Pourquoi je soutiens les grévistes des régions anglophones camerounaises

Par Benjamin Zebaze

Depuis quelques jours, certains essayent de me faire passer pour un adepte du désordre parce que je soutiens clairement nos compatriotes du Nord-Ouest. Ils expliquent qu’en le faisant, j’accepte le fait que violer la loi sur les manifestations publiques, réagir violemment face à la « violence » du régime est légitime. Jamais je ne cautionnerai les violences : mais le fait est que c’est le seul langage que comprend le pouvoir actuel.

Il est d’ailleurs remarquable de constater le changement de ton (condescendant au départ) entre le début de la crise et la séquestration du Premier ministre, l’humiliation subie par le ministre Atanga Nji, par le Rdpc et par le gouvernement tout entier. Même le très « Yéyé Cavalier » Djibril, président de l’Assemblée nationale, se montre désormais extrêmement prudent dans ses propos.

J’ai voulu revenir sur un épisode peu connu du grand public pour montrer à tous, comment fonctionne le « Renouveau » ; comment il a failli compromettre la construction de la grande mosquée de Tsinga sans la résistance héroïque de la communauté musulmane. Une histoire rocambolesque. En début des années 90, à 28 ans, je suis le jeune directeur de publication du journal « Challenge hebdo ». Il n’y a à l’époque ni réseaux sociaux, ni aucune radio, aucune télé privée pour relayer la colère montante des Camerounais.

Pius Njawé avec les 100 000 exemplaires du journal « Le Messager », les 70 000 exemplaires de « Challenge Hebdo » et d’autres informent les Camerounais sur ce qui se passe réellement dans leur pays. De fait, près du million de Camerounais nous lisent chaque semaine. Un matin, des dignitaires de la communauté musulmane se présentent à mon bureau et me racontent une histoire incroyable. Le régime d’Ahmadou Ahidjo avait confié un terrain à la communauté musulmane de Yaoundé pour en faire un lieu de prière. Suite au putsch manqué de 1984, le clan Biya s’est partagé, en utilisant des méthodes particulièrement honteuses, les biens des putschistes (j’y reviendrai un jour en détail : une affaire potentiellement incendiaire).

Comme par enchantement, le terrain qu’Ahmadou Ahidjo avait confié à la communauté avait un nouveau propriétaire répondant, selon le titre foncier déposé sur ma table, au nom de . Paul Barthélémy Biya. Ces dignitaires musulmans m’expliquent qu’ils ont essayé en vain de récupérer ce terrain par des moyens pacifiques et qu’il y a désormais urgence. En effet, un financement pour la construction de la mosquée d’une valeur de 2 milliards vient de leur être octroyé, sous réserve de la production d’un titre foncier sur le terrain, par des donateurs étrangers : ils ne peuvent le produire et pour cause ; le propriétaire est désormais un certain Paul Barthélémy Biya.

Ils ont besoin d’un support médiatique pour les aider. Je demande un délai nécessaire à la vérification des documents en leur possession tant tout cela me paraît gros. Mais les documents s’avèrent authentiques. Un plan d’actions est alors mis en place. Nous convenons qu’une édition spéciale du journal va être produite à 70 000 exemplaires avec tous les documents à l’intérieur pour soutenir la narration des faits. Nous allons distribuer gratuitement 5 000 exemplaires dans chaque foyer au quartier briqueterie à Yaoundé. Nous prenons de gros risques car nous savons que la colère des habitants de ce quartier sera difficile à contenir et que le journal ne passera pas à la censure comme c’était le cas à l’époque. Le jour de la parution du journal, toute la briqueterie est dans la rue et manifeste bruyamment sa colère.

Comme d’habitude, les forces de l’ordre chargent en laissant de nombreux morts sur le carreau. Puisqu’aucun média n’en parle, nous sortons une édition spéciale avec un titre volontairement provocateur proche de celui-ci : « Biya lance la chasse aux maguidas à la briqueterie ». La communauté musulmane menace d’embraser tout le pays. Paul Biya panique ; « magnanime », il fait annuler le titre foncier et le remet à la communauté musulmane qui a pu y bâtir cette belle mosquée sur les hauteurs de la ville de Yaoundé. En vous racontant cet épisode qui montre la bravoure de la communauté musulmane avec à sa tête mon frère Sani (qui peut mieux que quiconque dire ce qui s’est réellement passé), j’ai de la peine pour tous ceux qui sont décédés au cours de cette opération. Mais j’ai aussi le sentiment que si cette affaire n’avait pas été réglée rapidement, ce serait une épée de Damoclès qui pèserait sur nos têtes avec le risque de provoquer des décès encore plus importants. C’est avec fierté que je passe à chaque fois devant cet imposant ouvrage.

