Le retour de Ni John Fru Ndi qui ne s’est pas fait sans heurts a causé des échauffourées avec au bilan un blessé grave et un véhicule incendié
Des incidents sont survenus mercredi 26 octobre 2011 à Bamenda principale ville de la région Nord Ouest du Cameroun, et fief de John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front. Après deux semaines passées à Yaoundé où il avait pris ses quartiers à la faveur de la présidentielle du 09 octobre dernier, le Chairman du SDF Ni John Fru Ndi a décidé de rejoindre sa base politique à Bamenda. Le gouverneur du Nord-Ouest, Abakar Ahamat avait alors pris des mesures sécuritaires en mettant une forte escorte sur le trajet que devait emprunter le Chairman, de Santa jusqu’à sa résidence de Ntarikong. Cet incident survient alors que John Fru Ndi, de retour de Yaoundé avec son cortège, venait de reprendre à pied la route menant à son domicile après une petite séance de prière au carrefour de la liberté. Ce, après avoir décliné la suggestion de l’escorte de police mise à son service par le gouverneur qui lui demandait notamment de changer son itinéraire: Je remercie le gouverneur pour l’escorte qu’il a bien voulu m’offrir. Mais je ne peux accepter d’être guidé dans ma ville, a-t-il déclaré aux hommes des médias. Au lieu de passer par Ayaba street, le président du Sdf optera plutôt par Sonac street. Mieux, il choisit de le faire à pieds sur une distance estimée à environ 5 kilomètres jusqu’à sa résidence. Selon des témoins oculaires, c’est à la suite du mouvement de foule créé par sa présence en ces lieux que l’incident s’est produit. Tout serait parti d’un accrochage entre un véhicule Toyota de type Rav4 et un moto-taxi autour de 17 heures, suite à une man uvre pour se frayer un chemin dans la foule compacte. Le conducteur de la Rav4 aurait alors percuté les deux autres usagers de la route, causant le courroux des personnes présentes qui n’hésitent pas à le lui faire savoir. Aussitôt, le feu est mis à son véhicule qu’ils prennent le temps d’enlever de la chaussée. Le conducteur quant à lui a pris la poudre d’escampette. Le mouvement va rapidement gagner en ampleur et se propager dans la ville. Des barricades sont érigées sur la route à l’aide de kiosques. La police débordée, la gendarmerie est bientôt appelée à la rescousse pour mâter ce qui, progressivement prend les allures d’une émeute. Le courant électrique, interrompu depuis un temps est de retour vers 20 heures trente.
Bamenda est réputée être une ville où les opinions sont largement hostiles au pouvoir en place à Yaoundé. Pour John Fru Ndi c’est un problème de plus. Arrivé deuxième à la présidentielle du 9 octobre, il a affirmé mardi que son parti (SDF) prenait acte de la réélection du président sortant Paul Biya. Une position qui a surpris de nombreux camerounais. Quelques jours avant les élections, il faisait partie d’une coalition qui invitait à « manifester » contre la publication des résultats : Je n’ai pas demandé aux gens d’envoyer leurs enfants dans la rue pour marcher, j’ai dit qu’il fallait manifester contre cette mascarade électorale et moi John Fru Ndi je vais manifester si les autres veulent suivre cela ne pose pas de problème c’est le droit des camerounais, avait-il rajouté, à la fin d’un contentieux électoral où tous ses recours en annulation avaient été rejetés. Prenant la parole à Bamenda, John Fru Ndi semble à nouveau avoir changé de parole : Lorsque j’ai dit que je prenais acte des résultats de la Cour suprême, des gens ont cru que j’entérinais les élections mais ce n’est pas le cas, je dis juste que je prends acte de ce que cette institution a validé un processus qui n’était pas crédible a-t-il fait savoir selon une information rapportée par la BBC. Beaucoup dans l’opinion pensent que ce vétéran de l’opposition camerounaise aurait touché de l’argent de la part du régime. Une information que John Fru Ndi a démenti tout récemment encore. Incident fortuit ou acte délibéré pour porter atteinte au patron du SDF, il est difficile de se prononcer. Le gouverneur a annoncé l’ouverture d’une enquête pour retrouver le propriétaire du véhicule à l’origine de l’incident, et qui a mystérieusement disparu des mains d’une foule qui le bastonnait.
John Fru Ndi, leader du Social Democratic FrontJournalducameroun.com)/n
Par John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front
Chers compatriotes et amis,
C’est avec une profonde tristesse que je m’adresse à vous aujourd’hui, près de deux semaines après l’élection présidentielle calamiteuse du 9 octobre 2011 à laquelle nous avons participé dans l’espoir d’obtenir un leadership incontesté, de nature à renforcer notre cohésion nationale.
Comme vous le savez très bien, tous les camerounais aspirent à la liberté dont la principale expression est la possibilité de choisir ses dirigeants à travers des élections justes et transparentes. Cette caractéristique fondamentale de tout processus démocratique moderne constitue la seule garantie de notre souveraineté. Les droits démocratiques qui constituent le principal cheval de bataille du Sdf depuis 1990 et pour lesquels de nombreux camerounais ont sacrifié leurs vies, ne sont pas encore acquis.
Au sortir des élections foireuses de 2007, nous avons pris la décision de concentrer tous nos efforts sur la mise en place d’un système électoral crédible.
De manière progressive, avec patience et abnégation, pendant que nous déployions d’immenses efforts dans ce sens, la plupart des acteurs politiques s’investissaient plutôt dans l’illusion d’élections valables plutôt que de s’occuper de l’essentiel qui est la mise en place d’un système électoral acceptable. La naïveté de certains de nos amis politiques – qui a par ailleurs brouillé nos efforts, notre expérience et notre vision prospective- couplée à la farouche détermination du régime Rdpc à rester au pouvoir par à tout prix et à tous les prix, nous a conduit à la mascarade que nous avons vécu le 9 octobre dernier.
Bien avant, nous avions durant des mois averti tout le monde qu’il ne pouvait pas avoir d’élections libres et transparentes dans la configuration actuelle d’Elécam. Vous savez maintenant que nous avions raison.
En plus de nombreuses irrégularités que nous avions déjà signalées, la faible participation des compatriotes du fait d’une volontaire ou involontaire abstention, a permis aux barons du Rdpc de fausser les résultats dans leurs circonscriptions respectives afin de sauvegarder leurs rentes. Bien plus, ils ont fabriqué des scores à la soviétique dans le but inavoué de provoquer des réactions populaires pour justifier par la suite le durcissement du régime.
Les zélateurs fascistes du régime ont cyniquement utilisé la Déclaration de Yaoundé signée par sept candidats aux élections d’octobre 2011 pour créer la psychose et surtout semer la confusion dans la compréhension de nos intentions et de notre positionnement républicain. La Déclaration de Yaoundé faite en toute légalité et légitimité dans l’intention de faire prévaloir la justice exigeait de M. Biya l’annulation de l’élection présidentielle. En cas d’autisme et de refus, elle invitait les Camerounais à manifester pacifiquement. Ce qui est un droit fondamental reconnu par la Constitution de notre République.
