Cameroun : l’ancienne ministre de l’Education de base citée dans un scandale de 3 milliards de F

L’ex-directeur des Ressources financières au ministère de l’Education de base explique devant le TCS comment son ancienne patronne lui demandait de décaisser de grosses sommes d’argent tantôt « pour ses besoins personnels », tantôt pour le paiement de « son marabout » ou des prestataires criés au volet. L’ex-ministre a nié tous les faits devant les enquêteurs.

L’enquête est menée par Kalara. M. André Marie Blaise Mbarga veut faire entendre 18 témoins devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour son innocence  clamée dans la bataille judiciaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun. La présentation de la liste des témoins allégués a aussitôt arraché un gros sourire au président du tribunal.

 « 18 témoins ! ça alors ! C’est énorme. Choisissez, nous allons arrêter le nombre à 3 ou 4 témoins », a indiqué le juge. « Nous allons le faire en fonction de l’évolution des débats », a réagi Me Mayo, l’avocat de l’accusée, le sourire en coin. Cet échange, qui s’est déroulé le 30 novembre 2021, a meublé la première audience du procès intenté contre Mbarga, ex-directeur des ressources financières et matérielles du ministère de l’Education de base, mis en jugement pour un supposé détournement de 3 milliards de F.

La procédure est renvoyée au 11 janvier 2022 pour que le parquet convoque le Minedub, partie civile dans le procès. L’acte d’accusation dressé par le juge d’instruction à l’issue de l’information judiciaire, que Kalara a consulté, résume les faits au centre du procès. Les ennuis judiciaires de M. Mbarga découlent d’une «fiche spéciale tenant lieu de rapport d’enquête» concoctée par la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre).

Le document met en cause le Directeur des Ressources financières et matérielles du ministère de l’Education de base pour « détournement de derniers publics ». La Dgre, faut-il le préciser, est un service spécial chargé principalement du contre-espionnage.

Sur instructions …

Selon l’accusation, M. Mbarga avait abandonné son poste de travail en 2016 sans crier gare sous le fallacieux prétexte qu’il était harcelé et menacé par des prestataires qui réclamaient le paiement illico presto de leurs factures. Face à la situation, l’inspecteur général des services au Minedub était chargé d’auditer sa décennie de gestion à la direction des Ressources financières et matérielles, soit la période allant de 2007 à 2016.

Selon l’accusation, l’audit en question avait permis de constater «de nombreuses insuffisances et irrégularités dans la gestion » de l’accusé, notamment la gestion des bons de commandes (marchés), des fonds des caisses d’avance et ceux issus de différents déblocages.

Au détail, on fait le reproche à M. Mbarga d’avoir payé à hauteur d’un peu plus de 1,3 milliard de francs des marchés passés entre 2009 et 2012, sans pièces justificatives. Idem pour l’utilisation d’un montant de 879,5 millions de francs provenant de divers décaissements. En 2016, le Minedub avait créé une « caisse d’avance » dotée d’une somme de 800 millions de francs destinés aux dépenses liées à l’organisation des examens officiels de cette année-là.

Mbarga était régisseur de cette caisse. La gestion de cet argent est aussi jugée problématique. Pendant les enquêtes, en dehors de M. Mbarga, deux témoins à charge ont indexé Mme Alim Adidja épouse Youssouf, la ministre de l’Education de base au moment des faits, comme responsable de la survenance de certains griefs à l’origine du procès.

Louis Parfait Elouna raconte en effet qu’il avait été désigné en 2015 « billeteur » lors du recrutement des instituteurs des écoles publiques vulgairement appelés « maître des parents d’élèves ». Il est donc chargé de payer les divers frais liés à cette opération. Une enveloppe de 100 millions de F avait été décaissée en son nom propre.

Somme qu’il avait sécurisée dans son coffre-fort. «Curieusement, quelques temps après, dit-il, Mme la ministre m’a verbalement instruit de remettre cet argent », à M. Mbarga. « Après beaucoup d’hésitation », avoue le témoin, il s’est finalement exécuté en remettant la somme de 90,4 millions de f au concerné qui « au moment de sa fuite, n’avait pas encore déchargé le reliquat ». Même son de cloche pour Jean Marie Ekouma Balla.

Marabout du ministre

Ce dernier, raconte à son tour qu’il était billeteur au cabinet de la même ministre et c’est «  sur instruction » de la concernée qu’il a remis 139 millions de F à M. Mbarga, sans autre détails. Pour sa  défense, M. Mbarga a réfuté tous les griefs retenus contre sa personne pendant l’information judiciaire.

Il explique avoir laissé toutes les pièces justificatives dans son bureau lors de son départ critiqué. De plus, à ses yeux, il lui était impossible de procéder à des dépenses irrégulières compte tenu des différents niveaux de contrôles. S’agissant, entre autres, de la somme totale de 228 millions de F évoquée par M. Elouma Balla, l’accusé ne nie pas avoir perçu ladite somme de ses anciens collègues, résume le juge d’instruction.

