L’abbé camerounais vient d’être ordonné prêtre en la cathédrale d’Evry en France après quinze années de formation diaconale au Cameroun
On vous présente comme un MvogAtanganaMballa, est-ce-que vous pouvez nous en dire plus sur vous?
Je suis 6ème enfant d’une famille chrétienne de 7 enfants, j’ai eu mon Baccalauréat A4, série Espagnole, en 1993. Je suis même allé à l’université où j’ai obtenu un diplôme en Psychopathologie, en Philosophie, en Théologie et en Science de l’éducation jusqu’en 2006. J’ai été ordonné Diacre en Décembre 2007 au Cameroun et j’ai été appelé en France en mai 2009 où je vais entamer son ministère presbytéral après mon ordination.
Quelle évaluation faites-vous de votre parcours jusqu’à cette consécration?
Mon parcours est très long, j’ai fait quinze ans de préparation pour arriver à ce jour. Pourtant il en faut sept.
Et comment justifiez-vous cela?
Le chemin qui mène au succès est parsemé de trop d’obstacles. Ces obstacles peuvent provenir de vos propres hésitations et de doutes; ils viennent des pièges du Malin qui peut agir à travers des personnes de votre entourages, bref, c’est un chemin difficile, mais alors très difficile. Dans tout cela, il faut toujours voir la main de Dieu qui peut laisser le Tentateur vous torturer pour voir si vous mériter vraiment d’être appelé son fils. C’est ce qui est arrivé à JOB
Comment s’est passé votre appel pour le service du Seigneur?
Je l’ai ressenti depuis ma tendre enfance. Cela a été encouragé par le cadre familial d’abord, parce que je suis né dans une famille fortement chrétienne. Mes deux grands pères paternel et maternel étaient des chefs catéchistes à l’époque des premiers missionnaires allemands et français au Cameroun. J’ai fréquenté des établissements catholiques et le petit séminaire. Quelques modèles parmi mes frères ainés dans ce Ministère m’ont aussi encouragé. C’est le cas, pour citer quelques uns, des Abbés Lucien Manga, Albert Ottou Owona, de regrettées mémoires.
Comment à réagit votre famille lors de votre engagement dans cette voie?
Chez nous en Afrique et au Cameroun en particulier, la famille ne constitue pas un obstacle pour l’épanouissement d’une vocation au Sacerdoce ministériel. C’est même un signe de bénédiction pour une famille quand l’un des leurs s’engage sur la voie de la prêtrise. Vous bénéficiez de ce fait d’un très grand soutien aussi bien de la famille que des amis et relations, ces derniers sont même prêts à prendre pour leur compte, les charges de votre formation au sacerdoce. Cependant, et cela constitue souvent une très grande épreuve aussi bien pour les familles, les amis et le candidat au sacerdoce, lorsque, après un lourd investissement, ce dernier ne peut plus être ordonné Prêtre, pour une raison ou une autre, ce qui est le plus souvent le cas au Cameroun.
Est-ce que vous voulez vous prononcez sur cette état des choses?
Le nombre de jeunes gens qui se retrouvent rejetés dans la nature après une formation bien méritée dans les Grands Séminaires, les Universités catholiques et autres Instituts de formation au sacerdoce au Cameroun et dans la plupart des autres pays d’Afrique est effrayant! Allez-vous faire l’enquête au Cameroun par exemple. Bien sûr, cette situation peut et constitue positivement une aubaine pour certains Diocèse d’Europe qui connaissent la crise des vocations; mais négativement aussi, pour les sectes de toutes natures qui trouvent chez ces jeunes gens désemparés, un terrain fertile pour en faire des adeptes compétents qui peuvent devenir des adversaires très dangereux pour l’Eglise catholique. Car, l’objectif premier de tout être, comme le stipule la Loi naturelle et métaphysique (aristotélico thomiste): c’est être d’abord; être plus ensuite et être mieux enfin. Avis donc aux dirigeants de notre Sainte Eglise, à tous les niveaux de responsabilité, pour se pencher sérieusement sur ce problème qui risque constituer une véritable catastrophe pour l’Eglise de demain. Un séminariste qui est renvoyé abusivement du Séminaire après un investissement faramineux de la part de ses familles, peut entrainer directement au moins quatre familles dans l’athéisme? Je ne suis pas avocat du diable.
Dans l’Eglise en effet on parle de crise de vocation, votre sentiment?
Il n’y a pas de crise de vocation dans l’église en général. C’est peut-être ici en France que l’on trouve qu’il y a crise de vocation parce qu’au Cameroun, on chasse même ceux qui veulent devenir prêtre. Apparemment on en a assez. Je dis que la France, l’Europe et l’Afrique gagneraient à cet échange de ressources humaines dans le cadre des vocations. Que les uns et les autres mettent tout à contribution pour que cela puisse être effectif.

Un avis sur l’ordination des femmes prêtres?
L’Eglise catholique n’admet pas l’ordination des femmes prêtres. Je m’arrête à penser que ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais ceux qui pensent que les femmes peuvent être prêtres tant mieux.
Pouvez-vous nous livrer votre sentiment à l’issue de la cérémonie?
Je crois qu’elle a comblée mes attentes. J’avais demandé au Seigneur de ne pas me décevoir, qu’il me montre que le temps que j’ai pris pour préparer cette cérémonie en valait la peine. Je crois que tout c’est bien passé pour nous tous à cette ordination.
Comment envisagez-vous vos nouvelles fonctions?
Le prête est un serviteur. Il va partout où l’évêque l’envoi et il tâche de faire dans la mesure du possible ce qu’on lui demande. C’est le v u que nous faisons lors de l’ordination. J’envisage ma future profession comme un serviteur.
Un mot pour ceux qui vous soutiennent?
J’avais voulu que la délégation camerounaise en particulier soit assez représentative à cette cérémonie. Je ne suis pas déçu. Les gens étaient debout et cela signifie que le nombre de places prévu s’est avéré insuffisant. Tous ceux qui m’ont soutenu pendant quinze années, je leur dis merci.
A quand votre retour au Cameroun?
Je ne suis pas venu en Exil! Je représente mon pays et mon diocèse ici. Je suis au Cameroun dès le 1er juillet pour un mois. Mais ma mission, je la commence à Dourdan ici en France. Je la poursuivrais ici. Dourdan c’est un pôle du monde. Je suis vice curé de 20 paroisses. Cela ne se fait pas au Cameroun. Je suis très content de m’y retrouver.
Un mot pour l’Eglise du Cameroun?
C’est l’Eglise du Cameroun qui m’a formé. J’ai passé quinze années à tournoyer, je lui dis merci.
