Cameroun : menace d’une maladie bovine déjà présente à nos frontières

Depuis quelques semaines, la maladie bovine «Anthrax» s’est déclarée au Nigeria. Face à cette zoonose qui s’attaque au bétail, le ministre en charge de l’Elevage sensibilise.

Le charbon (anthrax) est une maladie importante chez l’animal domestique et est observée chez la chèvre, les bovins, le mouton et le cheval. Le charbon (anthrax) existe également chez les animaux sauvages tels que l’hippopotame, l’éléphant et le buffle. Face à cette maladie bovine qui fait des ravages chez un grand voisin du Cameroun, le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales, (Minepia) recommande aux gouverneurs des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest frontalière au Nigéria de renforcer les contrôles des mouvements du bétail aux frontières afin d’éviter l’importation de la maladie. A en croire DataCameroon, il est important de souligner, que les trois régions septentrionales, frontalières à ce pays comptent 83%, soit les ¾ du cheptel national.

En 2017, le Cameroun a été confronté à une menace de l’Anthrax. L’alerte était partie de la région du Nord-Ouest où 25 personnes exposées avaient été prises en charge.   « Avoir cette maladie tout proche de nos frontières doit nous mettre en alerte car elle peut si rien n’est fait décimer notre bétail », confie une source au Minepia. « Encore appelée maladie du charbon, l’Anthrax peut être mortelle. Souvenez-vous qu’elle a tué plus de 15.000 personnes en 1770 à Saint-Domingue, l’actuel Haïti. Cette maladie était partie de l’anthrax intestinal causé par du bœuf non cuit », explique le Dr Marcel Biakolo, vétérinaire.

Ce spécialiste de la santé animale renseigne que cette maladie est causée par une bactérie, le Bacillus Anthracis qui vit dans le sol. Très résistante du fait qu’elle peut rester en vie sous forme de spores qui peuvent être ramenées à la surface sous l’effet de la pluie ou des activités champêtres, elle impose l’abattage des bêtes contaminées.  « Le pire survient donc lorsque ces spores sont consommées par les animaux », ponctue le vétérinaire.

Selon le Dr Marcel Biakolo, « L’anthrax ne se contamine pas d’une personne infectée à une autre. Toutefois, elle peut se contracter si une personne saine entre en contact avec des animaux ou des produits contaminés. C’est une maladie qui infecte le plus souvent les vétérinaires, les agriculteurs, les éleveurs et même les bouchers. Pour plus de sécurité, il est recommandé de consommer de la viande de bœuf bien cuite ».

Il existe, explique le vétérinaire, différents types d’anthrax en fonction du mode de contagion. On a ainsi, l’anthrax cutané, l’anthrax par inhalation ; l’anthrax gastro-intestinal et l’anthrax par injection.  « En l’absence de traitement, plus de la moitié des patients atteints de la maladie du charbon meurent.  La maladie se soigne à l’antibiotique et étant donné qu’elle est méconnue, il est opportun de renforcer les sensibilisations des populations sur son existence », recommande le vétérinaire.

Cameroun–Rupture de contrat : Le Coq sportif menace de traîner la Fécafoot en justice

La firme française dont le contrat avec la Fecafoot vient d’être résilié menace de traîner l’instance dirigée par Samuel Eto’o devant la justice.

L’affaire Fécafoot –Le Coq sportif est loin d’être terminée. Le nouveau rebondissement laisse planer le chantage de l’équipementier français. Dans un communiqué en date du 11 juillet, Le Coq Sportif s’est adressé à nouveau à la Fécafoot. L’équipementier français qui habille les Lions indomptables depuis janvier 2020 invite Samuel Eto’o à reconsidérer sa décision de résilier unilatéralement le contrat le liant à la Fecafoot. Le Coq Sportif dit multiplier ses démarches pour prendre contact avec le patron de la Fédération afin de régler le différend à l’amiable.

« Comme d’ores et déjà évoqué, nous vous rappelons une nouvelle fois que nous n’avons manqué à aucun des engagements qui nous incombent en qualité d’équipementier de la Fécafoot depuis plus de trois ans et que, sauf à ce que cette manœuvre ait pour but de vous engager à moindre frais avec un équipementier concurrent à quelques mois de la Coupe du

Monde de Football 2022 (ce que votre appel d’offre du 06 juillet dernier laisse à penser), absolument rien ne justifiait cette résiliation, d’autant plus que la Fécafoot n’est, à ce jour, détentrice d’aucune créance à notre encontre.

