La Beac projette de produire les pièces 250 F CFA

Après la mise en circulation dans la zone CEMAC d’une nouvelle gamme de billets le 15 décembre dernier, ce sera bientôt au tour des pièces de monnaie.

La rareté des pièces ne devrait plus être qu’un lointain souvenir dans la zone CEMAC. Les injections massives de pièces de jeton de 25, 50, et 100 F CFA n’ont finalement pas permis de combler suffisamment le gap, ni de renflouer le circuit monétaire frappé par sa rareté. A en croire un communiqué de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) : « Le Comité ministériel du 15 mars 2023 a autorisé la création d’une nouvelle gamme des pièces conformément aux préconisations formulées par la Beac » 

La décision prise par les autorités monétaires de la Cemac est porteuse d’espoir, dans la mesure où depuis plusieurs années maintenant, la pénurie des pièces de monnaie est quasi permanente dans la zone Cemac.

La faute à la naissance de réseaux d’exportation de ces pièces vers un pays asiatique, après leur collecte dans les salles de jeux et autres circuits informels. À l’origine de cette pratique, apprend-on, se trouve la valorisation dans les activités de bijouterie du métal de base servant à la fabrication desdites pièces”.

Pour rappel, la dernière injection d’une nouvelle gamme de pièces par la Banque des États de l’Afrique centrale date de 2002. Pour la mise en circulation des prochaines pièces, il est annoncé de nouveaux spécimens avec l’entrée de la pièce de 250 F CFA, en circulation dans la zone de la BCEAO depuis des années. Les spécimens en circulation depuis 21 ans sont les pièces de 1F, 2F, 5F, 10F, 25F, 50F, 100F et 500F.

Le taux de couverture extérieure de la monnaie évalué à 89,8% en 2015

Les chiffres ont été donnés dans un communiqué publié vendredi par le Comité monétaire et financier national (CMFN) qui relève également la baisse enregistrée par le crédit intérieur à la même période

Le taux de couverture extérieure de la monnaie pour le Cameroun est passé de 93, 1 % à 89,8% en fin décembre 2015, selon un communiqué publié vendredi par le Comité monétaire et financier national (CMFN).

A la période considérée, le crédit intérieur a pour sa part enregistré une baisse de 1,9%, passant de 2. 273, 7 milliards F CFA en décembre 2014 à 2. 228,3 milliards F CFA un an plus tard (- 45 milliards F CFA) du fait de la diminution des créances nettes sur l’Etat en liaison avec l’augmentation des dépôts publics auprès du système monétaire.

S’agissant des réformes structurelles, bien que des résultats aient été enregistrés, leur cadence est jugée « lente » par le Comité.

Le CMFN a toutefois noté une hausse de 8,5% de la masse monétaire corrélée à celle de ses contreparties, s’établissant à 3. 954,6 milliards F CFA en décembre 2015 contre 3. 645,2 milliards F CFA douze mois auparavant, alors que les avoirs extérieurs augmenteraient de 31, 4%.


Droits réservés)/n

Les journaux camerounais dissertent sur l’avenir du franc CFA

Plusieurs journaux parus lundi sont revenus sur la tenue en fin de semaine dernière à Yaoundé, la capitale du pays, de la rencontre semestrielle des ministres de la zone franc

L’avenir du franc CFA était en question lors de ces assises, titre Le Jour qui constate que rien de concret n’a été décidé par rapport à la monnaie commune à 15 pays d’Afrique du centre et de l’ouest.

L’idée de la mort du franc CFA, lié par une parité avec l’euro, n’emballe pas du tout les dirigeants africains, leur monnaie étant considérée comme un gage de stabilité économique et politique, analyse Emergence.

Pour le ministre français des Finances, Michel Sapin, cité par Le Quotidien de l’Economie et à propos de l’interchangeabilité entre la monnaie commune d’Afrique centrale et de l’ouest et la parité fixe avec l’euro, «la France ne décide pas à la place des autres».

