Cameroun : ces Lions de l’épopée 90, morts en attendant les logements promis par Paul Biya

Il a fallu attendre les décès conjugués de Louis-Paul Mfédé, Benjamin Massing et surtout celui plus retentissant du capitaine Stephen Tataw pour que le président de la République offre les 22 logements promis aux héros du Mondial 1990

 

Existe-t-il une corrélation entre le décès de Stephen Tataw survenu le vendredi 31 juillet 2020 et la décision prise le 6 août 2020 par le chef de l’Etat camerounais d’offrir des logements aux héros du mondial 90 en Italie ? Pour répondre à cette question, son Excellence Roger Milla, qui a porté la bonne nouvelle à ses coéquipiers, répond qu’il n’y en a aucune. Mais la coïncidence est troublante.

Las d’attendre une promesse faite dans l’euphorie de la victoire face à l’Argentine le 8 juin 1990, le collectif des anciens Lions indomptables a relancé le président de la République à travers une correspondance datée du 15 juin 2020. Il faut dire que depuis 30 ans, les Lions ont introduit plusieurs demandes, notamment par le biais de Gilles Roger Belinga, ex-Directeur général de la Société immobilière du Cameroun (SIC). Interpellé le 26 février 2006, il séjourne depuis lors dans les geôles du secrétariat d’État à la Défense, dans le cadre de l’opération Epervier. Il a été condamné le 27 septembre 2007 en appel à 20 ans de prison ferme.

Dans une correspondance ayant pour objet : « Don de 22 logements Sic » du  ministre en charge des Sports, adressé au représentant du Collectif des anciens Lions indomptables – Bertin Ebwellé -, Narcisse Mouellé Kombi indique avoir transmis la doléance des anciens footballeurs au chef de l’Etat via le directeur du cabinet civil de la présidence de la République. Fait troublant, la réponse à cette demande a eu lieu le même jour. Dans un pays ou l’épicentre de l’ineptie se trouve à la présidence de la République, cette correspondance a vraisemblablement été antidatée. D’ailleurs, elle n’a été rendue publique que le 6 août 2020.

Cas des joueurs décédés

Pour les cas des joueurs décédés entre temps, Roger Milla a apporté la précision suivante : « Pour Benjamin Massing, le DG nous a dit que l’ayant droit doit apporter la grosse au tribunal, afin de compléter son dossier. Pour Mfedé, nous ferons la même chose. Parce que Mfede n’avait pas qu’une seule femme, on m’a dit deux ou trois. Il va falloir qu’on trouve l’ayant droit pour cette maison. Pour Stephen Tataw nous n’aurons pas besoin de cela parce que l’ayant droit est déjà là, la famille s’étant déjà réunie. Elle va nous dire quel est le nom. Les maisons sont déjà là ».

Jules Denis Onana, le responsable de la communication de ce Collectif précise néanmoins que les 22 Lions indomptables doivent se rapprocher du DG de la SIC pour préciser le choix de la ville où ils aimeraient recevoir leurs logements.

L’annonce de cette nouvelle a fait des envieux. Notamment chez les générations d’après 1990. Certains Lions ayant remporté les jeux olympiques en 2000 à Sydney estiment aussi avoir droit à une reconnaissance similaire de l’Etat. Bertin Ebwellé explique que le Collectif des anciens Lions défend les intérêts de toutes les générations et que s’il y a des requêtes à faire, ils n’hésiteront pas à les introduire.

Mais s’agissant des membres du staff des Lions de l’épopée de 1990, Roger Milla estime que ces derniers avaient reçu chacun le double de la prime des joueurs et que par conséquent ils ne sont pas concernés par le don du chef de l’Etat.

Paul Biya avait précisé dans son annonce que les logements iraient aux 22 joueurs.