie propre, les nouvelles normes d’économie de combustible pour les véhicules. « Ces étapes représentent une reconnaissance historique de la responsabilité du peuple et du gouvernement américain» a dit Barrack Obama. « Nous comprenons la gravité de la menace sur le climat. Nous sommes déterminés à agir. Et nous assumerons notre responsabilité face aux générations futures. »

si les peuples riches n’arrivent pas à s’entendre – solidement, vite, et ensemble – nous risquons de condamner des générations futures à une catastrophe irréversible.
Barack Obama, président américain

Le président Obama a aussi indiqué que les Etats-Unis commenceraient à dépister les sources d’émissions de gaz participant à l’effet de serre dans tout le pays cette semaine « pour la toute première fois, » et étaient disposés à fournir l’aide financière nécessaire pour aider les pays en voie de développement à s’adapter aux impacts d’un réchauffement global. Il a enfin précisé que son pays était prêt à migrer vers une économie qui produirait moins de gaz carbonique.

Barack Obama, président des Etats-unis
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Engagement imprécis de la Chine
Le premier ministre Hu Jin Tao très attendu a dit que la Chine établirait « les cibles nationales obligatoires » pour la réduction de sources d’énergie émission-intenses et augmenterait la taille des forêts du pays. La « Chine a pris et continuera à prendre des mesures déterminée et pratiques pour aborder le problème, » a-t-il dit à la tribune des Nations Unies. Le chef du gouvernement chinois a indiqué aussi, que son pays placerait le changement climatique au centre de ses projets de développement économique et social à long terme, « pour essayer de diminuer les émissions d’anhydride carbonique par unité de PIB d’une marge notable d’ici 2020, par rapport au niveau de 2005. » Il a dit que la Chine chercherait également à augmenter la part des carburants non fossiles, y compris l’énergie renouvelable et nucléaire, dans ses niveaux de consommation d’énergie de 15 pour cent de 2020. La Chine chercherait également à augmenter sa couverture forestière de presque 99 millions d’hectares.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’enjeu d’une négociation dépasse le sort d’un pays, d’une région, d’un continent. Pour la première fois, nous devons décider de l’avenir de la terre toute entière.
Nicolas Sarkozy

Discours Franc de la France
Le Président de la France Nicolas Sarkozy a estimé qu’il fallait agir maintenant « pour empêcher l’irréversible ». « Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’enjeu d’une négociation dépasse le sort d’un pays, d’une région, d’un continent. Pour la première fois, nous devons décider de l’avenir de la terre toute entière », a-t-il dit. « Nous savons que le réchauffement climatique est déjà une réalité. Nous savons qu’il s’accélère. Nous savons que si nous ne sommes pas capables de le limiter à 2 degrés, nos enfants, nos petits-enfants seront confrontés à une catastrophe échappant à tout contrôle », a-t-il ajouté. « Dans 87 jours, nous saurons si nous avons réussi, ou si nous avons failli à nos devoirs de responsables politiques ». Selon lui, il y a quatre principes qui permettront de réussir à la Conférence de Copenhague, citant notamment une réduction de 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 par rapport à 1990 et une réduction de 80% pour les pays développés. Le président français a estimé que d’une façon ou d’une autre il faudrait payer pour les plus pauvres : les pays d’Afrique et les petits Etats insulaires, et il a appelé à une taxe carbone universelle.

Nicolas Sarkozy, président de la France
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Parole aux autres leaders
Prenant la parole au nom des petits Etats insulaires, le président de la République des Maldives Mohamed Nasheed, a dénoncé les promesses non tenues. Il a rappelé que son pays et ceux de son groupe étaient présentés depuis des années dans les sommets et conférences sur le changement climatique comme des témoins des dangers du réchauffement de la planète mais qu’aucune conséquence n’était jamais tirée des avertissements lancés. «Nous continuerons de jouer notre rôle de canari dans la mine» mais aussi «de montrer le chemin vers la sortie», a-t-il dit. Il a annoncé que, sans attendre le résultat de la Conférence de Copenhague, son pays avait l’intention d’avoir des émissions de carbone neutres d’ici à 2020. Les Maldives auront néanmoins besoin d’une assistance extérieure pour y parvenir, a-t-il ajouté.

Je suis résolu pour mettre en uvre la volonté politique voulue pour tenir cette promesse… Le seul effort du Japon ne peut pas arrêter le changement climatique, même si il fixe les objectifs ambitieux de réduction.
Yukio Hatoyama, premier ministre du Japon

Le premier ministre Yukio Hatoyama du Japon s’exprimait lui aussi pour la première fois à la tribune des nations unis. Il a renouvelle son engagement à réduire les émissions de son pays par 25 pour cent d’ici 2020. C’est de loin l’engagement le plus ambitieux de limitation des gaz à effet de serre par les pays développés. Mais l’engagement du Japon dit-il devrait être conditionné sur la volonté d’autres puissances industrielles de prendre des engagements semblables. « Je suis résolu pour mettre en uvre la volonté politique voulue pour tenir cette promesse, » a-t-il dit. Le « seul effort du Japon ne peut pas arrêter le changement climatique, même si il fixe les objectifs ambitieux de réduction. » Hatoyama a indiqué que son gouvernement explorait un certain nombre de stratégies pour limiter des émissions, y compris un marché marchand de carbone et probablement une certaine sorte d’impôt de réchauffement global.


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