Les malheurs de Michel Thierry Atangana

Libéré des geôles camerounaises par une grâce en février 2014, le Franco-camerounais se plaint de n’avoir été ni réhabilité ni indemnisé. En France, il lui est suggéré de s’inscire au RSA

Michel Thierry Atangana connaît toutes les voix de RFI. Emprisonné dix-sept ans durant dans une cellule de 7m2 sans fenêtre, soumis à l’isolement, ce Français d’origine camerounaise a réussi à obtenir de ses geôliers un poste de radio. Une faveur. Pendant toutes ces années, dans ce sous-sol du Secrétariat d’Etat à la défense du Cameroun où il est confiné, la bande FM sera sa seule compagne.

Grâce à elle, il suit de près toutes les affaires d’arrestations de Français à l’étranger, comme celle de Florence Cassez. Il connaît dans les moindres détails l’histoire de cette jeune femme arrêtée au Mexique et inculpée de complicité d’enlèvement. Il découvre la vaste campagne de mobilisation en sa faveur, sa libération en grande pompe, la campagne de réhabilitation qui a suivi. Du fond de sa cellule, il se demande s’il aura droit un jour, lui aussi, à une vague de soutien, à la compassion, aux honneurs.

Las. Rien de tel pour le financier français. Pas de mobilisation, pas d’avion de la République, pas de ministre pour l’accueillir sur le tarmac. Quand il est sorti de prison, le 24 février 2014, l’ambassadrice de France à Yaoundé l’a bien invité à déjeuner. Mais c’était pour lui signifier qu’il devrait payer lui-même son vol retour.

« Gangstérisme d’Etat »
L’« affaire Atangana » commence en 1994, lorsque le jeune ingénieur financier français, diplômé de l’Université de Clermont-Ferrand, est envoyé à Yaoundé pour gérer un consortium regroupant cinq géants français du BTP, supervisé par une structure publique franco-camerounaise. Objectif: développer un réseau d’autoroutes au Cameroun pour un budget de quelque 500 millions d’euros. Chargé d’attirer des investisseurs, Michel Atangana a la haute main sur le projet et l’oreille du président Paul Biya, dont il est le protégé. Tout lui sourit. Mais à l’approche de l’élection présidentielle de 1997, le climat entre les deux hommes se dégrade.

Le pouvoir le soupçonne de soutenir le ministre de la Santé Titus Edzoa, présenté comme un possible concurrent de Paul Biya. Le 20 avril, le ministre démissionne et annonce sa candidature. « Pour le pouvoir, ça a été la goutte de trop », dit Michel Atangana. Le 12 mai au petit matin, il est arrêté et jeté en prison. « Je n’avais aucune idée de ce qu’on me reprochait » dit-il, jurant aujourd’hui encore ne s’être « jamais mêlé de politique ».

Accusé d’avoir utilisé les caisses du consortium pour soutenir l’opposant, il passe 57 jours en prison avant de pouvoir rencontrer un avocat. Lors d’un premier procès en octobre 1997, puis en appel en 1999, Michel Atangana est accusé de détournement de fonds publics. Chef d’inculpation: « Grand gangstérisme d’Etat ». Aucune preuve de détournement n’a jamais pu être apportée. Mais il est condamné à quinze ans de prison ferme et dépouillé de tous ses biens. Les comptes du Consortium sont bloqués. Le président, qui a promis de faire de la lutte contre la corruption la priorité de son mandat, a décidé de faire de son cas un exemple. L’opinion publique camerounaise applaudit:

« J’étais français, avec un job prestigieux, qui aurait dû naturellement échoir à un haut fonctionnaire du pays ; j’avais forcément touché des commissions. »

Pour les Camerounais, qui ne reconnaissent pas la double nationalité, il est français. La France n’a pas bonne presse dans le pays. C’est le coupable idéal. Mais pour la France, malgré son passeport bien français, il est camerounais. Pourquoi dès lors s’en mêler? Derrière cette indifférence, sans doute un zeste de realpolitik: Paris entretient d’étroites relations avec le gouvernement en place à Yaoundé. Pas question de les mettre en péril pour cette sombre histoire. Atangana soupire:

« Quand la France est intéressée, elle sait s’impliquer. Là, ils se sont dit que c’était une histoire d’Africains entre eux, forcément louche. Que je ne valais pas la peine de créer un incident diplomatique. »

Quinze ans durant, il attendra en vain la visite d’un diplomate, une enquête parlementaire, au moins un peu de compassion. « La simple protection consulaire m’a été refusée. Même si la France considérait que j’étais coupable, on aurait pu au moins s’assurer que mes droits étaient respectés, vérifier mes conditions de détention. J’ai eu le sentiment que je n’étais pas un Français comme les autres. »

« Un Français de couleur »
Le soutien tant espéré viendra paradoxalement des Etats-Unis: en 2005, le département d’Etat Américain lui reconnaît le statut de prisonnier politique. En 2013, Amnesty International lui accorde le statut de prisonnier d’opinion. L’ONG américaine Freedom House le soutient. Mais pas une seule ONG française ne se mobilise. En 2009, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, ému de son sort, regrette de ne rien pouvoir faire pour lui, mais lui promet d’en référer au Quai d’Orsay. En vain.

Sur sa petite radio, le prisonnier a suivi de près l’affaire de l’Arche de Zoé, dont les responsables, accusés d’enlèvements d’enfants, ont pu être extradés et jugés en France. « Même eux ont eu droit à plus d’égards que moi. » Il parle doucement, avec calme et beaucoup de dignité.

