Médias : Médiatude a représenté le Cameroun au Global Media Forum 2023

Organisée par la Deutsche Welle (DW) la rencontre a eu lieu du 19 au 20 juin à Bonn en Allemagne.

Parmi les 21 partenaires de la chaîne allemande Deutsche Welle en Afrique invités, la plateforme Médiatude a été choisie comme unique partenaire média au Cameroun. « Cette opportunité est une forte motivation pour notre média qui existe depuis 6 ans et surtout pour mes jeunes collaborateurs. Nous avons le sentiment d’avoir un impact même au-delà de notre pays », a souligné Yves Martial Tientcheu, CEO de Médiatude.

Un sujet crucial qui était au menu des rencontres de cette initiative « la liberté de la presse« . Sur le sujet, Mediatude a, à travers son CEO souligné les difficultés que connaissent les journalistes camerounais à traiter de ce sujet. « Je n’ai pas manqué d’évoquer l’augmentation inquiétante des discours de haine au Cameroun, probablement liée aux événements qui se déroulent dans notre pays depuis quelques années.  C’est l’occasion pour moi de rappeler que les journalistes ont un rôle crucial à jouer dans l’éducation de la population et dans le filtrage de ceux qui propagent des messages néfastes ».

Le CEO de la plateforme Média a saisi cette opportunité pour se créer un grand réseau dans le but de développer davantage sa plateforme et l’ouvrir à d’autres marchés.

En rappel, 2000 personnes de plus de 200 nationalités ont pris part à ce rendez-vous qui avait pour but de parler des divisions qui entravent l’exercice du métier de Journalisme. La sous-secrétaire général des Nations unies pour la communication globale, Melissa Fleming, a indiqué que les médias ne devraient pas seulement dénoncer des abus. Un journalisme constructif et orienté vers des solutions devrait montrer des moyens de surmonter les crises.

Liberté de la presse : le Cameroun dernier en Afrique centrale (RSF)

Reporters sans frontières publie le rapport sur la liberté de la presse ce 03 mai 2023 à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de liberté de la presse.

Le Cameroun perd 20 places dans le classement mondial de la liberté de la presse en un an. Parti du 118è rang en 2022, le pays de Paul Biya est classé 138è sur 180 pays pris en compte dans le classement début 2023. Le rapport de Reporters sans frontière arrive deux mois après l’assassinat barbare de Martinez Zogo, chef de chaîne de radio Amplitude Fm. Cet acte qui ternit l’image du Cameroun dans le cadre de la liberté de la presse, n’est pas le seul tout de même qui explique cette régression.

RSF dénonce d’autres pratiques qui rament à contre-courant de la liberté de communiquer ou d’informer au Cameroun. L’organisation non gouvernementale énonce six « exactions » recensées entre fin 2022 et début 2023.  Ces « exactions » contre des journalistes sont entre autres la condamnation et la détention de l’ancien directeur général de la CRTV Amadou Vamoulke.

Comme critère d’évaluation, l’organisation a pris en compte les journalistes tués, emprisonnés ou détenus en raison de l’exercice de leur métier de journaliste. N’ont pas été listés, les journalistes cibles des violences, détention ou emprisonnement dans le cadre des affaires ne se rapportant pas à leur métier.

RSF classe le Cameroun dernier des six pays de la CEMAC (Tchad, Centrafrique, Congo-81è mondial, Guinée Equatoriale et Gabon). Au plan continental africain, l’Afrique du Sud occupe le 1er rang et le 25è mondial. Le Cap-Vert 33è, les Seychelles 34è. Au plan mondial, les trois meilleurs pays sont la Norvège, l’Irlande et le Danemark. La Corée du Nord est au bas de l’échelle, classée pays le plus dangereux pour l’exercice du métier de journaliste.

Liberté de la presse : le Cameroun 138è sur 180 au classement mondial 2023

La 21e édition du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) révèle des évolutions majeures et parfois radicales, liées à une instabilité politique, sociale et technologique.

 

Le Cameroun est 138è au classement de la liberté de la presse 2023 établi par Reporters dans frontières. Selon RSF, « doté d’un paysage médiatique parmi les plus riches du continent, le Cameroun n’en est pas moins l’un des pays les plus dangereux d’Afrique pour les journalistes. Les professionnels de l’information y évoluent dans un environnement hostile et précaire. Le journaliste de renom Martinez Zogo a été enlevé et assassiné début 2023 ».