Toujours dans le but de provoquer les masses populaires pour accomplir leurs funestes agendas, les mêmes fascistes sont en train de propager la rumeur d’une imminente insurrection qui aboutira à l’éclatement de notre cohésion nationale.
Considérant la Constitution et les lois de notre République
Considérant l’extrême gravité de la situation post électorale qui prévaut actuellement au Cameroun
Considérant que le problème fondamental que soulèvent les élections du 9 octobre 2011 est celui de l’absence d’un consensus minimum autour du processus électoral
Considérant que les multiples irrégularités constatées au cours de ces élections affectent leur sincérité et entachent la légitimité de celui qui s’est proclamé élu
Considérant que les fraudes électorales récurrentes pratiquées durant des décennies par le régime Rdpc, affectent notre cohésion nationale et menacent dangereusement la paix sociale
Considérant les statuts et le règlement intérieur du parti
Considérant qu’il ne saurait avoir de paix sans justice
Considérant l’absolue nécessité pour nous d’obtenir un processus électoral crédible et acceptable au Cameroun
Considérant notre quête fondamentale de la justice sociale et de l’égalité de chance pour tous
Après avoir épuisé tous les moyens constitutionnels et légaux
Le Sdf prend acte de la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats des élections du 9 octobre 2011 en faveur de M. Biya.
Il en résulte que la mascarade du 9 octobre dernier qui a été constatée par les principaux partis qui y ont pris part, la société civile ainsi que la communauté internationale dont nos principaux partenaires à l’étranger, ne peut aboutir qu’à plonger notre pays dans un précipice incommensurable. Nous devons inverser cette tendance afin de faire triompher la justice et préserver notre cohésion sociale ainsi que la paix.
Nous invitons tous les Camerounais, y compris le candidat proclamé, à s’investir pour que notre pays mette en place des règles équitables pour l’organisation des élections libres et transparentes afin de lui épargner d’autres mascarades qui contribuent considérablement à jeter le discrédit et la honte sur notre pays.
Nous avons toujours bénéficié de la compréhension, de l’amour et du soutien total des Camerounais. En retour nous avons payé le lourd tribut en termes de perte en vies humaines, de biens, de liberté et de dignité. Nous avons obtenu le multipartisme, conquis la liberté d’expression, de presse et de débats publics. Nous avons fait nôtre le sens de la transparence, de la vision éthique, de la défense de l’intérêt général, mais nous n’avons pas encore conquis l’essentiel pour notre nation qui est l’organisation des élections libres et transparentes. C’est le défi majeur que nous devons réussir ensemble. Je l’ai dit dans mon testament à la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel.
Ensemble, faisons le serment de réussir ce défi fondamental dans un bref délai. Que Dieu vous bénisse.
« Le SDF n’avait certes pas encouragé ses militants et les camerounais à aller s’inscrire sur les listes électorales, mais n’avait donné aucun mot d’ordre »
Le Social Democratic Front a finalement décidé de lever son mot d’ordre de boycott sur les prochaines élections présidentielles, qu’est ce qui a justifié ce revirement de situation?
Le Front Social Démocrate (SDF) n’a jamais dit qu’il va boycotter les prochaines élections présidentielles (ni même demandé aux camerounais ou à ses militants de ne pas s’inscrire sur les listes électorales). Initialement, le Front Social Démocrate (SDF) déclarait ceci : « Il n’y aura pas d’élections au Cameroun avec ELECAM sous sa forme actuelle ». Le SDF n’avait certes pas encouragé ses militants et les camerounais à aller s’inscrire sur les listes électorales, mais n’avait donné aucun mot d’ordre et par conséquence ne pouvait lever un mot d’ordre qui n’existait.
Selon certaines sources, les débats ont été âpres au sein du shadow cabinet avant la prise de cette décision. Est-ce qu’on peut savoir quels sont les arguments qui étaient avancés de part et d’autre au sein de cette instance du parti?
Le Comité Exécutif National (CEN) en anglais NEC, est l’organe directeur du SDF. Avant chaque prise de décision, le CEN se réuni pour débattre sur les sujets de l’heure inscrits à l’ordre du jour ; Et les décisions prises sur ces sujets qui concernent en général la vie du parti, celle de la nation camerounaise et du monde, sont profondément débattues et matérialisées par des résolutions. Ceci a été le cas les 06 et 07 août 2011, où réuni à Bamenda, le CEN a pris la décision de demander à ses militants et aux camerounais d’aller s’inscrire sur les listes électorales pour ceux qui ne l’avaient pas encore fait, et pour ceux qui ont participé aux dernières délections, de s’assurer en vérifiant que leurs noms figurent effectivement sur ces listes électorales. Lors de ce dernier CEN, certains de nos camarades soutenaient (et avec raison ), que le SDF n’avait pas encore eu des réponses satisfaisantes suite à notre demande résumé en 11 points, pour désormais appeler les camerounais à aller s’inscrire sur les listes électorales ; Mais, la majorité de nos camardes s’est appuyée non seulement sur les rapports des présidents provinciaux qui représentent nos militants à la base (favorables aux inscriptions sur les listes électorales), mais aussi, cette majorité a voulu une fois de plus, donner la chance au dialogue, à l’instauration de la démocratie dans notre pays tout en préservant la paix. C’est d’ailleurs cette approche qui avait amené le SDF à demander et de manière insistante et officielle, une rencontre entre son Président National et le Président de la République.
Vous appelez les camerounais à s’inscrire sur les listes électorales, est-ce à dire que vos 11 points de récrimination ont entièrement été satisfaits
Non, ces points restent à l’ordre du jour.
Le président national a annoncé la tenue d’un congrès du NEC une fois que le corps électoral sera convoqué pour la désignation de son candidat aux élections présidentielles. Qu’est-ce qui peut justifier cet attentisme de la part du SDF?
C’est tout simplement une position de notre parti et qui relève de son fonctionnement et de sa stratégie ! Notons que c’est un congrès du parti et non du NEC
Et quand se tiendra ce congrès devant désigner le candidat du SDF?
Immédiatement après la convocation du corps électoral.
Le leader du SDF a fortement la mainmise sur le parti, et il est fort probable que ce soit encore lui le « candidat naturel » de cette formation à la présidentielle de 2011. Un commentaire?
Contrairement à certaines formations politiques, les textes du Front Social Démocrate (SDF) ne font pas de son leader le « candidat naturel » à l’élection présidentielle.
On annonce tout de même de la concurrence pour John Fru Ndi, notamment avec Simon Fobi Nchinda qui s’est déclaré candidat à la présidence du parti, qu’en est-il exactement?
