Au Cameroun, les régions anglophones toujours privées d’Internet

Les régions anglophones du Cameroun sont coupées du Net depuis la mi-janvier 2017. Une marginalisation numérique qui fait écho aux discriminations dont se plaignent les anglophones depuis des décennies

Le Cameroun est devenu le théâtre de la plus longue coupure d’accès à Internet (à la fois sur le réseau filaire et mobile) enregistrée sur le continent africain à ce jour. Depuis le 17 janvier 2017, les deux régions anglophones du pays (Nord-Ouest et Sud-Ouest) sont privées de connexion.

La mesure fait suite à une série de manifestations, dont certaines ont été violemment réprimées par la police, pour protester contre les discriminations dont fait l’objet la minorité anglophone du pays et réclamer plus d’autonomie.

Les régions anglophones rassemblent 20% de la population camerounaise estimée à quelque 22,5 millions d’âmes. L’année 2016 marque un nouveau tournant dans la dénonciation de la marginalisation dont les anglophones se disent victimes. Ces derniers estiment qu’ils sont traités comme des citoyens de seconde zone dans un système socio-politique dominé par le français parlé dans les 8 autres régions du pays. La langue de Voltaire et l’anglais sont pourtant toutes les deux les langues officielles du Cameroun.

Un ras-le-bol général
La grogne a commencé en octobre 2016 face au silence du pouvoir alors que les avocats réclamaient le départ de juges francophones nommés dans l’ouest du pays. En mai 2015, une association de juristes anglophones avait demandé au président camerounais Paul Biya de revenir sur leur nomination, les magistrats n’étant pas au fait du «Common Law», le système juridique anglo-saxon en cours dans cette partie du pays.

Le mouvement de protestation s’est ensuite étendu aux enseignants et aux étudiants, avant d’embraser tout le monde anglophone. En matière de justice, d’éducation et de représentation politique, les anglophones s’estiment lésés depuis la réunification des Cameroun francophone et anglophone en 1961 et l’abolition du fédéralisme en 1972.

«Nous recevons tous les jours des messages de détresse émanant de cette partie du Cameroun, beaucoup de messages de personnes qui sont inquiètes aussi, indique Julie Owono, responsable Afrique de l’ONG Internet sans frontières. Notamment au moment où la répression s’est intensifiée  arrestation de leaders politiques ou de simples badauds pris avec des tracts en leur possession – et qu’aucune information ne filtrait via Whatsapp, Viber… Il y a trois mois encore, on avait des images, par exemple, des manifestations qui se sont déroulées à l’université de Buea (fin décembre 2016, NDLR) et qui ont été violemment réprimées par la police.»

Les ONG de défense des droits numériques et les Nations Unies ont déjà demandé à maintes reprises aux autorités camerounaises de rétablir la connexion à Internet dans les régions concernées. En vain. «La suspension d’Internet à cette échelle viole le droit international. Elle ne supprime pas seulement le débat public, mais prive également les Camerounais de l’accès aux services essentiels et aux ressources de base», a déclaré David Kaye, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Le silence des opérateurs privés
L’organisation de défense des droits numériques Access Now et sa campagne #KeepItOn, à laquelle est associée Internet sans frontières et plusieurs autres associations, a également interpellé les opérateurs privés de télécommunications, notamment le sud-africain MTN, le français Orange et le vietnamien Nexttel.

«Le contexte camerounais s’avère très particulier, explique Julio Owono. D’habitude, les entreprises privées sont promptes à se désolidariser des autorités dans ce type de situation. Nous avons également essayé de les contacter mais aucune n’a donné suite. C’est la première fois que nous sommes confrontés à ce cas de figure. Les abonnés s’en prennent aujourd’hui à ces opérateurs. On ne peut pas leur en vouloir puisque nous n’avons pas la preuve que les firmes concernées sont en désaccord avec cette censure. Par ailleurs, contrairement à l’Ethiopie (où l’internet mobile a été suspendu pendant plus de deux mois en 2016, NDLR), l’état d’urgence avait été déclaré dans les régions concernées. Ce qui n’est pas le cas au Cameroun. Ce qui se passe aujourd’hui dans les régions anglophones n’a aucun fondement légal, ne serait-ce qu’au regard même de la loi camerounaise.»

