A la découverte du tout premier musée d’histoire naturelle d’Afrique Centrale

Logée depuis janvier 2016 dans une forêt du village Ntouessong 5, l’institution créée en mai 2006 abrite les restes de 24 000 spécimens de roches, de plantes et d’animaux issus du Cameroun

Le Musée écologique du Millénaire a établi sa base à Ntouessong 5, un village de l’arrondissement de Soa, à une dizaine de kilomètres de Yaoundé. Le visiteur qui arrive, découvre un bâtiment de 150 mètres carrés construit dans une forêt de 10 000 hectares. Il entre en contact avec un exemple de musée d’histoire naturelle, le tout premier et le seul que compte jusqu’à présent l’Afrique centrale. Tout y est fait pour protéger la biodiversité. La bâtisse est construite en briques de terre cuite, fournies par la Mission de Promotion des Matériaux locaux, une entreprise publique camerounaise. Un panneau solaire permet l’alimentation en énergie électrique. A l’intérieur, il y a plusieurs compartiments. La salle d’exposition des collections constitue la grande attraction. Elle s’adresse aux visiteurs.

Dans la salle d’exposition du Musée écologique du Millénaire, on trouve 24 000 spécimens. Ce sont des restes de roches, d’animaux et de végétaux. « Dans notre environnement, vous ne pouvez pas séparer le vivant du non-vivant. Il y a une interdépendance entre tous ces éléments qui constituent la biodiversité », explique le Professeur Bernard-Aloys Nkongmeneck, l’ethnobotaniste à la tête de l’équipe de recherche qui a mis en place cette institution. Les arbres les plus rares, malheureusement souvent victimes de la déforestation, sont au rendez-vous. Au musée, on a prélevé leurs dépouilles et des chercheurs s’intéressent à leurs vertus médicinales.

Dans les rayons, les espèces animales impressionnent. Recueillies dans les réserves fauniques alors qu’elles étaient mortes, elles servent à retracer l’histoire naturelle du Cameroun. On peut y observer avec attention des serpents en plusieurs variétés, des varans, des porcs-épics, des grands et petits singes, des antilopes, des tigres, des chats-tigres, des crocodiles, une centaine de variétés de papillon, entre autres. Comment ne pas s’arrêter devant ces têtes d’éléphants, devenues des crânes, impossibles à soulever par une seule personne ? [i « Ces éléphants ont été victimes du braconnage dans la réserve du Dja], dans la région administrative du Sud, au Cameroun. Nous avons recueilli leurs squelettes en entier. Nous allons les monter ici. Ce sera, dans un siècle, la preuve qu’ils ont existé », précise le Professeur Nkongmeneck. La star des spécimens, c’est un crâne de gorille. Son histoire est spéciale : « C’est un gorille qui a vécu dans la réserve du Dja il y a quelques années. Les autorités ont ordonné son abattage parce qu’il s’attaquait aux humains. Quand nous y avons effectué une descente, nous avons emporté son squelette dans une logique d’immortalisation », précise un doctorant en biologie végétale, cadre du musée.

Pour ce qui est des autres compartiments du bâtiment abritant le Musée écologique du Millénaire, on retrouve 03 bureaux pour ceux qui y travaillent en permanence et une bibliothèque dotée d’un millier de livres, des thèses et des revues sur des questions de biodiversité. L’ouvrage est érigé dans un domaine forestier acquis par le musée auprès de la communauté de Ntouessong 5. Une forêt de 10 000 hectares dont la rivière Afamba, laquelle a inspiré le nom du département de la Mefou et Afamba, constitue les limites. « L’idée ici, c’est de protéger toutes les espèces animales et végétales qui se retrouvent dans notre domaine. Car, la vocation d’un musée, c’est de conserver la biodiversité. Tant mieux si on peut les garder en vie. Les populations d’ici savent qu’il est désormais interdit de couper les arbres ou de tuer les animaux dans ce domaine. Nous voulons amener les riverains à comprendre que, en gardant ces forêts, ils luttent contre les changements climatiques et favorisent l’écotourisme », indique le promoteur principal du MEM.

Un site autrefois habité par de grands mammifères
Il est peut-être trop tard pour les grands mammifères qui ont vécu ici. « Dans ce village, il y avait des gorilles, des chimpanzés, des buffles, des cerfs, des antilopes et bien d’autres espèces. Beaucoup de ces animaux ont disparu sous l’effet du braconnage, des bruits des scies à moteur et de la déforestation. Nous comptons sur ce musée pour retrouver les traces qui attesteront de ce que ces espèces ont existé chez nous », affirme Max Essama, chef du village de Ntouessong 5. Pendant la construction du Musée, les travailleurs du chantier affirmaient apercevoir régulièrement un varan géant et quelques grands rongeurs. Pour le reste, il faudra peut-être aller au fond de cette brousse.

