Cameroun : les Malimba, dans le département de la Sanaga maritime, vivent un drame terrible

Une DUP de  10 000 Hectares en bordure de la mer (YOYO). Des velléités de récupération des espaces résiduels se multiplient devant les Malimba complètement désabusés.

L’Etat s’était accaparé de 10000 hectares  de terrain au canton Malimba ; c’est-à-dire : sept fois les quartiers Bonamoussadi, Makèpè, Logpom et Kotto réunis ; plus grand que les territoires des cantons Bell, Akwa et Deïdo réunis. La moitié de la ville de Douala (21 000 hectares ; L’équivalent de la ville de Paris (10 500 hectares) ; Plus grand que la ville de Bafoussam (9 100 hectares). En retour, les Malimba n’ont reçu la moindre contrepartie, même pas un espace vital sauvegardé.

Très au fait du dossier, Ndoumbe Marcelin, une élite Malimba explique : « L’arrêté N° 002/MINDCAF/CAF/SG/D1/D14/D141 du 15 février 2012 déclara d’utilité publique les travaux de construction d’un méga complexe économique et touristique sur une dépendance du domaine national sise au lieu-dit « Yoyo », Arrondissement de Mouanko, Département de la Sanaga Maritime.
Un ambitieux programme d’investissement de 1500 milliards de francs CFA en écotourisme sur un espace d’environ 10 000 hectares était envisagé en bordure de mer à Yoyo. Il prévoyait la création de 250 000 emplois pendant la construction et 120 000 autres pendant le fonctionnement effectif.

La signature le 25 mars 2010 par le Premier ministre de l’arrêté 064/CAB/PM portant création, organisation et fonctionnement du comité interministériel de pilotage et de suivi de la construction du MCET de Yoyo  viendra rassurer sur le sérieux du projet. »
Ce projet, dont la réalisation nécessitait la mise à disposition de 10 000 hectares environ, malgré son importance, empiétait sur l’espace vital que le Parc  avait prévu pour les Malimba.

De toute évidence, l’Etat reprenait aux Malimba  plus de terrains (10 000 ha) qu’il ne leur avait réservés comme espace vital (7105 ha).

Le problème était suffisamment grave et sérieux pour déclencher la mobilisation des Malimba. Un mémorandum des Malimba à l’adresse du Président de la République fut initié et transmis. Les doléances exprimées dans ce mémorandum accompagné de 584 signatures de Malimba de tous horizons
Les populations Malimba attendaient ce projet de tous leurs vœux. Elles espéraient que ce projet les sortirait de l’isolement, de l’enclavement, de la pauvreté et de la misère à travers la création d’emplois, de débouchés pour leurs produits, la construction d’infrastructures, bref la mise en place des facteurs de développement.

Préalablement au projet du Méga Complexe Touristique, celui de la transformation de la Réserve de Faune de Douala Edéa en Parc National avait tout aussi suscité un grand espoir au sein des populations. Cet espoir résidait sur le fait que 78 ans après la création de la Réserve, l’administration du Cameroun prenait l’initiative de délimiter les terres réservées en toute propriété à la population Malimba.

Ndoumbe Marcelin ajoute : « Par la suite, l’Etat établira le titre foncier N° 4812/SM en son nom sur une superficie de 10 872 hectares sans indemniser les populations victimes de destructions. Toutes les doléances Malimba seront mises en veilleuse tout comme l’est le Méga Complexe Economique et Touristique de Yôyô.

Des velléités de récupération des espaces résiduels se multiplient devant les Malimba complètement désabusés. Celles-ci aussi se font en ignorant complètement la lettre N° 000224 du Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF) du 03 novembre 2017 portant suspension des transactions foncières dans le Département de la Sanaga Maritime. (La suspension sera levée le 02 mars 2020).

