Major Asse et Valéry Ndongo encensent Douala-Bercy

C’était à l’occasion de la 3ème édition de leur «Stand Up Night Show»

Comme depuis le lancement de ce concept en mai 2009, les deux acolytes ont une fois de plus drainé du monde ce dimanche 12 décembre 2010 à Douala-Bercy. Major Asse, la désormais copine nationale de toutes les dames, a comme à son habitude fait le bonheur de ces dernières tandis que son compère Valéry Ndongo fracassait les côtes du public, pour paraphraser Guy Alain, un fan de l’artiste, rencontré à la sortie du spectacle. Un spectacle riche en émotion et en enseignement, au vue des sujets abordés par les humoristes en cette soirée car pendant près de deux heures et trente minutes, le public s’est régalé, les artistes ont fait le show.

A vrai dire, les deux artistes n’ont pas inventé le fil à couper le beurre. Dans leur habituelle originalité, ils n’ont fait que retourner à leur manière les faits et réalités de la société, des plus banals au plus concrets. Des histoires de prostituées à celles des nanga boko, nom que l’on donne aux enfants de la rue, en passant par ces hommes qui se présentent sous la casquette de vendeur de médicaments dans les bus de transport en commun, la progression des investissements chinois en Afrique, les séquelles de la colonisation ou encore le bilan de 50 années d’indépendance au Cameroun. Tout le quotidien, les sujets du kwat, retranscrits sur scène par ces deux humoristes qui s’affirment de plus en plus comme étant l’avenir de l’humour camerounais.

Major Asse à Douala-Bercy
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Une pépinière d’artistes
Parlant justement d’avenir, Major Asse et Valéry Ndongo y pensent déjà et c’est d’ailleurs l’un des objectifs majeurs de l’association Africa Stand Up à travers ces Stand up Night Show. En prélude à chaque édition, des séances de formation sont offertes aux jeunes talents et à l’issue de celles-ci, les deux meilleurs sont sélectionnés pour assurer la première partie du show. Pour cette troisième édition, une particularité, ce sont deux jeunes talents féminins qui ont été sélectionnées. Carole et Christelle ont ainsi eu l’occasion de faire leur première apparition sur une si grande scène et surtout, tester leur capacité à pouvoir tenir en haleine un public aussi important. Les éditions précédentes avaient déjà permis au public de découvrir et d’adopter l’un des plus talentueux de sa génération, le jeune Coulibaly. D’autres encore sont en formation, et seront présentés au public lors de différentes éditions de ce concept. Encore une fois le public a pris son pied ce week-end et comme le dit Guy Alain, le fan inconditionnel, on ne se lasse jamais avec ces deux là. Rendez-vous pour une nouvelle édition dans trois mois.

Valery Ndongo à Douala-Bercy
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Wakeu Fogaing dévoile ses vérités sur le «Stand Up Night Show»

A c ur ouvert, l’humoriste parle de son nouveau spectacle et donne son avis sur le théâtre au Cameroun

Vous avez récemment présenté à Douala votre nouveau spectacle avec pour thème le cinquantenaire des indépendances du Cameroun, n’est ce pas un thème un peu osé ?
Je ne crois pas que ce soit un thème osé ou un peu osé. Chacun de nous a son opinion du pays et de l’âge des évènements qui font son histoire. Je suis artiste et le cinquantenaire me parle aussi bien qu’à n’importe quel Camerounais. Le fait que je sois né le 20 mai n’a pas été sans conséquence dans mon éducation. Alors je m’en souviens tout simplement.

Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, de quoi parlez-vous dans ce spectacle?
Je ne me crois pas compétent pour faire un bilan. L’artiste est un miroir dans lequel on se regarde pour avancer ou reculer. Le miroir ne donne pas son avis il expose la réalité. Dans mon spectacle, je parle de mon rapport avec mon père qui m’a inculqué le patriotisme en utilisant la méthode du service militaire. Il croyait beaucoup en ce que j’allais devenir pour le pays. C’est une façon de voir l’éducation. Est-ce que mon père a réussi ? Je ne sais pas. J’ai surtout la certitude que je suis un patriote.