Reporters sans Frontières rappelle qu’en janvier 2023, le journaliste Martinez Zogo a été retrouvé mort, le corps gravement mutilé, cinq jours après son enlèvement. C’est le second assassinat de journaliste, après Samuel Wazizi en 2019, en trois ans au Cameroun. En mars 2022, le journaliste Paul Chouta avait été enlevé puis agressé par des individus non identifiés.

« Nombre de journalistes connus font l’objet d’une surveillance. Le degré d’impunité pour les auteurs d’actes de violence envers les journalistes reste très fort. Les journalistes des régions anglophones sont régulièrement accusés d’être complices du mouvement sécessionniste qui s’oppose depuis plusieurs années au pouvoir central de Yaoundé ».

Selon cette organisation, il est impossible au Cameroun d’adopter une ligne éditoriale critique et indépendante sans faire face à d’importantes menaces et pressions lorsque les intérêts du pouvoir et de ses représentants sont en jeu. « Le chef d’État domine toutes les instances, et ce climat alimente l’autocensure et entraîne l’alignement de la plupart des médias sur les positions des autorités ou de certaines personnalités qui leur sont proches. Le président de la République nomme, par décret, tous les responsables des médias gouvernementaux et tous les membres du Conseil national de la communication (CNC), l’organe de régulation des médias ».

Aussi, Les médias fondés sur des critères ethniques ou religieux sont de plus en plus nombreux, ce qui contribue à la polarisation du débat public et encourage des prises de position relevant de l’exclusion ou de la stigmatisation.

Cameroun : la presse condamne l’assassinat de Martinez Zogo

Journalistes, syndicats des journalistes, éditeurs de presse, gouvernement, s’indignent contre la barbarie commise sur l’homme de médias.

La découverte macabre du corps de sans vie, en tenue d’Adam, du chef de chaîne Amplitude FM dimanche 22 janvier 2023, cinq jours après sa disparition, provoque une vague d’indignations. Le journaliste présentateur de l’émission quotidienne « Embouteillage » a été assassiné, son corps présente d’importants sévices. Pour le Syndicat national des journalistes du Cameroun, l’acte est inacceptable.

Le syndicat condamne

« C’est pas admissible, inacceptable que les journalistes puissent travailler avec une épée de Damoclès sur la tête, parce qu’il faudra faire attention à ce qu’on dit, à ce qu’on pense, jusqu’à ce qu’on arrive à des décès comme celui-là où le gouvernement ne donne aucune information pendant quatre jours, ce n’est pas acceptable (…) On n’a pas besoin d’ôter la vie à un journaliste pour affirmer sa suprématie. C’est inacceptable, on ne va pas rester muet face à cette ligne de trop qui a été franchie », a déclaré la présidente du syndicat national des journalistes du Cameroun Marion Obam sur Rfi.

Dans un communiqué, le même syndicat « dénonce cet assassinat odieux et ses conséquences qui restreignent encore plus la liberté et la sécurité dans notre pays ; indexe les hors la loi qui usurpe la souveraineté du peuple au profit d’intérêts antipopulaires inavouables ; appelle les travailleurs des médias à se vêtir de noir mercredi 25 janvier  2023 pour porter le deuil », déclare le président du syndicat, Marion Obam.

La presse s’indigne

La Fédération des éditeurs de presse s’indigne en tenant les institutions pour responsables. « FEDIPRESSE tient le gouvernement Camerounais, sa justice et son Parlement pour responsables de cette atmosphère de « Far West » qui ne laisse désormais plus de place ni au respect de la loi, ni à la protection des droits basiques de la personne humaine, ni à l’exercice de la liberté la plus élémentaire, celle de s’informer et de savoir », a écrit le président de Fedipresse, le journaliste et patron de presse Haman Mana.

Martinez Zogo de son vrai nom Mbani Zogo Arsène Salomon, n’avait pas sa langue dans poche. Il dénonçait la corruption et le détournement des deniers publics en citant les noms des personnalités haut placées à l’antenne. Plusieurs journaux parus ce lundi matin ont titré sur cet assassinat. « Ils l’ont assassiné » (La Nouvelle Expression); « Ils l’ont tué… » (Le Messager) ; « Tué par des lâches » (la Météo) ; « Martnez Zogo, silence radio (Prespectives d’Afrique) ; Martinez, Kidnappé, mutilé, assassiné (La voix du Centre), « Inadmissible ! (Mutations)…

le gouvernement réagit

Le gouvernement pour sa part « condamne avec la plus grande fermeté, cette attaque dirigée contre un homme des médias et réaffirme que le Cameroun est un Etat de droit où les libertés sont garanties, y compris la liberté de la presse, et où nul ne  peut et ne doit se substituer aux juridictions compétentes pour se rendre justice », peut-on lire dans un communiqué en date du 22 janvier.

