La créatrice camerounaise Kibonen Nfi habille une star hollywoodienne

L’actrice d’origine Kenyane Lupita Nyong’o a fait deux apparitions, l’une sur un plateau télé et l’autre à la sortie officielle du fil «Queen of Katwe» dans des tenues signées par Kibonen Nfi

Il y a deux ans encore, nous découvrions la jeune créatrice Kibonen Nfi. Camerounaise d’origine, cette jeune styliste dont les créations tirent leurs origines du Toghu – tissu traditionnel issu de la région du nord-ouest Cameroun, porté récemment par les athlètes camerounais aux Jeux Olympiques de Rio2016 – marquait déjà à cette époque une révolution dans l’univers de la mode américaine où elle y a créé sa marque Kibonen NY.

Kibonen Nfi se retrouve aujourd’hui sous les projecteurs des spécialistes de mode américaine donc le réputé Vogue, depuis que la star de cinéma Lupita Nyong’o est tombée sous le charme de ses créations. En effet, invitée sur le célèbre plateau de l’émission d’Ellen Degeneres, la Kenyane d’origine était resplendissante dans un ensemble pagne + foulard (qui coutent entre 80 et 110 dollars, soit 46 984 – 64 603 FCFA), aux couleurs chatoyantes, une création originale de notre Kibonen.

Un fait marquant car quelques jours seulement plus tôt, c’était à la présentation officielle du film Queen of Katwe, dans lequel Lupita Nyong’o tient l’un des rôles principaux, que la diva arborait une autre tenue signée Kibonen Nfi. Cette fois ci une robe bleu azur (180 dollars, soit 105 714 F CFA), avec des motifs Toghu sur les bords. Deux apparitions significatives qui auront suffi à braquer les projecteurs sur cette créatrice pétrie de talents qui fait aujourd’hui la fierté de tout l’univers de la mode camerounaise et africaine.


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Les 10 personnalités qui ont fait l’Afrique en 2014

Artistes, hommes politiques, chefs d’entreprise… Ils ont fait bouger le continent cette année, oeuvré pour la paix et contribué au rayonnement du continent

Denis Mukwege, 59 ans, gynécologue
Ceux qui soutiennent avec ferveur sa candidature pour le prix Nobel de la paix en auront été pour leurs frais, mais ce gynécologue et militant des droits de l’homme a tout de même reçu le prix Sakharov du Parlement européen. En 15 ans, dans son hôpital de l’est de la République démocratique du Congo, il a soigné plus de 40 000 femmes et fillettes victimes de viols et de mutilations génitales. La région est livrée aux bandes armées qui terrorisent ainsi les populations pour les chasser de ces terres riches en minerais. « Le corps des femmes est devenu un champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre », a-t-il déclaré à Strasbourg, lors de la réception de son prix. Il espère que cette distinction attirera l’attention de la communauté internationale sur ces crimes de guerre. Un demi-million de femmes auraient déjà été violées en toute impunité.

Aliko Dangote, 57 ans, homme d’affaires
Non seulement il est l’Africain le plus riche du continent, mais en plus, en 2014, il était le premier à entrer dans le top 25 de Forbes. Grâce à la valorisation de ses parts dans quatre sociétés cotées en bourse, la fortune de l’homme d’affaires nigérian est estimée à plus de 25 milliards de dollars. Selon la légende, qu’il entretient lui-même soigneusement, il a commencé dans les affaires en 1977, grâce à un petit apport de son oncle, de trois camions de ciment provenant de son grand-père et d’un prêt sur deux ans. Son entreprise s’est développée pour devenir Dangote Cement, groupe créé en 1981. Il s’est ensuite diversifié dans l’industrie. Ce n’est pas tout : il a annoncé en avril 2013 son intention de construire une raffinerie de pétrole dans le golfe de Guinée, avec une capacité de production de 400 000 barils par jour. De quoi éviter au Nigeria, pourtant doté de confortables réserves de pétrole, d’en importer. Dangote espère ouvrir sa raffinerie en 2016.