Mes geôliers disaient: si tu étais vraiment français, la France s’occuperait de toi.
Michel Thierry Atangana

« C’est ma meilleure thérapie. Je n’ai pas de place pour la haine. Mais je suis français. Pourquoi la France m’a-t-elle abandonné ? »

Il en est convaincu: « Il n’y a pas le même intérêt pour un Français de couleur. » En 2012, quinze ans après son arrestation, François Hollande sera le premier président à lui écrire, s’engageant à faire son possible pour l’aider. Il lui en est reconnaissant, sans savoir si l’intention a été suivie d’effet. « Mon cas n’était pas stratégique. » Il ne suscite guère d’émotion dans les médias. « Il y a eu un grand silence organisé », accuse-t-il. A quelques exceptions qu’il a méthodiquement recensées: un papier du « Canard Enchaîné », des passages sur RFI. Et cette enquête du journaliste François Caviglioli, grande plume du « Nouvel Observateur », qu’il évoque avec reconnaissance et émotion.

« Cet article a été décisif. Jusque-là, mes geôliers disaient: si tu étais vraiment français, la France s’occuperait de toi. Là, c’était la preuve, enfin, que je n’étais pas abandonné par mon pays. Sans lui, je serais peut-être encore en prison, ou mort. »

Au Cameroun, cet article, publié en avril 2013, mille fois photocopié, a circulé dans toutes les rédactions, sortant son cas de l’oubli. Enfin, la presse camerounaise finit par prendre son parti. Quelques mois plus tard, grande victoire: un groupe de travail sur la détention arbitraire de la commission des droits de l’homme de l’ONU reconnaît le statut arbitraire de sa détention et réclame sa libération, sa réhabilitation, et son indemnisation.

Le 24 février 2014, Paul Biya lui accorde la grâce présidentielle. Depuis, soutenu par plusieurs avocats français, et des personnalités politiques, il réclame inlassablement justice, frappe à toutes les portes, multiplie les courriers à la République…

En retour, il ressent beaucoup de condescendance. A 52 ans, sa vie est brisée. Divorcé, père de quatre enfants, il n’a plus rien. Reçu au Quai d’Orsay et à l’Elysée, il n’est à ce jour ni réhabilité ni indemnisé. En guise de réparation, il lui a été suggéré de tourner la page. Et de s’inscrire au RSA (Revenu de solidarité active. Il s’agit d’une aide donnée en France aux personnes sans ressource.)

Michel Thierry Atangana
Jeune Afrique)/n

Michel Thierry Atangana continue son plaidoyer pour son indemnisation

Paris a accueilli une conférence mercredi sur l’impact des avis du Groupe de travail sur la détention Arbitraire des Nations Unies. L’ancien prisonnier réclame près de 300 milliards au Cameroun

Michel Thierry Atangana continue de sensibiliser des acteurs internationaux pour l’indemnisation à laquelle il prétend vis-à-vis du Cameroun, en invoquant l’avis adopté le 13 novembre 2013 en sa défense par le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies au moment où il était incarcéré à Yaoundé.

Le Franco-camerounais a bénéficié d’une grâce présidentielle signée le 18 février 2014 et a recouvré la liberté le 24 du même mois, après avoir passé 17 ans dans les geôles camerounaises. Depuis sa libération, il revendique avoir été emprisonné «arbitrairement» et demande le paiement par l’Etat camerounais de quelque 300 milliards de F CFA.

C’est dans cette perspective que s’est tenue le mercredi 15 avril 2015, à 10h00, à la Maison du Barreau de Paris, dans le 1er arrondissement de la capitale française, une Conférence internationale sur le thème: «Mécanisme et impact des avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies: Présentation du cas de Michel Thierry Atangana».

Cette Conférence s’inscrivait dans la continuité d’un agenda international commencé à Glenside (Etats-Unis) le 10 avril 2015, et qui se poursuivra à Genève (Suisse), au sein des Nations Unies le 23 avril 2015, et se terminera à Dakar (Sénégal) le mercredi 13 mai 2015.

À cette occasion, experts, juristes et ONG ont débattu du processus de libération du «Français» Michel Thierry Atangana, qui détient selon eux le «record mondial de la plus longue détention arbitraire à l’étranger» 17 ans.


Retour sur la prison
Pour rappel, Monsieur Atangana était accusé de détournement de deniers publics.

Il a été arrêté à Yaoundé le 12 mai 1997, retenu en garde à vue pendant 52 jours, jugé dans la nuit du 03 au 04 octobre 1997 et condamné à 15 ans de détention.

Le 04 octobre 2013, soit 2 ans après avoir purgé sa peine, et pourtant étant toujours maintenu en détention, sa peine a été portée à 20 ans supplémentaires pour le même dossier, décision rendue suite à un changement de magistrats le jour même où le tribunal de Grande Instance du Mfoundi, chambre criminelle, devait rendre son délibéré après trois (3) ans et demi de débats.

Le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire qui a été saisi du dossier, après trois ans d’enquête avait conclu que la détention de Monsieur Atangana était effectivement arbitraire et avait demandé au Gouvernement camerounais de procéder á sa libération immédiate et de sanctionner les personnes responsables de sa privation de liberté depuis le 12 mai 1997 [Avis No. 38/2013 adopté le 13 novembre 2013 par le Groupe de Travail sur la Détention arbitraire du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies].

Peu après cet avis, le 18 février 2014 précisément, soit 15 jours après sa publication de l’avis, Paul Biya, Président de la République du Cameroun, signait un décret de remise de peines à l’endroit de Michel Thierry Atangana et d’autres prisonniers camerounais, sans référence aux recommandations de l’ONU qui avait qualifié la détention d’arbitraire.