09 juin 2016 – Inauguration des nouveaux locaux du Musée écologique du Millénaire.
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Le Musée écologique du Millénaire voit le jour en mai 2006. « Il est né de la conjonction entre l’expérience et la matière à valoriser. Je suis un ancien du musée d’histoire naturelle de Paris. J’ai travaillé dans plusieurs autres dans le monde : Londres, Tokyo, Washington DC, Floride. A l’issue de ce parcours, j’ai eu une expertise dans la conservation et la gestion de la biodiversité, c’est-à-dire, des ressources naturelles. Après l’avoir construite, il était question de la capitaliser. La chance que j’ai eue, c’est que mon pays se trouve dans le bassin du Congo, deuxième plus grand poumon de l’atmosphère après l’Amazonie. Dès le départ, nous savions qu’une uvre comme celle-ci n’est pas l’affaire d’un individu. C’est l’affaire d’un Etat ou, tout au plus, d’une fondation », raconte le Prof. Bernard-Aloys Nkongmeneck, né en 1948, enseignant-chercheur rattaché au département de biologie et physiologie végétales de l’Université de Yaoundé I. Pour la mise en uvre, il choisit de ne pas directement faire appel à l’Etat du Cameroun, pour ne pas s’exposer à la lenteur que subissent les dossiers qui prennent cette direction. Il préfère compter avec les membres de son équipe de recherche et ses anciens doctorants devenus cadres, pour certains, dans les organisations internationales.

A sa naissance, le MEM occupe un appartement dans un immeuble du quartier Obili, à Yaoundé. Sauf que ce n’est pas sa vocation d’y être. « Les musées d’histoire naturelle ont toujours une particularité : un jardin botanique qui occupe des milliers d’hectares », précise le fondateur principal. Pour rechercher les financements, afin de se développer, l’équipe du MEM met ses compétences au service de plusieurs organisations internationales, à travers différents projets. A ce jour, elle en a exécuté une bonne dizaine. On peut citer, entre autres : le développement d’une chaine de valeur pour la mangue sauvage dans le bassin de production d’Akom II au Sud Cameroun et la contribution à l’autonomisation des groupes de femmes de la localité; la collecte et l’exposition des ressources biologiques de la réserve de biosphère du Dja au Musée ; la cartographie et l’étude diagnostique des forêts sacrées du Cameroun et le plaidoyer pour leur prise en compte dans la loi forestière en cours de révision. L’institution privée reçoit aussi le soutien du GIZ, de l’UNESCO, de Global Environnement Security, entre autres. En 2013, elle réussit à acquérir le domaine de Ntouessong 5. Un espace qu’elle intègre après 03 années de travaux.

Le MEM, c’est un laboratoire qui a permis à une vingtaine d’étudiants de réaliser leurs travaux de Master ou de Doctorat en biologie. Marleine Ngansop est de ceux-là. Aujourd’hui doctorante, elle y fait son entrée lorsqu’elle est inscrite au cycle Master en biologie et physiologie végétales à l’Université de Yaoundé I. Son mémoire se fait dans le cadre d’un projet exécuté par le musée et financé par la coopération japonaise. Elle travaille aujourd’hui comme bénévole pour le MEM et encadre ses cadets qui arrivent. Tout cela fait de cet espace, une constellation de compétences. Les chercheurs ici ont des savoir-faire en systématiques végétales, dessin scientifique, écologie tropicale, conservation de la biodiversité, conservation et restauration de l’environnement, agroforesterie, foresterie, produits forestiers non ligneux, ethno-botanique, écotourisme équitable.

Des cranes d’éléphants qu’on retrouve au Musée écologique du Millénaire.
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Retombées pour les populations riveraines
Quid des populations de Ntouessong 5 qui ont permis que le projet s’installe sur leurs terres ? D’ores et déjà, elles bénéficieront des retombées financières des activités d’éco-tourisme promues par le musée. Mais il y a mieux. Des programmes de formation aux métiers agropastoraux à fort potentiel économique ont été concoctés à leur intention. Le Professeur Joseph Tchoumboue, un ancien doyen de la Faculté d’Agronomie et des Sciences agricoles de l’Université de Dschang, va les former en apiculture. Le chef du village de Ntouessong 4, Meyong Meze, s’est déjà porté candidat pour ladite formation. Le Professeur Dieudonné Nwaga, microbiologiste et chercheur dans le domaine des biotechnologies, va doter les villageois en connaissances pratiques dans le domaine de l’agriculture biologique. D’autres chercheurs de l’université de Yaoundé I mettront à profit la rivière Afamba pour initier les riverains du musée à la pisciculture.

Aujourd’hui, les responsables du MEM tiennent à dire que ce musée appartient à la nation camerounaise toute entière. « Quand on parle de biodiversité, il s’agit d’une thématique universelle. C’est une uvre pour les générations présentes et futures. Vous imaginez des communautés du Cameroun qui se trouvent dans des zones où de grands mammifères ont autrefois vécu. Où voulez-vous que les enfants de cette contrée aillent voir un buffle, un éléphant, un gorille ? C’est dans les structures comme celle-ci qui recueillent et conservent les restes de ces animaux pour ces générations qui n’ont plus la chance de les voir sur pied », indique le Professeur Nkongmeneck. Aujourd’hui, l’institution privée tend la main. Elle a besoin de construire deux autres bâtiments qui seront des dortoirs pour des chercheurs qui viendront en mission ici. Elle veut aussi acquérir un mini-bus pour le transport du personnel.

