Le consul honoraire du royaume des Pays†Bas au Cameroun a été débouté du poste de président national de cette organisation de la société civile le 18 avril, après six mois de fonction
Martin Abéga n’est plus le président national de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC), depuis le 18 avril 2015. Celui qui assume par ailleurs la fonction de consul honoraire du royaume des Pays†Bas au Cameroun a été débouté du poste à l’issue d’une session du bureau exécutif de l’Acdic, tenu samedi à Yaoundé.
Bernard Njonga, son prédécesseur à ce poste et qui avait [a2 https://congobusinessworld.com/article.php?aid=18601
démissionné le 13 octobre 2014] pour prendre les rênes du parti politique «Croire au Cameroun», a jugé Martin Abéga «incompétent pour cette fonction». C’est pourtant Bernard Njonga qui avait adoubé sa désignation en octobre de l’année dernière. «Cet homme a été secrétaire exécutif du Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun, ndlr) et on faisait le plaidoyer avec lui au sujet des Ape (Accords de partenariat économique avec l’Union européenne, ndlr). Mais on s’est rendu compte qu’il n’est pas compétent pour cette fonction», estime M. Njonga, cité par Mutations.
On peut subodorer que la méthode Martin Abéga n’a pas convaincu les membres du bureau exécutif de cette organisation de la société civile. Lors de sa désignation, il indiquait qu’il ne serait pas partisan des pancartes et des manifestations, stratégie qui a pourtant fait la force de l’Acdic et sa médiatisation. «Il serait d’ailleurs con de voir un diplomate avec une pancarte dans la rue. Ceux qui savent que je suis diplômé en diplomatie et en stratégie ne le comprendraient pas en tout cas», expliquait-il alors.
Martin Abéga, journaliste et ancien secrétaire exécutif du Gicam, a été remplacé par Marguerite Moutongo, «membre fondatrice» de l’Acdic, comptable de profession.
Et déjà, le nouveau président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) annonce des changements radicaux
L’Acdic des pancartes et des manifestations, c’est fini. Martin Abega, rencontré le samedi 25 octobre 2014 à son hôtel après son élection comme président de cette association, s’est voulu clair: «ces méthodes sont moyenâgeuses et contre productives dans notre environnement». Et ce n’est pas son prédécesseur qui le démentirait.
Dans sa lettre de démission de la présidence de l’Acdic signée le 13 octobre 2014, Bernard Njonga, qui a forgé le manteau d’activiste de cette organisation, a en effet expliqué en avoir eu marre de jouer au «guignol», au «chien qui aboie la caravane passe». «Il serait d’ailleurs con de voir un diplomate avec une pancarte dans la rue. Ceux qui savent que je suis diplômé en diplomatie et en stratégie ne le comprendraient pas en tout cas» lance un brin provocateur le nouveau président de l’Acdic et par ailleurs consul honoraire du royaume des Pays†Bas à Yaoundé depuis 2014.
En fait, comme il l’avoue lui-même, son statut de diplomate, de chef d’entreprise, d’ancien secrétaire exécutif du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), la plus grosse organisation patronale du pays, d’ancien journaliste. lui ouvre des portes à des niveaux très élevés qu’il n’a pas besoin de descendre dans la rue pour défendre les intérêts collectifs. «Nous allons travailler comme nous l’avons fait au Gicam. uvrer pacifiquement, sereinement, dans le dialogue à l’atteinte des résultats. (.) L’administration camerounaise n’est pas un ennemi, nous allons démontrer que c’est un partenaire avec qui on a toujours des résultats».
Gouvernance
Pour imprimer sa marque, l’homme tient même déjà une liste d’actions à mener, fruit des multiples séances de travail formelles et informelle engagées après son élection. En tête de liste, la résolution de la crise de gouvernance que traverse l’Acdic. Selon des témoignages internes que nous avons recueillis, «Bernard Njonga faisait ce qu’il voulait quand il voulait comme il voulait. Il ne rendait compte ni n’écoutait personne». Une attitude qui a fâché l’association avec nombre de ses bailleurs, réduisant sa surface financière.
Sur cinq bailleurs qui finançaient l’organisation en 2011, il n’est resté qu’un seul aujourd’hui. Ce style managérial a également fait perdre à l’Acdic nombre de ses substances grises. Ce qui a rendu l’association moribonde ces dernières années. On peut citer à titre d’illustration, la démission en 2011 du premier secrétaire permanant de l’Acdic, Jacob Kotcho; le départ de la majorité des cadres du secrétariat permanent. Ces départs ont touché même les instances statutaires de l’organisation, en l’occurrence le bureau exécutif. Cette instance a en effet connu le retrait de certains de ses piliers à l’instar du Pr Athanase Bopda et de Fabien Baleguel Nkot, tous deux membres fondateurs de l’Acdic.
Les bureaux régionaux n’ont pas été épargnés par la vague de démobilisation. A ce jour, pratiquement aucun n’est fonctionnel. «Je vais travailler avec mon vice-président.avec ma base. Cette association compte plus de dix mille membres. Il est important qu’on tienne compte de ce qu’ils veulent», martèle à dessein Martin Abega, qui connait bien la maison pour y être entré en 2007.
Et pour bien afficher la rupture d’avec l’ancien système, c’est lui qui a accueilli son vice†président lors de la réunion qui a suivi son élection et lui a laissé le privilège de la conclure. Autre challenge, veiller à ce que l’Acdic qui est «une association citoyenne» le reste. Un message à destination du président de Croire au Cameroun (Crac). Bernard Njonga, dans la stratégie de développement de son parti politique, comptait en effet s’appuyer sur l’Acdic. Martin Abega promet d’ailleurs de bien analyser chaque mot qui sortira de bouche de Bernard Njonga ce mardi lors de la conférence de presse de présentation de son parti et au besoin, de clarifier tout amalgame.
Martin Abéga (à droite) et Bernard Njonga (g)Intégration)/n