A Paris mercredi, Malick Sow, magistrat, ancien Président du Groupe de travail sur la détention arbitraire, est revenu longuement sur l’avis qui a été rendu dans cette affaire.

Monsieur Sow, qui présidait par ailleurs ce Groupe de travail au moment de l’affaire a estimé que conformément audit avis, le Cameroun doit réparer tous les préjudices que la détention arbitraire a causé à Monsieur Atangana mais également aux 13 sociétés multinationales dont il était le représentant au Cameroun et ceci dans le cadre de la réalisation d’un important projet de construction d’un réseau autoroutier de 1000 km entre Douala et Yaoundé (l’affaire Copisur: Comité de pilotage et de suivi des projets routiers).

Conformément à l’avis du Groupe de travail de l’ONU, le Cameroun devrait ainsi verser à Michel Thierry Atangana et aux sociétés étrangères qu’il représente une «indemnisation à hauteur de 590 millions de dollars américains soit près de 300 milliards CFA. »

Le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire, le Département d´Etat des Etats-Unis, l’Association Atangana Ccntre l’Oppression et l’Arbitraire, le Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights et Freedom House qui soutiennent ce dossier entendent en faire un modèle de cas de réhabilitation et d’indemnisation de détention arbitraire dans le monde.

Michel Thierry Atangana pourrait devenir pour le Cameroun un ancien prisonnier gênant. Le concerné avait pourtant tenu à remercier, dans une interview accordée à RFI le 05 mars 2015, le geste du chef de l’Etat camerounais. «Oui! J’ai écrit au président de la République pour lui demander une grâce. Et je dois le remercier», avait-il reconnu au lendemain de sa libération. Il n’invoquait pas (encore) ici l’Avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies.


Malick Sow, magistrat sénégélais en compagnie de Thierry Michel Atangana
lindependantnews.com)/n

La France pays des droits de l’homme. Tous les hommes? Le cas de Michel Thierry Atangana

Par Bernard Benaïem, Avocat au barreau de Paris

La libération du dernier otage français donne à chacun l’occasion de se réjouir.

Elle laisse cependant un goût d’amertume à ceux qui comme moi s’interrogent sur les raisons qui ont conduit notre pays à se désintéresser du sort du français, Michel Atangana, détenu arbitrairement pendant 17 ans dans une geôle camerounaise.

Pourquoi notre pays, si prompt à s’émouvoir partout dans le monde des violations des Droits de l’Homme, a-t-il détourné son regard quand l’un de ses enfants privé de liberté espérait son intervention ?

Pourquoi a-t-il fallu attendre une pression internationale et une décision de l’ONU pour qu’enfin Michel Atangana puisse recouvrer sa liberté ?

Pourquoi cette libération n’a-t-elle suscité en France que très peu d’intérêt alors qu’à l’ONU et qu’aux Etats-Unis, Michel Atangana devenait le symbole du combat contre l’arbitraire et un exemple pour tous ceux qui comme lui, s’accrochent du fond de leur cachot à la vie et à la liberté.

Les réponses à ces questions inquiètent sur la capacité de la France à protéger ses nationaux partout dans le monde et à s’opposer efficacement à des geôliers qui ne seraient pas des terroristes sanguinaires mais des états souverains, censés respecter les règles internationales.

Le manque d’engagement de la France pour la libération de Michel Atangana ne peut pour autant s’expliquer qu’au travers du prisme des relations que la France entretient avec le Cameroun et l’Afrique.

Force est de constater que certains de nos otages suscitent plus d’intérêt et de compassion que d’autres.
Alors que pour certains, leur libération s’accompagne d’une couverture médiatique et politique à la hauteur de l’événement et d’un rapatriement par avion sanitaire, Michel Atangana, après 17 ans de détention arbitraire dans des conditions particulièrement innommables, a été contraint de rejoindre Paris par un vol régulier, après avoir lui-même acheté son billet retour.

Un exemple parmi d’autres, des humiliations auquel cet homme a été soumis depuis son arrivée en France, lui qui en 17 ans ayant tout perdu, devait apprendre à recommencer à vivre dans un monde qu’il ne connaissait plus, ayant au passage perdu sa famille, ses ressources et son relationnel.

Après un rapide passage au Val-de-Grâce, la seule aide concrète que la France lui attribua en sa qualité d’ancien otage, fut celle de lui fournir les services d’une assistance sociale pour obtenir un RMI, que par dignité il préféra refuser.

Ce comportement indigne des autorités s’accompagne d’une volonté manifeste de réduire Michel Atangana au silence et à l’oubli.

J’en veux pour preuve, le fait que le Parquet, le Doyen des Juges d’Instruction, puis la Cour d’Appel de Paris, lui refusèrent le droit élémentaire de voir instruite sa plainte pour séquestration, avant de se faire rappeler à l’ordre judiciaire, par la Chambre criminelle de la Cour de cassation.

De façon surprenante cette situation ne suscite aucune réaction de la part de notre Garde des Sceaux, Madame Taubira, pourtant si prompte à réagir à la violation des Droits de l’Homme institutionnels aux Etats-Unis…

Pourtant Michel Atangana présente lui aussi la caractéristique d’être noir et mériterait que l’on s’interroge sur une éventuelle corrélation entre ce statut et le traitement qui lui est réservé.

La France semble se contenter pour Michel Atangana d’une liberté retrouvée sans sa collaboration, quand l’ONU pour sa part, réclame que les responsables de cette détention arbitraire, soient poursuivis et jugés par les autorités camerounaises et que Michel Atangana soit indemnisé pour le préjudice financier, matériel et moral subi.

Il est pour le moins paradoxal que le Département d’Etat américain uvre depuis plusieurs mois au respect de cette décision de l’ONU, alors qu’en France, Michel Atangana attend encore un peu de reconnaissance et de dignité.

