Tiéman Hubert a été limogé à la suite de l’attaque et de l’occupation de la ville de Boni, sise dans le centre du pays. Il a été remplacé par Abdoulaye Idrissa Maïga
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a limogé son ministre de la Défense Tiéman Hubert Coulibaly à la suite de l’attaque et de l’occupation de la ville de Boni (centre) par les djihadistes, selon un communiqué officiel diffusé dans la soirée de samedi 03 septembre 2016 par la télévision publique.
Il a été remplacé par Abdoulaye Idrissa Maïga, précédemment ministre de l’Administration territoriale, qui a cédé son poste à Mohamed Ag Erlaf, ancien ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, qui devient ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. La taille du gouvernement malien passe donc de 34 à 33 membres.
Les raisons officielles du limogeage du ministre de la Défense n’ont pas été précisées officiellement.
Selon certains observateurs, M. Coulibaly fait les frais de la multiplication des attaques dans le centre du pays, dont la dernière a été celle de la ville de Boni, qui a été occupée pendant plusieurs heures samedi par des djihadistes.
Ces derniers jours, plusieurs postes de gendarmerie et militaires du centre du pays ont été attaqués par des « bandits et narcoterroristes ». Surprises à chaque fois, les Forces armées et de sécurité ont subi de lourdes pertes humaines et matérielles.
Selon des sources proches du gouvernement, il est reproché à M. Coulibaly de « n’avoir jamais su apporter des solutions appropriées aux différentes attaques meurtrières perpétrées contre l’armée, surtout celles de Belenitieni et de Boni ».
Quatre corps ont été retrouvés mardi et un cinquième mercredi dans le secteur de Ténenkou, a affirmé un responsable du service de communication de l’armée
L’armée malienne a annoncé mercredi avoir récupéré les corps de cinq soldats portés disparus depuis une attaque lundi, 08 août 2016, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali.
Quatre corps ont été retrouvés mardi et un cinquième mercredi matin dans le secteur de Ténenkou, a affirmé un responsable du service de communication de l’armée.
« A ce stade, on ne peut pas préciser la cause de la mort. Nos services examinent encore les dépouilles », a-t-il ajouté, sans plus de détails.
Ténenkou, à environ 90 km à l’ouest de Mopti, chef-lieu de région, est située dans le delta intérieur du Niger.
Un autre responsable militaire avait rapporté dans la nuit de mardi à mercredi la découverte des corps de quatre militaires qui ont été « rejetés par le fleuve ». Une enquête a été ouverte pour déterminer « s’ils ont été tués et jetés dans le fleuve ou s’ils sont mort par noyade », a-t-il indiqué.
Ces cinq soldats étaient portés disparus depuis l’attaque contre leur position lundi, qui avait été précédée d’une embuscade dimanche contre un convoi de ravitaillement, d’après plusieurs sources militaires maliennes.
Une des sources a attribué l’assaut au groupe jihadiste malien Ansar Dine. Ansar Dine a revendiqué une précédente attaque meurtrière contre l’armée à Nampala, dans la région de Mopti (centre), le 19 juillet. Selon le bilan officiel, 17 militaires ont été tués, 37 blessés et six sont portés disparus depuis.
Le 3 août, Ansar Dine a fait diffuser par une agence privée mauritanienne une vidéo montrant cinq hommes en uniformes militaires, se présentant comme des soldats capturés le 19 juillet.
Cette organisation fait partie des groupes armés jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 à janvier 2013, à la faveur de la déroute de l’armée face à une rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 et qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, alors que des attaques sont perpétrées régulièrement dans le Nord et, depuis début 2015, dans le Centre.
L’attaque survenue lundi a visé une des positions de l’armée entre les localités de Ténenkou et Sévaré dans la région de Mopti
Au moins cinq soldats maliens sont portés disparus depuis une attaque dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, a déclaré une source militaire malienne qui l’a attribuée au groupe jihadiste malien Ansar Dine.
Cette attaque a visé « une de nos positions lundi (08 août 2016) entre les localités de Ténenkou et Sévaré. Nous sommes sans nouvelles de cinq de nos soldats », a déclaré la source jointe au ministère de la Défense.
Ténenkou est à environ 90 km à l’ouest de Mopti, chef-lieu de région, et Sévaré à une dizaine de km à l’est de Mopti.
Cette source a attribué l’assaut à des hommes d’Ansar Dine. Le groupe a revendiqué une attaque meurtrière perpétrée également dans le centre du Mali contre un camp de l’armée dans la région de Ségou, à Nampala, le 19 juillet. Selon le bilan officiel, 17 militaires ont été tués, 37 blessés et six sont portés disparus depuis.
Une autre source militaire a précisé que l’attaque de lundi dans la zone de Ténékou avait été précédée d’une embuscade contre des forces maliennes dans la région de Mopti par « des hommes armés » non identifiés.
« Lundi, un renfort de l’armée s’est rendu sur les lieux après l’embuscade de la veille, il y a une un accrochage. Chez l’ennemi, il y a des pertes, et nous sommes sans nouvelles d’au moins cinq militaires maliens », a-t-elle ajouté.
Des renforts ont été dépêchés dans la zone, a-t-on ajouté d’autres sources militaire et de sécurité.
Après avoir rapidement revendiqué l’attaque de Nampala, Ansar Dine a fait diffuser par une agence privée mauritanienne la semaine dernière une vidéo montrant cinq hommes en uniformes militaires, se présentant comme des soldats capturés le 19 juillet.
Ansar Dine fait partie des groupes armés jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 à janvier 2013, à la faveur de la déroute de l’armée face à une rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 et qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, alors que des attaques sont perpétrées régulièrement dans le Nord et, depuis début 2015, dans le Centre.
Des membres d’un groupe armé dans des véhicules à Kidal au Mali le 13 juillet 2016.Droits réservés)/n
La décision a été prise par la CAF ce jeudi, 04 août 2016. La Guinée Equatoriale, qui ne sera pas de la partie au Cameroun, est également suspendue pour les éditions 2018 et 2020
La Commission d’organisation du football féminin de la CAF, en charge de l’organisation des compétitions féminines de la CAF, notamment de la Coupe d’Afrique des nations féminine, a décidé ce jour, 4 août 2016, de la disqualification de la Guinée Equatoriale de la prochaine édition de la CAN féminine Total, Cameroun 2016. Mais également de sa suspension pour les deux éditions suivantes, à savoir 2018 et 2020.
Cette décision fait suite à une réserve introduite par le Mali, adversaire de la Guinée Equatoriale lors du 3e et dernier tour des éliminatoires de la compétition. Ladite réserve portait sur la joueuse Camila Nobre do Carmo Oliveira, qui a disputé les matchs aller et retour entre les deux équipes disputés respectivement les 6 et 10 avril 2016 et à l’issue desquels la Guinée Equatoriale a obtenu avec un résultat cumulé de 3-2.
La Commission s’est saisie du dossier en application de l’article 43 des règlements qui stipule que : « si la CAF apprend, quel que soit la source, qu’une fraude et/ou falsification de documents accomplie par quelque moyen et/ou support que ce soit a été commise par une ou plusieurs équipe (s) nationale(s). Une enquête sera ouverte ».
Les investigations ouvertes par la CAF ont permis d’établir que la joueuse avait été enregistrée pour les éliminatoires de la CAN féminine 2014 en Namibie avec le nom Camila Maria Nobre de Carmo et la date de naissance : 10.07.1994. Pour l’édition de 2016, la date de naissance enregistrée est le 10.06.1988 et le nom Camilla Nobre do Carmo Oliveira.
Faisant suite à la demande d’informations de la CAF, la fédération équato-guinéenne a admis qu’il s’agit bien de la même joueuse, mais que « l’autorité équato-guinéenne responsable de l’émission des passeports avait commis une erreur en enregistrant une date de naissance et un nom différent, cette erreur ayant été rectifié sur le nouveau passeport de la joueuse en septembre 2015 ».
La Commission d’organisation du football féminin a conclu qu’il revenait à la fédération d’indiquer les changements d’information sur la joueuse entre les enregistrements pour la CAN féminine 2014 et celle de 2016. Ce qui n’a pas été fait. La fédération n’a pas demandé à la CAF une modification des données de la joueuse, mais a plutôt procédé à un nouvel enregistrement. En conséquence, « la participation de la joueuse Camila Nobre do Carmo Oliveira avec la Guinée Equatoriale durant les deux matchs contre le Mali est considérée non réglementaire ».
Par ailleurs, après la clôture des éliminatoires de la CAN féminine, ladite joueuse a fait l’objet d’une suspension de la FIFA pour avoir utilisé des passeports différents avec des dates de naissance différentes lors des éliminatoires des Jeux Olympiques. Les sanctions de la FIFA ont prouvé que la fédération de Guinée Equatoriale a été reconnue coupable d’une fraude sur les différentes informations relatives à l’identité de la joueuse.
Sur la base de ce qui précède la Commission a décidé, en application des dispositions des articles 43 et 44 des règlements de la Can féminine de football, de la disqualification de l’équipe nationale féminine de Guinée Equatoriale pour la CAN féminine 2016 et de sa suspension pour les éditions de 2018 et 2020.
L’article 44 stipule que : « au cas où les faits incriminés seraient avérés, l’association nationale reconnue coupable sera suspendue de participation aux deux éditions suivantes de la Coupe d’Afrique des Nations féminines ».
Le Mali remplacera donc la Guinée Equatoriale au tournoi final de l’édition 2016 prévue au Cameroun du 19 novembre au 3 décembre 2016.
A mesure que les extrémistes sont chassés des zones de conflits, ils trouvent refuge dans ce pays dont les frontières sont mal contrôlées, a déclaré la porte-parole de la Minusma, Radhia Achouri
Une superficie de plus de 1,2 million de km², entouré de sept pays en « situation vulnérable » avec « des frontières très mal contrôlées », le Mali offre un tableau « complexe » alliant données géopolitiques, économiques et sociales.
A mesure que les terroristes sont chassés des zones de conflits en Afrique, ils trouvent refuge au Mali, a déclaré dans un entretien la porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Radhia Achouri.
