Reconnaissance: Aimé Césaire entre au Panthéon

Un hommage national est rendu ce mercredi 06 avril 2011 au poète et homme politique martiniquais décédé en 2008

Aimé Césaire (1913-2008), poète et dramaturge martiniquais, chantre de la négritude et penseur de la décolonisation, fait ce mercredi 6 avril 2011 son entrée dans la nécropole. L’homme ne goûtait guère les honneurs, mais sans doute aurait-il apprécié la compagnie posthume de Hugo, Zola et de tant de grands hommes ayant partagé son combat pour l’égalité et la justice, par l’écriture et l’action politique. En son c ur ardent, le concept de la négritude est défini par Césaire comme l’affirmation de nous-mêmes, le retour à notre propre identité, la découverte de notre propre « moi ». Ce n’était pas du tout une théorie raciste renversée, prendra-t-il soin de préciser. Pour celui qui fut aussi maire de Fort-de-France jusqu’en 2001, député de gauche (communiste puis socialiste) de 1946 à 1993, cet hommage marque une étape, car elle s’inscrit dans tout un mouvement de mémoire sociale de la colonisation et de l’esclavage qui émerge depuis plusieurs années

Au XVIIIe siècle, à l’origine de cette nécropole qui, à travers les siècles, a accueilli les plus grands pour la postérité, il s’agissait d’un édifice construit pour recevoir les reliques de sainte Geneviève. Mais en 1971, à la mort de Mirabeau, l’idée d’en faire un monument pour l’histoire de la France et ceux qui l’ont marquée est née. Une telle pratique était déjà en place en Grande-Bretagne où les tombes des grands personnages étaient réunies à Westminster. Aujourd’hui, on compte 71 tombes ou urnes funéraires de personnalités au Panthéon. Petit détail au passage, non sans importance, une seule femme (Marie Curie) fait partie des personnalités honorées.

L’hommage rendu aux personnalités de la Nation ne se traduit pas nécessairement par le transfert du corps du défunt au Panthéon. On trouve au Panthéon les noms de personnalités tels que des écrivains et soldats morts pour la France, inscrits sur des plaques. Dans le cas d’Aimé Césaire, c’est une gigantesque fresque, composée de portraits évocateurs de quatre périodes de la vie du poète, qui sera installée au c ur de la nef. Le corps du grand poète et homme politique martiniquais décédé en 2008, restera, conformément à sa volonté, en Martinique aux Antilles. Notre père est bien à sa place, entre ces deux grandes figures, estime Michèle Césaire, l’une de ses filles. Pour Jacques Césaire, son fils aîné, le plus bel hommage reste toutefois que son uvre soit publiée et diffusée, lue et relue dans les écoles. La cérémonie sera diffusée en direct depuis deux écrans situés place du Panthéon. Elle sera aussi diffusée en direct sur France O et France 2. L’accès au Panthéon sera gratuit jusqu’à dimanche inclus.

La présence de collégiens et de lycéens de la Martinique et de tous les collèges et lycées français portant le nom d’Aimé Césaire, lors de la cérémonie, témoigne de ce souci de la jeunesse, chère à celui qui fut enseignant au lycée de Fort-de-France, avant de devenir pour beaucoup un maître en émancipation. Cette entrée au Panthéon devrait contribuer à faire connaître les écrits flamboyants inscrits au programme du baccalauréat depuis 1994. Poésie, théâtre, mais aussi essais (dont Cahier d’un retour au pays natal, La Tragédie du roi Christophe ou le Discours sur le colonialisme), qui ont fait du petit écolier de Basse-Pointe, arrière-petit-fils d’un esclave issu d’un milieu agricole modeste, la figure tutélaire d’une littérature antillaise humaniste, revendiquant ses racines comme son ouverture au vaste monde. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante! Brave, Aimé CÉSAIRE l’était. C’est donc à juste titre que sa mémoire est honorée ce 6 avril 2011, trois ans après sa mort. Une belle épitaphe en somme !

Aimé Césaire en interview
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