Cameroun-éducation : la crise anglophone met 700 000 enfants en difficulté

Le chiffre a été évoqué lors de la célébration de la journée mondiale de l’éducation qui s’est déroulée hier 24 janvier 2023.

«Depuis 2017, l’éducation de 700 000 enfants dans les deux régions anglophones du Cameroun a été perturbée par les insurgés séparatistes et les militaires. Les leaders séparatistes ont sans cesse ordonné la fermeture de nombreuses écoles dans ces deux régions, en particulier le lundi, qui est jusqu’à présent considéré comme une ville fantôme et mortelle. Malheureusement, ceux qui souffrent le plus sont les enfants et les jeunes qui paient le prix fort en sacrifiant leur avenir», indique un communiqué de l’International Crisis Unit Group.

Médiation du Canada?

Trois jours après que la ministre canadienne des affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé que son pays avait obtenu l’accord du gouvernement camerounais et des séparatistes pour aider à trouver une solution de sortie de crise au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, , le ministre camerounais de la communication a publié en fin de journée du lundi 23 janvier 2023, un communiqué pour informer l’opinion publique «  qu’il n’a confié à aucun pays ou entité extérieurs, un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».

le Canada a réagi. « Nous sommes en contact avec les parties et notre déclaration précédente tient toujours. Des représentants du gouvernement camerounais avaient assisté à toutes les réunions précédentes au Canada qui ont mené à l’accord » a déclaré Adrien Blanchard, attaché de presse de Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères.

Il s’agit en réalité d’un conflit qui perdure depuis 2017 et qui a déjà fait près de 6000 victimes ainsi que quelques 800 000 déplacés de guerres.

Médiation : la commission Musongue invitée à l’école de la France

 L’ambassadeur de France a invité la Commission de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme à aller s’imprégner de l’expérience française de la médiation.

La commission nationale de promotion de bilinguisme et du multiculturalisme est invitée en France pour découvrir le système de médiation de ce pays.

La proposition faite le 4 juillet par le chancelier de la France au Cameroun survient près de  deux semaines après une mission de cette Commision en Suisse. Elle y apprenait les pratiques suisses en matière de bilinguisme.

Ce pays avec ses neuf langues que sont l’allemand, le français, l’italien, le romanche, le bavarois, le walser, le franco-provençal, le yiddish et le yeniche, s’était porté volontaire pour accompagner le Cameroun dans ce défi que vient mettre en exergue la crise anglophone.

La mission de la commission Musonge en Suisse figurait au menu des échanges avec le diplomate français.

Celui-ci a fait valoir le fait que la France recourait aux services de médiateurs indépendant à l’échelle nationale. Mais que d’autres médiateurs intervenaient au niveau des régions, départements et communes, pour résoudre les problèmes.

Pour le Cameroun, il s’agit de sortir de l’impasse dans laquelle le pays est tombé en novembre 2016, après une manifestation des avocats anglophones qui réclamaient la prise en compte des deux systèmes juridiques existants au Cameroun. Ces manifestations, violemment réprimées, ont débouché sur une récupération des enseignants anglophones, puis des activistes séparatistes. Depuis, les positions se sont durcies. Le gouvernement arguant que le Cameroun est un et indivisible tarde à ouvrir un dialogue inclusif tel que demandé. Pour lui, pas question de négocier avec des « terroristes ». De l’autre côté, les actions de certains sympathisants de la cause sécessionniste se sont muées en attentats. Populations civiles, militaires et autorités administratives sont leurs cibles au quotidien.

Gambie: l’opération militaire suspendue pour une ultime médiation

Les troupes ouest-africaines ont suspendu leur intervention pour une dernière tentative de médiation avec Yahya Jammeh qui sera menée ce vendredi par le président guinéen Alpha Condé

Une dernière tentative de médiation avec Yahya Jammeh va être menée ce vendredi, a annoncé le président de la Commission de la Cédéao Marcel Alain de Souza lors d’une conférence de presse à Dakar. «Le professeur Alpha Condé de la Guinée a été sollicité en dernier ressort pour faire encore un geste. Il se rendra en Gambie, accompagné d’une mission de la Cédéao et des Nations unies.»

Après son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, c’est donc cette fois le président guinéen qui va tenter de convaincre Yahya Jammeh de quitter le pouvoir. «Si à midi, il n’accepte pas de quitter le pays sous la bannière du professeur Alpha Condé, a prévenu Marcel Alain de Souza, les troupes vont passer à l’intervention militaire proprement dite.»

«L’objectif est de le déloger», a rappelé le président de la Commission de la Cédéao, insitant néanmoins sur l’importance de «privilégier le dialogue jusqu’au dernier moment, avant qu’en dernier ressort, l’opération militaire ne commence.»

Positionnées le long de la frontière depuis la veille, les troupes ouest-africaines sont entrées en Gambie dans l’après-midi ce jeudi. «Il y a un contingent du Nigeria avec des moyens terrestres, navals et aériens, un contingent sénégalais, un contingent ghanéen, un contingent togolais, malien, et des personnels de l’état-major de la force en attente de la Cédéao», a détaillé à RFI le porte-parole de l’armée sénégalaise, le colonel Abdoul Ndiaye.

Le Conseil de sécurité des Nations unies venait à l’unanimité d’accorder son soutien aux initiatives menées par la Cédéao pour obliger Yahya Jammeh, dont le mandat était officiellement terminé depuis mercredi minuit, à quitter le pouvoir. Et côté gambien, le chef d’état-major s’est officiellement désolidarisé du camp présidentiel. le général Ousmane Badjie a déjà prévenu qu’il n’entraînerait pas ses hommes dans un «combat stupide».