Ce constat repose sur un tableau « complexe ». Septième pays africain par sa superficie (1 241 238 km²), le Mali est limitrophe de sept pays qui se trouvent, pour la plupart, en « situation vulnérable » avec « des frontières très mal contrôlées », a précisé la fonctionnaire onusienne.
Fragilisé, un temps, par une guerre s’appuyant sur des « revendications socio-politico-économiques », le Mali est lui-même devenu un foyer de tension terroriste, dans la mesure où il a bénéficié, selon des observateurs, d’anciens réseaux radicaux en Algérie et des flux des anciens combattants de la guerre de Libye (2011).
Par ailleurs, on observe [i « sur le terrain [malien], (…) des alliances, des complicités, entre ceux qui ont un agenda radical religieux et (..) ceux qui ont un agenda purement pécuniaire »], distingue Achouri, en ajoutant un élément d’attraction pour les terroristes concernant la possibilité de leur « financement à travers les trafics d’armes, de drogues ou trafics humains ».
Dans cette situation où il est souvent « difficile de savoir qui est qui », un état décrit comme « ni de guerre ni de paix » s’est installé, comme le rappelle Achouri. Une situation propice à l’accueil des terroristes qui sont aux portes du pays. « Des conflits régionaux, la [situation d’insécurité qui perdure en] Libye, la présence de Boko Haram [au Niger frontalier]. Tous ces éléments ont beaucoup contribué à faire du phénomène terroriste au Mali un défi de plus en plus présent. Plus on chasse les terroristes [d’autres zones de conflit], plus ils trouvent refuge au Mali ».
Autant de raisons qui font de la résolution de la question sécuritaire « un défi, non seulement pour le Mali mais pour toute la région du Sahel », poursuit la porte-parole de la Minusma.
De ce « radicalisme actif » et de « la présence néfaste et agressive des narco-trafiquants », le Conseil de sécurité des Nations-Unies a récemment « tiré les leçons ». Le 29 juin dernier, il prorogeait d’un an le mandat de la MINUSMA en lui enjoignant d’agir avec plus de « robustesse ».
[i « La vocation de la mission n’a pas changé. Le Conseil de Sécurité n’a fait que rappeler qu’il avait autorisé la Minusma dans le cadre de son mandat à avoir recours à la force (…) surtout pour la protection de la population civile [en agissant] avec plus de robustesse »]. Un besoin qui découlait, aussi, du « bilan assez macabre » enregistré par cette mission, depuis son déploiement en 2013, avec près d’une centaine de morts parmi les Casques bleus.
« Recalibrer » le mandat de la Minusma offre, par ailleurs, la possibilité de mieux « assister l’armée malienne pour qu’elle se déploie progressivement et coupe la voie à tous ces groupements qui sont le véritable défi non seulement pour la stabilité du Mali mais pour celle de la région », réitère Achouri.
Toujours au titre de la lutte contre le terrorisme, même si « la vocation de la Minusma n’est pas d’établir des stratégies » en la matière, elle identifie les besoins maliens et les communique au quartier général (QG) de l’Organisation des Nations unies (ONU).
Celle-ci intervient ainsi souvent, à travers ses institutions, comme l’équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF) « pour discuter avec les responsables maliens dans quelles mesures elle peut les assister dans l’établissement de leur propre stratégie. »
« Il y a plus de deux semaines, il y a eu une visite du Quartier Général de New-York au Mali. Elle a eu lieu après une grande réunion organisée à Bamako regroupant des experts maliens, les ministères concernés, la société civile, des responsables régionaux et les partenaires de la communauté internationale pour épauler le Mali » dans sa stratégie antiterroriste.
Comme « la solution au terrorisme n’est pas exclusivement militaire », la porte-parole de la Minusma a insisté sur l’activation « d’urgence » de la mise en uvre de l’accord de paix d’Alger, signé et paraphé l’été dernier entre Bamako et les groupes armés de Nord. Cela passe par le rétablissement de la confiance entre les partenaires politiques, un obstacle de taille à la concrétisation de l’accord de paix entre des groupes, « qui étaient, il y a peu de temps, en train d’enterrer leurs morts respectifs ». Restituer la confiance, est donc « un processus qui requiert du temps. »
La mise en uvre de l’accord était ainsi, et jusqu’à il y a quelques semaines, bloquée. Le Gouvernement et les groupes armés du Nord exprimaient des divergences sur la question de savoir « par quel bout de l’accord de paix fallait-il commencer ? » rappelle Achouri. Un bras de fer s’est alors engagé, les groupes armés soutenant l’installation, d’abord, d’autorités intérimaires dans les régions du Nord, Bamako étant, de son côté, partisan de l’activation du dossier sécuritaire. « En définitive on a signé une entente [en juin dernier]. Il n’y a aucune raison pour qu’on pense qu’ils n’ont pas agi de bonne foi. Je crois que tout le monde a senti l’urgence. »
La mise en uvre de l’accord de paix permettra la neutralisation des groupes armés du Nord, « avec leurs assises et bases d’appui » en permettant le redéploiement des forces de sécurité et de l’armée malienne reconfigurée selon l’accord » pour être plus « représentative ». Elle s’accompagnera du « retour des services de base et des dividendes de la paix », dans un pays où la jeunesse est majoritaire (75%), dés uvrée et dépourvue de toute perspective. Elle constitue, à ce titre, un terreau pour les terroristes et autres forces négatives, alerte Achouri.
« On (les terroristes, i.e) peut vous payer 100 USD en échange du dépôt d’un engin explosif improvisé. Parfois, on ne sait même pas ce qu’on dépose. Il y a des coins au Mali ou l’on se demande comment les gens arrivent à survivre », a illustré Radhia Achouri, ajoutant que certains finissent par rejoindre les groupes terroristes ou de narcotrafiquants en raison du « désespoir. »
En 42 ans, il aura vu passer devant son objectif pas moins de 818 chefs d’Etat, rois, princes et chefs de gouvernement. Le dernier d’entre eux étant le nouveau chef de l’Etat béninois, Patrice Talon
Il n’a pas connu la gloire de son compatriote Malick Sididé, considéré comme le plus grand portraitiste du « Tout-Bamako ». Ni celle d’un autre célèbre Malien, Seydou Keïta, qui fut le centre d’une exposition au Grand-Palais à Paris du 31 mars au 11 juillet. Et pourtant, Mamadou Koné, dit Super Koné, affiche des états de service à susciter la jalousie des plus grands : en quarante-deux années d’une carrière ininterrompue, il aura vu passer devant son objectif pas moins de 818 chefs d’Etat, rois, princes et chefs de gouvernement. Le dernier d’entre eux étant le nouveau chef de l’Etat béninois, Patrice Talon.
Le griot et le photographe
Le rêve de jeunesse de Super Koné le destinait à une carrière de guitariste dans la capitale du Soudan français, l’ancien nom du Mali avant les indépendances africaines. Il a dû renoncer face au veto d’un père intransigeant qui ne voulait pas que son rejeton devienne un « griot moderne ». C’est finalement la télévision scolaire, lancée aux débuts des années 1970, qui offre à ce grand gaillard au physique de catcheur son premier emploi en tant qu’assistant réalisateur.
Il y côtoie l’actuel Premier ministre malien, Modibo Keïta, alors directeur de la toute jeune chaîne, qu’il finit par quitter en 1972 pour des stages successifs en France, à l’Ecole Louis-Lumière à Paris, à l’Office des programmes pédagogiques pour l’enseignement par la télévision (Ofratem) puis au Centre pédagogique des techniques avancées de la photo, à Marly-le-roi.
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De retour à Bamako, la « ville aux trois caïmans » en bambara, Super Koné s’essaie à la photographie en autodidacte. Il obtient, grâce à la bienveillance des gardes et du protocole présidentiel, l’autorisation de « squatter » le palais de Koulouba, sur les hauteurs de la capitale, pour réaliser les photos des cérémonies officielles : audiences du chef de l’Etat, visites de présidents étrangers, lettres de créance. La qualité de ses clichés le distingue très vite des photographes officiels qui manifestent vite leur jalousie. Son tempérament de baroudeur l’aide à faire le dos rond face aux sarcasmes.
Il réalise le portrait de l’écrivain Amadou Hampâté Bâ, l’auteur de L’Etrange Destin de Wangrin, après celui de Banzoumana Cissoko, père de l’hymne national malien, et connaît sa première heure de gloire en 1975 avec la sortie aux Editions populaires du Mali de son livre Coiffures traditionnelles et modernes du Mali. Il gagne ses premiers millions de francs CFA, mais surtout une immense notoriété avec le succès commercial et professionnel de son hommage à la beauté de la femme malienne.
Le « fils africain de Jacques Foccart »
A écouter l’homme de 69 ans aux doigts noircis par une longue carrière de fumeur, c’est en 1977 que son destin bascule pour la première fois. Cette année-là, Jean Rouch réussit à le convaincre de venir s’installer à Paris. L’ethnologue et cinéaste français, dont le corps est inhumé au cimetière chrétien de Niamey, le présente à Jacques Foccart, le tout-puissant « Monsieur Afrique » du général de Gaulle qui lui ouvre en grand les portes de l’Elysée. Plus besoin de carte de presse ou d’accréditation pour « le fils africain de Foccart » lorsqu’un chef d’Etat africain est reçu au palais de la présidence française, que ce soit sous Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy ou Hollande. Ce furent d’abord les pères des indépendances africaines qui passèrent devant son objectif, du Camerounais Ahmadou Ahidjo au Sénégalais Léopold Sédar Senghor, en passant par le Nigérien Hamani Diori et le Djiboutien Hassane Gouled Aptidon.
Le photographe malien, que la maladie empêche à présent de se déplacer, aura ensuite été le portraitiste de la deuxième génération des dirigeants africains incarnée par le Zaïrois Mobutu Sesse Seko, le Guinéen Lansana Conté, le Sénégalais Abdou Diouf. Après les pères présidents, Super Koné aura photographié les fils : Eyadema et Faure Gnassingbé, Omar et Ali Bongo, Hassan II et Mohammed VI. De sa longue carrière, il a tiré des liens très personnels avec certains chefs d’Etat, dont le Sénégalais Abdou Diouf, le Congolais Denis Sassou-Nguesso ou le Tchadien Idriss Déby, qu’il tutoie.