Selon EcoMatin, «le choix de sortir ou de rester de la zone franc n’était pas au menu de cette réunion, mais de l’avis des spécialistes, il a été traité ipso facto en marge des activités prévues».

«A la vérité, les pourfendeurs du FCFA indiquent que la sortie des pays africains, lancés dans d’ambitieux projets de développement, est imminente. Côté Français, on semble prêt à jouer la carte du pragmatisme.»

«La zone Franc est une zone des Africains, pour les Africains, décidée par les Africains. La France est là pour accompagner. La France est là, comme vous le savez, pour garantir la stabilité de la monnaie. Nous nous engagerons à faire en sorte que cette monnaie reste stable par rapport à d’autres monnaies et cette stabilité est quelle chose de très utile aux pays concernés. Mais, c’est la décision des pays africains qui s’impose, pas celle de la France. S’il y a une volonté de voir évoluer cette zone, cela doit venir de la volonté des pays africains eux-mêmes et de leurs responsables», explique Michel Sapin au quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune.

Mutations bat pourtant en brèche cet argumentaire plein de bon sens : l’Afrique compte 54 pays indépendants, et seuls 15 de ces pays ont lié leur sort financier à l’ancienne puissance coloniale alors que, à l’intérieur même de ces Etats, économistes et monétaristes parmi les plus célèbres de la planète ressassent, à tout vent, qu’une monnaie est d’abord un instrument de souveraineté avant d’être un moyen de change commercial, et un pays qui ne contrôle pas cet instrument est assujetti.


Droits réservés)/n

Cameroun: les propositions du FMI contre productives face à la mal gouvernance

Par Vincent Sosthène Fouda, président national du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie (MCPSD)

La position officielle du Cameroun semble donc être que le Cameroun ne quittera pas le CFA si j’en crois certains médias et que ce propos aurait été tenu par le premier ministre Philémon Yang lors de la visite de Christine Lagarde au Cameroun. Il en est de même pour ce qui est des propositions de madame Lagarde quant à la multitude des projets du gouvernement camerounais. Un pays n’est pas une institution internationale, nous devons simplement déplorer que la conférence de presse avec les ministres des finances de la zone CEMAC n’est pas été un échange franc avec les journalistes, ce qui aurait permis de vulgariser les thèmes qui tiennent les populations à c ur.

La monnaie est à l’économie ce que le sang est au corps humain; s’il en manque, c’est l’anémie, s’il y en a trop, c’est la congestion. Il ne viendrait à l’idée de personne d’emprunter son propre sang. Alors, il revient à l’État, pour le service du bien commun, d’assurer l’offre à la demande de monnaie pour qu’enfin l’économie camerounaise soit au service des camerounais. Voilà le principale sujet qui intéresse les camerounais dans le rapport de leur pays avec la Banque Mondiale.

La conjoncture intellectuelle présente nous interpelle sur la question du savoir économique autorisé et de la place spécifique que la monnaie y tient. On dispose en effet désormais d’assez de recul pour constater qu’en dépit de l’ampleur de la crise actuelle du capitalisme financiarisé dans ses deux premières phases, celle initiée en 2008 aux États-Unis par le défaut sur les dettes privées des ménages et ses conséquences dépressives sur l’économie mondiale, puis celle de l’endettement des États dans la zone euro initiée en 2010, les idées des économistes qui font autorité continuent de structurer, comme si de rien n’était, la vision du monde des classes dirigeantes occidentales. Tout se passe comme si un effet de sidération avait paralysé la capacité à penser de nos gouvernants et de leurs conseillers économiques et financiers.

Le gouvernement camerounais, a son programme que nous demandons à voir, à implémenter, le Chef de l’Etat dans son message de v ux à la Nation le 31 décembre 2015 a dit que le DSCE est la boussole de son gouvernement. Nous ne pouvons donc pas dire qu’il a entendu les conseils de madame Lagarde pour se réajuster ou pour se déployer. Qu’est-ce que le développement ? François Perroux en 1961 disait et je cite : c’est « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». Cette définition implique deux faits principaux : si la croissance peut se réaliser sans forcément entraîner le développement (partage très inégalitaire des richesses, captation des fruits de la croissance par une élite au détriment du reste de la population), il y a tout de même une forte interdépendance entre croissance et développement (le développement est source de croissance et nécessite une accumulation initiale).

