Mali: La situaton se dégrade à Kidal

Le MNLA a revendiqué dimanche l’arrestation à Kidal de plusieurs personnes accusées d’être des espions « à la solde de l’Etat malien ».

La tension régnait depuis plusieurs jours dans la capitale de la huitième région du Mali, occupée depuis plus d’un an par des groupes armés. Les éléments du MNLA qui ont repris le contrôle de la ville depuis l’intervention militaire française du début d’année redoutent un assaut des troupes maliennes, tenues à l’écart par le groupe indépendantiste. Les prochaines élections ont renforcé l’enjeu de la libération de la ville et du retour de l’administration malienne.

Des officiers maliens arrêtés
Selon plusieurs sources, la situation s’est largement détériorée ces dernières heures. Plusieurs personnes ont été accusées par le MNLA d’être des « espions » à la solde de Bamako. Elles auraient été arrêtées dont des militaires. Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) a revendiqué l’arrestation d’au moins huit capitaines de l’armée malienne à Kidal. « Plusieurs dizaines de personnes » ont été interpellées, les enquêtes à leur sujet continuent. « Les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers, annonce un représentant du mouvement indépendantiste touareg. Ils sont détenus à la gendarmerie du MNLA de Kidal. Les autres seront libérés », assure cette source. Dans le même temps, la population noire de la ville se sent de plus en plus menacée. Plusieurs témoignages font état du pillage de deux commerçants Songhaï, de peau noire, ce samedi, par des hommes du MNLA. « C’est faux, aucune boutique ni aucune maison n’a été pillée», affirme le MNLA, qui ajoute que le mouvement ne remettra « en aucun cas en cause notre légitimité avec ce type d’actes irresponsables ».

La population « noire » se terre
Le groupe armé rappelle qu’il entend éviter tout affrontement entre les populations et qu’il compte assurer la sécurité des personnes de teint noir. Reste que selon plusieurs témoignages, de Songhaï mais aussi de Touaregs noirs, nombreux sont ceux qui se sentent menacés et n’osent plus sortir de chez eux. RFI a joint un doyen de la communauté songhaï. Il est caché avec ses proches, la peur au ventre, dans sa maison. Il témoigne que « depuis 6h30 du matin, des groupes du MNLA ont envahi tous les quartiers de Kidal, en ramassant toutes les peaux noires, en leur disant qu’ils soutiennent le gouvernement de Bamako, donc ils vont les enfermer tous et ils vont les rapatrier sur Gao». Il ajoute que cette situation dure depuis trois jours et que « actuellement, tout le monde est caché dans les maisons ». Les membres du groupe dissident, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), ont offert leur protection. Selon le témoin de RFI, ils sont venus armés jusqu’aux dents et ont laissé un numéro de téléphone où les joindre en cas de problème.

La situaton se dégrade à Kidal
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Mali: Les élections générales prévues le 29 avril 2012 pourront-elles se tenir?

L’idée d’un report commence à être évoquée par certains leaders politiques maliens

La situation de guerre au Nord du pays risque de poser de sérieux problèmes pour l’organisation du scrutin. Les populations fuyant les combats se comptent par milliers. Si les élections sont repoussées cela risque de créer un vide constitutionnel, le mandat du président se termine le 8 juin 2012. Au Mali, la vacance du pouvoir n’est prévue constitutionnellement que dans deux cas: lorsque le président est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions ou alors lorsque l’empêchement est absolu ou définitif ce qui inclut le décès. C’est alors le président de l’Assemblée nationale, qui exerce l’intérim de la présidence, est chargé d’organiser l’élection d’un nouveau chef de l’Etat dans les quarante jours.

Problème! Le cas de figure d’un report du scrutin présidentiel n’a pas été prévu. Donc dans l’hypothèse d’un report, la situation étant inédite, il faudra innover pour répondre au vide constitutionnel créé par la fin du mandat du président le 8 juin prochain. La classe politique dans son ensemble peut décider de passer un accord pour gérer une période de transition qui permettra d’organiser l’élection. Faute d’accord entre tous les acteurs, le gouvernement pourrait décider de saisir la Cour constitutionnelle afin de trouver une solution.

Le déplacement des populations, un facteur non-négligeable
Au moins 60.000 personnes sont déplacées à l’intérieur du Mali et plus de 22.000 sont réfugiées au Niger, suite aux attaques menées par des rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) dans le Nord Mali, annonce un communiqué du Comité international de la Croix-Rouge publié mardi à Bamako. Ces personnes ont abandonné leurs maisons et champs et perdu leur bétail et leurs activités quotidiennes, a déclaré le chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, Juerg Eglin. De nombreuses familles vivent sous des arbres ou en plein air, certaines avec des enfants en bas âge, des femmes enceintes ou des personnes âgées. Le CICR, qui dispose d’un bureau à Gao, affirme que dans la région de Kidal et le cercle de Ménaka, à la frontière avec le Niger, les combats l’ont obligé à suspendre une vaste campagne de vaccination et de traitement du bétail qui avait débuté en décembre dernier. Un facteur qui intéresse au plus haut niveau les autorités maliennes.

Quelle que soit la formule, la solution devra être politique et la plus consensuelle possible. Celle qui collerait le plus à la Constitution, explique un ancien magistrat de la Cour, serait d’opter pour une période d’intérim conduite par le président de l’Assemblée nationale jusqu’au futur scrutin présidentiel plutôt que de choisir une prolongation du mandat de l’actuel occupant du palais de Koulouba. La tâche n’est simple ni pour la classe politique ni pour la Cour constitutionnel car toute décision créera un précédent

ATT, une fin de mandat tumultueuse
Koulouba )/n