Houphouët avait une addiction à la photo
Mais c’est avec le premier président ivoirien qu’il entretenu la plus longue et plus grande proximité. La rencontre entre le photographe et Félix Houphouët-Boigny a lieu 1956 au cimetière de Bamako alors que l’Ivoirien était député de l’Afrique-Occidentale au Parlement français. Super Koné était venu au Mali rendre hommage à son ami et compagnon de lutte pour les indépendances, Mamadou Konaté, vice-président du Rassemblement démocratique. Les deux hommes se retrouvent en 1985 à Paris, où Houphouët-Boigny, devenu président, effectue une visite de travail. Super Koné couvre l’événement. Il confie ensuite un album à l’ambassadeur Eugène Haïdara.
Le président Houphouët, devant la qualité des images, demande à rencontrer illico le photographe. « A cette époque-là, il n’y avait pas de portable, c’est donc une chasse à l’homme dans Paris que l’ambassadeur Haïdara et Ouézzin ont organisé pour me retrouver. Ils ont fini par y arriver en m’arrêtant au feu rouge d’un carrefour », se souvient avec jubilation le photographe malien au crâne désormais dégarni. Ce jour-là, le destin de Super Koné bascule à nouveau.
Le président ivoirien décide du Sahélien son photographe attitré. De 8 h 30 à 22 heures, Super Kondé assure à l’hôtel particulier Le Masserand, dans le 7e arrondissement, la couverture de toutes les activités de l’ancien planteur de cacao devenu chef d’Etat. Il le suit au millimètre dans ses déplacements officiels à Paris et dans le reste de la France.
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De cette complicité, le photographe gardera des souvenirs, comme la rencontre secrète entre François Mitterrand et Félix Houphouët-Boigny, qu’il évoque avec la fierté du combattant qui a ramené un trophée de guerre : « Le tête-à-tête a eu lieu en avril 1992, quelques mois avant le décès du président ivoirien. Le président français est venu dans un véhicule banalisé et il est resté deux heures et demie avec Houphouët. Je suis le seul photographe à avoir des images de cette entrevue, lance Super Koné. C’est parce qu’il m’a reconnu que Mitterrand s’était prêté à l’exercice de la prise des vues en arrivant, puis à nouveau avec Houphouët. »
Selon le photographe, le président ivoirien était passionné de photo. Il aimait que le photographe lui remette son travail en main propre. L’occasion de dîners mémorables : « Même à Paris, Houphouët ne ratait pas ses plats africains, attieké, maffé, gombo, alloco. Il me recevait à sa table et commentait les photos pendant le repas. Il disait ici tu m’as mal pris, là tu aurais dû mieux cadrer ou me prendre de profil. »
Chefs d’Etat généreux ou pingres
En quatre décennies, Super Koné a vendu des portraits de chefs africains à de prestigieuses agences telles l’AFP, Sipa, Sigma et bien d’autres. Mais son business le plus rentable aura été les albums des activités officielles des chefs d’Etat. Des clients prestigieux, on retrouve des généreux comme Mobutu, qui peut remettre une mallette de billets lorsqu’il estime que l’album est bien fait. Houphouët n’hésitait pas à prépayer jusqu’à 150 000 francs français pour les travaux préliminaires puis à débourser 300 000 francs à la livraison. La légende raconte qu’il comptait l’argent en kilos.
On cite également parmi les chefs d’Etat généreux le président-paysan de Guinée Lansana Conté, le premier président camerounais Ahmadou Ahidjo, Eyadema Gnassingbé, Omar Bongo ou le Congolais Denis Sassou-Nguesso. Mais, à voir Faure Gnassingbé et Ali Bongo, la générosité n’est pas une qualité dont on hérite forcément. L’actuel président guinéen et son homologue mauritanien sont eux aussi réputés être près de leur sous.
Mais lorsqu’on côtoie les chefs d’Etat pendant plus de quarante ans, on gagne, en plus de l’argent, opportunités et influence. Le photographe malien revendique ainsi d’avoir obtenu la fermeture du sinistre bagne malien de Taoudeni après avoir sensibilisé sur la question le président Moussa Traoré, de passage à Paris. Il se souvient également avec fierté d’avoir été le premier photographe africain à voir ses uvres exposées, en septembre 1981, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York : « Il y avait au vernissage sept chefs d’Etat africains et le secrétaire général Kurt Waldheim. »
Album hommage
Au soir de sa carrière, le plus ancien photographe de chefs d’Etat africains à Paris se bat pour sortir de ses archives un album d’hommage à Félix Houphouët-Boigny assorti d’une centaines de témoignages de personnalités. Alors qu’il devrait bénéficier du soutien de tous ceux qui se présentent aujourd’hui comme les héritiers d’Houphouët-Boigny, le projet peine à trouver son financement. Alertée par différents canaux, la première dame ivoirienne se serait résolue à mettre 3 000 euros sur la table. Il en faudrait 50 000.
La contribution de son époux, le président Alassane Ouattara et celle de l’ancien président Bédié se font toujours attendre. « Je vais dépenser jusqu’à mon dernier centime pour que cet hommage à Houphouët soit réalisé, lance Super Koné avant de grimper dans sa voiture pour retrouver son appartement de Sarcelles. Nous avons tous une dette morale envers Houphouët, je vais m’acquitter de ma part. »
Ces décisions ont été prises lors d’un conseil de ministre présidé par le président malien Ibrahim Boubacar Kéita
Le gouvernement malien a décrété mercredi l’état d’urgence pendant 10 jours et un deuil national de trois jours après l’attaque terroriste contre un camp de l’armée malienne à Nampala dans la région de Ségou (centre), qui a fait 17 morts et 35 blessés, a-t-on appris de source officielle.
L’état d’urgence et le deuil national commencent tous deux à partir de ce jeudi.
Ces décisions ont été prises lors d’un conseil de ministre présidé par le président malien Ibrahim Boubacar Kéita.
Par ailleurs, un hommage national sera rendu jeudi à Ségou aux soldats maliens tombés sur le champ de l’honneur suite à l’attaque de Nampala.
Cet hommage national est placé sous la présidence effective du président malien, précise le communiqué.
L’attaque contre le camp de Nampala a été revendiquée d’abord par l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice, puis par le groupe terroriste Ançar Dine.
Pour l’analyste malien, Issa Fakaba Sissoko, « vu le mode opératoire et la force de frappe des assaillants, il y a lieu d’accorder plus de crédit à la revendication du groupe terroriste Ançar Dine ».
Cependant, a-t-il soutenu, il n’est pas à exclure que Ançar Dine ait sous-traité l’opération avec l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peul et la restauration de la justice.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à renouveler, mercredi 29 juin, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma)
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à renouveler, mercredi 29 juin 2016, le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma). Compte tenu d’un contexte terroriste très difficile, il s’agit de l’opération de maintien de la paix la plus meurtrière. Son mandat, selon des informations de RFI, devrait se recentrer en priorité sur la mise en place de l’accord de paix et de réconciliation nationale dans le nord du pays. Il devrait aussi adopter une posture plus offensive et robuste.
C’est une opération de maintien de la paix qui n’en porte que le nom. Car le mandat de la Minusma, qui doit être renouvelé cette semaine, en fait clairement une mission de lutte contre le terrorisme.
Ce mot n’apparait pas dans la résolution, qui parle plutôt de menaces asymétriques. Mais clairement, le Conseil de sécurité a pris la mesure des enjeux dans le nord du Mali, face à la multiplication des attaques contre les casques bleus déployés et la pression des pays contributeurs de troupes.
Non seulement les effectifs sont revus à la hausse, avec 2 500 casques bleus et policiers supplémentaires, mais le mandat de la Minusma est aussi clarifié. Sa posture est beaucoup plus robuste, offensive et combative.
Le conseil note qu’il faut qu’elle agisse de manière pro-active en cas de menaces asymétriques. La France, avec son opération Barkhane, n’interviendrait qu’en soutien, en cas de menace grave et imminente.
La résolution invite donc les Etats membres à financer plus de moyens logistiques, que ce soit des drones, des hélicoptères de combat et des blindés, mais aussi plus de moyens de renseignement, pour permettre à la Minusma d’assurer son nouveau mandat.
Le texte qui sera voté est aussi résolument tourné vers l’avenir du Mali, donnant la priorité à la mise en place de l’accord de paix. Le redéploiement des forces maliennes, et le retour des autorités intérimaires dans le nord, prévu normalement au mois d’août prochain, pourraient marquer un sérieux coup d’arrêt aux groupes jihadistes.
C’est du moins ce que souhaitent les Nations unies, qui s’engagent aussi à gagner les c urs et les esprits à travers des projets humanitaires à impact rapide, comme la construction de puits ou l’installation de groupes électrogènes.
Un casque bleu de la Minusma à Tombouctou, dans le nord du Mali.Droits réservés)/n
Ledit texte sera signé ce jeudi 16 juin à Nouakchott par les deux pays concernés et le Haut-commissariat aux réfugiés
La Mauritanie, le Mali et le Haut-commissariat aux réfugiés vont signer ce jeudi 16 juin à Nouakchott un accord tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés maliens dans leur pays. Ce cadre juridique fixe la stratégie globale et les obligations des trois parties pour accompagner le retour des réfugiés dans de bonnes conditions.
Plus de 40 000 Maliens qui ont fui à partir de 2012 l’insécurité au nord du Mali sont toujours réfugiés dans le camp de Mbera, non loin de la frontière. Depuis 2013, 4 700 seulement ont choisi de rentrer, selon le HCR. Après une stagnation en 2014-2015, les demandes de retour volontaire sont à nouveau en augmentation depuis le début de l’année, même si pour le moment la majorité n’est pas prête à partir.
