Cameroun : la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale doit se poursuivre

C’est le constat fait lors de la présentation des résultats de la mise en œuvre du projet d’appui  à cette lutte. Cette initiative a été réalisée par le Fonds  des Nations unies pour la population de 2018 à 2022 dans cinq régions.

Jusqu’en 2018, plusieurs femmes meurent en donnant naissance. 467 décès sont enregistrés sur 100 000 naissances vivantes en 2018, soit le double de la moyenne mondiale. Au regard de la situation, le gouvernement camerounais et ses partenaires sont engagés à réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile à sa plus simple expression.

Dans ce sens, le projet d’appui à la santé maternelle, néonatale et infantile (Pasmni Cmr 085) a été pensé et mis en œuvre entre 2018 et 2022 par le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa). La Banque islamique de développement a financé le projet à hauteur de plus de 15 milliards deux cent dix-huit millions cent mille FCFA.

10 156 586 550 FCFA ont été alloués au Fonds. L’enveloppe était destinée à la réalisation des interventions stratégiques. Il s’agit du renforcement des capacités des ressources humaines en soins maternels et  infantiles ; du renforcement des capacités institutionnelles ; de l’acquisition des équipements, matériels médicaux et médicaments.

Au bout de quatre ans, des résultats sont visibles. 35 districts de santé des régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua, du Centre, et de l’Est ont bénéficié de plusieurs réalisations. 938 sages-femmes, 41 formateurs et 289 prestataires de soins de santé ont reçu des formations SONU ; 13 centres de traitement  des fistules obstétricales ont été créés.

Dans le cadre du renforcement du système de santé, 11 ambulances, 165 moto-ambulances et 176 téléphones mobiles ont été acquis. 1134 gestionnaires de données ont été formés sur DHIS2, 2320 outils de gestion des données sanitaires en santé de reproduction ont été produits.

Dans le même temps, 1250 kits d’accouchement et 11 895 kits de césarienne, 41 kits de fistule, 184 kits de fistule 2 ; 723 kits de médicaments et kits de dignité pour la réparation des fistules obstétricales ont été acquis.

Par ailleurs, l’Unfpa a procédé à la signature  d’un accord avec l’Organisation internationale du travail (Oit). Cet accord est relatif à la mise en œuvre de l’initiative Micrtakaful au Cameroun. Avec ces réalisations, le programme a réduit le nombre de décès maternels de 2 000 par année, selon Naomie Dalmonte, chargée du Bureau de l’Unfpa Cameroun.

Cependant, malgré ces résultats, des besoins restent à couvrir, de nombreux défis sont à relever. C’est le cas du renforcement des partenariats stratégiques, de la prise en compte des zones humanitaires, du recrutement des sages-femmes pour combler le gap de 1 127 sages-femmes, etc. D’où l’importance de poursuivre cette initiative.

Ces réalisations sont connues depuis le 21 juin 2022 dans le cadre de la matinale des partenaires pour la santé de reproduction. La salle de conférence de Star Land hôtel à Bastos Yaoundé a servi de cadre à la cérémonie de présentation de ces résultats.

Cameroun-Nord : la mortalité maternelle a baissé entre 2015 et 2021

Selon « datacameroon », le projet chèque santé a permis en 7 ans de réduire le nombre de femmes mortes des suites d’une grossesse ou d’un accouchement.  

 

Depuis la mise en œuvre du programme chèque santé par le Minsanté, en juin 2015, la mortalité maternelle et néonatale a fléchi dans le Nord. La région se défait progressivement de sa triste réputation. Les accouchements à domicile et sans assistance médicale appropriée sont de moins en moins récurrents.

 « Moins de femmes enceintes perdent la vie en donnant la vie ces dernières années dans la région du Nord », a déclaré Emmanuel Betsi, chef d’antenne régionale du Projet Chèque Santé. « La courbe de la mortalité infantile est décroissante. En 2015, nous étions à 193 décès et en 2021, nous sommes à 108 décès », a témoigné le Dr Yaou Alhadji Zakari, délégué régional de la Santé publique du Nord.

Sur la même période, le taux de mortalité maternelle institutionnel a progressivement régressé, et passe de 9,23 % en 2015 à 1,84 % en 2021. Ceci, après avoir stagné entre 2019 et 2020 (2,65 et 2,39%).  Il en est de même pour le taux de mortalité néonatale institutionnel, qui est passé de 18,82% en 2015 à 11,14% en 2021.

 Les accouchements par césariennes avec chèque santé est de 3% en 2021. Ce taux est en dessous de la moyenne qui est de 5%. Malgré cette insatisfaction, le taux d’accouchement assisté est croissant, passant de 36% au 1er trimestre à 66% au 4e trimestre de l’année 2021.

Selon les statistiques, environ 6 000 femmes enceintes meurent chaque année en donnant la vie au Cameroun. Des données qui n’incluent pas tous les décès enregistrés dans les maisons.

La partie septentrionale est la zone la plus touchée. D’après une enquête de l’Institut national de la statistique publiée en 2015, seulement 25,2 % de femmes de l’Extrême-Nord ont accouché dans un espace médicalisé, et 34 % dans le Nord, contre 61,3 % au niveau national.