Lions indomptables : Les binationaux se font désirer

La mission qui s’est rendue en France est rentrée quasiment bredouille. Ntep, Umtiti et Ngando demandent un temps de réflexion.

Dans le but de renforcer les effectifs des Lions indomptables pour la prochaine Coupe du monde de football, une mission du comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a séjourné en France, il y a quelques jours, pour prospecter six joueurs binationaux, franco-camerounais. A savoir : Georges Ntep de Madiba, de Rennes, Axel Ngando d’Auxerre, Jean Christophe Bayebeck de Valenciennes, Samuel Umtiti de Lyon, John Junior Nkomb Nkomb et Sorel Chemin de la réserve du PSG. Ces deux derniers, très souvent remplaçants en équipe B, sont les seuls, pour l’instant, à avoir marqué leur accord pour changer de nationalité sportive en faveur du Cameroun.

Des procédures seraient même déjà engagées pour que les deux footballeurs qui sont français obtiennent très rapidement la nationalité camerounaise. La mission conduite par David N’Hanack Tonye, membre du comité de normalisation de la Fecafoot, et au sein de laquelle se retrouvait Rigobert Song, team manager des Lions, ainsi que Oumaraini, responsable administratif de l’équipe nationale du Cameroun, a également rencontré l’attaquant Paul Georges Ntep de Rennes et le défenseur de l’olympique lyonnais Samuel Umtiti. Les deux joueurs ont demandé, au même titre que Axel Ngando Elessa, milieu de terrain de l’AJ Auxerre, un temps de réflexion jusqu’en fin février.

L’on se souvient qu’à la veille du mondial Sud-africain, David Ngog, un autre Franco-camerounais qui évoluait à l’époque à Liverpool, avait toujours demandé un temps de réflexion. Question pour lui de continuer à lorgner du côté de l’équipe de France. Ses statistiques en club, notamment à Bolton (91 matches pour 16 buts) étant maigres, il est tombé aux oubliettes. Courtisé de nouveau par le Cameroun sous l’ère Jean Paul Akono en 2013, le nouveau sociétaire de Swansea avait encore indiqué qu’il prenait le temps de la réflexion.

John Junior Nkomb Nkomb
Droits réservés)/n

Néanmoins, durant le séjour de la commission N’hanack en France, les joueurs courtisés se sont fait identifiés pour la finalisation et la mise en forme de leurs documents administratifs. Ce qui n’a pas été le cas du sociétaire de Valenciennes, Jean-Christophe Bayebeck, malade au moment du passage de la mission. Selon une source proche de ce dossier, les autorités camerounaises souhaiteraient que la majorité de ces joueurs soient présents lors du match amical contre le Portugal le 5 mars prochain.

Mais que peut apporter chez les Lions, à la veille d’un Mondial, les jeunes joueurs de 19 ans, certes prometteurs, mais qui ne parviennent pas à être titulaire dans les modestes formations des équipes réserves ? A titre de rappel, l’attaquant de l’équipe B du Psg, qui évolue en Cfa (Championnat de France amateur) John Junior Nkomb Nkomb, a seulement disputé, depuis le début de la saison, six matches, deux dans la peau d’un titulaire. Pour un bilan d’un but, inscrit le 14 décembre 2013 lors de la défaite du Psg face à Mantes 1-2. Son coéquipier, Sorel Chemin, qui est né au Cameroun le 10 avril 1994, n’a guère fait mieux. Depuis le début de la saison, il n’a joué que deux bouts de matches, pour un total de 59 minutes.

Sorel Chemin
Droits réservés)/n

«Retour sur l’affaire Ngando/ Puma»

Le Dr. Enam Alain spécialiste des questions de vie privée et de droit à l’image revient sur la polémique entre le supporter N°1 des Lions et l’équipementier

Un regard sur l’Affaire Puma/ Ngando Piquet
Je dirais que dans un premier temps, j’ai été très surpris par la négligence juridique avec laquelle l’équipementier Puma a organisé cette campagne publicitaire. Pour une structure qui compte des juristes rompus à ce type d’opérations publicitaires, c’est pour le moins surprenant de constater qu’elle ait pu engager l’image d’autrui à des fins publicitaires sans solliciter son autorisation. J’ai ensuite été surpris de constater que M. Ngando hésitait à demander réparation alors que cela va de soi à mon avis.