J’ai les quelques cheveux qui me restent sur la tête qui se dressent avec fierté quand je me remémore les paroles aimables prononcées par les membres de cette communauté lors de son inauguration : « nous remercions le journal Challenge hebdo et son directeur de publication pour . bla bla bla ». Tout ça pour vous dire que seule l’épreuve de force peut faire plier Biya. Mais je suis assez naïf pour penser que l’âge avançant, il comprendra qu’il vaut mieux régler les problèmes quand il est encore temps plutôt que d’essayer de les régler une fois la crise ouverte. C’est pour tout cela que je soutiens les grévistes des régions anglophones qui savent défendre leurs droits. Bien sûr, je suis contre un fédéralisme à deux Etats ; mais on voit bien que la situation actuelle de notre pays est intenable et qu’il faut faire quelque chose.


Droits réservés)/n

Après le carnage lundi, Boko Haram incendie plus de 100 maisons

Environs 100 maisons ont été incendiées dans la nuit de mardi à mercredi par des membres de la secte islamiste, à Madina près de Bodo dans l’Extrême Nord du Cameroun

Environs 100 maisons ont été incendiées dans la nuit de mardi à mercredi par des présumés membres de Boko Haram, à Madina près de Bodo, dans l’Extrême Nord du Cameroun, où s’étaient fait exploser simultanément, lundi, quatre kamikazes, faisant, selon Yaoundé, une trentaine de morts et plus de 80 blessés.

«Plusieurs combattants sont arrivés à bords de motocyclettes dans la nuit (mardi 26 janvier, ndlr) quand tout le monde était endormi. Les combattants de Boko Haram ont commencé à tirer en l’air pour effrayer la population», a déclaré Ndjidda Abakabir, membre du comité de vigilance de la localité de Madina, dans le département du Logon-et-Chari, régulièrement théâtre d’attaques de Boko Haram.

«Les terroristes ont incendié près d’une centaine de maisons et ont volé les denrées alimentaires. Les villageois se sont mis à fuir dans toutes les directions et jusqu’à présent, plusieurs personnes n’ont toujours pas regagné le village», a-t-il indiqué.

Plusieurs villageois ont été blessés dans cette incursion, renseigne pour sa part Agbassi Adoum, Maire de Makari dont dépend la localité de Madina, qui « n’a pas encore le bilan définitif ».

Le Logon-et-Chari partage des frontières avec le Nigeria voisin et sert de base arrière pour le groupe terroriste. Selon une source sécuritaire, son enclavement rend difficile des interventions de l’armée camerounaise.

Depuis 2013, Boko Haram attaque régulièrement les mosquées, les marchés, les villages, pose des mines, pille des maisons, égorge les villageois, vole du bétail etc.

«Un harcèlement à la fois gratuit et injustifié», avait dénoncé, la semaine passée, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary.

Au total, près de 1.200 personnes ont été tuées dans ces différentes attaques depuis leur commencement, avait annoncé le ministre camerounais.

Les forces camerounaises, déployées depuis 2013 le long de la frontière nigériane, repoussent quotidiennement les membres du groupe armé.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces de défense et de sécurité ont pu infliger de lourdes pertes à Boko Haram, «tuant notamment dix-sept terroristes et procédant à une dizaine d’arrestations, sans oublier la saisie d’un important stock d’armes et de munitions».

Des maisons incendiées à l’Extrême-Nord du Cameroun.
Droits réservés)/n

Les mosquées après les villages, le mode opératoire de Boko Haram interpelle!

Des raisons tactiques, stratégiques et idéologiques seraient derrière cette tendance meurtrière, dont la cadence s’accélère ces derniers temps à l’Extrême-Nord du Cameroun

Après les razzias meurtrières dans des villages, les guet-apens contre des militaires, les attentats suicides dans des marchés, le groupe terroriste Boko Haram se lâche désormais sur les mosquées en territoire camerounais.

Dans la matinée de mercredi, un kamikaze s’est fait exploser dans la mosquée du village Kouyape, dans l’Extrême-nord du pays, faisant une dizaine de morts parmi lesquels l’imam de ladite mosquée. Une semaine plus tôt, un autre kamikaze se faisait exploser dans une mosquée de Kolofata, ville frontalière avec le Nigéria, blessant « grièvement deux personnes ».