« Des recherches se poursuivent dans le cadre de l’enquête ouverte, pour retrouver et traduire devant la justice, les auteurs de ce crime odieux, inqualifiable et inadmissible, et qui ne peut se justifier sous aucun prétexte », déclare le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi.

La radio Amplitude FM a déposé deux plaintes contre X. Une à la police judiciaire et l’autre au Secrétariat d’Etat à la défense. Les résultats de l’autopsie pratiquée dimanche n’ont pas été révélés au grand public. Le corps a été scellé à la morgue de l’hôpital central. Ce matin les policiers sont placés autour de l’immeuble abritant la radio Amplitude FM.

Médias : le journaliste Eugène Shema dénonce les obstacles à l’accès aux sources d’information au Cameroun

Dans son ouvrage intitulé «Ici repose le droit à l’information» publié aux éditions Proximité, l’auteur relève des difficultés qu’ont les professionnels des médias à exercer leur métier au Cameroun.  Le livre a été dédicacé le 16 décembre 2021 à Yaoundé, en présence d’éminences comme le Pr Albert Mbida, enseignant de Droit des médias et de la Communication. 

Dans son essai de 138 pages, le journaliste et entrepreneur dans les médias Eugène Colliope Shema soulève les obstacles à l’accès à l’information.  Or, « dans l’exercice de sa profession, le journaliste doit avoir libre accès à toutes les sources », comme le préconise l’article 09 du code de déontologie de l’Union des journalistes du Cameroun (UJC) adopté le 16 octobre 1996.

Cependant, au Cameroun, les journalistes et autres hommes de médias ont des difficultés pour accéder à l’information. Plusieurs raisons expliquent ce problème. Il s’agit par exemple du « favoritisme dans la collaboration avec les médias, la servitude volontaire des journalistes et patrons de presse ; la non connaissance des principes démocratiques par des décideurs ; l’incompétence de certains décideurs publics e responsables de communication d’institutions publiques ; ainsi que le recours abusif au droit de réserve », regrette le journaliste diplômé de l’Esstic. Ajouté à cela, l’auteur relève que la détention d’une carte de presse ne donne pas accès aux sources d’information de façon automatique. Par ailleurs, l’administration produit plusieurs documents que certains responsables ne veulent pas mettre à la disposition du public.

Pour le patron de Glocal Views, passé par JournalduCameroun.com, le politique est un frein à l’information et l’édification  du citoyen. Tout se passe comme si l’Etat s’opposait à son émancipation.

Face à ces blocages, le promoteur d’Energies-media.com  émet l’hypothèse de l’élaboration d’une loi obligeant  les acteurs publics à donner l’information. Le journaliste pense aussi à une politique de divulgation de données et que les administrateurs doivent cesser de recourir abusivement à l’obligation de réserve.

Le livre qui comporte 04 parties est disponible  à la librairie des Peuples noirs à Yaoundé, à FNAC à Douala et dans certains supermarchés et stations-service Ola Energy au prix de 5 000 FCFA.

 

Cameroun : Paul Biya et son gouvernement accusés d’être des bourreaux pour la presse

Cela est dit dans le rapport de Reporters sans frontières (RSF) publié le 5 juillet 2021. Selon ce rapport, le pouvoir de Yaoundé  exerce une répression massive, via la mise en place d’appareils de censure, l’incarcération arbitraire de journalistes, et l’incitation à la violence contre ces derniers.