L’équipementier Puma serait donc coupable?
Assurément et précisément sur le terrain de l’atteinte au droit à l’image. Contrairement à ce qui a pu être écrit sur cette affaire, il n’est point nécessaire qu’une personne soit filmée dans un cadre privé pour que l’atteinte au droit à l’image puisse être invoquée. Il s’agit là d’une mauvaise interprétation des articles 226-1et 226-2 du code pénal. En réalité, si la question est complexe et suscite des confusions c’est que justement il n’y a aucun texte qui définisse le droit sur l’image, encore moins qui prévoit des sanctions en cas de violation de ce droit. C’est donc à la jurisprudence et précisément celle de la cour de cassation que l’on doit la construction d’un régime de protection de l’image; la haute juridiction française pour donner sens à sa démarche rattache expressément le droit à l’image à l’article 9 du code civil qui porte en réalité sur la protection de la vie privée. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

Pour revenir à notre affaire Ngando à l’analyse la jurisprudence de la cour de cassation, il ressort clairement d’un arrêt Michel Leeb rendu par la Cour de cassation le 12 juin 1990 que dans le cadre de l’exploitation commerciale de l’image d’une personne, le consentement de cette dernière est une exigence absolue. Puma ne peut pas non plus se prévaloir comme j’ai pu le lire du fait que Ngando se réclame d’être la mascotte des Lions indomptables pour pouvoir utiliser son image à des fins de publicité portant sur les Lions indomptables. Cet argument établirait un lien de pertinence entre l’image publiée et l’information ou le message que l’on veut faire passer. Ici encore, c’est à un arrêt de la Cour de cassation qu’il faut se référer, à savoir l’arrêt Gunther Sachs dans lequel elle pose le principe jamais contredit qu’une autorisation tacite ne pouvait être déduite de l’activité ou de la profession d’une personne. Dans ce cas d’espèce, la haute juridiction avait également requis un consentement express.

Cette jurisprudence n’est-elle pas assez lointaine?
Elle est sans doute lointaine, mais reste seule applicable à notre cas. Il est vrai que dans un arrêt plus récent du 20 février 2001, la cour de cassation a admis la licéité des photos publiées par le magazine Paris Match à la suite de l’attentat du RER du 25 juillet 1995. Ces photos centrées présentaient notamment des victimes de cet attentat. Pour la haute juridiction civile, ces images étaient en étroite relation avec cet évènement et participaient du droit à l’information du public. La protection du droit à l’image a été assimilée par la jurisprudence à la protection de la vie privée. Or, trois raisons peuvent permettre de passer outre le respect de la vie privée d’une personne et donc du droit au respect de l’image d’une personne: la satisfaction du droit à l’information du public; la participation à un débat d’intérêt général et bien sûr le consentement de la personne concernée. Il est avéré que le consentement de M. Ngando n’a pas été sollicité et je ne vois pas en quoi la campagne publicitaire de Puma répond au droit à l’information du public, encore moins comment elle peut prétendre participer à un débat d’intérêt général. C’est une campagne purement commerciale.

Un mot sur l’autre affiche de cette campagne publicitaire qui représentait des enfants sur une voiture
A la différence de la photo de M. Ngando qui est clairement un cliché centré, celle représentant des enfants sur un véhicule peut être perçue comme un cliché de groupe, situation dont il faut interroger les circonstances dans lesquelles cette photo à été prise. Bien qu’il s’agisse d’un cliché de groupe contrairement à la photo de M. Ngando qui est un cliché ciblé, il y a fort à croire que les jeunes gens qui se trouvent sur cette photo n’ont pas été informés de la finalité de cette photo. Quoiqu’il en soit, dans l’un comme dans l’autre cas, la société Puma pourrait également être poursuivie pour «images attentatoires à la dignité». Ces photos qui ont été diffusées dans tout le métro parisien ne présentent pas forcément les personnes qui y figurent sous un jour favorable et c’est le moins que l’on puisse dire.

Dr. Alain Enam
Journalducameroun.com)/n

Le Camerounais Ngando Picket menace de poursuivre l’équipementier Puma

Le motif de l’accusation serait l’utilisation sans autorisation de son image au regard de la campagne d’affichage de Puma dans le métro parisien

Ngando star de Paris
Pour la coupe du monde 2010 qui se déroulera en Afrique du sud dans un peu moins d’un mois, la firme allemande PUMA qui est par ailleurs l’équipementier de l’équipe nationale camerounaise de football, a lancé une vaste campagne marketing à Paris la capitale française. Entre autres images utilisées, celle d’Henri Mouyebe plus connu sous le nom de Ngando Pickett. L’image en question représente Ngando entrain « d’ambiancer » lors d’un match des lions indomptables. Il revêt son habituel accoutrement aux couleurs du Cameroun. Une image qui est affichée aujourd’hui sur une grande partie les lignes du métro parisien. Ngando se dit ravi que son image ait été choisie. Cela rehausse l’image du Cameroun a-t-il déclaré se prononçant sur le sujet. Problème, c’est que ce dernier affirme n’avoir pas donné son autorisation pour l’utilisation de son image. Je n’ai été ni contacté, ni payé par la firme Puma, affirme Ngando qui dit avoir été informé de cet affichage par des amis vivant à Paris. Une précision de taille. Au Cameroun où les questions de cagnottes sont sources de divisions il valait mieux pour Ngando se dédouaner rapidement.