Selon des sources au sein de la préfecture de Mayo-Sava, le nombre des attaques contre des mosquées dans la région de l’Extrême-Nord s’élève à « une dizaine au moins » ces derniers mois, alors que cette cadence s’accélère.

Cette nouvelle « tendance » meurtrière serait porteuse de dimensions tactique stratégique et idéologiques, selon des observateurs.

D’après Victorin Hameni Bieleu, spécialiste des questions de Défense au Cameroun, les mosquées obéissent à la même logique que celle des marchés, également visés par Boko Haram. Ce sont, dans les deux cas, des lieux de rassemblement, et constituent à ce titre, une cible privilégiée pour ce groupe terroriste qui cherche à faire le maximum de victimes.

« Dans la partie septentrionale du Cameroun, il y a plus de mosquées que d’églises. Si les éléments de Boko Haram veulent faire le plus d’effet psychologique possible, ils vont vers ces mosquées car il y a une forte concentration humaine », détaille cet ancien enseignant de l’École militaire interarmées de Yaoundé.

« Boko Haram ne frappe pas les mosquées pour dissuader les Musulmans de venir y prier. Boko Haram frappe là où il y a du monde », conclut Hameni Bieleu.

« Les marchés se tiennent surtout avec une fréquence hebdomadaire, alors que les rassemblements dans les mosquées sont quotidiens », estime, pour sa part, une source militaire.

L’actuelle préférence pour les mosquées que semble consacrer ces dernières attaques, tient en outre sa source dans la présence des forces de sécurité et l’état de vigilance de la population à l’entrée des marchés qui a fait plus d’une fois échouer des tentatives d’attentats suicides, poursuit la même source en précisant que « dans les mosquées, règne en revanche un climat de recueillement, plutôt que de vigilance ».

Au-delà de ces aspects tactiques, Boko Haram, dont le réservoir de combattants tend à tarir grâce à la traque de l’armée camerounaise, poursuit en s’en prenant aux mosquées « des visées stratégiques. »

« Pour chaque mosquée frappée qui fera un bilan d’une dizaine de morts, par exemple, on aura autant de familles foudroyées, trois ou quatre fois plus d’orphelins facilement récupérables et manipulables par l’organisation terroriste, par la suite », poursuit cette source, en expliquant que ce but stratégique est confirmé par la réalité puisque « si l’on exclue les lieutenants de l’organisation, la plupart de ces membres sont des adolescents, ou des parias déracinés de leurs familles. »

De fait, la plupart des attentats suicides exécutés par Boko Haram ces derniers mois avaient été le fait de jeunes filles ne dépassant pas, le plus souvent, l’âge de 15 ans.

Alioum Balla est un imam qui s’est récemment installé dans un village à proximité de Maroua (capitale de l’Extrême-Nord), après que sa localité a été attaquée il y a quelques mois, par Boko Haram. Il dit ne pas craindre la désertion des mosquées, mais reconnaît que ces attaques aspirent à semer le désespoir chez la population.

« C’est vrai que l’armée réussit souvent à neutraliser des éléments de Boko Haram, mais ce n’est pas suffisant. Le refuge des gens demeure, dans ce cas, la prière. En frappant au coeur des mosquées, on frappe le dernier refuge des populations », estime Alioum.

Et de s’insurger: « Les membres de cette secte sadique prétendent être des Musulmans, or une mosquée, c’est le symbole de l’islam par excellence. Tout comme Daech au Moyen-Orient, les Musulmans qui n’adhèrent pas à leur idéologie sont des hérétiques à combattre en priorité ! »

« Le Coran se prononce expressément, dans la Sourate Al-Hajj, contre la destruction « des ermitages, ainsi que des églises, des synagogues et des mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué ». C’est écrit noir sur blanc dans le Coran » se révolte un autre imam du Mayo-Sava, sous couvert d’anonymat, de peur de voir sa mosquée ciblée par ces extrémistes.

« Inutile donc de chercher des explications, s’ils attaquent des mosquées, c’est le démenti cinglant de leur confession musulmane », préfère résumer cet imam.


Droits réservés)/n

Cameroun: au moins six morts dans un autre attentat suicide

Il s’agit du troisième acte terroriste visant des mosquées dans l’Extrême Nord du pays depuis le début 2016, ont déclaré lundi un responsable administratif et une source sécuritaire

Au moins six personnes ont été tuées dans un attentat suicide, attribué à Boko Haram, dans une mosquée de l’Extrême Nord camerounais, ont déclaré lundi, 18 janvier 2016, un responsable administratif et une source sécuritaire locaux.