Curieusement et contrairement à la règlementation, c’est le Sous-Préfet de Mouanko qui lança le 07 avril 2009 le processus d’établissement de titres fonciers sur des dépendances qu’il qualifie de domaine national. Un mois plus tard, le 27 mai 2009, plutôt que de rappeler son collaborateur à l’ordre, le Préfet aussi se lance dans une procédure d’attribution en concession sur ces mêmes terrains. »

Confronté aux vives contestations des Malimba, le même Préfet signataire initie une lettre trois mois plus tard, le 25 août 2009, à l’adresse du délégué départemental des Domaines lui demandant de surseoir à tout examen de demande d’attribution en concession dans les localités de Yoyo I et Yoyo II. Ce sera lettre morte puisque paradoxalement, l’examen des demandes continuera, des concessions attribuées et des titres fonciers établis.

Tous les projets étant en veilleuse ou abandonnés, qu’adviendra-t-il des 10 000 hectares que l’Etat s’est attribué ? Ce qui s’est passé sous d’autres cieux et récemment chez leurs frères de DIKOLO dans le département du Wouri doit interpeller les Malimba.

 

Affaire des neuf enfants disparus de Malimba: Trois personnes condamnées

Le tribunal de première instance d’Edéa a rendu son verdict un an après les faits, qualifiés à l’époque de «pratiques de sorcellerie»

Le tribunal de première instance d’Edéa a rendu son verdict le 07 novembre dernier, dans le cadre de l’affaire des neuf enfants disparus de Malimba au mois d’août 2013, dans le département de la Sanaga Maritime, région du Littoral. «Benjamin Edongue, chef du village Bolunga à Malimba dans le département de la Sanaga Maritime, André Ekodè Ngalle et François Eboumbou (des notables du chef, ndlr) écopent de deux ans de prison», rapporte le quotidien Mutations dans son édition de mardi, 11 novembre.

D’après le président des jeunes du village Bolunga, que cite le journal: «Manyaka Madeleine, 52 ans, qui a disparu dans la forêt en allant chercher du bois avant de retrouver l’un des enfants, le Nigérian soupçonné d’un trafic d’enfants, les sieurs Edimo Henri et Ndengué Christian, fils dudit village, auraient été acquittés».

L’affaire qui trouve un dénouement judiciaire remonte au 30 août 2013. Au cours de cette journée, aux environs de 08h30, neuf enfants d’un âge variant entre 7 et 13 ans, tous vivant dans le village de Bolounga, canton Malimba-Océan, dans l’arrondissement de Mouanko, département de la Sanaga Maritime, région du Littoral, s’étaient rendus dans une forêt jouxtant leur village, pour y rechercher des escargots à vendre, afin de préparer leur rentrée scolaire qui devait avoir lieu le lundi 02 septembre 2013.

Sorcellerie
Inquiets de ne pas voir les enfants revenir dans l’après-midi, les parents décidèrent d’alerter les populations du village. Après une battue infructueuse, les autorités administratives et les forces de sécurité s’y engagèrent également, sans grand succès. Sur la base de témoignages recueillis, les premiers interrogatoires visèrent la personne de Benjamin Édongué, chef du village, et ses deux notables, Antoine Ndonda et André Ékodé Ngallé. Par la suite, d’autres personnes furent interpellées. L’une d’entre-elles, Christian Ndengué, désigna Madeleine Manyaka, 52 ans, une habitante du village Bolounga.

La dame avait ramené le premier enfant, la petite Carine Ihowe au village. C’est elle qui avait par la suite, selon la version de Christian Ndengué, indiqué l’endroit précis où se trouvaient les sept autres enfants sur les huit restants. Informés, les forces de sécurité avaient retrouvé ces sept enfants à Bolounga, situé à six kilomètres environ de Mouanko. Le ministre de la Communication avait parlé à l’époque de «pratiques de sorcellerie». Le seul qui n’a jamais été retrouvé à ce jour, c’est Eugène Moanguéle (âgé de 12 ans au moment de sa disparition). D’après le quotidien Mutations, une cérémonie en hommage à cet enfant a été organisée le 31 août 2014 dans son village par ses proches.


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