Cameroun : Tranches de vie de jeunes réfugiés centrafricains du camp de Mbilé

Loin de leur pays la Centrafrique, ces adolescents s’accrochent à leur « rêve » pour surmonter les difficultés du quotidien

Vêtu d’un ensemble confectionné à l’aide du pagne, coiffé d’un foulard couvrant complètement sa tête, Sadiya, ne passe pas inaperçu. L’adolescente de 12 ans est une réfugiée centrafricaine arrivée à Mbilé dans la région de l’Est Cameroun en 2014. Elève au Cours élémentaire deux (CE2), elle veut devenir enseignante plus tard. Même s’il lui est encore difficile de s’exprimer correctement en français, la petite Sadiya garde l’espoir de réaliser son rêve. L’enseignement n’est pas la seule chose qu’elle souhaite faire dans sa vie, elle a l’intention de retourner un jour en Centrafrique.

Comme Sadiya, Moctar Aboubakar sait qu’il rentrera dans son pays, la Centrafrique, pour ouvrir son atelier de couture. A 15 ans, il est au CM2. C’est le quatrième d’une fratrie de 12 enfants. Son père a deux femmes, tous sont des réfugiés de la République centrafricaine vivant dans le camp de Mbilé. Outre l’école, cet adolescent apprend un peu de couture chez un compatriote. Il n’y a rien d’anormal chez lui quand on le regarde, pourtant il souffre à cause de douleurs aux pieds. Impossible de savoir la cause exacte de ce mal. Ses parents n’ont pas les moyens pour l’amener voir un spécialiste. Moctar se contente de quelques calmants pour soulager sa douleur.

Un autre adolescent, plus âgé que Moctar, sourit. Cela fait seulement un mois qu’il est venu au Cameroun en tant que réfugié. Il s’appelle aussi Aboubakar, et fait la classe du CM2, ce n’est qu’une coïncidence. Lui n’a pas de rêve « Je ferais ce que le Seigneur mettra à ma disposition, je suis habile à tout faire et j’apprends vite », certifie Aboubakar. Lui, par contre, ne veut plus retourner dans son pays. Il se plait au Cameroun.

S’ils ont un point commun en dehors du fait qu’ils soient tous les trois les réfugiés centrafricains, ils aiment l’école. Dans le camp des réfugiés de Mbilé, les enfants vont à l’école temporaire d’apprentissage pour une remise à niveau dès leur arrivée, et sont plus tard transférés dans les écoles publiques du village.

Sadiya est la première de sa classe, et Moctar lui a obtenu 12 de moyenne. « Au Cameroun, même lorsqu’un enfant ne va pas à l’école, il parvient à s’exprimer en français ce qui est différent en Centrafrique », atteste le jeune Moctar.

Ces trois jeunes réfugiés,  ont tout de même remarqués que les cours ne sont plus assez bien dispensés à l’école temporaire d’apprentissage. Soucieux de leur avenir, ils se demandent ce qui explique ce changement et espèrent que tout rentrera dans l’ordre.

 

Mbilé : Plus de 11 mille réfugiés Centrafricains cohabitent avec les populations locales (Est-Cameroun)

Pour atténuer les tensions entre les communautés, environ 1500 personnes de ce village ont bénéficié d’une formation dans la fabrication et l’utilisation  des foyers améliorés et briquettes.

Pour se rendre à Mbilé, il faut parcourir 66 kilomètres quittant de Batouri. Une route non bitumée, des nids de poule, avec une fréquentation irrégulière des véhicules. Pour apercevoir des logements, il faut traverser une vaste forêt. Celles-ci sont toutes construites soit en terre, soit en paille. Après 2h de route, nous sommes à Mbilé, un petit village du département de la Kadey dans la région de l’Est Cameroun. Ici, cohabitent réfugiés centrafricains et populations locales.

Le camp des réfugiés de Mbilé a été aménagé le 21 avril 2014, et s’étend sur une superficie de 42 hectares subdivisés en trois secteurs. Le premier secteur compte sept blocs, le deuxième dix et le dernier quatre blocs (21 blocs au total). Selon le camp manager, ce sont plus de 11 mille réfugiés pour plus de 3 mille ménages qui y vivent avec un taux de 90% de peuls (peuple qu’on retrouve dans le grand Nord du Cameroun).