Comme dans tout parti démocratique et vivant, la pluralité des candidatures aux différents postes lors du renouvellement des structures dans le SDF n’est que normal. Le moment venu et cours du prochain congrès électif du parti, le poste de Président National qu’occupe actuellement le Chairman John Fru Ndi, fera partie des postes à pourvoir comme tous les autres postes du Comité Exécutif National (CEN).
On vous a entendu dire lors de l’une de vos sorties médiatiques que la paix est devenue un élément de chantage pour le camp d’en face. Quelles sont les consignes que vous allez donner à vos militants avant, pendant et après le déroulement du scrutin relativement à la paix dans notre pays?
On m’attribue certainement les propos d’une autre personne.
Quel est donc votre avis sur la question?
Nous devons savoir que la paix est essentielle pour la construction et le développement d’une nation et est cruciale pour tous, pas pour un camp ou un autre. La paix ne doit pas être un élément de chantage pour des personnes qui aiment leur pays et veulent y vivre en paix. La paix se construit en ensemble, chaque jour dans les dires et faits. La paix n’est pas forcément l’absence de guerre et nous ne pouvons pas être en paix dans un pays où la démocratie n’est pas une réalité ou est menacée. Aujourd’hui, nous constatons tous que les élections qui sont le moyen par excellence pour instaurer cette démocratie est source de divers conflits en Afrique et ailleurs ! Et au Cameroun, le SDF, qui est un parti soucieux du devenir des camerounaises et des camerounais et qui veut accéder au pouvoir par la voie des urnes, ne peut ignorer cet important aspect. C’est pour cette raison que depuis plus de 21 ans, les femmes et les hommes qui militent au sein du SDF sont éduqués et formés pour l’instauration de la démocratie dans notre pays à travers des élections libres, justes et transparentes.
Et quelle sera la consigne que vous allez donner à vos militants avant, pendant et après le déroulement du scrutin relativement à la paix?
Donnez-moi la date des élections et je vous donnerai nos consignes (rires). Mais ceci fait partie de nos stratégies !!!
Cela fait de nombreuses années que vous militez au sein du Sdf. N’avez-vous jamais pensé à être candidate de votre parti aux élections présidentielles?
Bien sûr que oui! Mais pas pour cette fois.
Outre ELECAM, le chairman du SDF revient sur les manifestations du 23 février à Douala et le recrutement de 25 000 jeunes
M. John Fru Ndi, quel est le message particulier que vous vouliez transmettre à vos militants dans l’Adamaoua?
Je suis très content d’être dans l’Adamaoua et je voudrais remercier tous les militants et tous les camerounais qui sont sortis massivement pour venir m’écouter. Le message que nous faisons passer c’est que les camerounais ont beaucoup souffert de mauvaises pratiques électorales. Maintenant, ELECAM est venu et nous sommes tous témoins de la manière dont cet organe a été mis sur pied et de la manière dont les inscriptions sont conduites sur le terrain. C’est pourquoi nous demandons à Monsieur Biya de revoir les textes organisant ELECAM pour qu’on s’asseye une fois pour toute pour organiser des élections libres et transparentes, des élections qui vont donner de la crédibilité au Cameroun afin d’attirer des investisseurs dans notre pays. Pour qu’un investisseur s’installe dans un pays, il a besoin d’être rassuré sur l’état des droits de l’homme, de la gouvernance etc. La situation des droits de l’homme au Cameroun est mauvaise, la gouvernance est mauvaise. C’est pourquoi nous disons qu’ELECAM dans son organisation actuelle ne peut pas organiser des élections libres et transparentes.
Lors de votre Meeting, certains militants vous ont demandé si vous étiez devenu ami avec le Président Paul Biya, parce que de plus en plus, on vous voit ensemble. Qu’en est-il exactement?
Nous n’avons jamais été ennemis et je n’ai jamais été l’ennemi d’un camerounais. Le fait de serrer la main de quelqu’un ne veut pas forcément dire que vous partagez le même point de vue. Et si serrer la main était synonyme d’amitié et d’accord parfait, je ne serais pas en train de faire le tour du Cameroun pour expliquer le point de vue du SDF.
La célébration de la journée des martyrs à Douala a été mal calculée et certains en ont profité pour créer de la confusion. Si le peuple doit organiser des marches pour demander à Biya de partir, que cela soit connu de tous les camerounais.
John Fru Ndi, chairman du Social Democratic Front
Monsieur Fru Ndi, vous êtes pour ou contre les inscriptions sur les listes électorales?
Nous disons que tout le processus est mauvais. Il y a actuellement des personnes qui sont inscrites trois à quatre fois sur les listes électorales. On ne peut pas avoir un nouvel organe de gestion des élections et aller fouiller dans les anciennes listes. C’est pourquoi nous exigeons la refonte. Certains pays africains ont fait ce que nous demandons avec succès. Un pays comme le Bénin l’a fait. Le Cameroun aussi est capable de le faire. Nous avons copié l’ONEL qui marchait bien au Sénégal, mais arrivé chez nous, c’était un échec. Aujourd’hui, nous sommes encore dans cette marre. Nous disons qu’ELECAM qui a été proposé par le Commonwealth doit démarrer avec de nouvelles listes, mettre en place un système biométrique d’inscription.
Alors qu’est-ce qu’on doit retenir concrètement. Les militants du SDF doivent s’inscrire sur les listes électorales ou alors ils doivent s’abstenir?
Nous disons que si les choses sont bien organisées, ils doivent s’inscrire. Tout porte à croire qu’à l’heure actuelle, c’est loin d’être le cas.
Est-ce que vous avez des preuves de ce que vous avancez?
Oui, nous avons des preuves concrètes. Nous ne faisons pas des affirmations gratuites. J’ai même des preuves qui attestent qu’un même individu s’est inscrit sept fois sur les listes électorales lors des élections présidentielles de 2004.
Quelle est la position du SDF par rapport aux manifestations qui ont eu lieu à Douala?
La position du SDF c’est que nous avons des martyrs qui sont morts lors de la création du parti en 1990. La célébration de la journée des martyrs à Douala a été mal calculée et certains en ont profité pour créer de la confusion. Si le peuple doit organiser des marches pour demander à Biya de partir, que cela soit connu de tous les camerounais. Il ne faudrait pas qu’on profite de la célébration de la journée des martyrs pour dire que c’est le SDF qui a demandé qu’on organise une marche pour demander au Président Biya de partir.
John Fru ndi à Nagoundéré le 24 février 2011Journalducameroun.com)/n
I think that the recrutement of 25 000 cameroonians is a big joke
John Fru Ndi, chairman du Social Democratic Front
Chairman, vous avez présenté un document en 11 points au Président Paul Biya, quelle sera la position du SDF si rien n’est fait jusqu’à la veille des élections?