Pour sa défense sur ce volet, M. Mbarga affirme cependant qu’il a remis cet argent au ministre Alim Adidja elle-même tantôt «pour des besoins personnels », tantôt à sa demande à «un individu présenté comme son marabout».

 Concernant la gestion de 800 millions de F de la caisse d’avance, M. Mbarga reconnaît que cette somme n’a pas été totalement utilisée pour ce à quoi elle était destinée, en l’occurrence l’organisation des examens officiels  de 2016. Si 97 millions de F ont servi au paiement des frais d’examen, il a en revanche prélevé et payé 150 millions de F comme acompte à l’Imprimerie nationale pour la facture d’un marché de livraison des imprimés d’un montant initial de 225,6 millions de F.

Paiement d’ailleurs confirmé par le Directeur général de cette entreprise. Le reste des fonds, indique l’accusé, «a servi au paiement  en priorité des prestataires Moulongo Oscar et Bomba Yene Pierre », sur instruction de sa patronne.

Le juge d’instruction a rejeté la défense de l’accusé au motif que l’abandon  de son poste «ne peut être compris que si l’on admet qu’ayant mauvaise conscience relativement à la gestion de la fortune publique à lui confiée, il a délibérément décidé de s’en aller à la dérobée ».  Le 27 octobre 2017, Mme Alim Adidja s’est expliquée sur les récriminations faites contre sa personne devant les enquêteurs.

Pendant son audition, rapporte le journal Kalara , l’ex-ministre a clamé son innocence en arguant «  qu’elle ignore la destination prise par ces fonds, car n’ayant pas été associée ni de près ni de loin à leur gestion » qui incombait au directeur Mbarga. Ce dernier est en détention provisoire à la prison de Kondengui où il attend d’être jugé.

Enseignement primaire : le délai de dépôt des dossiers pour les examens reporté au 19 février

Les autorités expliquent cette prorogation par le faible taux d’inscription aux examens et concours de l’année scolaire en cours.

Le ministre de l’Education de base (Minedub) a informé la communauté éducative que le délai de dépôt des dossiers des examens et concours relevant de l’enseignement primaire a été prorogé d’un mois, jusqu’au 19 février.

Cette décision, explique-t-on au Minedub, s’explique par le faible taux de dépôt de dossier enregistré jusqu’ici. « Les statistiques ne sont pas celles que nous attendons. Dans l’ensemble on moins de 8 % mais le problème c’est dans certaines régions. A l’Est par exemple nous sommes encore à moins de 48 % par rapport aux effectifs attendus. Au Sud, moins de 24 %, et à l’ Ouest moins 28 % », développe Laurentine Baleba Baleba, Sous-directeur de l’organisation des examens et concours au Minedub.

Pour ce responsable, ce qui freine les inscriptions, ce sont les raisons économiques et le défaut d’acte de naissance de la part des élèves. Ainsi, le décalage d’un moins a pour but de permettre au retardataire de déposer leur dossier, car passer ce délai, précise-t-on au Minedub, aucun dossier ne sera plus réceptionné, « pour ne pas compromettre la préparation matérielle et l’organisation des examens et concours », ajoute Laurentine Baleba Baleba. Elle espère : « d’ici nous pensons que les gaps seront comblés ».

Cameroun : pas de points de vente de nourriture dans les établissements scolaires [ministre]

C’est l’une des mesures de restriction qui sera reconduite lors de la prochaine année scolaire, pour lutter contre le coronavirus.

Le ministre de l’Education de base a expliqué ce 24 septembre à Yaoundé, quelles sont les dispositions prises par son département ministériel avant la réouverture des écoles le 5 octobre 2020.

« Il va falloir (…) porter des restrictions sur ce que nous faisions déjà avant l’arrivée du Covid.  Nous n’aurons probablement plus de points de vente de nourriture à l’intérieur des établissements », a d’ores et déjà tranché le ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa.

Entre autres mesures applicables, il y a la limitation du nombre d’élèves par classe. « Pour les établissements de l’arrière-pays en général, le problème ne se pose pas. Les effectifs sont des effectifs normaux. Au niveau des villes et surtout des grandes métropoles, où nous avons des effectifs assez importants par classe, il va falloir procéder à un système de rotation que nous appelons vulgairement un système de mi-temps », a expliqué le ministre.

En clair, « il faudra diviser globalement les classes en appliquant les nouvelles méthodes pédagogiques qui sont par exemple le regroupement avec des dispositions concentriques, etc. Donc il a fallu avec les équipes pédagogiques, simuler cela pendant de longues semaines et l’appliquer déjà dès le 1er juin dernier et il va falloir généraliser tout cela dès la rentrée prochaine ».