Michel Thierry Atangana
Panapress)/n

Michel Thierry Atangana: «Le combat judiciaire continue»

Le Franco-camerounais, libéré en février dernier sur une grâce présidentielle, revient sur les critiques concernant le comité de soutien à Lydienne Eyoum

Michel Thierry Atangana reconnait que le Comité de soutien à Lydienne Eyoum, lancé à grand renfort médiatique le 20 mars 2014 par lui, Dominique Soppo et les avocats français de cette avocate n’a pas atteint ses objectifs. «Pour le moment, le résultat est très négatif, il est en deçà de nos espérances», a avoué le Franco-camerounais dans un entretien accordé à Radio France Internationale ce 30 septembre 2014. En effet, Lydienne Eyoum a été reconnue coupable vendredi dernier, du détournement de 1,077 milliard de FCFA, par le Tribunal criminel spécial. Deux de ses co-accusés ont été acquittés tandis que l’avocate, principale accusée, a écopé d’une peine de 25 ans d’emprisonnement et d’une amende de près d’un milliard de F CFA.

Michel Thierry Atangana, qui avait mis en place le Comité de soutien à cette avocate «franco-camerounaise» au lendemain de sa libération, intervenue le 24 février 2014 par une grâce présidentielle, rejette néanmoins en bloc les critiques qui ont fait état de «l’abandon» de Lydienne Eyoum par son Comité de soutien. Lequel est présidé par Michel Thierry Atangana.

«Mon souci, ce n’est pas d’aller en guerre contre un pouvoir, ce n’est pas d’aller en guerre contre les institutions, ni leur manquer le respect. J’ai entendu toutes ces rumeurs, toutes ces critiques que je n’ai rien fait pour Lydienne Eyoum, ce que je fais je ne dis pas. Je le fais avec la discrétion en recherchant l’efficacité. Le combat judiciaire continue, j’ai vu toutes les autorités en France, que ce soit en Suisse ou aux Etats-Unis pour porter le cas Lydienne. Ce qui importe, c’est le résultat. Pour le moment, le résultat est très négatif, il est en deçà de nos espérances.», a-t-il confié à RFI ce mardi matin. «Je ne veux pas livrer la stratégie de défense de Lydienne dans la rue parce que je cherche des solutions pour qu’elle vive», a-t-il ajouté.

Michel Thierry Atangana a par ailleurs donné son sentiment sur la décision de justice rendue contre Lydienne Eyoum même s’il disait vouloir s’en abstenir. «Je ne veux pas juger la justice. On n’interprète pas, on ne commente pas une décision de justice. Mais quand je regarde la personne qui est condamnée et sur les éléments qui ont été portés à ma connaissance, ces éléments ne me permettent pas de partager l’avis et la décision du tribunal», a-t-il affirmé. .

A une remarque du journaliste de RFI lui suggérant d’arrêter de mettre la pression sur une autorité politique et judiciaire vu que visiblement la stratégie ne marche pas comme ce fut son cas avec l’intervention de François Hollande, Michel Thierry Atangana a répondu: «Je ne partage pas du tout le sens de votre question. Tout Français, et Lydienne est française, a le droit de demander l’appui de son pays pour être soutenu et ce n’est pas une pression en tant que telle. Nous devons adapter nos revendications en tenant compte du contexte local, des traditions, des coutumes, et je pense à mon avis qu’il ne faut pas dire des choses ou mettre sur la place publique des choses qui ont été dites entre des responsables de très haut niveau qui peuvent être mal interprétées».

Michel Thierry Atangana a laissé entendre que les avocats de Lydienne Eyoum vont faire examiner le dossier par la Cour suprême pour épuiser toutes les voies légales. A la fin de l’entretien, le Franco-camerounais a indiqué que l’avocate peut encore supporter la prison. «Lydienne, Michel Thierry Atangana te dit: J’ai tenu 17 ans, tu as tenu 4 ans et demi déjà, tu peux encore tenir, ne te marginalise pas», a-t-il déclaré.

Michel Thierry Atangana: « Je travaille avec la discretion »
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Les avocats de Lydienne Yen Eyoum s’en remettent à l’ONU

Comme Michel Thierry Atangana, les conseils de cette avocate franco-camerounaise espèrent que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire va faire pression sur le Cameroun

Au Cameroun, Me Lydienne Yen Eyoum, accusée de détournements de fonds publics, est en prison depuis quatre ans et demi, alors que le Code pénal prévoit une détention provisoire maximale de 18 mois. Les avocats de cette Franco-camerounaise, qui estiment que toute la procédure est illégale, ont donc décidé de changer de méthode en interpellant les Nations unies, précisément le groupe de travail sur la détention arbitraire – groupe qui a déjà établi un rapport sur la détention de Michel Thierry Atangana.

«Lydienne avait peur», explique l’un de ses proches. Et c’est pour cette raison que cette procédure n’est lancée qu’aujourd’hui. Ses avovats, comme l’ont fait ceux du Français Michel Thierry Atangana l’an dernier, demandent donc au groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et aux rapporteurs spéciaux sur la torture et l’indépendance des juges d’enquêter sur les conditions d’incarcération et sur le procès en cours de Lydienne Yen Eyoum. «Ce sont des instances onusiennes qui vont être amenées à statuer dans les mois qui viennent sur la question de savoir si Lydienne Yen Eyoum subit, oui ou non, une détention arbitraire et si elle est victime de traitements inhumains et dégradants», explique Me Caroline Wasserman.