Sams’k Le Jah et Smockey, 43 ans, musiciens militants
L’un est reggaeman, l’autre est rappeur. Pourtant, cette année, ce n’est pas par leurs chansons qu’ils se sont fait connaître. Tous deux ont lancé le mouvement Le Balai Citoyen, destiné à « assainir citoyennement et proprement le Faso ». Lorsque l’ex-président Blaise Compaoré rend publique sa volonté de modifier la Constitution pour pouvoir se représenter à la présidentielle, après 27 ans de pouvoir, ce mouvement s’y oppose. Et mobilise parmi les étudiants de l’université de Ouagadougou, à tel point que des milliers de jeunes déferlent dans les rues de la capitale du Burkina Faso. Le 31 octobre, Blaise Compaoré fuit le pays. Le Balai Citoyen, qui ne voulait au départ qu’empêcher la modification de l’article 37, aura fait tomber l’autocrate, en collaboration avec l’opposition. Le collectif, inspiré du mouvement Y’en a marre du Sénégal, ne compte pas s’arrêter là. Ses membres ont noué des contacts dans les pays alentours et espèrent aider leurs voisins à se révolter, comme eux, dans un hypothétique « Printemps africain ».

Yanick Lahens, 61 ans, écrivain
Cette Haïtienne a remporté le 3 novembre le prix Femina pour son roman Bain de lune. Elle y déroule quatre générations de deux familles et décrit la vie des paysans, dans une oeuvre baignée de poésie et de vaudou, comme son île de la Caraïbe. Le style tranchant ne cache pas pour autant la dureté de l’existence et le cynisme de la politique locale. Née le 22 décembre 1953 à Port-au-Prince, elle a fait ses études secondaires et supérieures en France avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature et s’engager contre l’illettrisme. Elle a travaillé au cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck, de 1996 à 1997, est cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens, membre du Conseil international d’études francophones et figure aujourd’hui parmi les grandes figures de la littérature haïtienne.

Abderrahmane Sissako, 53 ans, réalisateur
Le cinéaste a fait sensation au Festival de Cannes avec son film Timbuktu, aussi appelé Le Chagrin des oiseaux. Son film, seul long-métrage du continent africain à figurer dans la compétition, a obtenu le prix du jury oecuménique et le prix François-Chalais. Il raconte la vie de Kidane, éleveur touareg vivant dans le désert avec sa femme et sa fille, bientôt affecté par les lois islamiques en vigueur à Tombouctou, au Mali. Un pays qu’il connaît bien pour y avoir grandi lorsque sa famille a quitté la Mauritanie. Il a étudié le cinéma à Moscou, à l’Institut fédéral d’État du cinéma, avant de s’installer en France. Il a été primé à de multiples reprises pour des courts-métrages et a été membre des jurys de plusieurs festivals, notamment à Cannes.

Lupita Nyong’o, 31 ans, actrice
Que sa bouleversante prestation en tant que Patsey dans Twelve Years a Slave ait été couronnée par un Oscar était déjà remarquable. Mais qu’elle ait, ensuite, été désignée par le magazine américain People comme « plus belle femme du monde » en 2014, voilà qui marque un tournant aussi salutaire qu’inattendu. L’actrice est née à Mexico et bénéficie des deux nationalités, mexicaine et kényane. Elle a grandi à Nairobi et a commencé le théâtre à l’école, jouant dès 14 ans au Kenya National Theatre, dans Roméo et Juliette. Elle a étudié au Mexique et aux États-Unis, tout en multipliant les rôles dans des fictions, notamment des courts-métrages. Son rôle d’esclave dans une plantation de coton des États confédérés d’Amérique au XIXe siècle, qui lui a valu, en plus de l’Oscar, huit nominations, a été son tremplin vers la gloire.