Si rien n’est fait, les élections n’auront pas lieu au Cameroun.
Cela voudrait dire que si vos doléances ne sont pas prises en compte, vous allez boycotter les élections?
Je dis bien que si les doléances du SDF ne sont pas prises en compte, les élections n’auront pas lieu. Ce n’est pas une question du boycott des élections, les élections n’auront pas lieu.
Monsieur Ni John Fru Ndi que pensez-vous de la promesse faite par le chef de l’Etat de recruter 25 000 jeunes camerounais dans la fonction publique?
Je me demande pourquoi avoir attendu la dernière minute, pratiquement à la tombée de la nuit pour faire de telles promesses ? Le chef de l’Etat est venu à Bamenda, il a promis l’Université, la Ring Road, un hôpital de référence. Il est allé à Ebolowa, il a promis la même chose, sinon plus, la route allant de Biwonbane à Kribi par Akon II, la route Ebolowa-Sangmelima, la construction des barrages hydroélectriques. Vous voyez que 25 000 emplois ajoutés à toutes ces promesses, c’est un peu trop. Nous sommes tous des camerounais, soyons francs et honnêtes. Avons-nous le budget pour la réalisation de tout cela ? Je suis sûr que sur les 25 000 postes à pourvoir, plus de 100 000 jeunes camerounais vont postuler. Si chacun d’eux ne dépense que 10 000 francs, vous imaginer à combien cela va s’élever ? Nous serons en train de rendre les pauvres encore plus pauvres. Parce qu’il y a des gens au Cameroun qui travaillent depuis 2 ans pour certains et depuis 5 ans pour d’autres sans salaire. Il y a des fonctionnaires camerounais retraités qui meurent sans recevoir leur pension de retraite alors que c’est de l’argent qu’ils ont épargné. C’est pourquoi je pense que le recrutement de 25 000 jeunes camerounais est une grosse blague, think that the recrutement of 25 000 cameroonians is a big joke parce qu’il y en a qui ont été recrutés depuis sans être payés. Où est-ce qu’ils vont trouver de l’argent pour payer ceux qu’on va recruter ?
Monsieur le Chairman, comment va le « Shadow cabinet » du SDF?
Le shadow cabinet ne peut pas être effectif maintenant parce que nous avons quelques problèmes, mais le Shadow cabinet est là.
Ni John Fru Ndi lors de son meeting du 23 février 2011 à NgaoundéréJournalducameroun.com)/n
C’était au cours d’un meeting populaire qui s’est tenu ce mercredi 23 février 2011 au stade Ndoumbé Oumar de Ngaoundéré
« Je ne suis pas venu faire la campagne présidentielle, je ne suis pas non plus venu insulter qui que ce soit. Je suis venu pour ELECAM et je vais vous dire pourquoi je n’aime pas ELECAM ». C’est par ces mots du chairman que s’est ouvert le meeting du stade Ndoumbé Oumar de Ngaoundéré. Pour coller à l’actualité de l’heure, il a tenu à ajouter, « Je ne suis pas venu demander à M. Biya de partir, mais de faire des lois qui vont donner la chance à tous les citoyens camerounais de choisir en toute liberté afin de lui permettre de sortir par la grande porte ». Après Bamenda dans le Nord-Ouest, le chairman était en provenance de Kousséri, de Maroua et de Garoua où il a tenu des meetings similaires.
Avant l’allocution du chairman, il ya eu deux discours. D’abord celui du président SDF de la circonscription électorale de Ngaoundéré 2e, Aboubakar Hamoa, qui a commencé par soulever l’inquiétude de certains jeunes qui craignent la « manipulation » du chairman et sa « corruption » par le pouvoir en place pour lui faire infléchir ses positions radicales sur la gestion du pays et sur le système électoral. Comme raisons évoquées, les dernières rencontres entre le chairman et le Président Paul Biya, notamment lors du cinquantenaire des forces armées nationales à Bamenda, à la cérémonie de présentation des v ux 2011 au Palais de l’Unité et récemment au comice agropastoral d’Ebolowa. Une inquiétude qui sera très vite comblée, puisque Ni John Fru Ndi dans son discours leur a demandé de lui faire confiance. « Je ne cèderais point et je ne saurais me ranger derrière l’ennemi pour mes intérêts personnels. Sachez que j’aurais 70 ans cette année et ce que je fais, je ne le fais pas pour moi, mais pour la jeunesse qui est l’avenir de cette nation». Il y a ensuite eu le discours musclé du coordonnateur régional du SDF, Aboubakar Siroma, qui a dit pour sa part que sa région est ignorée par « le régime en place qui ne pense à l’Adamaoua qu’au moment des élections ». Il a aussi promis de mobiliser ses troupes pour que Ngaoundéré puisse compter des mairies SDF en 2012.
John Fru ndi à Nagoundéré le 23 février 2011Journalducameroun.com)/n
Puis est venu le moment du discours du chairman. S’exprimant uniquement en « Pidjin », le principal orateur du jour, Ni John Fru Ndi, a commencé par énumérer toutes ses « victoires volées » depuis 1992 et les tripatouillages du MINAT. Il dira alors à ce sujet que « nous voulons dire à M. Biya qu’il ne va plus le faire cette fois-ci, car trop c’est trop. En 21 ans, nous avons atteint le point de non retour. Et c’est aux enfants du Cameroun sous la conduite du SDF que revient la charge de mener ce dernier combat. Il est l’heure de lutter jusqu’à la dernière énergie. Le Commonwealth nous a donné ELECAM mais Monsieur Biya nous a dit que le Cameroun c’est le Cameroun ». Pour arriver au vif du sujet, il dira « populations de Ngaoundéré, voici le message que je vous apporte ce jour: si Monsieur Biya ne change pas les textes d’ELECAM, les élections n’auront pas lieu au Cameroun. Nous avons proposé 11 points sur lesquels nous ne sommes pas d’accord ». Parmi ces points, on peut citer l’instauration d’un système électoral à deux tours, la refonte des listes électorales, le respect scrupuleux des articles 8 et 13 de la loi instituant ELECAM, l’inclusion des données biométriques, l’institution d’un bulletin de vote unique à chaque scrutin, la désignation des membres neutres et impartiaux au sein du conseil électoral et de la Direction Général d’ELECAM . Après la distribution des dépliants reprenant la position du SDF vis-à-vis d’ELECAM, le meeting s’est achevé par un jeu de questions-réponses. A la question de savoir s’il reviendra dans le septentrion pour la campagne électorale, John Fru Ndi dira que « si les textes sur le système électoral sont changés, je reviendrai pour la campagne électorale ». Ce jeudi matin, la caravane du chairman s’est ébranlée vers l’Est à Bertoua, puis dans tous les autres chefs-lieux de région où il procèdera à une opération similaire.