Avocate de profession, Lydienne Yen Eyoum pourra également compter sur le soutien du Syndicat des avocats de France. Ce dernier a envoyé Me Maxime Cessieux au Cameroun, mi-juin, pour établir un rapport sur la situation de sa cons ur. Procès inéquitable, détention provisoire illégale, le Code pénal camerounais prévoit 18 mois au maximum. Lidyenne Yen Eyoum est pourtant en prison depuis quatre ans et demi. Les critiques sont multiples. Maxime Cessieux a pu rendre visite à l’avocate française à la prison centrale de Yaoundé à de Kondengui : «Pas d’eau courante, des gens qui meurent tous les jours à l’infirmerie, mouroir de la prison, des quartiers de détenus majeurs, mineurs, hommes, femmes, malades mentaux… on est dans l’horreur absolue.»

S’ils dénoncent la procédure au Cameroun, les avocats de Lydienne Yen Eyoum, qui ont porté plainte en France pour détention arbitraire, s’inquiètent également de l’inaction des deux juges français qui instruisent ce dossier sensible depuis mars 2013.

Lydienne Yen Eyoum
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Michel T. Atangana résolu à poursuivre le Cameroun en France

Trois mois après sa libération, le Franco-camerounais qui a passé 17 ans derrière les barreaux a été entendu par la police judiciaire à Paris

Après avoir passé dix-sept ans derrière les barreaux au Cameroun, Michel Atangana n’a retrouvé la liberté qu’en février dernier. Interpellé en 1997 à Yaoundé pour détournement de fonds publics, il a choisi de déposer plainte en France pour détention arbitraire. Il a été entendu par la police judiciaire à Paris.

6123 jours de détention, dont 56 jours de garde à vue, dix-sept années au total passées dans une cellule de quelques mètres carrés, ont certes usé Michel Atangana. Mais l’homme d’affaires franco-camerounais, bientôt cinquante ans, reste combatif. Son seul crime, dit-il : avoir entretenu une trop grande proximité avec Titus Edzoa, l’ennemi juré du président Paul Biya.

Désormais, il veut que ses geôliers paient. Il l’a dit aux policiers de la brigade de répression de la délinquance sur la personne chargée de l’enquête préliminaire. Marie Darcourt, son avocate, détaille :

« M. Atangana a dit qu’il souhaitait désormais retrouver sa dignité. Il entendait par là que son processus de réconciliation avec la société nécessite pour lui que les responsables de cette détention et toutes les personnes qui ont contribué à cette détention arbitraire soit jugés, bien entendu, mais également que lui soit indemnisé. M. Atangana a également donné un certain nombre de noms de personnes qui seraient prêtes à témoigner des conditions de sa détention, mais également des conditions de l’ensemble des procédures dont il avait fait l’objet au Cameroun, et il appartient maintenant au parquet de décider des suites à donner à cette affaire. »

Michel Atangana cible notamment trois ministres camerounais. Une affaire néanmoins délicate pour le parquet de Paris, qui n’a encore jamais eu à traiter ce genre de plainte.

Michel Thierry Atangana a passé 17 ans en prison au Cameroun
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Un premier pas de la France dans l’affaire Lydienne Eyoum

Lors de son récent séjour au Cameroun, l’ambassadrice française pour les droits de l’Homme, Patrizianna Sparacino-Thiellay, a rendu visite à l’avocate dans sa cellule de Kondengui

Le lobbying des différents comités de soutien à Lydienne Yen Eyoum est-il en train de porter des fruits ? On serait tenté de le croire, avec la récente visite de l’ambassadrice française pour les droits de l’Homme, qui s’est rendue au Cameroun, du 28 au 30 avril 2014. En effet, dans le cadre d’un « dialogue régulier », comme l’explique le ministère français des Affaires étrangères sur son site, engagé sur le thème des droits de l’Homme, Patrizianna Sparacino-Thiellay a été reçue par plusieurs membres du gouvernement, à l’instar du ministre de la Justice et celui de la Promotion de la Femme et de la Famille. Avec ces autorités, elle a abordé divers sujets dont les très controversés droits des personnes Lesbiennes, gays, bisexuelles et trans (LGBT).

Elle a profité de cette opportunité pour rendre visite à Lydienne Eyoum, avocate «franco-camerounaise», qui se trouve en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui depuis plus de quatre ans. L’ambassadrice a eu également, officiellement, des entretiens avec « plusieurs membres de son comité de soutien à Yaoundé ».

On se rappelle qu’à sa sortie de prison par une grâce présidentielle en février 2014 après 15 ans de prison, le Franco-camerounais Michel Thierry Atangana avait promis qu’il s’engagerait pour faire sortir Lydienne Eyoum de prison, autre « Franco-camerounaise » dans les geôles du Cameroun. L’avocate, incarcérée depuis 2010 à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui, est poursuivie, avec Polycarpe Abah Abah et autres, pour avoir retenue frauduleusement par devers elle 1, 077 milliard de F CFA d’une somme totale de 2,155 milliard de F reçue de la BEAC et destinée au Trésor public. Selon l’avocate, cet argent représentait ses honoraires dans le cadre du recouvrement des fonds de l’Etat dans une affaire où elle était son conseil.

Les avocats français de Lydienne Eyoum, Me Christian Charrière-Bournazel et Me Caroline Wassermann, ont engagé de nombreuses actions en France pour mettre la pression sur le Cameroun pour la libération de la « Franco-camerounaise ». C’est ainsi qu’ils ont par exemple adressé une lettre au pape François le 24 avril 2014 pour qu’il intervienne auprès du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya. Michel Thierry Atangana, qui avait bénéficié du soutien de la France pour sa libération, a été reçu le 28 mars 2014 à l’Elysée pour plaider le cas de Lydienne Eyoum auprès de François Hollande. A cette occasion, il avait affirmé confiant : «Il a été très sensible [le président français, Ndlr], et je pense que des actes seront posés dans les jours qui viennent». Actes qui auraient, selon toute vraisemblance, commencé à voir le jour avec la visite de l’ambassadrice Patrizianna Sparacino-Thiellay.

