Sénatoriales 2018 : le gouvernement évoque des élections dans « l’ordre et la sérénité »

Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, l’a déclaré au cours d’un point de presse hier, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote.

« Le scrutin s’est tenu dans tous les chefs-lieux des 58 départements du Cameroun dans l’ordre et la sérénité », a déclaré le ministre Paul Atanga Nji au cours d’un point de presse hier. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, le ministre de l’Administration territoriale ajoute qu’aucun évènement notoire n’a pu entacher la transparence des élections.

Il faut relever que ce satisfecit vient un peu en contradiction avec les événements survenus dans la région du Sud-Ouest. En effet, le bureau de vote de la localité de Banguem (commune du département du Koupé Manengouba) a essuyé des tirs dans la journée du 25 mars. Aucun électeur n’a été touché. Un commissaire de police présent dans le bureau de vote a demandé aux gens de se coucher à même le sol lorsque les assaillants tiraient.

Toujours dans sa communication, le ministre a signalé la présence de 3723 observateurs dont 3309 nationaux et 414 observateurs internationaux au cours de ce scrutin.

Leurs rapports sont attendus, a relevé le ministre, qui annonce le recensement général des votes au niveau régional puis national, avant la proclamation officielle, des résultats par le Conseil constitutionnel, dans un délai de quinze jours.

Cameroun: une formule pour cultiver des légumes et élever des poissons en ville

Flavien Kouatcha, un jeune ingénieur camerounais, a mis au point des kits aquaponiques permettant de produire soi-même ses aliments

En trente ans au Cameroun, le taux d’urbanisation a doublé et la population citadine ne cesse de croître: elle augmente de 5 % par an, contre 2,9 % pour la population totale. Cet étalement urbain s’opère au détriment des espaces ruraux destinés à l’agriculture. Par ailleurs, le manque d’infrastructures de transport complique l’acheminement de marchandises agricoles vers les pôles urbains.

Partant de ces constats, Flavien Kouatcha a lancé en octobre 2015 « Save Our Agriculture », une start-up qui milite pour produire de façon plus écologique et plus adaptée aux problématiques camerounaises. En un an à peine, il a déjà vendu près d’une centaine de ses kits aquaponiques des particuliers et à des restaurateurs. L’aquaponie est une forme d’aquaculture, associant une culture de végétaux et un élevage de poissons, dont les déjections servent d’engrais naturel, alors que les plantes purifient l’eau.

Flavien Kouatcha a 27 ans, il est ingénieur généraliste. « J’ai grandi dans une région rurale de l’ouest du Cameroun. J’ai toujours été passionné par l’agriculture, tout en me rendant compte que notre façon de cultiver n’était pas la bonne : ici, 40 % des aliments produits en zone rurale restent dans les villages faute de moyens logistiques pour les acheminer en ville. Et quand ils sont acheminés, ils sont très chers. Ensuite, il y a une forte consommation d’engrais et une méconnaissance des nouvelles techniques de la part des agriculteurs.

Après mes études, j’ai travaillé comme ingénieur dans plusieurs grandes multinationales. Pour un jeune de 25 ans, je gagnais très bien ma vie. Mais en octobre dernier, j’ai décidé de démissionner. J’ai vendu ma voiture pour avoir de l’argent et créer mon entreprise. Je souhaitais développer une solution durable pour cultiver « bio « de façon simple, implantable dans les villes, où les habitants n’ont pas de parcelles, mais où la demande alimentaire est en pleine croissance avec l’augmentation de la population.

« Cette technique permet d’économiser jusqu’à 90 % d’eau »
« J’ai décidé d’adapter l’aquaponie, qui existe déjà dans d’autres pays, notamment au Japon. C’est un système avantageux parce qu’il ne prend pas beaucoup de place. Ensuite, il permet de produire, selon nos tests, deux fois plus vite, car l’engrais naturel des poissons est délivré en continu, ce qui apporte aux plantes des nutriments tout au long de la journée. Donc plus besoin de produits chimiques.

