L’équipe nationale s’est finalement pliée à la décision du gouvernement togolais.
Il était environ 21H30, heure d’Angola, lorsque le capitaine Emmanuel Adeayor et ses coéquipiers, ont quitté l’Angola. Ils étaient tous là à l’exception de l’entraîneur adjoint de l’équipe du Togo Abalo Amelete et du chargé de communication Stanislas Ocloo, les deux victimes de l’attentat survenu à la veille de la coupe d’Afrique des nations de football. Au Togo, la délégation a été accueillie par les autorités administratives du pays où prévaut actuellement, un climat d’incompréhension et de tristesse. Le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours qui démarre dès ce lundi, 11 janvier 2010.
Fallait-il jouer ou pas?
C’est la grande question que continuent de se posent de nombreux fans du football après le coup d’envoi de la 27ème édition de coupe d’Afrique des nations en Angola. Quoi qu’il en soit, une chose est désormais certaine, les éperviers seront aux abonnés absents de la compétition africaine suite au drame survenu vendredi, 08 janvier 2010 dans l’après-midi. Le bus de la délégation togolaise avait été pris pour cible par les rebelles du FLEC, Le Front de libération de l’enclave de Cabinda, zone pétrolifère frontalière du Congo où est partie l’équipe togolaise après sa mise au vert. L’attentat du FLEC a laissé sur le carreau des morts et des blessés. Dans un premier temps, l’équipe très choquée avait indiqué qu’elle était trop secouée pour disputer la Can et voulait se retirer.
Dans la journée de samedi, 09 janvier 2010, le gouvernement togolais dans une sortie médiatique, a officiellement rappelé toute l’équipe à Lomé, au moment où dans une autre sortie médiatique, le capitaine des éperviers, Emmanuel Adebayor, assurait que malgré la tragédie, l’équipe était prête à joueur la Can et à mouiller le maillot en hommage aux personnes décédées. Nonobstant cet optimisme affiché, le gouvernement togolais est resté ferme sur ses positions. Le Premier ministre togolais Gilbert Fossoun Houngbo a déclaré, « nous avons compris la démarche des joueurs qui voulaient exprimer une manière de venger leurs collègues décédés mais ce serait irresponsable de la part des autorités togolaises de les laisser continuer », malgré les négociations intenses de la confédération africaine de football auprès du gouvernement togolais. Dimanche, le Togo a quitté sa base à Cabinda sous forte escorte policière avec à bord du bus, les corps des victimes de l’attentat. A l’aéroport, la délégation a embarqué à bord d’un avion spécial envoyé par le gouvernement togolais pour ramener Adebayor et ses coéquipiers au bercail.
Le foot otage de la politique
L’attitude du gouvernement de Lomé ne semble pas rencontrer l’unanimité au sein du milieu footballistique. Laurent Blanc, l’entraîneur français qui suit également l’actualité de cette Can : « les problème font que le sport est pris en otage». Certes, affirment plusieurs observateurs qui dans le même temps, estiment que la décision togolaise de ramener l’équipe au bercail est judicieuse, d’autant plus que les rebelles ont annoncé que l’attaque de vendredi, 08 janvier, n’était qu’un début. Dans une interview accordée à l’AFP dimanche, 10 janvier, le Secrétaire Général du FLEC-PM, Rodrigues Mingas, exilé en France, a indiqué que les armes vont continuer de raisonner tout au long de la compétition, « par ce que le pays est en guerre, parce que M. Hayatou (le président de la Confédération africaine de football, CAF) s’entête à maintenir des matches de la CAN à Cabinda ». Des menaces qui ne sont pas passés dans les oreilles de sourds, notamment au sein du ministère français des Affaires étrangères, offusqué par de tels propos. Le président angolais, José Dos Santos, a quant à lui fermement condamné « cet acte de terrorisme » lors de la cérémonie d’ouverture de la compétition, rassurant qu’elle va malgré tout, se poursuivre. Comme quoi, « the game must go ! ». La CAF a déjà fait savoir qu’elle comprenait la décision togolaise, et qu’aucune sanction ne sera prise.
Sécurité renforcée
La délocalisation des matches du groupe B basé à Cabinda n’étant pas à l’ordre du jour malgré les menaces terroristes, la CAF et les autorités angolaises se veulent rassurantes et affirment que la sécurité sera renforcée non seulement à Cabinda, mais également dans les autres villes qui abritent la compétition : Benguela, Lubango et bien évidemment la capitale Luanda, où en match d’ouverture, l’Angola et le Mali ont fait jeu égal, 4 – 4. Une minute de silence en mémoire des togolais, décédés, a été observée avant le coup d’envoi de ce match d’ouverture.