Ici, photo de famille lors de la rencontre avec les associations de défense des personnes LGBT
diplomatie.gouv.fr)/n

Michel Thierry Atangana s’invite dans l’affaire Lydienne Eyoum

Le Franco-camerounais, libéré récemment sur une grâce présidentielle, a mis en place un comité de soutien pour l’avocate camerounaise incarcérée à Kondengui

Michel Thierry Atangana, libéré le 24 février 2014 suite à un décret présidentiel du 18 du même mois portant commutation et remise de peine d’une certaine catégorie de prisonniers, a lancé hier à Paris le comité de soutien à Me Lydienne Eyoum. Le comité de soutien est d’ores et déjà composé de Maîtres Christian Charrière-Bournazel et Caroline Wasserman, avocats de Lydienne Yen Eyoum en France ; Michel Thierry Atangana lui-même, libéré après avoir passé 17 ans d’emprisonnement au Cameroun ; Dominique Sopo, ancien président de Sos Racisme, celui-là même qui avait aidé à la création du comité de soutien de Michel Thierry Atangana. Le comité de soutien compte à brève échéance déposer une requête à l’Organisation des Nations Unies au moment où l’accusée le voudra.

L’avocate Lydienne Eyoum fait l’objet de poursuites judiciaires depuis 2010. Suite à une affaire conduite pour l’Etat du Cameroun, elle est accusée d’avoir gardé par devers elle plus d’un milliard de F CFA d’une somme totale de 2,155 milliards de F CFA reçue de la Banque des Etats de l’Afrique centrale et destinée au Trésor public. Elle se dit « non coupable ». Poursuivie en coaction avec cinq autres accusés dont Polycarpe Abah Abah, ex-ministre de l’Economie et des Finances, Lydienne Eyoum sollicite, depuis décembre 2013, l’arrêt des poursuites à son encontre afin de négocier avec l’accusation.

Dans une interview accordée à Radio France internationale (Rfi), le 5 mars 2014, Michel Thierry Atangana présentait Lydienne Yen Eyoum comme une avocate « franco-camerounaise » (comme lui, ndlr). Il eut à mettre une emphase particulière sur la situation de l’avocate : « Les otages, il faut en parler. Les prisonniers, il faut en parler. Lydienne Eyoum, il faut en parler. Cette femme souffre énormément, il faut en parler tout le temps », s’était-il- exprimé.

Contrairement à Michel Thierry Atangana qui a passé sa réclusion dans une cellule du Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) qu’il a décrit comme une cave où il n’y avait pas de lumière à son arrivée, Lydienne Yen Eyoum est détenue à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui. L’avocate de Lydienne Eyoum en France, Caroline Wassermann, décrit quant à elle Kondengui, « avec 800 places pour 4 000 détenus [comme] une prison très surpeuplée. Les détenus sont sous-alimentés. J’espère qu’elle va pouvoir sortir de cet enfer le plus vite possible ».

Michel Thierry Atangana libéré, on se rend compte que la grâce présidentielle du 18 février 2014 semble avoir ouvert la boite de pandore pour de nombreux autres détenus dont les soutiens comptent sur la pression extérieure. Kofale Kale, l’un des avocats de l’ancien Secrétaire général de la présidence de la République Marafa Hamidou Yaya, s’est récemment félicité du rapport 2013 du département d’Etat des Etats-Unis sur les droits de l’homme au Cameroun. Ce rapport considère Marafa Hamidou Yaya comme un prisonnier politique. Michel Thierry Atangana a reconnu lui-même avoir bénéficié de pressions de la France sur le Cameroun pour sa mise en liberté.

Lydienne Yen Eyoum Loyse
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Michel Thierry Atangana prend ses marques avec Titus Edzoa

10 jours après sa libération, le Francocamerounais reconnait avoir demandé une grâce présidentielle et refuse qu’on le considère comme l’ancien directeur de campagne de Titus Edzoa

Dans un entretien accordé à Radio France Internationale ce matin, Michel Thierry Atangana est revenu sur le contexte de sa libération. Le Francocamerounais a en effet bénéficié d’une grâce présidentielle signée le 18 février 2014 et a recouvré la liberté le 24 du même mois, après avoir passé 17 ans dans les geôles camerounaises.

A la question du journaliste qui lui a demandé s’il a demandé la grâce, Michel Thierry Atangana a répondu par l’affirmative : « Oui ! j’ai écrit au président de la République pour lui demander une grâce. Et je dois le remercier. » Un propos à l’opposé de celui de son ancien compagnon, Titus Edzoa, avec qui il avait été solidairement condamné à 17 ans de prison en 1997 et 20 ans en 2012.

Dans un entretien accordé à RFI le 26 février dernier, l’ex-Secrétaire général à la présidence de la République, Titus Edzoa, a indiqué n’avoir jamais demandé de grâce. Le 1er mars, au cours d’une conférence de presse à sa résidence, Titus Edzoa l’a expliqué en d’autres termes : « D’aucuns disent que j’ai dit merci aux acteurs de l’extérieur sans le dire au président de la République. Ce dernier n’a pas besoin de gratitude [.] s’il n’avait pas autorisé mon arrestation, je n’aurais jamais été embastillé » avait alors déclaré Titus Edzoa.