Présent à l’inauguration des nouveaux locaux le 09 juin 2016 à titre privé, le coordinateur du Programme national de Gouvernance dans les Services du Premier ministre, Dr Bernard Momo, a tenu à donner son appréciation de l’ uvre. « Le Musée écologique du Millénaire permet aux populations camerounaises de saisir l’histoire naturelle de leur pays. Cette uvre, quoique privée, participe fortement à ce qu’on appelle la gouvernance. Elle contribue à la bonne gestion de l’Etat dans toutes ses strates. Si j’ai un rapport à faire au premier ministre sur ce que j’ai vu ici, je dirais des choses », a-t-il souligné. Quant au Professeur Dieudonné Nwaga, enseignant-chercheur au département de microbiologie de l’Université de Yaoundé I, il se dit « impressionné par la vision que le Professeur Nkongmeneck a eue. Peut-être que beaucoup d’entre nous ne sont pas encore capables de comprendre l’importance d’une telle structure. C’est peut-être dans 10 ans, voire 15 ans, que nous allons comprendre que, lorsqu’on veut se développer, il faut créer ce type de structure. J’espère fortement que nous allons comprendre son intérêt pour la nation ». Désormais, touristes et chercheurs y sont attendus.

Des restes d’animaux prélevés dans la Réserve du Dja et entreposés dans les rayons du Musée écologique du Millénaire.
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Inauguration officielle du musée communautaire case patrimoniale de Bangoua le 05 novembre 2011

Il aura deux parties, l’une consacrée à l’histoire et aux fondements de la chefferie, l’autre à la chasse et à ses pratiques rituelles et magiques

Le samedi 05 novembre 2011 à partir de 9h, le Programme Route des Chefferies (PRDC), en compagnie de ses nombreux partenaires et de toute la communauté Bangoua, procèdera à l’inauguration officielle de la case patrimoniale de Bangoua dont le thème de l’exposition est : « Art, chasse et traditions ». Scindée en deux parties, celle-ci présente dans un premier temps l’histoire et les fondements de la chefferie avec un point fort sur les rites du kak, de la chaise et du Nzou. La seconde partie est consacrée à la chasse, thème cher à la chefferie et à son peuple de chasseurs, et à ses pratiques rituelles et magiques à l’échelle des Grassfield, du Cameroun et de l’Afrique Noire en général.

Cette inauguration s’inscrit dans le cadre de la célébration de la fête du macabo, qui se déroule du 29 au 05 novembre 2011 à Bangoua, chefferie traditionnelle située dans le Département du Ndé, Région de l’Ouest Cameroun. C’est en 1949 que fut célébrée la première fête du macabo, commémorant ainsi le retour à Bangoua du Roi NONO TCHOUTOUO de Dschang, après 18 ans d’exil. Elle fut par la suite transformée par Sa Majesté WANTONG NONO Zacharie en fête biennale pour célébrer la réalisation d’un projet de la communauté. La toute première de l’ère DJAMPOU TCHATCHOUANG Annick Julio, au trône depuis 2001, vient ainsi couronner les actions de développement de la communauté Bangoua et un grand moment d’exaltation de sa richesse culturelle.

L’ouverture de la case patrimoniale de Bangoua démontre ainsi l’engagement du chef, signataire de la charte Route des Chefferies depuis 2006, dans le développement de son groupement avec le soutien du CONADEB (comité de développement). Il témoigne surtout du dynamisme du PRDC dans la mise en uvre de ses missions de préservation et de valorisation du patrimoine culturel. Après ses nombreuses réalisations telles que le Musée des Civilisations à Dschang, les cases patrimoniales à Bamendjou, Bamendjinda et Bandjoun, les cases d’hôtes à Foto et Keleng, les inventaires du patrimoine culturel et touristique, les diverses publications, etc., le PRDC affirme ici sa volonté de poursuivre le développement culturel et touristique de la région de l’Ouest. De nombreuses personnalités du gouvernement camerounais et des corps diplomatiques, les chefferies traditionnelles, les partenaires du PRDC et plus de 10 000 personnes sont attendues à cette grande fête culturelle.

Le musée communautaire de Bangoua sera inauguré le 05 novembre 2011
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Exposition: Femmes dans les arts d’Afrique

Le musée Dapper de Paris rend hommage à la femme noire

À travers quelque cent trente uvres, principalement des statues, statuettes, masques et insignes de dignité, la nouvelle exposition du musée Dapper entreprend d’évoquer la multiplicité des représentations féminines. Nécessaires et incontournables, les pratiques rituelles conduites lors des initiations et des cérémonies religieuses marquent les moments forts des cycles de vie. C’est ce que révèlent nombre de figures : les corps traduisent, tant par l’ornementation que par la gestuelle, le vécu des femmes.


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l’exposition est accompagnée d’une publication dont les contributions d’ethnologues, sociologues, historiens de l’art se complètent. Par ailleurs, le musée a mis en place divers événements pour favoriser la parole de celles (et parfois de ceux) qui sont pleinement concernées par la situation des femmes.


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