Ces derniers mois, les conditions de vie se sont durcies dans le camp de Mbera. Car, faute de financements, les rations d’aide alimentaire ont dû être diminuées. L’inactivité pèse aussi. Selon le HCR, un tiers des réfugiés n’a aucune occupation. Et pour certains, cela dure depuis quatre ans.
Quelque 1 500 personnes ont donc fait le choix, depuis janvier, de rentrer au Mali. Mais la grande majorité n’envisage pas ce retour. D’abord, à cause de l’insécurité qui perdure dans la région de Tombouctou, d’où sont originaires la plupart des réfugiés de Mbera. Terrorisme, affrontements entre groupes armés, banditisme, accord de paix qui tarde à être mis en uvre. Les réfugiés disent ne plus avoir confiance et attendre des signes concrets, comme le désarmement et l’installation de l’administration, pour rentrer.
Mais la réinstallation même pose aussi problème : même si la vie est dure à Mbera, il y a des écoles, des centres de santé, des points d’eau… Ce qui n’est plus le cas dans les localités d’origine des réfugiés, où la plupart des puits, maisons et bâtiments publics ont été détruits au cours du conflit ou faute d’entretien.
Les réfugiés interrogés accueillent donc favorablement cet accord tripartite censé leur garantir de bonnes conditions de retour : mais là encore, ils disent vouloir attendre de voir quelles sont, concrètement, ces conditions avant de prendre le chemin du Mali.
Vue générale du camp de réfugiés de Mbera en Mauritanie qui accueille plus de 64 000 personnes ayant fui le nord du Mali.Droits réservés)/n
L’ex-groupe armé signataire de l’accord de paix s’élève contre les propos du ministère français de la Défense l’accusant de proximité avec les groupes terroristes
Le HCUA, ex-groupe armé signataire de l’accord de paix au Mali, se déclare indigné par les accusations de duplicité proférées contre lui par la France.
Dans un communiqué remis à la presse, le groupe s’élève contre « les propos injustes et très graves tenus par le ministère français de la Défense (…), insinuant un double jeu de la part du HCUA et l’accusant de proximité avec les groupes terroristes en l’occurrence Iyad Ag Ghali et Ançar Dine ».
Pour démentir cette accusation, le communiqué revient sur « les nombreux efforts entrepris par le HCUA depuis sa création pour récupérer la jeunesse (du nord du Mali) et stopper son enrôlement dans tout groupe proche de l’extrémisme religieux et lui trouver un cadre de vie propice et digne sur son espace vital ».
« C’est cet esprit qui est derrière la création de notre mouvement. Pour réussir ce pari, nous avons fait de nombreux sacrifices et nous avons plutôt besoin d’un soutien de la communauté internationale, et notamment de la France, loin des propos accusateurs, improductifs et anachroniques », souligne le communiqué.
Le HCUA rappelle que « la stabilité et la paix dans le Sahel passent par une gestion autonome par les populations locales de tous les aspects de la vie aussi bien politique, économique que sécuritaire ».
« Le rôle de la France, mais aussi de l’ONU est d’aider les Azawadiens (populations du nord du Mali) à retrouver leur identité et à gérer librement leurs affaires », souhaite le porte-parole de l’organisation, Almou Ag Mohamed, qui a signé le communiqué.
Il exhorte la France à l’impartialité tout au long du processus de mise en uvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
« Nous avons signé avec le gouvernement malien, un accord de paix qui est censé être un cadre de base pour aboutir à une solution à terme, bien que ne répondant pas aux aspirations de la majorité des Azawadiens », rappelle le porte-parole du HCUA.
Le HCUA rappelle également qu’il est un des piliers de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, « un acteur incontournable du processus ».
L’attaque portée, dans le centre du Mali, contre un convoi de la Minusma a également fait un blessé grave. Les Nations Unies condamnent «cet acte odieux»
Cinq Casques bleus ont été tués dimanche, 29 mai 2016, dans une embuscade « terroriste » dans le centre du Mali, une première dans cette région, alors que le pays connaît depuis une dizaine de jours une recrudescence des attaques meurtrières contre l’armée et les soldats de l’ONU.
Ce nouvel attentat contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) n’a pas été revendiqué.
La Minusma n’a pas spécifié immédiatement la nationalité des Casques bleus attaqués. Une source policière malienne a déclaré qu’il s’agissait de Togolais.
« Les Casques bleus togolais étaient en mission de paix dans le secteur où les agriculteurs et les éleveurs se sont récemment affrontés », a déclaré cette source, contactée par téléphone à Mopti depuis Bamako.
La mission de l’ONU a annoncé dans un communiqué qu’une attaque « terroriste » avait eu lieu dimanche vers 11h00 (heure locale et GMT) contre « un convoi de la force de la Minusma, pris dans une embuscade à 30 kilomètres à l’ouest de Sévaré », une ville située dans la région de Mopti.
« Selon les informations préliminaires, cinq Casques bleus ont été tués. Un autre a été grièvement blessé et son évacuation médicale est en cours », a ajouté la mission dans un communiqué.
Cette attaque survient quelques jours seulement après la mort vendredi de cinq soldats maliens, tués dans l’explosion d’une mine au passage de leurs véhicules entre les localités d’Ansongo et d’Indelimane, dans le nord du Mali, selon l’armée.
Et cinq Casques bleus tchadiens avaient déjà été tués le 18 mai, dans une autre embuscade au nord d’Aguelhoc, dans le nord-est du Mali. L’attaque avait été revendiquée par un cadre du groupe jihadiste malien Ansar Dine, allié à Al-Qaïda et qui a contrôlé le vaste nord du Mali pendant près de dix mois, entre 2012 et janvier 2013.
Mahamat Saleh Annadif, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de la Minusma, a condamné l’attentat de dimanche.
«Acte odieux de terrorisme » « Je condamne avec la plus grande vigueur ce crime abject qui s’ajoute aux autres actes terroristes qui ont ciblé nos soldats de la paix et qui constituent des crimes contre l’humanité au regard du droit international », a déclaré M. Annadif.
« Cet acte odieux de terrorisme est d’autant plus révoltant qu’il a été perpétré durant la journée internationale des Casques bleus », a-t-il souligné.
Il a appelé à « déployer tous les efforts possibles pour identifier les responsables de ces crimes odieux ».
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi condamné l’attentat, a rapporté son porte-parole dans un communiqué prenant en compte les informations selon laquelle les Casques bleus visés étaient togolais.
« Le secrétaire général présente ses sincères condoléances aux familles des cinq Casques bleus qui sont morts pour la cause de la paix, ainsi qu’au gouvernement et au peuple du Togo », indique le communiqué. « Il appelle à une action rapide pour traduire les auteurs de ce crime devant la justice », ajoute le texte.
C’est la première fois que des Casques bleus de la Minusma sont tués dans le centre du Mali, une zone où est basé le Front de libération du Macina (FLM), un groupe apparu début 2015 et dirigé par le prédicateur radical malien Amadou Koufa, un Peul.
Le FLM est allié à Ansar Dine. Ces deux groupes revendiquent régulièrement des attaques dans le Nord et le centre du Mali.
Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est celle qui connait le plus fort taux de mortalité de toutes les actuelles missions de maintien de la paix de l’ONU, en nombre par rapport à l’effectif de plus de 10.300 militaires et policiers.
Le Nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit depuis.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.
Le président malien est toujours en convalescence à Paris après une opération sur une tumeur bénigne. Il récupère bien, affirment son entourage et un communiqué officiel
Le président malien est toujours en convalescence à Paris après une opération sur une tumeur bénigne. Il récupère bien, affirment son entourage et un communiqué officiel. On ne connaît pas encore sa date de retour à Bamako.
La convalescence du président malien Ibrahim Boubacar Keita se poursuit en France. Elle se passe bien, selon les informations rendues publiques, sur Twitter par exemple. D’après nos informations, il répond au téléphone, il lit, mais il reçoit très peu, et pour le moment, il n’y a toujours pas d’image de lui depuis qu’il a été opéré d’une tumeur d’une glande située dans le cou – l’adénome de la parathyroïde -, tumeur qualifiée de « bénigne » par un communiqué officiel.
Un de ses proches confie que le président IBK envisage d’ouvrir grandement ses portes la semaine prochaine pour recevoir officiels maliens, proches, et invités divers. Il reste par ailleurs en contact avec les autorités françaises, notamment l’Elysée. Il pourrait même avant son retour à Bamako (dont la date n’est pas encore connue), rendre publiquement hommage aux trois militaires français de l’opération Barkhane tués cette semaine dans le nord du Mali.
En attendant, à Bamako, c’est l’union sacrée dans l’épreuve. Parti politique de la majorité, de l’opposition, association, citoyen lambda : tout le monde souhaite un prompt rétablissement au chef de l’Etat. Et fait important à souligner, par décence, du moins pour le moment, personne n’engage le débat sur la capacité du président IBK à continuer d’assumer ses fonctions.
Les opposants accusent le pouvoir de vouloir à nouveau tenter d’organiser des élections communales et régionales alors que la situation sur le terrain est loin d’être sous contrôle
Les rapports entre l’opposition et le pouvoir se tendent au Mali. L’opposition a annoncé mercredi 13 avril, au cours d’une conférence de presse, avoir claqué la porte du cadre de concertation avec l’Etat, concertation sur les questions électorales, et notamment l’organisation des élections communales et régionales, reportées sine die l’an passé.
Le dialogue est désormais rompu entre l’opposition et le pouvoir au Mali. Les opposants accusent le pouvoir de vouloir à nouveau tenter d’organiser des élections communales et régionales, surtout au Nord, alors que la situation là-bas sur le terrain est loin d’être sous contrôle. L’état d’urgence a d’ailleurs été prolongé jusqu’au 15 juillet. Initialement prévues au premier trimestre 2015, les élections communales, régionales et du district de Bamako, ont été repoussés à octobre 2015 puis reportées sine die, un mois avant leur tenue.
De nouvelles dates ont été proposées par les autorités, selon le quotidien progouvernemental L’Essor. « Nous avons dit qu’il fallait que certaines conditions soient réunies, notamment le retour des populations, et ce qui suppose que la paix et la sécurité soient suffisamment revenues, surtout les régions Nord du pays, explique Maître Boubacar Karamoko Coulibaly, de l’Union pour la République et la Démocratie URD, le principal parti d’opposition. Tout le monde sait que la situation s’est entre temps plutôt détériorée ».