La position de Michel Thierry Atangana est toute autre. Il ne trouve aucune responsabilité au chef de l’Etat camerounais mais plutôt à ses collaborateurs : « Le président de la République n’est pas responsable de cette situation. Ce sont des individus de mauvaise foi dans son entourage », affirme Michel Thierry Atangana dans l’entretien accordée à RFI ce 5 mars 2014. Il réfute également avoir été le directeur de campagne de Titus Edzoa, qui avait déclaré sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 1997

« Ce n’est pas vrai du tout ! Je crois que ça arrangeait tout le monde de présenter Atangana comme l’ennemi public n°1 [.] J’étais proche de Titus Edzoa, si vous le voulez. Ai-je été le seul dans tout le Cameroun à être proche du professeur Titus Edzoa ? M’a-t-il nommé à quelque chose pour que je lui sois redevable, non ! » Se défend le Franco-camerounais.

Au cours de cet entretien, Michel Thierry Atangana a par ailleurs salué l’action de la France dans sa libération. Il a reconnu premièrement que c’est sous Nicolas Sarkozy que les visites consulaires ont été rétablies. Entre 2007 et 2008, Michel Thierry Atangana recevait ainsi des visites de l’ex-ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain.

L’hommage le plus important, il l’a adressé cependant à François Hollande, de qui il recevait des lettres en prison et les déclarations publiques du président français sur le caractère non tolérable de sa détention. Se réclamant français à cor et à cri, Michel Thierry Atangana a sorti cette petite phrase : « « On peut désespérer des hommes mais il ne faut jamais désespérer de la France ».

France pour laquelle il voudrait maintenant qu’elle s’intéresse au sort de Lydienne Eyoum, avocate « francocamerounaise » incarcérée depuis quatre ans pour avoir retenu illégalement devers elle plus d’un milliard de Francs CFA pour une affaire où elle fut l’avocate de l’Etat du Cameroun.

Michel Thierry Atangana, à Paris, le 28 février 2014
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Un minimum de décence pour la liberté retrouvée par Atangana et les autres!

Joël Didier Engo

Souvent des connaissances et interlocuteurs Camerounais ont pris l’habitude de me demander, je cite: « »Dis moi un peu, pourquoi tu soutiens tant Atangana? Penses-tu vraiment qu’il est innocent. Nous ne pouvons accepter qu’on est innocent simplement parce qu’on est Français..». Ainsi de suite…

Hormis celles et ceux qui m’affublent d’injures à répétition dans les sites et forums camerounais, ou qui tiennent absolument à faire de moi « un fils de » (que je n’ai en réalité jamais été, ni revendiqué, au regard ma trajectoire personnelle), je refuse simplement d’être un défenseur des droits humains à géométrie variable dont l’indice serait la proximité familiale, l’appartenance à un sérail politique, ou le lien avec la citoyenneté des personnes concernées.

Là réside probablement ce qui nous différencie tant, les Camerounais qui se prétendent d’ authentique patriotes et moi, dans le respect mutuel et la parfaite liberté des opinions bien-sûr.

J’ai soutenu Thierry Michel Atangana au sein de son comité de soutien dès lors que ses proches me l’ont expressément demandé, et que j’ai pu rentrer en possession de l’ensemble des éléments constituant son dossier d’accusation au Cameroun. Il n’est plus besoin d’insister sur l’étonnante vacuité de celui-ci après toutes les calomnies et rumeurs qui ont pu être répandues sur sa personne par la propagande locale.

Et s’il est précisément un drame dans ce pays, c’est que nombre des ses ressortissants ne lisent plus et se contentent de véhiculer des ragots sur les personnes, dès lors que ces dernières leur ont été soigneusement désignées à la vindicte.

J’ai soutenu la libération d’Atangana, comme je continuerai de m’enquérir des cas d’injustices flagrantes dont sont victimes d’autres compatriotes Camerounais, à l’instar de Dieudonné Enoh Meyomesse, Paul Eric Kingue, les femmes, les enfants, les homosexuels et tant d’autres encore…en collaboration notamment avec le Comité Citoyen pour la Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CCL-LIBERATION) déjà très investi sur ces causes bien avant celui que j’ai rejoint en mars 2013 en France – parce que quand on s’insurge et combat l’arbitraire on ne trie pas parmi ses victimes.

Peut-être que certains auront encore et toujours des difficultés à l’entendre, surtout à le comprendre – du fait notamment d’un indéniable formatage tribal et totalitaire des esprits au Cameroun- mais l’homme libre que je suis n’a sur ce plan le moindre état d’âme. J’ai soutenu Thierry Michel Atangana jusqu’à sa libération effective, je n’en tire (contrairement à d’autres) aucune gloire personnelle, parce qu’il serait indécent de « triompher » contre un pays, mon pays (le Cameroun), dont je suis aussi un ressortissant, et pour lequel je ne peux me réjouir quand il végète dans les profondeurs de l’obscurantisme politique.

L’homme Thierry Michel Atangana est enfin libre de ses mouvements auprès des siens en France, après 17 années de séquestration au Cameroun. Ayons la décence de le laisser se reconstruire, sans indéfiniment ternir sa réputation, ou accuser une puissance amie (la France) qui ne pouvait se résoudre à l’idée qu’un des siens croupisse dans un trou à rats du Secrétariat d’État à la Défense (SED) du Cameroun, au nom d’un simulacre de campagne nationale de lutte contre la corruption à tête chercheuse, communément appelé «Opération Épervier».

