Robes talismans, fétiches, gris gris, le créateur a puisé dans la spiritualité. Il en parle…
Quel est le nom de cette nouvelle collection? Qu’exprime ce nom de baptême?
Cette collection hiver 2009/10 s’intitule Voodoo Mood. J’ai eu envie avec cette collection de rendre hommage à l’Afrique à travers la spiritualité, les pratiques magiques …etc. Mais de cette manière je parle du monde entier et du monde actuel : les pratiques magiques existent toujours mais sous d’autres formes, parfois moins sérieuses (comme l’astrologie en Europe), dans toutes les sociétés. Bien sûr ce thème est un prétexte pour créer et inventer de nouvelles manières de faire des vêtements, ici les robes deviennent des talismans, des fétiches, des gris-gris si vous voulez. Toutes les pièces de cette collections ont été faites artisanalement, certaines sont faites sans couture, uniquement à base de noeuds, de rubans de tissus noués entre eux.
Le Blanc et le noir, juste. Sans mélange. Il y a une explication?
Symboliquement on pourrait y voir deux aspects des spiritualités et des religions, celui qui élève et libère, et celui qui enferme et qui sépare les gens. Ou un peu comme la magie noire et la magie blanche. Mais en fait c’est surtout parce que dans cette collection, comme souvent, j’ai travaillé la construction, l’architecture du vêtement, et les non-couleurs, le noir, le blanc (qui est plutôt ivoire ici) permettent de mieux mettre en valeur ce travail de construction : on n’est pas distrait par la couleur ou les imprimés.

Pourquoi avoir choisi l’Italie pour la présentation officielle alors que vous êtes basé à Paris et donc, vous y avez une bonne partie de votre public?
La première raison c’est que j’ai été invité à présenter ma nouvelle collection par Altaroma, la structure qui organise la fashion week de Rome et par ITC, une organisation qui dépend de l’ONU et qui essaie de développer le secteur textile en Afrique. La deuxième raison c’est que pour moi c’était justement l’occasion de présenter mon travail à un autre public, qui ne vient pas forcement voir mes défilés à Paris, l’Italie étant l’autre pays de la mode. Le problème à Paris c’est qu’il y a énormément de défilés pendant les fashion weeks et ça devient difficile d’être visible, même si Paris reste incontournable.
D’autres défilés en vue? Notamment à Paris?
Nous réfléchissons à une petite présentation presse de cette collection pendant la semaine du prêt-à-porter parisienne.
Et le Cameroun, avez vous un programme en ce moment?
Je travaille en ce moment, avec d’autres personnalités importantes de la mode au Cameroun comme Blaz Design, aux actions à mettre en place pour que le secteur textile, en particulier la fabrication de vêtements, devienne un secteur économique viable et un facteur de développement au Cameroun. Il est temps d’arrêter de considérer, en Afrique, la mode comme juste un spectacle pour animer les dîners. Mais en Afrique il reste énormément à faire, presque tout en fait pour que le textile fonctionne. Il faut changer beaucoup de chose, en particulier les mentalités sur les métiers de la mode.
La dernière question c’est sur votre livre. Vous devez avoir un premier retour du public, c’est lequel?
Toutes les personnes qui m’ont parlé du « Silence du Masque »ont beaucoup aimé ! Mais en général les gens qui n’aiment pas un livre ne viennent pas en parler avec l’auteur…