Interrogé sur un éventuel forcing de la part du gouvernement, Maître Boubacar Karamoko Coulibaly aquiesce. « Du forcing, parce que nous avons le sentiment qu’ils ont leur agenda. ». Les opposants maliens annoncent pour le 23 avril l’organisation d’une marche à Bamako. « Le 23 avril il y aura une marche pour non seulement dénoncer tout ce qui ne va pas dans le pays, mais faire pression sur les pouvoirs publics afin qu’ils revoient quand même, qu’ils changent le fusil d’épaule » poursuit Maître Boubacar Karamoko Coulibaly, qui précise que des associations et une partie de la société civile malienne participeront à cette marche pacifique.
Une patrouille de l’armée camerounaise dans la localité de Mabass, dans l’Extrême-Nord. Photo pour illustrationDroits réservés)/n
Objectif : calmer ces troupes après une série d’événements à l’interne, qui ont entraîné la mort de quatre Casques bleus de nationalité tchadienne ces trois dernières semaines
« Tous les problèmes ont été posés ». C’est un casque bleu de nationalité tchadienne sur le terrain qui parle à RFI. Il ajoute: « Nous nous sommes compris avec les chefs. »
Les chefs, ce sont les membres de la délégation militaire venue du Tchad, dirigée par le numéro deux de l’armée nationale. La délégation s’est rendue notamment à Tessalit et à Aguelhok, dans le Nord, où sont basées les troupes tchadiennes.
Une source proche des visiteurs reconnaît que ces soldats n’ont pas totalement tort de se plaindre sur certains points. Depuis 2013 par exemple, certains n’ont pas été remplacés de leur poste à Tessalit et à Aguelhok et ils sont toujours donc au front.
Ensuite, à l’approche de la canicule, la tension est montée. Les difficiles conditions de vie sur le terrain ont été reconnues par les deux parties. En passant une nuit sur le terrain dans le nord du Mali avec ces soldats, le chef d’état-major adjoint de l’armée tchadienne a également évoqué les problèmes personnels qui empoisonnent l’ambiance dans le groupe.
Ndjamena et la mission de l’ONU au Mali prendront des dispositions pour consolider la paix des braves obtenue. En revanche, les casques bleus tchadiens acceptent de ne plus régler leur éventuel futur différend par les armes.
La visite de la mission des membres du Conseil de sécurité de l’Onu dans le pays s’est achevée dimanche 6 mars 2016
La mission a salué la bonne volonté des uns et des autres, avant de demander un coup d’accélérateur dans le processus de paix. La délégation du Conseil de sécurité des Nations unies est plutôt satisfaite de sa visite à Bamako, Mopti et Tombouctou dans le Nord. Mais il faut aller vite pour franchir les étapes importantes dans l’application de l’accord de paix.
Représentant permanent de la France à l’Onu et membre de la délégation, François Delattre s’exprime: « Il y a la question du désarmement, il y a également la question de la décentralisation et de sa mise en uvre qui est absolument clé, la question de la réintégration des anciens combattants, une fois que le désarmement sera fait, la question du redéploiement de l’Etat malien au nord du Mali ».
« Muscler » le mandat de l’Onu
Sur la question de muscler le mandat de l’Onu au Mali, pour plus d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme, le diplomate français affirme que le mandat actuel est robuste, mais que des efforts seront déployés dans d’autres domaines.
« Mais vous avez derrière la question de la formation, la question de l’équipement, ajoute François Delattre. Et là, nous avons reçu des messages, je crois, convergents, qui montrent qu’il est possible de faire à certains égards plus et mieux sur ces deux points notamment ».
Il est à souligner que l’ONU soutient le Forum paix et réconciliation prévu avant la fin de ce mois à Kidal, localité contrôlée par les rebelles. En principe, une délégation du gouvernement malien participera à cette rencontre.
Dans la plainte déposée auprès de la Haute cour de justice du pays, le Biprem accuse le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, de gestion scandaleuse de l’argent public
Pour la première fois au Mali, le président en exercice, Ibrahim Boubacar Keita, est visé par une plainte. Elle a été déposée mardi, 1er mars 2016, par le bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (Biprem) auprès de la Haute Cour de justice du Mali. Le Biprem accuse le président malien de haute trahison et gestion scandaleuse de l’argent public.
Le Biprem ne revendique que 344 membres, mais l’association, fondée par des journalistes maliens, compte bien faire entendre son mécontentement avec cette plainte. Elle concerne notamment les différents scandales financiers qui ont émaillé la première moitié de mandat d’Ibrahim Boubacar Keita.
Ce regroupement associatif accuse le président malien de mauvaise gouvernance et demande à la Haute Cour de justice du Mali – chargée notamment de juger les présidents maliens – de le poursuivre. « Nous avons porté plainte pour trahison et gestion scandaleuse de l’argent public. Cela concerne le scandale portant sur l’achat de l’avion présidentiel, l’affaire de l’engrais frelaté qui a défrayé la chronique, l’équipement de l’armée chiffré à plus de 21 milliards. Personne n’a été interpellé, personne n’a été jugé, aucun de ces scandales n’a été élucidé », regrette Bokary Dicko, directeur du journal Mali Demain et numéro deux du Biprem.
La majorité contre-attaque
Le député Oumar Mariko de Sadi, éternel opposant, qui s’était présenté contre IBK en 2013 avant d’appeler à voter pour lui au second tour, est venu apporter son soutien à la démarche. « Je ne suis pas associé à cette plainte ni à sa conception, mais je pense que les citoyens s’interrogent aujourd’hui sur la problématique de gestion du pays. Exiger la transparence et la rigueur des autorités élues, c’est une démarche qu’il faut soutenir », assure Oumar Mariko.
Dans les couloirs de la Haute Cour de justice du Mali, on affirme déjà que la plainte est irrecevable. Elle serait mal formulée et ce n’est pas devant cette institution qu’elle doit être déposée, argumente-t-on.
A la présidence, on affirme ne pas prendre cette plainte au sérieux. Pour l’un des conseillers d’IBK, il s’agit d’ « une man uvre dilatoire, un coup de com’ », il est persuadé que cette action n’aura pas de lendemain. Du côté de la majorité et associations de solidarité au président malien, on banalise l’affaire.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 janvier 2014 à Alger.Droits réservés)/n
Le concernét a immédiatement été arrêté. Ce cas, qui n’est pas le premier du genre, montre les problèmes d’indiscipline qui règne au sein des troupes tchadiennes
Au Mali, un Casque bleu de nationalité tchadienne a ouvert le feu sur un haut gradé et un médecin tchadiens de la mission de l’Onu jeudi 25 février à Kidal. Il a été arrêté dans la foulée. A Tessalit, c’est une dizaine de soldats tchadiens qui ont été mis aux arrêts. Deux affaires qui mettent en lumière le problème d’indiscipline qui règne au sein des troupes tchadiennes.
Au sein des Casques bleus de la Mission de l’ONU au Mali, le contingent tchadien est considéré comme l’un des plus combattifs. Juste après l’intervention militaire française dans le nord du Mali en janvier 2013, ils ont affronté corps à corps les jihadistes dans les montagnes du Tigharghar dans la région de Kidal. Ils ont ensuite sécurisé plusieurs localités du nord du Mali. Leur présence rassure les populations.
Mais tout le monde le reconnaît : les troupes tchadiennes au Mali ont un gros problème d’indiscipline. Sur le terrain, certains se font remarquer par des dérapages. Le dernier en date : un soldat tchadien a tué ce jeudi 25 février à Kidal deux ses supérieurs, un commandant et un médecin militaire, également Tchadiens. « Quel que soit le motif, c’est inacceptable », ont commenté plusieurs responsables civils et militaires.
Ce même jeudi, dans la localité de Tessalit, toujours dans la région de Kidal, au moins dix soldats tchadiens ont été mis aux arrêts pour indiscipline. L’an dernier, quelques dizaines de Casques bleus tchadiens avaient défrayé la chronique. Pour réclamer des arriérés de salaires, ils étaient descendus bruyamment dans la ville de Gao, armes au poing.
Des Casques bleus de la Minusma à Kidal, le 22 juillet 2015.Droits réservés)/n
L’assassinat d’un chef d’une fraction touarègue, le 16 février 2016, est à l’origine des affrontements qui ont déjà fait 10 morts près de Ménaka dans le Nord du pays
Au Mali, un affrontement la semaine dernière, un autre cette semaine, un jeune décédé ce mardi 23 février des suites de ses blessures, ce qui porte à au moins [ b dix], le nombre des personnes tuées lors d’affrontements entre des fractions touarègues près de Ménaka dans le nord du Mali.
C’est l’assassinat d’un chef d’une fraction touarègue le 16 février qui a déclenché les hostilités. Peu après sa mort, en signe de représailles, des hommes armés ont attaqué les Touaregs d’une autre fraction. La tension est restée vive. Chaque camp a renforcé ses positions et de nouveaux affrontements se sont déroulés.
Cette fois-ci à Inékar-Ouest, située à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Ménaka, capitale et nom d’une des nouvelles régions administratives récemment créées dans le nord par le gouvernement malien.
Au moins dix personnes ont été tuées au cours de ces deux affrontements. Plusieurs autres ont été blessées ce lundi. L’un des blessés n’a pas survécu.
Plusieurs observateurs avancent que des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ne sont pas étrangers à ce climat d’insécurité. Ils auraient infiltré plusieurs communautés et ils restent influents dans cette partie du nord du Mali.
Après ces affrontements, un calme précaire règne sur place. Le comité de bons offices, mis sur pied pour apaiser la situation, le reconnaît.
Manuel Valls a entamé, jeudi 18 février 2016, une visite de près de quarante-huit heures au Mali, avant de se rendre samedi au Burkina Faso
C’est un diner officiel qui a réuni la France et le Mali, le 18 février, à Bamako. D’un côté de la table, le président malien et son premier ministre Modibo Keita. De l’autre côté, le premier ministre français et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Les quatre hommes ont parlé sécurité et lutte antiterroriste.
