Les atteintes à la liberté politique en couverture des journaux camerounais

La mal-gouvernance, la répression contre l’opposition et la liberté de presse sont à la une des journaux parus lundi, 07 décembre 2015

Avec pour titre «Malversations : ces DG qui enterrent le Cameroun», le bihebdomadaire Le Soir dresse le hit-parade des dirigeants de sociétés publiques et parapubliques dont la mauvaise gestion a, selon le ministère des Finances, «largement fait perdre de colossales fortunes à l’Etat.

A titre d’illustration, le journal indexe les patrons d’Aluminium du Cameroun (Alucam), Alain Malong, de la Cameroon Postal Services (Campost), Frédéric Fenni, de la Cameroon Development Corporation (CDC), Franklin Ngoni Ikome Njie, de la Société de développement du coton (Sodecoton), Abdou Namba, de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), Marc Samatana ou encore de la Société nationale de raffinage (Sonara), Ibrahim Talba Malla.

A la Commercial Bank of Cameroon (CBC), c’est l’administrateur provisoire, Martin Luther Njaga Njoh, qui selon L’ il du Sahel vient d’être épinglé par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) en poste depuis 2009 et alors que le processus de restructuration est réputé arrivé à terme depuis fin 2014, non seulement il se maintient aux affaires mais s’est unilatéralement octroyé des millions de FCFA d’avantages indus dont le gendarme de la finance sous-régionale exige le remboursement.

Dans le procès de détournement de fonds à la Cameroon Radio Television (CRTV) dont le procès s’ouvre le même jour, avec en vedette l’ex-directeur général de l’audiovisuel public, Gervais mendo Ze, Emergence affirme que 6 des 16 coaccusés sont actuellement en fuite et détaille les griefs retenus au cas par cas par le Tribunal criminel spécial (TCS).

Au chapitre de la répression politique, le même quotidien privé revient sur le tabassage dont ont été victimes des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) pendant le week-end d’avant. Leur crime ? S’être rendus dans les locaux abritant l’Assemblée nationale en vue de distribuer pacifiquement des flyers appelant à une révision du Code électoral.

Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés au centre des urgences de l’hôpital central de la capitale, Yaoundé, renchérit Mutations qui note que «le climat, ces derniers temps, est à l’interdiction pure et simple des manifestations» organisées par tout ce qui n’émane pas du pouvoir (opposition et société civile.

«Répression : le procès contre les journalistes aura lieu au Tribunal militaire», annonce Mutations sur 3 colonnes en couverture : après 13 mois d’instruction, le juge ordonne le renvoi de Félix Cyriaque Ebolé Bola, Rodrigue Tongue et Baba Wame devant cette juridiction.

Il leur est reproché, explique ce journal qui évoque «une affaire rocambolesque», de n’avoir pas averti les autorités dès le moment où ils ont eu connaissance d’une activité de nature à nuire à la défense nationale.

Mutations, en filigrane, interroge lourdement, à travers cette «histoire kafkaïenne», les conditions d’exercice de la profession de journaliste au Cameroun.

«Le juge qui les traduit en justice aurait soutenu qu’il veut de cette façon les soustraire à des actes de justice populaire», souffle quant à lui le site cameroun-info.net.

Sur un autre sujet, et selon l’hebdomadaire The Guardian Post, le retour du Cameroun au fédéralisme, objet d’un ultimatum d’un mouvement sécessionniste anglophone et relayé par des avocats des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest las d’être snobés par leurs confrères francophones, devrait connaître un nouveau développement dans les jours à venir.

Le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, rapportant les propos tenus face aux députés par le ministre de la Justice, Laurent Esso, au sujet de la marginalisation prétendue des anglophones dans le système judiciaire, se dit «surpris» que les langues étrangères (le français et l’anglais) soient l’objet de division des Camerounais : «les procureurs de la république et les présidents de tribunaux anglophones sont nommés dans les instances judiciaires dans les villes francophones et vice-versa, et cela ne pose aucun problème sur le terrain».


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