Au Cameroun, écrit Reporters sans frontières dans son étude publiée hier,  « la presse indépendante et critique fait l’objet de menaces et de représailles systématiques. Entre les nombreuses arrestations et menaces subies dès les années 1980 par les pionniers de la presse indépendante et les détentions prolongées ou condamnations très lourdes prononcées ces dernières années, l’étau ne s’est jamais desserré sur les journalistes. Depuis quatre décennies, les professionnels de l’information vivent sous pression. Celles et ceux qui font preuve d’indépendance en refusant de rejoindre les rangs des porte-voix du régime en subissent directement les conséquences: menaces, surveillance étroite des déplacements et communications, convocations, arrestations, détentions de longue durée…»

L’organisation internationale indexe le chef de l’Etat Paul Biya et le classe parmi les ‘‘prédateurs de la liberté de presse’’. RSF Cite quelques mauvais exemples où son régime serait coupable d’abus sur les hommes de médias.  Notamment les cas Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la radiotélévision publique camerounaise (CRTV), qui détient le record de la détention provisoire ;  le correspondant de RFI Ahmed Abba accusé de “non dénonciation d’acte de terrorisme”, qui a essuyé deux ans et demi de détention arbitraire, libéré en fin 2017 ; Samuel Wazizi, accusé de complicité avec le mouvement sécessionniste, mort dans des conditions « très suspectes » alors qu’il était détenu depuis quelques jours par l’armée.

RSF mentionne que : «  tous les journalistes qui ne s’alignent pas sur la ligne du régime subissent les foudres de ce dernier. Ceux travaillant sur les sujets les plus sensibles, comme la lutte contre le terrorisme ou la crise des régions anglophones, sont particulièrement exposés ».

Le gouvernement n’a pas encore réagi à cette dernière publication de Reporters sans frontière. Lui qui  vante souvent les mesures prises pour favoriser l’éclosion d’une presse libre et plurielle.

 

Cameroun-Liberté de la presse: le Syndicat national des journalistes tance le Conseil de la communication

A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée ce 03 mai, le Syndicat national de journalistes du Cameroun, dans une déclaration réitère que l’organe de régulation des médias est une antichambre du pouvoir en place.

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) campe sur ses positions. Le Conseil national de la communication (Cnc) est un organe illégitime. Le Syndicat qui dit ne pas reconnaître l’autorité de l’organe de régulation des médias l’accuse de rouler pour le compte du régime en place. Le mouvement corporatiste a d’ailleurs sa propre définition du Cnc « organe de censure et de répression au service du pouvoir en place, a continué d‘intimider les journalistes et les organes de presse, à travers des sanctions fantaisistes et complaisantes. Le Cnc est devenu une salle de réaction où le gouvernement cherche à imposer sa volonté à toute la presse».

Dans sa communication, Denis Kwebo, président national du Snjc classe la Commission nationale de délivrance de la carte de presse réorganisée en 2015 dans le même registre que le Cnc. Il se réjouit d’ailleurs que cette instance soit «morte de sa propre mort». Les violences perpétrées contre des journalistes notamment pendant la Présidentielle du 07 octobre 2018 et dans le cadre de la crise anglophone sont également décriées dans la déclaration.

A lire aussi: le SNJC condamne les mises en garde du CNC aux médias camerounais 

On se souvient que c’est dans ce contexte que la cote de popularité de Mimi Mefo, journaliste à Equinoxe télévision a connu un pic. Elle a été interpellée le 07 novembre 2018 et placée en détention à la prison de New-Bell. Il lui était reproché d’avoir diffusé des affrontements entre séparatistes et l’armée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Elle sera remise en liberté plus tard sous instruction du Chef de l’Etat. Comme autre cas, les journalistes, Théodore Tchopa et David Eyengue ont séjourné pendant quelques jours dans les locaux du Groupement spécial d’opérations (Gso), après avoir été interpellés en service, en même temps que le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Maurice Kamto.

En novembre 2018, l’Agence France presse (Afp) situait à au moins six, le nombre de journalistes interpellés, après la tenue de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018.

Le thème de la célébration choisi par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) est «les médias pour la démocratie: le journalisme et les élections en période de désinformation».

Cameroun: Ahmed Abba reçoit un prix pour la liberté de la presse

Emprisonné depuis bientôt deux ans, le correspondant de Rfi en langue haoussa au Cameroun a été distingué par le comité de protection des journalistes.

Le comité de protection des journalistes a décerné un prix pour la liberté de la presse à Ahmed Abba, correspondant de Rfi en langue haoussa au Cameroun. Le 24 avril dernier, celui-ci a été condamné à dix ans de prison ferme et à verser une amende de 55.726.325 francs CFA. Le journaliste avait été reconnu coupable de « non-dénonciation d’actes de terrorisme et blanchiment d’actes de terrorisme » par le tribunal militaire de Yaoundé. Il attend son procès en appel qui, d’après Me Nakong, son avocat, devrait être ouvert d’ici le mois d’août. Le dossier est en attente d’enrôlement à la Cour d’appel du Centre.