Bain de foule du chairman après le meetingJournalducameroun.com)/n
Cette absence aura été autant remarquée que la présence de John Fru Ndi du Sdf, leader de l’opposition camerounaise depuis plus de 20 ans
La Côte d’ivoire non présente, le SDF de John Fru Ndi aux premières lignes
Le Président Paul Biya de la République du Cameroun, a reçu les v ux de Nouvel An des membres du Corps Diplomatique et ceux des membres des Corps Constitués Nationaux le mercredi, 5 janvier 2011 au Palais de l’Unité. Une cérémonie marquée par la présence du Chairman (Président) du Social Democratic Front(SDF), Ni John Fru Ndi venu également présenter ses v ux au Chef de l’Etat. Une première. Le tout premier contact officiel et public entre Paul Biya et Fru Ndi a eu lieu à Bamenda, à l’occasion de la fête des armées. Le chef de l’Etat avait reçu son rival politique pendant plus d’un quart d’heure. Cette fois ci, en dehors des poignées de mains officielles, rien n’indique que les deux hommes aient eu un entretien particulier. La présence de l’homme fort du SDF a suffi aux médias officiels de parler de cérémonie inédite. Remarquée aussi au cours de cette cérémonie, l’absence de l’ambassadeur de Côte d’ivoire. Le diplomate ivoirien, a-t-on appris par le quotidien Le Jour, n’a pas reçu son carton d’invitation à cette cérémonie ainsi que le veulent les usages. A l’ambassade, personne n’est disposé à donner plus d’explications à cette situation, pas plus qu’au cabinet civil de la présidence de la république du Cameroun, qui ne peut prétendre à un oubli. Il faut rappeler que l’ambassadeur Alou Wanyou Eugène fait partie des vingt cinq diplomates rappelés par Alassane Ouattara, le candidat désigné vainqueur par la commission électorale indépendante et soutenu par de nombreux dirigeants étrangers. Le Cameroun depuis le début de la crise officiel en côte d’ivoire, n’a pas clairement pris position.
La souveraineté alimentaire et énergétique pour renforcer sa position dans le monde
L’occasion des v ux a permis au président Biya de revenir sur la diplomatie camerounaise et ses nouvelles orientations. Paul Biya a fait le constat du repli de l’intérêt des pays riches pour les pays africains dont le Cameroun. La solution qu’il propose est aussi simple que compliquée, la conquête de la souveraineté alimentaire et énergétique. En premier lieu, nous devons, je crois, nous affranchir d’une dépendance qui s’est constituée au fil des années dans divers domaines de notre économie nationale. Par exemple, nous importons de grandes quantités de produits alimentaires, ce qui a pour effet de compromettre l’équilibre de notre balance commerciale. J’en ai parlé à mes compatriotes pour les convaincre de s’investir davantage dans les différents secteurs de notre agriculture. Nous pourrions ainsi non seulement assurer notre sécurité alimentaire mais aussi exporter encore plus chez nos voisins indique Paul Biya, qui ajoute, concernant la dépendance énergétique, que son intention est, désormais, d’encourager l’exploitation des «sites hydro-électriques». Ce combat pour l’énergie sera bénéficiaire à terme à nos entreprises et à nos populations qui souffrent de la pénurie d’électricité affirme Paul Biya. Cependant ajoute-t-il ce soulèvement du Cameroun ne peut se faire sans le soutien de ses partenaires bi et multilatéraux. Le président est revenu sur la nécessité de renforcer la coopération en matière d’aide international. Et au passage il a remercié les nombreux partenaires privés issus des pays amis du Cameroun.
Présentation des voeux au président camerounais le 5 janvier 2010Journalducameroun.com)/n
Membre du Shadow Cabinet du SDF, militante de première heure. Rencontre avec une femme discrète et efficace
Vous être militante du Front Social Démocrate depuis 1992. Pourquoi le SDF?
Parce que depuis 1990, j’avais déjà vu l’allure que prenait le SDF et j’avais aussi vu les statuts qui m’ont intéressés et donc le profil que j’attendais d’un parti politique.
Et pourtant votre père était proche d’Ahidjo et votre mère militante du RDPC, est-ce que cela n’a pas été difficile sur le plan familial ?
Non, sur le plan familial, cela n’a pas été difficile parce que j’ai eu la chance d’avoir des parents très ouverts qui ont compris pourquoi je m’engageais pour le changement au Cameroun. Malgré le fait que c’était un parti différent, mon père a trouvé normal qu’après son parcours et celui de ma mère, un de leurs enfants s’engage dans la politique. Malheureusement pour eux ce n’était pas dans le même parti politique.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de vous engager dans la politique ?
J’avais toujours devant moi l’image de ma mère, cette femme qui n’a pas pu aller à l’école juste parce qu’elle était femme, Mme Wandji Nkuimy Pauline Rose Ritée. Mes grands parents avaient préféré envoyer mes oncles, ses frères à l’école. Elle était femme de ministre, ne savait ni lire ni écrire, mais était très impliquée dans la vie sociale et politique. Elle a appris à lire et à écrire en élevant ses enfants. Je me suis dis que moi qui savait lire et écrire pourquoi je ne m’engagerais pas pour emmener les femmes aussi haut ?
Pour votre première élection, vous vous opposez à votre mère à la mairie de Douala Ier. Racontez nous
Lorsque mon médecin qui était président provincial du SDF pour le littoral me dit qu’il fallait absolument que je m’engage ouvertement puisque j’étais déjà avec le SDF, il y’avait des élections et un membre de la liste était décédé. Ils ont proposé que je le remplace au pied levé. Le même soir je suis allée au domicile familial et j’ai vu ma mère à la maison entourée de plusieurs femmes qui étaient en réunion pour le compte du RDPC et j’ai discuté avec mon père. Je l’ai informé que j’allais remplacer le voisin mort sur la liste Sdf et qu’il fallait qu’il m’aide à réunir les pièces car j’avais seulement 24 heures. Après quelques instants il m’a regardé et a dit « tu es vraiment ma fille mais je ne sais pas comment ta mère va le prendre ». Il appelle ma mère qui suspend sa réunion et vient. A son arrivée mon père lui dit « écoutes ce qu’elle va te dire » et je lui dis, « non papa c’est à toi de lui dire » et il se décide à parler. Il lui a donc annoncé la nouvelle et ma mère s’est mise à crier dans la chambre dans notre langue maternelle, « tu veux me tuer ? » « Que vont dire les gens ? » « Je vais me cacher où ? » Avec les yeux pleins de larmes, elle me dit que faire la politique c’est bien, mais « pourquoi avoir choisi le Sdf, les vandales qui brûlent les pneus et tout, regardes toi, tu vas aller te faire agresser ». On a convoqué ma mère au comité central du RDPC pour explication, en lui demandant pourquoi ils ont osé faire de telles choses et elle a tout simplement répondu « c’est ma fille, vous ne la connaissez pas ». Le pire, nous avons eu la mairie.