Enfin, le développement est un processus de long terme, qui a des effets durables. Une période brève de croissance économique ne peut ainsi être assimilée au développement. Le problème du gouvernement camerounais n’est pas d’embrasser trop de projet mais de ne conduire aucun à terme et ceci depuis 30 ans environ et cela s’appelle la mal gouvernance. Ce gouvernement est champion des déclarations, des projets mais nul en réalisation, c’est ce qui découle d’ailleurs du dernier rapport de Transparency International quand on le lit par rapport à l’indice de développement. Madame Lagarde comme toute financière ce trompe sur les objectifs que doit atteindre un pays s’il veut se développer alors que ces critères n’ont pas changé depuis 1970 et énoncé par le PNUD à savoir : la productivité qui permet d’enclencher un processus d’accumulation ; . la justice sociale : les richesses doivent être partagées au profit de tous ; . la durabilité : les générations futures doivent être prises en compte (dimension à long terme du développement) ; . le développement doit être engendré par la population elle-même et non par une aide extérieure. Quand vous regardez et lisez attentivement les propositions de madame Lagarde le compte y est-il ?

La nécessité de la monnaie
La monnaie est essentielle au fonctionnement d’une économie moderne, mais sa nature a sensiblement varié au fil du temps. Aujourd’hui, la monnaie est une dette, dont la spécificité est que chaque acteur du système économique est sûr qu’elle sera acceptée par les autres en échange de biens et de services.

Il existe 3 types de monnaie : les espèces, les dépôts bancaires, et les réserves de la banque centrale. Chacun représente une dette entre un secteur de l’économie et l’autre. Dans l’économie, moderne, les dépôts bancaires, qui sont créés par les banques commerciales elles-mêmes constituent la majeure partie de la monnaie. Sur les trois types de monnaies il revient non pas seulement au Cameroun mais à l’Afrique entière d’analyser avec rigueur où se trouve sa faille, celle du pays et celle du continent. Où se trouve la réserve de la banque centrale des Etats de la CEMAC et par là de tous les Etats francophones à quelques exception et les Comores ?


Droits réservés)/n

Diplomatie: Christine Lagarde est en terre camerounaise

Durant trois jours, la directrice générale du FMI va aborder des questions budgétaires, monétaires et des réformes structurelles avec les membres du gouvernement

07 décembre 2016, l’avion transportant Christine Lagarde atterrit sur le tarmac de l’aéroport international de Nsimalen à Yaoundé. La directrice Générale du Fond monétaire international (FMI) répond ainsi à une invitation du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya.

Au menu des échanges qui vont animer les rencontres avec les membres du gouvernement national, les questions de budget, de monnaie et de réformes structurelles.

Christine Lagarde arrive alors que le contexte économique Camerounais est marqué par la baisse des cours de matière première dont la chute de celle du baril de pétrole. Côté Sécurité, c’est un pays meurtri par les exactions de la secte islamiste Boko Haram que la diplomate visite.

« Au cours de ma visite, j’aurais l’occasion d’offrir aux autorités l’appui du FMI pour continuer de soutenir le Cameroun dans ses efforts visant à asseoir un développement durable et inclusif. Nous avons récemment élargi nos principaux mécanismes de prêt en faveur des pays en développement et sommes ainsi en mesure de leur offrir une protection encore plus grande face aux chocs exogènes », a indiqué Christine Lagarde dans une interview publiée dans le quotidien national édition du jeudi, 07 décembre 2016.