« Ahmed Abba faisait un reportage sur Boko Haram. Il a parlé à tout le monde, il était connu de tout le monde, il a travaillé là pendant une dizaine d’années. C’était vraiment un des journalistes les plus respectés de la région et pour lui, ce sont des charges de terrorisme qui font qu’il reste aujourd’hui en prison à Yaoundé. En ce moment, huit journalistes sont emprisonnés au Cameroun, c’est un pays où la situation est vraiment en train de se détériorer. Il y avait seulement un journaliste en prison l’an dernier, c’était Ahmed Abba. Maintenant, on voit que les choses sont de pire en pire », explique Kerry Paterson du Comité de protection des journalistes à Rfi.

Trois autres journalistes ont été récompensés par l’organisme américain: « une Mexicaine qui travaille sur les liens entre le parti au pouvoir et le crime organisé, une Yéménite exilée en Suède qui dénonce les violations des droits de l’Homme dans son pays et un reporter thaïlandais », affirme Rfi.

 

 

 

Liberté de la presse: le Cameroun classé 130e en 2017

Le pays a perdu quatre places dans le classement 2017 publié mardi par l’organisation Reporters sans frontières.

Le Cameroun a régressé dans le classement mondial de la liberté de la presse 2017 publié mardi, 25 avril, par l’organisation Reporters sans frontières (RSF). Le pays arrive à la 130e position sur 180 pays classés. Il perd de ce fait, quatre places et 1,59 point – avec ses 41,59 points enregistrés – par rapport à l’année 2016 où le Cameroun occupait le 126e rang.

L’observation générale faite par RSF est que la liberté de la presse est de plus en plus menacée dans les pays, notamment ceux se réclamant une culture démocratique comme les Etats-Unis (43e place, 2 points de perdus), la Canada (22e place, quatre points de perdus).

Pour ce qui concerne le Cameroun, le cadre d’exercice des médias, les conditions de travail des journalistes et les différentes sanctions qui leur sont infligées inquiète l’organisation. «L’audiovisuel et la presse écrite sont florissants au Cameroun, mais de nombreuses radios présentes sur l’ensemble du territoire n’ont pas reçu leur agrément définitif. Une technique utilisée par le gouvernement pour les garder sous la menace permanente d’une fermeture. Autre pratique récemment observée : la poursuite des journalistes pour diffamation sans qu’ils en soient avertis. Ces derniers se retrouvent ainsi condamnés à des amendes exorbitantes ou à des peines de prison sans avoir jamais pu se défendre devant un tribunal», souligne RSF.

La loi antiterroriste de 2014
«La loi antiterroriste prévoit de traduire les prévenus devant les tribunaux militaires ; elle est utilisée pour justifier le maintien un correspondant de RFI en prison depuis près de deux ans». Ce journaliste Ahmed Abba a été arrêté dans la cadre de son travail, pour avoir été en contact avec des membres de la secte terroriste Boko Haram sans en avertir les autorités. Lundi, 24 avril, le Tribunal militaire de Yaoundé l’a condamné à dix de prison ferme et 56 millions de F CFA d’amende, pour non dénonciation des actes de terrorisme et blanchiment des produits de terrorisme.

Comme lui, trois autres journalistes comparaissent libres devant le tribunal militaire de Yaoundé au motif de «non dénonciation des actes de terrorisme». Il s’agit de Baba Wame, Rodrigue Tongue et Félix Cyriaque Ebolé Bola. De façon précise, il leur est reproché de : «courant juillet-août 14, en tout cas dans le temps légal des poursuites, en temps de paix, de n’avoir pas averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale.»

Amnesty international, un mouvement qui ne cesse de dénoncer des violations des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, est monté au créneau pour exhorter les autorités camerounaises à libérer ces journalistes.

«Les autorités camerounaises doivent abandonner immédiatement et sans condition toutes les charges retenues contre trois journalistes accusés de n’avoir pas divulgué des informations et leurs sources. Accuser des journalistes parce qu’ils ont respecté l’éthique de leur profession constitue une violation du droit à la liberté d’expression et un tournant inquiétant au Cameroun», avait appelé ladite organisation.

Pour elle, «le Code pénal du Cameroun doit être modifié dans le respect des normes internationales en vue de protéger la liberté d’expression et la confidentialité des sources. La population a le droit d’être informée et la sécurité nationale ne doit pas être invoquée comme prétexte pour empêcher les journalistes de faire leur travail.»