Pour faire régner la cohésion entre Camerounais et Centrafricains contraints de vivre ensemble, l’Union européenne a initié le projet Bêkou. Exécuté par la Deutsch Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), ce projet vient non seulement limiter les tensions qui existent entre les réfugiés centrafricains et les populations locales. Mais aussi diminuer les conséquences de la déforestation.

C’est dans cette optique que ces « colocataires » du village Mbilé ont bénéficié d’une formation dans la fabrication et l’utilisation des foyers améliorés, réalisés à base de terre. Les fabricants n’ont besoin que de leurs mains pour donner une forme à ces foyers. Puis, ils les exposent au soleil pour obtenir le résultat final. « Il faut deux jours pour réaliser un foyer et deux semaines pour qu’il soit prêt à l’utilisation », confie la petite Lisette, riveraine de Mbilé. Des foyers améliorés ne servent qu’à soutenir la marmite, il faut de la flamme pour faire cuire les aliments.

Les populations de Mbilé ont également été édifiées sur la mise en place d‘une filière de production de briquettes de sciure. Il suffit d’associer de l’argile, de la sciure et un peu d’eau, ensuite mettre la composition dans des moules pour qu’ils prennent forme. Retirer le mélange modelé et le mettre sous le soleil, une fois séché les briquettes sont prêtes à l’utilisation.

Les réfugiés du camp de Mbilé ont reçu la visite de l’ambassadeur centrafricain au Cameroun, Martial Beti Marace, mercredi 05 avril 2017. Cette visite était un moyen pour l’ambassadeur de toucher du doigt les réalisations de la GIZ à l’endroit de ses compatriotes au Cameroun à travers le projet Bêkou.

Martial Beti Marace a appelé les réfugiés au respect des lois camerounaises et pour matérialiser cette interpellation, il leur a offert des exemplaires du code pénal du pays hôte. Il a évoqué un possible accord tripartite entre le gouvernement camerounais, l’UNHCR et le gouvernement pour un retour « volontaire » des réfugiés en République centrafricaine. Ce n’était pas un monologue mais un moment d’échange entre Martial Beti Marace et ses compatriotes réfugiés au Cameroun.

Plus le temps passe, plus l’harmonie s’y installe et l’on assiste à des mariages entre ces populations de différentes origines désormais unies.

Le Croissant-rouge turc s’implique dans la gestion des réfugiés centrafricains

Une mission de l’organisation humanitaire s’est installée dans les camps de Mbile et Iolo, à l’Est du Cameroun, qui abritent des milliers de réfugiés

Une mission de secours du Croissant-Rouge Turc s’est installée vendredi, 08 août 2014, sur les sites de Mbile et IOLO dans l’arrondissement de Kentzou, chef-lieu du district de la Bombé, dans le département de la Kadey, à l’Est du pays, à la frontière entre le Cameroun et la Centrafrique pour une action en faveur des réfugiés centrafricains.

«Des milliers de réfugiés centrafricains, pour la plupart musulmans, installés dans les sites de Mbile et iolo ,fuient les anti-Balaka et arrivent chaque jour au Cameroun. Ils sont si nombreux (plus de 9000 au total sur le site de Mbile) que les ressources à disposition du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés, de Plan International, de l’UNICEF, OMS. sont insuffisantes. C’est pourquoi cette action de secours sera reprise sur place par le Croissant-Rouge Turc pour les Réfugiés avec le concours des autres partenaires», a indiqué au correspondant de l’Agence Anadolu, Gokhan Dudu, responsable des programmes internationaux du Croissant-Rouge Turc. Sur place à Mbile, le Croissant-Rouge Turc a installé une tente qui «servira à un centre d’accueil et de prise en charge sanitaire des réfugiés»; a expliqué Gokhan Dudu.

Le Croissant-Rouge Turc entend, par la même occasion, inviter les réfugiés centrafricains installés ici, «à un échange de vues sur des programmes de réinstallation et du cas particulier des personnes atteintes du sida» a souligné le Responsable des programmes internationaux du Croissant-Rouge Turc.

Dans l’arrondissement de kentzou,deux sites ont été créés:IOLO et Mbile qui comptent déjà près de 20 000 réfugiés. «Les données varient au jour le jour», a indiqué à l’Agence Anadolu ; un haut cadre de la Direction de la protection civile au Ministère Camerounais de l’Administration Territoriale et de la décentralisation(Minatd).

Fuyant les violences inter-communautaires dans lesquels a sombré leur pays depuis plus d’une année, des centaines de milliers de Centrafricains ont trouvé refuge dans les pays limitrophes.


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