Ozwald Boateng, 47 ans, styliste
Il est né et travaille à Londres, mais a fini par être rattrapé par ses origines ghanéennes, ses parents ayant fui Accra, son instabilité et ses violences dans les années 1950. Styliste réputé depuis qu’il vêt une poignée de stars hollywoodiennes (Brad Pitt et Leonardo di Caprio, entre autres), il retrouve ses racines en 2007, à la faveur d’un défilé de mode organisé à Accra pour le sommet de l’Union africaine. Happé par le continent, il crée, avec un homme d’affaires nigérian, Made in Africa, une fondation qui collecte des fonds pour financer diverses infrastructures. Dernier projet en date : la régénération d’un quartier de Kampala, la capitale ougandaise. L’appétit venant en construisant, Made in Africa envisage de renouveler l’expérience au Nigeria, au Congo, en Guinée…

Béji Caïd Essebsi, 88 ans, candidat à la présidentielle tunisienne
Faire passer un quasi nonagénaire, ancien ministre de Bourguiba, pour un homme d’avenir serait excessif, mais 2014 a marqué le grand retour de Béji Caïd Essebsi. D’abord, à la faveur des législatives d’octobre qui se sont soldées par la victoire de sa formation modérée, Nidaa Tounes, aux dépens des islamistes d’Ennahda. Puis avec la première élection présidentielle organisée au suffrage universel. Arrivé en tête au premier tour avec six points d’avance sur le président sortant, Moncef Marzouki, Essebsi semble le mieux placé pour l’emporter au second tour, le 28 décembre, grâce au ralliement de la majorité des autres candidats. Son âge avancé ne devrait pas jouer en sa défaveur dans la mesure où la nouvelle Constitution donne au chef de l’État un rôle d’autorité morale, à la fonction essentiellement représentative.

Ellen Johnson Sirleaf, 76 ans, présidente du Liberia
Le Prix Nobel de la paix de 2011 affronte la pire épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Prise au dépourvu, dans un État privé d’infrastructures sanitaires, elle n’a cessé d’osciller entre déni et campagnes de sensibilisation. Elle a également pris des décisions malheureuses, comme la mise en quarantaine, finalement levée avant la fin de la période d’incubation de 21 jours, à Westpoint. Elle reste très impopulaire dans ce bidonville de la capitale, Monrovia. Première femme présidente en Afrique, élue en 2006 et réélue en 2011, cette ancienne ministre des Finances, ex-banquière et ancienne directrice Afrique des programmes du PNUD, suscite la méfiance chez beaucoup. Lors des élections de 1997, elle a soutenu le seigneur de la guerre Charles Taylor, condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Et a ignoré le rapport de la Commission vérité et réconciliation (CVR) qu’elle avait elle-même lancée : il interdisait tout mandat public à ceux qui avaient été mêlés à la guerre civile de 1989 à 2003. L’épidémie Ebola pourrait lui coûter la réélection en 2017.

Thierry N’doufou, 36 ans, entrepreneur
L’Ivoirien a eu son heure de gloire au salon mondial du mobile de Barcelone, en février, où il a présenté sa tablette tactile. Sa spécificité ? « Designed with love in Cocody », elle est éducative, et spécialement destinée aux pays du Sud. Qelasy (classe, en langue akan) inclut des livres et ouvrages scolaires interactifs, de la maternelle à l’université. Et le contenu peut être enrichi, magie des services développés sur le continent, en payant grâce au système Orange Money. La tablette, avec son écran de 8 pouces, sera dotée d’une autonomie de 8 heures et résistera à l’eau et à la poussière. Elle peut être dotée d’un contrôle parental (puisqu’elle peut être connectée à Internet), permet de prendre des notes, sert de cahier de correspondance avec les parents… et allège le poids des cartables. Conçue à Abidjan, elle est pour l’instant fabriquée en Chine, mais Thierry Ndoufou n’exclut pas, à terme, de la produire en Côte d’Ivoire.

Le milliardaire nigérian Aliko Dangote
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