S’agissant spécifiquement du Cameroun, en octobre dernier, un rapport du FMI dressait un tableau plutôt contrasté des performances économiques du Cameroun avec notamment une croissance du PIB réel, hors pétrole de 5,5% en 2016 contre 5,1% en 2015, une expansion de la masse monétaire au sens large de 7,7% en 2016 contre 8,6% en 2015, une variation annuelle des prix à la consommation de 2,1% en 2016 en 2016 contre 2,0% en 2015.

Selon les mêmes projections, le Cameroun devrait enregistrer un solde extérieur courant de -5,2 du PIB pendant l’année qui vient de débuter contre -5,0% en 2015, mais aussi un solde budgétaire global, dons compris de -5,6% en 2016 contre -5,1% en 2015.

La visite de Christine Lagarde est l’occasion pour le Cameroun de recevoir l’expertise de l’institution pour améliorer le climat des affaires et booster l’investissement privé. Des conseils sont également attendus du FMI pour conduire des réformes structurelles plus hardies, une intégration régionale plus poussée ainsi qu’une diversification des sources de croissance et de recettes de l’Etat.

Christine Lagarde « Remplir mes fonctions me donne une responsabilité supplémentaire »
Droits réservés)/n

Dieudonné Essomba: « Sortir du CFA est le gage d’une meilleure relance des économies de nos pays»

Selon ce statisticien auteur d’un livre sur la monnaie binaire, la monnaie utilisée dans la zone Franc, n’est pas à l’avantage de ses membres. Il explique.

Le 05 octobre dernier à Paris en France, les ministres des finances des pays de la zone FCFA dont le Cameroun, se sont retrouvés pour la traditionnelle réunion et pour la célébration des quarante années de coopération monétaire, quel est votre commentaire?
D’abord il faut tenir compte du fait que les accords de 1972 viennent consacrer une vieille pratique, c’est-à-dire une zone monétaire commune, articulée autour de la France, fonctionnant sur la base de la conservation par elle, des devises et de l’or monétaire. Une zone qui avait existé avant et avait persisté après les indépendances des pays membres de la zone franc. Donc le franc CFA avait toujours fonctionné et fonctionnait encore jusqu’à récemment, comme des sous monnaies de la monnaie française. Alors en 1972, on donne un habillage juridique, à cette très vieille pratique, en le rendant même un peu plus complexe sous la forme jusqu’ici difficile à comprendre d’une création de plusieurs Banques Centrales pour la même monnaie. La question de fond est celle de savoir ce que les pays de la zone franc commémorent en réalité. Il y a là quelque chose qui n’est pas clair. Lorsqu’on observe les attitudes officielles on a l’impression que la zone Franc a été créée en 1972 alors que ce moment-là marque le départ de l’habillage juridique d’une pratique de rente propre à la colonisation.

Votre inquiétude nous emmène a rappeler qu’effectivement, avec l’entrée de la monnaie unique européenne, les pays africains de la zone Franc, n’ont plus d’accord monétaire avec la France, parce que les accords de Maastricht l’interdisent, mais avec l’Euro. Aujourd’hui quelle est la substance qui reste des accords monétaires qui sont célébrés ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que le CFA était une partie de la monnaie française. Lorsque celle-ci est fondue dans l’Euro, le CFA est devenue une partie des Euros de la France, mais qui circule en Afrique. Jusqu’ici, le CFA n’est pas encore une monnaie véritablement autonome. Du point de vue l’économie globale, les pays de la zone CFA se comportent exactement comme si c’était des départements français, sauf que cette hiérarchisation porte sur la monnaie. Donc au niveau européen, on ne connaît véritablement pas le CFA. On distingue des euros qui circulent en France, et ceux qui circulent dans les pays africains sous la forme de CFA.