Ngando promet des poursuites
L’agent de Ngando et la fédération camerounaise de football ont eux aussi nié avoir été contacté à cet effet. J’étais à la Fécafoot pour me renseigner à ce sujet et on m’a dit que Puma ne les a jamais contactés à mon sujet a déclaré Ngando, d’après une information rapporté par le quotidien Mutations. Toujours selon cette information, l’agent de Ngando Pickett serait entré en contact avec Puma pour les « modalités pratiques ». Mais en attendant l’issue de cette affaire, Ngando Pickett prévient, il ne faut pas que je sois lésé dans cette affaire. J’ai trop galéré. Ça fait 15 ans que je suis derrière les Lions sans rien avoir. Trop c’est trop! Ils doivent me payer. J’ai trop galéré.

Une affaire qui selon de nombreux observateurs risque d’être difficile à mener. Puma possède de très bons avocats et la revendication de Monsieur Ngando n’est pas évidente affirme un expert du droit. Selon cet expert, la question du droit à l’image s’invoque valablement lorsqu’elle a été prise dans un cadre privé, ou lorsque dans un cadre publique elle a été interdite d’utilisation sans autorisation. Pourtant, il se pourrait qu’un arrangement soit vite trouvé avec Ngando. La firme Puma pourrait ne pas souhaiter qu’une banale affaire de droit d’image vienne rendre public le détail des contrats qui la lient à la fédération camerounaise de football. Enfin d’autres prétendants au droit pourraient surgir. Le photographe qui a pris l’image, le sponsor qui finance les déplacements de Ngando et son équipe.

La campagne de la discorde
L’affaire pouvant désormais opposer la firme Puma à Ngando Picket n’est pas la seule à entacher la campagne médiatique lancée par l’équipementier allemand en prélude à la coupe du monde. Selon certaines indiscrétions, PUMA aurait imposé un passage à Paris où l’équipe camerounaise de football sénior devrait se soumettre à une campagne publicitaire. Une situation qui n’aurait pas arrangé Paul Leguen, l’entraineur. Il s’est en fin de compte plié à cette exigence que certains disent figurer dans le cadre des accords entre Puma et la fédération camerounaise de football. Cela avait déjà été le cas au Kenya à quelques heures du début de la Coupe d’Afrique des Nations 2010 en Angola. Pourtant affirment des sources bien introduites, aucune clause dans les accords entre les autorités camerounaises et Puma n’inclut ces obligations. L’Algérie, un autre pays partenaire de Puma a connu aussi la discorde autour d’une récente campagne de communication de la firme allemande. Dans le clip titré Journey of football, au rythme de Gnals Barkley, ne figure aucune image de joueurs algériens pourtant qualifiés pour la prochaine Coupe du monde. Par contre des images de l’équipe égyptienne vainqueur de la récente coupe d’Afrique, mais disqualifié pour la coupe du monde et par l’Algérie y figurent.

Ngando Picket dans le métro dans une station à Paris
okabol.com)/n

Ngando Pickett, le

La mascotte a prêté son image à la campagne de l’équipementier Puma pour la Coupe du monde

L’homme toujours peint de la tête aux pieds aux couleurs du Cameroun avec l’étoile jaune est à l’affiche dans le métro parisien. On ne peut pas le rater. Il attire autant le regard et arrache un petit sourire à tout supporter des Lions. Cela fait une dizaine d’années qu’on le voit et le cherche dans les gradins chaque fois que l’équipe nationale effectue une sortie. Ainsi, le bonhomme s’est fait une réputation au point de taper dans l’ il des as du marketing et de la communication de Puma, l’équipementier des Lions Indomptables.

La marque qui habille quatre des six sélections africaines qualifiées pour le mondial sud-africain (Cameroun, Ghana, Algérie et Côte d’Ivoire) communique avec Ngando. Il dit dans le texte combien il aime le football. C’est une consécration pour Ngando et son groupe qui se sont révélés au public en 2000, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations Nigéria /Ghana.

En marge de cette campagne, Puma a lancé un maillot – appelé Africa Unity Kit – aux couleurs de l’Afrique dans le cadre d’une campagne sur la biodiversité, avec comme stars Samuel Eto’o, Emmanuel Eboué ou encore John Mensah du Ghana. Le but de la campagne intitulée «Play for Life» ayant pour but de sensibiliser le grand public sur la préservation de l’habitat et des espèces réunit les 12 équipes africaines sponsorisées par Puma. Le maillot qui a été validé par la FIFA pourra être porté pendant les matchs amicaux ou même pendant la coupe du monde.

L’affiche de Ngando dans le metro parisien
okabol.com)/n