Vous n’avez pas pensé un moment à renoncer ?
Non. Quand je suis rentrée chez moi, j’en ai parlé avec mon mari et il m’a demandé comment je vais faire avec ma famille ? Je lui ai dit que si ce sont vraiment mes parents, ils l’accepteront au vue de l’éducation qu’ils nous ont donnée.
Pensez-vous que le fait que votre père ait fait la prison a influencé votre choix de parti politique au moment de vous lancer ?
Oui. Car sa prison m’a appris à me battre pour ce qui est juste. Parce que mon père était innocent et la justice l’a innocenté par la suite. Mais cela a pris cinq années de sa vie. Au cours de ces cinq, à trois reprises il a failli se faire tuer pour que la vérité ne triomphe pas.
Pensez-vous que votre engagement est né de cette révolte ?
C’est né de cette révolte et pour être toujours du côté des opprimés.
Le choix du parti politique était une réponse à cette révolte ?
Le choix du parti politique était peut-être une espèce de réponse, mais il y’a aussi les textes qui m’ont aidé à me décider parce qu’il y avait d’autres partis politiques. Si c’était vraiment le changement, la révolution pour la révolution je serais parti dans l’UPC. Donc, j’ai lu les textes du SDF qui m’ont intéressé, cette justice sociale, ce pouvoir au peuple.
Et depuis que vous y êtes, avez-vous l’impression de rendre service ?
Oui beaucoup. Ce n’est pas parce qu’on est militant du SDF qu’on cesse d’être un homme. J’ai vu qu’il y avait toujours une injustice, cette violence faite aux femmes, même à l’intérieur du SDF cela existe. Ce sont des camerounais, ils ne le font peut-être pas méchamment, mais il y a des réflexes. Donc étant au SDF j’ai prouvé à ces hommes qu’une femme pouvait faire bien, sinon mieux en gagnant les primaires contre des personnalités du SDF et ça c’était quelque chose. Et les femmes ont compris que c’était possible et j’ai par là prouvé aux camerounaises qu’on pouvait faire mieux pour son pays sans forcément être au gouvernement. Grâce à moi et à travers SERVITAS Cameroon (une ONG) il y a des choses qui changent au Cameroun. Je prends l’exemple des mutilations génitales féminines. Je sais que le SDF sous ma proposition avait fait une proposition de loi à l’assemblée nationale qui avait été rejetée. C’était pourtant une bonne proposition de loi, mais parce que cela venait du SDF cela a été rejeté. Je suis partie en Espagne à une réunion de l’international socialiste des femmes et j’ai interpellé les députés du parlement européen qui étaient à cette réunion et après, nous sommes directement allés au parlement européen. Et comme aujourd’hui il ya des réunions entre parlementaires, au cours d’une de ces réunions, on a interpellé le Cameroun sur le sujet et immédiatement j’ai vu la transformation. J’ai vu des banderoles où on appelait les responsables des ONG pour aller discuter de cela. Je n’étais certes pas invitée, mais j’étais heureuse. Ce n’est pas mon approche de faire la publicité car le bruit ne m’intéresse pas. Mon approche c’est de voir le résultat escompté.
Avez-vous eu beaucoup de difficultés à vous imposer au sein du parti ? Comment avez-vous procédé ?
C’est parce que justement la femme a beaucoup de qualités. Il faut voir comment nous vivons dans nos familles, dans nos ménages. Il y a eu des dissidences dans mon parti et même beaucoup de démissions et à chaque fois, beaucoup de gens ont compté sur moi pour partir avec eux parce qu’ils savaient toutes les pressions que je subissais, mais ce n’était pas la bonne solution. Il fallait rester là pour donner espoir. Dans le SDF, nous n’avons pas une section de femmes comme on le voit ailleurs, et je signale que je suis entrain de me battre pour ce regroupement et d’ailleurs c’est déjà en cours puisque le parti admet aujourd’hui que les femmes puissent se regrouper entre elles. Je peux vous assurer que ce n’est pas du tout facile.
Quelles sont vos rapports avec les hommes de votre parti ?
Tout d’abord des rapports de courtoisie, de camaraderie, mais il y a quand même un problème parce que beaucoup me trouvent ambitieuse et têtue. Parce qu’ils disent « qu’est-ce qu’elle fait encore là avec tout ce qu’elle a déjà subi ? » « Elle aurait du déjà fuir comme les autres ». Mais je trouve que c’est trop facile de partir. Et pour moi, avoir été candidate en face de ma mère n’était pas un jeu. Et rien que pour cela, il faut que j’aille jusqu’au bout.
Et vos rapports avec Ni John Fru Ndi ?
Je n’ai pas de problème particulier avec le président national en tant que personne. Mais j’ai un problème avec la démarche, la façon de voir les choses, ce côté paternaliste où il veut qu’on le traite comme un père. Mais moi, je ne peux pas le traiter comme un père, je n’arrive pas. Et cela crée parfois des frustrations et il pense que je lui manque de respect et à chaque fois je suis obligée de rappeler aux uns et aux autres que les personnes les plus chers pour moi, je les ai laissées de côté pour venir dans le Sdf et j’y suis pour les idées.
Et quels sont vos rapports avec Kah Walla qui a démissionné ?
