Lutte contre les mutilations génitales féminines, un combat de tous les jours

Le 6 février a été proclamé Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines

Pratiques culturelles honteuses du 21e siècle, les mutilations génitales féminines (MGF) rencontrent de nombreux détracteurs qui les considèrent comme une atteinte à l’intégrité physique et à l’intimité des femmes. D’après une étude récente menée par le ministère de la promotion de la femme et de la famille (MINPROFF), près de 20% de la population féminine des trois régions septentrionales du Cameroun et du Sud-ouest sont victimes des MGF. Les conséquences sur les plans psychologique et physiologique restent souvent irréversibles, exposant ainsi les victimes aux multiples effets néfastes: Perte abondante de sang, frustration permanente, traumatisme, frigidité et prostitution chez la femme, risque d’infections pouvant même conduire au décès puisque ces opérations ne se font pas toujours dans des conditions saines. Il s’agit là d’une violation de l’intégrité physique de la femme, car la nécessité thérapeutique constitue la seule dérogation légale au principe de l’indisponibilité du corps humain.

Les mutilations génitales peuvent être définies comme des altérations morphologiques et/ou fonctionnelles affectant des structures corporelles participant à l’épanouissement de la sexualité. Elles consistent en une variété de pratiques allant de l’ablation du capuchon clitoridien (encore appelée circoncision sunna) à l’ablation plus ou moins étendue du clitoris et des petites lèvres. Toutefois, il convient de rappeler que si les autres formes d’excision sont pratiquées au Cameroun, tel n’est pas le cas de l’infibulation qui est une pratique qui consiste en une ablation du clitoris et des petites lèvres assortie d’une fermeture presque complète de l’orifice vaginal par suture ou accolement cicatriciel des grandes ou des petites lèvres. Encore appelée circoncision pharaonique ou soudanaise, cette pratique n’existe pas au Cameroun.

Plusieurs pays en Afrique ont recours à cette pratique. Selon un rapport de l’organisation des nations unies pour l’enfance, seulement 13 pays sur les 28 dans lesquels se pratique l’excision ont une interdiction légale formelle. Les experts affirment d’ailleurs qu’en raison de son caractère culturel et traditionnel, l’excision ne peut pas seulement se voir opposer le droit. La complicité des familles et des proches rend cette lutte législative sans effet direct. Cette approche n’est possible qu’une fois les mentalités éclairées. La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’Unicef. Chaque année, trois millions de filles sont excisées en Afrique. C’est la raison pour laquelle le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants a lancé en 2003 la Journée internationale de tolérance zéro pour les MGF. Dans sa résolution 2003/28, la sous-commission des Nations unies de la promotion et de la protection des droits de l’homme a engagé l’Assemblée générale des Nations unies à «proclamer le 6 février Journée internationale pour l’élimination des MGF et de toutes autres pratiques traditionnelles nocives pour la santé des femmes et des fillettes». Cette journée est célébrée désormais chaque année à la fois en Afrique et en Europe. Il y est précisé que: «Parmi ces mutilations, l’excision est non seulement une mutilation, mais une atteinte à la dignité et à la sexualité des femmes».

Le gouvernement camerounais s’est engagé activement à lutter contre les MGF depuis le milieu des années 1980 et a adopté un Plan national d’action contre les MGF en 1999. Il a signé les principaux traités et conventions internationaux sur les droits des femmes et des enfants. Le Code pénal camerounais ne punit pas cette pratique, tandis que la Constitution reconnaît et protège les «valeurs traditionnelles conformes aux principes démocratiques, aux droits humains et à la loi». Aucune poursuite judiciaire n’a été enregistrée jusqu’ici en rapport avec les MGF, et la Commission nationale pour les droits humains créée par le gouvernement ne s’est pas encore attaquée aux pratiques discriminatoires à l’égard des filles et des femmes. De nombreuses associations participent elles aussi à ces efforts du gouvernement.

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