Oui mais malgré tout, le CFA est convertible contre un large panier de monnaies. On peut le changer contre du Dollars, du Yen et autres monnaies, comment cela se passe-t-il exactement?
C’est une très bonne question. Je précise tout d’abord que le CFA est essentiellement émis à travers les devises. Les banques centrales ne décident pas de créer la monnaie sur la base des agrégats économique comme le font d’autres Banques Centrales. Ce qui veut dire que lorsque le Cameroun par exemple réalise des exportations, dans ces différents pays, il ne reçoit pas directement ses devises. Ces recettes sont en principe reversées dans le trésor public français, qui lui renvoie une quantité, sous la forme de CFA. À l’inverse, lorsque nous voulons importer des marchandises, le système bancaire ici demande à la Banque de France qui nous remet des devises pour les importations. Il n’y a pas plus grand outil de contrôle d’un pays. La convertibilité est apparente car elle ne peut aller au-delà d’un certain montant. Pour le cas du Cameroun, au-delà de 2200 milliards de FCFA, la quantité de devises que nous produisons chaque année, on a recours à un endettement commercial.

Vous êtes de ceux qui pensent que les accords monétaires sont une des causes de blocages des économies de la zone Franc dont le Cameroun, comment expliquez-vous cela?
Je vais vous citer la situation dramatique que vit le solde extérieur (différence entre les importations et les exportations). Lorsque le Cameroun atteint le point d’achèvement en 2006, son déficit commercial en 2007 n’est que de 90 milliards de FCFA. en 2008 ce déficit monte à 190 en 2011, le déficit du commerce extérieur est à 1700 milliards de FCFA et les prévisions de 2012 prévoient une hausse certaine. Or à la vérité, ce déficit cumulé constitue un endettement. Comme je vous l’expliquais, pour importer, nous demandons nos devises à la France qui nous les remet. Mais lorsque nous importons plus que nous ne vendons, forcément le surplus d’achat se fait sur la base des devises que la France ou d’autres partenaires nous prêtent. A cette dette commerciale, il faut rajouter les 2210 milliards de dette contracté auprès des bailleurs et du secteur privé pour la réalisation des projets et le fonctionnement de l’appareil administratif. Donc à la dette publique normale, il faut ajouter 3000 milliards de déficit commercial cumulé et donc vous constaterez vous-même les ravages qui naissent du fait d’une monnaie qu’on ne contrôle pas. Si nous admettons qu’il est logique de s’endetter pour les projets, l’augmentation permanente de la dette issue du déséquilibre de la balance des paiements est très dangereuse, parce que tout le monde est responsable sans le réaliser. En 1987 pour ceux qui se rappellent des années de braises économiques, c’est précisément ce scénario qui rend les choses difficiles au Cameroun, couplé à une incapacité de l’administration à anticiper et prévoir. Nous sommes en train d’y retourner à petit pas. Or pour jouer sur la balance des paiements, les pays utilisent souvent la monnaie, en la dépréciant ou en la valorisant. Cela permet un contrôle sur les flux de capitaux entrant ou sortant. Aujourd’hui le fait qu’on utilise une monnaie rigide qui n’est pas la nôtre, empêche cela et le pays est en train de s’enfoncer inévitablement.