Nous souhaitons donc, une dernière fois, vous inviter, Monsieur le Président, à revoir votre position, afin de nous permettre de poursuivre sereinement la préparation des commandes de répliquas d’ores et déjà engagée pour votre fédération.

 A défaut, nous vous informons que nous avons d’ores et déjà mandaté notre Conseil habituel, afin d’engager toutes les procédures judiciaires nous permettant d’obtenir réparation du préjudice subi, ce qui malheureusement aura des conséquences importantes pour la Fecafoot.

 En ce sens, nous attirons, en outre, votre attention sur le fait que, dans l’hypothèse où tout tiers et notamment tout équipementier, viendrait à porter atteinte aux droits dont nous sommes titulaires, nous ne manquerons pas d’engager immédiatement toute procédure judiciaire appropriée à son encontre.

 Les instances dirigeantes du football lisent la présente en copie. Nous espérons vivement que vous saisirez cette ultime main tendue. Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées »

Aux dernières nouvelles, Yannick Noah, l’ambassadeur à vie de cette firme française, qui a grandement influencé la venue de Le Coq sportif à la Fécafoot, aidant ainsi son ami d’enfance Seydou Mbombo Njoya, se serait rendu à la présidence de République ces derniers jours, pour essayer d’influencer la décision prise par Samuel Eto’o. Pourra –t-on seulement savoir un jour les clauses de ce contrat qui a été signé dans une opacité totale ? Affaire à suivre.

Guerre en Ukraine et menace de pénurie de pain en Afrique

Le réchauffement climatique, la crise du coronavirus, et maintenant la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sont autant d’opportunités qui devraient permettre une véritable prise de conscience pour que les africains réduisent leur dépendance alimentaire des importations.

Dans son livre « une brève histoire de l’avenir » publié chez Fayard en 2006, Jacques Attali, ancien conseiller du Président François Mitterrand, écrivait « … Si, une fois l’hyper empire en place, toutes ces sources de conflit se rejoignent un jour en une seule bataille, si tous les acteurs dont il a été question jusqu’ici trouvent quelque intérêt à entrer l’un après l’autre dans un même affrontement, se déclenche alors un hyper conflit… Aucune institution ne serait alors capable de négocier des compromis ni d’enrayer l’engrenage.

Le monde deviendrait un immense champ de bataille où s’entrechoquent nations, peuples, mercenaires, terroristes, pirates, démocraties, dictatures, tribus, mafias, nomades, groupes religieux, se battant les uns pour l’argent, les autres pour la foi, le sol, ou la liberté… L’humanité, qui dispose depuis les années 1960 des moyens nucléaires de se suicider les utilisera. Il n’y aura plus personne pour écrire l’Histoire, qui n’est jamais que la raison du plus fort… ».

Le déclenchement en février 2022 de la guerre entre la Russie 1er exportateur mondial de blé, et l’Ukraine, 4e, est peut-être cet hyper conflit annoncé par Jacques Attali entre 2025 et 2035.

Moins médiatisé que le pétrole, le blé est une matière première stratégique qui de tout temps joue un rôle central dans le quotidien des consommateurs de pain. La demande pour ce produit est mondialisée, tandis que sa production reste localisée dans les territoires qui bénéficient des avantages naturels de la géographie liés aux caractéristiques d’une plante qui s’adapte à des climats variés, même si la préférence va à ceux des régions tempérées où le régime des pluies est régulier.

Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), les importations de blé représentent près de 90 % des échanges entre l’Afrique et la Russie et le tiers du commerce total avec l’Ukraine.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), craint une crise alimentaire dans les régions affectées et alerte aussi contre des risques de famine aggravée dans le monde. Une famine jugée « imminente », en raison de l’interruption de la production et des exportations de céréales russes et ukrainiennes.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 8 à 13 millions de personnes pourraient souffrir de sous-nutrition dans le monde.

Les conséquences néfastes sur le continent africain de la guerre entre la Russie et l’Ukraine est le risque d’un enchaînement de crises alimentaires, sociales, et économiques dans les pays africains.

De nombreux pays africains importent chaque année des tonnes de blé d’Europe principalement de Russie et d’Ukraine, pour nourrir leur population, notamment pour fabriquer du pain et des pâtes. La guerre en Ukraine vient aggraver cette situation de dépendance des pays africains au blé russe et ukrainien ne date pas d’hier.

L’Égypte, où le pain est subventionné, est le principal importateur de céréales en Afrique, avec près de 13 millions de tonnes de blé importés en 2021, dont 85% venaient d’Ukraine ou de Russie. L’Algérie a importé environ 11 millions de tonnes de blé en 2021 en provenance principalement de Russie et de d’Ukraine.