Au c ur des échanges de ce diner officiel : la guerre contre les jihadistes. Les options, muscler un peu plus le mandat des Casques bleus de la Minusma, renforcer les liens et les échanges de renseignements entre la France et les cinq pays du G5 Sahel.
Les quatre hommes ont également évoqué la difficile mise en uvre de l’accord signé à Alger en juin 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord Mali. « La France se porte garante de cet accord », a lancé Manuel Valls. Le président malien pour sa part, a dit son ambition de refaire du Mali le « grenier de l’Afrique de l’Ouest ». « Pour cela, la France vous soutiendra », lui a répondu le premier ministre français.
Bien avant le dîner, Manuel Valls a rencontré la communauté française du Mali dans les jardins de la résidence de l’ambassadeur de France. Dans un discours de combat, il a salué la bravoure des soldats français de Barkhane et félicité les quelques 7 000 civils français qui sont restés au Mali malgré les deux attentats de l’an dernier à Bamako.
Il s’est réjoui que les entreprises françaises aient emporté en 2015 trois fois plus de marchés qu’en 2014, pour une valeur totale de quelque 500 millions d’euros. Et le Premier ministre de conclure, d’un ton presque gaullien : « une grande partie du destin de la France se joue en Afrique ».
Une visite sur fond d’attaques terroristes.Droits réservés)/n
La base a été attaquée et occupée vendredi par des hommes armés arrivés en voiture qui ont ensuite fait exploser leur véhicule et se sont retranchés dans l’enceinte. Bilan quatre morts
Des hommes armés ont attaqué et occupé vendredi une base de l’Onu près de Tombouctou, au Mali, avant d’être délogés par l’armée malienne, a déclaré vendredi un porte-parole de la Minusma.
Un officier malien et trois assaillants ont été tués, a dit le ministre malien de la Défense, Tieman Hubert Coulibaly. Un quatrième agresseur est mort en se faisant exploser, tandis que d’autres sont encore recherchés.
« C’est terminé », a déclaré Olivier Salgado, porte-parole de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). « Les soldats sont en train d’inspecter le site à la recherche d’explosifs. »
La base a été attaquée vers 06h30 (06h30 GMT) par des assaillants arrivés en voiture qui ont ensuite fait exploser leur véhicule et se sont retranchés dans l’enceinte.
Soutenue par des hélicoptères de l’Onu, l’armée malienne a finalement repris le contrôle de la base. Celle-ci était quasiment vide au moment de l’attaque, selon le porte-parole onusien, le contingent nigérian qui l’occupait étant en cours de déménagement.
Des témoins ont dit avoir vu plusieurs corps à l’extérieur.
Une autre attaque au bilan encore incertain a eu lieu à Kabara, non loin de l’aéroport de Tombouctou, à un poste de contrôle de l’armée malienne.
Les combattants islamistes avaient pris la ville de Tombouctou en 2012 avant d’en être chassés par les forces françaises. Ces derniers mois, ils ont intensifié leurs attaques au Mali.
La semaine dernière, l’armée malienne a lancé une opération aux alentours de Tombouctou, notamment dans deux forêts suspectées d’abriter des combattants islamistes.
Des soldats maliens à l’entrée de TombouctouDroits réservés)/n
Ces fonds serviront à la réalisation du plan d’aide humanitaire composé de 127 projets visant à assister plus de deux millions de Maliens en 2016
Au Mali, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha) et les autorités maliennes lancent officiellement le Plan de réponse humanitaire 2016. Ce plan, élaboré avec les ONG présentes dans le pays, cible les besoins prioritaires, et cherche à mobiliser des fonds.
Plus de deux millions de Maliens auront besoin d’une aide humanitaire cette année, selon les Nations unies. Pour y remédier, l’Onu propose un plan comportant 127 projets. Ils seront mis en uvre par une quarantaine d’organisations, dans tout le pays, avec un accent particulier porté sur les régions du Nord.
« On a mis un accent sur la sécurité alimentaire, sur l’éducation, sur la nutrition, et puis sur quelque chose que nous appelons le relèvement précoce », a déclaré Toby Lanzer.
Pour le coordinateur humanitaire régional des Nations unies pour le Sahel, il s’agit de renforcer la capacité de la population « à prendre soin eux-mêmes d’eux-mêmes ».
Le plan prévoit également « d’appuyer le gouvernement et les institutions étatiques » afin de rétablir leur présence dans le nord du pays.
Le coût de ce plan de réponse pour le Mali est évalué à 354 millions de dollars. Pour le financer, la communauté humanitaire lance un appel aux bailleurs de fonds.
Un homme portant un sac de riz apporté par un convoi humanitaire dans le nord du MaliDroits réservés)/n
Bamako avait été suspendu le 18 janvier dernier pour non-paiement de cotisation depuis deux ans. Les autorités maliennes ont finalement versé la totalité de ces arriérés
Le Mali peut de nouveau voter à l’ONU. Bamako avait été suspendu le 18 janvier dernier pour non-paiement de cotisation depuis deux ans. Les autorités maliennes ont finalement versé la totalité de ses arriérés et recouvrent donc leurs droits.
La lettre officielle des Nations unies est signée de la main du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon lui-même. Les Maliens ont effectué les versements nécessaires et le pays retrouve donc son droit de vote. Environ 200 millions de francs CFA ont été versés dans les caisses de l’ONU.
Problème réglé donc à New York, mais pas totalement à Bamako, où les responsabilités dans cette affaire ne sont pas encore totalement situées. L’honneur du pays était attaqué, sa fierté bafouée pour bon nombre de Maliens.
Certes, l’ambassadeur malien auprès des Nations unies a été limogé et dans les milieux officiels, on confie que d’autres sanctions sont attendues cette semaine. Il n’empêche, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que l’Etat malien ne doit pas du tout donner l’impression de protéger la haute hiérarchie, où sont tapis d’éventuels coresponsables. Le nom d’un ministre ainsi que celui d’un haut responsable circulent.
Dès l’annonce de la suspension du droit de vote du Mali à l’ONU pour non-paiement de cotisation, le Premier ministre est monté au créneau pour expliquer qu’il s’agissait d’une erreur administrative dans le transfert de fonds. Il n’est pas arrivé à convaincre tout le monde.
Le siège des Nations unies (ONU) à New York, Etats-Unis.Droits réservés)/n
Au Mali, la polémique enfle après la suspension des droits de vote du pays aux Nations unies, pour n’avoir pas payé ses cotisations depuis deux ans
Au Mali, la polémique enfle après la suspension des droits de vote du pays aux Nations unies. La nouvelle était tombée en début de semaine : pour n’avoir pas payé ses cotisations depuis deux ans, le Mali s’est vu retirer son droit de vote lors des Assemblées générales, à New York. Résultat : l’ambassadeur du Mali aux Nations unies est limogé.
Il fallait qu’une tête tombe. Sékou Kassé était ambassadeur du Mali aux Nations unies à New York depuis juillet 2013. Le Conseil des ministres, présidé par le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita, vient de mettre fin à ses fonctions. Un acte symbolique, destiné à montrer que les autorités ont pris la mesure du manquement qui suscite aujourd’hui une vaste polémique dans le pays.
Polémique que même les « excuses » publiques du Premier ministre, Modibo Keita, sur les ondes de la radio-télévision d’Etat ORTM, n’ont pas suffi à calmer. Le chef du gouvernement a pointé « l’attitude peu soucieuse de certains cadres » et expliqué que le ministère des Affaires étrangères aurait transmis un mauvais numéro de compte au Trésor où personne ne se serait alarmé du retour de la somme qui devait donc être transférée aux Nations unies.
Version aussitôt démentie par la section syndicale du Trésor, qui assure que l’alerte a bien été donnée, dans une puis deux lettres officielles, et dont le secrétaire général a clamé dans la presse ne pas admettre d’être « jeté en pâture ».
Des soldats de la Minusma en patrouille à Kidal, le 23 juillet 2015.Droits réservés)/n
Les participants aux négociations de paix maliennes se retrouvent ce lundi à Alger autour du texte signé il y a six mois qui a du mal à se concrétiser
Les participants aux négociations de paix maliennes se retrouvent ce lundi à Alger. Cette fois pour évaluer la mise en uvre de l’accord de paix. Le texte, signé il y a six mois, a du mal à se concrétiser. Et c’est l’enjeu de cette réunion.
Autour de la table ce lundi 18 janvier à Alger, il y aura les participants aux négociations : les mouvements armés, le gouvernement malien, les pays du champ, la Minusma, la Cédéao, l’Union africaine, l’Union européenne et l’Organisation de la coopération islamique. Mais il y aura aussi de nouveau invités : d’abord, Pékin, Moscou et Londres, au titre de membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, et puis le Canada qui est à la tête des partenaires financiers.
L’Algérie annonce vouloir « procéder à un examen rigoureux des avancées ainsi que des difficultés rencontrées dans la mise en uvre de l’accord de paix ». Un participant affirme que plus de six mois après la signature le 20 juin dernier, sur le terrain, rien de concret n’a changé. Il ajoute : « Il y a beaucoup trop de méfiance de toute part ».
Un membre du comité de suivi raconte que la question de la représentativité des mouvements armés pose encore problème. Les différents groupes se sont divisés au fil des mois et tous estiment avoir le droit de participer aux discussions sur la mise en uvre de l’accord.
Autre blocage : le financement. Si des promesses ont été faites, les bailleurs étrangers n’ont encore pas versé l’argent promis.
La président malien IBK (G) écoutant le discours de Mahamadou Djeri Maïga, vice-président de la Coordination des mouvements de l’Azawad, après la signature de l’accord de paix, le 20 juin 2015.Droits réservés)/n
Il devient à partir de ce vendredi le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali, et le chef de la Minusma
Le Tchadien Mahamat Saleh Annadif est le nouvel homme fort de l’ONU sur l’échiquier malien, toujours en proie à la guerre. Il devient à partir de ce vendredi le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali, et le chef de la Minusma. Fin diplomate, il possède une vaste expérience nationale et internationale.