Kah Walla arrive dans le parti aux élections de 2007, et c’est moi qui l’y ai emmené. Parce qu’elle apprend que je refuse d’aller aux primaires. La première fois, on a refusé que je conduise la liste même si par la suite je l’ai fait. Les arguments étaient que je suis à Douala 1er et c’est chez les Sawa, je suis une femme et je suis de l’Ouest. Et c’est trop prétentieux pour moi de vouloir conduire une liste en face des hommes. Et ça c’étaient pour les législatives en 2002. En 2007, il y a encore des législatives et quand on me demande pourquoi je ne fais pas acte de candidature, là je leur dit « écoutez, je suis toujours femme, toujours originaire de l’Ouest et toujours à Douala 1er. Pourquoi embarrasserai-je le parti en allant aux primaires ? Puisque je sais qu’en y allant, je gagnerai. Donc, je ne vais pas aux primaires, je ne vais pas aux élections, je ne suis même pas candidate ». Et j’ai dit que si le parti veut que je sois candidate qu’on me laisse en position éligible et ça avec toutes les femmes. J’avais déjà eu cette stratégie en 2002 et à la dernière minute, les autres femmes m’ont lâché. Et bien sûr j’ai été la seule femme a avoir déjà gagné les primaires sur toutes les femmes du comité exécutif national. Il y avait une seule qui avait aussi réussi parce qu’elle était déjà députée du RDPC avant de venir au SDF. Finalement donc je dis, je ne veux pas repartir dans ce combat inutile. J’ai connu Kah Walla parce qu’elle était (et est toujours) responsable de Stratégies qui est une société de communication qui travaille avec des sociétés et des fondations telle que Friedrich Ebert pour la formation. Elle m’appelle pour me dire qu’elle apprend que je ne veux pas être candidate. Alors je lui dis que je suis seule dans mon camp, les autres femmes n’ont pas mon courage et si on était seulement deux avec ce même courage, j’allais davantage foncer. Et elle me demande « si je venais avec toi sur la liste, tu accepterais ? » Je lui demande « tu peux ? » Elle répond par l’affirmative. Pendant une réunion du comité exécutif à Bamenda, on me demande une fois de plus pourquoi je ne suis pas candidate? Ils insistent et là je leur dis que je peux être candidate mais à une seule condition : que Kah Walla vienne avec moi sur la liste. Et la surprise fut très grande pour tout le monde. Après beaucoup de tractations, on me met sur la liste avec Kah walla (qui allait par la suite être cooptée comme membre du comité exécutif national, Ndlr) et pour me « punir », on a voulu mettre Kah Walla devant moi sur la liste. Cette dernière refuse en disant qu’elle ne connait pas le parti, elle n’est même pas militante, elle veut seulement entrer pour les élections. « Je ne peux pas être devant Chantal » disait-elle, « car c’est elle la locomotive ». Finalement, on met un homme devant moi. Alors on va aux élections. Je précise que militer n’est pas facile. Kah Walla n’était pas très présente aux réunions du comité exécutif national. Et à l’heure où je vous parle, elle n’a assisté qu’à trois ou quatre réunions du comité exécutif. Et il faut préciser, elle n’était jamais à l’heure ou repartait avant la fin des réunions.
Journalducameroun.com)/n
Votre avis sur la série de démission au Sdf?
Ce sont des démissions fictives. Parce qu’en fait, ces personnes ne venaient plus depuis au parti, elles n’étaient plus militantes il y a longtemps. J’ai été surprise lorsqu’on a même donné le nom d’un ancien député. Je ne savais même plus que cette personne était encore au Cameroun. S’il fallait appliquer les textes à la lettre on devait dire que certaines de ces personnes n’étaient plus militantes avant même qu’elles ne se déclarent.
Vous êtes vice présidente de l’international socialiste des femmes et membre du présidium de l’international socialiste. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Depuis 1993, j’ai commencé à fréquenter l’international socialiste, je suis ensuite passée délégué socialiste des femmes au comité Afrique. Ce dernier regroupe les membres de l’international socialiste des partis africains. Et à chaque fois, il y a une personne qui représente l’international socialiste des femmes pour voir la situation des femmes dans ces différents partis africains. Donc, j’ai fait ce travail pendant quatre et après je suis passée vice présidente de l’international des femmes et je continue toujours à le faire. Et je suis effectivement membre du présidium depuis 2008.
Racontez nous votre parcours académique et professionnel
Je suis née au Cameroun à Bagangté dans l’Ouest du pays en 1960. J’ai fait mes études primaires à Yaoundé au Parc Répiquet. Et puis nous nous sommes allés à Douala où j’ai fait le lycée des jeunes filles de New-Bell. Et dès la classe de seconde, je suis partie à Nice où j’ai achevé mon parcours au Parc Impérial en série scientifique. J’étais plutôt attirée par le social et donc je suis partie à Paris pour faire économie sociale et familiale. Après, j’ai eu la chance d’aller très souvent au Cameroun et je me suis lancée dans le business ; toutes les fois que j’allais au Cameroun j’achetais des chaussures à Nice qui est à la frontière avec l’Italie pour les revendre au pays. Ma s ur Alvine avait un Institut de Beauté Myriam’s dans le 11e arrondissement de Paris et j’y allais souvent et j’ai eu une autre formation car je venais souvent gérer sa structure et je rentrais au Cameroun. Par la suite je suis tombée enceinte et j’ai voulu élever personnellement mes enfants. J’ai alors presque tout arrêté. Toutefois, j’ai mis sur pied mon entreprise SURPRISE sarl à Akwa dans les cadeaux d’entreprise et c’est aussi là que j’ai pris goût à la politique. J’ai été membre de plusieurs associations féminines et parce que je n’étais plus trop présente mon entreprise a pris un coup, elle ne fonctionnait plus bien et je me suis engagée dans ces associations féminines et on a mis sur pied SERVITAS Cameroon qui encourage la participation des femmes dans la gestion à tous les niveaux, même en politique ; défend les droits de l’Homme plus particulièrement de la femme. Et tout récemment on a ajouté l’environnement compte tenu de l’implication des femmes dans les questions environnementales.
Comment avez-vous concilié votre vie de couple avec celle politique ?
Au début ce n’était pas facile avec mon mari. Mais il a vu mes preuves en tant qu’épouse, en tant que mère. J’ai quand même élevé mes deux enfants, en les lavant, les emmenant à l’école avant d’aller à ma boutique. Et quand j’ai commencé à être instable, mon absence se faisait ressentir à leur niveau. Et finalement je les ai emmenés à Nice. Mon mari a vu les résultats de mes actions partout, même dans mon village. Quand il y va, on lui dit merci, c’est grâce à ta femme qu’on a le puits d’eau, qu’on a ceci et cela. Mais un homme reste toujours un homme. Cela ne l’empêche pas de demander quand je voyage, tu rentres quand ?. C’est un militant aussi du SDF et il a finit par tout comprendre.
Un mot sur le réseau Femme pour un monde meilleur
Je rencontre ce réseau de part ma position en tant que responsable en charge des questions de genre aux SDF. Je rencontre donc ce réseau à Niamey où j’assiste à la première réunion. C’est un réseau entre les femmes africaines et les femmes espagnoles pour un monde meilleur. C’est un forum d’échange qui est intéressant et il est pris en charge par le gouvernement espagnol. Le réseau est à sa sixième année si je ne me trompe pas. Et la dernière fois à Valence en Espagne, on a eu à initier un groupe de travail sur l’éducation. Et il s’agit de faire un programme clair et net concernant l’éducation de la femme et de la jeune fille en Afrique.
Au Cameroun avez-vous des contacts avec les autres femmes politiques quelque soit le parti ?
Bien sûr, on se retrouve toujours à travers les associations féminines. Nous avons mis sur pied le Cri de la femme camerounaise. Je suis l’une des fondatrices du Cri qui est l’appel des femmes camerounaises aux candidat(e) s à l’élection présidentielle de 2004. Il était un groupement de femmes tout parti politique confondu. C’était très beau. Le Cri est né après les élections législatives et municipales de 2002 où les femmes se sont rendu compte qu’elles ont connu les mêmes difficultés dans leurs différents partis politiques.
Lorsqu’on fait la politique c’est parce qu’on a une ambition. Quelle est la vôtre?