Le coût de la coupure était estimé à 1,39 millions de dollars à la mi-février par les ONG. Et «ce n’est qu’une estimation de base», insiste Julie Owono. La ville de Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, baptisée la «Silicon Mountain» parce qu’elle a vu naître plusieurs start-up prometteuses, est aujourd’hui particulièrement pénalisée.

«C’est une très mauvaise décision du gouvernement camerounais d’autant que le pays se targue d’être l’un des pionniers de l’économie digitale en Afrique centrale. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Cela va avoir un sérieux impact sur l’économie camerounaise qui souffre déjà (le FMI préconise depuis 2016 un retour aux plans d’ajustement structurels, NDLR)».

#BringBackOurInternet est devenu le mot d’ordre de ralliement pour exiger la fin de ce blocus numérique. Le mouvement est porté par ceux que l’on a appelé les réfugiés numériques. Ces derniers ont trouvé asile dans d’autres parties du pays, à Douala entre autres, la capitale économique du Cameroun, pour poursuivre leurs activités professionnelles.

Au Cameroun, les femmes albinos se prennent en main!

Aussi bien dans le monde du travail que dans leurs relations personnelles, des Camerounaises atteintes de cette anomalie génétique ont décidé de faire de leur différence un motif de fierté

Si la loi protège les albinos des atrocités commises ailleurs contre eux, ils n’en demeurent pas moins en marge de la société, des Camerounaises atteintes de cette anomalie génétique, ont décidé de faire de leur différence un motif de fierté.

Quelques dizaines de paires d’yeux, scrutent, de la tête aux pieds, Lisette Emmanuel. Des regards tantôt curieux, tantôt méfiants, où la gêne se mêle à la suspicion mais qui semblent glisser sur la jeune femme, sans jamais l’atteindre.

Lisette est camerounaise. Elle est jeune et jolie. Dans sa longue robe noire ornée de motifs africains, et du haut de ses chaussures compensées qui encadrent des pieds fins, elle avance, le port altier, sans jamais baisser les yeux, vers ceux qui la dévisagent en silence.

«Je ne suis pas comme les autres, je le sais», lance-t-elle, avec malice. «Je suis albinos et malvoyante, et je l’accepte !», ajoute la jeune étudiante en marketing, avant même qu’on l’interroge.

Au Cameroun, comme Lisette, de nombreuses femmes albinos, appelées, avec ironie, «blanches», assument de plus en plus leur différence et revendiquent même leur particularité physique, malgré les fortes discriminations -et parfois les violences- dont elles sont victimes.

L’albinisme est une anomalie génétique caractérisée par une dépigmentation cutanée, capillaire ou oculaire, due à la carence ou à l’absence de production de la mélanine, le pigment qui donne leur teinte à la peau, aux yeux et aux poils. Les personnes touchées par cette anomalie sont le plus souvent abandonnées par leurs parents ou leurs proches et éprouvent de nombreuses difficultés à s’intégrer dans la société.

A Douala, capitale économique du Cameroun, on évalue à quelques milliers le nombre d’Albinos, dont 70% seraient originaires de la région de l’Ouest, selon des études menées par le professeur Robert Aquaron de la faculté de médecine Aix-Marseille, en France.

Et ce sont les femmes qui subissent le plus de discrimination, aussi bien dans le monde du travail que dans leurs relations personnelles, confient les concernées.

Marie Madeleine Waffo est la présidente de l’Association des femmes albinos du Cameroun (AFAC). Rencontrée à Douala, elle revendique la particularité des centaines d’adhérentes qu’elle côtoie. «Ces femmes sont des reines et valent de l’or», et, surtout «elles se battent comme des lionnes et son de véritables combattantes», dit-elle fièrement.

Pourtant, souligne Waffo, leur combat est rude et elles se retrouvent très souvent seules. «Il est d’ailleurs rare de trouver des femmes mariées», dans le rang des albinos», avoue-t-elle, citant «peut-être trois ou quatre femmes», sur quelques centaines d’adhérentes.

Abandonnée à l’hôpital par son père noir de peau qui ne supportait pas d’avoir un enfant albinos, Ruth Medi Modi, la cinquantaine entamée, a grandi sous les injures et les moqueries de ses camarades.