Plus de 4.5 millions de tonnes de blé ont été importées au Maroc en 2021. 36% d’entre elles venaient de Russie (25%) et d’Ukraine (11%). En Afrique subsaharienne, le Nigeria, pays le plus peuplé du continent africain, et le Soudan, qui importent respectivement 5.5 millions et 3 millions de tonnes de blé par an, sont durement affectés par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Au Sénégal, pays qui importe la moitié de son blé de Russie, les inquiétudes autour du prix du pain sont également ressenties par la population. Au Gabon, la flambée des cours du blé a été fulgurante au lendemain de l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine. Cette augmentation brutale a entraîné une baisse rapide des stocks disponibles créant une pénurie. Face aux préoccupations climatiques, plusieurs pays d’Afrique avaient déjà engagé des initiatives destinées à mettre fin à leur dépendance à la farine de blé.

En termes de solutions pour l’Afrique face à cette crise du blé, la BAD a annoncé le 15 mars 2022, un plan de 1 milliard $ afin d’aider le continent à accroître son offre en blé et d’autres denrées de base comme le riz et le soja. Cette initiative intervient dans un contexte où de nombreux pays africains importateurs de blé font face à une hausse de leur coût d’achat de la céréale sur le marché mondial.

Pour accéder à l’autonomie alimentaire, une substitution partielle du blé importé d’Europe par des aliments locaux peut constituer une alternative intéressante pour les pays africains en termes de coûts/bénéfices. Il s’agit entre autres de :

– La farine de banane plantain : Elle est mélangée à de la farine de blé pour produire du pain ou des pâtisseries. La farine de légumineuses : Elle peut également être mélangée avec de la farine de blé pour produire du pain ; Le niébé : elle est l’une des principales légumineuses produites sur le continent africain. Issue de la famille des lentilles et des pois-chiches ;

– La farine de sorgho : Le sorgho est une céréale de la famille des poacées tout comme le blé, le riz ou le millet. Le sorgho apparaît comme la céréale de demain parce que la plante est plus résistante à la montée des températures, en particulier aux épisodes de sécheresse ;

– La farine de manioc : le manioc est la 3e source de calories dans les tropiques, derrière le riz et le maïs. Ce tubercule est une culture très résistante et facile à cultiver. Sa farine peut être fabriquée très facilement.

Cependant, les diverses tentatives africaines de se libérer de la farine de blé importée d’Europe se sont souvent soldées par des échecs. Les principaux freins au développement des cultures de céréales en Afrique sont l’hostilité des grandes puissances européennes et des multinationales de la filière moulin/boulangerie, ainsi que l’absence d’initiatives et de mesures fortes des gouvernements des pays africains.

Toutefois, le réchauffement climatique, la crise du coronavirus, et maintenant la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sont autant d’opportunités qui devraient permettre une véritable prise de conscience pour que les africains réduisent leur dépendance alimentaire des importations, et prennent en main leur sécurité alimentaire, comme le font les européens et les asiatiques. On l’a vu, chaque fois qu’il y a une crise mondiale, qu’elle soit le fait d’une maladie ou d’une guerre, les frontières se ferment et les pays se replient sur eux-mêmes.

En nous appuyant sur les importations des produits alimentaires de base comme le blé pour assurer notre sécurité alimentaire, nous croyons que nous ne sommes pas en danger, alors que c’est là que nous sommes en danger, «c’est de cela qu’il s’agit !» pour citer Rigobert Song Bahanack, l’emblématique sélectionneur-manager de l’équipe de football des Lions Indomptables du Cameroun qualifiée pour la Coupe du Monde de football, Qatar  2022.

 

Terrorisme: le Cameroun apprend à vivre avec la menace

De manière formelle ou informelle, de nouvelles habitudes sont instituées dans le quotidien des citoyens

«Ce sont là des scènes que nous visionnions à la télé et au cinéma; ça paraissait lointain. Depuis que Maroua a été touché par les kamikazes, nous avons appris à vivre avec la peur». Félix Etamè, agent dans une société d’assurance, est confronté au spectre monstrueux d’une attaque kamikaze.

A Nkondongo (Yaoundé II) où il occupe un modeste deux†pièces avec son épouse et ses trois enfants, la peur culmine avec la dernière explosion survenue à Maroua.

Marco, l’aîné des enfants, veut lancer son géniteur dans un jeu de médium: «le kamikaze, marmonne†t†il, c’est quoi papa?» L’embarras du père se lit à la hauteur de son soupir. Compréhensible. Parce que le pays n’a jamais vécu cela. Seulement depuis quelques jours, le premier acte d’une attaque terroriste s’est joué sous les yeux des Camerounais.