Cette technique permet également d’économiser jusqu’à 90 % d’eau par rapport à une agriculture classique. On peut utiliser des poissons rouges, mais aussi des poissons consommables en fonction de l’espace. C’est simple à utiliser et à installer, n’importe quel utilisateur peut produire ce qu’il mange. »

Flavien Kouatcha
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« Nous allons ouvrir un jardin aquaponique à Douala »
« J’ai élaboré deux modèles et je les vends prêts à l’usage : les clients n’ont plu qu’à y faire pousser ce qu’ils veulent. Il existe un premier modèle à 80 000 francs CFA (121 euros), à destination des particuliers et un deuxième à 250 000 francs CFA (381 euros), qui est davantage réservé aux hôtels et restaurants. Avec le premier kit, on peut nourrir une famille et faire pousser des tomates, des herbes aromatiques, des aubergines, etc. Le coût reste certes non négligeable. Le problème, c’est que certains éléments indispensables à la construction de ce kit ne peuvent pas être fabriqués localement, j’ai donc besoin de les importer. Mes clients appartiennent aux classes moyennes et supérieures. Il s’agit à 60 % d’expatriés installés au Cameroun.

Nous sommes quatre bénévoles à travailler sur ce projet: l’entreprise n’est pas encore autonome. Les bénéfices nous permettent de développer un deuxième projet, que nous souhaitons lancer d’ici à octobre. Nous voulons fabriquer des bacs d’aquaponie plus grands et les installer sur des parcelles de 25 m² à 30 m². Nous avons déjà prévu d’ouvrir un jardin de ce type dans un parc à Douala, avec l’accord de la communauté urbaine qui nous prête le terrain. Nous entretiendrons le site, et les les cultures pourront être produites et vendues directement dans la ville.

Nous espérons les vendre en dessous du prix du marché, pour que ce soit plus accessible que les kits à installer chez soi. Si ça marche, je pense mettre en place une campagne de financement participatif pour développer d’autres jardins similaires. »

Le Cameroun n’est pas le seul pays d’Afrique subsaharienne qui fait face à une pénurie des terres cultivables. Entre 2005 et 2010, l’Ouganda a perdu 8 000 kilomètres carrés de surface agricole. Pour y faire face, des bénévoles de l’ONG Ideas for Uganda ont développé des fermes verticales dans les zones urbaines.

Le kit aquaponique est composé de deux récipients, l’un avec de l’eau et de poissons et l’autre avec des végétaux
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Afrique: quand l’observation des élections vire au mercenariat

Par Seidik Abba, Journaliste et écrivain

Que trouve-t-on de commun entre la présidentielle du 6 mars au Bénin et le double scrutin législatif et présidentiel du 21 février au Niger ? Dans un cas comme dans l’autre, alors que les opérations électorales étaient toujours en cours, un groupe «d’observateurs» a rendu publique une déclaration pour jurer du caractère «transparent, régulier et démocratique» du scrutin. Quid de la phase cruciale et sensible du dépouillement? Quid de l’étape décisive de la centralisation des résultats, pendant laquelle se produit la falsification des procès-verbaux des bureaux de vote?

Le même scénario aurait pu se produire le 25 octobre 2015 lors de la consultation référendaire au Congo-Brazzaville; il se répétera en avril prochain lors des élections présidentielles au Tchad, au Gabon et à Djibouti. En réalité, la bonne intention d’observer les élections en Afrique – pour attester de leur sincérité – a fait naître une espèce d’observateurs. Lesquels sont prêts à apporter, contre espèces sonnantes et trébuchantes, leur onction à des scrutins calamiteux.

Contre toute évidence, cette catégorie d’observateurs a certifié de la régularité de l’élection d’Ali Bongo Ondimba, au Gabon en 2009, ainsi que la sincérité de la réélection, dès le premier tour, avec 80,15 % des voix, de Blaise Compaoré au Burkina en 2011 ou de la transparence de la victoire, avec 80,6 % des voix, d’Ismaël Omar Guelleh à la présidentielle de 2011 à Djibouti.

Véhicules de courtoisie et pension complète
Aidés par le contexte de rodage de la pratique démocratique en Afrique, qui peut justifier l’observation des élections, ces observateurs se recrutent à Paris, Londres, Madrid ou Lisbonne parmi les juristes, les professeurs de droit à la retraite ou en activité, de même que des personnalités ayant une notoriété ou une légitimité établie.

Certains sont démarchés en amont des scrutins par des rabatteurs accrédités par des pouvoirs en mal de caution qui leur assurent billets d’avion en classe affaires, pension complète à l’hôtel, véhicules de courtoisie et per diem. D’autres observateurs offrent spontanément leurs services, mettant en avant leur excellente et longue expérience dans la surveillance d’élections «tropicalisées».

Quel que ce soit le mode de leur «recrutement», ces observateurs agissent selon un protocole immuable: ils prérédigent leur déclaration puis la lisent le jour du scrutin, de préférence à la radio et à la télévision nationales.