Quand elle a atteint l’âge adulte, elle a eu «la chance», de rencontrer un «beau» jeune homme noir, avec qui elle a eu quatre enfants, tous noirs, raconte-t-elle. Mais sa «chance» n’a pas duré et elle, est, une fois de plus, abandonnée en raison de la couleur de sa peau et de la pression de la société.

Ruth a été ensuite contrainte d’abandonner son métier d’enseignante à cause des problèmes de vue liés à son albinisme. «J’ai souffert pour élever toute seule mes enfants. J’ai vendu du bois de chauffe et fait plusieurs autres petits métiers, mais ça n’a jamais été simple compte tenu de mon teint. Aujourd’hui, je continue à me battre pour les envoyer à l’école», assure-t-elle.

Stéphanie Massimo elle, travaille dans une imprimerie. Chaque jour, elle lutte pour être la meilleure employée. Son patron a fini par lui faire confiance et la respecter, parce qu’elle a prouvé qu’«en dépit de sa peau, elle avait de l’intelligence», relate-t-elle.

Mais malgré leur engagement, le quotidien de Ruth, Stéphanie comme celui de leurs autres «s urs» est loin d’être simple, avouent-elles. «Nous sommes souvent traitées de Guenguerou, qui signifie albinos, mais aussi déchets/chose», murmure Ruth.

«Quand j’entends ça, j’ai très mal», surenchérit Ange Djougo, un autre membre de l’association camerounaise, rencontrée par Anadolu.

«Avant, j’avais même honte de sortir de chez moi, tant on me regardait avec mépris. Je passais mes journées à pleurer. Mais tout cela, c’est terminé désormais. Grâce à l’AFAC j’ai réussi à m’accepter et même à devenir fière de ce que Dieu m’a donné», dit-elle.

Regroupées au sein de l’Association des femmes albinos du Cameroun, ces «blanches» malgré elles, se réunissent, une à deux fois par mois, pour se donner du courage, apprendre à se sentir «belles et fières» et bénéficier de conseil d’ordre médical.

«L’albinos, à la différence du Noir, ne doit pas s’exposer au soleil, sinon il contracte des maladies de la peau qui peuvent, dans de nombreux cas, se transformer en cancer», explique Marie Madeleine Waffo.

«D’ailleurs, nous avons déjà sept cas recensés et nous manquons d’argent pour les soigner. C’est pourquoi, pour prévenir de cette situation, nous échangeons des astuces qui permettent de bien protéger la peau du soleil», dit-elle.

A l’occasion de la journée mondiale des albinos qui se célèbre chaque 13 juin, l’association AFAC organise une série d’activités parmi lesquelles l’élection Miss et Misters albinos du Cameroun : une première!

«Il n’y a jamais eu de candidats albinos lors des élections de Miss Cameroun. Nous voulons montrer que la femme albinos est très belle et peut concurrencer les autres. J’espère que ce sera l’occasion de sensibiliser des âmes de bonne volonté qui pourront, par la suite nous aider à construire au Cameroun, un centre d’accueil pour les albinos où, ceux et celles abandonnés ou en difficulté pourront venir y apprendre un métier ou simplement y rester», déclare Marie Madeleine Waffo qui espère que le gouvernement entendra également son «cri».

Car, si la loi camerounaise protège les albinos, et qu’ils ne peuvent subir les atrocités vécus par les albinos de Tanzanie ou du Malawi (victimes de meurtres rituels et dont les organes sont utilisés dans des pratiques magiques) ils n’en demeurent pas moins en marge de la société.

Du haut de ses 8 ans, Karina, espère, quant à elle, faire partie du changement. «Maman m’a dit que j’étais une belle blanche et que mes camarades qui se moquent de moi sont de méchantes petites filles mal élevées et jalouses. Moi, je veux me battre pour devenir ministre et prouver aux autres que les albinos sont très intelligentes».