Heurts en Casamance
Coïncidence ou pas, des heurts ont été signalés vers Diaboudior et Toukara, près de la frontière sud de la Gambie, au moment même où le commandement de la force d’attente de la Cédéao a annoncé la présence de ses hommes sur le sol gambien. Ces affrontements ont opposé un détachement de l’armée sénégalaise et des éléments des forces démocratiques de Casamance (MFDC), alliées au président Jammeh.

L’opération militaire ouest-africaine a été lancée alors qu’à Dakar, le président élu Adama Barrow a prêté serment depuis l’ambassade de Gambie au Sénégal. Dans sa première allocution, il a prôné le rassemblement et promis que son pays allait rejoindre le concert des démocraties. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres l’a appelé un peu plus tard pour lui signifier son soutien.

Joie à Banjul
L’investiture d’Adama Barrow a été accueillie par des scènes de liesse. A Dakar, mais aussi à Banjul, où des groupes de manifestants sont descendus dans les rues pour laisser éclater leur joie, sans que les militaires positionnés dans la ville n’interviennent. «J’ai regardé l’investiture à la télé et j’ai été aussitôt dans la rue pour laisser éclater ma joie. Les gens étaient joyeux et sortaient dans la rue pour le montrer après qu’il ait prêté serment comme nouveau président de la Gambie», témoigne Daniel, un habitant de la capitale gambienne.

A l’heure actuelle, «La plupart des gens sont rentrés chez eux maintenant… Banjul est calme et sereine», rapporte Daniel, un habitant de la capitale. Les célébrations improvisées sont terminées, mais il y a encore «une sorte de gaité», confie-t-il. «Moi je suis heureux, je suis content, je suis excité parce que c’est une nouvelle Gambie désormais. Tout va changer.»

Des Gambiens célèbrent l’investiture d’Adama Barrow dans les rues de Banjul, le 19 janvier 2017
AFP)/n

Crise burundaise: pas de reprise des discussions à Arusha ce mercredi

Bujumbura a réitéré mardi son refus de participer à cette réunion

La reprise des discussions entre le pouvoir et l’opposition burundaise n’aura pas lieu ce mercredi 6 janvier à Arusha. C’est pourtant la date qu’avait fixée la médiation ougandaise à Entebbe le 28 décembre dernier. Sans surprise, Bujumbura a réitéré mardi son refus de participer à cette réunion. Ce que déplore le Cnared, plateforme qui réunit les principaux partis d’opposition en exil. Déjà reporté en juillet en raison d’une élection présidentielle contestée, timidement relancé fin décembre en Ouganda, le dialogue semble au point mort.

Aucune nouvelle date n’est fixée. Mais les pourparlers visant à dénouer la crise que traverse le Burundi ne reprendront pas comme prévu ce mercredi à Arusha, lieu symbolique car c’est dans cette ville du nord de la Tanzanie qu’a été signé l’accord mettant fin à une décennie de guerre civile. « Il n’y aura pas de dialogue demain ! Le gouvernement du Burundi a écrit le 30 décembre à la facilitation ougandaise pour lui demander un report de ce dialogue à la date du 15 janvier, on attend sa réponse », a expliqué un haut cadre de la présidence burundaise.

Problème de date ?
Le Premier ministre ougandais, Ruhakana Rugunda, a réagi avec prudence, assurant qu’il fallait suffisamment de préparation pour que les discussions aient lieu. « Tout d’abord, il faut dire que le président la semaine dernière a ouvert les discussions de paix pour le Burundi dans le cadre du mandat qui lui a été donné par ses collègues, les présidents de l’Afrique de l’Est. Nous sommes heureux que les principales parties aient été présentes, dont nos amis européens et américains. Nous sommes tombés d’accord sur le principe qu’il y aurait une reprise des discussions à Arusha le 6, mais cela est dépendant du travail de préparation, d’un travail suffisant. Donc si le travail préparatoire n’est pas suffisamment réalisé, il ne devrait pas être automatique qu’il y ait à nouveau une réunion le 6 à Arusha. C’est beaucoup plus important de s’assurer qu’il y ait eu suffisamment de travail de fond pour préparer une reprise réussie des discussions sur le Burundi », a-t-il affirmé.

Immédiatement après la rencontre d’Entebbe le 28 décembre dernier, Bujumbura avait annoncé son refus de participer à l’étape suivante proposée pour le 6 janvier à Arusha. Cette date ne fait pas consensus, a répété mardi la présidence.

Jérémie Minani travaille à la communication du Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration d’un Etat de droit (Cnared), la plateforme qui réunit les principaux partis d’opposition. Il se dit profondément déçu et dénonce une man uvre pour gagner du temps. « C’est tout simplement une façon de tromper l’opinion nationale et internationale, avance-t-il. Le gouvernement de Bujumbura ne veut tout simplement pas de négociations. Le problème du consensus sur la date est tout simplement un prétexte. »

Positions inconciliables
S’agit-il d’un simple report ? En tout cas, Bujumbura refuse tout dialogue incluant le Cnared. Il accuse ses membres d’avoir participé à la tentative de putsch en mai dernier.

Côté opposants, la ligne rouge, c’est le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. « Nous acceptons les négociations sans condition. Toutes les questions seront discutées, mais ce que le Cnared n’acceptera jamais, c’est un accord qui permettrait à Pierre Nkurunziza de continuer à gouverner le pays au-delà de ses deux mandats présidentiels », rappelle-t-il.

Les positions restent inconciliables et la balle est dans le camp des médiateurs pour proposer une nouvelle échéance. Depuis décembre, ni l’Union africaine qui souhaitait envoyer une mission de maintien de la paix, ni l’Ouganda n’ont fait entendre leur voix.

Arusha est un lieu symbolique puisque c’est dans cette ville de Tanzanie qu’a été signé l’accord de paix mettant fin à dix ans de guerre civile.
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