Dieu seul sait si le Cameroun a bien d’autres défis à relever aujourd’hui que cette obsession malsaine sur la modeste personne de Thierry Michel Atangana. Relevons-les ensemble avec la France et d’autres, sans en permanence rechercher des boucs émissaires (Atangana, France, ONU, Occident…), qui nous aident surtout à occulter tous ces fléaux d’ordre économique et social (corruption endémique, mauvaise gouvernance, sous-scolarisation, manque d’infrastructures, mauvaise répartition des richesses, verrouillage institutionnel, faiblesse des investissements directs étrangers…) précisément ceux-là mêmes – investissements directs étrangers – que Thierry Michel Atangana a eu la faiblesse ou la naïveté de penser qu’il pouvait nous aider à attirer comme administrateur financier après son retour au Cameroun en 1992. Il choisira désormais seul et en homme libre le nouveau sens à donner à sa vie, puis à sa carrière.

Michel Thierry Atangana, à Paris, le 28 février 2014
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Cameroun: Thierry Atangana retourne en France ce soir

Le franco-camerounais qui vient de bénéficier d’une grâce présidentielle va prendre un vol de Air France qui va atterrir demain matin vers 7h à l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle de Paris

Michel Thierry Atangana Abega quitte le Cameroun ce soir en direction de Paris. Le départ est prévu à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen à 23h55. Le Franco-camerounais va embarquer avec ses avocats à bord d’un Boeing 777-200 de la compagnie aérienne Air France. L’ex-prisonnier aurait souhaité partir du Cameroun depuis hier, mercredi, 25 février, mais compte tenu du fait qu’il n’y avait pas de vol Air France au départ de Yaoundé ce jour-là, il a quelque peu été contraint de reporter son voyage.

A son arrivée en France demain matin vers 7h00, l’administrateur financier devrait être accueilli sur le tarmac de l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle par des responsables du Quai d’orsay (ministère des affaires étrangères français), son avocat français Me Eric Dupond Moretti et des membres de sa famille, notamment sa jeune s ur et son fils Eric. Il pourrait faire ses premières déclarations aux médias français à l’aéroport.

Michel Thierry Atangana va passer quelques jours à Paris où des séances de travail sont prévues au cabinet de Me Dupond Morreti avec son collectif d’avocats. L’on peut penser qu’ils vont évoquer des stratégies à adopter pour les autres procédures à mener, Il s’agit par exemple du volet financier du dossier Copisur dans lequel des sociétés françaises que Michel Thierry Atangana représentait au Cameroun avant son arrestation réclament un peu plus de 300 milliards FCFA à l’Etat du Cameroun. Michel Thierry Atangana qui aurait l’intention de revenir travailler au Cameroun, opterait pour des négociations à l’amiable, apprend-on. Par ailleurs, il doit également rencontrer des autorités françaises. Après quoi il pourra se retirer en Bretagne, dans la ville de Morlaix où il va retrouver sa communauté religieuse.

Thierry Atangana retourne en France ce soir
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Toutefois, face au dispositif sécuritaire imposé par l’ambassade de France au Cameroun, Michel Thierry Atangana va retourner en France sans pouvoir célébrer ses premiers moments en liberté avec sa communauté religieuse du Cameroun qui l’a accompagné pendant ses 17 ans de bagne. Ni même les membres de son comité de soutien ou encore sa famille de Nsimeyong, son village natal, qui sont restés très proches de lui pendant ces dures année-là.

Libération de Michel Thierry Atangana: le gouvernement nie avoir été mis sous pression

Le ministre de la Communication, qui a accordé un point de presse, indique que cette libération issue de la grâce présidentielle bénéficiera également à 24.000 prisonniers.

Face au doute exprimé par les médias qui ont qualifié le décret présidentiel de remise de peine du 18 février 2014 de « Décret Thierry Michel Atangana », grâce par laquelle le président camerounais est soupçonné d’avoir cédé à la pression d’acteurs étrangers, le ministre de la Communication a tenu un point de presse le 25 février 2014. Issa Tchiroma Bakary a insisté sur la souveraineté et l’indépendance des pouvoirs au Cameroun.

Le ministre de la Communication s’est appesanti sur l’avis émis par le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Ce groupe avait rendu un avis le 13 novembre 2013, jugeant « arbitraire » la détention de Michel Thierry Atangana, jugé deux fois pour les mêmes faits.

Le ministre de la Communication a rappelé que Michel Thierry Atangana avait été écroué pour des infractions de droit commun de nature distinctes, et que le Groupe de travail de l’ONU n’émet que des observations, n’ayant aucun effet coercitif. A la conclusion de son propos, le ministre de la Communication a réitéré qu’au Cameroun, le pouvoir judiciaire est « indépendant » du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif.

Le ministre de la Communication du Cameroun, Issa Tchiroma Bakary, a accordé un point de presse le 25 février 2014, au lendemain de la libération du Franco -camerounais Michel Thierry Atangana et de l’ex-Secrétaire général de la présidence de la République Titus Edzoa.

Tous deux ont bénéficié des dispositions du décret présidentiel de commutation et remise de peines signé le 18 février dernier par le chef de l’Etat, Paul Biya. Ils avaient déjà passé 17 ans en prison suite à une double peine : 15 ans en 1997 et 20 ans en 2012. Pour Issa Tchiroma, leur liberté retrouvée est à mettre au compte de la célébration du cinquantenaire de la Réunification du Cameroun : « une occasion de communion et de fête pour tous les Camerounais où qu’ils se trouvent ».

Le ministre de la Communication a indiqué que 24.000 prisonniers répartis dans 77 prisons bénéficieront également du décret présidentiel du 18 février 2014. Toutefois, seuls deux prisonniers ont déjà été libérés : Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana. La grâce présidentielle de 2014 a bénéficié pour la première fois, au vu de ces deux cas, à des personnes accusées de détournement de deniers publics.

Selon le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, le chef de l’Etat aurait agit sans pression extérieure.
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