Des membres de l’Association des femmes albinos du Cameroun (AFAC)
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Cameroun: les Bororos, entre sédentarisation et recherche du bien-être

Ce groupe ethnique unique fait partie des minorités. Le fossé infrastructurel entre ces nomades et les populations d’accueil est très grand et frise parfois la marginalisation et la négligence

Les Bororos au Cameroun constituent un grand groupe ethnique unique qui parle la même langue et qui fait partie des groupes dits des minorités : venus du Nord Cameroun et disséminés dans les régions du Nord-Ouest, de l’Ouest et de l’Est. Dans ces localités, ils sont régulièrement sujets aux violations de leurs droits. Venus des régions septentrionales du Cameroun depuis des décennies, ils se sont établis dans plusieurs régions du pays où ils ont trouvé des pâturages disponibles pour leurs cheptels. La cohabitation avec les populations d’accueil a toujours été pacifique jusqu’ici en dépit d’actes de persécutions à l’instar de ceux observés il y a quelques années dans le département du Ndé, région de l’Ouest Cameroun.

Abusés
Mais en visitant les communautés des Bororos, on se rend compte que ceux-ci n’ont pas toujours accès aux services et infrastructures de développement essentiels à leur épanouissement. En nous rendant dans la communauté Bororos de Binjeng dans le département de Donga Mantung, on a pu voir que ces derniers n’ont par exemple pas accès à l’eau potable. Les ruisseaux, les rivières et nappes d’eau sont leurs principaux points de ravitaillement en eau potable. Le relief est favorable à l’aménagement de points d’eau « On peut pourtant construire un bac de récupération sur ce ruisseau et y installer une pompe refoulante qui pompera l’eau là-haut jusqu’à nos maisons » déclare Ardo Sele, Chef de la communauté Bororos de Binjeng.

Dans leur recherche de vouloir doter leur communauté d’eau potable, ils ont été approchés en 2014 par un homme politique de la localité qui s’était proposé de faire parvenir le précieux liquide dans leur campement en installant une canalisation qui serait branchée sur un réseau d’eau potable existant situé à 5 km. Mais cet ouvrage ne pouvait devenir réalité que si les bénéficiaires mettaient la main à la pâte. C’est ainsi qu’ils ont cotisé la somme de 600 000 FCFA comme l’exigeait leur bienfaiteur mais ce dernier s’est ensuite « évaporé ». Ce qui reste aujourd’hui à Bijeng de ce projet avorté est une tranchée d’une dizaine de mètres linéaires recouverte par des herbes.

Négligés
Le vent a ensuite emporté le toit de l’unique école publique. Faute de moyens pour le réparer eux-mêmes, cette école de deux salles de classe reste toujours sans toit. Les élèves et leurs enseignants scrutent chaque fois le ciel pour voir si le temps sera clément ou pas.

Divisés
Conscients du fait qu’ils doivent prendre des mesures pour sortir de la marginalisation et de l’enclavement, les Bororos avaient créé une solide association pour optimiser leurs droits et promouvoir le développement de leur communauté dénommée Mboscuda. Plusieurs communautés Bororos sont aujourd’hui dotées de forage grâce à cette association qui n’agit qu’avec les moyens dont elle dispose. Cette volonté des Mboscuda à vouloir sortir les Bororos de l’ombre a été perturbée il y a un peu plus d’un an par une autre fraction, une association de défense créée sous l’impulsion d’un richissime homme d’affaires bororos. Les Bororos avaient vu en cette association l’idée de division d’où les grincements de dents de certains qui s’offusquaient du fait qu’on leur demande de donner un b uf pour adhérer à la nouvelle association. Ce critère d’adhésion avait été jugé exagéré par plus d’un.

Pourtant, ce sont des Camerounais à part entière qui contribuent à leur manière au développement de ce pays, à travers leurs activités pastorales. Même si la constitution est claire sur la question des minorités et des autochtones, l »Etat doit assurer « conformément à la loi, la protection des minorités doit préserver les droits des populations autochtones ».


François Tekam)/n

Le Laakam interpelle le président du Sénat sur la marginalisation des bamilékés

Par Sindjoun Pokam et Shanda Tonme

Son Excellence Niat Njifenji Marcel, président du Sénat. Appel du C ur, au nom de nos valeurs et coutumes, et pour la quête d’un traitement équitable de notre Communauté.

Monsieur le président,
Fraternellement, avec tous les égards et les honneurs dus à votre stature politique et institutionnelle, avec l’entière et pleine révérence qu’emporte votre noblesse par nos coutumes, valeurs et traditions bamilékés dont Laakam est, reste et demeure le garant public devant nos ancêtres, devant nos rois, chefs coutumiers et devant nos enfants au nom de la communauté.