Dieudonné Essomba
Journalducameroun.com)/n

Aujourd’hui parlant du stock de devises gérées sur le compte des opérations en France pour le compte de la zone Franc, on parle de 30 milliards de dollars. Est-ce qu’on peut encore véritablement dire que le France qui a des besoins budgétaires qui se chiffrent en milliers de milliards d’Euros, use et abuse de sa position sur la monnaie Africaine. Est-ce qu’il n’y pas un peu d’incompétence de nos dirigeants qui refusent d’avancer?
D’abord sur le volume des transactions, il faut tenir compte de ce que le stock en devises est un mécanisme régulateur. Normalement le pays n’a pas besoin d’un stock en devises. Il doit équilibrer ses comptes par la vente et l’achat. Ce stock apparaît pour gérer les risques. Il n’a pas besoin d’être énorme. Donc de ce fait, même s’il apparaît dérisoire par rapport au volume de l’activité économique en France, il joue un rôle stabilisateur extrêmement important. C’est un peu comme la queue de l’avion. Si vous décidez de la couper au motif qu’elle est plus petite que le reste, vous ne pourrez plus rien faire et ce sera le crash assuré. Le fait même que la France s’accroche à cette zone, est la preuve qu’elle y tient à fond. A côté de cela, il y a le fait que c’est un moyen pour la France de contrôler même subtilement ou de manière ouverte les flux commerciaux. Il vous souvient dans beaucoup de marché publics en Afrique francophone, la France a souvent fait des pressions. Donc le fait qu’elle maîtrise ces flux lui donne de manière stratégique la possibilité de les maîtriser et surtout de jauger la force des autres pays avec lesquelles elle est aujourd’hui dans la lutte sur le contrôle des parts de marché dans le monde. Vous demandez aussi s’il n’y a pas de problème de gouvernance. Je vous dis que la situation des pays africains intègre plusieurs types de problèmes. Il y a un problème de gouvernance opérationnelle (corruption, mauvaise utilisation des ressources), de gouvernance stratégique, et aussi la mauvaise articulation de nos économies. Nous ouvrons nos économies au nom de la compétitivité alors que celle-ci dépend d’un certain nombre de facteurs que nous ne possédons pas encore, d’où les grands projets. On essaye de transformer la gouvernance en une sorte de bâton magique, or ils savent que cela n’a rien à voir. Même si on donne le Cameroun a l’équipe Barack Obama, dans les circonstances actuelles, cela lui posera problème.

Parlant des accords monétaires, il semble que la substance qui reste aujourd’hui et vous l’avez expliqué, c’est la gestion budgétaire du Franc CFA. Donc les pays de la zone Franc peuvent décider de changer de partenaire est ce que ce n’est pas une solution?
Ce que la France gère, ce sont nos devises extérieures maintenant les autres aspects de la gouvernance économique est l’affaire des organismes internationaux, comme la Banque Mondiale et le FMI. Quant aux autres pays nous avons de simples rapports commerciaux. Si nous sortons du CFA aujourd’hui, la seule issue est d’avoir notre monnaie. Maintenant dans la gestion de cette monnaie, on peut s’arrimer à un autre pays. Comme le Ghana le fait avec le Dollar US. Mais évidemment pour l’Amérique, c’est un peu comme un oiseau qui décide de suivre les éléphants. Il faut savoir que la zone Franc est une expérience unique dans le monde, c’est-à-dire le cas où un autre pays émet la monnaie utilisée dans plusieurs autres pays. C’est assez impressionnant qu’on puisse célébrer cela. Alors est ce que le problème n’est pas la France, je dois dire que ce pays a profité du CFA dans les années 70. Il avait connu un grand retard dans son industrialisation et à l’époque les devises générées par les économies africaines, où il n’existait pas encore de classe moyenne comme aujourd’hui, étaient inutilisées. La France a donc utilisé l’énorme stock de devises des pays de la zone Franc pour se relancer. La seule période où le solde du compte des opérations a franchi le rouge, cette France n’a pas hésité à imposer une dévaluation dont on connaît les conséquences par la suite. Elle avait ainsi soit refusé, soit été incapable de respecter ses engagements consignés dans les accords monétaires de soutenir le CFA jusqu’au bout, et donc les pays de la zone Franc auraient pu commencer à voir clair dès ce moment-là.

Alors finalement quelle solution à tout ça?
J’ai toujours dit tout en reconnaissant la position pertinente des personnes qui demandent de sortir du CFA, que la solution la plus pertinente est de créer à côté de cette monnaie, une monnaie parallèle, dont le volume serait de 15 à 25% de la masse monétaire globale. La caractéristique de cette monnaie est qu’elle ne servira pas à acheter les biens extérieurs. Cela permettra de contrôler les flux, limiter l’endettement commercial, augmenter l’épargne nationale et permettre un développement auto généré. Évidemment à long terme lorsqu’on aura restructuré nos économies et acquis la force qui puisse nous permettre de résister à l’agression économique extérieure, alors là on peut envisager sortir du FCFA. Comme le dit souvent Manu Dibango, l’ennemie ne dort jamais il ne faut pas dormir et rêver. Il ne faut pas aussi confondre le courage et la stupidité. Si on doit sortir du CFA, cela doit être une action planifiée, réfléchie et solide.

