Entre déni, contre-vérités et fausses informations, le ministre de la Communication du Cameroun se défend d’avoir voulu désinformer l’opinion au lendemain d’un raid de l’armée qui a fait une dizaine de victimes civiles.
Sur la sellette après avoir été contredit par les conclusions du rapport d’enquête sur les évènements de Ngarbuh, région du Nord-ouest du Cameroun, René Emmanuel Sadi a essayé d’expliquer sa sortie manquée.
Dans une communication – du 28 avril à Yaoundé – où il garde le ton haut face à une opinion qui l’accuse d’avoir tenté de dissimuler la vérité sur ce massacre, le ministre de la Communication du Cameroun se dresse contre ces « voix » qui ont dénoncé « des mensonges proférés naguère par le gouvernement au sujet desdits événements ».
A ces « pourfendeurs d’obédiences diverses et qui sont toujours les mêmes » le ministre Sadi répond qu’il n’y a eu aucune intention de désinformer sur le massacre de Ngarbuh.
Il se justifie : « lorsque le Gouvernement s’exprime sur des sujets brûlants d’actualité, il le fait toujours de bonne foi, jamais dans le but de désinformer ou de travestir les faits, mais, bien au contraire, dans le souci de livrer au public, et en toute transparence, la bonne information ».
Pour ce diplomate de formation, « au Cameroun comme ailleurs sans doute, les informations sont recueillies auprès de sources qui bénéficient de la meilleure présomption de fiabilité, elles sont ensuite recoupées, avant d’être rendues publiques, afin de limiter autant que possible les marges d’erreurs susceptibles de les altérer ».
Pourtant, quatre jours après que des lanceurs d’alerte ont révélé que l’armée avait délibérément tué plusieurs civils dans une opération punitive pour leur soutien aux séparatistes, le ministre de la communication avait « dénoncé ces allégations mensongères et outrancières » et avait prétendu « restituer les faits ».
Faits sous la forme d’une opération militaire contre un camp de « terroristes » qui avait fait cinq victimes, femme et enfants, du fait d’un incendie déclenché par les combats entre l’armée et les séparatistes.
Non seulement les conclusions du rapport trouvent une dizaine de morts civils, mais il confirme l’acte délibéré des soldats.
Mais pour René Emmanuel Sadi qui est loin de faire amende honorable, « la Commission d’Enquête Mixte ne dit pas le contraire de ce qu’affirmait le Gouvernement le 18 février 2020, à savoir, pour l’essentiel », à savoir : « à aucun moment, le gouvernement n’a occulté le fait qu’il y ait eu des morts parmi les civils ».