Quelle est aujourd’hui votre vision du cinquantenaire?
Les cinquante années traversées s’impriment dans le passé. Et je veux surtout savoir si nos erreurs, nos échecs et nos abus vont nous permettre de rompre avec le fatalisme pour que les prochains cinquante ans portent notre pays au sommet des meilleures ambitions.

Vous êtes auteur, comédien, metteur en scène et directeur d’une troupe théâtrale (Cie Feugham), quel est votre avis sur le théâtre au Cameroun?
Je crois que si je reste comédien, c’est parce que le théâtre vit au Cameroun. Mais il ne faut pas le circonscrire dans le triangle national. Le théâtre a un pays plus grand que n’importe quel pays. Quand le travail artistique est bien fait, il rayonne loin des frontières étatiques. On peut seulement dire que c’est désolant pour notre pays de n’avoir aucune salle de théâtre nationale, aucune école de théâtre ou conservatoire, enfin aucun projet national pour cet art considéré comme art de la subversion.

Parlons du concept « Stand Up Nigth Show », il nous souvient que vous étiez au départ du projet, aujourd’hui on y retrouve uniquement Valéry Ndongo et Major Asse, que s’est-il passé ?
Vous faites bien de poser cette question. Nous sommes un pays avec très peu de mémoire. C’est Nana Abraham du Centre culturel Français de Douala qui nous a donné l’idée de nous mettre ensemble. D’abord en nous programmant dans un spectacle intitulé «Pressons-nous d’en rire» et puis nous avons Créé l’«Africa stand up» comme label pour l’organisation des « stands up show night » que Valery Ndongo et Major Assé ont légalisé au niveau de la préfecture du Nfoundi en désignant Valery comme responsable du label puisque je suis à Bafoussam. Entre temps j’ai attiré leur attention sur le nom qu’on avait choisi puisque personne de nous ne fait le stand up à proprement parler. J’ai fait un mail pour leur dire que pour garder ce nom, il nous fallait faire des efforts pour être vraiment dans le stand up qui est un style très improvisé avec le quatrième mur inexistant et le public pas dans le noir. J’ai appuyé mon mail par l’histoire de la naissance du stand up que j’avais pris sur internet. Mais après le deuxième spectacle du «stand up show night» à Douala, mon nom ne figurait pas dans la demande de la programmation du troisième spectacle. Ça ne m’a pas ébranlé parce que je devais aller en tournée au Brésil et au Surinam. Entre temps Valery a signé un contrat de diffusion avec la chaîne de télévision Canal 2 International. L’argent arrivant, j’ai reçu un mail de Valéry en décembre 2009 me disant que je ne faisais plus partie du groupe. Parce que je n’étais plus à la hauteur. Alors j’ai compris que les garçons ne voulaient plus de moi c’est tout. Ça ne m’empêche pas de créer mes spectacles comme par le passé. J’étais peut-être encombrant.

Après le CCF de Douala quel est votre programme?
Après ce spectacle, je vais à Yaoundé travailler avec Takou Saa, un chorégraphe camerounais sur des pas de danse qui meubleront la création de l’adaptation de Kouam Tawa de « Mémoire d’une peau » du Guinéen William Sassine. C’est une commande du CCF de Conakry pour fin novembre 2010. Vous voyez bien qu’on est en création théâtrale tout le temps. Le théâtre n’est pas mort, ni même malade.

Et la compagnie Feugham que vous dirigez, comment se porte-t-elle?
C’est une compagnie qui vit bien son retrait à Bafoussam. Nous y travaillons loin des problèmes des grandes métropoles ; C’est une chance ! La compagnie se porte bien et agrippe bien ses racines dans la terre nourricière pour laisser ses branches aller à la conquête du ciel.

Wakeu Fogaing
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