Programme Thermique d’Urgence: Les machines à l’arrêt!

Selon les responsables de sa coordination, les centrales qui sont entrées en fonction en 2011, manquent aujourd’hui de gasoil pour faire tourner leurs moteurs

Le Programme Thermique d’Urgence de soutien à la distribution de l’énergie électrique au Cameroun souffre aujourd’hui d’un problème de logistique. Les quatre centrales thermiques construites dans les villes d’Ebolowa, Yaoundé Mbalmayo et Bamenda, n’ont plus de gasoil pour faire tourner les moteurs. « Les problèmes techniques ont été résolus puisque toutes les centrales ont été révisées et peuvent fournir leur pleine puissance, à savoir 100 mégawatts. L’un des problèmes c’est la disponibilité du gasoil. Actuellement, nous connaissons quelques difficultés avec deux des marqueteurs retenus. ils ne livrent plus ce gasoil. Les approvisionnements bloqués, les centrales sont à l’arrêt », a expliqué Zengue Akamba, le coordonnateur du programme thermique d’urgence, selon des propos rapportés par Cameroon-Tribune. Selon ce responsable, les fournisseurs du gasoil expliquent que leurs factures n’ont pas été réglées par le gouvernement, ce qui justifie la rupture des livraisons. Monsieur Zengue explique aussi que le programme souffre d’un deuxième problème, celui des charges d’exploitation. Rien que pour l’année 2012, il aura fallu 1 milliards de Fcfa pour supporter ces charges-là. Le coordonnateur du PTU place à l’origine des dysfonctionnements aujourd’hui observés, l’opérateur AES Sonel, le principal bénéficiaire de l’énergie produite par le programme. « Nous demandons que ces charges soient supportées par l’opérateur AES Sonel car l’énergie produite lui est livrée et revendue aux clients », a ajouté M. Zengue Akamba. Une analyse que des experts jugent limitée. « A 1 milliards de Fcfa de charge auxquels il faut ajouter les coûts du gasoil et les pertes de production dans le transport de l’énergie, le kilowatt sorti de toutes les centrales du PTU reviennent facilement à 200 Fcfa», explique Yaoba Sadjo, un ingénieur en électricité et réseau électrique. Un prix qui n’est pas du tout compétitif pour l’opérateur AES, qui vend son kilowatt au maximum à 110 Fcfa.

Une analyse des objectifs du PTU amène à conclure que le gap est plus important. Le PTU généralement alimente des zones de consommation à basse intensité, cadre dans lequel le kilowatt coûte parfois 79 Fcfa. À ce prix-là, cela fait un trou net de près de 300 millions de Fcfa pour l’opérateur. Aussi la coordination du PTU n’a pas clairement expliqué ce qui fait gonfler les charges d’exploitation à 1 milliards de Fcfa par an. Le gouvernement en présentant le projet a plus insisté sur la médiatisation de sa pertinence que sur les conditions de sa viabilité. L’initiative en son temps avait été critiquée par le Réseau des Association de consommateurs d’Energie au Cameroun (RACE). « A la veille des échéances électorales de 2011, le RACE met en garde contre toute tentative d’instrumentalisation à de fins électoralistes de la question de l’accès des populations à l’électricité », avait fait savoir son président Paul Gérémie Bikidik. Dans son analyse il relevait déjà que le coût du projet près de 100 milliards de Fcfa avait fait l’objet de contestation au sein du gouvernement, le ministre Essimi Menye à l’époque en charge des finances, trouvant la dépense dispendieuse. Monsieur Bikidik prévenait aussi contre l’impossibilité à soutenir durablement un investissement qui serait une perte pour l’opérateur bénéficiaire. Le dilemme aujourd’hui est profond. Plusieurs personnes s’accordent à dire que les PTU jouent un important rôle de régulation, lorsque la demande en énergie atteint des pics sur le réseau interconnecté sud ((RIS). Selon le coordonnateur du PTU, son programme est passé de relais exceptionnel à soutien permanent, ce qui a plombé ses charges annuelles. Avec le lancement très prochain de sa centrale à Kribi, l’opérateur AES risque de ne plus s’intéresser au coûteux PTU.

Les machines du Programme Thermique d’Urgence sont à l’arrêt
JDC)/n