Le cannabidiol médical est-il légal au Cameroun ?

La loi camerounaise ne fait pas de distinction entre le cannabidiol (non psychotrope) et le THC (psychotrope), deux substances extraites du chanvre industriel.

 

Le CBD médical est-il légal au Cameroun ?

En dépit d’un climat favorable à la culture du chanvre industriel, le Cameroun interdit l’utilisation thérapeutique du cannabidiol, une molécule pourtant non psychotrope et non addictive. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le statut juridique du cannabidiol dans notre pays.

Qu’est-ce que le cannabidiol (CBD) ?

Le cannabidiol, plus connu sous le sigle CBD, est une molécule extraite de la plante Cannabis L. Sativa, également appelée Cannabis cultivé. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dont le Cameroun est membre depuis 1962, le cannabidiol « ne présente pas de risque d’abus et n’est pas nocif pour la santé publique ».

Cette molécule fait l’objet d’un engouement sans précédent de la part de la communauté scientifique, notamment pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et relaxantes. En France, le ministère des Solidarité et de la Santé a lancé une vaste expérimentation médicale pour évaluer le potentiel du cannabidiol dans un large spectre d’indications définies par l’Agence nationale pour la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) :

  • Le traitement des formes d’épilepsie dites « pharmaco-résistantes » et « réfractaires » ;
  • Le soulagement des symptômes oncologiques récalcitrants ;
  •  Les douleurs associées à certains troubles neurologiques ;
  • La spasticité douloureuse associée à certaines pathologies comme la sclérose en plaque ;
  • Les soins palliatifs.

La toute première prescription de cannabidiol médical a été réalisée en mars 2021 au CHU de Clermont – Ferrand en la présence d’Olivier Véran, ministre français de la Santé. Les résultats de cette expérimentation devraient être communiqués fin 2023.

Quelle est la différence entre le cannabidiol et le cannabis ?

Le cannabis, ou chanvre indien, est une plante cultivée qui se présente sous forme d’herbe (tige, feuille, sommet fleuri), de résine ou d’huile. Parmi ses composants, on retrouve le THC, une molécule psychotrope, et le CBD, une molécule non psychotrope et non addictive.

Dans une grande partie des pays de l’OCDE, le cannabidiol est librement commercialisé auprès du grand public, à condition que sa teneur en THC soit quasiment nulle (inférieure à 0,2 %) pour garantir l’absence de toute psycho-activité. En France, par exemple, les produits à base de cannabidiol sont commercialisés dans des magasins de bien-être mais aussi en grande surface afin de répondre à une demande portée par plus de 7 millions de consommateurs. Il est également possible de faire l’achat de CBD en ligne auprès d’une boutique spécialisée.

Le cannabidiol récréatif est-il légal au Cameroun ?

Comme dans la majorité des pays du monde, la loi camerounaise ne distingue pas le cannabidiol du cannabis. Par conséquent, il est formellement interdit de cultiver, de transformer, de vendre et d’utiliser le cannabidiol, quelle que soit la teneur en THC, y compris lorsque la psycho-activité du CBD est nulle. Il faut également noter que la législation camerounaise ne fait pas de distinction entre les différentes parties de la plante du cannabis. Il est donc illégal de détenir, de transporter et d’utiliser les graines de cannabis, y compris lorsque l’on ne fait que transiter par le pays.

Quid du cannabidiol à usage médical ?

L’utilisation médicale du cannabidiol n’est pas autorisée au Cameroun. En revanche, un communiqué de presse de l’ONU daté du 17 avril 2003 explique que le gouvernement camerounais avait formulé une demande officielle pour produire du cannabis médical (cannabidiol et THC) à des fins d’exportation. Ce communiqué consultable ici dans son intégralité (en anglais uniquement) n’a manifestement pas été suivi d’effet, et le Cameroun ne produit pas à l’heure actuelle de cannabidiol médical destiné à l’exportation.

Dans la mesure où la consommation de drogue est un problème de santé publique majeur au Cameroun, il est très peu probable que la loi change à ce niveau, y compris pour des utilisations thérapeutiques. En effet, les stocks médicaux peuvent être détournés et être réinjectés dans le trafic de drogue. Il faut enfin noter qu’une étude pilote de la Mount Sinai School of Medicine a abouti à des résultats prometteurs sur l’apport du CBD dans l’inhibition du virus du VIH à un stade avancé du sida, une maladie qui tue plus de 18 000 Camerounais chaque année.