«Une forte explosion a eu lieu dans la mosquée de Nguetchewe, située dans département du Mayo Tsanaga (Extrême-Nord), lundi, vers 5h00 (04h00 Gmt), lors de la première prière de la journée», a déclaré Alfred Mbadi, Commandant de la brigade de gendarmerie dans ce département.

Cette information a été confirmée par Ouhé Kolandi, sous-préfet du Mayo Moskota (localité où se trouve la mosquée).

« Au moins six personnes ont trouvé la mort dans l’explosion déclenchée par un kamikaze qui s’est introduit dans la mosquée en s’infiltrant parmi les fidèles », a précisé cette même source, ajoutant qu’il s’agit « certainement d’un élément du groupe terroriste nigérian Boko Haram ».

«L’explosion a été si forte qu’elle a détruit une partie des murs de la mosquée», a, pour sa part, Ali Blama, le prédicateur de la mosquée visée par l’attaque.

« Nous avons retiré six corps des décombres ainsi que plusieurs blessés qui ont été transportés vers l’hôpital le plus proche », a-t-il ajouté sans donner plus de détails sur le nombre de blessés.

Il s’agit du troisième attentat-suicide visant des mosquées dans l’Extrême Nord depuis le début de 2016.

La semaine dernière, un autre attentat du même genre a visé la mosquée de Kouyapé (Extrême-Nord), faisant 13 morts et un blessé.


Droits réservés)/n

Boko Haram: l’OCI condamne les attentats perpétrés au Cameroun

L’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) a condamné vendredi l’attaque d’ une mosquée à l’extrême nord du Cameroun

Dans un communiqué rendu public vendredi, 15 janvier 2016, le secrétaire général de l’OCI, Iyad Madani, a « vigoureusement » condamné l’explosion-suicide visant une mosquée à l’extrême nord du Cameroun, qui a fait au moins treize tués et des dizaines de blessés dont le kamikaze.

Iyad Madani a qualifié ces attaques terroristes d’ « actes terroristes visant des citoyens innocents ». Il a par ailleurs, réitéré la position de l’Organisation contre le terrorisme et appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts en matière de lutte contre ce fléau.

Dans le même communiqué, Iyad Madani a aussi adressé « ses condoléances au gouvernement et au peuple indonésiens ». Déclaration qui fait suite à un attentat survenu jeudi, 14 janvier 2016, dans le centre de Jakarta.

Cinq extrémistes ont lancé des explosifs dans le centre de Jakarta, faisant deux morts sept morts dont les cinq assaillants, selon la police indonésienne.

L’OCI réitère sa position contre le terrorisme
Droits réservés)/n

Extrême-Nord: un kamikaze s’explose dans une mosquée

Deux personnes ont été grièvement blessées au cours de cette attaque survenue vendredi matin à Kolofata

Un jeune kamikaze, présumé membre du groupe armé Boko Haram, s’est fait exploser, faisant deux blessés graves, vendredi matin, dans une mosquée de Kolofata, région camerounaise frontalière du Nigéria, apprend-t-on auprès d’un responsable religieux.

Alors qu’une baisse relative des attaques avait été enregistrée dans la région ces dernières semaines, Boko Haram a repris ses incursions, multipliant les attaques dispersées, selon des sources locales.

« Vers 5h du matin (locale), à l’heure de la prière, un jeune garçon âgé d’environ 9 ans s’est introduit dans la Mosquée. Il voulait sans doute faire un carnage au moment de la prière mais sa ceinture a explosée peu de temps avant que les fidèles musulmans n’arrivent », indique El Hadj Moussa, Imam de la Mosquée située dans la localité de Ganse.

« Seul le kamikaze a été tué dans l’explosion qui a toutefois gravement blessé deux autres personnes », précise l’Imam.

Dans une précédente incursion, survenue dans la nuit de jeudi à vendredi à Achigachia, dans l’Extrême Nord camerounais, le groupe armé nigérian a égorgé un villageois et a enlevé deux femmes, apprend-t-on auprès des autorités locales.

Malgré la détermination des forces camerounaises appuyées par les membres des comités de vigilance (groupes de défense composés de civils), les combattants de Boko Haram profitent généralement de la tombée de la nuit, ou de l’aube, pour opérer sur le sol camerounais avant de reprendre la route vers le Nigeria.


Droits réservés)/n