La mienne c’est être en position de changer les mauvaises lois, de changer les choses pour améliorer la vie les femmes et les jeunes. Et bien sûr être présidente de mon parti et même présidente de la République.
Pour terminer, un mot sur la rencontre Fru Ndi -Paul Biya en marge du cinquantenaire il y’a quelques jours
C’est une rencontre qui avait déjà été sollicitée par John Fru Ndi. Apparemment le message n’était pas bien passé d’un coté comme de l’autre pour une rencontre entre les deux hommes. Ils se sont finalement rencontrés à Bamenda lors du Cinquantenaire des Armées. C’est une bonne chose car c’est normal que nos dirigeants s’asseyent et discutent du devenir de notre pays. Tout s’est bien passé. C’est l’inverse qui aurait été mal perçu, si malgré la demande officielle de John Fru Ndi à rencontrer le Président Paul Biya depuis longtemps, qu’il ne saisisse pas cette opportunité pour le faire. La question essentielle de leur rencontre concernait les élections et Elecam en particulier.
Consultant major en architecture, il nous parle de lui, de ses projets et du Cameroun
En quoi consiste le «change management»?
C’est une jonction de l’architecture et du mobilier. Notre rôle est de mobiliser les gens qui travaillent dans les entreprises pour qu’ils acceptent les changements que l’entreprise met parfois en place et qui se matérialisent par du nouveau dans l’organisation de l’espace et le choix du mobilier. Il s’agit évidemment des grandes entreprises. Si par exemple, une entreprise veut créer des cadres de travail en commun, il faut expliquer par la communication aux gens ce qu’ils gagnent en perdant leur «intimité». Les employés refusent souvent les open spaces, il faut mobiliser leur volonté pour les faire accepter.
Ça fait combien d’années que vous faites ça?
Je suis dans cette entreprise depuis bientôt six mois. Mais avant, je donnais des cours de construction de bâtiments dans une université technologique ici en Allemagne et j’ai travaillé comme architecte.
Vous avez été membre du comité technique d’organisation du Davoc 2010. Est-ce votre première expérience associative ?
Non! J’ai travaillé avec le président du comité d’organisation dans le fonds d’investissement, le Cadidec et il m’a proposé de travailler comme responsable de la communication du Davoc. Avant ça, j’ai été président de l’association des Camerounais à Darmstadt plusieurs années, président de l’association des ingénieurs à Darmstadt et pendant un certain temps je n’ai plus participé à des associations. Il y a deux ans j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de Camerounais dynamiques et c’est facile de travailler avec des gens qui ont un but et qui ne sont pas là seulement pour casser les choses. Ça fait plaisir de travailler comme ça et c’est pour ça que j’ai recommencé ce travail là dans les associations.
Vous êtes en Allemagne depuis 20 ans, donc vous avez vu les choses évoluer. Selon vous, est-ce que la dynamique d’aujourd’hui existait il y a 20 ans?
Oui! il y avait cette dynamique il y a 20 ans mais après, il y a eu beaucoup de problèmes notamment parce que beaucoup de personnes non-étudiantes ont créé des problèmes et les membres ont laissé tomber les associations. Après, ça a progressivement repris et aujourd’hui l’ensemble des Camerounais d’ici sont intéressés pour le devenir de Cameroun et c’est pour ça que nous travaillons ensemble.
Est-ce vrai que tous les Camerounais d’Allemagne font partie d’une association?
Sans vérifier, je dirais oui. C’est dû au fait que les Allemands te disent que ce pays n’est pas ton pays. Ils te disent qu’il faut que tu te mobilises bien pour ton pays. C’est pour ça que lorsque nous sommes ici, nous sommes obligés de penser à notre pays, parce qu’ici, nous sentons tout le temps que nous ne sommes pas Allemands. Nous venons d’un pays différent, alors il faut que nous fassions quelque chose pour notre pays.
Avez-vous le soutien des autorités? Notamment camerounaises?
Avant non. Toutes ces associations étaient vues comme des opposants au gouvernement, il y a même une année, il ya 20 ans, où nous avons fait une marche à Bonn et l’ambassadeur à cette époque là était vraiment fâché et voulait nous renvoyer tous au pays. Entre temps, les choses ont beaucoup changé car l’ambassadeur actuel est vraiment un leader et je pense qu’il est entrain de soutenir les associations et les Camerounais qui veulent faire quelque chose.
Selon vous, c’est quoi la définition du mot «diaspora»?
La diaspora pour moi, ce sont des gens qui ont quitté leur pays, qui ont choisi de vivre dans un autre pays mais qui n’ont pas oublié leur pays. Ils veulent toujours faire quelque chose pour leur pays d’origine à travers des actions directes ou des partenariats.
Paul Ndi Ndi, l’architecteJournalducameroun.com)/n
Pensez vous que les diasporas camerounaises soient différentes?
Je pense que le pays dans lequel on vit influence le comportement de la diaspora.
A mon avis en France, la diaspora pense différemment de la diaspora ici en Allemagne
Paul Ndi Ndi
.
Dans un forum comme le Davoc, on parle beaucoup de développement, de projet, de conception, de Cameroun, de retour, de jeunesse.Pour vous tous ces mots renvoient à quoi ?
A une envie de faire quelque chose. Je vois qu’il y a beaucoup d’énergie et il faut utiliser cette énergie sinon ça va encore retomber. Il faut saisir cette occasion, toute cette énergie et la transformer.
Parlez-nous de vous, où vous êtes né, où vous avez grandi, vos études.
Je suis né au Cameroun, à Kumba (Sud Ouest), j’ai fait mes études primaires là-bas et après je suis parti à Bamenda et après ça j’ai eu la bourse pour faire des études ici en Allemagne. C’était en 1989, le 3 octobre 1989, c’était le jour de l’unification ici en Allemagne. En Allemagne, j’ai fait mes études à Darmstadt, c’est une université technique et j’ai travaillé aussi à Darmstadt. J’ai fait architecture à Darmstadt. Après j’ai travaillé pour un petit bureau et cette expérience m’a beaucoup appris sur toutes les facettes des constructions. C’est avec cette expérience que l’on m’a nommé lecturer dans une université.
Et vous parlez bien les trois langues allemand, anglais et français. C’est une richesse.
Oui! C’est vraiment une grande richesse de parler trois langues. On le voit aujourd’hui, les enfants grandissent en apprenant plusieurs langues, pour notre génération c’est vraiment une richesse de parler trois langues. On voit ça dans le travail, il y a quelques temps j’étais en Suisse. A Zurich j’ai parlé allemand, à Genève j’ai parlé français et dans les deux villes, un peu d’anglais. Toutes ces langues m’aident beaucoup.
Quand vous voulez manger camerounais, vous mangez quoi ?
J’aime beaucoup le ndolè, avec le plantain, les bâtons de manioc ou les miondo