Laakam vous félicite pour l’énergie, la détermination et l’engagement que vous avez déployés afin d’amener notre communauté, à se lever fortement pour soutenir notre pays, pour soutenir notre armée, pour manifester notre solidarité envers les frères et s urs de la ligne de front dans le nord. Ce déploiement exceptionnel a démontré à suffire, l’attachement des Bamilékés à un Cameroun paisible, fraternel et uni. Nous avons mobilisé plus d’un milliard de Francs CFA, compte non tenu par ailleurs, de la mise à disposition de nos boutiques et magasins pour rassembler encore plus de dons.

Monsieur le Président,
Laakam vient vers vous, publiquement, non plus à l’oreille discrète et secrète. En effet le temps des faux semblants et des silences coupables est révolu. Nous venons en effet, éveiller votre attention, votre très haute attention, sur la radicalisation de l’exclusion des Bamilékés des nominations et des promotions à des fonctions officielles. Il s’agit d’une politique coordonnée, assumée et réglée comme sur du papier à musique. Tous les Départements ministériels sont concernés. De l’analyse des actes officiels de nomination publiés dans le quotidien Cameroon Tribune en septembre 2015, pour ce seul mois, on découvre la gravité du phénomène. Quatre, cinq, six voire dix départements ministériels peuvent publier des nominations signés tantôt du Chef de l’Etat, tantôt du Premier ministre, et tantôt des Ministres, et vous n’y verrez aucun Bamiléké, et personne n’en n’est gêné. (voir le journal du 21/09/2015)

Laakam vous rappelle à titre d’exemple, qu’il n’y a plus aucun magistrat Bamiléké responsable à la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays.

Laakam reste et demeure une association légaliste, attachée aux valeurs de solidarité, d’unité, de paix et de fraternité qui fondent et soutiennent le socle de la Nation camerounaise, mais elle ne saurait continuer à accepter la tricherie, la moquerie et l’humiliation que constituent ces actes de marginalisation et d’exclusion qui s’étendent jusqu’aux délégations officielles et les missions de représentation du pays à l’étranger à diverses occasions. Aucun peuple, aucune communauté humaine ne saurait l’accepter non plus, et sur une si longue durée.

Laakam vous interpelle afin que vous puissiez, en reprenant votre bâton de pèlerin et votre grande stature de deuxième personnalité de la République, aller dire où cela doit être dit, porter le message à qui de droit et selon les moyens et les voies institutionnelles, au plus haut du pouvoir et de la révérence, pour cette cause noble d’une communauté qui réclame d’être traitée à sa juste contribution et selon ses justes efforts, mérite et compétence dans la construction nationale. Celui qui a eu la sagesse et la force de mobiliser plus d’un milliard, devrait pouvoir déployer le même élan pour obtenir que justice règne et que la paix, la fraternité et la solidarité, signifient aussi respect mutuel et considération appropriée pour ceux dont cet argent représente le travail, l’effort, la sueur et le sacrifice.

Laakam attire la plus haute attention de votre excellence sur les implications de ces pratiques dont un des aspects aujourd’hui, se traduit par la remise en cause coordonnée de nombreux titres fonciers, parce que dit-on ou soutien-t-on, les riches Bamilékés peuvent et devraient payer deux fois le même terrain, le même domaine. C’est ce que produit l’absence de magistrats Bamilékés à des postes de responsabilités dans les Cours et Tribunaux à Douala, Yaoundé, Nkongsamba, et plus haut à la Cour suprême.

Laakam rappelle son attachement à l’entente entre les communautés et à l’expression d’une confiance encore plus forte pour nos institutions du moment, afin que l’ennemi qui cherche à nous fragiliser par des attentats terroristes, barbarement criminels et lâches, ne s’infiltre pas dans nos divisions pour prospérer.

Laakam vous renouvelle sa confiance pour le digne fils, éminent homme politique, ancien ministre, Directeur Général émérite de notre compagnie d’électricité, frère et grand notable de la Cour royale de Banganté que vous êtes.