«Ce qui s’est passé à Maroua et à Fotokol n’est pas un fait divers. Cette tragédie est révélatrice de beaucoup de symptômes et conséquences», analyse Grégoire Mfou’oulou, capitaine retraité de l’armée de l’air camerounaise.

Cet ancien soldat formé à la division anti†terroriste de l’Ecole de Guerre de Nanterre (France) tient pour vrai que «la terreur dans une forme nouvelle creuse chaque jour chez ceux qui le l’ont jamais vécue (même dans une version simulée) une énorme peur. Ce d’autant plus que les populations basées loin du théâtre des évènements savaient que c’était militaire contre militaire. La perception a changé dès lors que beaucoup ont intégré le fait que les civils sont aussi visés».

Dans la capitale camerounaise, la barbarie semble être venue endeuiller les sourires dans les familles. Ce d’autant plus que Boko Haram et bien d’autres organisations djihadistes ont réussi à exporter leurs noms même dans les tréfonds de la ville et les environs.

A Nkoabang (banlieue du sud†est de Yaoundé) où il vit avec ses parents, Victorien Mvondo, 07 ans, cite fébrilement à la pelle Al Qaida, Daech, Ansuru.

Nouvelle vie
Ainsi, la vie autrefois figée dans de petits bouts de bonheur a changé à Yaoundé. Désormais, les citoyens s’appliquent les qualificatifs de sécurité. Cela n’a pas à se dévoiler outre mesure. Dans les quartiers populeux, la menace terroriste constitue un argument pour que chacun rentre chez soi tôt.

Au lieu†dit Emombo 2e, le décor indique dès 19 heures une nouvelle conception du loisir: celui de courte durée. Statistiquement, 8 bars†dancing sur 10 ferment avant 19 heures. «On ne va pas maintenir la réputation de quartier d’ambiance avec ce qui se passe ces jours†ci; ici on s’amusait, on buvait, on mangeait et on rigolait plus que nulle part ailleurs dans la cité», confie Théophile Kaji, un barman. A la vérité, le flot du plaisir ici n’est plus le même depuis quelques jours.

Comme s’il s’agissait d’un mouvement collectif d’instinct de survie. Théophile Kaji lie cela à un fax piraté qui a atterri au centre des pompiers de Mimboman et une lettre anonyme contenant un message bref «BH va frapper» accompagné de la photo d’une adolescente en burqua.

Au lieu†dit «Entrée Maetur», peu avant Nkoabang, la nuit, les rues sont prises d’assaut par les militaires. Ce 29 juillet 2015, un haut gradé flanqué dʹacolytes en treillis de combat exige la fermeture des buvettes. L’orateur pose, kalachnikov en sautoir, devant un véhicule blindé et deux pick†up équipés de mitrailleuses. Personne ne croit à une parodie bâclée. «Les gens doivent apprendre à vivre avec çà», souffle†t†il au reporter avant de lui restituer le dialogue nocturne qu’il a eu avec une prostituée à Mvog Atangana Mballa.

Modulant les accentuations pour faire revivre l’échange, le militaire avance: «je suis désormais à la maison parce qu’on nous dérange avec ces histoires de cartes nationales d’identité.» «Même le dehors est devenu plus difficile à Yaoundé», ponctue†t†il.
«C’est grave. C’est tout le temps qu’on fouille des gens ici à la mosquée», révèle Ismaila Benouna. «C’est grave maintenant», ajoute†t†il.

Cette aggravation n’est plus une impression. On peut la chiffrer: pour les cinq prières quotidiennes ici à la mosquée de Tsinga, on a autant de fouilles. Réticents au départ, les croyants se prêtent au jeu. Tous les mouvements des uns et des autres sont coordonnés en finesse par des actions de renseignements. «On ne le faisait pas. Mais parce que le terroristes frappent dans les lieux de culte, nous avons pris de nouvelles dispositions», confesse Dada Oumaru, un proche de l’imam principal. L’homme n’a pas besoin d’artifice militaire.

Toutefois, capitalisant sur son séjour à la Mecque (Arabie Saoudite), il donne des rudiments de secours aux fidèles. «A ces gens, avant chaque prière, je leur donne des indications en cas d’attaque ou d’alerte à la bombe comme on m’a enseigné lors de mon pèlerinage en 2010», précise†t†il.

En réalité, tout cela est fondé sur la nécessité d’éduquer les masses face au terrorisme.

La Une de l’hebdomadaire Intégration, du 03 août 2015
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