Depuis 2012, à la suite d’une rébellion touarègue revendiquant l’autodétermination du territoire de l’Azawad et la prise de contrôle du nord du Mali par des groupes djihadistes liés à al-Qaïda, le Mali est en guerre pour reprendre le contrôle de son territoire.
En janvier 2013, une offensive jihadiste salafiste sur les villes de Ségou et Mopti provoque l’entrée en guerre de la France, avec le lancement de l’opération Serval, et de plusieurs pays africains de la Cédéao, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la Misma, la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine. Les islamistes sont repoussés dans le nord du pays et doivent progressivement abandonner de nombreuses bases reconquises notamment par les forces franco-tchadiennes.
Le 18 juin 2013 le gouvernement de transition du Mali signe un accord de cessez-le-feu avec différentes forces rebelles (MNLA, HCUA, MAA) qui permet la tenue de l’élection présidentielle dans le nord du pays. L’ONU prend le relais de la Misma et met en place la Minusma. Les affrontements reprennent en mai 2014 et après plusieurs mois de combats, un accord de paix, l’Accord d’Alger, est conclu le 15 mai et signé le 20 juin 2015. Mais cet accord de paix ne met pas un terme aux actions de guérilla qui continuent de fragiliser et de meurtrir le Mali.
La gestion de la Minusma dans un contexte sécuritaire tendu
Depuis son déploiement au Mali en juillet 2013, la Minusma, créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies, a eu plusieurs mandats. De juin 2014 à juin 2015, sa mission a consisté en priorité à faciliter le règlement politique et à étendre sa présence dans le nord du pays. Son deuxième mandat qui lui a été confié, pour la période de juin 2015 à juin 2016, consiste principalement à soutenir la mise en uvre de l’accord de paix sur le plan politique et sécuritaire.
Pour y parvenir, elle est autorisée par l’ONU à disposer de 12 640 personnes, dont 11 240 soldats. Or, d’après le rapport de Ban Ki-moon du 16 décembre 2014, les effectifs seraient de 10 638 soldats, dont plus de 1 100 Tchadiens qui constituent l’un des contingents les plus importants, après le Burkina Faso et le Bangladesh. Mais cette mission de maintien de la paix de l’ONU se révèle la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie avec 60 morts en deux ans et demi.
Au niveau de son commandement depuis son installation au Mali, la Minusma a déjà usé un commandant en chef, le Rwandais Jean-Bosco Kasura (parti au bout de 18 mois) et trois adjoints au chef de la mission : le sénégalais Abdoulaye Bathily, le Béninois Arnaud Akodjenou et l’Américain David Gressly. Au niveau de sa direction, Mahamat Saleh Annadif devient le troisième chef de la Minusma dans cette courte période d’existence. Le premier de 2013 à 2015, le Néerlandais Bert Koenders avait été rappelé aux Pays-Bas pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères. Le second de janvier 2015 à janvier 2016, fut l’ex-ministre des Affaires étrangères de Tunisie, Mongi Hamdi, dont la gestion était critiquée par plusieurs pays qui évoquaient ses mauvaises relations avec le gouvernement du président malien Ibrahim Boubakar Keita (IBK), son manque de poigne dans la crise et ses difficultés à gérer la Minusma.
C’est donc dans ce paysage difficile que débarque Mahamat Saleh Annadif dont les talents diplomatiques et l’expérience dans des processus de paix au Niger, en République centrafricaine et en Somalie, sont très attendus.
Qui est Mohamat Saleh Annadif ?
Né le jour de Noël 1956 à Arada (nord-est du Tchad) dans une grande famille musulmane de la communauté arabe de la région de Biltine, Mahamat Saleh Annadif, aujourd’hui marié et père de six enfants, a une image de sage et d’habile négociateur comme le démontre son parcours. Après avoir décroché un Bac C avec mention très bien, il part à Madagascar faire ses études et revient au Tchad en 1981 avec un diplôme d’ingénieur des télécommunications.
Le retour est douloureux : les événements de 1979-1980 ont ébranlé le pays et le jeune Mahamat Saleh Annadif adhère au Conseil démocratique révolutionnaire (CDR) d’Ahmat Acyl (le chef « charismatique » des Arabes tchadiens) et passe à la rébellion en 1982 après que Hissène Habré se soit emparé de N’Djamena. Un mois plus tard, à la mort d’Ahmat Acyl, il devient le numéro trois du CDR (dirigé alors par Acheikh Ibn Oumar). Il s’occupe des relations avec le pays d’accueil qu’est alors la Libye de Kadhafi et se révèle être un habile diplomate.
En 1987, il négocie secrètement avec le pouvoir tchadien grâce aux bons offices de Tarek Aziz alors ministre irakien des Affaires étrangères. A l’issue de l’accord de Bagdad début 1989, il est nommé Secrétaire d’Etat à l’Agriculture dans le gouvernement de Hissène Habré.
L’homme de confiance d’Idriss Déby
A la chute du régime de Hissène Habré en décembre 1990, il parvient à rebondir auprès d’Idriss Déby, le nouveau président du Tchad, qui lui confie dès janvier 1991 la direction des Télécommunications internationales du Tchad (TIT), et un peu plus tard, la direction de l’Office national des postes et télécommunications (ONPT).
En 1993, il crée avec le mathématicien Ibni Oumar Mahamat Saleh, originaire comme lui du nord-est du Tchad, le Parti pour les libertés et le développement (PLD), proche du gouvernement.
Nouvelle preuve de confiance du président tchadien : il est nommé en 1997 ministre des Affaires étrangères du Tchad et le restera pendant six ans jusqu’en 2003. Mais durant son mandat, il sera confronté à un choix sans appel. Car en 1999, Ibni Oumar Mahamat Saleh décide de se présenter à l’élection présidentielle de 2001 contre Idriss Déby. Mahamat Saleh Annadif devra choisir entre Ibni Oumar Mahamat Saleh, son compagnon du PLD, et le président Idriss Déby.
Dans un contexte de crise, alors que tous les ministres membres du PLD démissionnent du gouvernement, Mahamat Saleh Annadif reste ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Idriss Déby et rompt avec Ibni Oumar Mahamat Saleh qui devient le numéro un de l’opposition. Plus tard, le 3 février 2008, son ancien compagnon Ibni Oumar Mahamat Saleh sera enlevé à son domicile par des militaires et disparaitra dans une prison du régime.
A la faveur d’un remaniement en 2004, Mahamat Saleh Annadif devient le directeur du cabinet du président. En juin 2005, le président de la commission de l’Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, sollicite le président du Tchad de « bien vouloir mettre à sa disposition son ancien ministre des Affaires étrangères, M. Annadif, pour sa grande connaissance des problèmes internationaux et sa remarquable expérience, en vue d’occuper le poste très sensible de représentant de l’Union africaine auprès des Nations unies ». Le président accepte de s’en séparer en mai 2006 pour occuper le poste de représentant permanent de l’Union africaine auprès de l’Union européenne à Bruxelles, mais il le récupère en mars 2010 pour le nommer secrétaire général à la présidence.
De la présidence à la prison
L’ascension de Mahamat Saleh Annadif prend un violent coup de frein en avril 2012. Soupçonné de malversations dans une affaire concernant un détournement de plus d’un milliard de Francs CFA appartenant à la direction générale des grands projets présidentiels, il est arrêté et enfermé dans le camp-prison de Moussoro au milieu des dunes du nord du Tchad. Durant sa détention de trois mois pour complicité de détournement de fonds publics, il clamera son innocence. De nombreuses voix à l’international s’élèveront pour le faire sortir et il est libéré le 17 juillet pour vice de procédure.
Mahamat Saleh Annadif tournera la page de cette affaire très compliquée avec le pouvoir de N’Djamena et dira un an plus tard à la journaliste Ghislaine Dupont de RFI [assassinée le 2 novembre 2013 avec Claude Verlon lors d’une mission à Kidal au Mali, ndlr] : « Dès le départ, je savais que le président Déby avait été induit en erreur. Les coupables, qui se reconnaîtront, ont sûrement la honte de leur côté. Idriss Déby a tourné la page, tout cela est derrière nous ».
Le diplomate des missions difficiles : de la Somalie au Mali
Mahamat Saleh Annadif dont les talents diplomatiques sont reconnus par tous est nommé représentant spécial du président de la commission de l’Union africaine en Somalie et chef de l’Amisom, la mission de l’Union africaine en Somalie de novembre 2012 à juillet 2014. Un poste qu’il occupera avec un certain succès et qui contribuera aussi à sa nomination comme chef de la mission de l’ONU au Mali.
Dans une interview au journal du Tchad le 18 décembre 2015, Mahamat Saleh Annadif évoquait sa nouvelle mission à la Minusma dans ces termes : « Ma première tâche est de réconcilier les Maliens avec la Minusma, qui est après tout, déployée pour les servir. Le deuxième élément : il y a des partenaires impliqués dans la crise malienne notamment les pays voisins, comme l’Algérie, qui a un rôle important à jouer et toute la Cédéao, et aussi des partenaires de poids tels que la France avec l’opération Barkhane, l’Union européenne et tous les pays contributeurs au Mali dont mon pays le Tchad, pour savoir ce qu’ils attendent de moi (…) Vraiment mon premier trimestre sera de comprendre, d’apprendre et de convaincre de la nécessité de la présence de la Minusma. Après cela, j’établirai mon planning, pour savoir quels sont les grands axes de mon action ».
Les résultats provisoires du premier tour des législatives maliennes sont connus depuis mardi alors que le vote ne s’est toujours pas déroulé dans l’une des sept communes d’Ansongo
Depuis mardi 12 janvier, les résultats provisoires du 1er tour de la législative partielle d’Ansongo, localité située dans la région de Gao, sont connus. Il s’agit de pourvoir un poste de député vacant depuis la mort de son titulaire. Un candidat de la majorité et un autre de l’opposition sont qualifiés pour le second tour. Mais déjà, de graves accusations de fraudes, de bourrages d’urnes, sont proférées, alors que le vote ne s’est pas encore déroulé dans l’une des sept communes du cercle d’Ansongo.
