Cameroun : l’industrie des arts et de la culture reçoit l’appui du Gicam

Le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) vient de lancer un programme d’accélération de croissance des Petites et Moyennes Entreprises (PME) du secteur des arts et de la culture.

Les patrons d’entreprises au Cameroun par l’entremise du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) ont décidé d’accompagner le mouvement culturel camerounais. Ceci, c’est au travers d’un programme étalé sur un an. Il a pour objectif de faire émerger ce secteur qui fait partie des leviers de la Stratégie nationale de développement pour l’horizon 2030 (SND 30).
« L’accélérateur est un programme sur mesure pour les PME avec une forte ambition de croissance. C’est un programme d’accompagnement complet et personnalisé sur 12 mois. Durant cette période, les entrepreneurs bénéficieront d’un accompagnement précis sur un diagnostic stratégique à 360% des filières réalisé par le Centre », explique l’organisation patronale.
Pour la première tranche, le choix s’est porté sur les filières suivantes : cinéma et métiers du cinéma ; textiles; peinture-dessin-illustration; sculpture; maison d’édition-photographie; danse urbaine/hip-hop/contemporaine. Les dossiers de candidature doivent être déposés à l’attention du Directeur Exécutif du Gicam au plus tard le 20 octobre 2022. A l’issue du programme, les 20 dirigeants de PME sélectionnés auront bénéficié d’un accompagnement mêlant conseil, formation, mise en réseau et voyages de benchmarking.
Au Cameroun, les industries des arts et de la culture sont encore à un stade embryonnaire et quasi artisanal, malgré le potentiel existant. Cependant, des pays voisins comme le Nigeria ont développé une industrie à grande échelle dans le domaine par exemple du cinéma, avec la création de « Nollywood » (393 milliards/an, selon l’UNESCO), en référence aux industries plus développées d’Hollywood en aux États-Unis, ou Bollywood en Inde.
Les produits camerounais sont plus ou moins visibles sur les plateformes de streaming ou dans les compétitions artistiques et culturelles prestigieuses, une situation que le Gicam vise à changer.

Les «success stories» nigériannes sont un exemple pour faire décoller le cinéma camerounais

Les projets immatériels ne trouvent pas toujours les réponses chez les banquiers

Pour mieux poser le diagnostic des problèmes dont souffre le cinéma africain en général et camerounais en particulier, il faut commencer par présenter la situation au Nigéria. Elle constitue une exception en la matière en Afrique. Au pays de Good Luck Jonathan, la production des films a commencé dans les langues locales (Ibo et Yoruba) puis en anglais. Ce qui a suscité une grande adhésion chez les consommateurs locaux. Pour ce début, le Nigéria avait alors comme devise learning by doing, c’est-à-dire corriger les erreurs en avançant. Ce qui est le contraire dans d’autres pays comme le Cameroun qui ont directement voulu la perfection. La réussite du Nigéria dans la production cinématographique vient aussi des médias. Le Nigéria qui, selon les dires de Gérard Essomba Many est un véritable «monstre», «un mastodonte» en la matière. Un pays qui avait 82 chaînes de télévision avant que la France n’ait sa 2e chaine. Assez suffisant pour faire tourner son industrie cinématographique à plein régime. Pour encourager toutes ces initiatives, l’Etat a mis sur pied une Ecole nationale de cinéma avec au départ une formation gratuite des cinéastes. En plus de cette culture cinématographique, on retient que le prix de revient du support d’un film au Nigéria est au niveau du consommateur moyen. Voilà en quelque sorte les raisons du «success story» nigérian dans le domaine cinématographique. Un exemple que les autres pays gagneraient à copier.

Un diagnostic quelque peu élogieux sur le plan infrastructurel qui soulève inévitablement la question du financement proprement dit. Cela est connu de tous que le film est à la fois une denrée culturelle et surtout commerciale. Il doit se vendre. Mais cependant, ce n’est pas une «marchandise» comme les autres étant donné que celui qui veut vendre son projet à un banquier  »vent du vent », c’est-à-dire un projet immatériel. La question de fond est donc celle de savoir si le cinéma africain est un cinéma bancable étant donné qu’il est assez difficile d’obtenir des financements. C’est la raison pour laquelle les banquiers vont souvent exiger des garanties: un titre foncier, une hypothèque.


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Mais l’autre question qui revient le plus souvent est celle de savoir quel est l’interlocuteur qui doit négocier avec la banque? En général, on sait que c’est au producteur de le faire, puisque c’est lui qui a une vision encyclopédique du projet et non pas les acteurs. Non seulement, il a la force communicative, mais aussi la maîtrise et la technique de la chose cinématographique. Au finish, il faut reconnaître que le financement des films par la banque est un véritable parcours du combattant, car celle-ci va toujours chercher à limiter ses risques et à diminuer ses financements. Le banquier n’entend pas les belles histoires pour un projet qui n’a pas de rentabilité, dira M. Eloka Dibongue Paulin, cadre dans une banque de la place, avant d’ajouter, le banquier n’achète pas le rêve, il n’a pas de passions. Peu importe la personne qui se présente, il faut que le projet soit rentable et qu’il y ait des garanties.

Face à ces obstacles, il est nécessaire de se retourner vers les bailleurs de fonds traditionnels du cinéma africain qui sont de trois ordres: d’abord le cinéaste lui-même qui écrira une histoire qui représente une certaine valeur dans le projet. Ensuite, il y a l’Etat qui doit s’impliquer par ses démembrements (ministère de la culture, centre national de la cinématographie, communes.) à travers la construction des écoles de cinéma ou par l’octroi des financements. Enfin il y a les sponsors, les mécènes et les organismes internationaux (OIF, CCF, UE.)

Gerard Essomba le patriarche du cinéma camerounais
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