De Djibouti au Nigeria, en passant par l’Egypte, le Tchad, le Gabon ou le Mali, la teneur de cette déclaration reste la même: «Globalement, les élections se sont bien passées, dans le calme et la transparence.» Et pour faire bonne figure, la déclaration ajoute dans des cas extrêmes de fraudes: « Il y a eu quelques difficultés qui ne sont pas de nature à mettre en cause la sincérité du scrutin.»

Chiffre d’affaires en nette progression
Pour cette catégorie d’observateurs, plus les pays africains organisent d’élections, mieux le business se porte. Le chiffre d’affaires de l’activité peut même connaître des progressions spectaculaires l’année où des scrutins présidentiels sont organisés dans les «pétromonarchies» d’Afrique centrale comme la Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo. C’est le cas en 2016! Ce juteux créneau, qui fut longtemps le monopole des ressortissants d’autres régions du monde, a enregistré depuis peu l’arrivée en force d’Africains. Ils se recrutent surtout parmi les acteurs de la société civile ou d’activistes locaux, déterminés à prendre leur part du gâteau.

Des Sénégalais iront, sans doute, observer la présidentielle du 10 avril au Tchad; des Burkinabés seront observateurs du scrutin présidentiel au Gabon tandis que des Camerounais étaient venus témoigner de la sincérité du double scrutin présidentiel et législatif au Niger. Des observateurs guinéens, déployés au Soudan, avaient juré en avril 2015 de la transparence de la réélection du président soudanais Omar Al-Béchir, avec 94,5 % des voix. Peu leur importait qu’il soit au pouvoir depuis 1989 et qu’il soit poursuivi pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI).

Avec pas moins de seize élections présidentielles prévues en 2016 en Afrique, cette catégorie d’observateurs, plus portée sur ses gains que sur sa contribution à la démocratisation du continent, peut donc se frotter les mains. Son carnet de commandes est bien rempli.


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L’Éthiopie et ses quatrièmes élections nationales transparentes

65 partis politiques ont convoqué plus de 30 millions d’Ethiopiens pour voter ce 23 mai 2010

Plus de 6.000 candidats se sont inscrits pour disputer les 546 sièges du Parlement éthiopien, lors de ces élections générales qui se tiennent partout dans le pays ce 23 mai. Depuis la chute du régime socialiste dans les années 90, il s’agit des quatrièmes du genre. Les dernières ayant eu lieu en 2005. On se rappelle qu’elles avaient été marquées la victoire du Front populaire démocratique révolutionnaire éthiopien (EPRDF). L’opposition qui avait enregistré l’un de ses meilleurs scores avait signalé des irrégularités et les violences postélectorales avaient fait près de 200 morts: 193 opposants ainsi que sept policiers, selon un rapport parlementaire. Le pays plongea alors dans une grave crise avec arrestation de certains dirigeants de l’opposition. En 2007, une partie de ceux-ci arrêtés avaient été jugés avant d’être graciés sauf la jeune opposante Birtukan Mideksa. Elle a été remise en prison fin 2008 pour avoir renié son pardon, selon le gouvernement.

La particularité des élections nationales éthiopiennes résident dans le fait que le scrutin se déroule sous «très haute surveillance». En effet depuis un mois, la société civile s’est mobilisée pour déployer sur le terrain près de 40000 observateurs nationaux. On n’oublie pas la présence des observateurs internationaux venant de l’Union africaine, européenne et des autres organisations internationales. Certains sont présents à court terme et d’autres à long terme. Toutes choses qui attesteraient de la transparence des résultats attendus dans les jours qui suivent. Les autorités ont imposé un code de conduite à tous les observateurs scrutin.

Constitutionnellement, l’Ethiopie est une démocratie parlementaire, qui est gouvernée par la coalition gouvernementale de l’EPRDF depuis la chute du régime socialiste de Mengistu Hailemariam en 1991. Ce parti, sous le sigle de l’abeille revendique 5 millions de membres actifs face à une opposition en déshérence. Dans ce grand pays de 80 millions d’habitants aux multiples ethnies, la majorité des votants sont des ruraux. De l’avis des analystes, la démocratie reste un horizon à atteindre. La presse rapporte que la campagne a fait presque une dizaine de morts, car les enjeux sont immenses entre les deux camps. Les opposants dénoncent un système biaisé et une campagne d’intimidation. Cela aurait commencé depuis le processus d’enregistrement des candidats et des votants jusqu’au bureau national électoral, acquis selon eux au pouvoir. C’est sans grande surprise, que l’on suppose déjà que le parti du le Premier ministre, Meles Zenawi remportera une fois de plus ces élections générales.

Un opposant s’adresse à ses partisans à Ambo, en Ethiopie
afp)/n