Laakam vous demande de porter sa voix, la voix de la Communauté auprès de qui de droit, pour lui rappeler notre mécontentement face à ces pratiques de marginalisation qui prive notre administration publique de talents, de valeurs, de cadres pétris de patriotisme et d’instinct de sacrifice pour l’honneur et la dignité de la Nation. Allez et plaidez cette cause, parce que le Chef de l’Etat l’a dit, en terre Bamiléké, en une occasion qui fut unique: «Le Cameroun se fera avec les Bamilékés ou ne se fera pas». Les marginaliser ne peut donc qu’être suicidaire. Les nombreux Conseillers là-haut, les nombreux ministres en bas, le comprennent-ils avec une égale actualité, eux qui sont à l’origine des textes discriminatoires?

Laakam vous exhorte à convoquer toutes les sagesses, élites, cadres et milieux Bamilékés pour solliciter leur apport et conseils pour cette cause. L’argent n’est plus la puissance, si un agent de l’Etat peut de son crayon, décider de son inutilité ou de l’inutilité des biens que la fortune financière génère. Le patrimoine et le travail sont menacés et remis en cause, dès lors qu’un Magistrat peut remettre en cause le titre foncier autrefois sacré et respecté. Allez et portez le message au Groupe du 30 et les autres, aux ministres et hauts commis Bamilékés, afin qu’ils prennent conscience du sort de leurs enfants, et réfléchissent sur les conséquences de leurs frustrations résultant des marginalisations.

Laakam vous exhorte à demeurer loyal malgré tout, car nos traditions sont celles de la vénération des Chefs, et du respect des institutions qui fondent la survie, la prospérité et le bonheur de chaque communauté humaine. Notre fierté est ainsi grande, pour cette démonstration de loyalisme et de solidarité, que magnifie notre forte contribution de plus d’un milliards dont vous avez su être la cheville ouvrière, digne de votre rang, et méritant la confiance du Chef de l’Etat, Président de la République et Chef suprême des armées./.


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Nominations à la Crtv: le Laakam proteste

Par Sindjoun Pokam et Shanda Tonme

L’intégralité de la dénonciation vigoureuse de la marginalisation des Bamilékés dans les nominations aux postes de responsabilité dans les médias publics. Le Laakam interpelle Monsieur Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication.

Laakam a pris connaissance des décisions du dernier conseil d’administration de la Cameroon Radio Television, que vous avez présidé, portant nomination à diverses postes de responsabilités, et rendus public dans le quotidien national, édition du 04 septembre 2015.
A l’analyse de ces nominations, une évidence: la marginalisation ostentatoire, choquante, éprouvante, humiliante et même grossière des Bamilékés. II s’agit somme toute, non plus d’une simple tendance, mais d’une politique radicalement vexatoire étendue à tous les organes de presse publics: parlés, écrits et audio-visuels.

Laakam élève une vive protestation contre cette myopie administrative et managériale proche d’une inacceptable provocation, à un moment où face à un danger externe qui menace l’intégrité territoriale de notre pays, nous avons encore plus besoin que jamais, de cohésion, de solidarité, de rigueur, d’écoute, d’attention et d’union.

Laakam rappelle à la mémoire de votre excellence, avec respect, fraternité et sincère considération, que les Bamilékés ont contribué plus d’un milliard de FCFA (ouest et démembrements) à l’effort de guerre. Des pratiques qui comme les nominations à la CRTV, persistent à les écarter des postes de responsabilité publiques, s’assimilent à un odieux complot contre le Cameroun et une inqualifiable inconscience face aux mutations institutionnelles, sociales et économiques incontournables, inéluctables et irrésistibles qui fondent la marche de l’histoire.

Laakam dénonce en conséquence ces nominations et demande leur annulation pure et simple.
Laakam se souvient, lorsque vous déclariez sur les antennes d’une émission de la télévision privée Canal 2, que «des enseignants d’université vous ont confié que si les examens étaient laissés au seul mérite, les Bamilékés qui sont les plus nombreux, s’accapareraient de tout».

Nous comprenons donc aujourd’hui, que vous avez opté de chasser purement et simplement les Bamilékés de tous les postes de responsabilité, dans le respect de cette logique criminogène contre le mérite et la compétence, et au nom d’une version quasi génocidaire du fameux équilibre régional.

Laakam prends date, et en tirera toutes les conséquences appropriées, d’abord pour le destin de la communauté dont elle défend les intérêts, et ensuite pour l’ensemble national camerounais dont elle entend continuer à promouvoir un bonheur partagé pour tous ses membres sans discrimination aucune.

Laakam vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de sa haute considération./.


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