Des groupes armés rebelles qui occupent la localité de Talatay ont refusé que les opérations de vote se déroulent sur place. Le Mali n’a pas encore autorité sur cette partie du territoire national, expliquent les groupes rebelles. Peut-être là encore une fois la preuve que le chemin vers la paix dans le nord du Mali est toujours jonchée de difficultés.
Dans les six autres communes maliennes, le vote s’est déroulé, mais les regards se tournent vers la commune de Tessite. Le taux de participation de 98 % des inscrits sur place fait bondir l’opposition, qui parle de bourrage d’urne, de grandes magouilles, avant de rappeler que la localité, à cause de la crise, s’est vidée de ses électeurs, donc impossible d’avoir ce taux de participation qui profite essentiellement au candidat du parti au pouvoir.
Côté parti au pouvoir, on accuse les opposants d’être de mauvais perdants. Réplique du candidat de l’opposition : nous n’irons pas au deuxième tour de cette législative partielle si justice n’est pas faite.
En mai 2014, l’armée malienne a utilisé des armes lourdes, de façon indiscriminée, dans la ville de Kidal, en direction de zones habitées par des civils, précise un des deux rapports
Au Mali, deux rapports publiés conjointement par la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme évoquent avec précision deux affaires qui ont fait beaucoup de bruit. En 2014, l’armée malienne ouvre les hostilités et tente, sans succès, de reprendre des mains de la rébellion, la ville de Kidal, située au nord-est. Ensuite, en mai 2015, c’est une confrontation qui a eu lieu, toujours dans le nord, entre des groupes armés pro-Bamako et les groupes rebelles. Dans les deux cas, précise le rapport, de massives violations des droits de l’homme ont été commises.
En mai 2014, l’armée malienne a « utilisé des armes lourdes, de façon indiscriminée, dans la ville de Kidal, en direction de zones habitées par des civils », précise le premier rapport.
Des violations et des abus ont également été commis par des groupes armés rebelles qui, lors de ces évènements, ont tué huit personnes, dont six membres de l’administration malienne, et parmi lesquelles « certaines auraient été exécutées sommairement », selon le document de l’ONU.
Le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats dans les hostilités sont également pointés dans le rapport qui accuse également les groupes armés d’arrestations arbitraires et de traitements cruels.
Le deuxième rapport dénonce aussi de graves violations commises, cette fois-ci en 2015, lors d’affrontements dans la région de Gao entre le Gatia – un groupe armé pro-gouvernemental – et les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
Au cours des combats, le Gatia aurait « sommairement exécuté six hommes en raison de leur appartenance communautaire ». De leur côté, les rebelles sont accusés « d’avoir pillé, fait prisonniers et obligé 230 personnes à un déplacement forcé, sur une base ethnique ».
Les groupes armés démentent
Si la CMA reconnaît qu’il y a eu de graves violations tout au long de la crise qui l’a opposée au gouvernement malien, elle conteste son implication dans les exactions relevées par les Nations unies, notamment dans la mort de 8 personnes, dont 6 membres de l’administration malienne, certaines exécutées sommairement en mai 2014, à Kidal.
« Nous n’avons pas tiré à bout portant ou de manière sommaire sur ces personnes. Elles ont été découvertes mortes dans les enceintes du gouvernorat qui était le théâtre d’opérations militaires pendant les combats. Des combats qui nous opposaient aux Fama suite à leur volonté délibérée de violer le cessez-le-feu et d’attaquer nos positions », explique Mossa Ag Attaher, porte-parole de la CMA au nom du MNLA.
La CMA demande un rapport plus approfondi et la mise en place d’une commission d’enquête internationale neutre.
Le chef d’état-major adjoint de la plateforme à laquelle appartient le Gatia, Djibril Diallo, réfute quant à lui les accusations visant le groupe armé pro-gouvernemental. Il précise que le groupe ne se trouvait plus sur les lieux au moment des faits.
Un véhicule de l’armée malienne dans les rues de Gao.Droits réservés)/n
Plusieurs anciens hauts responsables militaires sont poursuivis pour leur possible implication dans une tentative de contre-coup d’Etat en mai 2012
La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a rendu son verdict dans l’affaire des bérets rouges. Plusieurs anciens hauts responsables militaires sont poursuivis pour leur possible implication dans une tentative de contre-coup d’Etat en mai 2012. Parmi eux, l’ancien meneur du coup d’Etat, Amadou Haya Sanogo. Certains vont finalement bénéficier d’un non-lieu, d’autres seront bel et bien jugés.
Neuf personnes ont été remises en liberté, parmi lesquelles l’ancien chef de la Sécurité d’Etat, le général Sidi Alassane Touré. La Cour estime ne pas avoir suffisamment d’éléments à leur encontre. En ce qui concerne le général Touré, la Cour a donc suivi les recommandations du parquet, qui demandait un non-lieu.
L’ancien meneur du coup d’Etat de mars 2012, Amadou Aya Sanogo, sera en revanche bel et bien jugé, pour « complicité d’enlèvement et d’assassinat ». L’ancien chef d’état-major des armées, le général Dahirou Dembélé, et l’ancien ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara, restent également poursuivis, pour « complicité d’assassinat » Le parquet, qui avait également requis un non-lieu à leur endroit, n’a ici pas été suivi.
Six autres militaires bérets verts seront jugés directement pour « enlèvement et assassinat ». Certains d’entre eux avaient permis aux enquêteurs de localiser l’emplacement exact du charnier de Diago, à quelques kilomètres de Bamako, où les restes de 21 soldats bérets rouges avaient été retrouvés, après une tentative de contre-coup d’Etat, contre les putschistes bérets verts qui venaient de prendre le pouvoir, en mai 2012.
Amadou Aya Sanogo, ancien meneur du coup d’Etat de mars 2012, sera bien jugé.Droits réservés)/n
Dans le bâtiment principal, les impacts de balles et les traces de sang ne sont plus visibles ce mardi
Au Mali, l’hôtel Radisson de Bamako va rouvrir ses portes ce mardi 15 décembre. Après l’attaque terroriste du 20 novembre dernier, revendiquée conjointement par al-Qaïda au Maghreb islamique et son allié Al-Mourabitoune, qui a fait 21 victimes, il a donc fallu s’activer pour effacer les traces de l’attaque et remettre l’hôtel à neuf, afin de pouvoir à nouveau accueillir les clients.
Dans le bâtiment principal, les impacts de balles et les traces de sang ont déjà disparu, mais pour accueillir à nouveau les clients, c’est un monumental chantier qui s’impose, comme ici dans la salle de restaurant de l’hôtel Radisson, l’un des lieux les plus touchés par l’attaque.
« Je m’appelle Fadwa. Je travaille à l’hôtel en tant que Spa manager mais vu la situation, on fait un peu de tout. Nous sommes en plein travaux. On essaye de remettre en état les murs parce qu’il y a eu un grand incendie qui s’est déclenché ici, dans ce coin. On essaye de changer aussi un peu les couleurs des murs et comme ça, quand le personnel reprendra le service, cela change un peu l’esprit. Cela réveille beaucoup moins les mauvais souvenirs. C’était dans un état catastrophique ; le matériel aussi était pas mal cassé », a témoigné Fadwa.
Et parmi les travaux engagés, il y a bien sûr le nouveau dispositif de sécurité.
« Nous avons installé des portails métalliques. Il y aura, avant d’entrer, un scan bagages ; contrôle de voitures ; bureau de sécurité ; vidéosurveillance ; portiques pour laisser passer les clients et tous les murs seront rehaussés pour ne pas que l’on puisse jeter quoi que ce soit. Nous allons monter des barrières fer forgé sur tous les murs extérieurs de l’hôtel sur une hauteur de deux mètres et il y aura également un deuxième portail métallique à la sortie gauche de l’hôtel », a précisé, à RFI, Gary Ellis, le directeur de l’hôtel Radisson, de Bamako.
Trois employés de l’hôtel figurent parmi les victimes de l’attaque. Certains salariés ont demandé encore un peu de temps avant de reprendre le travail.
L’attaque à l’hôtel Radisson Blue de Bamako au Mali, le 20 novembre dernier, avait fait 21 morts et sept blessés
L’attaque à l’hôtel Radisson Blue de Bamako au Mali, le 20 novembre dernier, avait fait 21 morts et blessé sept personnes. Ce vendredi, un nouvel enregistrement audio d’Abdelmalek Droukdel, émir al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a confirmé sa responsabilité partagée avec Al-Mourabitoune dans cette action terroriste.
Dans ce communiqué audio, le chef al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) confirme que l’attaque de l’hôtel Radisson de Bamako a été menée conjointement avec un autre groupe jihadiste : Al-Mourabitoune. Depuis plusieurs mois, des rumeurs faisaient état de tensions voire de rivalités entre les chefs de ces deux organisations : Abdelmalek Droukdel, sans doute réfugié en Kabylie, et Mokhtar Belmokhtar, annoncé mort en juin dans un raid américain en Libye, mais toujours en vie selon le ministère français de la Défense.
Cette revendication commune tend plutôt à montrer un renforcement des liens entre ces deux Algériens, vétérans du jihad en Afghanistan. Ces deux hommes ont tous deux plusieurs fois renouvelé leur allégeance à al-Qaïda alors que chacun est confronté à des dissidences internes de leurs lieutenants préférant se tourner vers l’organisation Etat islamique, organisation ennemie.
En avril, Abdelmalek Droukdel diffusait d’ailleurs un message de félicitations aux rebelles syriens d’al-Qaïda unis dans une même coalition pour la prise de la ville d’Idlib. Il appelait indirectement les jihadistes sahéliens à suivre le même exemple et à cesser leurs luttes intestines. Un message qui a sans doute été entendu par l’organisation de Belmokhtar, le jihadiste le plus recherché du Sahel.
Devant l’hôtel Radisson à Bamako durant la prise d’otages, le 20 novembre 2015.Droits réservés)/n