Pays de la zone Franc
economie.gouv.fr)/n

Zimbabwe: L’inflation dicte sa loi

Hyperinflation est le mot qui qualifie le mieux la situation économique de ce pays !

La grande majorité des échanges commerciaux au Zimbabwe, confrontée à une hyperinflation inouïe se fait désormais en dollars américains, reconnaît jeudi le quotidien d’Etat The Herald. Il révèle d’ailleurs une chute significative de la demande en devise locale, alors que de moins en moins de magasins et de commerçants vendent leurs produits en dollars zimbabwéens. C’est  » une dollarisation croissante de l’économie » écrit le journal.

L’inflation a été officiellement chiffrée à 231 millions pour cent en juillet. Mais selon certains économistes, elle est plus proche de mille milliards pour cent. Dans ce contexte, la monnaie locale a perdu toute valeur. Un dollar américain s’échange contre plus de 4 millions de dollars zimbabwéens au taux officiel. Mais vaut environ 3 milliards de Zim dollars au marché noir. En septembre, la Banque centrale a autorisé un millier de commerçants à vendre leurs produits en devises fortes et a étendu récemment cette mesure aux opérateurs de téléphonie mobile.


www.provencefleamarket.com)/n

L’économie du Zimbabwe est en chute libre depuis le début des années 2000. Outre l’hyperinflation, la population se débat avec un chômage de masse, des pénuries chroniques et une détérioration des conditions sanitaires, responsable d’une épidémie de choléra qui a déjà fait plus de 1.500 morts. La décennie qui a suivi l’indépendance a été marquée par une croissance économique soutenue et une nette amélioration du niveau de vie au Zimbabwe. À la fin des années quatre-vingt-dix, l’essor économique du pays a connu un premier fléchissement, à l’issue d’une crise de la balance des paiements et de sécheresses répétées. Dès 2002 l’économie zimbabwéenne se retrouva fragilisée par la mauvaise gestion macroéconomique, la violence du climat politique. surtout par l’impact majeur d’un programme de réformes agraires, sur la production alimentaire et les cultures d’exportation.

Depuis 1999 la situation économique du Zimbabwe s’est détériorée. Le PIB réel a chuté de quelque 35 % en valeur cumulée, tandis que l’inflation s’envolait. Avec un taux annuel dépassant 7 600 % en juillet 2007 d’après les statistiques officielles. Les effectifs pléthoriques du secteur public et les prêts bonifiés, qui ont été octroyés aux secteurs prioritaires, l’agriculture en particulier, ont largement contribué à cette flambée inflationniste. L’accès aux financements externes étant limité, la crise des paiements au sein du secteur public fut jugulée en grande partie par la création de monnaie. Ce qui accéléra l’expansion monétaire et l’inflation. Cette pression inflationniste a alimenté la dépréciation du dollar zimbabwéen sur le marché parallèle. En en août 2007, 1 $US y valait environ 250 000 $Z, contre 30 000 $Z au taux de change interbancaire officiel.

Faisant la lumière sur la situation économique du Zimbabwe, Le président Robert Mugabe a de nouveau accusé le milieu d’affaires zimbabwéen, d’être responsables de l’hyperinflation qui affecte le pays, en cherchant à faire des « profits injustifiés ». Cependant, un analyste estime que cette débâcle économique du Zimbabwe résulte de la stratégie des partis de l’opposition, soutenus par les Occidentaux afin de soulever la population et renverser le régime Mugabe. Le 26 juin 2008, dans un effort pour stopper la spirale inflationniste, le gouvernement a imposé de diviser les prix par deux et de les geler à ce niveau. Plus de 2.700 chefs d’entreprise, qui n’avaient pas répercuté la mesure, ont été arrêtés et condamnés à des amendes, dans le cadre de l’opération Dzikiza (Réduire les prix).


chriscarlaw.com)/n